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sexta-feira, 26 de agosto de 2011

LA SURVIE-RUFINA NOEGGERATH (2)

 

Índice do Blog – Parte 1 – Parte 2

 

renferme l’univers. L’homme de science, l’artiste, celui qui étudie la nature, aime à développer dans son esprit tout ce qui, sur la terre, peut lui permettre de s’élever en conception de ce qui existe dans l’espace. Celui-là grandit vite ; on fait ressentir plus facilement l’immortalité à celui qui peut acquérir beaucoup de science parce qu’il peut juger plus justement le spectacle de l’univers qu’il évoque continuellement en lui. Le sage, qui se sait immortel, arrive à être un grand homme ; en une même incarnation, il peut devenir un génie.

Liana

On nous reproche à nous, supra terriens, de ne pas voir assez loin et de leurrer quelquefois ceux à qui nous faisons des promesses. C’est que, n’étant pas matérialisés de la même façon que vous, nous ne pouvons nous mêler effectivement à vos luttes ; nous n’avons que la faculté de vous inspirer ; en dehors de cela, nous ne pouvons rien sans le secours de médiums qui nous donnent des forces, des forces puissantes ; et encore n’agissons-nous que dans un rayon très circonscrit.

Fénelon

Note. Dans une des séances de la Société psychologique, un extra terrien disait : « Vous vous étonnez parfois que nous commettions des erreurs de dates, mais, sachez-le, nous n’avons pas de point de repère là-dessus ; nous vivons sans compter. »

Ajoutons ce qui nous a été dit souvent : plus l’extra terrien vit près de nous ou, du moins, se mêle à nos fluides épais, plus il est exposé à perdre de la clairvoyance dont il jouit dans l’espace ; c’est en quelque sorte forcé.

Le protecteur d’un enfant

L’enfant n’a t-il que sa mère pour le protéger ? Est-ce sa mère seule qui le conduit ? N’aura-t-il jamais qu’elle pour l’aider à suivre sans défaillance les sentiers épineux de la vie ?

Non ! Il lui faut un inspirateur moins assujetti à la matière, mais partageant l’amour de la mère. Pour protéger l’enfant, il faut le conducteur qui prévoit le chemin à faire par l’incarné.

Je suis l’invisible, protecteur d’un enfant adoré. Je sème sur ses pas les occasions d’apprendre, de travailler à son avancement, et j’appelle aussi sur sa route le besoin, afin qu’il comprenne que plus tard il sera obligé envers son semblable, qu’il devra aider comme il a été aidé lui-même.

Suivra t-il ce chemin de progrès ? Cette voie du bonheur que donne la sécurité du devoir accompli ? Ah ! ce chérubin qui représente un printemps, une fleur venant d’éclore, nous créera peut-être bien des chagrins, mais les amis de l’espace n’abandonnent jamais leurs protégés ; ils sont rivés à eux plus que par serment : ils leurs rendent des services reçus par dans passé, et les leur rendent fidèlement.

La garde des enfants, des hommes, de tout enfin, est dévolue à des intelligences qui, revenues dans l’espace, se reposent des fatigues des incarnations précédentes. Comme elles ne peuvent être inactives, il leur a été donné la satisfaction, le bonheur de devenir des inspirateurs. C’est une grande charge, mais que de joies elle procure ! Ces dévoués vous prennent au berceau et vous suivent quelquefois jusqu’à la tombe. Malgré les déceptions, l’amertume de leurs fréquents insuccès, ils restent à leur poste. Si vous tombez quand même, ils cherchent à vous relever. Vous leur avez peut-être rendu des services analogues ; vous êtes protégé après avoir été protecteurs vous-mêmes, et ainsi se fait le progrès des êtres les uns par les autres.

Qu’il est doux d’aimer, autant que j’aime, ceux que l’on protège ! L’enfant que je suis pas à pas, l’enfant qui me prête en rêve de grandes ailes d’or, cet enfant a été ma mère !… ma mère qui s’est efforcée de me faire sage et bon. Ses tendres soins, l’application qu’elle a mise à me montrer le devoir, m’ont valu, à moi, le bonheur d’avoir d’autant plus de force pour la protéger à mon tour, la faire avancer afin qu’elle me revienne plus grande, plus heureuse.

Elle deviendra de jour en jour plus digne de celui qui fut son fils, et moi, je m’efforce d’être plus digne de celle qui fut ma mère !

Alfred

Pendant la nuit de la terre

Il y a dans le monde, deux mondes : celui qu’on

voit et le monde invisible. L’un est aussi certain

que l’autre, quoi qu’il ne tombe pas sous le sens

des sens : l’intelligence. Je plains, sans les condamner,

ceux qui ne croient pas au monde invisible.

Lamartine – VIIIème entretien

La reine des nuits s’élève rayonnante dans les cieux de la terre. La nature semble s’endormir pour reprendre des forces. Viens, ma sœur ; quittons notre séjour charmant pour aller où tant d’êtres souffrent, travaillent, luttent. Ensemble, nous serons plus fortes, et dans ce pèlerinage sur cette planète où nous avons vécu, nous tâcherons, nous essaierons de faire quelque bien. Viens !

Regarde ! Un grand nombre d’incarnés deviennent libres par le sommeil et s’élancent vers nos régions pour y rejoindre leurs amis de l’espace. Ainsi que des feux follets, ils sont brillants, mais leur apparence lumineuse a la forme humaine. D’un bond, s’élevant dans les airs, ils vont au devant d’un être cher qui parfois s’est incarné bien loin d’eux pour accomplir son évolution. Les voilà qui se réunissent, ils se racontent leurs luttes, leurs peines et tout ce qu’ils ne peuvent se dire pendant qu’ils sont dans leur corps. O visions charmantes, ou plutôt réalités vraiment admirables ! Regarde ces couples ravissants ; regarde, ils sont nombreux. Conçois ce bonheur immense des êtres liés par une harmonie mystérieuse, et qui, contraires dans leurs personnalités, forment, précisément par leur différence, un merveilleux accord. Que nous aimons à contempler ce spectacle délicieux !

Vois-tu maintenant ces maisons disséminées dans de vastes campagnes ? Vois-tu ces villes populeuses ? Allons à ceux qui travaillent ; étendons nos mains pour laisser tomber sur eux des fluides fortifiants qui les aident à continuer l’effort.

Mais, ma sœur, avons-nous tout vu ? Non, non ! Il est des terriens qui se cachent, qui souffrent, qui se croient abandonnés. Ils ne vont point se mêler aux douces joies de leurs frères, ils n’osent se montrer, et vois-tu ? vois-tu ? de ceux-là, on en trouve partout ! Il y a des bandits dans les palais comme dans les cavernes ténébreuses des forêts. Allons aussi à ces malheureux qui ne savent s’élever. Ils rougissent, la nuit, de ce qu’ils ont fait le jour. Leur cœur s’est vendu à la terre ; l’esprit a trop vécu du corps, il s’est inféodé à lui, et à la matière, créée pour l’épurer, le retient au contraire. Ces êtres sont pris comme dans des serres fatales. Après avoir souffert de ne pouvoir s’unir au concert harmonieux des Intelligences qui sont parvenues à triompher de leurs mauvaises passions, ils restent là, sans lumière, se croyant maudits. Allons auprès d’eux ; allons les envelopper un instant de nos voiles pour les réchauffer de l’amour du progrès. La charité n’a pas de préférences ; elle n’en connaît aucune. Allons vers eux, ma sœur, viens ! Allons leur donner des forces ; allons épandre notre amour sur leur cœur pour que nous les fassions nôtres, et nous pourrons laisser dans ces cœurs l’éveil de l’amour du bien.

Plus joyeuses alors, quand l’aube blanchira la crête des monts, nous retournerons à l’aurore éternelle !

Marie Aux Chrysanthèmes à Marie d’Alési

Les supra terriens pendant les cataclysmes

Une merveilleuse conséquence de la lumière de pensée fait que la révélation a pu se produire à nouveau sur le monde et s’y épanouir aux grands rayons du soleil de progrès. Par la propagation de la science d’Outre-Tombe, les évoqués ont plus de force pour descendre sur la terre, pour s’harmoniser avec les fluides humains, et par conséquent pour devenir utiles aux terriens.

Parmi les désincarnés qui restent dans les fluides de la terre, beaucoup sont contraires à la liberté des recherches sur l’animisme. Ils sont nos antagonistes aussi, à nous qui jetons l’idée- lumière de l’affranchissement des préjugés, de l’émancipation des superstitions religieuses. A cause de cela, nous serions fort entravés par nos adversaires extra terriens et nous aurions bien moins de force pour leur résister si, pour nous rendre plus rayonnants, notre dévouement n’appelait celui de psychistes avancés. Chaque fois que nous tirons une âme de l’égarement ou du trouble, nous acquérons une nouvelle force. Quelque intelligents que soient certains extra terriens réfractaires au progrès humanitaire, ils ne peuvent, en quelques circonstances, être aussi puissants que nous. Dans les grands cataclysmes, par exemple, s’il y a des hommes vigoureux et braves, moralement surtout, qui affrontent tous les dangers, électrisés qu’ils sont par l’instinct de dévouement à leurs frères, il en est ainsi de nous qui, dans ces moments terrifiants, sauvons de l’angoisse horrible les malheureux qui ont succombé, soit par l’eau, soit par le feu ou par l’un de ces chocs qui séparent violemment l’esprit de son corps terrestre. Ah ! c’est à ces heures tout particulièrement solennelles que l’habitude de communiquer avec les humains nous donne la puissance d’attirer à nous ces périsprits auxquels sont attachés encore des fluides terriens, de les emporter pour les éloigner d’un spectacle épouvantable, pour leur voiler mille tortures, et enfin , pour les faire se reconnaître. Nous faisons œuvre de sauveteurs ; nous sommes de ces grands courageux, car dans l’atmosphère de la terre nous prenons comme une incarnation partielle, et alors nous pouvons encore souffrir physiquement.

Parmi les malheureux qui ont trouvé la mort dans un terrible incendie, par exemple, il en est qui voient toujours le feu qui va les dévorer, et toujours s’en défendre sans pouvoir mourir de la flamme qui les brûle ou de la fumée qui les étouffe, car leur périsprit éprouve ces sensations. Ayant des rapports fréquents avec les terriens, nous pouvons plus facilement porter secours à ces êtres et les emporter pour les faire reposer loin de la vision affreuse du sinistre. Dans ce moment, les esprits arriérés, ceux qui combattent les idées de progrès, nous voient plus puissants qu’eux ; ils voient aussi notre affranchissement moral ; ils comprennent ce dont ils ne se doutaient pas.

Tout sert au progrès. Si un effroyable cataclysme jette l’épouvante par le monde, c’est un avertissement en même temps qu’un enseignement pour beaucoup de désincarnés et d’incarnés. En nous voyant secourir les autres, en nous voyant si forts, des milliers d’habitants de l’espace, attirés par le spectacle d’évènements si cruels, sont venus à nous, ont allié leurs forces aux nôtres, et à ces nouveaux néophytes nous avions put confier ceux que nous avions sauvés ; nous les leur avons donné à garder pendant que nous retournions au lieu du sinistre.

Quelle leçon à tirer de ces cataclysmes qui plongent les humains dans le deuil et la consternation ! On rit d’abord des inventions que les grands amis de l’espace prennent la peine d’inspirer aux chercheurs ; ces amis infatigables voient souvent leurs efforts annihilés par la mauvaise volonté de ceux qui auraient du en profiter. L’intervention des supra terriens dans les choses de la terre devient au contraire bien puissant quand, par votre appel, vous ajoutez vos forces fluidiques aux nôtres.

Les forces des éléments vivants qui luttent incessamment contre vous, comme vous luttez contre eux pour les assouplir, triomphent souvent, soit par le manque d’efforts des hommes, soit par leur négligence.

Dans certaines planètes, il y a des hommes qui vous ressemblent ; le progrès y est plus étendu pourtant ! On y lutte comme chez vous, mais les hommes y sont déjà tellement avancés que, si l’un d’eux a reçu une étincelle géniale, a trouvé quelque chose enfin, aussitôt les populations entières l’aident par tous les moyens à produire l’effet de sa conception ou de l’intuition qu’il a eue. De grandes assemblées se forment ; on discute ; et le plus petit progrès est immédiatement appliqué partout ; les lois sont telles que, si on trouve une amélioration quelconque et qu’elle soit jugée d’utilité publique, personne n’a le droit de continuer une routine dangereuse pour la société.

Sur cette terre, au contraire, pour l’homme qui invente quelque chose, que d’abandons, de déceptions, de tortures ! Ah ! si tous ceux qui ont souffert, tant souffert, n’eussent été aidés par nous, vous seriez encore dans la barbarie ! Le progrès a été si lent sur cette planète, que les supra terriens ont fait beaucoup plus pour cette humanité que pour celles des planètes similaires. L’homme doit se pénétrer de la nécessité du progrès pour se préserver de tant de calamités qu’il pourrait éviter et qui ralentissent sa marche.

Oh ! hommes, que vos inspirations se réalisent le plus tôt possible ! Profitez de ce que nous vous donnons, afin que les maux diminuent ainsi que le nombre des réincarnations, car c’est du temps perdu et se sont des souffrances inutilement renouvelées.

L’oriental

Ressemblance entre la vie terrienne et la vie sidérale

L’homme a trois existences sur la terre ; la vie publique, la vie privée et la vie intime.

La vie publique appartient aux occupations matérielles ; la vie privée à la famille ; la vie intime est celle de l’être vivant seul avec sa conscience.

Si dans sa vie publique l’homme fait tache à l’honneur, sa vie privée en reçoit un contrecoup. Un voile sombre couvre son esprit ; la paix dans la famille, le bonheur sont ébranlés, et, dans la vie intime, la conscience qui ne trompe pas se réveille et crie bien haut.

Dans ce siècle où le scepticisme fait école, où l’on ne croit qu’aux choses prouvées, où l’on fait table rase de toute croyance en la vie future, la plupart des êtres qui dévient de la voie du devoir ne cherchent qu’à éviter la rigueur des lois ; mais pouvez-vous supposer que dans la vie privée, la vie intime, ils soient heureux et reposent tranquillement à la fin de la journée en se disant : « j’ai employé mon temps d’une manière satisfaisante pour le repos de ma conscience ? » L’homme qui forfait à l’honneur sent, en regardant ses enfants, se refléter en lui l’image de leur candeur. Leur regard le gêne, le trouble. S’il a employé des richesses mal acquises à leur éducation, il craint que son influence ne leur soit funeste ; il sent qu’il jette un germe pernicieux devant des êtres innocents qui ne savent pas rougir encore. Il y a des heures où l’homme qui a une action mauvaise à se reprocher se courbe devant les révoltes de sa conscience ; il y a là dans son cœur quelque chose qu’il voudrait, mais qu’il ne peut arracher, comme un levain qui fermente et le fatigue, une influence qui l’obsède ; et, quoiqu’il se dise que la vie est courte et doit être bonne, il souffre ; en vieillissant, il souffre davantage encore. A son heure dernière, il appelle à lui tous les secours imaginables, même ceux de la religion ; il donne à l’Eglise, il donne aux pauvres pour qu’ils prient pour lui, mais il souffre quand même, et il souffre encore en se réveillant dans la vie de l’au-delà.

La vie des habitants de l’espace ressemble à la vôtre. Les supra terriens ont la vie de famille ; ils vivent en société comme vous ; ils se dévouent les uns pour les autres ; ils s’harmonisent selon leur progrès ; chacun apporte ses lumières, et ceux qui sont avancés travaillent ensemble au bien des humanités sidérales et planétaires.

Dans l’espace, il y a réellement la famille de l’éternité ; il y a la vie privée. Comme sur la terre, il y a des moments de labeur, comme aussi des moments bien doux où l’on se repose même du bien qu’on a fait, car il y a des désincarnés qui peinent plus les uns que les autres. Il en est qui s’attachent davantage à sauver les arriérés ; il en est dont le dévouement est de toutes les heures et de tous les instants ; mais, après ces moments de combat, après une mission remplie, les âmes se tendent la main et vivent plus près les unes des autres dans l’amour qui existe partout entre les êtres, soit de la terre, soit de l’espace, soit des autres mondes.

La vie intime existe également pour les habitants de l’espace, car ils ne se confondent pas entre eux. Ils ont passé séparément par différentes formes pour s’élever, et les mondes matériels qui ont servi à leur progrès n’ayant pas tous été du même genre, l’avancement de chaque être ne s’est pas fait de la même manière ; pour se réunir après de longs et pénibles travaux, tous les êtres n’ont pas suivi la même route ; ils n’ont pas été la même plante, la même fleur ; ils n’ont pas été piqués par les même épines, et tous n’ont pas vu les mêmes beautés ; mais, en se retrouvant dans l’au-delà , ils forment une harmonie d’ensemble ; les divers sentiments, les diverses visions, les divers acquis se réunissent, et chaque Intelligence apporte aux autres ce qu’elle a appris.

Il y a des paysages charmants dans l’espace ; il y a des berceaux fleuris où les êtres se retirent à deux. Il est aussi des instants où ils sont seuls, et comme la perfection absolue est inaccessible, les Intelligences même très élevées, rentrant dans leur for intérieur, sont loin de se trouver impeccables : plus l’esprit est développé, plus il voit qu’il est perfectible. L’habitant de l’espace peut commettre des fautes ; il peut se distraire d’une mission, abandonner un protégé et le laisser succomber sous une mauvaise influence dont il aurait pu l’éloigner ; il peut blesser l’intelligence chaste d’un autre être. Dans la vie intime, il y a la vie cachée, la vie de vous-même avec vous-même et dans laquelle aucun de vos frères ne peut entrer. Eh bien, dans l’espace, et à tous les degrés d’élévation, les êtres ont leur vie intime sur laquelle un voile est jeté pour ceux qui ne leur sont pas supérieurs.

Quelle que soit la supériorité du Sidérien, il voit toujours des êtres qui lui sont toujours supérieurs, et éternellement ainsi. L’Intelligence dont la vision est grande perçoit au-dessus d’elle des choses dont l’observation des êtres de même valeur qu’elle ne lui donnerait pas idée. Elle voit aussi dans tous ceux qui lui sont inférieurs les imperfections qu’elle n’a plus. Tout se touche, s’enchaîne partout, et ce que vous voyez en vous-mêmes, vous arriverez à le voir dans les habitants de l’au-delà .

L’oriental

La famille de la terre n’est pas toujours la même que la famille spirituelle. Nous quittons quelquefois ceux que nous aimons dans l’espace pour venir nous incarner dans une famille qui nous est étrangère, et où, peut-être, nous ne trouverons pas la sympathie dont nous nous sentons le besoin, car les liens de la famille de l’espace sont faits d’amour. Je ne parle pas ici de l’amour sentiment, mais de l’amour tel que nous le comprenons, tel que nous le voyons dans l’au-delà : de l’amour-fluide, lien si fort que ceux qu’il unit peuvent être éloignés l’un de l’autre pendant des éternités, sans que ce lien se brise ; ils sont toujours certains de se retrouver.

On vient dans une famille étrangère pour apprendre à aimer les autres et les élever à la hauteur de notre amour. L’amour est puissant ; il répand autour de celui qu’il aime un bien-être, une force, une lumière qui améliorent, grandissent, embellissent les êtres aimés.

Celui qui a fait le sacrifice de quitter ceux qu’il aime dans l’espace, ne les quitte cependant pas complètement ; la nuit, il les retrouve. Le jour, sans doute, il doit reprendre sur la terre le joug qui lui pèse, qui le fait souffrir. Oui, il souffre, il souffre même quelquefois des caresses de ceux qui vivent avec lui ! Mais patience, il faut lutter contre les antipathies des autres et contre celles que l’on éprouve soi-même. Il faut de la patience et jamais de la résignation ; ce mot ne devrait pas exister. Il faut avoir la patience et le courage qui font continuer la lutte, et non la résignation qui la fait abandonner.

Patience ! Avec l’amour, il faut de la patience, car, si l’amour de l’espace est une jouissance, l’amour de la terre est une souffrance.

Un Brahme

Quelle heure est-il ?

Combien ce que la vie emporte sur son aile

Est sans comparaison avec l’heure éternelle !

Lamartine

Quelle heure est-il ?

Il est l’heure du jour. Vous avez aussi l’heure de la nuit, vous avez le jour et la nuit. Vous comptez le temps, vous en avez si peu !

Les êtres qui entourent la terre ont encore le jour et la nuit. Venant des fluides de la terre, des émanations de la nature, ils ont en eux l’impression de la lumière et de l’obscurité ; mais ils voient quand même pendant la nuit ; ils voient par le reflet lumineux de leur pensée qui traverse leur périsprit, et, quoiqu’ils perçoivent encore la nuit et le jour, ils ne sont pas soumis à cette influence ; ils sont proches du point où l’on ne compte plus les heures, où il n’est plus de jour qui ramène la nuit.

Mais pour nous, quelle heure est-il ?

Quelle heure est-il là-haut, plus haut, dans l’espace immense où pour les Intelligences lumineuses, clairvoyantes, se déroule le panorama des mondes ?

Là, il n’y a plus d’heures, si ce n’est une seule, l’heure que les heureux comptent toujours, l’heure que marque sans cesse le cadran de l’éternité : l’heure d’aimer.

Molière

Dans l’espace

Quoi ! Des corps dans le ciel ? La mort avec la vie ?

Oui, des corps transformés que l’âme glorifie.

L’âme pour composer ses divers vêtements,

Cueille en tout l’univers la fleur des éléments.

Lamartine – Mort de Socrate

Elevons-nous jusqu’aux sommets où l’être libre, rayonnant dans l’immensité entre les soleils qui se lèvent et les soleils qui se couchent, étudie les lois de la sphère dans laquelle il est appelé à vivre.

Dans ses moments de repos, sa vision s’élève bien haut. Elle peut même s’élever jusqu’à la prévision des évènements futurs. Oui, le désincarné trouve un repos, mais un repos en rapport avec les fluides dans lesquels il vit ; il recherche même ce temps de recueillement et de sommeil. Le sommeil du supra terrien n’est point l’engourdissement, l’image de la mort ; son périsprit n’est pas abandonné comme un corps inerte. A mesure que l’intelligence grandit, l’enveloppe de l’âme devient plus subtile, plus fine, plus impalpable ; la couche périspritale l’alourdit moins, c’est-à-dire, alourdit moins sa pensée intime, et, moins la lourdeur des membres du sidérien se fait sentir, plus son sommeil est conscient. C’est ainsi que l’être sent de mieux en mieux son avenir. Mais il y a des sphères où, entre les incarnations, on reste dans les fluides planétaires qui soutiennent par leurs rayonnements. Ces désincarnés ont le trouble du sommeil, ils ont le rêve. De là, le phénomène qui se présente si souvent de désincarnés ne sachant pas qu’ils ont quitté leur monde.

Dans l’immensité sidérale, qu’éprouve l’esprit dont le corps est presque immatériel par rapport au milieu dans lequel il vit, bien que la matérialité de ce milieu puisse vous paraître inappréciable à vous, hommes de la terre ?

Cet habitant de l’au-delà, au corps subtil, ressent toutes les vibrations, toutes les influences ; il perçoit par son être tout entier, et sa vision s’épand par tout son corps à la fois, comme chez l’homme qui, dégagé sur la terre dans ce que vous appelez l’état somnambulique, voit par l’âme et non par les yeux.

Oui, dans l’espace, le sidérien sommeille, mais d’un sommeil relatif. C’est un repos. Quelque élevé qu’il soit, comme vous il vit de souvenirs ; ainsi que l’homme incarné, il se recueille, regarde en lui-même. La fatigue physique ne s’imposant pas à lui, il veille en dormant ; son rêve est presque l’état de veille ; dans le repos, il vit en lui ; il vit, non de l’extérieur, mais de son Moi, de son lointain passé, et dans ses instants de dégagement il a des visions plus hautes dont il enrichit son périsprit. L’extra terrien peut oublier parfois certains actes, certaines choses de son grand passé, comme vous-mêmes oubliez bien des détails de votre existence terrestre, avec la différence que ce qu’il vous sera impossible de vous rappeler il peut toujours le retrouver en lui, sa vue étant plus longue, sa pensée plus profonde ; il lit en son âme comme dans un livre ouvert, il voit se dérouler toutes ses actions passées dans toutes ses existences. Ah ! quelle joie, quel grand bonheur de s’évoquer en soi et d’y retrouver instantanément tous les états de travail et de luttes par lesquels on a passé !

Plus l’esprit a d’âge et plus il a de jeunesse, c’est-à-dire de force et de beauté, et plus son passé lui agrandit les horizons de son avenir illimité ; les univers s’augmentent pour lui, et plus la marche a été longue, plus la route à parcourir sera jonchée de fleurs toujours plus belles. Oui ! oui ! le sidérien se repose, il sommeille, et dans son rêve d’éveil il remémore la grande page où tout le passé est écrit.

Dans l’espace, il y a toujours un Orient ; il y a aussi un moment où les grands cieux s’embrasent des feux de milliers de soleils ; il y a comme des ruissellements de mondes, des fleuves de nébuleuses, et les sidériens, se drapant de rayons, vont se baigner, se retremper dans ces feux aux mille lueurs, feux d’arc-en-ciel, incomparables comme coloration. Leur forme sidérale, les différentes parties de leurs corps prennent des nuances magiques, se teintent d’harmonies, et rien n’est plus beau, plus suave ! Tout ce que les hommes d’ici-bas pourraient s’imaginer n’atteindrait jamais la centième, la millième partie de la beauté idéale de chacun de ces êtres, ni celle des groupes qu’ils forment. Que sont les soleils que vos yeux matériels découvrent à peine ! Qu’est-ce que cela ! Qu’est-ce que cela !… Rien, rien encore ! Sous le soleil d’Orient, on voit l’azur dans toute sa pureté ; le diamant, le rubis et l’émeraude ont des reflets chatoyants et moirés ; mais là-haut, les couleurs inconnues de ce monde sont des merveilles ; et tout est couleur, et tout est beauté, tout est charme ! Ah ! pour dire ces choses, les mots n’existent pas ! Pour les décrire, il faudrait le langage de l’espace, et ce langage, et ces mots, je ne puis vous les rapporter par le cerveau que j’emploie en ce moment, de même que vous ne sauriez les comprendre, car le langage est chose de convention, et le nôtre, vous ne le connaîtrez que dans l’au-delà.

Le sidérien a sommeillé ; l’activité renaît en lui ; il ressent toujours le besoin du renouveau. L’esprit n’a jamais la pensée de s’arrêter de marcher, c’est-à-dire de cesser de vivre, et pour la vie de l’Intelligence il y a un aliment comme sur la terre il y a le pain ; cet aliment, c’est le progrès ; sans le progrès, rien ne serait, rien ne pourrait être. Ah ! cette activité, elle est bien employée ! De même que dans votre monde vous apprenez à devenir meilleur, à enrichir votre intelligence, de même que vous y grandissez dans la sagesse et dans l’amour, de même s’exalte l’habitant de l’espace. Soyez assurés que dans le cadre grandiose de l’univers tous les travaux se ressemblent en ce qu’ils sont l’étude, toujours l’étude et la poursuite incessante de l’inaccessible, c’est-à-dire la perfection. Il est impossible pour vous, sans doute, d’étudier à la fois tous les arts et toutes les sciences, mais vos incarnations multiples vous y convient peu à peu.

Chers amis, vous voyez-vous libres dans les sphères avancées, après vous être incarnés assez souvent pour avoir acquis toutes les connaissances qu’offre la terre, après avoir complété votre intelligence dans le degré supérieur (supérieur par comparaison) que l’homme acquière avant son départ de sa planète ? Vous avez à comprendre jusqu’à la voix de l’oiseau pour pouvoir retrouver l’oiseau en vous ; dans vos réminiscences, sans perdre votre acquis de sidérien, vous avez la faculté de rentrer dans les règnes que vous avez traversés, de redescendre poisson dans les eaux, de reprendre en vous le chant du rossignol, de retrouver le fauve ou la gazelle du désert. L’être dégagé complètement de ce monde peut revivre sa plus infime réincarnation ; elle lui fait ressentir la douceur de la vie dans la fleur qui ouvre ses pétales au souffle printanier, aux baisers du soleil ; il peut revivre en lui-même jusqu’au fruit que le soleil a mûri et doré, escalader toute l’échelle de son passé dans les premières étapes de la nature, dans les secondes de la vie animale, puis dans la troisième de sa vie humaine. Dans les régions astrales, ce n’est plus d’un monde que l’on vit, d’un monde que l’on songe, c’est de tous les mondes que l’on a vécus. Plus l’intelligence avance, plus elle trouve de beautés à étudier pour les vivre en elle ; l’intelligence a toujours à franchir de nouvelles distances remplies de nouvelles splendeurs qu’elle fait entrer dans son acquis immense.

Homme ! que ta pensée s’élève en sagesse. Vois combien tu peux devenir grand ! Contemple, tout petit que tu puisses te paraître à toi-même, contemple cet idéal incommensurable !

L’oriental


Neuvième série
Mal et progrès

La perfection, ou l’idéal, but de la vie, s’est

manifestée à jamais comme tendance, et ne

se réalise qu’à jamais, c’est-à-dire que dans

le combat sans fin il est la victoire toujours

remportée et jamais définitive.

Dr Antoine Caos – Le problème

L’homme n’est ni bon ni méchant ; il naît

avec des instincts et des aptitudes.

Balzac

Les voix de la nature

…….. La chanson des choses

Est un écho du chant divin.

Camille Chaigneau

Il fait lever son soleil sur les bons et les

méchants, il fait pleuvoir sur les justes et les injustes.

Matthieu, V, 45

Homme ! fais parler la foudre. Demande la clé de son langage à cette voix qui roule dans l’espace et fait trembler les hommes et les éléments ; demande à cette force qui vient et qui passe, qui rampe et qui broie, qui brûle et qui saccage, demande-lui les ondulations qui la produisent ; demande-lui qui a présidé à sa formation, à sa naissance ; demande-lui par qui elle est comprise, l’Harmonie te répondra :

La force de la vie enfermée dans certains éléments en est rejetée ; les forces inharmoniques rejetées sont obligées de se réunir pour se désharmoniser tour à tour jusqu’à ce que, par un suprême effort, elles se brisent par elles-mêmes et contre elles-mêmes, et retombent épuisées dans les éléments qui les ont rejetées et qui les absorbent à présent qu’elles sont purifiées.

Interroge les voix qui pleurent dans la brise ; demande à ce zéphyr où il a cueilli le parfum qu’il apporte sur son aile. L’Harmonie te répondra :

Dans mon souffle il y a du cœur ; il passe doucement où il y a de l’amour : le parfum de la fleur, c’est son amour. La brise est avide d’amour, elle s’énamoure du parfum de la fleur.

Dans l’ouragan qui passe, lorsque l’arbre est renversé, lorsque le souffle impétueux semble vouloir tout dévaster, si tu demandes qui préside à son cours destructeur, l’Harmonie te répondra :

Enfant de la terre, quand tu suis le chemin du devoir et de la vertu pour arriver à la sagesse, tu ressembles à la brise parfumée. Mais ton frère, aux passions indomptées, qui s’élève orgueilleux, voulant tout renverser pour s’établir sur des ruines, c’est la vois mugissante du vent d’ouragan qui ravage tout, mais qui est obligée de passer, de s’éteindre, comme la voix des méchants se perd dans l’immensité où leurs forces s’engloutissent pour créer un progrès qui résulte du mal lui-même.

Fernando

Le pouvoir du progrès

Le bien est lent, il monte.

Mme Swetchine

L’avenir est un travail sur le chantier.

Molière

Dans tous les temps de l’humanité et dans tous les pays du monde, l’intuition du « Mal » donnée aux hommes leur a paru provenir d’un pouvoir extérieur. On est allé jusqu’à attribuer le mal à une influence aussi grande que celle qui donne l’intuition des nobles et belles actions. Mais aucune puissance semblable ne régit l’humanité ; tous les êtres sont libres, c’est-à-dire, qu’ils ont tous une liberté d’action relative à leur état de progrès. Partout où les hommes passent, ils peuvent recueillir non seulement les impressions laissées dans l’air par des actes auxquels ils sont étrangers et dont ils subissent l’influence bonne ou mauvaise, mais encore y retrouver leur propre pensée et aussi la trace de leurs nombreuses individualités dans l’humanité ; de là les inexplicables tentations qui peuvent assaillir un homme incapable d’y céder. Il y a plus encore : l’immense quantité de désincarnés qui n’ont point quitté les fluides de la terre revivent encore de la vie des humains. Le corps de l’homme n’est plus un refuge inexpugnable pour celui qui l’habite, car beaucoup d’incarnés peuvent entrer en relation avec des êtres qui vivent en dehors d’un corps terrestre.

Les hommes qui entrent en rapport, même indirectement avec ces désincarnés, peuvent recevoir aussi bien l’intuition qui pousse au mal que celle qui conduit au bien. S’il passe auprès de vous des désincarnés qui laissent dans votre esprit le désir du bien avec l’impression forte et douce de leur passage, il en est d’autres qui se complaisent à vous faire commettre des actes mauvais. Mais, de toute manière, l’homme est libre. Si l’incarné est peu avancé encore, s’il n’est pas entré depuis longtemps dans l’humanité, si son instinct n’est pas épuré, il reçoit plus facilement l’intuition des choses basses et grossières. Vous avez ainsi l’explication d’une partie du mal qui se commet et des choses répréhensibles au point de vue des lois de la terre ou de la simple morale.

Ce qui est triste à constater, c’est que bien des philosophes croient que sur la terre la puissance du mal l’emporte sur celle du bien. Mais dans l’univers, il n’y a pas deux pouvoirs d’égale force : l’un pour le mal, l’autre pour le bien. Il n’y a qu’un pouvoir. Ce pouvoir se résume, pour toutes les planètes et pour l’espace, en lois naturelles dont toutes les humanités bénéficient ; c’est à l’ombre de ces lois, dont le secret est insondable, que l’homme gravite et s’élève ; il travaille dans un immense chantier, et c’est lorsque chacun a fait preuve d’habileté, de savoir, qu’il est appelé à étudier ailleurs de nouvelles merveilles, pour embellir sans fin un magnifique ouvrage : son intelligence.

Il est rare qu’après l’heure de la désincarnation les êtres s’élancent d’un coup d’aile vers l’espace ensoleillé, au sein des hautes harmonies. Chacun a un travail à faire sur ce globe ; travail d’assimilation beaucoup plus grand qu’on ne le suppose ; ce travail dure un temps qu’on ne saurait préciser. C’est donc une erreur de croire qu’après la désincarnation on puisse d’un bond s’affranchir à jamais des fluides de sa planète. De plus, tous les êtres qui se désincarnent ne s’élèvent pas également vite. Les uns ont trop de ce que vous appelez matière : d’autres, plus avancés et pouvant s’éloigner rapidement, voient qu’il y a tant à faire dans ce monde, tant de secours à y apporter, qu’ils ne peuvent se résoudre à abandonner cette humanité, et ils travaillent, non seulement à bien influencer les incarnés, mais aussi à ramener dans la voie du progrès les désincarnés arriérés qui ne recherchent la société des hommes que pour leur inspirer le désir du mal.

Travaillez avec persévérance et énergie à embellir votre œuvre intime - votre esprit - et à établir le pouvoir le plus juste.

Le pouvoir du progrès.

L’oriental

Pourquoi la double vie terrestre et extra-terrestre

On se fait un devoir de douter de ce qui n’est point matériel ni susceptible d’être analysé par la chimie.

Le baron L. de Guldenstube

La vie extra-terrestre est la vie normale de l’intelligence. Sans doute, l’être est toujours uni à la matière, mais cette matière peut devenir très subtile. Le corps organisé que vous possédez est une enveloppe très matérielle qui sert d’instrument à l’intelligence pour les études morales et intellectuelles à faire avant de parvenir à la vie élevée et indépendante qui doit être la sienne. Le corps est à l’âme ce que le moule est à l’œuvre d’art qui doit faire l’admiration de tous.

La vie planétaire sert à mettre en pratique les résolutions prises à l’état erratique, c’est-à-dire, pendant la vie sidérale. Dans cette dernière, les besoins du corps n’étant plus là pour forcer l’esprit d’agir, la vie pourrait n’être que contemplative, et il y a des êtres qui se contenteraient de regarder agir les autres et resteraient toujours au même point ; mais, dans la vie corporelle les besoins du corps forcent l’âme à secouer sa torpeur, à réfléchir, à s’ingénier. La vie matérielle est donc un moyen de développement pour l’intelligence.

Tout travail coûte une peine et amène un progrès, soit moral, soit intellectuel, quelquefois les deux.

Voilà la raison de la souffrance, de la douleur, de la fatigue ; peine, fatigue que nous aggravons souvent par notre manière de voir et d’agir.

J. J. Rousseau

L’étape

Si votre principale préoccupation n’est pas de

faire le bien dans la mesure de vos forces, votre vie n’a pas de raison d’être.

Charles Rozan

Il faut qu’un homme ait devant lui de grandes

choses ou un grand but, sans quoi il perd ses

forces comme l’aimant perd les siennes,

lorsque pendant longtemps il n’a pas été exposé en face du nord.

Jean Paul

Ecoutez ces bruits qui frappent votre oreille. Ecoutez ces rumeurs qui s’élèvent jusqu’à vous. C’est la foule qui passe : la cohue des humains faisant l’étape d’une existence. Observons ces hommes si occupés, si affairés.

Celui-ci va où ses intérêts l’attirent ; il pense à la fortune, aux moyens qui lui sont donnés pour y arriver. Dans sa pensée, l’image de sa femme et de ses enfants reste sur le même plan de préoccupation. La fortune, c’est moins pour lui que pour eux qu’il la poursuit.

Cet autre qui marche, le front penché vers la terre, réfléchissant beaucoup, prenant parfois des notes, c’est un poète, un penseur, un philosophe ou un romancier. Il tire tout de sa tête, celui-là. Il souhaite plus que la modeste aisance à laquelle aspire l’artisan ; il veut la gloire, et l’idéale qu’il cherche, c’est de vivre la vie[1] de ses héros préférés.

Un autre porte avec lui ses outils de travail ; sous son fardeau il chante quand même le refrain du jour. Il est jeune, robuste, indépendant, et ne pense pas encore à l’avenir ; il aime la liberté, en profite et la chante gaiement, cette liberté relative.

Nous en trouvons bien d’autres, de ces types particuliers auxquels je n’ai pas le temps de m’arrêter ; mais quel est le principe de morale chez tous ?

Tout ce monde ne sait d’où il vient, où il va, ce qu’il est aujourd’hui, ce qu’il sera demain. Ces hommes vivent de la foule, avec la foule et pour la foule. Quand donc ces pauvres enfants apprendront-ils à dire avec le cœur ; je crois, je sens, je sais que quelque chose de moi survivra, parce que tout ce qui est fluide est vivant et immortel comme Dieu lui-même qui est le fluide universel ? Quand donc les masses secouront-elles le joug qui les étreint, et se jetteront dans les bras d’une espérance fondée ?

Vous qui savez, soyez leur ancre de salut ; éclairez-les autant que vous pourrez ; unissez vos efforts ; une âme, une âme affranchie, une seule amenée à la vérité, ce sera une joie ineffable pour vous de l’autre côté ! Il est doux d’avoir laissé sur la terre des amis qui suivent la voie éclairée qui porte à aider toutes les créatures sans distinction de race, de secte ni de nationalité.

Ayez pitié de la foule inconsciente. Quand vous vous y mêlez, semez-y le bon grain ; préparez les voies dont Jean le précurseur a parlé. Ils sont bien clairsemés ceux qui prêchent par l’exemple, par l’éloquence de leur cœur. Soyez des apôtres, soutenez-vous dans votre ardeur à répandre la lumière dont vous jouissez. Travaillez pendant cette étape, travaillez pour la grande patrie en vous dévouant à l’humanité.

Votre étape, votre étape !… je voudrais la faire avec vous !

D….y.

Le mal

L’oiseau dans l’œuf se nourrit de pourriture avant

que ses ailes poussent et qu’il puisse prendre son vol vers les cieux. Ainsi ce qui semble mauvais

sert encore au progrès.

Imité d’Uzeg

Au fond du mal même qui t’effraie

germe un bien plus grand.

Lamennais

Nous sommes de l’Inde. C’est de l’Inde que sont venus les premiers rayons de la science qui éclairent le reste du monde…

Depuis l’apparition de l’humanité sur la terre, il y a toujours eu des crimes, des forfaits. On a appelé ces actes mauvais, et le sentiment qui y poussait : le mal.

Quel est le principe du Mal ? Pourquoi existe-t-il ? A t-il une raison d’être au point de vue harmonique ? Est-il une conséquence de la vie de progrès ?

Il ne peut venir de l’Idéal divin qui est la suprême bonté, la suprême justice.

Pourtant, certains déistes, pensant que le mal doit avoir à sa tête une Intelligence qui le gouverne et le stimule, ont inventé le diable. Le diable ! Cela dit beaucoup et bien peu ! Vous admettriez donc qu’un pouvoir dans l’univers rivalisât, et souvent d’une manière triomphante, avec celui de votre Dieu ? « Le Tout-Puissant ? »

La tradition biblique a imaginé quelque chose pour donner une raison du mal, et la légende de la chute des anges devenus démons s’est accréditée jusqu’à ces jours. Lucifer, le plus beau des Anges, aurait voulu s’emparer du gouvernement des cieux et du trône de Dieu ! C’est là un enfantillage ridicule ! Assez de ces fables ! Il devrait même être défendu d’en amuser les enfants.

Le « Mal », c’est la souffrance de l’avancement, la peine de se dépouiller du vieil homme, de l’animalité qui s’arrache de jour en jour de l’âme de chacun des humains, de chacune des Intelligences. Le mal est un mot qui ne devrait pas exister ; on devrait dire : la peine du progrès.

Que l’on fasse cesser tous ces contes burlesques, ces niaiseries que l’on enseigne encore et qui faussent l’esprit. Amenez plutôt l’enfant à comprendre les conséquences de ses actes, la conséquence d’une mauvaise action qui constitue une infériorité personnelle. Pourquoi évoquer le fantôme du diable, qui hante le pauvre petit et le jette dans des angoisses d’esprit nuisibles au développement de son intelligence ? L’enfant qui ne discerne pas encore, au lieu de suivre l’élan généreux de son cœur, est là, tâtonnant ; il a peur du diable, il n’est pas libre, il ne sent pas en lui cette croissance des forces, cette virilité de l’âme qui doit commencer dès l’enfance. Ne paralysez pas plus l’esprit de ces chers petits par la frayeur d’un démon que par celle d’un Dieu sévère.

Le Mal ! Ah ! qu’on a souffert par la fausse interprétation de ce mot ! Combien d’êtres se sont cru le droit de maudire un Dieu qui abandonne sa créature au pouvoir d’un monstre exécré ! d’un Dieu que bien des hommes appellent bon avec plus de crainte que de conviction. Amis, je vous le répète, le mal n’est autre chose que le creuset où se prépare le progrès.

Pour subvenir à ses besoins matériels, l’animal erre dans la forêt, dévorant il est vrai d’autres animaux ; mais son esprit s’élèvera, entrera dans un homme, et le mal qu’on lui attribuera alors au point de vue des jugements de la terre, sera autrement compris devant l’Idéal de justice. Plus tard, nous y comptons bien, on discernera mieux certaines responsabilités.

Lorsque la science d’Outre-Tombe aura pénétré les masses, si l’on se sent méchant, dur, entraîné à commettre une faute, on n’accusera plus un Dieu vain ; on ne lui reprochera plus d’avoir commis un crime lui-même en créant l’homme pour l’exposer au crime. L’homme, après avoir repoussé l’idée que le démon existe, qu’un Belzébuth quelconque a la moitié du pouvoir dans l’univers, l’homme descendra dans le fond de son âme, il verra qu’au point de vue de l’humanité ou des lois, il est enclin a commettre des actes qui éloigneront de lui ses amis, ses parents même ; des actes que ne commentent point la plupart de ceux qui l’entourent. S’il est instruit et qu’il raisonne quelque peu, il se dira : « Pourquoi ai-je toujours envié le bien d’autrui ? » Pourquoi suis-je porté à faire tant de choses odieuses qui m’attirent l’antipathie de tous, tandis que d’autres, comparativement à moi, sont si bons, si sympathiques ? Pourquoi ne leur ressemblé-je pas ? Il se dira encore : « C’est que ces hommes ont plus travaillé, plus lutté que moi ; c’est qu’ils sont plus grands, plus avancés. Mais ils ont été sans doute ce que je suis ? Ils ont dû passer par bien des souffrances, bien des luttes pour être si élevés, si honorables, si impeccables ! C’est que mon âme est plus jeune que la leur, qu’elle est entrée plus tard dans cette humanité ; ces hommes sont pour moi un exemple frappant de la progression par le travail. Eh bien ! puisque mon âme n’est point encore dépouillée des instincts d’une humanité plus jeune que celle dans laquelle je suis à présent, je vais marcher à ma propre conquête, et je sortirai du combat victorieux comme les autres. O amour du progrès qui me dégage de mes langes, qui me dégage de ce fatras d’oripeaux dont m’a habillé une génération en retard, tu me fais l’arbitre de ma propre destinée !

O grande Ame d’amour, Dieu ! Qui donc, si ce n’est toi, pourrait faire comprendre tout le bonheur, toute la jouissance pour un être intelligent, de se grandir soi-même, de conquérir l’indépendance matérielle et morale en passant par toutes les étapes de la misère et de ses terribles nécessités, par toutes les douleurs, par toutes les luttes, et de retirer de cette peine du progrès la satisfaction légitime d’être le fils de ses œuvres ! Amis ! les hommes qui se sont élevés par eux-mêmes sont fiers et heureux ! Ces arrivés-là nous comprendront ; ils comprendront que tout être dans ses diverses incarnations, après avoir beaucoup peiné, ressent une immense joie de la conscience de sa progression.

Mais, objectera-t-on, et la réparation ? Que devient-elle ?

Enfants !!… il faut sans doute la réparation, mais cette réparation n’a pas besoin d’être identique, comme effet, au mal causé. Dans la loi de la réparation on ne peut dire comme dans la législation judaïque : dent pour dent, œil pour œil. L’être qui a failli par manque de progrès vient réparer avec son acquis de progrès ; il vient effacer sa flétrissure avec l’amour qui a grandi en lui, avec le dévouement, le sentiment de solidarité qu’il a appris à connaître, et il réparera. Il réparera en vertu de son propre vouloir et non par châtiment.

Le rachat d’une faute ne se fait point parce que l’âme y est condamnée. Le rachat d’une faute se fait par amour.

Héroan, grand prêtre de l’Inde antique

Les méchants

La méchanceté ne serait-elle donc qu’une erreur…

une épouvantable sottise ?

Jules Baissac

Toutes les choses que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur aussi de même.

Matthieu, VII, 12

Il y a sur la terre des hommes qui passent leur vie à faire le mal ; depuis leur enfance, ils ont montré de mauvais instincts, et leur contact avec la société la plus honnête semble ne produire

aucun résultat sur leurs tendances morales. Ces êtres pourtant peuvent arriver à savoir ce qu’est le bien ; s’ils vivent dans un milieu où s’épanouissent la bonté, la fraternité, maîtresses vertus, ils finissent par s’apercevoir que l’égoïsme, les instincts pervers n’existent pas chez les personnes qu’ils fréquentent ; il n’y a pas d’être, si dégradé qu’il soit, qui n’arrive à sentir la supériorité de celui qui est bon. Il y a des méchants qui font le mal par tempérament, par besoin, parce qu’ils aiment le mal ; ils éprouvent en eux l’effrayante satisfaction de faire souffrir leurs semblables. Quelques-uns font le mal par forfanterie, d’autres par ambition, et ils ne reculent devant rien pour s’élever où l’orgueil les pousse.

Cependant la conscience des méchants à parfois de ces réveils qui les font frissonner lorsqu’ils se sentent seuls, car ils éloignent d’eux ceux qui vivent dans la droiture : lorsque l’honnête homme s’approche du méchant, il reçoit une commotion fluidique, un effluve malsain qui souvent le repousse.

La mort, la transformation du corps qui met l’âme en liberté, amène-t-elle un changement dans les esprits pervers ?

En quittant la vie de la terre, le méchant tombe dans une espèce de cauchemar horrible dans lequel il revoit sans cesse les mauvais actes de sa vie ; il voit ses victimes lire dans son âme et lui montrer toutes ses lâchetés. Il a peur ; il voudrait ensevelir sa vie, c’est-à-dire qu’il voudrait que sa vie n’existât même pas. Il ne peut se cacher, il est obligé de supporter la vindicte de ceux qu’il a fait souffrir. Mais ne croyez pas que l’être élevé qui a été victime du méchant s’acharne à sa poursuite ; non ! celui-là ne pense qu’à pardonner et à aider au relèvement du fourvoyé. Le méchant trouve la punition de ses fautes, non pas extérieurement par des démons qui viennent armés de fourches lui montrer des flammes, un gouffre béant, en un mot, l’Enfer ; non. Le méchant souffre en lui-même.

Chaque mauvaise action commise porte comme un stigmate de souffrance à venir : c’est l’expression indélébile d’un fluide de la force vitale qui a servi à accomplir l’acte criminel. Celui qui a fait du mal à son frère voit toujours le fantôme accusateur du persécuté. Dans cet état, le méchant ne comprend qu’une chose, c’est qu’il vit et qu’il souffre.

Quelquefois, attiré par certaines influences, ces égarés parviennent à se communiquer, ils se reconnaissent ; mais il se peut que leurs instincts mauvais prennent encore le dessus. Ils s’efforcent alors d’entraîner les terriens et d’en faire leurs instruments. Mais ils ne peuvent vivre longtemps de la vie des incarnés, et ils retournent à leurs souvenirs obsédants. Pour qu’ils voient la lumière, il faut attendre le remords. Si les méchants ne perçoivent pas des fluides d’amour planer sur leurs têtes et chercher à les attirer, ces fluides n’en existent pas moins. Le repentir leur rend le calme, une vision plus nette de ce qui les entoure et la compréhension d’un bonheur possible pour eux.

D….y.

Les méchants ! Nous avons tous été ce qu’ils sont : arriérés, ignorants du bien. L’esprit ignorant du bien fait le mal jusqu’à ce que, plus développé, il puisse comprendre le tort qu’il se fait à lui-même et qu’il fait aux autres, jusqu’à ce qu’il puisse avoir la perception de la beauté du bien.

Alors, il commence à lutter sérieusement, et à force de luttes, je ne dis pas à force de victoires remportées sans arrêt à force de luttes il arrive à être aussi bon qu’il a été mauvais.

L. de V…

Tentation

Ballade

Vous jugez selon la chair, moi je ne juge personne.

Jean, VIII, 15

Le jour apparaissait, lançant ses flèches d’or dans l’ombre de la nuit ; les fleurs souriaient aux premiers rayons du soleil ; le chantre des bois becquetait les béliguars de l’églantier et, le gosier sonore, entonnait à l’aurore sa plus douce mélodie. Pour le repas de la vive abeille, le soleil mettait sur les corolles et les calices, sa nappe de lumière ; le myrte toujours vert avait des fleurs d’amour ; sous les massifs de jasmin éclosait la pervenche.

Jacques, un poignard à la main, s’était glissé, rampant sous les arbustes du jardin. La noire pensée d’un crime fermentant dans son cerveau. Il est venu pour épier une jeune fille, presque qu’une enfant encore. Il arracha une touffe de boutons d’or vénéneux, puis il prit de ces fleurs le poison qu’il passa sur la lame de son poignard ; il y ajouta le suc plus violent du l’aconit et attendit, se disant : « Il faut qu’elle meure… Elle est promise à un autre. Je ne puis supporter l’idée qu’elle appartiendra à mon rival. Oui, je la frapperai, puis je me frapperai moi-même, et, fiancés sanglants, nous serons unis par la mort ! »

Au milieu du riant bocage s’élevait une blanche maisonnette dont les murs disparaissaient sous les clématites et la vigne vierge, qui s’en disputaient l’ornement. Les volets s’ouvrirent. Yolande, une jeune fille belle comme une apparition séraphique, se montra à la fenêtre pour saluer la nature, les fleurs, les chants d’oiseaux ; pour saluer de sa vie un nouveau beau jour. Elle descendit bientôt, et, suivant les allées sablées, elle alla cueillir des fleurs, glissant légèrement plutôt qu’elle ne marchait.

Depuis un instant, Yolande parlait seule elle semblait écouter les réponses d’un être invisible. Elle interrogeait ou répondait. Jacques, en entendant sa voix, ressentit quelque chose d’indéfinissable qui l’envahit tout entier et le rendit faible comme un enfant.

« Oui maman, vous êtes là, je le sais. Cette nuit vous m’avez parlé de verveine et de mousse, et je suis venue ce matin pour vous faire le joli bouquet que vous m’avez demandé. Je vais y ajouter une fleur, celle-ci ; c’est la fleur que préfère Jacques, le seul aimé de mon cœur ; celui à qui je vais rendre l’espoir, car il souffre ! Il croit que je l’abandonne. Il ne devrait point désespérer pourtant ! Ne sent-il pas que je l’aime et que je n’épouserai que lui ? Mes instances ont enfin levé tous les obstacles, et ma main lui est accordée. Je vais cueillir des anémones, ces fleurs d’amour qu’on dit germées dans le sang d’Adonis. Ce sont elles qui dans ce bouquet représenteront mon fiancé. O ma mère ! vous qui m’avez parlé de lui cette nuit, faites qu’il m’aime toujours ! Ma mère… vous me l’avez promis, vous me l’avez assuré, tenez votre promesse ! »

Celui qui avait formé dans son cœur le projet d’un effroyable forfait se précipita aux pieds de la jeune fille.

- O ma bien-aimée, pardonne, pardonne ! Fou de désespoir et de jalousie, j’allais commettre un crime sans nom ! J’allais rougir ce poignard de ton sang et du mien pour t’arracher à mon rival.

Jetant loin de lui l’arme maudite, il se couvrit le visage de ses mains et se mit à sangloter.

- Ma mère vous pardonnera, répondit doucement la jeune fille… Jacques !… Je vous aime !

Stop

Note. Stop est un poète irlandais qui nous a conté, sous forme de ballades, quelques circonstances dramatiques de la vie de ses amis. Il a donné des communications du même genre dans un autre groupe et par un autre médium : Marie d’Alési. Les deux médiums ne se sont pas connus.

Pourquoi la souffrance ?

La grande maladie de l’âme, c’est le froid.

Toqueville

L’homme est un apprenti, la douleur est son maître, Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert.

Alfred de Musset

L’homme meurt de la vie de la terre. En se réveillant dans l’immortalité, retrouve-t-il son rêve préconçu ?

Il trouve quelquefois une grande lumière qui l’attire, quelquefois la nuit qu’il craint éternelle ; dans cette nuit, il lui semble voir des fantômes, entendre des cris d’angoisse et de malédictions ; il demande grâce et pitié ; funeste ignorance, terrible léthargie !…

Ah ! pourquoi tant de tortures ! pourquoi trouve-t-on partout des souffrances ? Toutes les générations le demandent : pourquoi souffrir, pourquoi ?

Mais où cela conduirait-il l’homme, de vivre dans une paix uniforme, sans travail, voire même sans besoins ? La grandeur existerait-elle s’il n’y avait pas d’échelons à gravir ? La force se sent force parce qu’elle a connu la faiblesse. C’est parce qu’il y a gradations que la force comprend son rôle de charité envers les faibles ; c’est quand l’homme est tombé par ignorance et a méconnu la vertu qu’il sent la nécessité de la science et le prix de la sagesse.

Oh ! ne murmurez pas contre les œuvres que vous ne comprenez point, car l’homme souffre d’avoir méconnu et jugé ce qu’il ne pouvait comprendre et par conséquent ne devait pas juger. Enfants, si vous maudissez la souffrance, vous vous maudissez vous-mêmes. C’est par la souffrance que les êtres s’élèvent, que les cœurs se transforment et que tout grandit dans l’amour, par le remord d’avoir fait souffrir.

Liana

Dans l’espace, est-on puni du mal que l’on a fait sur terre ?

Sans doute, dans l’espace on souffre de la vue du mal qu’on a fait, surtout quand on arrive à comprendre l’énormité. Mais on peut souffrir sans que la souffrance soit une punition. La punition, si nous voulons employer ce mot, est inévitable en ce sens que, rien ne se perdant, la vue du méfait arrive tôt ou tard aux yeux du coupable dans toute sa laideur. Remarquez que je dis : tôt ou tard la vérité se fera, car l’être arriéré ne sait pas toujours lire en lui-même ; il lui faut du temps pour en arriver là ; il faut quelquefois bien des existences pour que le sens moral se développe suffisamment.

Les autres souffrances, on l’a déjà dit, sont souvent le fait de notre négligence, de notre paraisse à combattre les inclinations matérielles ; cela vient du manque de courage aussi souvent que du manque de lumière.

En réalité, c’est nous qui nous punissons nous-mêmes, car c’est nous qui nous privons du bien-être que nous pourrions avoir dans l’espace, si nous ne travaillons pas à l’acquérir. C’est nous qui nous récompensons nous-mêmes en acquérant ce qui nous est agréable et utile pour l’avenir.

La souffrance est une nécessité de la loi de progrès ; c’est l’aiguillon qui pousse à l’avancement.

Bossuet

On ne peut haïr quand on aime Jésus

Poésie

Quiconque hait son frère est meurtrier.

I, Jean, III, 15

La vie est le combat, la mort est la victoire.

Lamartine – Mort de Socrate

Non, je ne vous hais pas, terre d’exil, bas monde,

Où mon âme un beau jour vint chercher un berceau,

Ignorant que le corps est un asile immonde,

Qui se fait à la fois notre juge et bourreau.

Non, je ne vous hais pas, vous, les âmes cruelles,

Qui rejetez mon cœur sans y laisser germer

Le sourire charmant des amitiés fidèles,

Et qui, me dédaignant, n’avez pas su m’aimer.

Non, je ne vous hais pas, heures de travail rude

Où l’avenir souvent se montre dévoilé.

Et qui m’avez appris, dans une grave étude

Qu’on doit rester debout sur son cœur mutilé.

Non, je ne vous hais pas, trahisons et morsures,

Coups de poignards sanglants de la mauvaise foi.

Non, je ne vous hais pas !… Vos sombres déchirures

Me font voir la valeur cachée au fond de moi.

Signature illisible

Le crime de Michel

Celui qui éprouve de la haine est plus à plaindre que celui qui en est victime.

X…

(Un désincarné se présente sous le nom de Michel. Il nous exprime son bonheur d’avoir retrouvé dans l’espace sa femme, Félicité. Il voudrait ne la quitter jamais, mais il ressent déjà les atteintes de la mort de l’espace ; sa marche devient moins rapide, ses fluides plus lourds. Il est attristé de devoir revenir sur la terre, mais il faut pour réparer le mal qu’il a fait. Félicité, plus avancée que Michel, vient après lui dans le médium et nous apprend que son mari est marqué d’une tache de sang.)

Récit de Michel

C’était au printemps. Le soleil réveillait la nature et lui disait d’aimer. Toutes les fleurs étaient fraîches, toutes les femmes paraissaient jolies ; mais, pour moi, une seule était belle. Je l’aimais depuis longtemps, je lui dis, mais elle ne m’écouta point !… Je souffrais mille tortures. Le jour, je suivais ses pas la nuit, elle m’apparaissait en songe. Je voulais ne vivre que pour elle, mais elle ne voulait pas vivre avec moi. Mon existence devenait un supplice intolérable. Je dévorais mes larmes dans l’ombre ; je l’aimais plus passionnément à mesure qu’elle me repoussait davantage. Lorsque dans mon esprit passait cette idée : elle sera à un autre, les ténèbres se faisaient en moi, et je n’avais plus que des accents de haine. Oui, un autre demanda sa main… Il l’obtint.. ; Elle consentit à devenir sa femme !… Oh ! ma haine contre mon rival ne connut plus de bornes !…

Je la vis un jour, tout parée ; elle portait la robe des anges. Toute l’assistance était joyeuse ; elle seule semblait triste ; elle avait senti ce jour là ce que je devais souffrir ; elle comprenait par l’amour de celui qu’elle avait choisi.

Le soir vint. Les oiseaux chantaient comme après une fête leur dernière chanson avant de s’endormir ; tout bruit s’éteignit. La nature entière sommeillait ; ma haine veillait. Elle conduisait mes pas et m’aveuglait ; elle m’avait mis un poignard dans la main. J’étais fou ! ah ! j’étais plus que fou ! J’avais déjà commis deux crimes dans mon esprit, il me restait plus qu’à accomplir mon forfait.

La maison des jeunes mariés était isolée. Je traversai la prairie, passant sur les fleurs, que le bruit de mes pas devait effrayer, et je me présentai à eux ; mon visage, qu’un rayon de lune éclairait, leur apparut menaçant… Dans ma fureur insensée, je les tuai tous les deux !…

Félicité !… tu m’aimes.. ; tu m’as pardonné ! Mais lui, quand donc, lui, me pardonnera-t-il ?

La faim du crime était assouvie, je m’enfuis. Le monde ignora le nom du criminel ; le monde ignora mon désespoir et ma honte.

Je quittai les lieux qui nous avait vus naître tous deux ; je voulus vivre dans une contrée lointaine. Echappé à la justice des hommes, je croyais pouvoir fuir les cris de ma conscience ; mais, lorsque la nuit s’appesantissait sur moi, lorsque l’heure du crime tintait à l’horloge lointaine m’apportant un écho qui glaçait mon âme, l’épouvante renaissait dans mon cœur ; et personne, personne qui consolât ma douleur !

C’était la nuit, la nuit jour des ombres, que les morts-vivants s’offraient à mes yeux. Plus de sommeil ! plus de tranquillité ! Mon remords obsédant m’avait fait atteindre le paroxysme de la souffrance en s’emparant de mon être tout entier, et aucune jouissance matérielle ne pouvait étouffer dans mon cœur cette pensée accablante, ce désespoir qui me faisait une torture cruelle du forfait que j’avais commis. La nuit, j’allais, errant, pleurer dans le silence, espérant que les ombres muettes pleureraient sur mes larmes puisque je ne pouvais demander aux hommes de pleurer sur moi et avec moi.

Elle, toujours elle ! Il me semblait que dans le chaos qu’était devenu mon être, sa voix me parlait doucement, me disait : Je t’aime ! Croyant à l’illusion, je me sentais plus malheureux. Quel mensonge ! me disais-je ; sa voix ne peut me dire que je suis pardonné, ne peut me dire, Je t’aime, puisque sur la terre elle me repoussait !

O vous qui m’écoutez, vous ne pourriez vous représenter une situation aussi affreuse que la mienne ! Je ne voulais pas mourir ! Mort, pensais-je, je serais peut être plus malheureux encore : je la verrais ! et ma honte deviendrait plus grande.

C’était la date du crime. J’avais quitté ma demeure, et l’heure qui me rappelait tous les jours ma barbarie, sonna, lugubre, au milieu de la nuit. Les feux follets se poursuivaient, çà et là, la brise effeuillait les arbres, et des ombres inconnues passaient devant mes yeux. Je crus que je devenais fou ! Je tremblais, j’avais peur de tout et de moi-même. Les ombres s’approchaient. Les unes avaient des visages terribles ; d’autres portaient sur leur physionomie le sentiment de la pitié, et mes larmes faisaient couler leurs larmes. Tout à coup, les ombres formèrent cercle autour de moi. Je me vis dans un éblouissement. Un ange vint à moi : c’était l’ange de la réconciliation, l’ange femme, l’ange amour, l’ange sauveur ! Elle me tendit la main et me dit : « Ne souffre plus. J’ai patiemment attendu cette heure où ce n’était point mon pardon que je devais t’apporter, mais mon amour ! Je t’aime. Viens ! Tu as assez pleuré pour être consolé, assez grandi dans tes regrets pour être digne du grand amour, cet amour qui nous lie à jamais.

Je revins à moi. Je ne pleurais plus ; le sourire s’épanouissait sur mon visage flétri par le remords ; l’espérance était rentrée dans mon cœur. Je ne voyais plus le crime ; je voyais un ange à mes côtés ; il me protégeait et me disait : «  Je t’aime, je t’attends. »

C’était Elle, Elle qui m’assistait dans la mort…

Le jour fatal de ma mort et cette heure du crime furent transformés pour moi en un jour de pardon et de réconciliation.

Michel

(Michel revint nous faire ses adieux.)

Je suis à plaindre ! Quitter mon beau soleil ! Revenir enfant ; être garrotté dans des langes ; me mouler dans un petit corps où mon esprit ne se reconnaîtra plus !… Je me sens lourd. Mon périsprit est tellement imprégné des fluides de la terre, que je ne pourrai plus revenir dans le médium, sinon je lui ferais du mal. Bienheureux ceux qui ne doivent plus revenir sur la terre !

J’ai choisi en province une famille assez riche pour pouvoir m’instruire. J’y resterai jusqu’à 25 ans. Je prévois qu’on m’élèvera pour être prêtre. Il faudra que je crois au châtiment éternel, au serpent qui a séduit ma femme ; il faudra que je croie qu’une pomme a perdu le monde. Mais je quitterai mes parents pour devenir musicien. La carrière des arts m’ouvrira des horizons nouveaux. Des preuves de la continuité de l’existence me seront données, et je pourrai communiquer avec Félicité.

(Le médium retombe un instant en catalepsie. Félicité s’incarne en lui.)

Je viens vous remercier ; je vous resterai dévouée. Je vous prie de ne pas penser trop à mon pauvre Michel avant sa réincarnation sur la terre. Votre sympathie l’attirerait, cela le ferait revenir, et son agonie serait prolongée.

Félicité

La justice c’est le pardon

… Nous te lapidons à cause de ton blasphème,moi et mon père

ne sommes qu’un et parce qu’étant homme tu te fais dieu.

Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit dans vos lois :

J’ai dit, vous êtes des dieux ?

Jean, X, 33-34

En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon père,

et que vous êtes en moi, et que je suis en vous.

Jean, XIV, 20

Ainsi, nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps

en Christ ; et chacun réciproquement les membres l’un de l’autre[2].

(n’est-ce point là le vrai symbole de la solidarité ?)

Saint Paul –Romains, XII, 5

Ne demandez pas pardon à Dieu du tort que vous avez

fait à l’homme. Demandez pardon à l’homme et faites-lui réparation.

Ingersoll, célèbre avocat américain

Je ne suis pas venu pour juger les hommes, mais pour les sauver.

Jésus

Combien de fois celui qui a refusé le pardon ne l’a-t-il pas demandé !

Publius Cyrus

La justice de Dieu ne s’appelle pas justice, elle s’appelle amour.

Aimez, aimez toujours, étendez l’amour qui germe en vous. Il est un état stagnant dans lequel on peut rester des siècles ; si le pardon, la charité, l’amour enfin n’entrent point profondément dans votre cœur, ne font point partie intégrante de vous-mêmes, jamais vous ne lierez Dieu dans l’immensité, dans la nature, dans vous-mêmes. Jamais vous ne verrez un dieu dans l’homme. L’amour universel embrasse tout, a des affinités dans tout, celui qui ne veut pas s’honorer en cherchant l’amour dans l’humanité, restera seul dans une prostration profonde.

Celui qui aime pardonne. Pardonnez pour être pardonnés ; aimez pour être aimés. On ne s’élève soi-même que par la pitié, par l’inclination morale a soutenir celui qui faiblit. Homme, si tu ne t’efforces pas d’aimer en répandant l’amour sur celui qui n’en a pas, tu ne sentiras pas un amour plus pur embraser ton cœur et t’emporter dans un sublime élan.

Enfants de la terre, rien ne vous grandit sans l’amour, il est la principale force de votre progrès dans les âges. Ecoutez d’en haut l’inspiration qui dictera votre conduite, car il est dit : si vous voulez posséder assez d’amour pour produire le bonheur et le bien de vos frères, l’amour vous sera donné.

Les cieux ont tressailli, l’univers a tressailli ; c’est que l’amour envahit l’humanité et que vous recevez une étincelle de Dieu-Amour. Si vous ne pardonnez pas, vous ne pourrez devenir rayons d’amour. Il est plus grand de pardonner un forfait que de posséder la suprématie sur toute la terre. Si le glas de la haine résonne autour de vous, s’il frappe votre oreille, le froid entre dans votre âme. Appelez-nous, alors, et le souffle glacial sera remplacé par le chant d’harmonie des lyres divines.

Si vous voyez un frère qui tombe, quittez tout pour le secourir. Si vous restez indifférent à son malheur, il tombera dans l’abîme. Si vous ne sauvez pas vos frères, qui donc vous sauvera quand vous tomberez vous-mêmes ? N’oubliez jamais que plus l’on pardonne, plus l’on s’élève. Luttez contre les passions mauvaises, vous devez semer sans cesse le grain de la charité dans l’humanité. Celui qui prend pitié de la brebis égarée nous donne l’exemple. Enfants de la terre, ne détournez point les yeux de ceux qui vous blessent, pardonnez toujours ; votre exemple fera grandir ces intelligences qui ont droit de s’élever comme vous-mêmes. L’amour ne peut être égoïste, sinon les harmonies ne seraient plus.

Il est toujours l’heure du pardon. Enfants de la terre, aimez, pardonnez, parce que dans les cieux, vous devez vivre l’éternité dans l’amour.

Si vous ne faites nul effort pour être à la hauteur de votre tache, vous irez au gré des vents comme la tige gelée, la feuille détachée, et le chaos sera dans votre âme.

Une harmonie

Influence morale des fluides

Images indélébiles

Il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert.

Matthieu, X, 26.

Les extra-terriens avancés, ceux dont la science est grande, ceux qui sont lumière et qui peuvent percer les voiles de l’avenir, ceux-là, dis-je, descendent des hauteurs où ils vivent pour revenir vers le passé et y ressentir encore à leur gré toutes les sensations vécues, toutes les mauvaises passions domptées. C’est bon d’être grand et de voir en soi-même sa faiblesse et son apogée, son apogée atteint, veux-je dire, car le but d’une âme est aussi indéfini que l’univers est infini ; mais, s’il est un bonheur plus grand encore pour l’âme élevée, c’est de tendre la main à ceux qui sont trop petits pour vous atteindre. De même que l’univers entier se renouvelle par le progrès, de même l’âme s’élève et grandit par le progrès qu’elle fait rayonner autour d’elle.

Revenons à de moins vastes horizons ; revenons à ce qui est petit et faible ; examinons l’être dans sa lutte pour arriver à de hautes conceptions. Comprendriez-vous cet atome de vie qui prendrait une place pour ne plus la quitter ? Ne faut-il pas au contraire qu’il change d’état, qu’il prenne un autre corps afin d’avoir plus d’espace et une envergure de plus en plus grande pour les ailes de son âme où s’est, pour ainsi dire, photographié tout son passé ? Rien de ce qu’il fit n’est oublié, et tout ce qu’il aura vécu se reflètera toujours en lui. Il est école, il fait son progrès.

O terre, depuis longtemps, sinon abandonnée, du moins laissée pour de nouvelles splendeurs, voici que la haute intelligence vient encore vers toi, et, dans l’atmosphère terrestre, elle voit, imagées aux mêmes places où elles ont eu lieu, toutes ses incarnations avec leurs exemples de faiblesses, et leurs exemples de vertus. Quand les hommes, se livrant à des études fantaisistes, disent qu’en tant d’années le mirage s’élève au-dessus de l’atmosphère, ils sont dans l’erreur, nous vous le déclarons, nous, qui sommes à une grande distance. Ce qui va de la terre à l’espace, c’est le bien qu’emportent avec elles les Intelligences rayonnantes de beauté et d’amour ; la nouvelle atmosphère dans laquelle elles vivent s’imprègne de leurs fluides lumineux, bienfaisants.

Terriens, quelles que soient vos inspirations vers le grand idéal, sachez que personne n’a pu se soustraire aux tempêtes de l’esprit venues on ne sait d’où ; personne n’a échappé, soit à de grandes pensées perverses qui obsèdent et tenaillent le cerveau, soit à des tentations épouvantables qui font dire après réflexion : d’où vient cela ? Pourquoi celui qui marche dans la voie du bien est-il ainsi assailli de pensées parfois infâmes ? Est-ce la bête qui se révèle encore dans l’homme à ce moment où le sinistre descend en lui ?

Non ! ce n’est point cela, car ceux qui aiment le bien sont naturellement portés vers le bien ; leurs fluides sont en harmonie avec leur cœur, leur esprit ; ils vont dans la vie heureux, bienheureux d’avoir compris leur mission sur la terre, d’avoir l’impression si nette du bonheur qui résulte des bonnes actions.

Mais alors, pourquoi, pourquoi ceux-là comme pour les autres y a t-il des intuitions qui fatiguent et font peur ? Pourquoi dans les cœurs, jardins des fleurs les plus belles, tombe-t-il des fleurs fanées qui apportent la tristesse et l’image de la mort au milieu du printemps ?

C’est que tous les hommes, en passant, en circulant dans l’atmosphère, recueillent les sensations du bien et du mal faites par ceux qui les ont précédés.

O chère liberté ! Harmonie de la nature, je vois tout le bien que tu donnes à l’homme en lui permettant de tout ressentir, de devenir son maître, de choisir sa route du progrès. S’il est trop faible encore, il s’attardera dans les sentiers où il trouvera la prostration, une espèce de mort intellectuelle, parce qu’il sera arrêté aux tentations qui lui sont venues à l’esprit dans le cours de ses luttes.

Oui, en repassant par tels lieux vous ressentez une impression qui s’est produite dans ces lieux mêmes ; vous ressentez une action de bien ou de mal, et ceux qui vous suivront ressentiront ces sensations à leur tour. Ce sont ces émanations, demeurant dans l’atmosphère, qui permettent aux habitants de l’espace d’étudier, comme dans un miroir, l’histoire de la lutte pour le progrès. Mais ceux qui savent, ceux qui aiment surtout, triomphent de leurs sensations, de toutes les suggestions qui peuvent frapper leur esprit ; leur âme s’élève dans l’espace et puise la force dans les milieux où tout est science et amour.

Je chante les triomphants des luttes, je les aime ceux qui marchent le front haut ; ceux qui ne voient dans la vie que le devoir, l’honneur, l’affranchissement de leur âme ; qui rejettent tout ce qui est vain, inutile, ceux qui ne recherchent qu’à s’enrichir de liens impérissables, du bonheur d’aimer davantage, et qui possèdent la force de bondir vers les harmonies dont chacune est une fibre de la grande âme universelle.

Tourreil

Les siècles, les révolutions, ne détruisant que l’apparence des choses, tout ce qui a été est. Les continents disparus, recouverts par la mer, sont vus, tels qu’ils ont existé, par les extra-terriens qui se reportent vers le passé. Toute matière a une forme fluidique, et, lorsque la matière dense est dispersée, il reste la forme, l’image ineffaçable[3]. Croyez-vous, par exemple, qu’une pensée s’élimine de votre système intellectuel lorsqu’elle est dissipée du cercle de vos idées ? Non ! Elle est restée gravée dans le milieu où elle s’est produite et dans des milliers de siècles, en remontant les âges, vous verrez l’empreinte de cette pensée qui vous rappellera exactement l’incarnation, les lieux dans lesquels votre cerveau lui a donné corps. Le meurtrier peut s’imaginer que son crime restera à jamais irrévélé, mais l’image de ce crime est indélébile, elle l’amène au remords qui devient pour lui le point de départ d’un progrès.

Dans l’espace, tout est écrit, et les Intelligences lisent partout des sentences, voient les tableaux fluidiques des faits remontant même aux temps les plus reculés ; c’est la grande école de la vie, cela, et c’est seulement quand l’être en est arrivé au suprême degré de perfection de sa planète, qu’il peut avoir la vision assez étendue, assez nette et la compréhension assez sûre pour saisir les hiéroglyphes de tous les faits qui se sont passés dans tous les âges. Cela peut s’appeler la dernière école de la sagesse d’une planète.

Çakya Muni

Note. Cette communication prouve jusqu’à quel point nous sommes en faute quand nous laissons graver dans les fluides de la terre l’image indélébile d’une mauvaise action, d’une mauvaise pensée. Nous sommes ainsi responsables d’une atmosphère viciée dont nos successeurs seront victimes.

On ne peut retomber dans l’animalité

Nous avons parlé bien souvent de la réincarnation ; nous avons toujours dit que l’être incarné dans l’humanité ne redescendra jamais dans l’animalité pour n’importe quelle faute.

Lorsque quelqu’un a commis une mauvaise action, qu’il a causé un grand préjudice à son semblable, ou même manqué à ses devoirs envers la société, comment voulez-vous que, contrairement à la logique, il soit mis dans l’impossibilité de réparer ses fautes en retombant dans l’animalité ? L’animal pourrait-il réparer les fautes de l’homme ? Les lois universelles ne peuvent faire qu’une intelligence ayant réuni une somme de connaissances, de facultés, puisse redescendre au degré inférieur d’où ses efforts l’avaient éloignée : l’âme de l’homme habite une forme périspritale qui ne peut plus entrer dans le corps d’un chien, d’un cheval où d’un tout autre animal. Il faut réparer dans le milieu où l’on a fait le mal ; donc le terrien ne peut réparer qu’en revenant homme sur la terre ; s’il en était autrement, il faudrait revenir aux châtiments inventés par les humains.

Quelle serait l’utilité pour l’Intelligence d’aller faire un stage dans le corps d’un animal ? Mais, puisque l’homme a passé par là, il a pu donc acquérir ce qu’il fallait pour entrer dans l’humanité. Pourquoi retourner dans un règne inférieur ? Ce serait du temps perdu pour lui, et rien ne doit être perdu dans l’éternité. L’être ne peut progresser qu’en revenant dans le même milieu, au même échelon d’où il n’a pas su s’élever ; c’est un cercle dont on ne sort pas. Seulement, quand on fait le mal, il se peut qu’on revienne dans une condition sociale inférieure, s’il le faut, pour se mettre mieux à même de réparer ou de s’améliorer[4].

Les animaux ont une intelligence ; ils sont plus jeunes que vous, voilà tout, et, devant l’âme universelle, ils ont une responsabilité relative. Il faut que l’animal aussi s’améliore ; l’âme des animaux progresse. Tout progresse, n’importe dans quel milieu, n’importe à quel prix.

Vous me demanderez pourquoi la grande loi de justice, d’équité, permet que nous puissions faire le mal, puisque nous avons à le réparer. C’est que tout doit tendre à la perfectibilité accomplie par l’Etre lui-même. La perfection absolue serait l’immobilité ; mais Dieu, qui est le mouvement universel, fait sentir qu’il est bon d’aimer et de se perfectionner toujours davantage.

Fénelon

Pythagore ayant eu des apparitions d’animaux, en conclut que l’âme humaine peut immigrer dans un corps animal ; de là sa croyance dans la métempsycose. Mais qu’y a-t-il d’impossible à ce que l’animal qui a l’intelligence et l’attachement apparaisse aussi à ceux auprès desquels il a vécu ? Pourquoi présumer que c’est une âme humaine qui prend une forme d’animal pour se montrer ? Si elle apparaît, n’est-ce pas pour être reconnue ? Il est donc plus rationnel de croire que ce sont des âmes d’animaux qui nous apparaissent sous forme d’animaux. Rien du reste ne prouve le contraire, pas même le pouvoir si étrange du charmeur, car, s’il peut paraître animal à l’animal qu’il veut subjuguer, c’est seulement par le regard.

Un indien

Confession d’un extra terrien

S’il est vrai, comme les sages le disent, que l’art

d’être heureux consiste à s’oublier soi-même, il

consiste également à tendre avec énergie vers un

but digne de notre activité.

Feuchtersleben.

Je me sens glacé, malheureux ! Je suis si près de la terre, qu’il me semble déjà éprouver tous les besoins de ceux qui y sont incarnés, aimer ce qu’ils recherchent et souffrir ce qu’ils souffrent. Mes yeux se sont obscurcis ; je ne vois plus la grande lumière dans laquelle je vivais. Je courbe tristement la tête, et je me soumets au sort que j’ai mérité.

Heureux dans l’espace, j’y avais de grands amis. Sur la terre j’avais laissé des êtres bien-aimés. Je vivais avec ceux de l’espace, et je visitais souvent ceux de la terre que je protégeais de mon mieux. Je les aimais tant ! Mon amour pour eux m’a perdu ! De consolateur que j’étais, je redescends sur la terre pour souffrir et réparer ma faute, car j’ai commis une faute, une grande faute. Son poids est lourd à ma conscience. Je vais me réincarner, retourner à la conquête de forces nouvelles. Je ne sais tout ce qui m’attend dans cette prochaine incarnation. Nous prévoyons, parce que nous étudions le milieu dans lequel nous allons entrer, mais les esprits éclairés même ne voient pas tout.

Ceux que j’aimais sur la terre étaient pauvres ; si pauvres, qu’ils manquaient de pain. Ils connaissaient les phénomènes médianimiques, et j’étais leur visiteur assidu. Depuis longtemps je les soutenais dans leur misère, dans leurs privations de toutes sortes, en leur parlant des grands jours de l’espace, du bonheur qu’ils auraient à sortir victorieux de la lutte, de grandir par l’épreuve même. Oh ! lorsque toutes les ressources furent épuisées, quel combat se livra en moi ! Que deviendront-ils ? me disais-je. Que faire ? Quelle inspiration leur donner pour les soutenir encore ?… Je ne trouvais rien… rien ! Une veuve, deux jeunes filles et des petits enfants mourant de faim ! Quel spectacle déchirant ! Dieu pardonne-moi ! Mais, quoi que je puisse dire, alléguer pour ma défense, devant ma conscience et devant toi, mon Dieu, je ne trouve que ce cri qui s’élève au fond de moi-même : Coupable !… tu es coupable !

Au moment le plus critique, dans cette famille éplorée, on trouva sur une table un billet de mille francs. On cria au miracle, on me remercia… C’était le produit d’un vol ! J’avais transporté une grande quantité de fluides en un endroit où se trouvaient étalées sur un meuble des sommes considérables en or et en billets. Je dématérialisai l’un de ces billets et le reconstituai sur la table, là où il fut trouvé. Un homme fut accusé, renvoyé… et lui-même avait une femme et des enfants !

Mes amis s’éloignèrent de moi, ou plutôt je ne les vis plus lorsque après ce fait je retournai dans l’espace ; le trouble s’empara de mon esprit ; les merveilles sur lesquelles j’étais si heureux de reposer les yeux se voilèrent, je revins péniblement vers la terre, et maintenant mon être est tout imprégné de fluides lourds. Peu à peu, je me sens oublier l’espace, comme l’homme après une maladie oublie le passé. Je soufre, ma vue s’obscurcit ; une force invisible m’attire vers le milieu où je m’incarnerai. Mais, hélas ! puis-je espérer que dans cette existence nouvelle mes yeux se rouvrent à la vérité ? Adieu ! Adieu !

Sans signature

Note. Sur quelques réflexions et objections qui sont faites, un correspondant de l’espace vient donner quelques détails complémentaires. Il paraît qu’en dérobant le billet de banque, le malheureux avait prévu les conséquences de son acte et le tort qu’il devait faire au caissier. L’extra terrien ajoute que celui qui se manifeste s’exprime naturellement selon sa manière de voir : quel que soit le niveau intellectuel du cercle où il vient parler, l’être peu avancé ne s’élève point en un instant à la hauteur de ceux qui sont plus éclairés que lui, de même que des grandes Intelligences ne trouvent pas le moyen de s’exprimer clairement si l’assistance leur est trop inférieure.

Point de déchéance possible

On reconquière toujours les droits du passé, les

droits éternels.

Un Oriental

Malgré les obstacles qui retardent le progrès, il

ne laisse pas de s’accomplir irrésistiblement.

Lamennais

Je suis de l’Inde. Nous, fils de l’Inde antique, nous sommes appelés fils de Dieu. Nous le sommes tous : vous, moi, l’animal, l’atome… Je révèle l’Inde par ces mots.

Ne croyez jamais que, si l’on est parvenu à être une grande Intelligence de l’espace on puisse perdre sa grandeur et toutes les connaissances que l’on a acquises par de nombreuses incarnations dans un ou plusieurs mondes. Ce serait une erreur profonde. Ne croyez pas qu’on puisse tomber de l’échelle dont on a si péniblement monté les degrés. Puisque des hauteurs de l’espace un être éclairé peut étendre sa vue sur toutes les merveilles qui l’entourent, comment pouvez-vous croire qu’il soit dans l’harmonie que cette Intelligence oublie à jamais le passé pour recommencer sans profit la route déjà faite lorsqu’elle était nomade ?

Il n’y a point de déchéance possible.

Vous comptez dans une goutte d’eau des myriades d’animalcules : ces êtres s’agitent, se sentent entre eux. Que votre âme, à vous, paraisse celle d’un dieu à côté de la leur, bien ! Mais ils ont chacun une âme embryonnaire appelée à grandir. On a dit - on le dit encore, de prétendus savants le prônent, - on a dit que des milliers de systèmes intellectuels, appartenant à des insectes, s’unissaient et formaient un esprit fait avec les facultés particulières de ceux qui entraient dans cet amalgame ; on prétend que l’âme ainsi formée prend le corps d’un animal perfectionné, puis le corps de l’homme. Non ! c’est une erreur ! L’Inde antique n’admet point cela et ne l’enseigne point[5]. L’âme comprend sa situation dans le milieu où elle est. Le vermisseau qui rampe se reconnaît aussi ; il est lui, il a des facultés à lui ; ses facultés ne doivent point se perdre, mais toujours progresser sans jamais se confondre avec celles d’autres êtres, comme certains le prétendent. L’âme des animaux, comme la vôtre, est une. Le principe intelligent acquière toujours de nouvelles facultés, passe à travers tous les règnes ; il peut ensuite prendre le corps d’un homme, et il revient des milliers de fois dans l’humanité terrestre pour acquérir toute la science, toute la progression que l’homme peut acquérir dans ce milieu avant de passer à l’étude d’autres mondes.

Ne croyez pas qu’après avoir difficilement suivi votre route, vous deviez, pour une raison ou pour une autre, revenir sur vos pas et recommencer le même chemin. Non ! Le progrès est une loi immuable, il est toujours ascensionnel, on ne recule jamais. L’esprit avance toujours : le mal même qui le corrige sert à son avancement.

Pourtant il y a de brillantes Intelligences qui descendent sur votre terre, mais celles-là sont des missionnaires qui, par dévouement, reviennent parmi les hommes pour leur faire du bien, pour les éclairer, fusse même au prix du martyre. Celles-là ne choisiront jamais les milieux où elles seront les puissants de la terre ; mais elles portent en elles le feu du génie qui les fera resplendir, et elles paraîtront les lumières du monde dans les incarnations modestes, même pauvres, qu’elles auront acceptées. Je ne vous citerai que le grand des grands, Jésus.

Chaque planète a ses productions spéciales, formation de sa matière unie aux rayons du soleil qui portent un principe d’amour en eux[6] . Il y a une certaine sorte d’êtres qui grandissent dans telle ou telle planète ; d’autres qui grandissent sous des formes différentes dans d’autres sphères. Il est rare que les missionnaires s’incarnent dans une planète autre que celle sur laquelle ils ont travaillé, parce que, dans un milieu qui a été leur, ils ont plus de force ; leurs fluides y sont plus sympathiques, plus puissants, et l’âme lumineuse s’y incarne avec plus de facilité pour y apporter tout ce qu’elle doit donner à ses frères.

L’échelle qui part de l’atome pour aller à la grande Intelligence est toujours droite, et tous les exta-terriens qui ne sont pas dans le trouble ou dans la souffrance peuvent redescendre par la pensée et se reporter jusque dans les règnes de l’animalité, par les petites incarnations qu’ils ont traversées. Ce n’est que par cela même que l’Intelligence voit réellement son progrès ; c’est ce qui fait sa joie, l’enflamme d’enthousiasme pour les grandes harmonies, vers lesquelles ses aspirations l’entraînent toujours davantage.

Héroan

Le fleuve qui court vers la mer à travers les plaines ne suspend pas sa marche ; les vents qui s’élèvent et qui soufflent de l’Orient à l’Occident continuent toujours leur course ; l’étoile qui décrit un sillon lumineux suit sa route sans arrêt : l’esprit poursuit son but sans s’arrêter jamais.

Toutes les planètes produisent des êtres ; ces êtres s’instruisent, atteignent un summum de science et de sagesse, restent attachés à leur monde comme conseillés inspirateurs de ceux qui y gravitent ; puis ils quittent ce monde et vont en habiter d’autres propices aux réincarnations d’êtres venant de telle ou telle planète. Il y a un ordre suivi que rien ne saurait troubler ; tout être, dans la nature comme dans l’espace, suit la marche qui le conduit au but fatal ; ce but, c’est le développement progressif éternel.

Ne croyez pas qu’après avoir joui des splendeurs qui s’étalent aux yeux des habitants de l’espace, après avoir conquis péniblement de grandes facultés, surpris les secrets de la nature, ne croyez pas qu’ayant conscience de son acquis, étant avide de beau, une âme puisse aller dans un monde, même avancé, renfermer toutes ses aspirations, toute sa science dans un être rampant, dans un être infime, le dernier peut-être de ce monde-là.

Non ! Cela ne se peut. Nous fils de l’Inde déclarons impossible que l’âme qui a traversé des milliers et des milliers de siècles, pour gagner une somme de savoir, puisse redevenir embryon. Non !

Chaque terre produit des êtres ; mais, en outre, il y a des planètes spéciales où ne viennent que des intelligences sorties de différentes sphères en gardant toutes les facultés du passé. Elles voient par leurs propres yeux les mondes dans lesquels elles ont gravité : elles sont devenues les grands voyants, elles sont lumière. Chaque arbre porte ses fruits, chaque planète produit son humanité. Lorsque vous serez avancés, vous pourrez voir, visiter les mondes où luttent les incarnés. Vous comprendrez combien il serait injuste que les travaux d’une planète fussent entravés. La route du progrès est directe, on ne revient jamais sur ses pas pour la recommencer. On est responsable suivant son degré de développement ; après la désincarnation, on se demande compte à soi-même de ses actions. Tout être s’améliore pour pouvoir entrer dans une espèce supérieure ; les habitants d’une planète ne tombent pas pour réparer dans une espèce inférieure. Pour pouvoir réparer une faute de manière à satisfaire sa conscience, il faut la réparer dans le milieu où on l’a commise.

Ne vous trompez pas, il n’y a pas de déchéance, même dans le sens que vous attachez à ce mot. Si une âme paresseuse s’attarde tandis que d’autres procèdent par bonds, c’est qu’il lui est plus difficile d’arriver parce qu’elle a travaillé plus négligemment, car il n’y a ni privilège, ni arrêt, ni déchéance. On marche toujours, toujours et à jamais. Ceux qui admettent qu’un habitant d’un monde ou de l’espace retombent dans l’animalité sont dans une erreur grossière. Une intelligence qui a acquis par son travail une grande expérience, une grande lumière, ne peut être dégradée ainsi. Si les lois de l’infini permettent qu’un être réunisse de grandes facultés, elles ne peuvent les lui ravir pour le faire descendre dans un règne de ténèbres. Si cela était, Dieu ne serait plus la synthèse de toutes les harmonies.

Liana

Dixième série
Réincarnation

Cette doctrine renaît parmi nous, épurée, complétée,

large, consolante, rationnelle,

expliquant l’homme et justifiant Dieu.

Eugène Nus - Les grands mystères

En vérité, en vérité, je vous le dit :

Avant qu’Abraham fût, j’étais[7].

Jésus dit : « Avant qu’Abraham fût » et non avant

que l’humanité parût sur la terre.

Il ne voulait donc pas faire entendre qu’il était la Divinité.

Jean, VIII, 58

Jésus parlant de Jean dit : « Il est elle…

Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende ! »

Matthieu, XI, 14 et 15

En vérité, en vérité, je te dis que si un homme ne naît de nouveau,

il ne peut voir le royaume des cieux.

Nicodème lui dit : «  Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ?

Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître une seconde fois ?

Ne t’étonne point de ce que je t’ai dit : il faut que vous naissiez de nouveau.

Saint Jean, III, 3, 4, 7

Explication d’une parole de Jésus

Le présent est le fruit du passé et le germe de l’avenir.

Liebnitz

« A ceux qui possèdent déjà, il sera beaucoup donné ; ceux qui ne possèdent rien seront renvoyés vides et pauvres. »

Peu d’hommes ont compris cette parole de Jésus ; peu de penseurs, peu de philosophes, peu d’esprits enfin, versés dans l’interprétation des écritures, comprennent la signification de ces quelques mots. Apprenez-la, cette signification. Dans la pensée de Jésus, il s’agissait de l’acquis des incarnations passées.

« A ceux qui possèdent beaucoup », à ceux, voulait-il dire, qui ont beaucoup gravité dans le passé, qui ont traversé vaillamment leurs épreuves, qui ont lutté avec courage et ont acquis une valeur, à ceux-là il sera beaucoup donné.

« Ceux qui ne possèdent rien seront renvoyés vides et pauvres. » S’ils ne possèdent rien, c’est qu’ils ne veulent rien posséder, car il est donné à l’homme d’enrichir son cœur de vertu et son intelligence des connaissances terrestres et des vérités éternelles. Partout et toujours le bien s’offre à celui qui veut le conquérir ; partout et toujours, l’homme trouve sur sa route de quoi apprendre, et, s’il ne marche pas de lui-même, s’il détourne la tête devant ce qui l’ennuie à cause de l’effort à faire, que voulez-vous qu’il lui soit donné, puisqu’il refuse ce qui pourrait charmer son cœur, embellir son esprit ? A ceux-là, il ne sera rien donné, ils seront renvoyés vides et pauvres.

A ce moment, on entend le bruit de l’argenterie qu’une domestique range dans le buffet de la salle à côté. Ce bruit fait partir Fénelon, qui, en s’en allant, prononce ces mots :

─ Ah ! Le bruit du métal[8] !

Fénelon

Note. Il est certain que Jésus croyait à la réincarnation. Du reste, le Talmud dit que l’âme d’Abel passa dans le corps de Seth et de là, dans celui de Moïse. Le principe de la réincarnation était donc admis chez les Hébreux.

L’être est libre

Les âmes, après avoir séjourné dans le Hadès

le temps nécessaire, sont ramenées à cette vie

dans de nombreuses et longues périodes.

Socrate

Les mondes se dirigent dans l’espace avec une sûreté de mouvement que nulle expression ne peut rendre ; ce serait un mot à trouver, il n’existe pas. L’harmonie est partout dans l’univers, le progrès en est la loi.

Tout marche, les Intelligences comme les mondes ; tout ce qui se trouve dans l’univers va fatalement au but éternel, suit sa marche ascendante sans déviation, et les hommes qui croient dévier dans leur existence sur la terre, ne dévient qu’en apparence, puisque la déviation elle-même contribue au progrès. Dans la nature, les plantes grandissent ; les hommes, les animaux, en tant que matière, pour dire le mot généralement admis, grandissent aussi ; de même, l’Intelligence grandit indéfiniment. Les fleurs et les feuilles peuvent revivre à chaque printemps sur les mêmes rameaux ; quant à l’esprit humain, qui est plus avancé, il lui faut, pour refleurir sur la terre, un corps nouveau à chaque nouvelle existence. Vous prenez un vêtement neuf pour continuer l’étude qui donne tant de joie, d’enthousiasme, en raison même de la peine qu’elle a coûtée.

Quelles sont les lois de la réincarnation ? L’esprit humain est-il destiné à grandir presque fixé sur place sans une évolution dont le cadre soit plus grand que pour les autres principes vitaux ? L’être, dans son progrès, a-t-il une sorte d’immutabilité ? Se réincarne-t-il successivement, cherchant à grandir par un principe d’égoïsme et ne voyant que lui, ne pensant qu’à lui ? Comme le liquide vital de l’arbre, l’esprit humain est-il seul à marcher vers son progrès, dans une espèce d’indépendance égoïste ? L’esprit humain suit-il cette rectitude que vous sentez en toute chose ? La réincarnation est-elle une adaptation d’un système s’appliquant au progrès à obtenir au moyen de l’expérience déjà acquise ?

Toutes ces questions s’élucideront en suivant l’idée que les disparus vous donneront, ne fût-ce qu’à vol d’oiseau, de leurs incarnations passées.

Oui, après une première incarnation dans l’humanité, sans m’expliquer pourquoi la loi du progrès s’imposait à moi comme une nécessité, je me réincarnai librement, sans me rendre compte de la force d’impulsion qui conduit à la réincarnation. A mesure que mon esprit se développait, je percevais davantage, j’aimais davantage. Nul ne peut s’éteindre, ne peut perdre ce qu’il a possédé, acquis, parce que cela est gravé dans son être, dans son essence spirituelle.

Dans ce Tout immense, qui est mon avenir éternel, qu’ai-je fait entre mes incarnations ? Suis-je resté errant dans la forêt au milieu de la grande nature, étudiant la vie des plantes, des insectes, des oiseaux ?… Quelquefois, lorsque vous le pourrez, je vous recommande cette étude : elle est pleine de charme ! Vous y trouverez de délicieuses souvenances !

Plus l’être s’élève, plus longtemps son séjour peut durer dans l’espace. Il lui faut s’habituer à l’espace pour prendre le temps de se ressouvenir de tout son passé. Sur la terre, le vieillard aussi cherche à se ressouvenir de son existence terrestre, s’il faut vous donner une comparaison. On reste désincarné suivant ses besoins ; plus l’être a acquis sur cette terre, plus longtemps il peut rester dans l’espace, car alors il est capable d’y puiser des connaissances nouvelles.

Ici, permettez-moi d’ouvrir une parenthèse :

Il y a des désincarnés qui se présentent dans leurs incarnations des âges les plus éloignés : en chevaliers du moyen-âge, en grands prêtres de l’Inde antique, etc., etc. Cela ne veut point dire qu’ils n’ont pas eu d’incarnations ultérieures : les disparus ne revivent, par un médium, qu’une seule incarnation à la fois. Ne rapetissez pas la vie éternelle ; qu’est-ce que deux, dix, vingt siècles et plus devant l’éternité ! Mais je reviens à mon sujet.

A mesure que le cercle des connaissances s’agrandit, le chemin à faire sur la terre se raccourcit. Lorsqu’on a suffisamment suivi le mouvement par la réincarnation, on n’a plus besoin de revenir sur cette planète, on la connaît enfin !

Quand l’homme a acquis la somme des connaissances terrestres, est-il tenu d’acquérir toujours pour pouvoir habiter une planète supérieure à la vôtre ? Assurément ! mais la loi, en tant que loi, ne s’impose pas. L’être se sent et se croit libre ; il l’est par le fait.

L’être grandit-il dans l’isolement ?

Non ! Le savoir n’est pas le seul apanage du progrès : il y a l’amour. L’amour est la science lumière qui fait que les êtres peuvent passer, revenir dans les lieux où ils ont laissé une trace d’eux-mêmes. L’être qui a gagné des forces d’ascension pour s’élever dans l’amour, pour s’identifier davantage dans l’harmonie infinie, n’a t-il pas la faculté de revenir sur la terre réchauffer les cœurs, donner une nouvelle impulsion à ceux qui marchent difficilement ? Il y a là comme une récompense manifeste, - si le mot récompense pouvait être admis, - pour celui qui a tout appris sur la terre, de pouvoir revenir au milieu de ceux qui progressent leur parler d’amour. Notre bonheur serait-il complet si, après avoir quitté la terre, nous n’avions la joie suprême de pouvoir y revenir à notre gré, soit pour nos frères en progrès, soit pour nous-mêmes, pour constater combien nous avons été petits et combien nous sommes grandis ? Ceci explique la mission des Intelligences élevées qui sont venues donner aux hommes l’exemple bien grand du dévouement humanitaire. En revenant pour tous, en revenant pour pousser l’humanité en avant, ces messies ont choisi l’incarnation qui s’est achevée soit par la ciguë, soit sur le bûcher, soit sur le gibet. Ah ! la loi du progrès, admirez-la par ces êtres qui ont été si grands par l’amour ! Pour vous, ils sont revenus sur la terre dans des conditions si douloureuses, que votre cœur souffre en y pensant. Pour bien comprendre aussi la cause des incarnations des Intelligences supérieures, prenez toujours votre point de comparaison dans l’humanité. Dans cette humanité, vous trouvez le dévouement, trop rarement encore, mais il existe, ce dévouement ; et vous voudriez, qu’arrivés dans l’espace, ayant grandi en amour, des êtres si élevés fussent moins dévoués que les hommes de la terre ? Loin de là ! ils reviennent vous rendre heureux, en apportant les preuves de l’immortalité par leurs manifestations ; ils reviennent souffrir pour vous en se réincarnant dans le corps d’un médium, car ils souffrent pour la plupart parce que leurs propres organes matériels ne sont plus à leur service, et ceux du médium leur sont insuffisants.

Oui, l’être est libre ; il est libre dans la loi même qui lui commande de marcher. Cette loi se traduit dans les êtres en leur faisant sentir la nécessité du progrès : c’est ainsi que, s’il me plaisait, à moi de rester dans tel ou tel endroit de l’espace de préférence à tel autre, j’y resterais ; mais ce que je ne puis, c’est rester inoccupé. Si la nécessité du progrès n’existait pas, que deviendrions-nous tous ? Le chaos se produirait bientôt, et l’harmonie ne serait plus qu’un mot : la lutte des forces ne s’équilibrerait plus. S’il arrivait à l’univers de s’arrêter un instant, il en résulterait un cataclysme dont vous ne pouvez avoir l’idée et que je ne puis mesurer moi-même. Dieu s’arrêtant de produire par ses forces ne serait plus l’Ame universelle.

Grandissez, aimez, et vous serez voyants, et vous pourrez revenir à volonté sur la terre lorsque vous n’aurez plus besoin d’elle. L’attribut des grands est d’aller vers les petits et de s’élever encore en aidant au progrès de leurs frères.

L’oriental

Autour de la terre

En finissant les jours de mon existence terrestre,

j’attendrai, car j’y reviendrai de nouveau.

Job, XIV – version de l’Eglise grecque

Dans des régions sereines, des régions de clarté, au-dessus des tristes évènements qui assombrissent les âmes sur la terre, vivent des êtres supérieurs à vous. Ils connaissent les besoins de ceux qui travaillent sur votre planète ; ils connaissent les lassitudes de la lutte, ils se rappellent leur labeur d’autrefois. Leur vision descend directement sur les humains pour leur porter secours, autant qu’il est en leur pouvoir.

Les êtres de cette catégorie dirigent ceux qui s’apprêtent à redescendre sur la terre ; ils secondent aussi pour sa réincarnation celui auquel est échu le rôle divin de venir jeter parmi les hommes de nouveaux rayons de lumière. Il y en a d’autres qui aident ceux qui viennent à eux, troublés encore, à se remettre de cet état transitoire qui les empêche de reconnaître leur désincarnation ; ils font tomber le voile qui couvre leurs yeux, ou plutôt, ils font pénétrer la lumière dans leur âme. Ces derniers alors prennent possession de leur sphère nouvelle, pour y puiser la lumière à leur tour et chercher le moyen de revenir ici-bas augmenter leur avoir intellectuel et moral. Les humanités terriennes sont en tout liées aux humanités sidérales par cette chaîne que des milliers d’intelligences représentent : elles font une union de secours pour le progrès, union de force pour l’accomplir, union d’amour pour idéaliser le bonheur dans le devoir.

Il y a au-dessus de vous une multitude d’êtres qui étudient, réfléchissent, scrutent déjà l’avenir qui dépend de leur prochaine incarnation, et qui regardent la terre avec anxiété. Tous ces êtres forment un curieux mélange. Ces désincarnés-là ne sont pas encore transformés ; ils ont conservé la livrée de leur dernière incarnation afin de revenir sur la terre avec des réminiscences de la carrière qu’ils ont déjà suivie, s’ils veulent y exceller. Ils sont là, les uns vêtus en soldats, les autres en prêtres et dans tous les costumes possibles appartenant à toutes les nations. Ils sont dirigés par ceux à l’expérience desquels ils se confient. Quel que soit le genre de vie auquel on s’attache, il est possible d’y progresser, si désharmoniques que paraissent les conditions sociales, et l’être, en se désincarnant, emportera, dans des régions plus élevées, le bénéfice du progrès fait dans les milieux qu’il a traversés.

Les désincarnés, vous ai-je dit, ne se réincarnent pas sans avoir demandé conseil, sans s’être inspirés de ceux qui sont plus instruits qu’eux. S’ils se sont parfaitement reconnus de l’autre côté, ils conçoivent l’importance de bien choisir le milieu de leur réincarnation, mais tous n’en sont pas à ce degré de prévoyance ; ceux qui sortent récemment de l’animalité[9] ne sont pas capables de voir le chemin qu’ils ont à faire ; du reste, ils en seraient effrayés ; ils ont tant à marcher encore ! et l’harmonie ne veut pas la souffrance inutile. L’habitant de l’espace, en quelque lieu qu’il soit, et l’homme, dans quelque milieu qu’il vive sur la terre, peuvent souffrir l’un et l’autre, mais ce n’est point par la volonté suprême ; la cause de la souffrance de l’homme, cherchez-là dans sa liberté même dont il n’aura pas su faire usage.

Les êtres à peine préparés pour l’humanité ne voient qu’une certaine catégorie d’êtres plus élevés, et ils peuvent dire d’eux-mêmes : Un jour nous serons grands comme eux. C’est là leur encouragement. Ils reviennent donc sur la terre ignorant ce que vous savez : ils apprendront, l’espérance est dans leur cœur ; leur jour viendra, ils suivent vos traces. Les pauvres petits êtres qui n’ont pas assez vécu pour s’accoutumer à l’humanité peuvent à peine voir la main qui les soutient et qui les guident ; ils ont une intelligence adéquate au corps humain ; ils ne savent pas encore descendre tous seuls de l’espace ; leurs pensées sont relatives à leur degré de savoir ; ils entrevoient à peine, et comme dans le rêve, celui qui a la mission charitable de les conduire à leur mère. Les intelligences élevées dirigent tout cela ; elles conduisent les élémentaires au progrès de l’esprit par l’effet de leur lumière ; sous cette influence bienfaisante, ces êtres voient mieux où ils peuvent s’incarner. Ces réincarnations se font par toute la terre, car pour nous il n’y a pas de nation : il n’y a que l’humanité.

Admirez ces lois, voyez comme tout se fait naturellement pour le progrès si cher, ce progrès qu’on ambitionne encore, quelque avancé qu’on soit. Quelle satisfaction nous avons de vous dire ces choses ! Lorsque vous partirez, vous laisserez saturés de votre influence tous les milieux où vous aurez vécu ; vous laisserez l’empreinte d’un enseignement précieux pour ceux qui vous suivront, qui vous remplaceront, et les premières pages de la vraie vie seront écrites. C’est par vous, animistes militants, que les désincarnés viendront étudier, et leur étude épargnera bien des incarnations monstrueuses parce qu’elles ont été mal choisies ou mal comprises.

Le progrès marche, il est incessant, et, s’il y a quelque chose de fatal, c’est sa loi. Nul ne peut s’y soustraire.

D….y.

Les fêtes carnavalesques

Nous sommes tous perfectibles, et nous manquons

à notre devoir le plus sacré si nous laissons s’écouler

un jour sans nous améliorer.

Charles Rozan

Ayez une pensée vive, forte, généreuse, à envoyer aux désincarnés qui, dans ces jours de folie, se sentent entraînés dans leurs extravagances d’autrefois. Ceux, très nombreux, qui subissent encore ces entraînements sont, pour la plupart, morts à la suite d’excès. Ils vivent d’une sorte de sommeil tout en accomplissant, comme dans le rêve, les mêmes actes qu’avant leur désincarnation. Votre sentiment de compassion, votre pensée réconfortante attirera vers vous une foule d’égarés, tant il est vrai que la pensée peut transporter des montagnes. Votre sentiment charitable n’aura point à les chercher dans les profondeurs de l’espace ; ces êtres alourdis errent dans l’atmosphère la plus basse qui entoure la terre, sans trop savoir ce qu’ils font, ce qu’ils sont, ce qu’ils deviendront. En ces jours de carnaval, il y a pour eux comme une immense attraction par les clameurs d’une foule travestie dans les costumes de tous les âges. Quelle chose singulière de voir tous ces êtres réunis, qui, sans avoir conscience de leur nouvel état, chantent, revivent la vie du passé et se mêlent à la foule qui les attire !

Quelque avancé que l’on soit, on a passé par là aussi, car, vous le savez, il n’y a pas de supériorité native : il n’est aucune grande lumière qui n’ait été petite étincelle, il n’est aucun grand esprit qui n’ait été faible, cherchant la bonne voie sans pouvoir la suivre. Plaignez ces êtres, ne dites jamais qu’ils sont mauvais, car, le disant, ce serait de vous-mêmes que vous médiriez ; ce serait vous montrez plus petits et plus égarés qu’eux. Vous avez été ce qu’ils sont, ils seront ce que vous êtes, peut-être même vous devanceront-ils.

Il y a de quoi faire réfléchir les penseurs quand les désincarnés viennent leur dire : Oui, il est de ces êtres qui restent là, dans un état stagnant, non seulement pendant des années, mais pendant des siècles. Ces êtres semblent se complaire dans l’illusion des jouissances de leur dernière existence terrestre ; ils rôdent autour des vivants, se souciant bien peu de ce qui se passe dans l’espace. Ignorant les nécessités de la réincarnation, ils ne pensent pas du tout à s’élever de l’autre côté.

On pourrait s’étonner que cette stagnation pût exister ; elle a une raison d’être ; c’est le passage nécessaire d’un état à un autre et c’est, pour ainsi dire, la préparation matérielle, plus ou moins longue, à une existence nouvelle : c’est le temps nécessaire à une métamorphose qui doit s’accomplir.

Un guide

Frappé par le discours que je viens d’entendre, je me sens arrêté dans ma course. J’ai écouté, j’ai vu, j’ai compris. Il s’est produit en quelques instants un évènement immense, suivi par une foule si considérable, que j’ai été entraîné à cet endroit.

J’ai réfléchi, je reconnais que les choses fugitives de ce monde passent ainsi qu’un songe, et qu’il ne reste de tout cela que déception et vide de l’âme, si on n’a pas travaillé à son bonheur futur et à cette beauté si noble et si grande que j’admirais dans le lumineux qui parlait tout à l’heure.

Ah ! j’ai trouvé ici ma route de Damas ! J’ai demandé aux êtres rayonnants qui se trouvaient là, de laisser tomber sur mon front les rayons qui s’échappaient de leurs mains, ces mains qu’ils étendent pour attirer à eux tous ceux qui souffrent, et tous les inconsolés.

Pour vous, je suis l’exemple de celui qui dépense sa vie follement, sans souci de son avenir spirituel et, dans ce monde nouveau, à peine entré, continuant à vivre dans les milieux où il a passé son existence en folies, vivant encore des folies des autres. Ah ! qu’ils sont nombreux, ceux-là ! Ils sont en masses si serrées, que le rayon des merveilleux sidériens qui passent n’est pas aperçu par la majeure partie de ces arriérés.

Soyez bénis, vous qui avez pris la tâche, elle me paraît si austère ! - de faire l’alliance entre les vivants et les morts, c’est-à-dire entre les vivants de la terre et ceux d’extra terre. Ah ! combien il m’est doux, à moi, le sauvé par vos amis et par vous, de venir vous dire : Merci !

X

Aveux d’un désincarné

Malheur à celui qui ne sait pas sacrifier un jour

de plaisir aux devoirs de l’humanité !

J. J. Rousseau

Combien vos joies sont éphémères ! Combien vous souffrez pour vous procurer des plaisirs ! Combien peu tout vous dure ! Vous abandonnez tout devoir pour aller à des fêtes somptueuses, pour courir les jouissances de toutes sortes. Vous vous endormez dans une mollesse bien coupable pour des générations qui devraient vivre sur la terre de manière à se préparer à une rentrée dans l’espace.

Je suis déjà venu vivre quarante fois de la vie des terriens. Je voulais sans cesse savourer des jouissances matérielles, parce que j’emportais de la terre des sens inassouvis. Dans ces conditions je ne pouvais m’élever, je ne pouvais grandir.

Mes existences entièrement consacrées au plaisir m’avaient éloigné des sentiments de charité. Je n’avais aucune considération pour ceux qui étaient pauvres, qui étaient au-dessous de moi comme position sociale. Je ne vivais que de fêtes sans cesse renouvelées. Mais comme tout passe dans le tourbillon des âges ! J’avais une idée vague du bien et pourtant je restais sous la domination du mal. Je revenais toujours dans un milieu arriéré ; la terre me servait peu pour m’élever. J’ai vécu longtemps honoré à cause de la fortune que je possédais et des hautes situations que j’occupais, mais dans le monde de ceux qui vivent de la vraie vie, je rentrais que plus pauvre de mérites.

Oh ! n’oubliez pas que l’espace vous attend ! Rappelez-vous que le siège de votre intelligence a été placé au sommet de votre être pour que vous ayez une tendance naturelle à vous rapprocher des hautes sphères auxquelles vous êtes tous prédestinés. Travaillez à être des sages ; la vertu vous fera grands, et par les connaissances que vous acquerrez de l’infini, il vous sera permis d’embrasser de vastes horizons. Quelle grande récompense pour vos petits travaux !

X

Oubli du passé

Lorsqu’un être quitte l’espace pour recommencer une période sur la terre, il conserve en lui l’acquis du passé, mais cet acquis est voilé dans le cours de la nouvelle incarnation destinée à étudier les choses qui doivent ajouter à son progrès.

On oubli parce que cela est nécessaire à la liberté des études nouvelles. L’un, par exemple, venant sur la terre pour étudier l’état de pauvreté, serait plus vite découragé des dures et inévitables labeurs de ce genre d’existence s’il savait, s’il se souvenait qu’il a été riche et puissant. Un autre, au contraire, pourrait être tellement indifférent à son sort qu’il resterait dans l’inaction et perdrait le bénéfice de sa situation. Enfin, si on se souvenait, il y aurait les griefs anciens qui entretiendraient les rancunes, etc., etc.

Il arrive souvent qu’on se réincarne pour faire une étude opposée à celle de l’existence précédente. Cependant, il y a des personnes qui trouvent en elles des facultés surprenantes ; ainsi, il leur arrive de faire instinctivement des choses qu’elles n’ont jamais apprises : c’est une marque de l’acquis du passé. L’histoire des enfants célèbres prouve assez clairement que des facultés étonnantes, se révélant avant l’étude préalable qui doit les développer, ne peuvent être que des facultés retrouvées : ainsi Mozart, Pic de la Mirandole, Mondeux, Inaudi et tant d’autres[10]. Si les enfants ne rapportent pas quelque chose de saillant qui décèle les études faites antérieurement, c’est simplement parce que cela n’était pas utile, ou bien qu’ils n’avaient pas encore d’acquis bien marquant : Comment aussi pourrait-on expliquer, si ce n’est par réminiscence, ces sympathies ou ces antipathies qu’éprouvent réciproquement certains êtres dès la première rencontre, à première vue !

Nous oublions donc sans oublier, et mieux vaudrait dire que notre acquis sommeille, et qu’il se réveille selon qu’il nous est utile pour notre travail nouveau. Mais, à chaque désincarnation, l’être retrouve plus ou moins vite, selon son avancement, mais retrouve ses souvenirs et ses facultés acquises.

Un indien

Les incarnations successives sont nécessitées par le progrès ; en nous incarnant, nous venons à l’école.

Un brahme

Hérédité morale

La différence des qualités natives et de la précocité d’intelligence vient des existences précédemment vécues. Deux frères de la Terre ont pu, de l’espace, choisir la même famille pour s’incarner, sans que pour cela ils se soient connus dans des existences antérieures. L’un d’eux a pu apporter dans cette famille des qualités précédemment acquises par lui et que ne possède pas encore son frère corporel. L’autre, par contre, peut posséder des vertus qui manquent encore au premier et avoir des défauts dont son frère s’est déjà corrigé.

Voici en quoi l’éducation peut les aider l’un et l’autre : en apprenant au plus fort à aider son frère plus faible ; c’est l’apprentissage de l’amour de l’humanité. Sans doute, ce n’est pas l’éducation qui donne les qualités innées ; ce n’est pas non plus la parenté ; puisque les ascendants peuvent avoir des enfants de caractère et de valeur morale si différents ; mais l’éducation contribue au progrès de chacun en aidant les arriérés par la vue de leurs frères meilleurs, et en amenant les plus avancés à aider les autres dont ils sont plus ou moins responsables suivant le degré de parenté, car la parenté choisie par les désincarnés pour un nouveau genre d’épreuve est un lien dont ils se sont chargés et dont ils n’ont pas le droit de s’affranchir complètement.

Que n’ont pas déjà dit et écrit les philosophes pour faire sentir cette vérité ! Nous sommes déjà loin du temps ou l’on faisait retomber sur les enfants les fautes des parents. Nous n’avons cependant pas assez fait, car il y a encore bien des préjugés à abattre touchant cette injustice révoltante.

Les enfants sont moins responsables encore des fautes des parents que ceux-ci, quand ils ont fait leur devoir, ne le sont de celles de leurs enfants ; ce qui revient à dire que les enfants ne doivent supporter aucune tare morale, et que ceux qui repoussent ces enfants malheureux sont des lâches et de mauvais frères.

Diderot

Note. Dans le livre Les Chrysanthèmes (note sur les médiums), Mr C. Chaigneau dit avec beaucoup de raison : « Dans les premières incarnations humaines, la personnalité à encore peu de force, et l’esprit subit jusqu’à un certain point l’empreinte du moule fatal où il se développe ; de là les observations qui ont été faites sur l’influence de l’hérédité. Mais plus l’Esprit est avancé, plus son caractère devient personnel, et plus il se manifeste indépendant des conditions héréditaires. »

Les incarnations antérieures

La gloire est le foin avec lequel on nourrit

la bête humaine.

Ernest Renan

Chers amis, vous nous trouvez sobres de contrôles et d’éclaircissements au sujet de vos incarnations antérieures, tandis que nous nous étendons sur tant d’autres enseignements. Vous vous dites : Les disparus viennent nous parler de mille choses : Ils viennent nous apporter de nouvelles richesses en connaissances ultra terrestres ; pourquoi ne nous donnent-ils pas aussi des détails plus précis et plus étendus touchant notre passé ou celui de nos amis, si nous avons intérêt à le demander ?

Notre réserve dans cet ordre de choses doit être grande. Nous pouvons avoir des idées différentes des vôtres, parce que nous sommes placés à un autre point de vue. Nous n’aimons pas à venir vous dire que vous avez été telle ou telle individualité. Pour votre instruction, pour votre incarnation présente, il y a danger, souvent grand danger, à entrer dans de semblables révélations. Si vous avez eu des incarnations pendant lesquelles vous étiez les premiers d’une nation, des superbes, à côté de cela, vous avez eu des incarnations obscures, d’autres dans lesquelles vous avez commis de grandes fautes, ignorées ou flétries. Moi qui vous parle, j’ai été comme vous dans ce même cas. Les bonnes ou les mauvaises situations, dans vos incarnations, ne se retrouvent pas toujours les mêmes, et l’on peut assurément dire au grand personnage, au grand seigneur qu’il a été maintes fois et qu’il pourra être encore un incarné perdu dans la masse.

Il arrive souvent à certains d’entre vous de se figurer qu’ayant une grande sympathie pour tel ou tel personnage de l’histoire, ils doivent avoir été ce personnage.

Non, chers amis, les sympathies ont leur raison d’être, mais souvent elles sont trompeuses dans le sens que vous leur donnez. Si vous avez une grande sympathie pour une individualité du passé, que cette individualité ait personnifié soit un roi, soit un savant, ne dites pas : « J’ai dû être cela. » Et, si un médium, sentant votre affinité avec cette personnalité, vous dit que vous avez été réellement ce personnage, ce n’est pas assez pour que vous le croyiez ; il faut pour cela de nombreux et scrupuleux contrôles.

Ne sacrifiez pas à ces choses les grandes instructions, les grandes lignes, ne vous complaisez pas dans les incarnations brillantes ; il faudrait vous voir et vous complaire, au contraire, dans la recherche de celles qui sont le plus effacées, et même des moins méritantes, afin de ressentir en vous le bien-être du progrès accompli, de sentir cette force qui vous entraîne vers le bien, cette force qui, enfin, triomphe de tout, et vous enlève, radieux, pleins d’amour, vers le sublime du progrès. Ah ! ne vous attardez pas dans ces erreurs qui flattent l’amour-propre et l’orgueil ; il y aurait danger, si grand danger !

Dans les séances, il se glisse parfois des désincarnés qui s’amusent de la crédulité des assistants. Malheureusement, on se laisse facilement prendre à cela ! Un nom quelconque, mais toujours célèbre, est donné à l’un des assistants qui se rengorge. Le désincarné est flatté à son tour, car il est remercié chaudement ; cela lui donne des forces pour revenir dans le groupe et prendre ainsi la place d’Esprits sérieux.

Si vous tombiez dans le travers que je vous signale, il en résulterait un grand ridicule. Songez, amis, que bientôt des milliers de personnes se trouveraient représenter tel ou tel génie ayant régénéré l’humanité ou laissé de grands souvenirs à la postérité : il arriverait qu’il y aurait je ne sais combien de Jeanne d'Arc, de Jeanne Hachette, de Marc Aurèle, de Duguesclin, de Bayard, de Washington, de Goethe, de Dauphin de France, etc., etc. Si je disais, dans une grande assemblée : « Que tel personnage historique se lève, s’il est présent ici, » vous seriez peut-être dix, peut-être vingt et plus, à réclamer le même nom et le même titre.

Lorsque nous disons, amis, que vous êtes à la bonne école, vous pouvez nous croire. Evitez avec soin de tomber dans un travers qui ferait grand tort à la science que vous cultivez. Vous voyez le danger et vous devez plaindre ceux qui ne savent pas s’en préserver, car ils s’égarent. Voilà pourquoi nous sommes très sobres - et nous le serons toujours - en ce qui touche vos incarnations. S’il y avait une utilité quelconque de vous dire votre passé, nous le ferions ; mais dans ce courant-là, chers amis, nous faisons toutes nos réserves.

Le champ des connaissances supra terrestres est incroyablement vaste, et, bien qu’on y ait recueillit une abondante récolte, il y a toujours beaucoup à travailler pour qu’il rapporte toujours davantage. Ne vous égarez pas dans vos travaux, n’allez pas sur la montagne où le sol est infécond.

Si, malgré toutes nos réserves, nous vous parlons quelquefois de vos réincarnations passées, ne le dites point en dehors de votre cercle pour ne pas faire un grand tort à la science qui fait le sujet de vos études ; gardez cela. Ces choses ont leur importance ; mais révéler à des indifférents vos titres du passé, ce serait ridicule, faire douter de votre raison, faire douter aussi des phénomènes ; on s’éloignerait de vous. Ce que nous vous disons, touchant vos réincarnations et celles de vos amis, est pour vous et doit rester dans votre cercle intime.

Tout se lie, tout s’enchaîne, et, si la sympathie vous attire les uns vers les autres, c’est que cette sympathie tient beaucoup du passé. Voilà pourquoi vous pourrez trouver des amis très attachés qui, parfois, deviennent plus que des parents. Eh bien ! croyez-le, cette affection, qui tout à coup vous a remué le cœur, ne s’est pas faite en un instant ; je le répète, c’est qu’il y a entre vous des liens du passé, et c’est ce passé qui vous fait vous retrouver. Les fluides s’attirent ; c’est pour cela que les personnes sont amenées les unes vers les autres sans qu’elles s’y prêtent et par le plus grand des hasards ; mais il n’y a point de hasards. Une autre raison encore : avant de revenir travailler ici-bas, on s’était dit : « Tâchons de nous réincarner de façon à nous retrouver ; tâchons de faire en sorte que, malgré la distance qui pourrait nous séparer, les uns s’incarnant par exemple en Allemagne, les autres en France ou en Russie, nous puissions nous rencontrer. Oui, les être s’arrangent pour se retrouver, et je vous assure que c’est une grande joie pour les cœurs aimants de penser que ceux qui s’étaient fait cette promesse se sont retrouvés pour s’entraider, se soutenir mutuellement. Elle est consolante, la certitude de l’indestructibilité de l’être, et, vous le voyez, il y a des miracles d’amour produits par les âmes sœurs et les âmes épouses. L’amitié et l’amour peuvent beaucoup pour attirer les uns vers les autres ceux qui sont attachés par des liens antérieurs. Les âmes épouses se retrouvent le plus souvent dans des circonstances les plus extraordinaires, les plus imprévues.

Je reviens aux noms que vous avez portés. Je n’ai pas besoin de vous redire d’en parler le moins possible. Contrôlez par différents médiums vos révélations touchant ces choses ; assurez-vous, autant que vous le pouvez, de divers côtés, pour votre tranquillité personnelle.

Ce qui généralement n’est pas compris, c’est qu’on en vaut pas moins, qu’on vaut peut-être davantage, quand on a une position sociale inférieure à celle d’une précédente incarnation. Je voudrais que vous le comprissiez bien. Si vous vous figurez que dans l’incarnation actuelle vous avez moins de valeur que dans d’autres, vous êtes dans l’erreur. Si vous faites le bien dans la mesure du possible, si vous donnez l’exemple du courage et de la force d’âme dans l’adversité, si vous êtes plus nobles de sentiments que quand vous étiez sur les marches d’un trône, vous êtes supérieurs à ce que vous enviez en raison de votre utilité envers l’humanité et du désir que doit avoir tout homme de progresser et de faire progresser les autres.

Fénelon

Il ne faut pas chercher l’être réincarné, même s’il est votre proche ; on doit le laisser dans sa sphère, il y progressera. En l’arrachant au milieu qu’il a choisi, on peut lui nuire. Respectez la liberté qui est la principale condition du progrès. Si on doit se rencontrer sur la terre, cela se fera toujours, car les grands évènements d’une incarnation sont pré ordonnés. Du reste, s’il y a des raisons qui s’opposent momentanément à la réunion, vos recherches seraient infructueuses et n’aboutiraient qu’à un retard pour vous. Et que d’erreurs découleraient de semblables recherches ! A quelles exploitations ne donneraient-elles pas lieu !

F. D.

Haines de castes

Aux mécontents

Il ne faut poursuivre un but légitime que par des

moyens légitimes.

Henri Martin

Tu supportes des injustices ; le vrai malheur,

c’est d’en faire.

Pythagore

Heureux ceux qui sont doux, car ils possèderont

la terre.

Matthieu, V, 5

Dans ces temps troublés, amis, l’inégalité de la fortune produit bien des bouleversements, soulève bien des passions mauvaises, bien des haines et des revendications. A ceux qui ne possèdent rien, la révélation du grand avenir doit apporter des forces morales. La connaissance de cet avenir arrivera à arrêter ceux qui seraient tentés de s’approprier violemment ce qu’ils ambitionnent. Combien il est nécessaire que la loi de réincarnation soit connue ! L’enseignement de cette loi importante trouverait sa place dans l’instruction populaire, éclairerait cette multitude de mécontents qui ne veulent, qui ne peuvent se plier au sort accepté par eux-mêmes avant de se réincarner.

Révoltés[11] de ces jours qui faites sonner dans le monde le glas funèbre des destructions, qu’étiez-vous hier ? Que serez-vous demain ? Quel usage avez-vous fait autrefois des biens terrestres ? Que ferez-vous de ceux que vous pourrez avoir si vous vous préparez mal à l’incarnation de repos faisant trêve aux existences de grandes luttes ? Ne dédaignez pas le milieu où vous êtes nés, si humble soit-il ; ne cherchez pas à atteindre brutalement le but auquel vous aspirez. Aucun de nous ne peut, d’un bond, passer le fleuve, tandis qu’il est encore incapable d’enjamber le ruisseau.

Avant de revenir sur la terre, l’être qui ne comprend pas sa voie, qui n’a pas encore trouvé sa ligne de progrès, est dirigé par des intelligences qui lui sont invisibles, vers l’endroit qui lui sera le plus propice pour graviter. Il ne pressent pas l’infini qui le pousse à la réincarnation ; il a l’impression d’agir seul et en toute liberté. Que chacun se contente donc de ce qu’il a dans la place qu’il s’est choisie lui-même, ou qu’une loi de justice lui a assignée. Chacun, dans n’importe quel milieu peut s’élever en grandeur morale. Par le travail qui fait le progrès, par le travail qui est une élévation, chacun fait son chemin.

Souhaitez le progrès sans secousses, le progrès avec la liberté large dont on devrait bénéficier déjà. La colère aveugle fait commettre de déplorables actions. Le sang répandu nous fait frissonner d’horreur, nous qui descendons par milliers dans vos mêlées affreuses et qui voudrions écarter les coups portés.

Aidez-nous, aidez-nous de vos efforts, de votre pensée, pour que les aveuglés entrent dans des idées de conciliation et que les révolutions sanglantes n’aient plus lieu. Les habitants de l’espace souffrent tant de voir le sang répandu, soit pendant les troubles révolutionnaires, soit pendant les guerres de peuple à peuple !

Liana

Notre œuvre n’est pas pour les superbes, elle est plutôt pour les petits, les humbles. Jésus n’apporta point sa morale seulement pour les riches et les puissants, ni pour les doctes pharisiens ; il vint avec une morale simple et sublime, et il s’adressa à la foule. Notre enseignement s’adresse aussi à la foule qui souffre, qui demande à la nuit de devenir clarté, qui demande à grands cris qu’une prochaine nouvelle arrive - initiation à la liberté qui rendra l’essor à toutes les Intelligences. - Notre œuvre sera goûtée, aimée, et elle produira un bien immense, car les idées qui vous sont rapportées viennent de haut.

Oui, il faut un aliment nouveau aux foules déçues. Il faut qu’elles sachent que le présent est fait du passé et prépare l’avenir ; il faut que chacun étudie, reconnaisse sa place, son but, et ne murmure plus contre son sort ; il faut que chacun tâche de s’élever, de se gouverner, de réfréner ses passions mauvaises ; il faut que chacun aime ses frères en humanité.

Rien ne semblerait plus socialiste, plus anarchiste même que nos théories, et pourtant rien au monde ne pourrait mieux endiguer les désordres qui se produisent partout. C’est que la science de la survie, tout en proclamant la liberté, assigne à chaque membre de la société des devoirs, une ligne de conduite exemplaire, et le respect des droits d’autrui. L’homme du peuple apprendra et comprendra qu’il a cherché lui-même la place qu’il occupe sur la terre, qu’il l’a voulue, et que dans l’ordre, tout en étant libre, il doit rester honnête pour progresser ; que, s’il joue à l’émeute, s’il tue, s’il veut dépouiller ceux qui ont travaillé pour acquérir, il se nuira à lui-même moralement, et même matériellement, car peut-être il reviendra sur la terre riche à son tour, et il sera spolié.

Oh ! amis, avec la liberté d’âme, l’esprit de fraternité et de solidarité, l’animisme établira un frein solide aux passions malsaines. Oui, sa connaissance répandue assainira l’atmosphère que la société respire, en établissant dans cette société une espèce d’équilibre moral, et chacun travaillera à s’améliorer dans le milieu où il a voulu venir. Enfants ! tous les sophismes du passé, les châtiments, l’enfer ! mais la foule n’y croit plus, n’en veut plus ! Elle attend, elle demande quelque chose de réel qui la soutienne, qui l’éclaire.

Afin d’avoir des instructions à donner, recueillez précieusement ce que nous vous apportons ; songez qu’en répandant nos enseignements, vous empêcherez des barricades de s’élever, des fusils de partir et des flots de sang de couler.

L’oriental

Egalité - fraternité

L’âme n’a pas de titre si ce n’est

l’acquis de ses réincarnations.

Little

On ne saurait tromper plus dangereusement les

hommes qu’en leur montrant le bonheur

comme but de la vie terrestre.

Lamennais

La soif des richesses, des grandeurs et de toutes les réjouissances terrestres excite l’envie, ce véritable serpent qui dévore le cœur des ambitieux ; nous en exceptons les nobles âmes, ambitieuses seulement des richesses intellectuelles.

Il y a une tourmente qui ne cesse jamais pour les arriérés, c’est la chasse aux grandeurs. Les désincarnés déjà avancés et dont l’âme est réellement en progrès, passent, en détournant la tête souvent, au milieu de la cohue de ceux qui recherchent les familles où ils trouveraient jouissances, fortunes, honneurs, titres. Ceux qui savent déjà que la fortune est prise d’assaut par les passions mauvaises, qui savent combien les incarnations pour le progrès sont dures et nombreuses, combien de temps on y passe, ceux-là vont, pour avancer plus vite, dans les milieux où la lutte sera plus vive, où leurs forces morales se développeront davantage, par un travail, soit matériel, soit intellectuel, qui fait que l’homme arrivé, c’est-à-dire qui s’est fait une situation, peut se reconnaître le fils de ses œuvres.

Dans ces temps où les trônes s’ébranlent, où les grands sont menacés de perdre ce prestige auquel ils tiennent tant ; dans ces temps où tout se nivelle, où la grande révolution a éteint les bûchers, détruit les abus trop criants, ce n’est plus une gloire de compter encore parmi les importants de la terre. Mais les puissants aiment mieux ignorer la vérité, éviter de s’instruire de ce qui ferait leur richesse et leur grandeur réelle. Ils considèrent la science d’outre-tombe comme une chose futile, distrayante pour le moment, mais il est rare qu’ils descendent de leur élévation fictive pour tirer des déductions philosophiques des phénomènes qui caractérisent si fortement l’œuvre de l’animisme. Les grands, entendez-vous, les grands auront de tout temps beaucoup de peine à croire que, dans la foule qu’ils éclaboussent de leur arrogance, le pauvre qu’ils regardent avec hauteur est peut-être un grand du passé, un riche de l’avenir auquel eux-mêmes demanderont peut-être l’aumône un jour. Ils se récrient, ces descendants des croisés, si vous voulez leur apprendre à voir dans une femme du peuple, couverte de haillons, une sœur d’une autre incarnation, une sœur toujours devant la justice infinie. La belle dame mollement couchée sur les coussins de sa voiture, daignant à peine sourire au brillant cavalier qui lui fait escorte, n’aura pas un regard pour le pauvre enfant qui, sur le bord du chemin, attend qu’une obole lui tombe dans la main ; cette dame ne voudra jamais croire que la main tendue puisse être celle de son propre enfant réincarné. C’est possible cependant ! De même que tout est mouvement dans l’univers, que tout se déplace, de même les gens changent constamment de situation. Celui qui méprise les « petites gens » en se drapant dans sa dignité et dans la gloire de ses Ancêtres, ne voudra pas apprendre, savoir que ses nobles aïeux ont changé de place ; que les parents, dont ils portent le blason et dont il relate les hauts faits, sont perdus dans les masses. Oui, ces ancêtres, à l’heure qu’il est, peuvent être des mendiants ; ils peuvent être tombés plus bas encore pour avoir frôlé la fange et la honte sous le harnais de cette richesse matérielle dont leur descendant est si fier.

Ah ! le principe d’égalité et de fraternité ! L’orgueil des hommes l’a presque effacé. La signification des mots qui forment la devise écrite sur le fronton de vos monuments, au nom d’une république quelconque, cette signification depuis le commencement des temps qui n’ont jamais commencé, n’a pas été comprise. La véritable égalité, la véritable fraternité, la véritable liberté n’existent que dans le progrès des âmes, parce que là, hommes, vous touchez, non à des principes mais à des lois immuables.

Oui, égalité par les réincarnations. Les bonnes positions ne sont pas toujours pour les mêmes ; c’est la conséquence de la loi de progrès qui est fatale ; pouvons-nous assez souvent le répéter ?

Oui, liberté, autre conséquence du progrès en ce que, à mesure que l’esprit s’élève, il devient plus libre.

Oui, fraternité, également conséquence du progrès. Par la charité, l’âme s’élève dans l’amour de tous, il acquiert l’esprit de justice. Amour, charité, justice, voilà le nec plus ultra de l’élévation pour l’homme ; le bonheur, c’est de partager son acquis.

C’est un inspiré qui a trouvé cette devise de l’humanité que vous gravez sur vos édifices publics ; mais, si cette devise représente votre progrès intellectuel, et si les lois inéluctables du progrès vous l’ont fait écrire, ah ! dans ce monde où vous vivez, combien vous êtes loin de la comprendre ! Combien il vous est difficile de vous l’expliquer, et combien vous êtes éloignés encore d’en pratiquer le sens ! Non, non, riches et pauvres, vous êtes bien loin de vous entremêler, de vous tendre la main.

Si certains êtres sont amenés à prendre des situations qui semblent anormales, non par pur caprice mais par besoin de progrès, d’autres, les hommes d’un siècle en retard, en sont à ne désirer que les sinécures ; ils ne convoitent que ce qu’ils appellent « l’élévation » au point de vue des grandeurs terrestres. Ceux qui dominent le monde par l’or jettent sur le pauvre un regard de mépris et dans ce siècle lumineux de progrès, dans ce grand siècle aux découvertes merveilleuses, rien n’est moins uni par un lien fraternel que votre humanité. On rit des difficultés qui entravent les autres, on s’éloigne de ceux que le malheur frappe.

O humanité ! humanité ! combien tu as à travailler ! Hommes, quel chemin vous avez à faire pour vous rapprocher les uns des autres ! Que de larmes seraient séchées, de souffrances épargnées, de crimes évités, si ceux qui possèdent quittaient leur milieu de luxe pour se mêler à la foule, si ceux qui savent, instruisaient ceux qui ne savent pas, et si ceux qui ne savent pas voulaient écouter ! Mais non ! Tous poursuivent un idéal dans lequel le bien de l’humanité n’entre pour rien, dans lequel le grand Devenir de tous est absolument méconnu. Chacun sert ses passions, sa jalouse envie, chacun voudrait faire descendre du pinacle, pour s’y mettre lui-même, celui qui, toujours armé, doit défendre sa place.

Oh grands du monde, comprenez vos devoirs ! Et vous, les effacés, soyez plus patients ! Harmonisez-vous car vous êtes tous frères, et dans cette vie présente, aidez tous ceux que vous pouvez aider. Puissants, vous descendrez demain à la place de ceux que vous oppressez aujourd’hui, que le progrès incompris descende dans les classes riches comme dans les classes pauvres, et que tous les hommes sachent que le bonheur ne consiste pas dans la recherche des jouissances, mais dans le bonheur qu’ils éprouveront en se tendant la main, en apprenant qu’ils ont été frères suivant la nature, dans le passé, et qu’ils le seront toujours dans l’éternel devenir.

L’oriental

Néant des grandeurs terriennes

On n’emporte avec soi que le bien que l’on a donné.

Bossuet

C’est donc vrai ! Toute grandeur est vaine ! Pourquoi le vide s’est-il fait autour de moi ? Personne près de mon trône ? Où sont mes lustres aux mille lumières ? Où sont mes courtisans ? Pourquoi m’a-t-on abandonné ? Suis-je un roi où un fantôme de roi ? Les rois ne sont-ils plus les élus de Dieu ? Pourquoi ne vois-je point Dieu ? Pourquoi ma race est-elle tombée ?

J’entends des voix ravissantes, j’entends des harpes mélodieuses. Pourquoi suis-je dans l’ombre et éloigné de ces concerts ? Pourquoi mes lèvres ne peuvent-elles se tremper dans la coupe du bonheur ? Est-ce parce que j’ai tout possédé que je dois tout perdre ? Riche sur la terre, pauvre dans les cieux ! Où fuir ce qui fut ma gloire ? Que faire pour grandir dans cet inconnu ?

Terre d’épreuve, terre de ces amours qui passent et ne laissent dans le cœur que sécheresse et dégoût, pourquoi t’ai-je habitée ? Loin de moi les foules adulatrices qui saluaient ma venue dans le monde comme on salue la venue d’un être divin ! Arrière ! vous tous qui vous prosterniez devant moi comme si je n’étais pas un mortel semblable à vous ! Je comprends maintenant le mal que vous m’avez fait.

Aveugle humanité ! Quand donc seras-tu assez virile pour te gouverner toi-même ? Quand comprendras-tu que le pouvoir absolu, c’est la déchéance de tous pour la grandeur d’un seul.

Un roi qui se croyait grand

Roi et berger

Les sages reçoivent la flatterie comme la mer

la pluie ; ils sont trop pleins de réalité pour être

influencés par des gouttes d’illusion.

J. F. Shépard - Essais

Berger, que ta musette est douce !

Roi, que ta couronne te pèse ! Ton trône te rend obséquieux à toi-même.

On souffre bien dans les situations de la vie où l’esprit et le corps n’ont pas l’essor de la vraie liberté. J’ai vécu parmi les hommes ; j’ai été puissant ; j’ai été roi ; j’ai souffert. Quand je revenais parmi les humbles, c’était le soulagement du poids des grandeurs, c’était le repos dans l’abîme de l’oubli. Mais, dans cet oubli terrestre, les rayons de la pure lumière venaient inonder mon âme et me rendre heureux.

Les hommes viennent ainsi souvent se reposer quand ils ont été de grands personnages. Après avoir régner, ils viennent se baigner dans les effluves fortifiants de la nature, au milieu de cette œuvre grandiose qui prouve d’une manière suprême la puissance éternelle. Un berger peut avoir été vingt fois roi.

Homme, va dans le chemin où les arbres étendent sur la tête leurs rameaux en berceau, éloigne-toi d’un monde frivole, et des visions sereines t’apparaîtront. L’esprit emporté dans un bonheur mystérieux, tu te sentira plus dieu, car tu oublieras les hommes pour t’exhaler dans l’harmonie infinie. Philosophe, viens trouver dans l’ombre la révélation dont la recherche a blanchi tes cheveux ; pour comprendre les secrets de la nature, viens dans le silence des bois, et ses secrets te seront versés par elle-même, elle-même te donnera le parfum et le nectar de la science. Inspiré, prend ta lyre dans l’ombre et le recueillement, et les lyres des régions étoilées s’harmoniseront avec la tienne ; elles ne viendraient pas dans la foule bruyante où elles ne seraient pas entendues, va sur la montagne, poète, regarde vers l’espace ; alors l’éclat de l’astre qui t’apporte le principe de vie sera l’inspirateur de ta lyre.

Le trône, c’est le symbole de la vanité qui abaisse. L’état de berger, c’est le calme qui fait retrouver l’essor de la pensée.

(Parlant aux invisibles :) Vous tous qui m’écoutez, vous qui vous êtes prosternés si bas devant moi quand j’étais pape, vous dont les flatteries m’auraient fait croire que j’étais supérieur aux autres mortels, regardez-moi sans crainte, et que mon visage de berger ne vous fasse pas tressaillir, bien que je voie maintenant votre duplicité, votre manque de fidélité envers votre pays. L’étendard de la foi fut l’étendard de toutes les révoltes ; ceux qui ont levé la main pour bénir on aussi levé la main pour commander les massacres. Ma voix s’élève contre eux… Ma voix s’élève aussi pour leur pardonner, et, si moi-même j’ai du subir l’influence du milieu où j’ai vécu, j’en demande pardon aux hommes de mon temps et aux enfants des nouveaux âges.

Je vous rends justice à vous aussi qui avez voulu faire le bien en faisant le mal ; inconscients autrefois, reconnaissez vos torts aujourd’hui. Je vous aime, et vous demande pardon de m’avoir empêché d’être grand comme je devais l’être ; je désire revenir avec vous pour dissiper les ténèbres que nous avons laissées sur nos traces.

Ah ! quand je reviendrai encore, combien je regretterai mes chants au milieu des bois, les voix que j’entendais dans la nature endormie ! Je vous regretterai, ô solitudes chéries où, à l’ombre des grands arbres, seul avec moi-même, je chantais le repos de l’âme, et je me retrempais pour de nouvelles luttes, pour de nouveaux combats.

Ernando, dans une incarnation de berger

Yves le chevrier

Yves le chevrier est bien triste aujourd’hui. Pourquoi est-il triste ? A-t-il perdu sa chèvre préférée ? A-t-il par hasard quelque chagrin d’amour ? Non. Sa chèvre préférée bondit autour de lui, et son cœur ne connaît encore aucun amour.

Yves le chevrier est bien triste aujourd’hui. Pourquoi est-il triste ? A-t-il mécontenté ceux qui l’emploient ? A-t-il peur d’être renvoyé ? Non. Au contraire, il devrait se réjouir, il devrait être heureux, car il est aimé de tout le monde.

Et voilà que sa musette repose auprès de lui et qu’il ne songe plus à chanter.

Yves le chevrier ne gardera plus les chèvres ; Yves le chevrier les fera garder à son tour, car il est devenu riche. Ses parents qui l’ont abandonné, pris un peu tard d’un amour repentant, sont venus le chercher pour l’emmener dans leur château.

Yves le chevrier ne gardera plus les chèvres ; voilà pourquoi il est triste.

C’est qu’il a peur des valets et des salons merveilleux ; il a peur des parents qui habitent le magnifique château et qu’il n’a pas vus jusqu’à ce jour, c’est qu’il aime la liberté et qu’il regrette ses chèvres. Yves le chevrier est bien triste, et il vendrait le château pour garder ses chèvres. Mais il faut partir.

Or, le lendemain, avec grande pompe, on l’installait dans la famille. Il y avait grande fête dans le château : au milieu de la joie des parents et des amis réunis, seul Yves ne souriait pas.

Et voilà que quinze jours plus tard - peu de chose ! Yves se coucha sur son grand lit, le visage pâle et les yeux éteints ; et on disait que le jeune maître allait mourir ; et tous priaient. Rien n’y fit ! Et cependant sa mère, concentrant sur lui tout l’amour dont elle l’avait privé, pleurait et priait avec toute la ferveur de son âme.

Enfin, quand le dernier moment fut venu et qu’on entendait plus que le trépas, elle vint s’agenouiller devant lui et lui dit : « Pourquoi me quitter ? Pourquoi partir ? N’es-tu pas heureux ici ? N’as-tu pas les plus beaux vêtements ? Ne seras-tu pas le plus riche, le plus brillant de tous les jeunes seigneurs de ta société ? N’as-tu pas des chevaux de chasse, des chiens et des équipages ? N’as-tu pas cent laquais pour te servir ? Que te manque-t-il donc ? »

Yves se souleva et dit : « Que me fait tout cet éclat. Que me font les richesses ? Il me manque un bien plus précieux ; il me manque ceux que je voyais jadis et que je vais revoir. Et il faut que je parte plus pauvre et plus nu que ver, car je m’en irai seul, sans chien ni musette, les bras en croix, dans mon cercueil. Ceux que je voyais venaient d’en haut, et ils me disaient de douces choses. Je n’étais pas seul, car une troupe de jeunes vierges et de jeunes garçons blonds venaient et me racontaient ma vie passée. Ils me disaient que j’avais été grand et que je devais maintenant être dans une humble condition parce qu’il le fallait pour m’ôter mon orgueil. Il faut donc que je m’en aille ! C’est pourquoi je m’en irai seul, sans chien ni musette, les bras en croix dans mon cercueil. »

Et la mère pleurait amèrement, l’âme pleine de regrets ; et les amis de l’espace essuyaient ses pleurs du bout de leurs ailes. Ils emportèrent le fils avec des chants joyeux ; et, quand il fut parmi eux, il vint hanter à son tour le chevrier qui l’avait remplacé, car il aimait les chèvres qu’avaient caressées ses aimés. Et la mère pleura et ne se consola qu’à son lit de mort, à cette heure dernière où il vint la chercher, et où il lui apprit que la vie de l’espace est meilleure que celle de la terre.

Stop

Note. Il m’est permis de rapporter dans ce livre quelques séances de phénomènes d’incarnations obtenues par le médium Mme Hugo d’Alesi de Peralta, certaines de ces séances ayant été publiées et signées dans le revue d’études scientifiques psychologiques (Rue des Petits-Champs, 5, en 1879-1880). J’ai choisi spécialement des balades de Stop pour qu’on puisse comparer avec celles du même auteur obtenues par d’autres médiums venus plus tard et qui n’ont point connu Marie d’Alesi, morte en 1881. Puisque je peux nommer ce médium, je tiens à lui rendre un hommage mérité. Marie d’Alesi était une femme des plus intelligentes, d’une nature élevée, d’un caractère charmant. Elle était écrivain philosophique, poète, musicienne ; les visiteurs d’Outre-Tombe trouvaient donc en elle un appui précieux. Elle était prête à tous les sacrifices pour affirmer la réalité de la survie. Dévorée par un mal horrible qui devait l’emporter, elle me dit au milieu de ses souffrances : « Pauvre petite terre ! comme on y souffre ! Je l’aime en raison même de ses souffrances. J’y reviendrai encore comme médium, j’y reviendrai avec toutes les forces que je pourrai rapporter de l’espace. J’y reviendrai pour la consoler et l’éclairer. » Peut-on porter plus loin l’héroïsme et l’amour pour ses frères !

Le digne compagnon de sa vie, M. F. Hugo d’Alesi, est bien connu dans le monde spirite par ses portraits de disparus, lors même qu’ils ne les avait jamais vus. Il a fait de nombreux prosélytes ; que de portraits reconnus ! Ces portraits sont forts beaux, artistiques, faits en dehors de toute méthode ; il les obtient médianimiquement, parfois dans l’obscurité. Je ne puis m’étendre sur ces phénomènes ; cela nécessiterait des volumes. J’engage donc le lecteur - il ne perdra pas son temps à lire les notes sur les médiums dans les chrysanthèmes de Marie, par C. Chaigneau ; l’auteur connaissant M. et Mme d’Alesi de longue date, donne, sur les phénomènes obtenus par eux, des contrôles et des enseignements extrêmement intéressants.

Le pêcheur

Suivez-moi, je vous ferai pêcheur d’hommes.

Marc, 1, 17

Ma barque glissait doucement sous mon léger coup de rame, ondoyant avec grâce sur les eaux du fleuve ; elle ralentissait aux endroits que je savais poissonneux et où je jetais vivement mes filets. La nuit était calme, étoilée ; les ondes seules mêlaient leur murmure au rythme cadencé de mes rames.

Le silence, la solitude sur l’eau donnent des idées étranges. Le pêcheur, en côtoyant les rives fleuries, aime à regarder la verdure et le feuillage des arbres sommeiller sous le baiser furtif des étoiles qui choisissent la nuit pour s’énamourer de la nature. Ah ! que j’aimais la nuit ! Que j’aimais son calme profond, la solennité imposante de tout ce qui, le jour, brille dans les feux du soleil. Seul , je me sentais vivre ; je songeais ; et le pêcheur devenait philosophe.

Sur les bords du fleuve, parfois je voyais un pauvre hère endormi. C’était un malheureux sans refuge qui était venu là, au bord de l’eau dont le murmure l’avait attiré, peut-être pour bercer sa faim.

Le pêcheur voyait souvent aussi un poète, un rêveur, qui aimait à vivre la nuit. Pour lui, la nuit, sa muse aimée avait des ailes d’or, un front pur et serein, des yeux d’azur doux et brillants. Elle lui semblait plus belle encore éclairée par les rayons de son âme, tandis que le soleil des cieux faisait la nuit pour la terre. Lorsque, troublant le silence, mes filets tombaient sourdement dans l’eau, le poète me regardait avec un sentiment de tendre pitié pour le pauvre pêcheur, et sa muse lui disait des vers pour moi.

Le pêcheur philosophe voyait tout cela, et bien d’autres choses encore…

En suivant le cours du fleuve, j’arrivais sous les fenêtres des palais. J’écoutais les chants joyeux, les bruits des brillantes fêtes ; je voyais resplendir les feux de mille lumières, et je me disais : Y a-t-il là plus de bonheur que je n’en trouve en rentrant dans ma hutte de pêcheur ? Sont-ils plus heureux que moi, ces fous emportés dans les tourbillons de danse ? Les fleurs embaumées qui parent les femmes ne cachent-elles pas quelque serpent qui mordra au cœur la reine de la fête ?… Peut-être ma pêche ira-t-elle, demain, orner la table des seigneurs de ces palais et satisfaire leurs goûts. Peu leur importera le pêcheur qui dans son âme chante son amour, sa solitude, sa liberté sous le grand ciel, et son indifférence pour les fêtes de ceux qui étalent un bonheur incertain… Mon bonheur à moi est divin ! Il est dans mon âme sereine qui s’élève vers l’Eternel, vers celui qui jette des poissons dans mes filets, qui fait ouvrir les fleurs, et qui donne la nuit pour le repos du jour.

Je faisais une évocation de pitié pour les grands de ce monde…, et ma barque glissait toujours… et mes filets tombaient toujours aux bons endroits. Quand je rentrais sous mon modeste toit, je retrouvais ma femme et mes enfants qui se pendaient à mon cou !

Mais je ne suis plus maintenant le pêcheur du fleuve. Ma pêche est devenue miraculeuse. La table où seront servis ses produits se nomme la table du progrès, devant laquelle la Grande Âme se réjouit de la régénération des hommes. Ma pêche est merveilleuse, car je suis devenu « Pêcheur d’hommes » ! J’ai vu Jésus, le divin, le sublime ! Je l’ai vu dans sa gloire, Jésus le pêcheur d’âmes ! Et, animé d’un enthousiasme que rien ne saurait décrire, je suis revenu sur la terre pour me faire pêcheur d’hommes et suivre les traces de Jésus-Amour, de Jésus le divin pêcheur.

Ah ! qu’il fait bon d’être pêcheur d’hommes et d’avoir l’espoir de devenir un jour comme Jésus qui, sur la terre, pêcha le plus d’âmes pour servir le progrès Eternel !

Un pêcheur


Onzième série
Les mondes

Et, quand l’humanité ne sera plus, Dieu sera ; et

l’humanité aura contribué à le faire ;

et dans son vaste sein se retrouvera toute vie.

Ernest Renan

Tout s’accomplit par un mouvement semblable à celui

de l’Océan qui s’avance et se retire et s’avance encore,

couvrant chaque fois ses grèves à une plus grande hauteur.

Lamennais

Ce qu’est la « fin du monde »

Les étoiles tomberont, et tout disparaîtra dans les cieux… »

« Pour ce qui est du jour et de l’heure,

personne ne le sait… »

Marc, XIII

Alors que notre système planétaire n’existait pas, partout dans les immensités brillaient des soleils entourés de planètes. Une parcelle de la matière cosmique qui forme les mondes arriva un jour, bouillante comme un métal en fusion, et elle s’arrêta dans cet espace où vous vivez et où vivent les mondes voisins de notre univers. Elle arriva par une force, effet d’une loi, et elle s’y arrêta comme un voyageur ayant atteint le terme de sa route.

La nébuleuse en feu ne put se fixer en un seul globe ; il s’en détacha des parties qui prirent aussi la forme globuleuse. Le principal noyau resta le plus en retard, une boule de feu qui s’en sépara emporta une certaine somme de rayons qui furent projetés comme de petits soleils ; mais ces globes se refroidirent bientôt et ils restèrent sans feux et sans lumière propre. La terre fut un de ces globes. Après avoir répandu tous ses rayons, après avoir laissé sortir tous les feux torturant sa surface, après avoir subi de violentes convulsions, elle finit par s’éteindre, et son enveloppe garde les traces de ces terribles cataclysmes. Votre terre a donc été soleil.

Le principal noyau fut le dernier à se solidifier. Il était prédestiné, celui-là, à servir de flambeau aux mondes émanés de lui ; il semble les prendre sous sa protection. Ces mondes le suivent, tournent généralement dans un même sens, et leur vie maintenant, et la vie des êtres qui les habitent, est puisée dans les rayons du soleil. Ce soleil s’est formé le dernier en globe sphérique ; il vous alimentera encore pendant des temps que nulle intelligence humaine ne peut compter ; vous lui prendrez son principal vital pour en vivre puis il s’éteindra.

O hommes qui pouvez me suivre par la pensée, sachez que, lorsque le refroidissement qui est l’image de la mort se sera produit entièrement, au jour où le soleil aura rendu tous ses feux, un calme glacial, des ténèbres profondes se répandront sur vos mondes, car les autres étoiles sont trop éloignées de vous pour suppléer votre soleil. Alors s’accomplira la prophétie de Jésus : « Les étoiles tomberont, et tout disparaîtra dans les cieux. » Mais sa prophétie, écrite trop longtemps après lui est mal traduite, a toujours été mal comprise et vous est arrivée complètement altérée. La fin du monde prophétisée par Jésus devait être interprétée scientifiquement.

Que deviendront ces planètes dénuées de toute végétation, abandonnées de tout être pensant, recouvertes de glaciers ? Quelles routes prendront-elles ? Ressusciteront-elles ?

La lumière de vos âmes vous fait comprendre que l’Être des êtres ne laissera point ces mondes dans la mort. Reprenant leur route vers d’autres points de l’espace, ils iront puiser de la chaleur dans les nébuleuses qui forment la matière cosmique, ils se confondront harmoniquement avec elles, et, retrouvant une nouvelle vie, ils se morcelleront encore pour produire des fluides de quintessence indestructibles.

Les mondes sont des champs que Dieu cultive, et la récolte, c’est le progrès des âmes. Les mondes se forment, les mondes disparaissent… Et vous ? et nous ? que deviendrons-nous ?

Des êtres toujours plus perfectionnés, prenant des feux des mondes la quintessence vitale pour marcher, éternellement nouveaux, toujours plus aimants, toujours plus aimés !

Çakia Muni

Transformation

A tout être la fin n’est que commencement. La

souffrance, travail ; la mort, enfantement.

Lamartine

Rien ne survit que l’âme. Faisons-la donc héroïque

ici-bas. Nous n’aurons que ce que nous méritons,

et notre ciel sera celui que nous aurons construit sur

terre dans des ébauches successives de vertu et de

génie. Notre idéal sera réalisé petit ou grand

selon nos œuvres et nos pensées.

Dargaud

La phase de transformation pour tout ce qui existe dans l’univers, se fait par ce que vous êtes convenus d’appeler « la mort ». La science moderne acceptant déjà la loi des transformations, arrivera à connaître le principe actif, à admettre les éléments intelligents, et alors le système des mécanicistes sera détruit. Elle admet déjà que la vitalité est une force, que toute force est composée de molécules invisibles, impalpables, vivantes ; donc, le principe de la continuité des existences est acquis par la science elle-même. Le transformisme existe pour tout ce qui frappe vos yeux, comme pour tout ce qu’ils ne voient pas, pour mille choses enfin dont vous n’avez aucune idée. Vous êtes, en tant qu’êtres matériels, des diminutifs de votre monde ; la loi de transformation existant en vous, existe pour le monde dont votre chair et votre sang sont les dérivés. Votre terre obéira donc à la loi du transformisme, et tout ce qui vient d’elle subira cette même loi. Votre planète, qui a été soleil, a diminué de force et de vie ; elle est déjà vieille, ses fluides s’épuisent ; le beau soleil qui lui donne des forces a maintenant des taches grandissantes, des places d’où il ne sort plus aucun rayon, places qui forment croûte déjà et qui, dans des millions d’années, seront cultivables.

Lorsque votre terre ne sera plus, ou qu’elle ne sera qu’un glaçon roulant dans l’espace, les êtres qui s’y sont incarnés devront-ils rester dans l’atmosphère d’un monde glacé ? Ceux qui y ont fait leur progression devront-ils attendre que les éléments de ce monde soient attirés par les forces vives de quelque nébuleuse et aillent reprendre une nouvelle vitalité, reprendre comme une nouvelle incarnation ? Car la terre a aussi des forces vitales. Les êtres élevés sur ce monde devront-ils le suivre.

Non ! L’enfant qui grandit n’abandonne-t-il pas sa mère pour aller à ses travaux, pour suivre sa voie ? L’oiseau n’abandonne-t-il pas son nid ? Le jeune lion n’abandonne-t-il pas l’antre où il est né ? Pourquoi les êtres, en admettant qu’ils restassent près de la terre un temps incalculable, pourquoi attendraient-ils pour la quitter qu’elle meure elle-même ? Mais que d’incarnations, que de travail il leur faut pour affiner cette enveloppe qui doit devenir assez légère pour être transportable dans l’espace par la puissance de la volonté !

Pendant vos incarnations sur la terre, vous l’avez vue sous tel ou tel aspect, vous avez progressé dans telle ou telle matière ; mais il y a un ordre général de choses que l’état de terrien ne vous permet pas d’étudier ; ce sont : le pourquoi de votre planète, le devenir de cette formation qui a aidé à votre progrès, la vie dans le ruisseau, dans les ramures, la vie dans le minéral, la vie atomique, tout enfin par où vous avez passé, tout ce que vous avez été. Il y a là matière à réflexions et à études profondes. Comme vous avez passé par tous les règnes, vos transformations vous seront un appui dans votre travail, vous avez pris un degré d’assimilation par tout ce que vous avez vécu ; une fois dans l’espace, vous pourrez, par vos ressouvenirs, les étudier encore, les revivre sous un jour nouveau plus beau, les approfondir mieux qu’au moment où vous les avez vécues matériellement, et cela en vous adaptant seulement les phases de chaque transformation particulière que vous avez traversée.

De l’espace nous voyons la perspective des mondes de votre système suivant le point où nous sommes placés. Un grand attrait pour nous, c’est la variété. Sur votre monde, il y a variété en toute chose ; sur les autres mondes aussi ; mais, comme thèse générale, c’est la même harmonie. Sur la terre, tous les progrès s’harmonisent, de même en est-il sur les autres planètes, et au moment des grandes réunions dans l’espace, toutes les planètes sœurs confondent leurs progrès en un progrès général. Il en ressort entre les arrivés ce charme qui provient des particularités que garde le progrès de chacun.

Les planètes de votre système mourront les unes après les autres. Tous les êtres qui s’y sont incarnés en garderont un cadre d’études. Lorsque vos planètes et leurs sœurs iront chercher une nouvelle vie dans les grands foyers qui sont faits pour redonner aux mondes la vitalité qu’ils ont perdue, elles se perfectionneront dans leur composition, et rien ne prouve que ces planètes s’étant retrempées dans une nouvelle force, ayant repris une nouvelle sève, rien ne prouve qu’alors les êtres qui les auront vues mourir, ne reviennent sur elles pour s’y reposer, y revivre encore peut-être, mais dans un état tout autre, parce que les éléments de ce monde se seront modifiés avec le progrès qu’auront fait par eux les Intelligences supérieures. Il y a des systèmes planétaires éclairés par des soleils rouges, bleus, jaunes, etc. ; cette coloration donne une couleur toute particulière aux fleurs, aux animaux, aux hommes, enfin tout ce qui vit sur la planète. Il y a là une nouvelle coloration de vie, une variété inimaginée, car les vibrations de la lumière ont une action excessivement puissante sur la forme et les détails qui caractérisent les productions d’un monde. Le progrès existe partout. Les mondes de votre système, après leur mort, revivront aussi d’une matérialité inconnue de vous et seulement entrevue par nous dans certaines visions élevées. Il y a des mondes presque fluidiques sur lesquels les grandes Intelligences seules peuvent se reposer. Ces mondes sont une chose absolument irrêvée ! Rien, rien, dans mon intelligence ne peut en exprimer la beauté !

Voyez ce qui vous attend ! Admirez la variété dans l’étude, la variété dans l’acquis, la variété dans le bonheur s’embellissant à l’infini et par l’infini.

Pour le conquérir ce bonheur, aimez, aimez !

L’oriental

Infériorité de la terre

Dans le monde inférieur où vous êtes, n’oubliez

jamais que vous devez vous purifier sans trêve.

J. de L

J’ai entendu sonner tout à l’heure un instrument que vous employez pour marquer le temps. Qu’est-ce que le temps ? Rien. L’éternité est tout. Si pendant que nous sommes sur cette terre nous divisions cette existence en secondes, en heures, en jours, en mois, en années, c’est que le temps que nous passons ici-bas est si court, si court, que nous essayons de le faire paraître plus long.

Votre planète, depuis sa formation, a déjà accompli tant d’années, qu’il vous serait presque impossible pour vous de saisir le nombre qui pourrait figurer cet espace temps.

Quand votre système solaire s’est formé, votre soleil était comme les amas de soleils de votre nébuleuse, à l’état gazeux, par suite de certaines lois que ni vous ni moi ne comprenons. Ce gaz s’est condensé par l’effet du mouvement du corps globuleux qui a, pour ainsi dire, enfanté des mondes. Pourquoi la terre sur laquelle je suis, sur laquelle vous êtes, est-elle considérée, parmi les mondes tournant autour de votre soleil, comme très inférieure ?

C’est parce qu’elle est une des dernières nées. L’être ne parvient qu’à la suite de nombreuses incarnations à un état lui permettant de comprendre cette intelligence qui est en lui. Les êtres qui habitent certaines autres planètes sont plus développés parce que leur terre à eux, étant sorties du soleil bien avant la vôtre, leurs humanités ont eu plus de temps pour progresser.

Les êtres quittent leurs planètes quand arrive pour eux le degré de perfectionnement possible sur cette planète.

La planète aînée de la vôtre a une coloration rouge, c’est celle dans laquelle la vie a le plus d’analogie avec la vôtre ; mais, quoique dans cette planète l’humanité ressemble à celle-ci, l’élévation morale y est beaucoup plus considérable. La guerre y est inconnue. Ce que vous appelez « le régime gouvernemental » a pour principe ce que vous nommez : liberté, égalité, fraternité. Tous les hommes travaillent pour le bien mutuel ; chacun vit, non pas pour soi, mais pour tous ; le mobile le plus puissant de leur action n’est pas l’amour du gain, mais l’amour du prochain. Aussi, chez eux, l’avancement est-il beaucoup plus grand que chez vous, qui appelez science ce qui est un vain mot pour cacher votre manque de savoir.

Les habitants de cette planète ont des instruments d’optiques beaucoup plus puissants que les vôtres ; au moyen de leurs médiums, ils peuvent savoir aussi certains évènements de votre globe qu’ils appellent, avec quelque raison, la terre des ignorants. Leur temps est employé à chercher le vrai, tant dans la nature que dans les choses spirituelles, dont ils ont une plus grande connaissance que vous. Chez eux, la vieillesse n’est pas une charge ; c’est un marchepied pour rentrer dans l’espace d’où ils sont venus. Pour eux, quand le corps astral quitte le corps planétaire, ils considèrent cela comme vous les feuilles qui tombent de l’arbre ; c’est une dépouille usée qui s’en va, c’est donc plutôt un signal de réjouissance que de deuil.

Vous dire qu’ils ne souffrent pas ! Non ! Mais ils ne ressentent pas comme vous les douleurs physiques ; et puis, les connaissances qu’ils ont déjà acquises, tant sur leur planète que dans d’autres, leur permettent de mieux supporter leur fardeau.

- Pourriez-vous nous parler de Jupiter ?

- Jupiter est une planète qui est nécessairement plus avancée que la terre, étant plus âgée.

Ce globe est si différent du vôtre que, si vous y étiez transportés, vous ne pourriez ni marcher à sa surface ni respirer à la manière de votre humanité, et vos sens ne vous serviraient pas.

Les habitants de Jupiter ont des corps semi-fluidiques, tenant le milieu entre le corps humain et ce que vous appelez le périsprit ; conséquemment, la maladie ne les atteint pas. Comme le but de cet humanité est le large développement de l’intelligence déjà conquise par de très nombreuses incarnations, de la développer dans la connaissance des mondes, les habitants de Jupiter cultivent beaucoup les arts et les sciences et s’inquiètent fort peu de la nourriture de leur corps ; cette nourriture pousse pour ainsi dire à leurs pieds toute préparée. A côté de ces êtres supérieurs, il existe aussi des êtres d’un autre ordre, inférieurs même, comme intelligence, à certains êtres de votre terre. Je ne puis vous parler de leur mode d’existence : vos sens bornés ne saisiraient pas la moitié de mes paroles.

Il n’est pas rare de voir certains d’entre ceux que vous pourriez appeler les animaux de Jupiter venir sur votre planète continuer leur route de progrès. Si l’animal de Jupiter est doué de la parole, quel empêchement y a-t-il à ce qu’il trouve dans votre monde l’échelon des connaissances se rapportant à son degré d’avancement, de même que l’être terrien peut trouver dans une autre planète un état analogue au sien ? Quand l’Inférieur de Jupiter a fait son temps comme homme sur la terre, il peut retourner comme homme dans Jupiter, ou aller dans une autre planète supérieure à celle-ci.

Le fakir

Lumière sidérale

Il y a autant de fluides que de couleurs.

Le fluide blanc est le plus brillant. Il faut ambitionner cette robe blanche qui semble tissée des rayons du soleil.

C’est le fluide blanc qui est la lumière sidérale, c’est par cette lumière que les extra-terriens peuvent se diriger vers les régions où ils doivent faire leur stage s’ils ont encore besoin de se rendre sur la terre où en d’autres lieux de pérégrination. On les entoure de colonnes de fluide ; ainsi éclairés, ils voient la route qu’ils doivent suivre ; ils ne peuvent plus s’égarer ni oublier le but assigné.

Le fluide des grandes Intelligences sert à éclairer celles qui sont en progrès ; ce fluide est une émanation d’elles-mêmes ; ces âmes rayonnent, et leur rayonnement se propage à une distance infinie.

Dans vos régions sidérales, les esprits ont donc un corps d’une blancheur éblouissante. Pour produire la lumière autour d’eux et pour voir au loin dans les profondeurs de l’espace, ils projettent leurs propres fluides, leur propre substance, et leur pensée, rapide comme le fluide qui en découle, se trouve immédiatement en état d’embrasser les êtres et les mondes que le fluide déjà parti doit éclairer. Voilà comment les êtres avancés peuvent voir où ils veulent voir, comment leur pensée les transporte instantanément où ils veulent être.

Vous me direz : Si dans le système solaire, auquel appartient la terre, le fluide blanc est le plus pur parce qu’il provient des Intelligences qui habitent le soleil, quelle est donc la couleur des êtres qui sont dans d’autres systèmes où le soleil donne des rayons bleus, rouges, jaunes, etc. ?

Dans chacun de ces systèmes, les êtres développés revêtent la couleur des rayons de leur soleil. Lorsqu’une âme déjà avancée sort de votre système pour aller dans un autre y faire un stage, un travail, ce n’est pas dans le plus obscur des mondes de ce système qu’elle se rend, mais dans le soleil.

Socrate

Pluralité des mondes

Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père.

Jean, XIV, 2

Certains savants nous disent : Oui, la vérité peut être ce que vous enseignez ; mais, en somme, que disent vos disparus ? Ils affirment la pluralité des mondes, des existences, mais ils en restent là…

Toute vérité, révélée ou non, doit avoir une base scientifique. Les chercheurs de vos jours, par leurs travaux bien dignes d’éloges, ont démontré la pluralité des existences parce qu’ils ont trouvé le transformisme dans la gradation des êtres, mais ils l’expliquent autrement que nous. Ils ont reconnu aussi la vie dans les mondes.

Oui, il y a pluralité des mondes.

Les grandes lois naturelles, dont les variations sont infinies, vous ont placés dans un système planétaire qui se soutient lui-même par des classes d’harmonies graduées. A une distance où l’inconnu est tel, que la pensée de l’homme n’ose le sonder, la vie se trouve puisqu’elle est partout, et là, elle peut être plus intense qu’ici. Soyez heureux de pouvoir, par la pensée, y aller puiser une nouvelle substance de vérité que ne peut vous fournir votre globe.

Les mondes supra-terrestres produisent[12] la chaleur d’âmes semble leur être distribuée en raison de la force des rayons du soleil ; il faut du soleil pour élever l’âme comme pour faire pousser la plante. Dans ces mondes, les atmosphères diffèrent absolument, et la constitution des êtres varie selon la composition de l’atmosphère qui est la conséquence de la force plus ou moins grande de la nature. C’est l’atmosphère qui tamise les rayons bienfaisants du soleil, et suivant la force de ces rayons, la structure des êtres se constitue en rapport avec la catégorie d’Intelligences qu’elle doit servir à développer. Si les soleils donnaient à tous leurs mondes les mêmes rayons que reçoit votre terre, il n’y aurait pas de gradation. Dans ces mondes, tous différents, la nature a des variétés dont l’universalité est un sujet d’admiration.

La terre semble être entourée d’une gaze atmosphérique ; l’homme pourrait y vivre dans un milieu de bonheur, y cueillir la fleur aimée ; la fleur a un langage pour l’homme, et l’homme comprend la vie de la fleur. Dans d’autres mondes où la vie matérielle se colore moins, mais où la chaleur de cœur est plus grande, il existe entre les êtres une harmonie telle, que les productions sont en rapport avec les aspirations de la pensée. Ceux qui habitent dans ces parages ont des ravissements si grands, qu’ils sont pénétrés d’amour pour la Grande Âme qui contient de si belles choses.

Ne croyez pas qu’en quittant cette humanité, vous alliez pour toujours dans ces mondes sans pouvoir revenir à la terre ; jamais les grands initiés de l’Inde antique n’ont dit ces choses. Toutes les humanités gravitent dans leurs milieux ; elles les quittent après un travail accompli. Etranges horizons ! Naissance nouvelle ! On n’est plus emporté par ce globe que l’on voit, dans sa course continue, parcourant son orbite sans jamais passer dans les mêmes lieux, et puisant sur son passage des fluides qui sont sa nourriture, car ce globe a une vie à lui. A des sommets inaccessibles à votre compréhension, le sidérien contemple encore avec amour la terre qui lui a permis de faire éclore son intelligence. Il voit les êtres des divers degrés s’entraidant sans cesse, s’entraidant parce que c’est la loi universelle. A mesure qu’on grandit, cette loi s’impose davantage ; le premier arrivé attend le retardé : c’est le frère qui attend son frère retourné sur la planète pour y travailler encore ; c’est la mère qui attend son fils ; c’est une âme qui attend ses âmes sœurs, son âme épouse. L’amour est le seul lien qui rattache les êtres à la terre ; ils peuvent attendre, ils n’y perdent rien ; ils s’élèvent même en attendant parce que c’est par amour qu’ils attendent. Il y a entre eux une communion qui les soutient, qui les leste dans les milieux fluidiques, ou qui les emporte ensemble dans les hautes régions. Cet amour entre les âmes fait comprendre l’amour de tous, et l’amour de tous fait comprendre l’Harmonie Universelle, fait comprendre Dieu. De ces hauteurs, les êtres parlent à ceux qui sont aux degrés précédents ; ils voient ceux qui les envoient, ceux qui travaillent pour leur ressembler ; ils voient aussi ceux qui ont déjà franchi leur degré de développement ; et la chaîne s’étend ainsi, à l’infini.

Oui, lorsque la matière est moins compacte, que l’Intelligence fécondée par l’amour quitte les régions du travail physique, elle élargit son cadre, elle entre dans des sphères supérieures plus pures d’atmosphère ; de là, elle perçoit un plus vaste ensemble, en cercle plus éclairé ; mais la science qui se révèle par ses feux est toujours amour. Quel spectacle ! Rien ne peut le rendre. Tout ce que la terre vous produit de joies pures, de grand amour fraternel et humanitaire, n’est qu’un atome auprès de l’amour dont sont embrasés ces splendides Intelligences.

Ces idées sur le monde et sur l’espace vous révèlent la science d’extra terre, qui est la plus importante de toutes les sciences, parce qu’elle les contient toutes ; mais, dans les milieux où la vérité n’a pas encore frappé l’oreille des incarnés, elle ne doit pénétrer que peu à peu, par gradation. La gradation est le symbole des harmonies.

Une harmonie

Parmi les mondes qui peuplent l’espace, il y en a que j’appellerai planètes intermédiaires. D’après ce que je sais, et ce que je vous donne comme mon savoir personnel, les planètes intermédiaires n’appartiennent pas à votre système. Leur raison d’existence est que l’être, se dégageant difficilement de la matière dense, a besoin quelquefois de passer un certain temps sur un globe où le périsprit est contenu dans une enveloppe moins lourde que le corps planétaire, pour s’habituer au maniement d’une matière de densité moindre. Mais il faut de nombreuses incarnations avant d’arriver à une planète intermédiaire, car nous avons d’abord à nous débarrasser de beaucoup de défauts ; il faut abattre l’écorce de l’arbre avant de pouvoir en travailler le bois.

Le fakir

L’étoile d’amour

Il est mort un soir au moment où la première étoile apparaissait dans les cieux. Il est mort en fixant ses yeux sur ce flambeau de Dieu qui brillait dans la nuit comme pour éclairer sa route pendant son voyage, son grand voyage !…

Il me dit : « Je vais loin de ce monde. J’emporte ton amour ; et je vais dans cette étoile où je t’attendrai. »

Et chaque fois que l’étoile, après le feu du jour, s’élevait dans le silence et la douce poésie de la nuit, mon cœur battait avec force et mes yeux se perdaient dans le rayonnement de l’astre où s’était enfuie l’âme de mon bien-aimé. C’était en vain que les délices de ce monde m’invitaient à (illisible) ; en vain que les fleurs se faisaient belles, que la nature se paraît d’habits de fête comme pour célébrer le printemps de mon existence. Je ne me sentais vivre, je ne me sentais immortelle que lorsque le manteau de la nuit s’étendait sur la terre et que mon étoile d’amour appelait la réalisation de mon rêve :

Rejoindre mon bien-aimé dans l’étoile d’amour !

Marie d’Alési

Note. Après sa mort, Marie d’Alési revint souvent nous donner des communications, surtout des ballades.

A propos des étoiles

N’insistez point auprès des Invisibles pour obtenir des renseignements sur les étoiles. Il y a un nombre infini de désincarnés qui ne peuvent même pas arriver à voir la première étoile, en dehors de celles qui font partie de votre système. Parmi ceux qui peuvent descendre sur la terre, il y en a qui donnent avec précision des détails qui ne doivent pas être crus parce que ces désincarnés prennent un effet de perspective pour la réalité[13]. Il y a une variété infinie dans les planètes, dans leur végétation, dans la structure des divers êtres qui les peuplent, dans leur avancement, et surtout dans leur vie sociale ; il est excessivement difficile aux habitants de l’espace, je le répète, de donner à présent une communication précise sur telle ou telle étoile ; cela nuirait infailliblement à vos études ; se serait pour les hommes un écueil qui les ferait tomber dans le fantastique outré. Le temps n’est pas venu pour ces enseignements ; aussi les divers correspondants qui vous instruisent se contente-t-ils d’encourager vos aspirations à connaître ces mondes dans lesquels il y a tant de merveilles à étudier. Lorsque les communications données sur les mondes n’ont aucun contrôle possible, leurs enseignements ne peuvent être accrédités. Ce qu’il faut avant tout, c’est faire une œuvre pour l’élévation de l’homme, une œuvre enfin qui puisse prendre le cœur en même temps que l’intelligence et infuser dans les âmes le sentiment des devoirs humanitaires et de l’avenir sidéral. Lorsque les connaissances sur l’existence dans l’espace seront généralisées, elles laisseront malgré tout une traînée lumineuse ; c’est un nouveau jalon planté sur la terre. La science de la survie sera semée dans le sillon où germera le pur froment.

Quand vous serez allégés des fluides épais qui vous retiennent à votre planète, combien vous serez plus heureux ! Vous viendrez avec nous, enfin ! Nous vous montrerons la route, et vous viendrez à votre tour, par les médiums de la terre, continuer le travail que nous avons commencé.

Les étoiles !… Les étoiles !…Ah ! combien est grande l’erreur de ceux qui se figurent pouvoir embrasser l’espace, l’univers ! Mes amis, je suis heureux pourtant de vous dire que, dans un prochain avenir, la description des étoiles sera possible.

A ceux qui demandent pourquoi les supra- terriens, qui disent tant de merveilles de l’espace, ne donnent pas des descriptions précises sur les étoiles, nous répondons : L’humanité est trop jeune encore, elle n’est pas préparée à cette haute initiation ; son jour viendra. Alors cette initiation attirera vers la terre, dans son atmosphère, des Intelligences de mondes même très éloignés ; il y aura échange de connaissances. L’humanité étant prête pour de nouvelles Nouvelles, nous reviendrons bien plus nombreux. Ah ! que ne puis-je vous dire, pour exprimer le bonheur immense que nous avons à vous apporter des éléments de progrès ! Plus tard, vous connaîtrez cette joie du devoir qui porte en elle la récompense la plus noble, la plus précieuse, que toute intelligence puisse rêver !

L’oriental

Correspondances planétaires

Le fluide astral

Lorsque la terre sera en harmonie, nous entrerons en

rapport avec les habitants des autres planètes qui

composent notre système et, par ceux-ci, avec les

habitants des autres sphères qui circulent dans l’infini.

Ch. Fourier

Votre système planétaire et votre système vital corporel vivent des rayons du soleil.

Votre système vital spirituel, ainsi que celui de tous les êtres, vit de liberté et de progrès.

L’action puissante et bienfaisante du soleil sur les mondes qui l’entourent, leur fait produire, à quelque chose près, la même faune et la même flore ; la marche ascensionnelle amène tous les êtres qui sont sur les planètes a prendre la même forme, c’est-à-dire la structure humaine, lorsqu’ils arrivent au sommet de l’échelle animale. Tous les mondes que ce soleil alimente marchent dans le même ordre harmonique. Leurs diverses productions diffèrent peu ; ce ne sont que des variétés dans la même famille ; aussi les habitants de l’espace qui peuvent voir les planètes sœurs de votre globe et aller les visiter, vous rapportent-ils que les humanités y sont à peu près identiques à la vôtre. Le progrès y est plus ou moins avancé, il peut être plus répandu sur les autres, mais en somme il est partout.

Je vois à l’horizon des âges à venir une chose possible : c’est la communication, par l’intermédiaire des Intelligences de l’espace, entre les habitants de deux planètes différentes ; puis, le progrès marchant toujours, il serait possible, il peut être, il sera sans nul doute, qu’avec des instruments d’optique d’abord, puis par d’autres inventions, vous puissiez reproduire les détails de la végétation et de la forme des habitants des planètes voisines ; de plus, correspondre avec ces planètes et arriver à des rapports presque sociaux avec leurs humanités.

Oui, le répète, de toutes les planètes qui vivent des mêmes fluides, des mêmes forces du soleil, les humanités se ressemblent et croissent de la même manière ; leurs pensées se dirigent vers vous, comme les vôtres se dirigent vers elles, et cet échange de pensées produit déjà des vibrations qui établissent une communication fluidique et directe entre ces divers mondes ; de là à la communication intelligible, vraiment matérielle - autant qu’on puisse s’exprimer en ce sens - il n’y a qu’un pas : pas de géant, sans doute, mais il se fera !

Au point de vue de l’immensité, les planètes de votre système solaire sont infiniment rapprochées. Détachées du soleil, imprégnées des mêmes rayons, nourris des mêmes fluides, elles ont entre elles de nombreux rapports et forment comme une agglomération de mondes ayant une force vitale commune. Les incarnés de ces mondes ressemblent donc à l’homme, étant tous vivifiés par la même lumière solaire. Désincarnés, ils alimentent leur périsprit, non plus par un seul fluide propre à leur ancienne planète, mais par tous les fluides répandus dans l’espace et qui forment ce que je nommerai le fluide astral ; il s’ensuit que, débarrassés de leur vêtement planétaire, des éléments nouveaux de progrès sont mis à leur portée ; ils viendront les apporter, par de nouvelles incarnations, dans leurs mondes respectifs.

Ce que j’appelle fluide astral, lumière astral, n’est point une force qui provient des rayons du soleil, mais de la plus pure émanation des fluides universels combinés. Ce fluide nourrit, entretient les périsprits libres dans l’espace ou emprisonnés dans des corps célestes ; il soutient les mondes et concours au progrès universel.

L’être en passant par des milliers de corps, a assoupli ce qu’on peut appeler la matière, par rapport à son essence intellectuelle. Les diverses conformations qu’il a prises et qu’il a pliées sous le joug de l’intelligence lui deviennent tellement soumises que, dans l’humanité d’un degré supérieur, les vibrations ne sont pas plutôt produites dans l’esprit, que l’enveloppe matérielle a obéi ; la domination de l’âme sur le corps devient très puissante, l’esprit acquière une indépendance admirable. Comment pouvez-vous douter de cette force, de cette volonté qui est en vous, de cette puissance de la pensée que vous ne pouvez définir parce qu’elle s’échappe tout aussi bien au scalpel qu’à toutes les investigations des chercheurs de phénomènes ? Cette pensée, cette volonté, cette manière d’être, cette force d’intelligence, pouvez-vous nier qu’elle soit susceptible de progrès ? Et de quel droit le nier, vous qui n’avez rien appris, vous qui ne savez d’où viennent les choses et qui ne comprenez pas vous-mêmes ! Votre être intime vous est inconnu, et vous n’avez pas su préciser le but, éclaircir le secret de votre existence même. Cela aurait dû vous tenter ? Et bien ! volontairement ou non vous revivrez encore, vous retournerez au mystérieux labyrinthe, et vous aurez peur ! Alors vous chercherez à vous reconnaître, puis vous sortirez enfin de l’ombre pour entrer dans la Vérité-lumière ! Ceux qui cherchent, ceux qui sentent, ceux qui voient en eux la forme astrale cachée sous une autre forme, ceux qui écoutent leur âme, qui la cherchent en eux-mêmes, la trouvent en se complaisant dans la vie de l’esprit qui les fait des êtres libres par rapport à leur enveloppe matérielle.

Ils peuvent beaucoup ceux qui désirent la régénération du monde. Leurs forces sont grandes. Qu’ils s’aiment entre eux, qu’ils se soutiennent, qu’ils étudient sans cesse. Ils seront des piliers puissants et inébranlables pour soutenir l’humanité dans ses luttes.

Gall

Le fluide universel établit entre les êtres une communication constante ; ce fluide est le véhicule de transmission de la pensée comme sur la terre l’air est le véhicule du son : c’est une sorte de téléphonie universelle qui relie les mondes et permet aux habitants de l’espace de correspondre avec ces mondes. Votre fluide à chacun est une modification du fluide universel.

Swedenborg

Les puissants esprits d’amour enveloppent pour ainsi dire de leurs effluves votre planète et la dirige selon les lois universelles. Le rêve de Socrate, le rêve de Platon, de Pythagore, d’Apollonius, le rêve de Jésus, le grand des grands, c’est de permettre aux hommes de bonne volonté de cette terre de vaincre les distances qui la sépare des autres mondes.

D. Y

Influence réciproque des planètes

Les mondes groupés par famille agissent les uns sur les autres. Les planètes vous paraissent éloignées les unes des autres dans des proportions fabuleuses ; il vous semblerait même que leur influence mutuelle dû être nulle en raison précisément de cet éloignement ; mais sachez que les planètes ne vous paraissent si espacées qu’en proportion de votre exiguïté ; vous n’êtes pas même l’atome, pas même le grain de sable, ni la monade infinie comparativement à ces masses qui vous portent. N’était votre intelligence, vous auriez peur de cette immensité où vous semblez perdus, et où cependant vous vivez et où votre raison s’épanouit. Ces mondes sont, au contraire de ce que vous croyez, très rapprochés les une des autres. Nous, de bien loin dans l’espace, où nous dominons les mondes de tous côtés, nous les voyons tout petits, ces mondes. Ah ! tout petit et proches voisins. Le panorama qui se déroule à nos yeux est tellement vaste, notre vue s’étend sur un tel lointain, que tout ce qui vous paraît, à vous, avoir des dimensions colossales, nous paraît à nous, minuscule comme proportions, et, du point où nous sommes, c’est à peine si l’ensemble de votre système planétaire fait tâche dans l’infini. Et, pourtant, vous faites déjà plus maintenant que de deviner les mondes !

L’espace est occupé, rempli par le travail ; il est organisé dans toutes ses parties, comme les rouages d’une machine dont la perfection est telle qu’aucun terme ne serait assez juste pour l’exprimer. Cet organisme est mis en mouvement par la force géniale que les hommes ont coutume d’appeler « Dieu ». Lorsque ces insensés viendront vous dire que la fin du monde est fixée à telle époque, plaignez-les ; ils n’ont aucune idée de la configuration des mondes, du mode d’existence des univers. Avant que votre monde voit s’éteindre son soleil, des milliers et des milliers de générations s’y succèderont encore. Comparer votre existence terrestre à la vie d’un monde, c’est comparer la durée de l’éclair au temps de l’histoire de l’homme, depuis que l’histoire a marqué cette durée.

Chaque monde est un globe de feu recouvert par une enveloppe solide, qui forme à peine l’épaisseur d’une étoffe de soie légère, en regard à la masse entière. Autrefois, malgré le refroidissement graduel de l’atmosphère, le feu central était toujours très actif, et, conséquence forcée, le sol se déchirait ; les luxuriantes végétations, les puissantes populations, s’effondraient dans des abîmes profonds qui se recouvraient instantanément de lave, phénomène naturel dans lequel la présence de Dieu n’était pour rien : c’était la loi. Puis vint l’époque où vous vivez, qui fut l’époque de l’apaisement de cette tourmente. Sous le sol mouvementé de l’écorce terrestre, quelques volcans sont restés. Le feu central est soulevé par la force électrique qui provient du rapprochement de certaines planètes de votre système, planètes dont les fluides sont d’une électricité contraire à celle de votre monde ; alors, les feux des deux mondes reçoivent instantanément une commotion. La terre tremble encore de vos jours, mais elle se déchire plus rarement.

Le progrès marche comme une marée toujours montante, et le progrès, nul ne peut l’endiguer ; il endiguera, lui, les forces de la mer et atténuera les effets des tremblements de terre. Homme ! tu atteindras le summum de la puissance ; tu arrêteras, toi, d’apparence si faible, les tourmentes de ce globe dont les feux te paraissent inextinguibles ; tu arriveras, par tes découvertes, à éviter les désastres que tu ne peux conjurer encore.

Progrès, tu es la joie de l’avenir !

L’oriental

Le progrès dans les mondes

La Vérité… c’est la lumière qui ne s’obscurcit pas

selon le bon plaisir des vues faibles ; elle emplit et

éclaire les yeux qui la fixent.

George Sand – Mme Merquem

La lumière acquise par un seul

éclaire des humanités toutes entières.

J. de L

Je vous ai envoyés moissonner où vous n’avez pas semé ;

d’autres ont travaillé, et vous êtes rentrés dans leur travail.

Jean, IV, 38.

Fils du soleil, nous sommes l’Inde, nous sommes dans l’espace la personnification vivante de la philosophie progressive de plusieurs générations. Pour ceux qui, architectes nouveaux, continuent de nouveaux âges, l’Inde antique ne doit point avoir de mystères.

Nous étions ici, lorsque, pâles étincelles encore, vous étiez dans les limbes du progrès de la terre ; vous étiez alors le monument d’âges encore moins avancés. Nous étions avant vous, vous serez après nous. Lorsque vous aurez pris notre place, nous existerons, mais nous ne serons plus pour vous, parce que vous serez nous. Nous serons partis pour recommencer une autre évolution dans des mondes qui attendent la transformation de la matière en des êtres plus libres que vous ; nous enseignerons la sagesse dans un autre monde, et ce sera nous qui irons, à notre tour, défricher ces chemins pour y semer le progrès. Vous restez, mais nous serons dans vous : vous aurez pris une partie de notre existence, parce que nous nous sommes incarnés pour que vous vous instruisiez, et nous resterons dans votre essence - matière-esprit - pour que vous suiviez nos traces.

Là-bas, bien loin de vous, mais tout près de nous pour notre vue réelle, voyez ces hautes montagnes, non point faites pour dominer la terre de leurs sommets orgueilleux, mais pour séparer les océans envahisseurs ; de là l’esprit humain brave les cataclysmes et contemple un monde dont les convulsions annoncent un développement que l’homme ne comprend pas lui-même. Nous avons été là ; nous avons vu les continents disparus ; nous avons vu les villes englouties et les continents reparaître pour recevoir de nouvelles humanités qui devaient, en progressant, instruire d’autres générations. Le progrès-amour les poussait sans qu’elles le comprissent elles-mêmes ; elles travaillaient pour d’autres, qui à leur tour devaient propager le progrès qu’elles avaient reçu. On dira un jour, quand on aura sondé les profondeurs des mers : ici ont péri des générations avancées qui avaient recueilli la science d’autres humanités. Celles qui les remplacent doivent aussi faire fructifier la science dont elles héritent ; quand vous serez partis, d’autres humanités continueront votre œuvre tout en ne comprenant pas encore bien la grandeur de la tâche.

Adieu, monde tant aimé ! terre de travail qui nous fit pourtant entrevoir le bonheur ; terre qui nous permit de comprendre déjà que l’Ame universelle, Dieu, est amour. Oh ! je dirai aux enfants de cette terre, qu’il nous faudra quitter, que nous éprouverons autant de regrets que vous éprouvez lorsqu’un ami se sépare de vous. Mais avant de nous éloigner, nous vous laisserons bien des enseignements ; nous vous laisserons notre science ; son levier, c’est l’amour.

La pensée philosophique est l’idée de la vie dans les âges ; l’esprit philosophique est le grand et beau côté de l’universalité de la pensée humaine.

L’amour est le moteur et le but du progrès.

Lorsque vous voyez un soleil, vous devinez tous les soleils ; vous savez que sa lumière est un rayon d’amour qui éclaire un univers. Emportés dans l’espace sur un atome qui marche sans fin vers son progrès, vous, étincelles de ce foyer atomique, vous marchez vers la vérité ; vous contemplez dans la face immuable de la nature le progrès que les êtres font sans cesse. Tel insecte mettra un siècle pour suivre la destinée qui existe dans le pas d’un homme ; l’homme mettra des milliers de siècles pour franchir la distance relative à un pas de la marche de la terre.

Qu’est-ce que la marche de la terre ? Comme folle de vitesse, elle gravite dans l’espace et toujours dans le sens du soleil qui est sa force, sa vie, son égide. Le soleil, maître de votre système, et inconscient, même dans son rôle de protecteur des mondes qui l’entourent, gravite sur son orbite et avance avec ses enfants à travers l’espace, nourri à son tour par de plus grands soleils toujours vivifiés par d’autres pour peupler cet espace incommensurable que la pensée humaine, dans ses conceptions les plus vastes, ne peut soupçonner. Et ainsi s’étend la vie dans l’infini, inconnu même à de puissantes Intelligences sidériennes auxquelles les vôtres ne peuvent être comparées que comme l’embryon à l’être développé.

Votre monde est vivant ; il crée lui-même. L’esprit est une quintessence de fluides qui doit absorber la matière et établir sur elle une sorte de domination. Le progrès des mondes s’effectue de la même manière. Enfants de ce globe, vous vous êtes transformés pour acquérir les facultés inhérentes à votre monde ; mais les Intelligences qui naissent de votre terre, après y avoir accompli leur travail, sont obligées de partir pour d’autres planètes afin d’étudier tout ce qui peut servir à leur avancement. Et, dans l’espace, mêlées aux harmonies qui s’y rassemblent, elles sont le fruit supérieur de l’acquis des mondes. Elles gravitent vers les plus brillants soleils, vers les purs rayons et les chaudes effluves qui descendent de l’âme universelle. Tout émane de l’esprit de Dieu, puisque Dieu est lui-même la synthèse sublime du tout.

Il est impossible à l’homme de comprendre Dieu, mais l’amour peut le lui faire sentir.

Çakya-Muni

Les humanités avancées

Parmi les mondes qui peuplent l’espace, il y en a un nombre infini qui servent au développement de certaines catégories d’Intelligences. Chaque monde a sa catégorie parce que les planètes sont différentes entre elles par leur nature. Les êtres y accomplissent leur perfectionnement sous diverses formes. Si la forme humaine dont vous êtes revêtus vous paraît merveilleuse, non sans raison, il ne s’ensuit pas que les formes que l’on trouve dans d’autres systèmes soient moins belles que la vôtre, parce qu’elles ne lui ressemblent pas ; bien loin de là ; mais, dans les planètes de votre système solaire, l’être le plus élevé sur l’échelle animale prend une forme analogue à la forme humaine.

Je vous ai dit que chaque planète produit des êtres différents. Passons à celles qui semblent être formées pour attirer à elles les Intelligences avancées d’un grand nombre de sphères. Là, les âmes dégagées de divers mondes vont se réincarner, apportant chacune l’expérience de son long passé. Elles s’incarnent, je devrais dire se matérialisent seulement, car elles naissent sans que l’enfantement soit pénible comme il l’est dans les petits mondes. Là, ces âmes incarnées s’instruisent entre elles du passé, dont elles ont la même réminiscence complète : c’est un progrès. Dans ces planètes, il y a beaucoup plus à apprendre que sur les terres de votre système solaire, et l’esprit y trouve un champ plus vaste et plus fécond à cultiver. Les êtres meurent dans ces mondes. Ils y meurent parce qu’ils y sont nés ; en y naissant, ils ont pris des fluides épais ; ils doivent tomber dans le sommeil de la mort pour laisser à ce monde la matière dont ils s’étaient servis.

Que font alors ces êtres ? Arrivés à un si haut degré d’intelligence et de savoir, doivent-ils rester dans un état latent, dans la contemplation en eux-mêmes de ce qu’ils ont acquis ? Non ! le travail est partout, il est constant ; partout on est porté à s’instruire encore, parce que toujours, et à jamais, surgissent de nouvelles merveilles à étudier.

Représentez-vous ces groupes d’Intelligences lumineuses qui forment chacun comme une étoile éclairant la marche d’autres étoiles. Chaque rayonnement est libre, individuel, et pourtant lié au faisceau de lumière auquel il appartient. Ces Intelligences sont arrivées, par leurs diverses incarnations, à une espèce d’assouplissement de leur périsprit ; elles acquièrent un corps fluidique mixte qui est fait sur le modèle des plus belles formes de l’ensemble de leurs incarnations passées. Ces corps sont toujours jeunes, toujours sveltes et gracieux ; la forme en est pure et noble, et le doux rayonnement qui éclaire le visage s’augmente sans cesse. La lumière de ces êtres se répand de plus en plus autour d’eux ; leur cercle lumineux s’étend toujours davantage, et ils voient de plus loin. Ce qui fait le bonheur le plus grand, après l’amour que les êtres ont entre eux, c’est l’étendue de la vision dans ce grand œuvre que les terriens appellent « l’Univers ». Ces grands voyants passent comme un météore brillant auprès d’autres légions d’Intelligences moins élevées, et entre les groupes qui se rencontrent il y a un ravissement incomparable ! Les uns voient avec bonheur ce qu’ils deviendront un jour, et les autres, dans leur grandeur, voient ce qu’ils ont été, ce qu’ils sont devenus. Ils envoient des fluides d’espérance et de force à ceux qui désirent devenir comme eux ; c’est un échange éternel de dévouement.

Où vont ces brillantes Intelligences ? Où portent-elles leurs pas ? Où se dirige le nuage fluidique qui les entraîne ? Elles vont toujours pensant, toujours cherchant… Hommes de la terre, il faut vous faire à l’idée que, quelque élevé que l’on soit, il y a toujours de nouvelles grandeurs à conquérir, de nouveaux mondes de plus en plus merveilleux à explorer.

Elles travaillent toujours, ces Intelligences-lumières, et, pour se reposer, elles reviennent sur leur passé. En retournant vers ces mondes où elles ont gravité, elles retombent dans un espèce de sommeil. Ce sommeil est réparateur pour elles, car partout on dépense et partout on a besoin de reprendre des fluides, quelque subtil, quelque peu matériel que devienne le périsprit. C’est un doux rêve pour des Intelligences, au milieu de leur félicité, que le retour vers le passé, surtout vers les petites planètes, revivre en pensée leurs durs travaux, leurs efforts persistants pour arriver à leur état actuel ; puis elles se réveillent plus fortes. Admirable synthèse des fluides ! C’est souvent sur le passé, sur le matériel d’eux-mêmes, que les êtres puisent les fluides qui les soutiennent pour travailler à nouveau, de même que les planètes puisent des forces pour soutenir les esprits dans leurs hautes altitudes intellectuelles. L’inconnu se présentant toujours devant ces êtres, ils s’arrêtent, étudient, envoient des secours

aux mondes qu’ils observent et qui leur doivent de grands bienfaits.

A l’état d’éveil, ces Intelligences peuvent-elles revoir leur passé ? Peuvent-elles se reporter par la pensée à tous les incidents de leur vie, si longue déjà ?

Oui, je vous l’ai dit, elles voient les plus petites actions, car leur moindre pensée s’est imprimée sur leur périsprit, et elles ont ainsi une profonde connaissance de tous les événements qui leur sont arrivés. Elles dorment pour se reposer et reprendre des fluides aux planètes parcourues, mais, réveillées, elles voient tous les mondes qu’elles ont suivis ; en projetant leur lumière sur l’un de ces mondes, elles peuvent se rendre compte de ce qui s’y passe, constater les progrès des humanités et même les aider. Le bonheur qu’elles en éprouvent est inexprimable.

L’espace est rempli de ces sidériens. Leur dévouement entre eux est incomparable : l’amour les guide. Pour donner satisfaction à une âme qui s’est déjà séparée d’un monde, ils la prennent sur leurs ailes protectrices, éclairant de leur lumière le monde échu au progrès de l’être qu’ils soutiennent : ils lui font voir la terre qu’il ira habiter, les beautés qu’il y rencontrera et sa grandeur au progrès lorsqu’il sortira de cette nouvelle lutte, après diverses évolutions. Ils font plus encore, ils disent à cette âme : « Va, suit le rayon fluidique qui te conduit, suit cette route éclairée et va un instant visiter ce monde ; regarde les ravissants paysages, les riants bocages, les ruisseaux charmants qui les parcourent ; écoute les chants d’oiseaux, écoute, écoute les mille bruits du travail pour le progrès. Veux-tu parler aux humains de ces mondes ? Observe un de ces êtres dont l’intelligence s’envole momentanément, prends possession de lui ; entends le langage que tu parleras toi-même ; constate les usages, le degré de science et de perfection de ce peuple dans toutes les branches de ce qui constitue le progrès des nations ; et puis, tu reviendras auprès de moi, et, te pressant dans mes bras, je t’endormirai et te coucherai, comme un nouveau Moïse, dans le berceau qui t’attend sur les confins des fluides de ce monde, et ces fluides, comme les vagues d’un océan, te porteront doucement sur la plage de l’humanité où tu dois prendre une place. » C’est ainsi qu’ils montrent la route à un nouvel arrivant qui sera bientôt un nouvel arrivé, c’est-à-dire un nouveau-né.

Un esprit de Vérité

Douzième série
L’amour au-delà du tombeau

C’est la fleur de l’Eternité.

C. Chaigneau

La science cherche encore, l’amour a trouvé.

Balzac - Séraphita

Le temps et l’amour

Aimer, voilà la seule chose qui puisse occuper et

remplir l’éternité. A l’infini, il faut l’inépuisable.

Victor Hugo

Le temps est implacable. Il passe, et de sa faux tranchante il frappe fatalement tout ce qu’il rencontre. Sa menace de mort semble aller au devant des choses les plus belles ; les monuments aux grandes richesses architecturales, aux sculptures admirables, labeurs des artistes dont s’honorent les nations, les palais, les cités, tout est renversé ! Tout cède au Temps, tout ! Il met pourtant un art infini à construire, à laisser se développer l’œuvre, parfois jusqu’à plein épanouissement de la beauté. Pur caprice et inconstance, semble-t-il. Il détruit ses chefs d’œuvres en un jour pour aller sans cesse vers l’éternel renouveau. Il fait grandir l’enfant, courber le vieillard ; il grave le souvenir ou bien l’efface ; il apporte à la fleur le rayon printanier, il la contemple un instant lorsque, aspirant la vie, elle ouvre ses pétales diaprés, puis il l’abandonne à la chaleur desséchante ; elle s’étiole… et le temps a fui ! Son éternelle inconstance l’a porté vers le devenir nouveau.

O Temps, quelle est ton œuvre ? Détruire toujours ! Si le charme, tout ce qui est poésie, te captive un instant, c’est comme pour fuir bientôt, lassé de la beauté que tu as faite toi-même. O Temps ! ô temps ! y a-t-il une puissance qui te domine ?

Oui !… C’est la force éternelle, Temps… C’est l’amour ! L’amour laisse fuir le temps ; le temps ne laisse jamais finir l’amour. L’éternité est au-dessus des temps. L’éternité, c’est la vie dans l’amour !

Clairon, célèbre actrice sous Louis XV

Dualité

C’est par la dualité et non par la simplicité que

l’on s’élève à la plénitude de la vie.

Jean Raynaud

Science, esprit, beauté, jeunesse, fortune, tout ici-bas

est impuissant à donner le bonheur… sans l’amour.

Saintine

Dans l’univers, il y a deux choses étroitement unies ; c’est ce qu’il est convenu d’appeler « la matière et l’esprit ».

La matière est alliée à un force intelligente, force fluide, invisible pour vos yeux. Cette force fluide fait mouvoir les corps et donne toutes les impulsions à la matière pour les transformations successives. Fluide et matière, force et matière ou esprit et matière, voilà la dualité qui existe en tout, qui relie et unit tout dans l’univers.

Le fluide est latent dans le minéral ; il est déjà la vie dans la plante ; il devient plus puissant dans l’animal, il arrive dans l’homme à son apogée pour cette planète. L’essence de ce fluide, suivant ses manifestations, se trouve prendre telle ou telle qualité spéciale. Certaines plantes ont besoin non seulement des rayons du soleil et de la rosée du matin, mais encore de plantes d’une qualité d’essence autre que la leur, d’autres plantes, enfin, desquelles elles veulent avoir bonheur et joie - la solidarité s’impose partout ; - ce bonheur se fait lire dans sa beauté et l’épanouissement de la fleur, dans la force de la tige. Il en est de même pour les animaux, de même pour les Intelligences qui se reconnaissent lorsqu’elles sont arrivées à un très haut degré de l’échelle du progrès. Pour que les êtres s’élèvent, aiment, pour que la fleur d’eux-mêmes - Intelligence - s’épanouisse, il faut autour d’eux, dans leur rayonnement, une autre fleur, un autre esprit, voilà pourquoi vous avez senti que, pour tout ce qui est vie, il y a quelque chose qui veut prendre le nom d’époux.

Pourquoi, demanderez-vous, deux fluides convolent-ils en noces d’avenir éternel ? Parce que certaines particularités des fluides les font vivre les uns des autres.

En quels temps, en quels lieux ces unions se produisent-elles ? Toujours partout. Mais il y eut toujours, toujours, un rapprochement instinctif ; toujours, dans cette longue suite des temps, les deux fluides alliés, les deux fluides époux, dissemblables dans leurs diverses adaptations comme matière, comme caractère, se sont suivis avec des tendances de rapprochement de plus en plus prononcés. Cette affinité inconsciente, passive, pour ainsi dire, dans les règnes inférieurs, devient sensible chez les êtres d’un degré plus élevé ; elle doit subir les fluctuations, les perturbations du développement moral et intellectuel ; elle s’épanouit quand l’Intelligence, déjà victorieuse de la matière, apprécie la beauté de l’âme, la recherche et devient apte à comprendre le bonheur incomparable des âmes épouses. Estimez-vous heureux, vous qui êtes arrivés à connaître ces mystérieuses filiations des âmes. Dans la plénitude du bonheur, de la possession de l’être aimé, vous avez la compréhension de ce qu’il fut pour vous, et de ce qu’il sera dans l’avenir éternel.

Tout se lie et s’enchaîne dans l’univers, et chaque parcelle de ce qui est matière ou esprit, chaque chose, même la plus imparticulée, reçoit d’une autre, force et embellissement.

La matière et l’esprit composant la substance du grand cosmos renferment les principes des êtres. Ces principes sont de toute éternité et s’attirent entre eux ; il y a harmonie entre les embryons d’êtres, harmonie entre les grandes Intelligences de l’espace. Les embryons d’êtres se suivent par un instinct attractif ; l’instinct de la reproduction. Les âmes épouses ont été nomades, cellules, larves, papillons…

Dans les règnes inférieurs, les âmes séjournent un temps indéfini, un temps que vous n’oseriez compter, car las âmes ne progressent pas aussi vite qu’on le croit généralement ; dans les diverses phases de leur évolution, les âmes suivent la progression matérielle du globe. Les âmes épouses, pendant de longs siècles, s’attirent, se séparent ; il n’est donné qu’aux êtres avancés de connaître et de sentir l’amour dans sa ravissante dualité. Ce n’est que depuis que l’humanité a vu son progrès, a senti sa destiné, que des âmes unies ont pu quitter cette sphère pour aller continuer leurs travaux dans des mondes plus avancés que la terre.

Les âmes suivant le progrès matériel de leur planète, il est impossible à l’humanité d’apparaître dans les âges où la terre convulsionnée n’eût eu pour elle qu’une série de cataclysmes, et où le travail de l’homme, tel que vous le voyez, n’eût pu s’accomplir. Les êtres qui ont précédé l’humanité sur la terre se sont réincarnés, ils sont devenus des hommes, parce que la terre, en se modifiant, leur a permis de prendre des systèmes beaucoup plus en harmonie avec leur progrès. Ces êtres ne connaissant point la sublime dualité ; non, non ! Cette joie suprême n’a été donnée qu’à un petit nombre d’hommes avancés.

Quand les âmes épouses ont suivi leur long chemin à travers les âges, liées par le travail fait ensemble, leur réunion devient éternelle, l’amour ne peut que s’augmenter, l’éternité les garde.

La théorie des âmes épouses soulèvera des objections. On dira que dans la même existence on peut aimer plusieurs fois, et même se sentir le cœur partagé. C’est que, souvent, on prend l’amour des sens ou l’amour d’imagination pour l’amour réel[14], c’est que sur la terre, on n’est pas encore assez développé pour pouvoir reconnaître l’âme qui doit s’allier à la vôtre ; quand on a se bonheur, c’est qu’on arrive vers les confins des existences terrestres. Quand, pour s’épouser, on ne sera plus guidés par l’appât de la fortune, de la naissance ou des charmes physiques, si éphémères, lorsque le cœur seul parlera fortement, lorsqu’on sentira en soi cette rosée d’amour pénétrante fécondant l’amour qui commence à grandir pour l’être que l’on appelle de tous ses vœux, alors, on pourra trouver le bonheur d’avoir, dès cette terre, l’âme de son âme pour épouse, et l’amour se grandira de mille coudées.

Du reste, la théorie des âmes épouses n’est pas nouvelle. Les poètes du passé, les grands poètes de l’Inde, de la Grèce, avant ces derniers, ceux de l’Egypte, et tant d’autres qui se rapprochent de vous, ont chanté l’âme de leur âme.

L’oriental

Chacun a son âme d’amour. De même que vous vivez de votre être, vous vivez de l’âme épouse. Si quelquefois vous aimez plus votre femme que vos enfants, c’est, laissez-moi vous le dire, c’est que l’idéal d’amour est dans vos deux âmes. Vos enfants, à leur tour, trouveront leur âme d’amour.

Quand une âme d’amour a laissé son épouse sur la terre, elle s’en constitue souvent la protectrice et plane au-dessus d’elle, même lorsqu’elle ne se voit ni connue, ni comprise, ni aimée.

L’amour a une flamme, un rayon : les rayons s’unissent, et les âmes, rayons divins, ont leur grande réunion là-haut.

Nos fluides ne sont pas créateurs sur la terre : mais dans l’espace, nous sommes toujours créateurs de feux d’amour pour les âmes que nous aimons. Là, tout ce qui vient de la terre s’est élevé en s’épurant, en s’idéalisant, et, si nous nous retrouvons, père, mère, frères sœurs, c’est pour arriver au grand amour-Dieu, dans lequel tous les amours sont renfermés : dans l’amour éternel des âmes épouses.

Marie Aux Chrysanthèmes

Amour et mariage

Dieu est partout, dans tout, et tout est en lui !

Je ne sais, mes amis, si je ne pourrai m’exprimer avec toute la facilité de mon frère Couc Dijla (Couc Dijla était un de nos habitués), qui, lui, a plus que moi l’habitude de venir vous parler. Le grand amour que je vous porte m’a aidé à franchir des barrières.

Notre œuvre, comme vous le savez, est toute de charité, et qu’est la charité, sinon l’amour ? Je vais donc essayer de vous dire en peu de mots, ce que nous, Fakirs, Brahmes, Prêtres de l’Inde antique, nous entendons par amour.

L’amour est un, car l’amour est Dieu.

Il y a d’abord l’amour que vous appelez l’amour charnel : cet amour vient de Dieu aussi, mais l’homme se laisse parfois trop dominer par les sensations de son animalité ; ce n’est plus une loi alors, mais une difformité de l’esprit. L’amour charnel rapproche deux corps, rapproche la matière de la matière, et, si l’amour charnel n’est pas accompagné de l’amour spirituel, l’amour charnel est repoussant !

Beaucoup s’imaginent, parce qu’ils ne connaissent pas la Vérité, que sans l’amour charnel, l’amour n’existe pas. Rien de plus faux, de plus tristement faux, pour ceux qui ne voient pas au- delà. Non pas que je veuille vous prêcher la chasteté absolue, non !

(Ici, je crois, en répétant les mots, prévenir Le fakir qu’il parle trop vite.)

Veuillez, chère amie, ne jamais interrompre ni répéter mes paroles à haute voix ; elles me viennent comme un écho, et je ne puis continuer.

Il y a une différence entre une chasteté absolue et la loi de Dieu. L’amour sensuel entre deux êtres qui sont attachés l’un à l’autre peut être chaste ; il est dans la loi de Dieu ; mais deux êtres qui ne trouvent dans l’amour que l’attraction de la chair ne s’attachent pas. Ce sont des fluides grossiers, matériels, qui les unissent, ce n’est pas l’amour.

Pour nous, le mariage n’existe que devant Dieu ; pour vous, il n’existe que dans votre loi. Pour nous, le mariage signifie le lien spirituel qui unit deux cœurs pour n’en faire qu’un, qui unit deux pensées pour n’en faire qu’une. Ce lien est si étroit que, quand l’un dit à l’autre : « Tu », il dit : « Moi ». Le seul lien que nous comprenions en amour, c’est le lien mystérieux qui fait que deux âmes suivent toujours leurs pérégrinations dans le progrès. Ces deux âmes arrivent fatalement à n’en former plus qu’une par la pensée et le cœur. Pourquoi ? C’est parce qu’elles s’attachent, que la joie de l’une fait la joie de l’autre ; que le malheur de l’une fait celui de l’autre. Cependant, dans le malheur on éprouve encore de la joie, car l’un console, et l’autre est consolé.

L’amour qui unit des âmes épouses, voilà notre mariage à nous. Le mariage sans amour est un blasphème, et ceux qui blasphèment perdent leur temps. Quand ils reconnaîtront leur erreur, ils seront obligés de recommencer. Si le mari dit : « Je t’aime » en voyant se dresser devant lui l’image d’une autre femme que la sienne, il ment à sa femme, il ment à Dieu. Si l’épouse dit : « Je t’aime » et qu’elle n’aime que la fortune de son mari, elle commet un blasphème. Oui, ils sont mariés de par la loi des hommes, mais devant Dieu ils sont adultères. Terribles sont les conséquences de leur faute, surtout, surtout s’ils connaissent la vérité ! O amis ! que de peines l’humanité se serait évitées si elle voulait comprendre que dans le mariage ce n’est pas l’amour charnel qui doit vous unir, que ce n’est pas l’intérêt qui doit vous guider, mais le vrai amour. Que de pleurs versés, que de crimes épouvantables au nom du mariage quand il y a lieu d’écrire, non pas mariage, mais adultère ! Combien est grande la peine morale de ceux qui, forcés par la loi humaine de vivre ensemble, passent une vie de mensonges vis-à-vis l’un de l’autre ! Que de tourments intimes qu’ils n’osent avouer et qui les brûlent comme un feu intérieur, et que d’épouvantables rêves ils doivent faire s’ils disent chaque soir : « Je t’aime » tandis qu’ils se supportent à peine.

O Dieu ! Toi qui est amour, fait comprendre que le mariage n’est point fait par la loi, mais par l’amour vrai. Triste, triste terre, où nous sommes obligés de parler ainsi !

Heureux ceux qui connaissent leur âme épouse. Oh ! heureux est celui pour qui on la trouve et à qui on la donne, et malheur à celui qui la repousse et dit : « Non, non ! Pas de folie ! La vie m’est douce, je ne veux pas souffrir par l’amour, qui peut être un long sacrifice. » Heureux celui qui, comme Le fakir, ont appris que la patience aide beaucoup à supporter les épreuves et qu’il doit suivre la loi d’amour.

Que la joie que donne le vrai amour soit avec vous !

Daja-Dajl, fakir

Duo d’amour

Nocturne

Ceux qu’on aime toujours, on ne les perd jamais.

Paul Vrignault

Première voix

La nuit est silencieuse et sereine : les bords du fleuve sont déserts : les lampes d’or des cieux s’allument : la brise passe, souffle parfumé par les senteurs enivrantes des fleurs écloses sous un soleil de feu : le Gange roule ses eaux sacrées : mes yeux se reposent sur leur banche écume, et ma pensée s’élance vers Elle que j’attends.

Il est doux de s’égarer dans les bosquets qui, la nuit, sourient encore à leur beauté du jour ! Dans la feuillée, le chantre des bois mêle ses notes mélodieuses aux chants des cigales, tandis qu’au loin, dans les montagnes, les rugissements des fauves, apportés d’écho en écho, accompagnent sourdement les plus doux concerts. Inde, pays des contrastes, pays du soleil, je te chante ! je te chante comme un présent de la nature.

J’aime !.. , J’aime !… Sous quels cieux pourrait-on mieux aimer ? Y a-t-il dans la nature des parures plus magnifiques que celles de ce pays enchanteur, l’Inde ?

J’écoute !… J’écoute !… Mais le sable ne crie pas encore sous le bruit de ses pas. Elle viendra ! Mon rêve d’amour appelle son rêve d’amour, ma joie appelle sa joie, mon cœur fait battre son cœur, mon âme chante le chant de son âme. Elle viendra ! Et sous les berceaux fleuris, à la clarté des étoiles, je verrai ses yeux pleins de tendresse et de charme, étoiles tombées des cieux ; oui, ses yeux sont des étoiles qu’elle a dérobées pour moi au Dieu jaloux d’amour.

J’aime !… J’aime !… Elle est si belle !… J’aime avec elle la solitude sous les grands arbres qui bordent le fleuve sacré. Là, nous chantons l’amour, nous en Lui et Lui en nous. L’espérance de l’amour sans fin illumine notre âme : délices indéfinissables et infinissables ! L’oiseau, le grillon, la fleur, tout chante l’amour. L’amour fait éclore tout ce qui est ; le brin de mousse lui-même est une éclosion d’amour.

O Force des forces, Harmonie des harmonies, Cœur des cœurs ! Toi, qui n’a donné que l’amour comme clé du mystère dont tu t’entoures, ah ! qui que tu sois, je t’aime !… je t’aime ! C’est pour toi, qu’Elle et moi formons une Dualité d’amour.

J’entends ses pas harmonieux, sa marche légère comme celle d’une déesse de la nuit. O Eternel ! nous allons te chanter dans un hymne d’amour. Dieu augmente notre amour, et notre amour augmente Dieu.

La nature sommeille ; les étoiles étincellent ; leur reine se lève et semble marcher dans l’espace au milieu de sa cour, et la nuit prépare sa rosée pour les vertes prairies.

Gusma respire la brise fraîche et embaumée. Ses regards à demi voilés se perdent dans les arcanes des cieux et semblent vouloir pénétrer les mystères de leur profondeur. Elle chante, et le bien-aimé écoute ; il regarde avec des yeux attendris ; il l’admire ainsi, statue vivante aux formes nobles et pures, que dessine sa tunique légère. Ses longs cheveux flottent au souffle de la brise et tombent, avec une grâce adorable, sur sa taille souple et élancée.

Seconde voix

O Toi, qui est le rayon de nos ombres ! Toi qui es, sans que nous, créatures infimes, puissions te connaître, sans que nous puissions t’aimer comme nous le voudrions ; Toi qui te manifestes par l’amour, je te chante ! C’est par l’amour que je te devine et que mon chant, hymne de joie, s’élève vers Toi ! Toi qui fais éclore au soleil levant la fleur que va cueillir mon bien-aimé, Toi qui dores les fruits qu’il est jaloux de me servir, Toi qui fais couler la source fraîche et limpide qui jaillit en bouillonnant du rocher aride sur lequel la fleur ne peut s’ouvrir, Toi à qui doit la femme d’avoir un bien-aimé, Toi qui dans la vie lui donnes le plus d’amour parce qu’elle a plus de peine d’amour, Toi… Toi… qui fis venir vers moi celui que j’aime, celui dont la vie augmente ma vie, celui qui m’a fait comprendre le bonheur que nous aurons dans les étoiles, promesses de Toi ! Ah ! combien dans ces soleils on doit mieux vivre du bonheur d’aimer !

Dieu ! Tu te révèles par la femme qui est ton symbole, s’il est vrai que c’est Toi qui crées par l’amour de tous les êtres.

L’oriental et Gusma

Frissons d’hiver

Oui, quand nos jours d’absences auront été comptés,

Quand, par divers chemins, nous serons remontés

Dans le sein créateur d’où nos âmes jumelles

Descendent ici-bas, se reconnaîtront-elles ?…

- Je m’oublierais moi-même, Ô Laurence, avant toi !

Lamartine - Jocelyn

L’autan souffle avec violence : il dépouille les arbres de leur vêtement jauni, et les feuilles arrachées s’en vont tourbillonnant dans le vent qui mugit et les emporte ; elles passent tristement dans les allées désertes d’où, s’élevant bien haut, elles vont retomber au loin dans les vallons jadis poétiques, jadis enchanteurs. L’oiseau ne chante plus, il ne se pose plus sur la branche fleurie, il ne lève plus sa tête charmante vers les cieux empourprés des tons d’or du soleil. L’arbrisseau, à la tige aujourd’hui desséchée, ne se penche plus sur le ruisseau qui lui servait de calice : ce ruisseau, dont l’onde murmurait comme une musique répétée par les échos, ce ruisseau aux bords fleuris, est devenu torrent ! Les harmonies champêtres, les chants de joies de la nature, tout se tait. Le printemps et l’été ne sont plus, c’est l’automne, bientôt l’hiver.

Oh ! l’hiver, l’hiver ! Je frissonnerai quand la neige étendra sur la terre son froid suaire. Lorsque les branches dépouillées s’attacheront la neige sur le givre, lorsque la brise âpre soufflera, ô ma bien-aimée, viens auprès de moi, viens si je frissonne, alors !

La nature va s’endormir d’un long sommeil. Pourquoi semble-t-elle vouloir que je m’endorme avec elle ? Lorsqu’elle se réveillera, elle, elle revivra le printemps, elle revivra l’amour ; mais moi, ma bien-aimée, si je m’endors avec elle, qui donc me réveillera ? Sera-t-elle assez cruelle pour me laisser dormir toujours, ou me réveillera-t-elle aussi avec la joie du printemps et de la vie nouvelle ? Oh ! dis à la nature qui s’endort, à la nature qui se glace, dis-lui de ne point me faire frissonner sa mort !

Vois-tu notre passé ? Te rappelles-tu nos projets d’avenir et le bonheur entrevu comme dans un rêve devant se réaliser au printemps prochain ? Ah ! si je frissonne tu me réchaufferas, n’est-ce pas ? Ton souffle si pur, ta voix si douce et si caressante, me rendront la vie que voudraient emporter les frissons d’hiver !…

Voici la neige. Comme j’aurai froid quand elle me couvrira ! Oh ! jure-moi que si les frissons d’hiver faisaient échapper mon âme de la terre, oui, jure-moi de m’aimer toujours, toujours !…

Mais que vois-je ? admirable contraste ! Ici, la neige, la bise glaciale, et devant mes yeux les cieux entrouverts ! Une étoile approche pour que je puisse l’embrasser et reprendre vie en elle. O monde éblouissant, monde rempli de clartés, monde plein d’oiseaux qui chantent et de fleurs aux couleurs inconnues, tu m’attires !…

Je frissonne… j’ai le frisson d’hiver ! Jure-moi encore de m’attendre, car je vais partir pour un monde enchanté. Là, je bâtirai une cabane rustique, j’irai te cueillir des fleurs, des fruits ; je te tresserai des couronnes. Attends-moi, car je viendrai quand tu auras le frisson d’hiver, et je t’emporterai dans le monde des merveilles où l’amour et le printemps sont éternels.

Paul D

Note. Paul D. mourut jeune. Pressentant sa fin (il était poitrinaire), il promit à ses amis incrédules de leur prouver la survie en revenant après sa mort leur apporter encore de ses œuvres. Il tint parole et reparut même dans deux réunions et par deux médiums différents. Ses ballades et ses poésies gardent le caractère de la profonde mélancolie qui lui était habituelle. Il endormit le médium pendant qu’une dame jouait au piano un morceau intitulé « Frissons d’hiver ». C’est sans doute la tristesse de cette mélodie qui a attiré Paul parmi nous.

L’amour sur la terre et l’amour dans l’espace

Cette communication a été obtenue, exceptionnellement, sans sommeil, par intuition

Vous croyez à la puissance de l’électricité fixée dans

l’aimant, et vous niez le pouvoir de celle que dégage l’âme !

Balzac

Premier Chant

L’arbre qui abrita sous son ombrage les doux serments de Marcel et de Gilberte a laissé tomber sa dernière feuille ; ses branches nues se tordent comme des serpents noirs auxquels le vent prête ses sifflements aigus ; des corbeaux attroupés déchirent d’un vol rapide le ciel chargé de neige : ces oiseaux de mort cherchent un cadavre.

Pourtant, là-bas, au loin, des lumières ruissellent, et l’on entend tinter un joyeux carillon de Noël.

Ecoutez !… Un glas funèbre l’accompagne de ses notes sourdes.

- Pourquoi cette maison en fête ?

- Marcel se marie.

- Pourquoi ce glas funèbre ?

- C’est que Gilberte est morte.

Deuxième chant

Oui ? Gilberte est sous la terre ! La neige lui a fait un second linceul ; plus rien ne reste d’elle, pas même le souvenir, car le remords n’est point venu troubler la nuit d’amour de l’heureux Marcel.

Voici le riant soleil qui réveille la nature et lui rend son domaine de fleurs et de chants d’oiseaux ; les branches de l’arbre verdissent, et les serpents noirs disparaissent dans l’épaisse feuillée… Mais nul écho d’amour ne raisonne plus sous l’abri mystérieux !

O prodige ! une douce lueur éclaire tout à coup le banc de mousse, et deux êtres divinisés s’y tiennent embrassés.

C’est Gilberte. Sa beauté radieuse a idéalisé l’image ébauchée sur la terre.

- Et la grande ombre voilée qui murmure à son oreille de suaves mélodies, est-ce Marcel ?

- Non, Marcel est vivant ; il est la proie d’une femme de la terre. Marcel était l’épreuve, la coupe d’amertume dans laquelle il avait fallu mettre l’ivresse pour qu’elle pût être vidée. L’ombre vêtue de blanc, c’est l’âme épouse qui attendait en pleurant le cœur déchiré qu’elle n’avait pu instruire.

Qui donc oserait se plaindre du cilice qui a meurtri sa chair s’il doit servir à tisser la blanche robe des fiancés pour la vie éternelle ?…

R.

Sur le bord du fleuve bleu

Ballade

Ici le cœur tarit,, les longs bonheurs sont courts.

Ton âme a sa patrie où l’on aime toujours.

Lamartine - Jocelyn

Sur les bords du fleuve Bleu se penche la blonde Emmy, Emmy est aussi belle qu’une reine et aussi pauvre qu’une bergère. Emmy, la blonde fileuse, s’est enfuie de la cabane, et, penchée sur le flot, elle lave un linge blanc. Or l’enfant n’entend pas le murmure du grand fleuve, ni les soupirs de la brise, ni les concerts des oiseaux, car elle écoute son cœur qui chante, et ce que chante son cœur la fait rougir. « Vais-je faire bien mal ! vais-je faire bien, bien mal ? » C’est une question qu’elle se pose sans pouvoir jamais y répondre, car la pauvre enfant a trop d’innocence pour pouvoir la résoudre. Mais elle croit faire moins mal en faisant sourire qu’en faisant pleurer.

Et le grand fleuve murmure sa chanson triste.

Le soleil se couchait, jetant des teintes roses sur l’eau argentée. Emmy se souvint que sa tâche n’était pas finie, et elle se remit à laver le linge blanc et fin comme un ouvrage de fée, une nappe d’autel qu’elle voulait offrir ; et elle la voulait bien blanche, car c’était une nappe d’hyménée.

Emmy songeait, et parfois, en songeant, elle restait immobile comme une statue, ses deux bras d’ivoire à demi plongés dans l’eau. Tout à coup, elle tressaillit, et, comme elle chassait les pensées de son cœur, elle entendit la voix du fleuve qui disait : «  O enfant, lave, lave ce linge, fais-le bien blanc, car il sera ta parure, ton voile nuptial ; fais le bien blanc : il sera ton linceul. » Et l’enfant frissonna !

Et voilà qu’elle entendit une autre voix qui effaça l’impression de ce que le fleuve lui avait murmuré, une voix bien douce, une voix qu’elle aimait. Et, se soulevant à demi, elle se suspendit presque au-dessus du fleuve pour voir passer celui qui parlait. Se soutenant aux branches d’un saule, elle écouta et elle vit ; elle vit passer deux hommes, deux cavaliers élégants. Et l’un d’eux était le bien-aimé, sir William, le beau châtelain qu’elle avait vu et que de loin elle avait pris pour un prince, presque pour un Dieu ; sir William, qui lui avait parlé souvent et lui avait dit de douces paroles, de ces paroles qui séduisent les jeunes filles avant de les convaincre. Elle l’avait écouté la veille et lui avait promis, pour le lendemain, le bonheur.

Ils passaient. L’ami l’engageait à partir. « Non, je ne puis, en vérité, non, je ne puis partir ce soir, car des affaires (et il souriait), des affaires sérieuses me retiennent ici. Trop longtemps j’ai filé le parfait amour avec une petite bergère, trop longtemps j’ai dit des niaiseries à une jeune fille, j’ai attendu trop longtemps, j’ai trop soupiré, pour m’en aller quand je touche au but. Laissez moi cueillir le fruit d’or, et ensuite je partirai. »

Quand l’enfant eut entendu ces paroles, elle lâcha la branche et glissa dans l’eau. Le grand linge blanc l’entoura…

Le lendemain, quand le soleil se coucha de nouveau, William passait près du fleuve, pimpant, glorieux, vainqueur. Il appela Emmy une fois, deux fois ; avant la troisième, elle était devant lui, plus belle que jamais, la lumière au front, le sourire aux lèvres, la flamme aux yeux, appuyée contre un saule, levant son bras blanc. Il s’approcha. - « Enfin ! dit-il, je craignais que tu n’eusses manqué de parole. » - « Moi, Monseigneur ! Mais il serait trop triste pour vous d’avoir si longtemps soupiré et raconté des niaiseries à une petit bergère ! Non, Monseigneur, je vous ai donné ma parole, et je la tiens : je vous ai promis de venir, je suis venue. » D’abord il fut étonné, inquiet, mais elle sourit, devinant sa pensée. Alors il étendit le bras pour l’enlacer : il ne trouva que le vide !… Il chercha : rien !… Il regarda partout : personne !.. ; Il appela : rien, rien !… Seulement, comme une lueur attira sa vue sur le fleuve, il vit Emmy couchée sur le flot, enveloppée dans son blanc suaire…..

Alors il se sentit pénétré par un rayon de lumière qui était un souvenir : il était venu sur la terre pour aimer cette femme, qu’il venait de tuer ! Pour elle, pour elle seule, il avait voulu revivre.

Après avoir erré quelque temps, il se trouva dans la chaumière où la pauvre Emmy avait été portée auprès de sa mère. Honteux d’avoir voulu entraîner cette enfant à sa perte et d’avoir oublié sa promesse, il voulut lui demander pardon. Il trouva la chaumière grande ouverte, et sur le lit la blonde fileuse étendue dans son - « voile nuptial » - avec ses cheveux d’or épars, avec le sourire aux lèvres, la lumière au front, belle, belle, si belle, que jusqu’à son dernier jour il n’aima qu’Emmy. Il lui avait manqué de promesse sur terre, il résolut de garder sa foi à la morte.

Et c’est pourquoi maintenant, solitaire, il se promène chaque soir sur les bords du fleuve Bleu où jadis se penchait la blonde Emmy.

Stop

La lanterne de Saint-Cloud

Les sensitifs subissent parfois à longue portée l’impulsion

lointaine de l’hypnotiseur… Combien plus lointaine doit être la portée de ce magnétisme d’harmonie qui s’appelle

l’amour !

C. Chaigneau - Montmartre

Il y a neuf pierres formant un carré au milieu d’une pelouse fleurie. Sous ces pierres, ils sont trois cents qui dorment leur dernier sommeil.

Sur la pelouse, de charmants enfants, de gracieux bébés roses jouent à la balle ou au volant ; une joie douce et sereine se répand sur ces enfants. Que de francs rires, que de cris joyeux l’écho répète jusque dans les profondeurs des bois ! Paris est là-bas, au-dessous, et la Seine aux bords verdoyants serpente au milieu de la grande plaine ; Paris se déroule en un immense panorama. Où suis-je ?

Je suis à ce point qu’on nomme « la Lanterne de Saint-Cloud ». (Voir la note à la fin.)

Ils sont là trois cents qui dorment sous ces neuf pierres. C’est la guerre, l’horrible fléau, qui les a couchés là.

Là-bas, au delà de la frontière, une femme, une fiancée est morte aussi. Elle est morte de désespoir, et son âme errant à travers la Germanie a pu venir inconsciemment sous le ciel de France ; elle cherche le fiancé qui l’avait quittée pour répondre à l’appel de son pays.

Ceux qui aiment sont évoqués par ceux qui souffrent, ils viennent consoler les inconsolables. Je me fis voir à cette jeune fille. Elle me dit : « Es-tu une ennemie aussi ? Car j’en ai rencontré beaucoup qui, voyant mon costume et reconnaissant ma nationalité, se sont détournés de moi. Je suis seule sur ce sol de France que je ne connais pas. »

Je l’aidai à chercher son bien-aimé. Les âmes qui connaissent l’amour dans sa sublime dualité sont appelés à sauver des âmes d’amour et à se grandir aussi dans leur propre amour.

Ils sont là trois cents qui dorment sous ces neuf pierres. Ils étaient tous dans le camp des ennemis de la France. - Beaucoup d’entre eux tombèrent en mettant le feu aux canons dont les boulets portaient l’horreur dans la capitale. - Maintenant, leurs noms sont oubliés, et les enfants jouent leurs jeux innocents sur leurs tombes ; mais pendant la nuit sombre les oubliés se réunissent sur cette pelouse et pleurent leur patrie, leurs familles, leurs fiancées ; ils sont là qui attendent.

Par une nuit obscure, j’ai amené celle qui pleurait vers celui qui la pleurait aussi. La lumière de mes vêtements éclairait ma compagne qui portait son costume national, et nous avancions ainsi sur la pelouse, à l’endroit des neuf pierres de la Lanterne de Saint-Cloud.

Tout à coup, une ombre se détacha de la foule, marcha vers nous et me dit : « Qui es-tu, toi qui m’apporte une si douce illusion ? Femme dont les regards sont si brillants, éclaires-tu un fantôme ou bien est-ce de toi que sort le mirage qui se produit devant tes feux, ce mirage qui ressemble à ma fiancée, à celle que j’ai dû abandonner, et dont je n’ai plus eu de nouvelles ? », je lui dis : « Console toi, rassure toi, reprends ton calme ; bientôt, dans un instant même, ma lumière descendra en toi. Je t’amène ta fiancée. Par l’amour toutes les âmes sont sœurs, toute haine de nation disparaît ; l’amour, lui, ne connut jamais de frontières ; il n’a d’ennemi que l’égoïsme. »

Ils étaient trois cents, mais il en est un qui s’est retiré de la foule ; il marchait dans la nuit, et pour lui j’ai pu faire la lumière.

Esprits d’amour qui êtes si nombreux, allez, allez à la Lanterne de Saint-Cloud. Sous les neuf pierres, il y a encore à faire, par vous et par moi, des moissons d’amour.

Marie d’Alési

Note. Aucun des assistants ne connaissait la Lanterne de Saint-Cloud, et on ne comprenait pas cette appellation. - Quelques années après, une dame allant à Saint-Cloud s’informa. Un garde du parc lui répondit que sans doute elle voulait parler de la Lanterne de Diogène. A tout hasard, elle se rendit à l’endroit indiqué. Là, en effet, elle vit la pelouse, les neuf pierres et le magnifique panorama désigné par Marie d’Alési. Le propriétaire des longues-vues installées en cet endroit lui expliqua que ce point avait été nommé il y a longtemps « la Lanterne de Saint-Cloud ». On l’appela depuis : « la Lanterne de Diogène » à cause de la statue qui avait été placée là. La statue n’y est plus mais l’appellation a persisté. Cette dame demanda si c’était bien là qu’on avait enterré des soldats étrangers pendant la guerre de 1870. - « C’est parfaitement là, répondit-on, mais les corps n’y sont plus ; ils ont été exhumés et transportés au cimetière de Villeneuve-l’Etang.

Connaissez-vous mon bien-aimé ?

Au vent qui passe, à la fleur qui s’épanouit, aux prés, aux bois, à toutes les harmonies de la nature je demande : Connaissez-vous mon bien-aimé ? Ne l’avez-vous point vu ? Où est-il ? Vous a t-il dit ce qu’il ferait, où il irait ? Avez-vous vu, avez-vous gardé la trace de ses pas ?

Fleurs charmantes, éprises avant tout du rayon qui descend sur vos pétales frémissants, frais bocages peuplés d’arbres fleuris où voltige le papillon aux mille couleurs, ah ! vous aimez ! Vous êtes là, enchevêtrant délicieusement vos branches dans une étreinte amoureuse. Clairs ruisseaux, la tige qui se penche mollement sur vos bords vous aime, et vous l’aimez aussi puisque vous la reflétez. O rayon qui te joues dans la ramure, tu es l’amant de la feuillée, c’est toi qui la fais renaître et grandir sous tes baisers. J’écoute les murmures de la brise qui me rapportent les mille bruits de la nature, mais ils ne m’apportent pas la voix de celui que j’aime. Où est-il ? Où porte t-il ses pas ? A l’ombre de quel berceau s’est-il endormi ? Où faut-il aller ? Où faut-il faire retentir les accords de la lyre d’amour pour le réveiller et l’attirer à moi ?

Amour, Amour-Dieu, je t’évoque pour consoler mon amour, Amour qui fait tout vivre et tout palpiter, conduis-moi vers l’être qui complète mon être, fais-moi retrouver celui que j’aime, afin que nos cœurs vivent du même bonheur.

Marie aux Chrysanthèmes

Dans le sombre tombeau on n’est enseveli

Que lorsqu’il est ouvert et fermé par l’oubli.

Paul D.

L’amour de ma bien-aimée

Accordez-vous à votre serviteur de parler à ses serviteurs ?…

Salut, ô Dajoâ !

(Il salue une dame du groupe. Dajoâ signifie « fleur de réséda ».)

Sonnet chinois

L’amour de ma bien-aimée est comme la perle au fond des mers : nul oeil humain ne l’a vue ; nul n’a sondé les profondeurs où elle se cache.

L’amour de ma bien-aimée est comme la fleur qui pousse dans la forêt : nulle main ne l’a cueillie, et son parfum a réjoui seul le rossignol.

L’amour de ma bien-aimée est comme le diamant au fond de la rivière : nulle main profane ne l’a poli, nul roi ne peut en porter un semblable.

L’amour de ma bien-aimée est comme un beau soleil qui réchauffe mon cœur glacé.

L’amour de ma bien-aimée est comme un doux rayon de lune qui regarde par les vitraux.

O soleil ! brille toujours dans mon ciel ! O lune, éclaire toujours la longue nuit !

L’amour de ma bien-aimée est comme l’amour de Dieu : Dieu est amour et charité, et l’amour de ma bien-aimée comprend l’amour et la charité.

Je ne puis m’exprimer en vers ; nous parlons ainsi chez nous (Celui qui se communique représente une de ses incarnations en Chine). Permettez-vous de continuer ?

Ma bien-aimée, quand elle dort, est comme le lis qui flotte sur l’eau.

Ma bien-aimée, quand elle se réveille, est comme la fleur qui s’épanouit.

Son front est pur, comme le beau ciel de Dieu.

Son œil bleu reflète le ciel, et le ciel s’y regarde et ne sait s’il ne se voit pas lui-même.

Sa bouche est comme la rose qui sourit, en s’ouvrant, au rossignol, pour le remercier d’avoir chanté toute la nuit.

Les paroles de ma bien-aimée ont le doux murmure du ruisseau qui tantôt glisse sous l’ombrage, tantôt babille sur les cailloux, au soleil.

La prière de ma bien-aimée est comme l’huile sur la blessure.

Elle comprend Dieu, et Dieu la comprend, car ma bien-aimée est amour, et l’amour est Dieu.

Que mes frères comprennent l’amour, comme moi je comprend l’amour de ma bien-aimée ! »

(A l’un des assistants.) Et quand toi-même, ô frère, tu auras trouvé ta bien-aimée, chante-lui le sonnet que je viens de dire ; elle comprendra, et tu comprendras alors que l’amour est Dieu.

Que l’amour qui est Dieu repose en vous !… seulement, ô dajoâ, seulement pense toujours à Chram ; souviens-toi de lui ! Appelle-le quand tu voudras, il viendra. Il te chantera l’amour ici et quand tu reviendras dans l’espace.

Dieu est en tout et partout, et tout est en lui. Dieu est charité, Dieu est amour : Soyons Dieu.

L’exilé

L’âme et non le corps, rend le mariage durable.

Publius Cyrus

Soleil des soleils, étoiles qui éclairez l’amour dans l’éther ; harmonies, échos des transports infinis des âmes ; paysages ensoleillés de l’or des soleils ; courses éternelles à travers les espaces ; Univers des univers, Immensité des immensités, je vous délaisse !… Car perdu au milieu de ces grandioses beautés, je ne suis moi, qu’un pauvre exilé ! S’il n’y avait dans mon âme un foyer d’espoir allumé par l’amour, je mourrais de ce qui fait mon espérance !

Allez, allez, Esprits lumineux, montez toujours, gravissez sans cesse pour arriver à de plus hauts sommets ; je reste inconsolable, laissez-moi inconsolé :

Vous êtes couronnés des fleurs de charité cueillies dans les sentiers du progrès ; j’ai aussi des fleurs d’amour, mais elles sont marquées d’un signe de deuil ; elles n’ornent point mon front, elles reposent sur mon cœur. Elles attendent d’autres fleurs pour former ensemble une seule harmonie, un seul bouquet ; et nos âmes, parées de ces fleurs immortelles, iront prendre place aux champs d’amour que cultive l’entité divine !

Je suis sur les confins d’un monde sans rayonnements et sans feux : ce monde, perdu dans les espaces, m’attire. Il a un charme qui m’unit à lui et qui l’enchaîne à moi.

Pour mon bouquet, il me faut la fleur d’amour qui a fleuri avec la mienne sur ce monde. Ces fleurs-sœurs s’aimaient, elles palpitaient ensemble ; un jour, une main fatale en cueillit une, et cette fleur vit toujours, et le cœur d’époux saigne, vivant de ses blessures.

En descendant plus près vers la terre, je trouve sous mes pas des manteaux de pourpre, des couronnes de roi, laissées sur les chemins de vie par ceux qui, voyant enfin la grande lumière, abandonnèrent en ces lieux de l’espace les vanités puériles, l’orgueil et la puissance inutiles à l’avancement. Je pourrais prendre ces attributs fluidiques, m’en emparer pour revivre sur ce monde. Mais non, non ! J’attends la fleur aimée : les grandeurs sont bien vaines pour mon âme !

Tout près de la terre, j’ai rencontré des muses charmantes qui m’offrirent la poésie et la musique : j’entends leurs délicieux concerts. - « Prends mon luth, me dit l’une d’elles ; prends mes vers, me dit une autre, et, quand tu seras sur terre, tu te souviendras ! » (Cette tentation nouvelle est la plus attrayante pour Félix, qui était poète et musicien.)

- Non, non, non ! Je chante l’amour, mon âme est remplie de poésie, et vos chants, vos poésies ne parlent pas d’Elle ! C’est moi seul qui doit chanter et composer des hymnes pour l’être aimé que j’attends !

J’arrive enfin sur la terre. O monde de tristesse, de travail, de douleur ! Ah ! Quelle émotion me gagne !… Mon cœur palpite, tout mon être tressaille ! Je vais, guidé par des fluides d’amour, vers l’âme que j’aime !…

Exilé dans les cieux, je retrouve un instant ma patrie, ma vie, tout mon bonheur ! (La mère et la fille de Félix étaient présentes à cette séance tout intime.)

Félix T

Note. Félix revint encore dans sa famille, milieu artistique où il lui était facile de retrouver ses facultés de poète. Il offrit à sa femme des poésies dont elle reconnut la facture.

Le rêve du croque-mort

Ballade

N’est-ce pas souffrir que d’aimer pour une vie seulement ?

Balzac

Le ciel était tout blanc d’étoiles ; dans le champ des morts, la nuit était morne et silencieuse ; les tombes apparaissaient comme des fantômes portant des croix ; le hibou, volant de cyprès en cyprès, faisait entendre son cri sinistre.

Un croque-mort s’était glissé dans les allées désertes. Blotti derrière un mausolée, il attendait que la nuit fût plus avancée pour mettre à exécution le projet qu’il avait conçu.

Un croque-mort peut-il sentir l’amour vivre dans son âme, lui qu’il conduit chaque jour le convoi des trépassés ? Sa vie n’est-elle pas assombrie par le spectacle lugubre des cérémonies funèbres, par les odeurs cadavériques, les pleurs de ceux qui accompagnent les cercueils ?… Ce croque-mort aimait pourtant ! L’amour avait mis dans son âme d’idéales clartés. Mais sa bien-aimée était morte, morte de douleur, parce que son amour pour un croque-mort lui avait été durement reproché ! Il voulait la revoir encore, voir la morte toute vêtue de blanc, comme une mariée !

Pris d’une lassitude étrange il s’endormit et, dans son rêve il entendit, venant de dessous terre, comme un immense craquement, puis un bruit de squelettes qui s’entrechoquaient. Il lui sembla que ce bruit était le signal de la résurrection des morts. En effet, bientôt les ressuscités soulevèrent leurs pierres tumulaires et se montrèrent, pleins de vie, illuminés de rayons d’étoiles. Il vint des jeunes filles toutes vêtues de blanc ; les couronnes de perles et les ornements funéraires se transformèrent en joyaux et vinrent d’eux-mêmes se poser sur leurs cheveux, orner leurs vêtements, pour compléter leur parure de scintillements de diamants et d’émeraudes. Des hommes jeunes, beaux et radieux, arrivèrent aussi, et tous se rassemblèrent autour du croque-mort. Cette fête des fiancés d’outre-tombe fut pour le dormeur la plus belle, mais en même temps la plus fantastique des visions. Ceux qu’il avait ensevelis de ses mains étaient là, devant lui, vivants, célébrant une fête !…

Une jeune fille apparut encore. Elle marchait seule, nul ne s’occupait d’elle ; elle n’avait d’autre parure que la robe blanche dont on l’avait habillée pour la mettre au cercueil. Le croque-mort reconnut sa bien-aimée !… Elle vint à lui et lui dit : « Je t’aime. Et, si je suis venue dans cette foule si animée, moi qui ait tant besoin de calme et de recueillement, c’est pour t’empêcher de commettre un sacrilège, c’est pour te dire : Laisse-moi dormir ; ne touche pas à la terre qui recouvre ce qui a été moi ; ne viole pas ma sépulture pour donner au cadavre le baiser que tu me destines. Voici mon front, prends le baiser de fiançailles, le baiser, gage et serment de notre union d’éternité. Attends ! Le revoir est proche ! » - La jeune fille s’éloigna ; mais lui, après l’avoir embrassée, sentit d’ineffables délices pénétrer tout son être…

Les perles se détachèrent des vêtements des jeunes filles et retournèrent aux monuments funèbres. Les morts vivants se séparèrent, ils s’évanouirent dans les sentiers du cimetière. Il y eut de nouveau comme un entrechoquement d’ossements, puis… plus rien…

L’aube apparut à l’horizon. Les fleurs s’ouvrirent ; les oiseaux se mirent à chanter ; tout ce qui vit dans le champ des morts se réveilla. Le croque-mort lui, ne se réveilla point.

Stop

Remords

Quels tristes temps ! quels tristes jours ! Comme mon âme est voilée ! Comment suis-je tombé si bas ? Pourquoi ne puis-je oublier ? Pourquoi, devant mes yeux, des rayons, puis tout à coup des ténèbres ?… et le vague sentiment d’un passé que je sens cruel et que je ne puis reconstituer ? Oh ! Cris de terreur, sang qui coule, fumant encore ! O vision épouvantable, pourquoi, pourquoi prends-tu toujours, toujours mon sang, pour qu’il aille se mêler à celui, hélas ! que je verrai peut-être couler longtemps encore devant mes yeux ? Souffrances terribles au milieu d’espoirs éphémères, telle est ma vie. Ah ! qu’elle s’approche, la lueur d’espérance à laquelle je dois m’attacher !Ah ! qu’elle me prenne et m’emporte !… Ah !…

Fouquier Tinville

(Nouvelle catalepsie du médium et nouveau phénomène d’incarnation.)

Il est bien mystérieux, bien étrange, ce moyen que vous avez de vous relier à nous… J’éprouve quelque crainte ; il reste en moi, dans ce corps d’un médium, une pudeur de femme[15] dont je ne puis me départir, et, au milieu de vous, je me sens gênée pour parler. Mais, puisque c’est la manière d’arriver à vous et de me faire connaître, je suis toute excusée, n’est-ce pas ?

Vos sympathies m’ont attirée lorsque mon nom a passé devant vos yeux en lisant l’histoire, ou lorsque vous l’avez entendu prononcé. Vous tous qui êtes ici, vous m’avez envoyé instinctivement une douce expression de cœur.

J’aime « un monstre » comme vous le désignez parfois… je l’aime ! Je ne le vois pas comme vous le voyez, et je souffre loin de lui. Vous avez des amis qui vous attendent, vous ; mais lui !… Je l’attends, moi ! hélas ! Quoique désincarné, il ne peut me voir. Les fluides de son corps s’opposent à son entrée dans ma sphère. Je retournerai sans lui aux lieux d’où je suis venue ; sans lui ! toujours sans lui !… Pourtant j’espère, parce que j’aime.

Fouquier-Tinville me sauva la vie en me faisant boire du vin et non du sang. Il était au milieu des bourreaux et avait des intimes parmi eux ; c’est à lui que je dus mon salut. L’histoire ne peut vous dire ces choses, mais nous, nous venons souvent rectifier l’histoire.

J’aime Fouquier-Tinville. Je l’aimai depuis cet instant où il me sauva la vie. Je le vis beau, je le vis grand à sa manière. Oui je l’aime ! Ah ! quelle chose inexplicable ! Je souffre tant lorsqu’on exalte ma vertu, et qu’on l’appelle un monstre, lui, lui que j’aime !

Ah ! l’amour ! l’amour !… C’est par l’amour seul que, dans la nature, dans toute chose, dans Dieu même, il n’y a pas de distance.

Melle De S…

Les âmes épouses

Chaque âme, de sa force, attire sa moitié.

Lamartine - Jocelyn

Toute âme a une épouse de son âme. Quelque séparation qu’il puisse y avoir entre elles de temps et de distance, par une force qui leur est inhérente, ces âmes finissent par se rejoindre, et l’heure de la jonction éternelle est l’heure de cette félicité, de ce bonheur inouï, que les êtres qui aiment ardemment sur la terre pressentent comme un idéal réalisable dans l’éternité.

Quel est le principe de l’âme ? Quelle est l’essence qui forme ce noyau d’intelligence augmentant sans cesse en compréhension des objets extérieurs, qui photographie en elle tout ce qu’elle a vu, entendu, et perçu par tous ses sens ? D’où vient cette essence de l’âme ? Quelle est l’analyse scientifique de son principe ? Est-ce un fluide qui naît d’une fusion quelconque ? Vient-elle sur la terre enfantée par un rayon de l’Eternel Amour ?

Les parcelles fluidiques qui composent toute âme étaient vivantes avant de s’unir. Aussitôt unies elles deviennent une force intelligente. Dès qu’elles ont un sens, celui de la procréation, ayant pour cela un corps tout infirme qu’il soit, pourvu, dis-je, que l’être ait les fonctions vitales nécessaires à la procréation, il se sent vivre ; c’est une âme consciente, et vous la retrouvez en vous, agrandie. L’âme placée dans un corps à peine perceptible à vos yeux, est déjà assez avancée pour rêver son idéale à elle ; celui de se voir un jour assez grande pour entrer dans un règne supérieur : voilà la grande révélation pour les infiniment petits qui voient des milliers d’êtres plus avancés qu’eux en moyen d’existence et de défense[16].

Amis, tout est merveille dans l’harmonie universelle ; sa puissance génératrice et ses lois sont admirables. Si vous avez la grâce et la force, la fauvette et le rossignol ont la voix mélodieuse ; le papillon vous éblouit par les rubis, les saphirs, l’or semé sur ses ailes ; l’insecte, même minuscule, le coléoptère qui rampe doucement sous l’herbe, ont un vêtement charmant, plein de poésie ; la fleur la plus modeste a sa grâce ou son parfum. Tout a sa raison d’être dans la nature ; il faut que l’homme descende l’échelle qu’il a montée pour saisir la merveilleuse appropriation de la fonction de telle ou telle plante, de tel ou tel animal. Oui, tout est utile. Les plantes vénéneuses fournissent des antidotes, le serpent absorbe le venin redoutable, le lion détruit une foule d’animaux nuisibles ; le tigre, la panthère, ces rois des déserts, ont eu et auront toujours leur utilité, que vous vous l’expliquiez ou non. Ils vivent quoique vous les chassiez, - et vous devez les chasser ; - mais ils dureront de longs temps encore ; ils dureront tant que l’humanité terrienne aura à s’augmenter des âmes qui viennent d’eux. Vous avez passé par là, d’autres y passeront. Mais le progrès de l’humanité s’impose ; les fluides qui entourent la terre sont saturés de l’intelligence de l’homme, et les êtres n’ont plus besoin maintenant de passer par tant d’incarnations d’animaux inférieurs pour arriver à l’humanité. Vos forces progressives ont, sans que vous vous en doutiez, une réflexion sur tout ce qui vous entoure ; l’influence de l’homme se communique à tout et à tous.

L’âme grandit-elle seule ? Ce principe qui s’élève à travers les pérégrinations dans l’infinie gradation des êtres, cette âme enfin, ne peut-elle avoir que des aspirations touchant uniquement le corps qui lui sert d’abri improvisé ?

Oh ! Non. Et c’est en cela que se révèle une dualité admirable !

Toute âme a l’épouse de son âme. Ces deux âmes se sont rencontrées dans un nombre incalculable d’incarnations ; leur principe s’est illuminé d’amour par la paternité et la maternité. Elles se sont recherchées : elles étaient faites pour s’attirer ; leur évolution respective se produit toujours dans le même cycle, et le plus souvent, dans le même milieu, afin qu’elles puissent se revoir, s’aimer, se soutenir, se dévouer l’une à l’autre.

Ces âmes se séparent pourtant !… c’est une nécessité du progrès ; il peut s’écouler un long espace de temps sans qu’elles se revoient. Mais quelle puissance l’amour ne peut-il vaincre ? Il vaincrait Dieu lui-même si Dieu était inexorable comme les religions le représentent. L’amour, c’est le flambeau qui les éclaire l’une et l’autre et l’une par l’autre : c’est leur but éternel, c’est leur garantie pour aller dans l’harmonie qui les attire.

Attachez-vous à ces idées fortifiantes ; songez souvent à cet idéal inexprimable et pourtant si simple et si vrai : l’amour.

Vous qui êtes séparés, vous qui attendez, soyez consolés ! Si vous aimez, vous n’êtes pas seuls à veiller sur l’âme que vous gardez pour une âme chérie.

Toute âme a l’épouse de son âme. Quelque séparation qu’il puisse y avoir entre elles de temps et de distance, par une force qui leur est inhérente, ces âmes finissent par se rejoindre.

Héroan

Ralph et Milly

Ballade

Deux enfants s’en allaient dans un chemin couvert, où les lilas blancs tombaient sur eux ; ils marchaient sous les lilas, sous les aubépines, car c’était le printemps, et il y avait des fleurs dans les cœurs comme dans les arbustes.

Tous deux étaient jeunes, tous deux étaient beaux : le jeune homme, un adolescent, avait quinze ans à peine ; son front large indiquait la pensée, ses yeux profonds s’illuminaient de flammes étranges, comme si son cœur brûlait, et comme si le feu de son cœur eût allumé cette flamme dans ses yeux. Elle, avait douze ans à peine ; c’était une enfant, presque un ange. Dans sa petite robe blanche, parée de ses cheveux blonds, elle marchait pleine d’innocence, sans s’apercevoir qu’elle était belle.

Parfois ils s’arrêtaient, se regardaient, et les yeux du jeune homme s’allumaient de flammes, et les yeux de l’enfant gardaient leur pur azur comme deux lacs limpides. Ils marchaient ; la petite folle courait après les papillons, après les fleurs ; dès qu’un bruit l’effrayait, dès qu’une branche où s’agitaient des ailes d’oiseaux lui faisait peur, elle revenait tremblante auprès de son protecteur.

Enfin, après avoir marché longtemps, quand ils furent las, le jeune homme s’assit sur l’herbe, au pied d’un arbre en fleurs élevé sur un tertre, et, se tournant vers l’enfant :

- Viens ici, Milly, j’ai à te parler.

Et la blonde Milly s’assit auprès de lui.

- Que veux-tu , Ralph ? Répondit-elle.

- Je veux savoir si tu m’aimes.

L’enfant joignit les mains et lui dit :

- T’ai-je offensé pour que tu me grondes ?

- Mais je ne te gronde pas, je te demande si tu m’aimes.

- N’est-ce pas me gronder que d’en douter ? Demande-moi plutôt s’il fait jour quand le soleil paraît.

Le jeune homme sourit et continua :

- Je voudrais savoir comment tu m’aimes.

- Plus que toute chose et que tout le monde, car près de toi rien ne me manque, et sans toi je ne serais pas bien ; il me semble que tu m’es tout.

Il la regarda, plein de joie, puis un nuage passa sur son front.

- Pourquoi m’aimes-tu ? poursuivit-il.

- Pourquoi ? Je ne comprends pas.

Et, pendant qu’ils causaient, un serpent, un serpent noirâtre et long s’avançait, déroulant ses anneaux d’écailles, comme le bras d’un guerrier dans sa cotte de mailles. Le serpent avançait, avançait toujours.

- Pourquoi m’aimes-tu ? reprit Ralph. Pas de réponse. Le savait-elle ? Etait-ce parce qu’il était beau ? Mais les fleurs aussi étaient belles, et le ciel était beau aussi, et elle les aimait, mais ce n’était pas le même amour, et certes elle préférait Ralph, Ralph le petit berger. Etait-ce parce qu’il était bon ? Mais son père et sa mère étaient bons aussi ! Pourquoi donc ? Et la fillette resta songeuse, le front dans ses mains.

Tout à coup, elle poussa un cri de terreur, le serpent l’avait mordue au bras, un cri si aigu que le serpent s’enfuit aussitôt. Ralph d’un bond voulut courir sur l’ennemi qui était déjà loin. Elle l’entoura de ses bras et le retint dans une étreinte rigide.

En vain l’adolescent voulut consoler son amie, en vain il voulut ranimer son visage, en vain il l’emporta : à moitié chemin elle lui resta dans les bras, morte et froide.

Elle n’avait pas répondu. Pourquoi ?

Il emporta le cadavre à la chaumière et il pleura. Il pleurait tant qu’il ne voyait rien, qu’il n’entendait rien. Le corps avait été mis en terre que Ralph était encore à genoux, il n’avait rien vu, rien entendu ; il n’avait entendu que le cri de douleur de Milly, il n’avait vu que la pâleur de son agonie.

Et Ralph erra comme un fou.

Enfin, après bien des jours, après bien des sanglots, il découvrit une petite croix et une tombe. Il l’orna des fleurs les plus belles et y alla rêver souvent.

Un soir, l’horizon empourpré détachait en relief les croix noires, le soleil se couchait, les oiseaux chantaient leurs chansons de nuit. Ralph était plongé dans sa rêverie. Tout à coup il crut voir quelque chose s’agiter derrière la croix ; il regarda sans peur, et il vit une forme qui lui souriait. C’était Milly, Milly elle-même, Milly toute blanche ; mais dans ses yeux bleus il y avait une flamme nouvelle : ce n’était plus ses yeux limpides et purs qui souriaient aux fleurs et aux papillons, c’était des yeux de femme, brillants d’amour. Il s’approcha. – « Milly, tu m’es donc rendue, » dit-il en lui ouvrant les bras. – « Pas encore, mais je te suis promise. Je viens répondre à ta question. Tu m’as demandé pourquoi je t’aimais. Je t’aime parce que depuis des siècles tu es à moi ! Nos âmes épouses ont traversé de nombreuses incarnations ; nous ne pouvons aimer, moi que toi, toi que moi. Si l’un de nous est seul sur la terre, il sera comme une tourterelle veuve, et ses yeux, au lieu d’errer devant lui, s’élèveront au ciel, et il sentira des ailes qui frôleront son front, et il verra une forme blanche qui ne sera pas perceptible aux yeux des humains ; un ange gardien le veillera de l’espace et l’accompagnera, tandis que celui de la terre souffrira dans l’exil ! J’ai la plus belle part car je t’entends et je te vois ; mais maintenant tu sauras que, quand un souffle caressera ta chevelure, ce sera Milly ; que lorsque sur ta couche, en t’endormant, tu sentiras un baiser, ce sera Milly, et ce sera Milly encore qui, le jour de la délivrance viendra te prendre et t’emporter… Tu le vois, je t’ai répondu d’une manière plus précise parce que je vois mieux et que je sais mieux. Toutes nos incarnations d’amour, de souffrance et de bonheur depuis des siècles, voilà le secret de mon attachement pour toi. Dieu a fait les âmes pour s’aimer, pour marcher deux à deux à travers les épreuves, se confondre dans l’espace ; car on arrive à la perfection de l’amour que par l’amour intense de l’homme à la femme. Voilà pourquoi je te dis de supporter la séparation avec courage, car que sont quelques heures passagères auprès de l’Eternité ? Et cette séparation n’est dure que pour l’un des amants ; avec la foi, elle ne l’est pour aucun. Ce n’est pas une séparation, c’est un sevrage. Aie donc la foi, et dis bien que je suis près de toi à toute heure, Et, le jour de la réunion, tu n’auras ni douleur, ni crainte, tu prendras mes mains et nous partirons. »

Et l’enfant fut consolé, et toute sa vie fut un enchantement. Et, quand une femme passait près de lui, il lui souriait parce que Milly avait été femme, et il saluait en elle cette grâce féminine qu’il avait adorée en Milly.

Son amour dura autant que la vie, et après la vie il fut récompensé par l’amour.

Stop

A l’âme épouse

Poésie

Pour chanter ta bonté, Dieu m’a donné la lyre ;

La lyre aux cordes d’or qui frémit dans mes doigts.

Mon cœur dicte les chants que ta lèvre doit dire ;

Le rythme de mon âme a passé dans ta voix.

à mon amour quand tu daignas souscrire,

Quand, mêlant tes pieds d’ange à mes poudreux sentiers,

Ta bouche sur mon front esquissa ton sourire ;

Rayon d’avril qui rit à travers les rosiers,

Ma lèvre but la coupe où tu versais ton âme ;

Fluide impondérable, effluve de l’esprit ;

Sous ce souffle inspiré, mythe saint, frais dictame,

Grandissait ma pensée aux feux de ton Zénith.

Tu vins comme une étoile à mon ciel noir mêlée ;

Comme un écho du cœur qui console toujours !

Telle, de l’orgue saint, une note exaltée,

Qui module un soupir des mystiques amours.

Puisqu’en ton chaste hymen mon esprit doit revivre,

Puisque nul autre amour ne doit plus l’apaiser,

Que ton sein soit la coupe où mon être s’enivre,

Prends mon âme en un divin baiser.

Pour toujours revenez, ô mes chastes pensées !

Comme de douces sœurs l’une à l’autre enlacées.

Sur le tombeau, l’adieu se grave sur le marbre ;

Les serments de l’amour, sur l’écorce d’un arbre,

Et les pleurs dans les yeux inscrivent la douleur.

Je cherchais où graver notre reconnaissance,

Mais Dieu, qui comprend tout, a compris ma souffrance,

Et l’a gravé un jour au milieu de mon cœur.

Pourquoi tant regretter l’âme qui se déplace

Pour quitter les bas-fonds ?

De ce monde qui fuit au-dessus de nos fronts,

La vie est la préface.

Au revoir, je m’en vais préparer le chemin,

Doubler ton nid de ouate.

La tendresse du cœur, qui jamais n’a de date,

A toujours un demain.

Note. Par des médiums à incarnations, ne se fréquentant pas, expérimentés à des époques diverses et très différents de caractère et d’éducation, nous avons obtenu environ cent cinquante poésies fort belles. Quelques-unes ont été considérées comme des spécimens des plus beaux morceaux de la littérature française. Il ne m’a pas été permis de les publier, les médiums « orateurs » ayant voulu rester libres de les tenir cachées ou de les anéantir.

Troisième partie

L’humanité à la recherche de la Vérité

On ne doit jamais craindre le retentissement

de la vérité, et l’on doit subir ses conséquences

quelles qu’elles soient.

Treizième série
Dieu et les religions

La Science, c’est Dieu.

Col., II, 3

La vérité, c’est Dieu.

Jean, XIV, 6

Cherchez la vérité

La mort, ou tout autre malheur, n’est rien en

comparaison de trahir sa mission ; tant que

je respirerai, je continuerai à faire ce que j’ai fait.

Socrate

La joie la plus pure, la plus sereine, c’est de posséder la vérité. Penseurs et philosophes de toutes les écoles, combien de jours, d’années, êtes-vous restés sous le poids de vos sombres incertitudes, touchant le sort à venir ! Lorsqu’une parcelle de la vérité universelle tombait sur vous, votre cœur s’épanouissait dans un bonheur ineffable, vous aviez fait une conquête, et vous ressentiez déjà la joie de tous ceux qui apprendraient de vous un nouveau secret pour arriver à rendre la terre plus heureuse. Mais la vérité, l’avez-vous trouvée ? L’avez-vous entièrement conçue ? Comment l’avez-vous comprise et enseignée ?

De toutes les philosophies religieuses auxquelles les hommes se sont attachés pour tabler le bonheur dans la vie future, quelle est celle dont l’astre n’a jamais pâli ? Quelle est celle qui reste debout, qui ne s’est ensevelie déjà sous ses propres ruines, celles dont les adeptes n’ont pas eu les mains teintes de sang ? Quelle est celle qui a affranchi l’humanité, l’a fait progresser, qui a rendu l’homme vraiment libre et intégralement responsable devant lui-même ? - Aucune ! Aucune !.. Prenez toutes les religions sous le couvert desquelles des hommes ont abrité leurs espérances futures, aucune ne répondra à vos besoins ; aucune ne répondra à l’idée qu’on peut se faire de l’âme universelle, aucune ne rendra vraiment heureux.

Les philosophes sont perplexes ; ils ont vécu de discussions stériles, car le principe de vie qui est dans l’homme leur a toujours échappé ; le vague est dans leur âme. Ils résolvent toutes les questions devant leur auditoire, mais leur conscience est troublée ; au fond d’eux-mêmes, ils sentent qu’ils font injure à la vérité. Le doute est en eux ; c’est la vérité qui frappe à la porte de leur cœur, et ils n’ont pas d’yeux pour voir, pas d’oreilles pour entendre.

Où est la vérité ?

Vous la verrez apparaître, elle grandira au milieu des ruines croulantes des religions aux dogmes aveuglants ; elle grandira par la science et l’étude de l’histoire impartiale. Sur ces ruines, la vérité plante déjà son drapeau signe de relèvement pour l’humanité, de ralliement pour les grands philosophes, car quiconque a entrevu la vérité ne veut plus s’en détourner, et, quand on appartient à la vérité, on devient vérité soi-même.

Grandissez par l’étude et restez libres de vos conclusions, observez, comparez, et vous obtiendrez des parcelles de vérité.

La philosophie de la survie convient aux hommes qui ont beaucoup appris des sciences de la terre et aussi à ceux qui ont souffert : la souffrance est féconde : l’amour humanitaire qui fait sentir la Vérité s’acquiert par la souffrance.

Allez dans les milieux où se produisent les grands phénomènes psychiques : sondez ce domaine de l’inconnu, et là peut-être saurez-vous trouver :

La route de la Vérité.

Socrate

A travers les âges

Combien de fois la terre a t-elle secoué,

Comme l’arbre au printemps, ses arides feuillages,

Les croyances, les lois, les dieux des autres âges ?

Lamartine

Suivez en idée l’apparition et le travail de l’homme sur la terre.

Il a d’abord à se garder des bêtes féroces ; il vit dans les rochers ; il recherche les profondeurs des cavernes où il peut le mieux se défendre de la dent dévorante des fauves. Les hommes arrivent ensuite à se constituer en peuplade, et, le mouvement de progrès s’accentuant, ils se développent assez pour laisser des traces de leur passage, par des monuments d’abord, puis par des documents écrits. Depuis ces époques éloignées, si vous passez en revue l’histoire de tous les peuples, vous voyez dans l’humanité le mouvement qui la porte à combattre sans cesse avec la nature pour lui arracher de nouveaux secrets. Las de lutter contre les animaux, et libres de parcourir la terre, les hommes, abandonnant la vie patriarcale, se sont divisés et se sont entre-tués. Puis est venue la lutte pour les idées, et ce sont les erreurs de l’esprit qui ont fait verser le plus de sang.

Chaque nation eut son époque : l’Inde, l’Egypte, la Phénicie, la Grèce, Rome… Un souffle puissant a passé sur tous les peuples que j’évoque. Que reste-t-il de toutes ces intelligences ? Que reste-t-il de tous ces peuples ? Il ne reste qu’une faible trace d’eux-mêmes ; les monuments ont été détruits pendant les guerres, les révolutions, et la civilisation s’est transportée ailleurs : le progrès d’un jour fait oublier celui qui l’a précédé.

La plupart des philosophes qui regardent en arrière et qui voient le progrès que les hommes ont fatalement accompli dans le passé de l’humanité, n’ont pas l’idée de se dire que le souffle de vie qui a animé tant d’êtres puisse exister encore quelque part ; mais, puisque tout est vie dans l’univers, un souffle de la vie pensante est matériel, si peu qu’il vous le paraisse ; c’est ce qui fait que les vivants d’outre-tombe ont pu apparaître toujours, chez tous les peuples.

Partout et toujours les morts se sont révélés, partout leur voix s’est fait entendre, et toujours des avertissements de l’espace ont été envoyés aux hommes pour leur crier :

L’Immortalité est, et l’Immortalité vit de l’Eternité !

Dans les âges anciens, des ombres bienfaisantes apparaissent sur les riches moissons, le soir, à la clarté des étoiles, au bord des fontaines où les hommes des champs allaient se désaltérer ; elles se montraient encore à la veille des guerres. Alors se sont élevés les temples aux divers dieux auxquels les apparitions faisaient croire, à Mars, à Minerve, à Cybèle, à Apollon, … et toute la cohorte des dieux du paganisme n’ont été à l’origine que des apparitions.

Les hommes, en s’éloignant de la vérité, sont tombés dans une espèce d’atrophie morale. Il leur a fallu des ornements pour fêter leurs dieux ; il leur a fallu des cérémonies, la vanité remplaçant la grandeur ; mais le mouvement de progrès s’est accentué quand même, car les hommes réfléchissent, et les découvertes se multiplient.

La science et la philosophie, en rejetant même jusqu’au principe des religions antiques, ont le tort de n’y pas reconnaître quelque chose de véritable, car ces croyances, toutes absurdes qu’elles fussent, avaient pour point de départ une vérité incomprise. Vous semblerait-il possible que des grands peuples, si avancés, n’eussent pas vu, réellement vu, d’importants phénomènes attestant l’indestructibilité de l’être ! Savants d’aujourd’hui, prenez l’histoire et, à travers les âges, recherchez les causes de cette croyance à tous les dieux et demi-dieux, aux lares et aux pénates de l’antiquité ; vous y trouverez une vérité.

Les apparitions et autres phénomènes qui avaient lieu au fond des temples dont l’entrée était interdite au vulgaire, vous pouvez les voir, les obtenir ; vous pouvez les scruter, établir une école scientifique ; vous pouvez vous faire aussi à l’idée de confondre dans une même science la persistance des molécules vivantes de la nature avec la persistance indéfinie de l’autonomie des êtres. Vous devez y arriver par vos travaux, car nous ne pouvons que vous tracer les grandes lignes : c’est à vous de vous aider des révélations que nous vous apportons ; c’est à vous de creuser le sillon lorsque nous avons donné les premiers coups de pioche ; c’est à vous d’aller de l’infiniment petit à l’infiniment grand ; c’est à vous de rallier à la vie moléculaire celle qui comme le vent, comme le fluide électrique, ne se voit pas par les yeux matériels mais frappe par ses effets. Comparez les apparitions de l’antiquité avec celles que vous pouvez étudier de vos jours, et faites l’alliance de la matière terrestre avec la matière fluidique dont les forces et la puissance se présentent à vous. Oh ! élevez enfin le monument devant lequel tous les hommes se découvriront et inclineront le front avec respect. Elevez le monument de l’Eternité et de l’Immortalité prouvées par la science.

L’oriental

Quand l’homme commença à sentir son intelligence et qu’il voulut faire face aux éléments, l’immensité lui traduisit sa petitesse ; les forces coalisées devant lesquelles il se brisait lui apprirent que dans la nature d’autres voix s’élevaient plus haut que la sienne. L’homme, regardant le ciel, vit l’astre radieux, fut ébloui, et l’adora ; il adora en lui le principe de vie et d’amour lorsque encore il ne savait pas s’élever à la hauteur du grand amour ; c’est le soleil qui fit comprendre l’amour à l’homme, et il sacrifia au soleil sur l’autel de l’amour. Des flots de vie se répandaient sur la terre, l’homme adora la toute-puissance dans l’astre qui donnait à la nature la lumière, la chaleur et la fécondité ; mais, comme l’astre éblouissant ne pouvait être impunément regardé, l’homme voulut un Dieu qu’il pût contempler, devant lequel il pût se prosterner. Il fit une image d’homme, il décora son front d’un soleil, et, dans les âges antiques, dans bien d’autres qui suivirent, on vit, comme on le voit encore, l’humanité adorer un homme qu’elle a ceint de l’auréole qu’elle voit au soleil.

O homme ! tu mesures tout par ton intelligence sans vouloir admettre que, dans l’exiguïté de la place que tu occupes, tu ne peux approfondir ce qui est hors de ton règne, parce que tu n’es pas assez grandi pour le comprendre.

Je m’élève dans l’espace, je le parcours ; je vois se mouvoir sous mes pieds, sur ma tête, partout autour de moi, les mondes qui peuplent l’infini ; je vois votre terre qui en est un atome. O homme ! Atome de cet atome, tu ne comprends pas le soleil. Quand tu verras ta grandeur dans ton infime petitesse, tu rentreras mieux dans l’universelle harmonie ; elle doit te faire vivre de tous les soleils que contient le soleil des soleils - l’Entité Universelle.

Liana

Les dieux

Mais le Très-Haut n’habite point dans des temples

faits de la main des hommes.

Actes des Apôtres, VII,48

Allah est trop grand pour demeurer dans

un lieu de culte, l’Univers tout entier étant son temple.

Des bédouins

Depuis l’avènement des religions, tous les prêtres représentants d’une secte ont anathématisé les adeptes des autres religions et se sont accusés réciproquement d’adorer de faux dieux.

Comme le nombre des sectes religieuses est considérable, vous vous demandez comment il se fait que les hommes, tout en appartenant à diverses religions, aient pu indifféremment obtenir des secours divins ! A Rome, à Carthage, à Athènes, en Syrie, en Egypte, dans l’Inde, il y a des ex-voto, des reconnaissances témoignées à tel ou tel Dieu qui avait accordé la grâce demandée. Mais pourquoi partout, quelle que soit la dénomination du Dieu, lorsque l’homme a souffert, lorsqu’il a eu besoin d’élever son âme vers les sources d’où il supposait que les secours pouvaient lui arriver, pourquoi y a t-il eu une aide accordée ? Comment un être pensant ne se dit-il pas : Pourquoi ne voyons-nous pas Dieu renverser les religions qui sont contre la bonne - la nôtre - et qui lui portent ombrage ? qui voilent Sa Majesté et sa grandeur sur la terre ? Où sont donc les faux dieux et où sont les divinités réelles, puisque tant d’hommes qui ont prié les divinités les plus diverses ont été secourus ? C’est que tout élan du cœur va à son adresse.

Ah ! disons-le bien haut, les dieux de partout ne sont nulle part ! Oh ! hommes ! souvenez-vous que la personnalité divine n’est point. Elle n’est qu’un mot et l’idée qu’éveille ce mot est fausse. La personnalité divine n’existe ni pour les terriens ni pour les habitants de l’espace ou des autres sphères. Non ! non ! ce n’est même pas dans les régions bien plus avancées que la nôtre sous le rapport du savoir et de l’intelligence qu’on peut toucher à cette question, et c’est même dans ces régions qu’on a le moins l’orgueil de vouloir la résoudre.

Ah ! combien les hommes sont petits ! Faut-il qu’ils mesurent un peu dans leurs comparaisons le spectacle qu’offre l’univers, pour oser dire chacun dans sa secte : Ceci est ; c’est à nous que Dieu s’est révélé ! Et ainsi chaque religion veut avoir pour elle la révélation de Dieu dont l’immensité ne peut permettre à l’esprit - cette étincelle de lui qui est en l’homme - de l’embrasser. Pourquoi, hommes, avoir cet incroyable orgueil de croire que votre intelligence, si petite et si belle pourtant, possède le critérium de cette question de dieu, et de vouloir l’imposer, comme on le ferait encore aujourd’hui, le fer à la main ?

Mais, si cette foi a produit des miracles dans tous les pays, chez tous les peuples, quel est donc ce Dieu qui a pitié de vous ? ce Dieu clément qui s’émeut des larmes d’une mère, des souffrances de sa créature ?

Quand l’homme dans sa détresse crie vers Dieu, le secours lui vient de forces supérieures qui établissent les harmonies entre les âmes. Celles qui vous ont quittés planent au-dessus de vous et voient les souffrances et les besoins de chacun ; leur amour va même au devant des dangers que vous pouvez courir. Combien d’entre elles vous ont sauvés dans de grands périls, vous ont préservés de tentations épouvantables, par une intuition, par une lumière qui tombait sur vous tout à coup sans que vous sachiez d’où elle provenait. Les intelligences supérieures ayant passé par tout ce que dans l’humanité terrienne on éprouve de souffrances, de tristesses, ayant passé même par la souillure, sont liés aux hommes par leurs existences antérieures ; elles sont unies à cette humanité qui peine, qui souffre, qui a des élans et des reculs. Les intelligences, tout en reconnaissant leur bonheur, peuvent souffrir encore dans l’amour de l’humanité par leur prévoyance du devenir de cette humanité, car elles voient l’avancement des hommes se faire bien lentement.

Les grands missionnaires que l’homme a édifiés, que l’on a nommés, Christ, Bouddha, Moïse, etc., n’ont jamais été appelés en vain par vous. Ils sont toujours venus de l’espace, attirés par la souffrance, la douleur, qu’on les évoquât au nom d’un Dieu ou d’un homme. Il arrive toujours au but, le désir qui s’élève du cœur ; la pensée pleine d’angoisses va aux sources pures et vivifiantes de l’espace ; un secours vient, une force se donne, mais dans les manifestations de secours portés, d’âmes régénérées, la main des dieux n’est pour rien !

Laissez Dieu quel qu’il soit ; ne faites que le sentir et l’aimer, rappelez-vous, ô hommes, que sur cette terre vous devez vous entre aider moralement. Qu’il y en ait donc parmi vous qui se mettent au dessus de l’injure et des clameurs des ignorants aussi bien que de l’adoration inutile. Donnez l’exemple du bien, nous vous aiderons à monter le calvaire du progrès. Souvenez-vous que l’espace est un miroir dans lequel la vie humaine se réfléchit fidèlement ; que toutes vos qualités, toute la science et la sagesse de la terre s’y reproduisent quintessenciés. Hommes, aimez-vous, soulagez-vous mutuellement et rappelez-vous toujours que vous n’avez que des frères dans tous les êtres de la terre et de l’espace. C’est en vous que sont les forces divines, et en ceux surtout qui sont plus avancés que vous, en ceux que vous avez divinisés.

Que les mondes de l’espace et le monde terrien marchent donc unis. N’appelez point le secours des dieux, vous marcherez plus vite ; et les dieux des temples abandonnés, n’étant que vos frères aînés, apporteront leurs dons à pleines mains dans le recueillement de vos demeures, dans l’harmonie de vos familles.

L’oriental

Par la loi de solidarité, ceux qui voient et qui aiment plus grandement que d’autres, semblent ne vouloir posséder que pour donner. Le jeune esprit a besoin de soutient et de conduite ; le grand esprit est Dieu pour lui, parce qu’il vient à son aide sans que celui qui est trop jeune encore puisse voir la belle intelligence qui répond à son appel.

Çakya Muni

De la divinité

Un Dieu que l’on cherche à représenter comme une

araignée qui tend ses fils n’est pas adorable… Il faut

substituer à l’amour de la religion, la religion de l’amour.

Ingersoll – célèbre avocat américain

S’il est vrai que par rapport à l’univers votre monde soit comme un grain de poussière ; s’il est vrai que cet atome représente aussi peu dans votre nébuleuse que vous à côté de la masse que vous nommez la terre, comment voudriez-vous donc, en tant qu’êtres perfectibles à l’infini, comment pourriez-vous avoir une idée déterminée de ce qu’il est convenu d’appeler « Divinité » et que j’appellerai l’Ame des Mondes !

Depuis que l’homme a pu transmettre ses idées, soit en les gravant sur la pierre par des hiéroglyphes, soit par l’écriture, il a toujours reconnu une puissance supérieure, et il y a cru sans la comprendre, sans pouvoir l’étudier. En lisant l’histoire, vous trouvez chez tous les peuples une quantité considérable de religions, de sectes ; vous voyez les guerres, les exterminations, se succéder à cause des différences de croyances ; vous voyez les frappés d’aujourd’hui ou les victorieux de demain évoquer leur divinité dans le sang répandu. Oh ! fuyez les hommes qui exaltent encore les horreurs du passé commises au nom de la religion ! Fuyez ceux qui invoquent un Dieu pour appeler l’extermination de leurs frères ! Oh ! fuyez-les si vous ne pouvez les ramener à l’amour, à la fraternité !

Cette divinité planant au-dessus des hommes et de leurs stériles conceptions, a semblé se voiler davantage à la vue des atrocités perpétrées en son nom, car elle ne se manifestait jamais ; dans le cycle éternel de l’immense corps universel, rien, rien n’indique une préférence pour une religion quelconque. Vous riez du brahmaniste, du bouddhiste, comme ils rient de vous, chrétiens, comme vous avez ri et riez encore des dieux de la Grèce, comme les Grecs ont ri de ceux des autres peuples. Toutes les religions ont triomphé les unes après les autres, et cela par la coalition des rois et des prêtres qui travaillaient à ce que les peuples restassent enfants afin de les mieux asservir.

Si les harmonies de l’espace, qui ont une force protectrice, avaient voulu que tel ou tel culte s’établit, depuis des milliers de siècles, et pour le bonheur de l’humanité, ce culte aurait prévalu ; il se serait propagé, et les guerres au nom d’un dieu quelconque n’auraient pas rougi de sang les pages de l’histoire. Mais ce qui a plu aux grandes harmonies, ce sont les manifestations des dégagés, venant toujours en temps propice pour enseigner l’éternité de la vie aux incarnés qui peuvent y croire sans aliéner leur liberté de pensée, car ils ont la faculté de la pressentir et d’en chercher les preuves.

Si vous entrez en plein dans les folies qui subjuguent la raison humaine, qui arrêtent l’épanouissement de l’esprit, vous voyez l’idée des grandes lois directrices rabaissées par les religions… elles personnifient l’Infini !… et l’orgueil humain arrive à croire et à vouloir que cet Infini, représentant les forces et les lois universelles, se rapetisse, s’enchaîne, pour obéir aux commandements d’un sectaire ! Penseurs qui devinez les lois générales, ne souffrez-vous pas de voir l’humanité actuelle entravée dans sa marche ascensionnelle et dans sa liberté par de pareilles insanités ?

L’influence de la divinité est nulle, parce que la divinité n’est point. Ce qui féconde la terre, ce qui féconde la marche de l’humanité, c’est vous, c’est moi, c’est nous tous en nous unissant à tout ce qui est ; en un mot, c’est le Grand Tout, et c’est en lui que tout s’agite, s’élève et se perfectionne. Chacune de nos bonnes actions, chacun de nos fluides qui s’épure par nos efforts, ont leur influence dans l’espace où tout rayonne, et notre petite étincelle de progrès ajoute au progrès général.

L’oriental

La puissance suprême est exprimée par les lois universelles d’équilibre dans le mouvement perpétuel. Vous êtes la résultante des forces de votre planète ; dans d’autres mondes, la manière d’être de ceux qui les habitent est la résultante des forces de ces mondes.

Dieu est la suprême Intelligence ; sa volonté est la manière dont elle s’exécute !… Pour les habitants de la terre, planète encore très peu avancée, ce problème n’est pas à résoudre.

Homme, incline toi devant l’univers et comprends : que tu ne peux comprendre !

L……

L’infini

Le regard de l’infini n’est pas

dans l’œil de l’homme.

Lamartine

Le Moi de l’infini c’est Dieu.

Victor Hugo

Je te salue, Esprit dont le souffle est le mouvement dans la matière et l’intelligence dans l’espace. O éternité ! Immensité ! Infinité ! vers toi s’élève ma première pensée, car ne suis-je pas Toi-même, comme tu es moi-même ?

Pauvre humanité ! Si tu voulais comprendre, seulement, combien est grande la joie du sacrifice d’amour ! Nous, qui comprenons l’amour par l’amour que nous avons pour toi, nous venons t’enseigner toujours la même leçon… l’amour qui est charité.

Mais il est deux choses que l’esprit humain ne peut concevoir encore et dont cependant la notion est indispensable pour pouvoir comprendre la base de toutes choses, qui est Dieu. Le pauvre esprit humain enfermé dans son étroite cervelle ne peut deviner ce que c’est que l’espace, et l’homme, borné pendant son incarnation dans une grossière enveloppe, ne peut percevoir ce que c’est que l’infini. Cependant, la notion la plus élémentaire de ces deux choses, l’infini, l’espace, est nécessaire pour comprendre Dieu, car Dieu, c’est l’espace, Dieu, c’est l’Infini.

Qu’importe pour nous que des siècles sans nombre humain aient passé sur nos têtes. Devant l’infini, c’est comme si ces siècles n’avaient jamais existé. Qu’importe pour nous que la distance d’une étoile à une autre soit immense, selon l’appréciation des hommes ; dans l’espace, c’est moins que rien… Je voudrais pouvoir vous faire saisir l’immensité ; je voudrais pouvoir vous faire comprendre l’infini ; mais je n’ose, car l’homme a le cerveau si petit, que la notion exacte de ces choses le rendrait fou. C’est pour cela, amis, qu’il faut vous tenir à cette idée : Dieu est infini et sa substance est infinie ; c’est l’axiome sur lequel repose la géométrie de l’Esprit. Si un homme voulait voir des taches sur le soleil et qu’il fixât cet astre pendant des heures, il deviendrait aveugle ; s’il essayait de regarder fixement l’immensité, il deviendrait fou. Mais pour les choses accessibles à votre intelligence, cherchez, demandez.

Celui qui apprend progresse et le progrès est Dieu.

Bouddha

Les secours du ciel

Aide-toi, le ciel t’aidera.

L’homme se révolte quand une cause quelconque détruit ce qu’il a eu tant de peine à édifier. Ses révoltes viennent de ce qu’il juge mal, ne comprend pas les lois, se trompe lui-même dans sa propre douleur. Pourtant, il faut qu’il arrive à tout comprendre !

Quand les deuils ou les malheurs vous affligent, après avoir payé votre tribut aux larmes, ce qui est une loi de nature, regardez la mort comme un affranchissement, comme un acte de liberté qui brise des chaînes et laisse aller ceux que vous perdez, dans cette immensité ou tant de beautés attirent des captifs. Souvenez-vous encore que, si vous perdez votre fortune, si des amis s’éloignent de vous, vous n’avez d’autres secours à chercher qu’en vous-mêmes, n’importe de quelle façon, vous avez été atteints.

Le secours matériel ne peut venir du ciel.

Lorsque l’heure aura sonné, que le savoir et la science auront pénétré partout, l’homme se sentira plus fort, il se sentira son maître, son Dieu ; est-il rien de plus enviable pour lui ?

Mais l’homme a de grands devoirs aussi, et ces devoirs s’imposent par le progrès même, car celui qui se croira aussi libre qu’il puisse le rêver se dira en considérant la situation dans laquelle il est revenu sur la terre : j’ai accepté librement cette situation dans ce milieu que j’ai choisi, et je me suis placé là pour faire ce que je dois, et vivre honorablement. Quand l’homme réfléchira à cela, rien ne sera plus propre à le faire vivre en harmonie avec ses semblables.

N’attendez, je vous le répète, aucun secours du ciel. Quand la terre tourmentée par le trop de fluides, électrisée par le voisinage de certaines planètes, reçoit un choc, il se produit des tremblements de la croûte terrestre. Que fut cette année qui commença ainsi et qui se signala par de nombreuses explosions de grisou - conséquences des mêmes phénomènes - ? ( 1884.) Elle commença sous des auspices terrifiants. On se demanda ce qui se passerait encore, et si une influence de ces évènements resterait sur les terriens.

Après avoir tourmenté la surface du globe, le fluide de la terre se répand dans les airs par des fissures imperceptibles. Il enveloppe la terre, il touche aux hommes. Ce fluide impondérable - force du feu central - agira-t-il sur les hommes ? - Oui, il agira, mais nous ne pouvons jouer au sorcier et vous dire qu’il se produira tel ou tel phénomène dans la nature, tel ou tel accident.

Quand les évènements terribles s’accompliront, gardez-vous de blasphémer l’Innommable ; gardez-vous d’insulter à une Majesté que vous ne pouvez connaître, mais souvenez-vous que tout, dans les lois naturelles, a sa contrepartie ; souvenez-vous que l’humanité ne peut chercher qu’en elle-même la force de se défendre ; elle ne doit attendre aucun miracle ; elle n’a d’autres ressources que celles procurées par ses recherches. Ici, il n’est nullement question de religion, nullement question d’un Dieu quelconque. L’humanité, vous le voyez par le passé, s’est grandie d’elle-même : un génie passe, il se voit augmenté par un autre génie qui passe après lui, qui continue l’œuvre précédente et l’enrichit par un nouveau travail. L’homme se constitue le processus de son progrès, c’est-à-dire qu’il est seul son maître et sa force, qu’il est lui-même son propre Dieu.

Devant les coups foudroyants qui laissent l’âme abîmée dans une douleur inénarrable, les faibles prient et ont l’espoir qu’en levant les mains au ciel ils obtiendront du secours ; quand ce secours ne vient pas, combien d’entre eux blasphèment ! A quoi sert de demander à un Dieu inconnu et incompris une dérogation aux lois qui émanent de lui, aux lois éternelles auxquelles, ne le pouvant, l’Innommable ne dérogera jamais pour personne ! Si je vous disais dans votre affliction, lorsque vous aurez besoin d’un secours matériel : « Implorez le ciel, priez, vous serez secourus, » eh bien, je vous tromperais sciemment ; aucune loi ne sera changée, l’Immutabilité qui plane sur toutes les choses de l’univers restera ce qu’elle est. En parlant ainsi, je voudrais être entendu de tous les hommes, leur faire comprendre que prier en vain ou se décourager ne leur donnera ni l’explication ni la solution du problème posé ; cette solution n’est pas où ils la cherchent.

Mais d’où vient le secours ? Au delà de la terre, qu’y a-t-il ?

Dans l’espace infini il y a des êtres, des Intelligences en nombre incalculable ; il y a des sphères heureuses où le bonheur est d’apporter des forces morales à tous ceux qui demandent un secours de l’âme. Voilà ce que vous avez à attendre de l’espace. Heureux ceux qui savent comprendre ces choses ! S’ils ont le secours moral demandé, c’est parce qu’ils le méritent, et nous avons hâte de voir tous les hommes le mériter par leurs efforts. Alors l’humanité sera plus heureuse car bien des maux disparaîtront.

Ils ont la vue bien courte ceux qui croient conjurer les maux de l’avenir en prêchant les doctrines du passé, en persistant à les soutenir. Les nouvelles générations ne veulent plus de ces choses ; le flot monte, la pensée humaine s’émancipe, et la survivance prouvée n’est point le songe d’un rêveur où l’appréciation purement personnelle d’un esprit philosophe.

Chers amis, dans les moments de crise, faites une immense évocation, non pour nous demander des secours matériels ou des choses contraires aux lois qui régissent votre terre, mais pour nous envoyer vos fluides, afin que nous les donnions, fortifiés, à ceux qui sont menacés, à ceux qui souffrent, à ceux qui dans leur naïveté implorent un secours impossible d’une puissance inaccessible.

Mais nul n’est délaissé. Que ceux qui prient et pleurent sans savoir la vérité soient bien soulagés.

L’oriental

Principe de vie

Dieu n’est pas hors de ce monde ; il est latent dans

l’humanité et dans chacun de nous. Nous avons en

lui le mouvement, l’être et la vie.

Saint Paul - traduction grecque

Le temps n’existe pas ; l’Eternité seule existe ; elle est seule le temps, et le temps, s’est toujours. La Vérité, symbolisée par l’éternité, vient de l’Ame universelle. Pour vous hommes de la terre, la Vérité se perpétue dans vous et par vous ; c’est par vous-mêmes, ô hommes, que vous révélez Dieu, et c’est en vous que vous devez le voir avant de le voir dans la nature. C’est dans l’enthousiasme et dans l’extase que l’homme voit Dieu : quand l’aigle vole au soleil, il sent Dieu dans ses ailes ; le reptile qui s’expose mollement aux chauds effluves de l’astre du jour trouve dans leur matière un rayon de Dieu ; un rayon de Dieu est dans le rayon de soleil : c’est la vie, un rayon la donne. Le soleil est un père ; c’est le vôtre ; l’oiseau, le reptile, l’insecte, tout devient homme.

Seul, le principe de vie est toujours le même ; c’est l’Intelligence universelle, qui est l’ordre et la raison même.

Le principe de vie, c’est l’univers infini, c’est Dieu. Pour être Dieu, pour être Amour, ordre, raison et justice absolue, la suprême Intelligence s’identifie à son univers en pénétrant, à l’aide de son universalité, jusqu’à l’insecte, jusqu’au grain de sable. Voilà comment Dieu est en vous, voilà comment il est le vermisseau, dans le brin d’herbe, dans l’atome ; le Tout-substance s’identifie à la généralité qui forme son Unité ; les âmes, tout ce qui existe ne forme qu’une seule famille, qu’un tout, Dieu raison, mouvement.

Hommes, c’est votre existence intellectuelle que je veux comparer à celle de l’Être des êtres ; je veux vous montrer qu’elle est votre universalité. Je veux vous dire qu’il vous est possible de vous identifier à tout ce que vous avez été, à ce que vous avez commencé. Votre passé est le précédent de ce qui doit vous continuer.

Après tous les sacrifices imposés aux existences, lors de la grande enfance de la terre, l’homme s’endort de ce qu’on appelle le grand sommeil ; il s’endort et se réveille dans l’immortalité. L’homme s’endort pour retomber dans la diffusion universelle, vous dirons des philosophes de grand renom. Celui qui s’endort du grand sommeil se réveillera dans la liberté, répondrons-nous. A lui les espaces, à lui les explications de tous ces mystères que certaines sectes ne veulent point chercher à comprendre. Pour elles s’arrête la lumière, parce qu’elles ne veulent point voir. Sommeil de la tombe, tu n’es point le signe de l’anéantissement, tu es le signe de la renaissance : la tombe, c’est un autre berceau. Homme, tu es libre après la tombe, c’est de là que tu deviens ce que l’on est lorsqu’on ne se sent plus enfant et qu’on est viril. Homme, veux-tu entendre le grand enseignement ? Veux-tu connaître la science suprême ? Veux-tu comprendre Dieu sur la terre ? Ecoute :

La sommité du progrès à atteindre est chose glorieuse pour l’esprit qui désire connaître les débuts de ce progrès. Dans cette recherche, les chaînons se déroulent, et l’être se voit : il est cent, il est mille, il est million, et il est un, mille ne commence-t-il pas par un ? Mille est dans un ; un va à mille et s’augmente à tout jamais. Ta grandeur, ô homme, t’est révélée par toi-même. Tu es le reflet de Dieu progressant sans cesse : c’est dans toi-même que tu dois te voir une parcelle de Dieu, et c’est en compulsant les degrés harmoniques franchis à chaque essor nouveau de ton intelligence, que tu dois être heureux, car tu vois en toi-même, d’une incarnation à l’autre, un nouvel appoint à ton progrès ascensionnel.

(Héroan tend les bras dans une sorte d’extase).

Être lumière, toi qui voit les grands de l’espace, quoiqu’il y ait autant de distance d’eux à toi qu’il en existe entre eux et les incarnés dans les ombres de la terre, pure harmonie, suprême conception de la charité et de l’amour, descends pour te contempler dans ta grandeur, car ce n’est qu’en te réincarnant spirituellement dans toutes les phases de ton progrès que tu constateras ton élévation. Cet être lumière, cet astre, revient se mirer dans l’homme ; il revient s’abaisser pour se relever ensuite dans l’exaltation du bonheur conquis. Combien la réalité lui paraît idéale, alors ; combien est grande sa félicité ! Ames d’amour assoiffées de justice, vous qui aimez les fleurs, qui aimez la nature, qui aimez les hommes de la terre, si leur imperfection ne vous permet pas de vivre au milieu d’eux, car vos fluides ne sont plus du même principe, l’amour et la justice vous attirent cependant vers eux, et vous êtes les vrais génies des hommes. Lorsque votre beauté éblouissante peut percer les voiles qui vous cachent aux yeux des incarnés quelles douces sensations vous produisez en leur âme ! Vous venez à ceux qui peinent comme vous avez peiné. L’amour vous donne la générosité, infinie jouissance, d’adoucir les souffrances que vous avez ressenties. Toutes les âmes sont sœurs, c’est la souffrance qui les unit le mieux ; voilà pourquoi les hommes de l’espace descendent sur la terre pour donner la main à ceux qui faiblissent, pour consoler et sauver du doute ceux qui ont besoin de croire.

La certitude du progrès et l’amour donnent à l’homme l’enthousiasme et la force d’âme qui le font s’affranchir des préjugés, le font s’exalter lui-même et par lui-même. Les hommes adorent des vestiges de grandeur et des ruines. Ils ne doivent rien adorer. On doit aimer, aimer tout, n’adorer rien. O homme ! par l’amour tu comprendras. Ecoute la voix de Dieu, elle te dira :

N’adore point. Aimer, être juste est plus grand qu’adorer.

Héroan

Aimez toujours, n’adorez jamais ; il n’est aucun Dieu que vous deviez adorer. Aimer tout, c’est aimer Dieu ; servir la cause de tous, c’est le culte que vous devez à Dieu. Dieu est dans toutes les régions, dans tous les règnes de la nature, de l’univers ; il est dans vous-mêmes, et c’est dans la nature et dans vous-mêmes que vous devez l’aimer. Dieu est toujours avec vous et en vous, puisque vous êtes formés de son essence.

Çakya Muni

Dieu, c’est l’amour

L’amour, c’est le cœur de Dieu qui s’augmente ;

l’amour, c’est une force qui le fait progresser

lui-même, et Dieu, en qui vous êtes, Dieu qui

vous a fait parties intégrantes de son être, vous

a donné tout son amour.

Çakya Muni

J’ai vécu sur terre bien des fois. J’ai été tour à tour pâtre, homme d’Etat, prêtre. De toutes ces incarnations, qu’ai-je gardé ? Qu’ai-je conservé de ce que j’ai fait dans mes différents passages sur les mondes d’étude et de labeur ? Quelles sont les choses restées plus particulièrement dans mon esprit, les choses qui ont fait en mon moi un progrès pour la vie de l’espace ?

Tout ce que j’ai appris, tout ce que j’ai conservé, tout ce que j’ai fait d’utile, c’est apprendre à aimer !…

Mon Dieu à moi, ce n’est pas l’Univers ; mon Dieu à moi, ce n’est pas le Grand Tout - le Grand Tout est insuffisant pour désigner Dieu ; un seul mot pour moi le fait comprendre tout entier, et Dieu, auquel en Occident on donne telle ou telle attribution, dans l’Inde telle ou telle autre ; moi, je l’appelle l’Amour ! L’amour, c’est réellement le Dieu qui s’augmente dans chaque être, dans chaque âme de l’univers. Dieu, c’est l’amour toujours infini ; aimer, c’est se déifier ! Toutes les choses de la terre, tous les savoirs, toutes les sciences, la longue chaîne des existences, ne font que créer et développer l’Amour, et l’Amour, qui résume tout, est lumière, science et sagesse ; il embrasse tout, et, si j’adorais Dieu justice, j’adorerais l’amour.

J’ai été prêtre. Prêtre, j’ai mendié mon pain par ostentation comme font les prêtres d’Orient ; j’ai usé et abusé comme eux de tout ce qui peut influencer cette foule ignorante, ce peuple qui dort là-bas dans ce long sommeil que fait peser sur lui le fanatisme de ses religions. Là-bas, j’ai fait payer le vin cérémonial que le prêtre fait payer partout ; j’ai psalmodié par routine et béni par habitude, sans conscience de la portée des actes que j’accomplissais, et sans pudeur, et sans honte, quoique reconnaissant parfaitement que l’ombre d’un homme ne doit pas se placer entre l’âme et Dieu.

J’ai été simple d’esprit, j’ai été aussi esprit coupable. Puis, j’ai travaillé, j’ai cherché à aimer, et en revenant de l’espace, ce que j’ai trouvé de bon en moi, ce que j’ai conservé, c’est la joie du bien que j’avais fait sans ostentation, et aussi l’avancement obtenu par les études de la terre. Amis, ceux qui travaillent et qui acquièrent beaucoup de connaissances ne savent pas combien à leur départ de la terre ils ont agrandi leur horizon. On peut commettre des fautes, mais ces fautes, on revient les réparer, et on reconquiert toujours les droits du passé, les droits éternels ; l’acquis du passé reste un rayon de beauté, un rayon d’amour.

En Occident, pendant bien des siècles, les religions ont mis l’homme dans l’impossibilité de s’élever. Quelques sectes ont secoué le joug et se sont affranchies un peu ; mais pourtant, en Occident comme en Orient, les hommes, à des degrés différents, sont subjugués par certains d’entre eux, qui se sont donné mutuellement des pouvoirs. Ces pouvoirs ne peuvent venir de Dieu, puisque Dieu n’est pas un homme, et que, en tant qu’Univers, il ne peut se révéler que par la nature. Ici, comme en Orient, on est encore dans les superstitions qui affaiblissent les forces de l’intelligence.

Jadis, en Orient, les prêtres guérissaient. Ils ne guérissent plus. Paul, qui connaissait l’Inde en avait rapporté des secrets précieux, et les apôtres du Christ en possédaient d’autres aussi venant du Maître, qui, lui-même, les avait appris en Egypte. Tout cela est perdu ! Ni en Orient ni en Occident, les prêtres ne savent plus guérir maintenant ; ils emploient en vain les huiles dites saintes, en faisant des simulacres !

Dans l’Inde, les prêtres lettrés gardaient précieusement pour eux seuls les secrets de l’Inde antique, grandes choses restées dans les manuscrits que les prêtres d’aujourd’hui, pour la plupart ignorants, ne peuvent lire, ne peuvent déchiffrer. Aussi, les pouvoirs magnétiques, dans l’Inde, sont-ils le privilège des affiliés de quelques sectes.

Amis, j’ai vu un peu de tout sur cette terre ; j’y ai fait un peu de tout aussi, et, lorsque nous nous retrouverons, vous qui êtes déjà des affranchis de la superstition, des choses vaines et de convention, (oh ! pardonnez-moi le mot) du ridicule , lorsque nous nous retrouverons, dis-je, nous nous dirons : Hélas ! quel temps nous avons perdu en fondant notre idéal d’avenir sur de vides prières, d’inutiles cérémonies, courbés sous la férule d’hommes qui avaient pris sur nous le pouvoir de la force et de l’habitude, et l’avaient gardé à travers les générations !! Nous verrons ensemble que ce qui reste de nos incarnations, c’est ce que nous avons appris des sciences de la terre, et surtout de l’amour que nous aurons eu pour tous les êtres qui s’y développent, selon l’esprit de justice.

Soyez heureux, chers amis, d’être libres d’esprit. Dans cette existence, il vous a été accordé la plus douce des satisfactions : c’est que les habitants de l’au-delà aient pu venir vous enseigner l’Amour.

L’oriental

Jésus à Dieu

Nous l’avons pris par ses propres paroles.

« Quand vous vous réunirez, appelez-moi, je viendrai…

et il est venu. »

Les membres du groupe

Vérité des Vérités ! Summum de la vie universelle ! Être dont la personnification est : amour et progrès ! Les battements de ton cœur sont les effluves qui agitent les mondes ! tu verses ton amour avec la lumière ; tu es la force vivifiante qui produit la lumière et l’amour.

Majesté des majestés ! les soleils, comme des volcans réunis, ne sont qu’une étincelle devant toi. Soleil dont les mondes sont enfantés, et par qui les soleils enfantent la vie, que l’atome monte, perdu dans l’espace et que l’atome ressente ta grandeur parce qu’il est formé d’une étincelle-Dieu ! Ce qui a été révélé de toi sur la terre n’est qu’une parcelle de ce que les mondes avancés en connaissent.

O Père ! Je t’adore par mon amour !!! Je ne me reconnais rien, et je comprends que je ne suis rien, car je n’ai la force qu’en t’aimant !

Jésus


Quatorzième série
Cultes et croyances

Considérons au travers de quels nuages et comment à

tastons on nous mène à la cognoissance de la plupart des

choses qui sont entre nos mains. Certes, nous trouvons

que c’est plus tost accoutumance que science qui nous en

oste l’étrangeté, et que ces choses là, si elles nous estoient

présentées de nouveau, nous les trouverions aultant et

plus incroyables qu’aulcune aultre.

Montaigne.

Origine des cultes

Dieu n’a qu’un seul miroir, mais un miroir à facettes ;

c’est peut-être, soit dit en narguant les faiseurs de Sainte

Trinité, le moyen d’expliquer Dieu seul et multiple.

J. de L.

Lorsque mon âme domine son passé, si je descends l’échelle des souvenirs avec la longue chaîne des siècles, je reviens vers l’Inde antique, et je revois mes premières existences au sein des grandes familles ariennes ; et, alors, hommes de ces jours, je me prends à vous aimer davantage parce que j’ai à vous plaindre.

Aujourd’hui, je vous parlerai d’un temps reculé, bien reculé. Je vous dirai qu’à cette époque lointaine, l’homme, déjà avancé en philosophie, n’était encore tombé dans aucun de ces tristes travers des nombreuses sectes religieuses qui se sont répandues sur la terre. Vous, qui surprenez les secrets de la nature et qui assouplissez ses forces à votre gré, qui les exploitez même pour les besoins de votre vie, sachez que ces forces, que l’on dit aveugles, avaient été étudiées par beaucoup d’hommes des temps védiques ; ils les comprenaient, faisaient la synthèse de toutes ces forces en une seule, et avaient ainsi conçu l’unité de Dieu.

Ces hommes offraient des sacrifices à l’éternel, à l’Innommable, chacun donnait ses propres fruits… C’était devant un autel que nous offrions nos chants et nos hommages ; oui, devant un autel, mais un autel dressé par la nature elle-même. Alors, dans ces instants, il se produisait des phénomènes qu’à présent on ne peut plus appeler étranges. Parmi nous, il y avait aussi les doués, les inspirés qui devenaient les porte-voix des habitants de planètes plus avancées dont la force de rayonnement arrivait jusqu’à la terre ; dans les discours des inspirés aryas, de même que dans les manifestations d’aujourd’hui, il y avait la révélation de l’éternité de l’existence. Ce sont les premiers médiums de l’Inde qui confirmèrent la vérité déjà préconçue par les hommes de ces époques touchant les transformations qui se produisent dans la nature, transformations qui leurs démontraient que la mort n’existe pas, qu’elle n’est qu’une phase de métamorphose.

La vraie, la pure croyance, vécut bien longtemps chez les peuples ariens ; puis les inspirés, devenus prêtres, exploitèrent les inspirations qu’ils avaient auprès des autels ; le culte s’établit, et alors commença cette prédominance, cette suprématie de ceux qui prétendirent parler au nom de Dieu, et qui s’arrogèrent le droit de se placer entre Lui et l’Homme. Il n’y eut plus de république ; les familles sacerdotales fondèrent leur autorité ; ils firent des privilégiés dans les familles qui portaient les armes, et, du premier pontife au paria, des lignes de démarcations furent établies. Dieu fut subdivisé en plusieurs puissances, on en fit une trinité ; on donna des noms aux diverses forces qui semblaient se consacrer à la marche de l’Univers ; à ces noms, on affecta bientôt une personnalité humaine, et le Dieu anthropomorphe fut enseigné à la foule. Dieu, l’Eternel, l’Âme universelle, devint l’objet de l’adoration des hommes sous la figure d’un homme !

O humains de ces jours, n’êtes-vous pas effrayés à la pensée que les anciens âges ne vous ont légué que la superstition des prêtres, et que tout ce fatras vous est venu en Occident par le judaïsme, d’origine égyptienne et assyrienne, et par le christianisme sitôt défiguré ! Quelles chaînes de fer les religions ont fait peser sur les hommes ! Comme elles les ont fait courber sous le poids de leur idolâtrie ! Faut-il qu’à présent encore nous venions vous adjurer, au nom du Dieu de la nature, au nom du Dieu universel, de reprendre votre liberté, de secouer le joug pesant, de rejeter ce fardeau, de rompre vos chaînes !

Après les temps védiques s’établirent un grand nombre de sectes qui faisaient de l’immortalité de l’âme un nouvel assujettissement. On déclarait que celui qui n’avait pas vécu selon les croyances dogmatiques, que celui qui n’avait pas suivi les prescriptions religieuses imposées par les prêtres, aurait, sinon l’immortalité retranchée, du moins la peine d’errer dans les incarnations inférieures par lesquelles leurs âmes avaient déjà passé.

Dans le domaine philosophique, les prêtres de toutes les religions ont exploité les découvertes pour se les approprier, afin d’avoir, par cela-même, une plus grande prépondérance sur ce que j’appellerai : l’esprit des nations.

Si l’erreur vous est venue de l’Inde, c’est aussi l’Inde, celle des premiers jours de clarté, qui vient faire grandir en vous la science retrouvée, établissant entre l’Inde des temps védiques et les animistes d’aujourd’hui une espèce de fraternité dont nous sommes heureux. Vous avez tout pris de l’Inde, et les prêtres bouddhistes, en montrant leurs parchemins, pourraient dire aux missionnaires chrétiens : Ce que vous avez prêché a été enseigné ici il y a trente mille ans. Vous nous parlez du Christ ? Nous vous parlerons de Christna, nous, et nous vous dirons que l’incarnation de christ est une réincarnation de Christna : c’est la même âme ; la même philosophie et la même morale ont été professées par Christna et par Jésus.

Ceux qui sont venus avant moi vous parler des incarnations du passé, ceux chez qui vous avez admiré la simplicité et la grandeur des idées philosophiques, sont les prophètes, les médiums des premiers temps de l’Inde. Ils ont repris leur tâche bien des fois pour ramener les hommes à la liberté de leur conscience, leur faire reconnaître que Dieu est l’âme universelle et que nous sommes éternels, puisque nous sommes en Dieu et que rien ne meure dans l’Univers. Pour se rendre libre, il faut jeter à terre les fardeaux inutiles. Pour aller à Dieu, pour marcher à la conquête de son amour, de sa science, il faut être libres, libres comme il vous a faits, ou plutôt comme vous devriez vous faire. Libres, vous n’avez à compter qu’avec votre conscience, vous n’avez qu’à écouter les inspirations de votre cœur ; vous n’avez qu’à aimer pour être justes, pour être bons ; vous n’avez qu’à aimer pour vous déifier.

L’Amour de Dieu, c’est l’amour de l’humanité.

L’oriental

Dans les messes, je vois d’anciennes cérémonies païennes : évocations, passes magnétiques, libations, couleurs symboliques, victime expiatoire, choses usitées en magie.

Liana

Les sacrifices sur les autels

Je veux la miséricorde et non le sacrifice.

Matthieu, IX, 13

Lorsque les ouragans déchaînés détruisaient les travaux des premiers hommes, que les fauves rugissants et terribles décimaient ; lorsque la vie était pleine de périls et d’angoisses, la jeune humanité tournait sans cesse ses regards vers les cieux, demandant protection au soleil, aux étoiles, et au Maître inconnu qui commandait à toutes les forces.

Pour se rendre agréable à leurs divinités, les hommes immolèrent des taureaux, des agneaux, des colombes, puis bientôt des enfants et des vierges ; c’est que les hommes de ces âges, consommant la chair et le sang à peine refroidis et soutenant des combats contre les animaux féroces, se figuraient que des sacrifices sanglants pouvaient seuls plaire au dieu impénétrable et fort qui ne se révélait que par le spectacle grandiose de la nature, et qui n’avait d’autre voix que celle des éléments tour à tour calmes où courroucés. Les hommes, alors, étaient dans un état de barbarie effroyable. Au Pérou, chez les Incas, au Yucatan, à Carthage, à Rome, chez les druides comme chez les sauvages, il y eut des victimes offertes aux dieux. Les foules prosternées regardaient couler le sang, et nul sentiment de pitié ne s’élevait dans les cœurs, pas plus chez les vieillards que chez les femmes et les enfants ; le couteau sacrificateur égorgeait la victime, dont les cris étaient étouffés par les chants sacrés et dont le sang était caché par les fleurs qu’on jetait sur l’autel. Pas un regard de compassion pour l’immolé. Quelquefois, une mère se retirait pour aller pleurer dans l’ombre des grands bois, croyant que le silence pleurerait avec elle.

Pourquoi, pourquoi ces victimes ? Pourquoi la vue du sang offerte au regard des enfants, imprimant ainsi dans leur âme le scepticisme de la bonté et appelant dans toute son horreur le sentiment de la cruauté ! Car le sang qui coule c’est la vie qui palpite ; s’accoutumer à la plainte agonisante, c’est paralyser les nobles mouvements du cœur. La cruauté avait son école dans ces cérémonies religieuses : l’enfant qui voit verser le sang de la bête et s’y habitue, n’aura bientôt plus rien qui vibrera en lui quand, emporté par les passions humaines, il sera tenté de tuer son semblable. O siècles de barbarie ! siècle de tristesse et de deuil ! Vous avez trouvé dans ces sacrifices monstrueux un aliment de curiosité malsaine, d’égoïsme et de brutalité. Du sang de la victime, la buée s’épaississait autour des hommes et leur donnait l’appétit du crime.

Traversons les siècles à vol d’oiseau.

Depuis ces temps barbares, le progrès a élevé des digues contre les envahissements de la mer ; il a trouvé le paratonnerre contre la foudre que tenait jadis dans sa main un dieu redouté ; à côté de la cruauté qu’excitent les appétits immondes, il a fait fleurir la charité, l’indulgence et la bonté ; il a enrichi l’humanité de connaissances précieuses. Par lui, l’homme comprend son rôle dans la nature ; il n’adore plus le serpent qui représente l’éclair, signal de l’orage ; il n’adore plus la foudre qu’il craignait plus que les autres éléments ; il n’adore plus les eaux envahissantes de l’Océan ; il peut se contempler lui-même dans son élévation : l’homme a consacré sa propre déification par la victoire remportée sur les forces de la nature. L’avenir plein de surprises, l’avenir qui laisse devant lui un champs de découvertes toujours plus vaste, lui sourit et l’appelle. L’homme, l’homme est déjà le dieu des éléments, et les forces de la nature s’assouplissent par sa volonté tel l’animal sauvage qui devient doux et docile léchant la main du maître qui l’a dompté. Hommes de nos jours, qui regardez dans le passé tout ce que vos ancêtres ont fait, considérez dans votre éternel Devenir toute l’élévation morale, toutes les joies qui résulteront de vos efforts !

Pourtant, pour beaucoup d’hommes encore, , il faut sur les autels une victime expiatoire, il faut - reste de barbarie - du sang pour apaiser la colère de Dieu !!! Mais la suprême Harmonie qui est tout amour réprouve le sacrifice, au contraire ! Ah ! fuyez les autels où une victime est immolée ! Plus la victime est pure, plus l’acte est infâme !

Ah ! Pourquoi devant ce panorama immense plein de grâce et de charme, pourquoi dans ce Grand Tout dont nous surprenons les secrets et les forces, afin de grandir en science, pourquoi s’incliner et gémir au lieu d’unir ses efforts ? Pourquoi passer tant de temps en prières, puisque, depuis tant de siècles, les prières n’ont jamais pu barrer la route à l’élément dévastateur ? Homme, ne te découvre pas devant l’idole. Si le feu ou l’eau menace ta demeure, sois debout au plus vite ; ne t’attarde pas au pied de l’autel, car aucun dieu ne peut t’être utile. Cours au danger, prends des forces en toi-même, aide-toi de tes frères et lutte pied à pied ; c’est à ta force que cèdent les autres forces ; tu es toi-même une force active et intelligente, et tu es appelé à vaincre, à dominer celles qui te menacent. L’homme dans son esprit, dans le creuset génial de son cerveau, doit trouver lui-même et toujours des moyens nouveaux pour vaincre les éléments et connaître davantage les mystères de ce mécanisme de la Nature dont l’ignorance l’a laissé tant souffrir. Ah ! plus de sang ! plus de sang ! Plus d’homme aux plaies béantes cloué sur un gibet ; plus d’évocation, de martyre !!!

Il y a bientôt dix neuf siècles, dans un coin retiré du monde, parut un homme qui avait en lui les influences des harmonies supérieures. Il prêcha la lutte pour le progrès ; il prêcha le pardon et l’amour, et il apprit à ses disciples l’art de guérir, l’art d’être bien-faisant ; et les prêtres d’alors le massacrèrent… et d’autres prêtres en firent une divinité qu’on offre en holocauste sur les autels ; on a l’odieuse, l’atroce barbarie de vouloir l’immoler, cette pure victime de leurs prédécesseurs, à un Dieu jamais apaisé, et cela chaque jour, dans toutes les parties de la terre ! O sacrilège ! pourquoi insulter ainsi aux harmonies ? Oh ! qu’un sentiment de pitié s’élève de vos âmes pour ces malheureux, ces ignorants, auxquels il faut toujours un sacrifice !!

Dans les sphères radieuses plane une harmonie, foyer puissant. Cette harmonie a été représentée sur la terre par une intelligence qui, délaissant les grandeurs sidérales, voulut bien descendre dans ce monde, pour enseigner le pardon et l’amour ; parce qu’elle s’était incarnée dans le plus pur, le plus chaste, le plus grand des hommes, il faut qu’on l’immole à Dieu - son père et le père des hommes ! - Et, lorsque ses regards tombent sur la terre, il faut, il faut encore qu’on lui remémore la sauvagerie dont il fut victime. O enfants de la terre ! souvenez-vous que dans l’espace, à quelque degré élevé que l’on soit, l’être souffre de l’évocation de ses suprêmes angoisses. Ce raffinement de cruauté qui rappelle la douleur pour la faire revivre par celui qu’on prétend honorer, éloignera cet être par une force plus grande que lui-même. L’intelligence a beau être grande, être un foyer de charité, de pardon, de condescendance même envers les petits qui ne la comprennent pas, elle repousse l’évocation de ce martyre, parce que cette évocation fait résonner encore dans son souvenir, où rien ne s’efface, les coups de marteau enfonçant les clous dans sa chair, le sang coulant des plaies affreuses, et l’agonie épouvantable de Golgotha.

O Jésus-Amour, Jésus puissance de progrès, tu pardonnes aux barbares qui t’évoquent dans l’horreur du supplice ; tu pardonnes à ceux qui, par cette évocation, te font encore ressentir la lance, perçant ton flanc, et les épines faisant à ton front un diadème de sang !

Enfants de la terre, par pitié ! plus de sacrifice, plus d’évocations de tortures ! Unissez-vous à moi pour évoquer Jésus le pasteur des âmes, le pasteur qui recherche la brebis égarée, qui prend sous son égide tous ceux qui manquent de force ; évoquez son sourire d’amour pour l’humanité ; évoquez le dans son influence douce et bienfaisante ; évoquez le pour le progrès éternel, qui, seule aide des forces divines, rendra l’homme maître de la nature et le fera aspirer à se grandir toujours, comme son sublime modèle : Jésus !

L’oriental

Aimez Jésus, ne l’adorez pas

Mon père, pardonnez-leur,

car ils ne savent pas ce qu’ils font.

Le souffle de la révolution a passé sur l’humanité ; souffle puissant et vivant, souffle de liberté !

Le torrent a lavé bien des fanges, fait disparaître bien des abus ; il semblait avoir emporté tous les débris du passé, toutes les faiblesses, toutes les hontes ; mais des vestiges sont restés ; une puissance nouvelle va t-elle s’élever pour opprimer encore les consciences, et cela, à la face du monde affranchi ? Non ! La liberté tient trop haut son flambeau pour qu’on puisse l’éteindre ; plus noire est la nuit, plus vives paraissent les lueurs.

Quoi ! Je vois encore des temples ouverts aux foules qui s’y engouffrent ! Je vois encore des têtes se courber devant des idoles ! Je vois le denier de la veuve et de l’orphelin servir toujours à nourrir des êtres inutiles, qui marchent triomphalement, tenant en main l’éteignoir de toutes les vérités !

O peuples enfants ! quand donc serez-vous assez grands et assez forts ? Quand donc vos yeux auront-ils la puissance de regarder en face la liberté qui est la vraie lumière apportée par Jésus ?

L’a-t-on assez lâchement insulté, le Nazaréen, ce grand tribun, ce grand philosophe, ce grand humanitaire, cet homme immense dont la voix a rempli le monde ! Mais on ne l’avait pas encore assez outragé, assez brisé, assez ensanglanté ; on l’évoque toujours cloué sur le bois du supplice ; on lui rappelle sans cesse les clous qui ont troué sa chair ! Il leur faut donc éterniser le martyre de la victime ! Oh ! quel sentiment de profonde horreur cela inspire ceux qui ont vu dans Jésus l’apôtre de la pitié, de la charité, de la liberté !…

Prêtres !… peut-être n’êtes-vous que des enfants ! comme eux, vous ne savez ce que vous faites… Si parmi ceux qui lisent ces lignes, il en est qui continuent à appeler Jésus, croyant le forcer à descendre en esprit et en chair sur l’autel dans le sacrifice de la messe, qu’ils craignent de se voir flétris dans leurs œuvres !

O grand homme ! Toi que les âmes d’élite reconnaissent comme le plus grand des sages, regarde ce qu’a produit le mensonge ! Regarde jusqu’où vont l’orgueil et la soif de domination de ceux qui se sont emparés de ta doctrine et de ton nom ! Pour eux, ce n’est point assez de te sacrifier chaque jours, de te rappeler ta suprême agonie ; ce n’est point assez de vouloir faire de toi ton propre bourreau pour que tu souffres perpétuellement ! Pour comble d’ignominie, ils prétendent boire ton sang et manger ta chair !… comme les anthropophages mangent les hommes !… et ils appellent cela t’adorer[17] ! O Nazaréen ! dans quel siècle seras-tu compris, toi le vrai révolutionnaire, car tu as su faire la révolution par l’idée et non par le sang. Toi qui voulais la liberté, la justice et la vérité pour tous, vois ce que l’on a fait en ton nom ! Regarde ce qu’est devenue ton œuvre !… Mais une révolution nouvelle se prépare, l’affranchissement des consciences s’opère peu à peu, car on rend l’enfant libre maintenant.

Je crois en l’Être suprême ; mais plutôt la croyance au néant que celle à un Dieu que l’on honore par des sacrifices ! Délaissez les temples et n’encouragez pas par votre présence les actes flétrissants qui éternisent le cruel et long martyre du grand apôtre de la liberté ; n’encouragez pas l’erreur religieuse qui tient notre Jésus éloigné de la terre et qui fait pour le résultat de sa mission un arrêt si long !

Evoquez Jésus-Amour, Jésus le grand égalitaire, Jésus-Liberté et Justice.

Honorez-le, aimez-le, mais ne l’adorez pas !

Robespierre

Le Fils de l’Homme

Jésus est notre frère

Le corps est homme, et l’âme est Dieu.

Lamartine

Disciples de l’enseignement d’amour, écoutez !… Vos maîtres sont ici !

De l’Esprit d’amour se détache le doux effluve qui vous pénètre et vous donne une sensation de paix et de bonheur. L’Esprit d’amour a la sérénité dans sa plénitude ; il porte en lui le charme et la grandeur que peuvent atteindre plusieurs générations : - c’est Jésus !

Il est partout où il veut être, et son rayon vivifiant s’étend à des distances que nulle compréhension humaine ne peut sonder. Dés que Jésus veut envoyer un effluve d’amour en quelque lieu, sa présence y est caractérisée, parce qu’une vertu s’est détachée de son cœur. Il est pour vos âmes ce que le soleil est à la terre, il est la lumière.

S’il ressent qu’il doive donner ce qui lui est demandé, toujours en tous lieux ceux qui l’invoquent avec le cœur reçoivent de lui une bienfaisante protection. Vous devez sentir que mes paroles peuvent s’appliquer à des hommes qui tout en le priant l’offensent, le font souffrir en se prosternant devant son image, car Jésus est trop grand pour vouloir paraître grand ; il sait qu’il a été petit comme l’insecte qui rampe encore ignoré parmi les ronces et les épines. Pour ceux qui le méconnaissent, Jésus ressent de la pitié ; pour ceux qui le comprennent mieux il est l’amour, et pour les autres il n’est rien, parce qu’il ne peut être le Dieu qu’ils veulent voir en lui. Pour les uns, il est un frère ; pour les autres, il voudrait l’être ; mais comme il n’est pas Dieu, si on prononce ce blasphème, il souffre, parce qu’il est obligé de s’éloigner de ceux qu’il voudrait garder sur son cœur ; il souffre, parce qu’il se trouve repoussé.

Vous pensiez que l’être, arrivant dans une région éthérée où il n’est plus que quintessence d’amour, changeait de forme et ne pouvait reparaître parmi vous sous les mêmes caractères qu’il avait dans une incarnation fort ancienne où vous pouvez l’avoir connu. C’est une erreur. Oui, c’est une erreur de croire que l’Esprit d’Amour s’incarnant pour un instant dans un homme, revêtant momentanément la robe de la terre, pourrait ne pas être celui que les hommes ont connu dans cette même incarnation. Jésus s’incarnait dans l’Inde, on entendait sa voix ; là-bas on l’appelait « Rayon de Lumière », quelquefois il présidait aux phénomènes comme il préside à vos séances ; pour produire des phénomènes, il se dépouille de sa grandeur, et il reprend une des incarnations où il a servi et aidé aux manifestations.

Jésus s’incarne dans différents milieux ; le grand esprit se fait petit pour enseigner l’amour comme on peut le comprendre sur la terre. Il a voulu connaître toutes les blessures qui peuvent atteindre l’humanité afin de trouver le baume qui les cicatrise ; il a voulut souffrir toutes les souffrances des hommes, et pendant de longs siècles il a vécu toutes les incarnations humaines pour pouvoir descendre dans une incarnation se rapprochant de celle dans laquelle l’homme souffre, et pouvoir lui donner la force dont il a besoin. Il vient prodiguer à tous le calme, la paix, ne demandant que la satisfaction d’avoir fait le bien, sans même que le secouru le sache. Par cet exemple, apprenez donc l’humilité dans le bien que vous faites.

Jésus se réincarne aussi dans tous les règnes pour y semer les forces d’amour qu’il possède ; c’est ce qui fait sa force de projection universelle. Enfants de la terre, l’esprit d’amour voit, lit lui-même comme vous lirez un jour toutes ses incarnations sur votre globe. Comme vous, il naquit petit en amour et en science et n’est devenu grand que par le travail.

Regardez Jésus en face, vous verrez sa voie, car en lui, dans sa projection, vous pourrez lire tout ce qui a accompli son progrès. Enfants, ne récusez jamais la parole de pardon, de pitié ou d’indulgence qui vous viendra au nom de Jésus. A celui qui vous parlera ainsi, ne jetez pas la pierre, quel qu’il soit, s’il est convaincu, car tout ce qui est amour peut venir de jésus.

Oh ! aimez Jésus-Amour ! Songez surtout qu’il est un être comme vous, puisque tout ce qui se détache de votre planète garde sa forme, forme quintessenciée, il est vrai, mais forme humaine. Lorsque vous aurez acquis davantage, lorsque l’Amour vous donnera une forme de projection plus grande et que vous serez désincarnés, le rayonnement de vos cœurs pourra descendre dans différents milieux, mais votre être intime en sera peut-être éloigné. De même Jésus, dans les profondeurs de l’espace, avec son éclat éblouissant qui le fait voir à des milliards de lieues de votre terre avant que sa personne soit encore à l’endroit où on le voit apparaître, Jésus ressemble à un homme. Il est ou il veut être, avec plus de force que tout autre homme détaché de la terre ; il est à plusieurs endroits à la fois, parce que ses effluves d’amour, envoyés dans toutes les directions, font ressentir son fluide ; et, du moment qu’il l’envoie, c’est comme s’il était là, car son amour c’est lui et c’est Jésus lui-même.

Çakya-Muni

Jésus est un esprit très élevé - non point un Dieu comme le croient la plupart des hommes.

Il est venu de régions inaccessibles pour nous. Il a sacrifié sa chair et son sang à ses principes, principes d’amour, de fraternité, de justice, dont le temps n’a pu effacer la loi. Puis il est remonté bien haut !…

D’autres encore se sont élevés très haut. Je vous citerai Socrate, Marc-Aurèle, Vincent de Paul, etc.

Molière

Religions et néantisme

L’insensé te blasphème, et moi je te révère. Je ne

suis pas chrétien, mais c’est pour t’aimer mieux.

Voltaire

Et, si quelqu’un entend mes paroles et ne croit pas,

je ne le juge point, car je ne suis pas venu pour

juger le monde, mais pour te sauver.

Jean, XII, 47

La Société de vos jours est composée d’adeptes de n’importe quelle religion, de simples déistes et de néantistes. Ceux qui acceptent une religion suivent plus ou moins ses commandements, ses cérémonies ; ils prennent dans ses préceptes ce qu’ils peuvent, je ne puis dire ce qu’ils doivent, de principes de morale.

Le plus grand nombre de déistes affranchis de tout dogme pensent que Dieu est le fluide universel intelligent, ou la substance, et que ce fluide est le formateur de tous les mondes. Certains d’entre eux reconnaissent Dieu dans l’univers tout entier, dans l’univers indéfinissable et incompréhensible pour les êtres qui ne sont pas d’un degré éminemment élevé.

Certainement, les hommes qui s’appuient sur les religions peuvent comprendre et faire le bien, mais les hommes de pensée libre ont plus de mérite, eux, quand ils le font, car rien ne le leur impose ; ils font le bien de propos délibéré, de plein vouloir et de bon cœur ; ils le font, dis-je, le plus souvent sans s’attendre à ce que bien leur vaille une récompense dans la vie future, à laquelle ils croient à peine ou point du tout, tandis que les religions ordonnent les bonnes œuvres dans le but d’une récompense. Il y a une grande différence dans ces deux sentiments : le premier vient du cœur, l’autre est imposé.

L’homme dont l’esprit est éclairé et sans parti pris arrive, par l’étude, par la réflexion, par l’instruction, par la voix de la conscience, à concevoir l’immortalité de l’âme ; il est plus chercheur de la vérité que l’homme qui s’est jeté aveuglément dans le courant dogmatique des religions, lesquelles circonscrivent le domaine de l’idée et interdisent les recherches. L’esprit libre arrive tout seul à croire à l’immortalité.

L’existence des chercheurs est souvent tourmentée. Celui qui cherche n’a pas toujours la base sur laquelle s’appuie une conviction ; il n’a pas toujours l’intuition de la Vérité intégrale ni le rayon lumineux de l’espérance. Il cherche, il voudrait croire, et souvent il ne le peut. Ne me jugez donc pas, celui-là ; il n’est pas encore mûr pour la vérité.

Amis, celui que vous nommez Dieu, aussi grand que vous vous l’imaginiez, aussi éloigné de vous qu’il puisse paraître, est en tout et partout et pénètre tout, car il ressent les palpitations de votre cœur ; il ressent vos appels pressants et la souffrance de celui qui demande à croire. Laissez donc aux philosophes, aux chercheurs, le devoir de deviner, de comprendre, de trouver leur Devenir ; aimez-les et laissez-les libres, car la Liberté les conduit plus directement dans la voie de la Vérité.

Non ! Non ! quoique les religions anathématisent ceux qui veulent être libres croyants, ceux qui aspirent à savoir plus qu’on ne leur enseigne, les religions, dis-je, ne pourront empêcher cette soif de science, cette soif de vérité qui s’impose à l’âme ; cette soif ne vient-elle pas de l’amour pour la conquête des grandes connaissances de l’Univers ! Les hommes entendent être libres de chercher le principe de toutes choses, et on ne peut les forcer à admettre que Dieu a créé l’homme avec l’arrière pensée de le faire souffrir, de le faire mourir et puis de le livrer à des démons qui le brûleront éternellement, car, en le prenant au point de vue théologique, Dieu, dans sa sagesse éternelle, devait prévoir, devait savoir que sa créature pécherait ; Dieu serait donc plus cruel qu’une mère dénaturée ? Un Dieu qui aurait fait l’humanité sans voir dans sa prescience qu’il aurait à condamner l’œuvre de ses mains !… Est-ce à dire qu’il est de l’argile dont on l’accuse d’avoir fait l’homme ?… Ah ! ce Dieu, ne le reconnaissez point !

Non ! Dieu est plus que bon et juste, parce que sa justice n’a pas à s’exercer. Votre Dieu, ô humains, c’est la Grande Âme Universelle qui vous a faits libres comme elle l’est Elle-même ; vous êtes une partie d’Elle. Lorsque vous faites le bien, Elle vous ressent et vous inonde de fluides fortifiants, Elle vous fait goûter le bonheur d’avoir accompli un devoir. Aimez-la, la Grande Âme, car elle est la déterminante de votre progrès.

Arrivons aux hommes qui se disent néantistes. La plupart le sont à causes des absurdités enseignées par les religions. Le néantisme est un mot sur lequel ils s’appuient pour faire comprendre qu’ils ne croient en rien. Les véritables néantistes, ceux qui fondent leur opinion sur des déductions scientifiques, devraient se dire pourtant : « Il est vrai qu’aucune force ne disparaît ; dans la nature tout se transforme, le vibrion infime et le grain de sable même ; tout a donc une vie éternelle ! » Les néantistes de bonne foi se dévouent à l’humanité sans aucun calcul, sans aucun intérêt ; persuadés que pendant leur vie ou après leur mort ils n’auront aucun bénéfice d’une bonne action, ils n’en sont pas moins sensibles à toutes les souffrances humaines, et ils cherchent à les soulager. Ceux-là encore, devez-vous les juger ? Non ! Les hommes ne doivent pas juger. Si les néantistes sont septiques, c’est parce qu’ils n’éprouvent pas le besoin de croire, c’est que l’heure n’est pas venue pour eux.

La science de la terre qu’on peut acquérir dans une incarnation ne suffit pas pour pouvoir s’élever d’emblée dans les hautes régions. Non ! la science ne suffit pas. Le cœur doit s’être exercé pendant bien des incarnations pour que l’âme soit instruite et rapporte sur la terre le sentiment si lumineux de la vie de l’au-delà. Ce sentiment, cet espoir, c’est à son progrès qu’on le doit, et on n’a pas besoin d’être savant pour avoir la noblesse du cœur. Savants ?… Jadis vous le fûtes : les diverses incarnations sont faites pour acquérir les qualités qui manquent, pour embellir l’âme de facultés nouvelles. Un jour les néantistes changeront d’avis, car est-il un homme qui n’ait eu à souffrir dans ses incarnations modestes ou brillantes ! Ah ! quelque don qu’il ait eu sur terre, - je parle des dons matériels, - il a toujours éprouvé des déboires, des froissements de cœur ; il a toujours perdu quelque être aimé, et devant la fragilité des choses humaines, celui qui n’a aucune force sur laquelle il puisse appuyer son âme déchirée, celui qui n’a aucun élément d’espoir, rien que l’inconnu, le chaos, rien que ce qui amène le dégoût après les déceptions de la vie, celui-là est à plaindre ! éclairez-le.

Tous ceux qui souffrent de ne pas connaître la vérité doivent vous intéresser, quelle que soit leur conviction. Lorsque vous les rencontrez, discutez vos idées avec eux. Vous devez faire votre devoir, chacun selon ses moyens, lorsque l’occasion s’en présente. Elle vient souvent d’une manière tout à fait fortuite, et vous devez la saisir et en faire bénéficier ceux que des fluides de sympathie ont conduits vers vous.

Paul-Louis Courier

On a beau battre en brèche vos chères certitudes, peu à peu elles triompheront de tous les systèmes religieux que les hommes ont inventés. Les idées néantistes ne se sont répandues sur la terre que pour abattre les dogmes. Le néantisme est la greffe de l’animisme.

Ceux qui sont trop religieux ne peuvent venir à vous, la foi aveugle est une entrave ; tandis que le néantisme : débarrassant la société de ses croyances erronées, prépare le terrain pour la semence de la Vérité.

D…Y.

Catholicisme et animisme

C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu

vous sera ôté et qu’il sera donné à une nation qui

en rendra les fruits.

Matthieu, XXI, 43

La religion vit en parasite du besoin d’idéal qui est le

ferment de toute évolution humaine

vers de plus belles destinées.

Eugène Fournière

Voyez-vous là-haut sur la montagne le grand chêne au tronc desséché, desséché et pourri ? Le faite de cet arbre géant est mort depuis des siècles, et il ne porte plus ni feuilles, ni fleurs, ni fruits. Cependant, il tient encore fortement à cette terre ; il brave le temps, tel qu’il est, et la foudre du ciel, et la hache des hommes le respecteront encore. De son écorce pourront sortir, à fleur de terre quelques rameaux, dernière parure de l’arbre dégénéré de l’Eglise ; ces rameaux rappelleront les préceptes de la morale et de la vertu qu’enseignait l’Eglise primitive ; mais, comme toute chose qui ne se nourrit pas de progrès, ils dessècheront aussi, et ce qui fut le géant disparaîtra.

L’Eglise se meurt, le catholicisme est mort ; il ne vit plus que par son écorce, il ne vit plus que par son extérieur, que par ses représentations ; mais l’arbre n’a plus de sève, car cette sève qui l’alimentait, c’est-à-dire qui alimentait les forces de l’Eglise, c’était la population en masse, et elles abandonnent peu à peu les croyances dogmatiques et les cérémonies.

Bientôt, plus rien ne restera du catholicisme. Les découvertes scientifiques ont fait pâlir l’astre longtemps triomphant de cette Eglise. A sa naissance, le christianisme était grand : c’était la charité, la fraternité, l’amour humanitaire ; dans les premiers siècles, il y avait des prophètes, il avait de ces grands inspirés que les apôtres conduisaient avec eux ; mais, après que la beauté des vertus chrétiennes eût conquis le monde, l’oligarchie catholique s’établit ; les inspirés disparurent, les papes et les conciles instituèrent les dogmes et les sacrements. Ils vendirent tout ! Dans les grands actes de la vie, mettant leur veto autocratique, ils vendirent leurs bénédictions ; ils vendirent aux époux le droit de s’unir ; ils vendirent l’eau bénite aux cadavres ; ils arrivèrent même à vendre, par les indulgences, les mérites de Jésus !! Et les peuples abêtis leur ont obéi pendant tant de siècles ! C’est effrayant ! effrayant !…

On donne moins aux prêtres maintenant ; on a peur de leur influence, et on les surveille au lit des mourants. Devant l’indifférence sociale, devant la science, devant l’histoire qui condamne et flétrit les actes de tant de papes dont on n’ose même prononcer les noms en bonne compagnie, ils sont tués.

Pour conserver la constitution de l’Eglise, pour relever son prestige, un pape inventa l’Immaculée Conception et le Sacré-Cœur ; mais ces deux articles de foi, auxquels il faut ajouter l’infaillibilité, n’ont abouti à rien, et par cela même l’Eglise est tombée plus bas ; elle s’est couverte encore davantage du ridicule que les philosophes lui jettent depuis longtemps.

Il y aurait un germe, il y aurait un ferment merveilleux pour faire reprendre vie au vieil arbre qui doit tomber. Pour que les rameaux pussent reverdir encore, il faudrait à l’Eglise les phénomènes médianimiques. Si l’Eglise accaparait la production de ces phénomènes, pourquoi serait-ce, sinon pour reprendre son ascendant sur les peuples et pour exploiter encore l’humanité ! Et l’arbre presque mort verrait ses rameaux reprendre une telle puissance, qu’il s’élèverait encore plus haut que l’arbre antique ; mais le progrès de l’humanité ne peut le permettre, et les nobles Intelligences de l’au-delà retireraient leur concours, elles s’éloigneraient des lieux infestés par des hommes qui voudraient exploiter la confiance populaire et s’en servir comme d’un pavois pour atteindre de nouveau une domination fatale.

Les supra-terriens d’un ordre élevé n’assistent les hommes que si le but des phénomènes est d’agrandir les connaissances de l’humanité en ce qui touche à sa destinée, à son instruction des choses de l’avenir ; ils assistent ceux qui veulent le bien, ceux qui le cherchent et désirent la liberté pour tous, qui rêvent la grande fraternité humaine. Lorsque des hommes qui possèdent des facultés médianimiques en font un usage qui n’est pas en harmonie avec celui qui devrait en faire, de basses puissances s’emparent d’eux, et ils subissent les conséquences du sacrilège qu’ils ont commis.

Dans les temps lointains, il y avait de grands médiums. On avait recueilli leurs enseignements, et cela dès la plus haute antiquité païenne, qui, elle aussi, avait une haute antiquité à reproduire : l’antiquité indienne. Dans ces temps-là, tout le monde connaissait les phénomènes, mais le jour où les possesseurs de ces forces que vous appelez médianimiques se réunirent pour constituer une société, le peuple alla les voir, et il ne s’occupa plus rien produire par lui-même ; il oublia jusqu’à la manière d’obtenir les phénomènes. On alla dans les premiers temples voir les expériences, on y alla en foule, et les médiums devenus prêtres se succédèrent par l’initiation, dont ils gardaient jalousement le secret. La Vérité se perdit par là ! Les grandes Intelligences de l’espace abandonnèrent les prêtres, qui bientôt, n’obtenant plus de communications réelles, en donnèrent de fausses. On vit des statues par lesquelles, au moyen de tuyaux, les prêtres cachés dans des souterrains envoyaient leur voix. L’audace, la cupidité, l’hypocrisie, l’inconduite de la plupart des prêtres étaient constatées, et cependant on allait toujours au temple ; le peuple croyait aux phénomènes faux parce que ses ancêtres en avaient vus de vrais.

Ah ! qu’il nous serait pénible de voir l’Eglise s’emparer des phénomènes que nous produisons par les médiums ! L’Eglise brûlait les inspirés, ceux qu’elle appelait les sorciers s’ils ne servaient pas ses intérêts, - elle les canonisait quand ils étaient dans ses rangs. - Après avoir lâchement torturé ces malheureux, elle accepterait aujourd’hui nos phénomènes ; elle n’ose même presque plus dire qu’ils sont diaboliques. Prenez-garde ! Préservez vos médiums !

Bien des hommes encore, malgré leur manque de foi, persistent à élever leurs enfants dans ce qu’ils appellent «  la religion » et à les faire assister à ses cérémonies. C’est de la lâcheté. Pourquoi pour leurs enfants ce dont ils ne veulent plus eux-mêmes ? C’est encourager l’hypocrisie !

Pourtant, dira-t-on, la morale souffrira ; il y aura une sorte de stagnation dans les consciences si on n’y fait plus descendre des principes de morale. Que faut-il faire pour ceux qui ne connaissent pas les lois de l’animisme et ne veulent pas de l’Eglise ? Il y a bien des hésitations sur certains hommes entre les religions qui tombent et la science psychique qui se développe…

Il faut vous hâter de répandre la Vérité, de faire savoir d’où l’on vient, où l’on va et la portée des actes de l’existence.

Ceux qui affichent leur attachement à l’Eglise, valent-ils mieux que ceux qui vivent sans aucun enseignement religieux ? Non ! ils valent bien souvent moins, car il y a un souffle d’incroyance parmi ceux qui fréquentent encore l’Eglise. On y va pour faire parade de son opinion politique, de sa toilette, et, s’il faut descendre plus bas, on y vient encore bien souvent, je vous l’assure, comme à un lieu de rendez-vous. Vos enfants, ces êtres purs et chastes, peuvent-ils être bien dans cet atmosphère ? Ne sont-ils pas imprégnés de ces fluides qui pèsent sur eux ? Ils en sont enveloppés, et, dans ces lieux qu’on appelle « saints », il court des idées bien mauvaises dont les effluves pénètrent les enfants. C’est dans la famille que la morale doit être enseignée et prêchée d’exemple. Faites de votre maison un temple de vertu ; priez par l’élan de votre cœur quand vous sentez le besoin de vous élever dans le grand esprit. L’enfant qui répète une prière ne la comprend pas, du nom de dieu qu’il apprend à adorer il ne reste encore rien dans son âme ; mais l’enfant qui grandit auprès de ses parents scrute déjà dans sa jeune intelligence leurs paroles et leurs actions ; il devine la signification des mots tombant des lèvres de ceux qui lui ont donné la vie. Pour grandir l’enfant, pour que son esprit soit prêt à s’élever aussi haut que le vôtre en conception que j’appellerai divine, il est nécessaire qu’il écoute souvent les entretiens qui touchent à notre devenir ; l’enfant s’y habitue vite, et le phénomène ne lui produit plus d’impression d’effroi, car il sait, il apprend par vous qu’il est venu de l’espace pour progresser, pour devenir juste et instruit. Ces douces et grandes pensées se gravent peu à peu dans son âme, et il saura ainsi que, s’il le fait mal, il reviendra pour le réparer ; que l’espace lumineux lui sera voilé s’il s’adonne aux mauvaises passions, et qu’il reviendra pour laisser à terre le plomb qu’il s’était mis dans l’aile. Avec ces idées, ah ! quel bien on ferait ! Que de progrès accompliraient ces jeunes êtres, qui sous votre garde reviennent s’élever et vous demander le pain qui fera vivre leur esprit par delà la vie passée auprès de vous.

Je reviens à mon sujet.

Bien qu’en principe l’Eglise admette maintenant les phénomènes, la plupart de ces hauts prélats vous excommunient ; s’ils vous maudissent, c’est qu’ils vous redoutent.

La survie prouvée changera la société. Dans combien de temps ? Cela dépendra des immortalités d’aujourd’hui par les œuvres qu’ils laisseront ; cela dépendra de leurs enfants s’ils sont élevés dans les grandes idées de la vérité.

Ah ! Ces temps si beaux, qu’il me tarde de les voir ! Chaque maison sera un temple, chaque famille appellera le concours des chers disparus, et les phénomènes se produiront partout : l’air se saturera de fluides qui permettront aux extra-terriens de se montrer, de faire constater leur présence de cent manières différentes. Alors toutes les nations, toutes les races, ne formeront plus qu’un peuple ; les hommes se donneront la main, et chacun respectera le bien de son frère. Ce sera l’âge d’or revenu ; ce sera la récompense de cette humanité qui a tant lutté et qui aura à lutter encore avant de disparaître de ce monde.

Age d’or ! Idéal d’amour, je te reverrai sur la terre.

Jean-Louis Courier

Persécutée par les prêtres

Une injustice faite à un seul est

une menace faite à tous.

Montesquieu

Va-t’en !… Laisse-moi mourir tranquille ; laisse-moi entrer doucement dans le repos du dernier sommeil… Mes enfants ! mes chers enfants que j’aime de toute la force de mon âme, tu veux que je les dépouille pour orner les autels de ton Dieu farouche ? Non !

A mes yeux, tu représentes la trahison ! Tu entras sous ce toit, et tu fus admis au banquet de la famille comme un pur enfant de dieu ; toi et tes acolytes, vous avez dispersé les enfants du toit maternel, vous les avez éloignés de moi, et je me sens mourir loin de ceux qui me donnèrent tant de joie depuis que je les avais sentis palpiter dans mon sein ! Vous avez réussi à m’en priver ; vous pensiez que pour toujours mes yeux étaient fermés sur vos agissements hypocrites ; mais, en face de la tombe, mon esprit se réveille, et je vois de l’autre côté de la vie ; celui qui fut mon époux me commande de vous démasquer. Partez, partez ! Ne me parlez plus de l’intérêt de votre religion ni de votre Dieu. Ce que vous appelez le démon, parce qu’il me mettait en garde contre vous, ce prétendu démon que vous me faisiez redouter, je le vois devant mes yeux ; c’est celui que j’ai tant aimé sur la terre et qui m’a précédée dans la sphère heureuse où je vais aller le rejoindre.

Vous n’aurez rien de moi ! Allez dire à mes pareils que mes enfants reviendront sous le toit qui les a vus naître ; que c’est le toit béni par l’amour et qu’il ne deviendra pas ce que vous appelez un « asile de charité », où vous enseigneriez aux enfants déshérités le préjugé, l’erreur et la duplicité. Retirez-vous ! Mes yeux se sont ouverts à la lumière parce que celui que j’aime tant les a touchés. Je me sens forte contre vous ; j’échappe à votre domination. Oh ! Fuyez ! Vous êtes ce fantôme noir qui s’appelle nuit profonde et rancune implacable. Fuyez ! fuyez ! vous qui venez frapper une mère dans ses enfants, à ses derniers moments ! Fuyez, faux disciples de Jésus, je sens qu’il vous renie. Je sens qu’en m’échappant de ce corps, je vais vers un Dieu qui n’est point le vôtre, vers un Dieu qui condamne vos errements et repousse votre adoration…

Vous n’aurez rien de moi ! Je meurs sans votre absolution, dont je n’ai nul besoin, mais vous n’aurez pas ma fortune !…

- Voulez-vous dire votre nom ?

- Je m’appelle Adrienne. Oh ! soyez heureux de n’avoir pas été persécutés comme moi.

Adrienne

La mort, le jugement, le paradis, l’enfer

Prêter à Dieu l’intention de faire brûler ses enfants

pendant l’éternité pour des péchés inventés à plaisir,

est une affreuse calomnie, un crime de lèse-divinité.

Ingersoll

La mort, le jugement, le paradis et l’enfer, voilà des mots qui représentent autant de songes creux, des mots avec lesquels on a cependant conduit des générations et empêché le progrès.

La mort ? C’est la renaissance.

Le jugement ? C’est la réminiscence des autres existences par l’esprit ; c’est son jugement par lui-même

Le paradis ? Ce n’est autre chose que le bonheur intime, conséquence du bien que l’on a fait, et le séjour dans un milieu plus harmonique que notre planète avec la certitude d’un avenir encore meilleur.

L’enfer ? C’est la certitude affreuse qui fait douter de tout à celui qui a cru à un Dieu anthropomorphe, animé des mêmes colères et des mêmes idées de vengeance que les humains, et qui crée en toute connaissance de l’avenir, - sa sagesse étant suprême,- qui crée un être imparfait voué fatalement à la torture pour toute l’éternité.

O erreur ! erreur ! Sortez de ce dédale affreux ! Eloignez, éloignez de votre esprit ces pensées si fausses et si démoralisantes !…

Le jugement dernier ! Je veux m’arrêter sur ce prétendu jugement dernier.

Les dates classiques, les dates chronologiques de la « création du monde » ne reposent sur aucune base sérieuse ou scientifique. Pour les savants, pour les chercheurs, c’est l’inconnu ; et l’époque ou la terre finira, c’est à dire où elle n’aura plus à produire d’incarnations et de réincarnations humaines, nul non plus ne la connaît ; nous-mêmes, extra-terriens, nous ne pouvons le dire. Avec les moyens de vie que la terre possède encore, il est impossible, matériellement impossible, d’assigner une date ; elle est dans les secrets de l’âme universelle.

Nous appelons Ame universelle le résultat harmonique des forces qui sont disséminées dans tous les univers et qui se soutiennent les unes par les autres. Quand donc la terre, votre monde, ne produira plus d’incarnations d’êtres élémentaires arrivant dans l’humanité[18].

Note. Communication interrompue, l’orateur ayant été obligé de quitter brusquement le corps du médium. Pour qui a eu maille à partir avec la puissance fluidique des extra-terriens opposés à cet enseignement, il y a lieu de réfléchir sur les causes possibles de cet incident se produisant juste à point pour couper court à une communication nette et catégorique dirigée contre l’obscurantisme.

Le paradis des religions

Un ciel remplirait-il une âme maternelle ?

Non ! si Dieu lui donnait le ciel sans son enfant,

Son cœur demanderait son fils ou le néant.

Lamartine

Toutes les religions de la terre promettent un lieu de délices où un bonheur sans mélange sera l’apanage des âmes qui auront vécu, non point selon les lois naturelles, mais selon les préceptes des sectes religieuses auxquelles elles appartiennent. Toutes les religions promettent donc quelque chose à leurs adeptes ; ce quelque chose est absolument indéfini comme état de l’âme et comme situation sidérale. Ni les sectateurs de Bouddha, ni ceux de Mahomet ou ceux du Christ ne pourront jamais vous prouver que leur paradis se trouve placé dans telle ou telle constellation, dans tel ou tel lieu de l’espace. Aucune place n’est assignée à ce jour de félicité suprême ; il est vague, et il faut avoir l’esprit vraiment atrophié pour croire à des choses si aléatoires et si peu positives.

La réaction s’est faite et a produit l’école du positivisme.

Voyons les croyances diverses, commençons par le Nirvâna.

Le Nirvâna c’est la fusion de l’âme dans le Grand Tout ; son bonheur, d’après cette croyance, l’absorbe tellement, cette âme, qu’elle finit par se composer elle-même une filiation d’infini. Elle devient une absorption du Grand Tout, et sa personnalité se perd, car la personnalité ne peut exister s’il n’y a pas en nous la persistance du souvenir et le bénéfice du progrès. Que peut-être une joie absorbante qui enlève même toute trace de la peine qui vous a conquis le bonheur et vous le fait mieux apprécier, une joie qui supprime le travail toujours passionnant, toujours diversifié ? Non ! le Nirvâna conduisant à l’extinction de l’être n’est point l’idéal cherché par ceux qui ont quitté ce monde depuis de longs siècles.

Quant aux musulmans, dont vous connaissez les appétits matériels, les musulmans qui sont la sensualité personnifiée, ils ne peuvent mieux rêver que le paradis des houris ; ils ne peuvent mieux rêver qu’un ciel, lieu enchanté où toutes les femmes sont toujours belles, toujours vierges, les hommes toujours jeunes, toujours pénétrés d’un fluide de virilité nouvelle pour l’amour, amour éternel mais sensuel encore. Est-ce aussi ce Paradis auquel nous voudrions aspirer ? Non ! Non !

Revenons en occident et cherchons quels peuvent être les avantages des Paradis des sectes chrétiennes, catholiques, protestantes, grecques, etc.

L’idéal des adeptes de ces sectes est un bonheur contemplatif. Mais quelle déception pour les exilés loin de leurs aimés de la terre, s’ils doivent être éternellement séparés ! Malheur à la mère qui a tendrement aimé son fils ! Malheur à l’épouse qui a passionnément aimé son époux ! Malheur à tous ceux qui ont enfreint la loi d’une Eglise qui dispose à son gré des places du ciel ! La mère qui adorait son fils jouira, elle, peut-être, de la situation des élus ; mais elle saura que son fils bien-aimé brûlera éternellement. L’épouse, arrivée dans « ce ciel » saura que son époux de la terre, son bien-aimé toujours a été jeté dans la fournaise ardente tandis qu’elle restera belle et heureuse. Heureuse ?… Est-ce possible !!!

Ah ! devant ces promesses des trois grandes religions de la terre, quel est celui de ces Paradis dont voudraient la plupart de ceux qui connaissent la continuité de l’existence ?

Etablissons maintenant la différence qui existe entre les croyances religieuses touchant un Paradis imaginaire, et nos connaissances sur l’état de l’homme dans sa vie ultra-terrestre.

D’après les croyances au Nirvâna, l’âme qui mérite d’être récompensée s’absorbe dans ses connaissances acquises et, atteignant son idéal, se dissout dans l’absolu. Nous disons, au contraire, que l’âme élevée absorbe en elle tout ce qui l’entoure dans ce sens que sa vision s’étend au loin, bien loin à travers les âges, à travers les choses qui peuplent l’univers ; c’est à dire que, au lieu de s’absorber dans ses connaissances, ce sont ses connaissances qui se gravent en elle et lui donnent la faculté de jouir de toutes les beautés de l’espace, faites pour être étudiées et aimées. Plus l’intelligence s’élève, plus prend place en elle la conception des choses qui l’entourent. L’être, en s’élevant, garde tout dans son esprit : il se voit petit par ses ramifications éloignées avec ceux qui peinent ; il reconnaît son progrès, ce qui lui donne une suprême joie ; en un mot, il se voit en même temps petit et grand, et, au lieu de s’absorber dans l’univers, comme l’enseigne le Nirvâna, c’est l’univers qui s’absorbe en lui.

Dans l’Islamisme, Mahomet vous représente un Paradis où l’amour est éternel, mais sensuel. Dans l’espace, il y a l’amour éternel, mais c’est l’amour des âmes épouses, l’amour fidèle et idéalisé. S’il n’y a point dans les marques de cet amour le rapprochement matériel qui existe sur la terre, il y a cependant une caresse d’amour, et le bonheur est infiniment agrandi et poétisé. Voyez-vous ces deux âmes épouses suivant la route que leur trace la lumière de leur progrès ? Les voyez-vous, ces apparitions suaves s’aidant l’une l’autre pour travailler à leur perfectionnement et à l’embellissement de leur amour !

Quant au ciel des chrétiens, il y a la béatitude pour les uns, il y a la tristesse pour ceux qui aiment et qui ne voient point à côté d’eux les êtres avec lesquels ils ont gravité sur cette terre. Ce Paradis n’est point un véritable Paradis, puisqu’on peut y souffrir. Non ! Il n’y a pas de séparation éternelle, il n’y a que la séparation momentanée pour grandir en revenant sur une planète d’études. Le premier arrivé, tout en étant heureux de la situation conquise, souffre cependant en attendant que l’âme ait assez progressé pour venir le rejoindre et reprendre avec lui la route vers de nouveaux horizons. Mais l’heure viendra où il n’y aura plus de séparation.

Devant les injustes conceptions des religions, devant cette existence décevante pour les esprits avancés, quelle joie ne devons-nous point ressentir de penser qu’au lieu d’un ciel restreint où l’on ne jouit que par les sens, jouissance toujours uniforme, qu’au lieu de cet autre ciel où les âmes sont séparées, où les affections laissent des deuils, des douleurs imméritées, nous ayons la révélation de la vérité. Elle, du moins, n’a aucun aléa, aucune supercherie ; elle ne donne point d’espérances vaines.

Il n’y a point de ciel. Le ciel, c’est l’espace qui est partout et comprend tout ; c’est le bonheur réalisé ; c’est l’univers avançant en progrès sans fin.

A vous de faire votre ciel ! Votre ciel, ce sera votre vision plus étendue, la compréhension des merveilles sidérales.

Cherchez votre ciel dans l’univers, et grandissez-vous pour mieux déterminer le commencement de ciel qui est en vous.

L’oriental

Mahomet savait que les hommes qui ont recherché les jouissances matérielles sur la terre les recherchent encore dans l’espace et trouvent à se satisfaire dans une certaine mesure.. De-là, son paradis peuplé de houris.

Ed

Note. Certains persistent à voir dans le Nirvâna la béatitude, une sorte de joie sensible ; on ne les contredit pas expressément. Pour devenir populaire, toute doctrine est forcée de s’accommoder au peuple, mais la conception primitive n’en existe pas moins sous les altérations qui çà et là viennent la couvrir.

H. Taine – Essais nouveaux de critique

Le ciel des messies

Dieu est l’univers infini ; mais l’âme de Dieu,

où est-elle ?… C’est la puissance vitale qui anime tout

et qui donne le mouvement de progrès à tout ce qui est.
C. M

Je salue la lumière ! Je te salue, ô Inde !… Je vous salue, peuples antiques qui avez vu descendre au milieu de vous les messies de l’Eternel ! Vers vous, vers le lointain passé, mes yeux vont se porter pendant quelques instants.

Des milliers d’années sont traversées par mon intelligence. Les temps védiques se représentent à moi, et le flambeau des grands sages m’apparaît. Brahma, Vishnou, Siva, Christna, parcelles de ce Cœur Infini que vous nommez Dieu, je vous évoque en moi. Je suis vous, vous êtes moi.

Les incarnations des Christs seront encore nombreuses, et la dernière fera la révolution de la Vérité par la Vérité dans ce monde, et les anciennes prophéties deviendront prophéties nouvelles, et la loi de sagesse de tous les enfants de Dieu, qui sont dieux, sortira de leur intelligence en langue de feu et vous donnera l’esprit de toutes choses ; le feu de l’amour embrasera les cœurs ; pères, mères, enfants, tout se confondra dans une même harmonie, et l’idéal de la famille que tous les âges ont rêvé sera vu, sera vécu sur la terre et dans l’espace qu’habitent les envolés de ce monde ; les portes seront ouvertes au ciel réel, au ciel non formé de rêves, au ciel que l’on pourra voir, au ciel où la joie découlera en purs rayons de toutes les âmes sur toutes les âmes. C’est ainsi que les habitants de la terre qui partiront en ces jours seront glorifiés : tel est le ciel qui s’ouvrira pour eux.

Mais où est ce ciel ? Tous les christs vous ont parlé de séjours heureux, mais ils ne vous ont jamais dit : les plus purs entre les perfectibles sont dans telle étoile, dans telle constellation en harmonie avec leurs connaissances. Ils ont dit : les sages sont là-haut, dans le ciel étoilé.

En effet, qu’importe le lieu et qu’importe la constellation ! Le ciel est partout ! Il contient le progrès des hommes de toutes les planètes, c’est l’Univers entier. Vous le croyez créé, et il est incréé.

On a ainsi défini le Nirvâna : « Les âmes pures s’en vont aux plus hautes altitudes ; elles dominent les mondes, toutes les choses créées, et elles vivent dans la béatitude éternelle. » On a dit aussi : » Les âmes noyées dans l’amour divin resteront dans une immobilité qui les exemptera de tout travail, et qui leur permettra seulement de jouir toujours du bonheur sans fin. » Oui, mais ceux qui pensent ainsi oublient que l’immobilité serait l’arrêt du progrès qui doit grandir toujours, - le progrès est insatiable !

Le Christ qui viendra enseigner les lois éternelles prêchera, comme les christs qui l’auront précédé, mais qui n’auront pas été compris ; il prêchera le ciel de travail, le ciel de joie, le ciel d’amour, le ciel où la famille de toutes les familles sera retrouvée, où le père, la mère, les enfants de toutes les incarnations se réuniront en s’évoquant dans telle ou telle incarnation, et ils se rappelleront les luttes, les souffrances, causes de toutes les joies.

Oh ! Humanité combien je t’aime ! Que je voudrais pouvoir encore revenir coopérer à l’œuvre du dernier des christs pour faire ton bonheur, Humanité et t’emporter sur mes ailes !

O Dieu ! Toi que je nomme ainsi quand je parle par un enfant de la terre, mais pour qui je ne trouve pas de nom, tant je sens ta grandeur ! Que l’amour que j’ai pour Toi, vive dans ces enfants de la terre, comme il vit en toi qui est en moi !

Bouddha

Vérité

La Vie des univers et des âmes, qui est aussi celle

de Dieu, a été, est et sera.

Elle est bien réellement éternelle.

Dr Antoine Cros - Le problème

Vérité sans voiles qui luit dans les espaces, Vérité brutale et émouvante, j’appelle à moi tes effluves vivifiants !

Tous ne sont pas prêts pour cette embrasante lumière, et l’aveuglement serait le résultat d’une trop vive lueur ; c’est lentement et avec prudence que la Vérité doit être enseignée. Ce n’est pas le coup de foudre qui éclairera les peuples enfants, c’est la petite et constante énergie lumineuse qui triomphera des obscurantismes établis et acceptés.

Les voiles qui cachent l’avenir doivent se déchirer devant ceux qui donnent leur vie et les vies qu’ils vivent pour le progrès et l’avancement moral de leurs semblables.

O aveugles nés ! ô aveugles voulus et incapables de visions grandes et divines, que je vous plains ! Tout dans l’espace concourt à la délivrance, et vous êtes enchaînés ! Appelez à vous tous les élans vainqueurs qui font franchir les gouffres ; appelez à vous tous les espoirs qui sont des chemins sûrs vers l’éternel détachement de l’éternelle lumière.

Çakya Muni

Note. - çakya Muni avait laissé des préceptes de morale, des récits édifiants… Les religieux dans leur solitude, puis dans leurs cellules, armés de la philosophie environnante et poussés par le grossissement involontaire de l’invention mystique, échafaudèrent un système de dogmes semblables à ceux d’Origène et de Denis l’Aéropage, et un système de légendes semblables à celles du Dante et de Jacques Voragine.

H. Taine – Nouveaux essais de critique et d’histoire

Aux prêtres

Prêtres !

Vous qui le front courbé derrière les autels avez été préparés depuis votre enfance à devenir des lévites ; vous qu’on a façonnés pour le sacerdoce, dont on a faussé la conscience et qui êtes encore incapables de sortir de cet état de prostration morale ; vous dont le jugement est endormi et qui, ainsi que le serf jadis attaché à la glèbe, restez attachés aux dogmes et aux fables dont on vous a bercés ; religieux de tous ordres qui vivez dans une règle étroite, qui fuyez le monde au milieu duquel vous devriez vivre ; vous qui priez avec une ferveur non feinte, avec une foi ardente et qui faites de la prière un travail, qu’êtes-vous, prêtres, qu’êtes-vous, sinon des vivants-morts au milieu des humains ? Lorsqu’on se retire de la vie sociale, qu’on se soustrait à ses devoirs d’homme et qu’on s’enterre vivant dans un couvent, c’est la mort qu’on a cherchée - mort sans mérite.

Qu’attendez-vous donc comme compensation pour les souffrances, les privations que vous infligez à votre corps ? Quelle récompense attendez-vous pour des prières stériles parce qu’elles ne sont que des balbutiements répétés ?

Vous attendez une récompense suprême : le Paradis ! Hélas ! quel sera l’état de votre esprit s’il y tombe une étincelle de vérité qui vous trouble en même temps qu’elle vous permet d’apercevoir la véritable lumière ! Le Paradis ! Qu’est-ce donc suivant vous ? - Un lieu de jouissances béates où l’on a la joie de contempler sans cesse « la face de Dieu ». La joie monotone de chanter perpétuellement ses louanges ! Et vous l’acceptez ainsi de confiance ! Vous vous figurez ce Dieu, que vous espérez voir assis sur un trône éblouissant comme un potentat de la terre et ressemblant… à un homme !!… Vous n’avez nulle autre idée de ce séjour que vous rêvez, vous n’en avez aucune notion, et vous attendez, vous espérez, sans connaître ce que vous attendez, sans comprendre ce que vous espérez ! Vous croyez parce qu’on vous a dit que le ciel existe, qu’il ne sera la récompense que de ceux qui auront vécu, non point selon leur conscience, mais comme le commande l’Eglise. Ce Paradis imaginaire n’est promis qu’aux fervents qui obéissent aveuglément aux commandements de cette Eglise qui dispose des biens du Ciel après avoir eu tant de force pour disposer de ceux de la terre. Pour obéir à cette Eglise, que ne feriez-vous pas, que ne seriez-vous pas, jusqu’où n’iriez-vous pas, malgré tout, malgré vous, croyant que c’est par une obéissance passive que vous serez sauvés, ayant l’idée que par l’Eglise le Paradis promis s’ouvrira de toute sa grandeur pour vous recevoir ! Mais, où est-il ? où est-il, ce Paradis ? Que l’Eglise vous le dise… enfants !! Hélas, vous attendez, et vous espérez en vous basant sur ce que l’on vous a enseigné, ce que vous enseignez à votre tour. Vous ne savez rien que par vous-mêmes ; vous ne cherchez pas à comprendre, cela vous est défendu.

Cependant, vous doutez quelquefois ; vous souffrez alors ! Il y a un trouble qui vous pénètre à son heure, et dans votre âme il descend des défaillances qui vous torturent. Mais il vous est interdit de vous laisser aller à la réflexion ; vous devez rejeter le doute de votre cœur, car vous avez si peu de liberté qu’une hésitation même serait condamnée ; il vous est défendu de discuter les dogmes. Oui, parmi les prêtres, il en est qui souffrent cruellement ! Courbés sous le joug de l’Eglise, ils sentent en eux-mêmes comme une rébellion de la conscience, mais ils manquent de courage pour s’affranchir. Où irions-nous ? Que ferions-nous ? disent-ils. Puis ils ajoutent : Nos supérieurs sont plus responsables que nous ; ce sont eux qui nous ont bercés de tous ces mensonges, ce sont eux les premiers coupables. - Et ces pauvres prêtres renferment en eux les angoisses qui les dévorent. Ils vivent ainsi, priant toujours avec ferveur sans esprit ni pensée ; ils se sentent moins de zèle pour l’accomplissement de leur ministère ; cependant ce ne sont pas ceux qui doutent qui sont les moins dévoués à leurs administrés dans la mesure de ce qu’ils peuvent faire, et ils ont du moins ce mérite.

Vous tous qui souffrez ainsi, vous tous qui ne savez où vous allez, vous tous que l’incertitude fatigue et tue, vous dont la conscience s’éveille, vous que le doute commence à éclairer et qui éprouvez de la répulsion pour l’accomplissement des fonctions sacerdotales, oh ! écoutez-nous !…

Le Paradis, le Paradis promis à Tous, c’est le Progrès, le bonheur d’emporter avec soi le butin de nobles et belles actions ; c’est la joie d’une vie bien remplie. Ce Paradis promis aux êtres qui s’élèvent en sagesse est partout, il est sans limite, il est pour tous ; il est l’Eternel Devenir, et vous voyez ce Paradis d’autant plus vaste et splendide que vous êtes plus avancés. Ce Paradis est la résultante du devoir accompli en mettant en œuvre ce que votre conscience vous révèle ; chacun emporte son Paradis avec soi. L’espace a des secrets merveilleux, des choses innommables perçues avec des ravissements d’âme que rien ne peut dépeindre. Là, l’esprit voit, l’esprit comprend, et il éprouve une joie intérieure en rapport avec son état de lumière ; Ce Paradis se conquiert sur la terre par le dévouement, par l’accomplissement des devoirs moraux et sociaux, des devoirs envers la famille et envers l’humanité. O vous qui attardez votre bonheur en vous éloignant du cœur de l’humanité pour chercher un Dieu d’invention humaine, sachez que Dieu, c’est l’Eternel Progrès, c’est le déroulement infini de la vie universelle.

Ah ! Venez à notre Paradis, venez à nos joies, et vous verrez alors que le vrai paradis est bien loin des puériles conceptions des hommes ; et vous aimerez la lutte avec la liberté qui vous permettra d’acquérir des connaissances nouvelles, et vous récolterez dans l’espace, en visions enchanteresses, en compréhension infinie, plus que vous n’auriez jamais osé rêver.

Çakya Muni

Une religieuse

Et dans mes yeux mourants son image est si belle,

Que j’aime mieux l’enfer qu’un paradis sans elle.

Lamartine

Prier ! Toujours prier ! Cela console t-il ? Cela fait-il oublier ? La prière absorbe t-elle ? Ce murmure tombant de mes lèvres pendant des heures entières pourra t-il effacer le passé de mon cœur, ce passé que je ne voudrais plus sentir vivre en moi ? Prier toujours, même en marchant dans les allées solitaires du cloître, vivre dans le silence, ne parler qu’à certains instants du jour, tout cela peut-il faire évanouir les ombres du passé qui se dresse devant moi dans ma retraite ? Rêves aimés ! Pourquoi revenez-vous toujours !… toujours ! Hélas ! Je souffre, je pleure, j’avoue ma faiblesse et mon manque de courage… Ah ! (En jetant ce cri, elle s’évanouit, mais revient un instant après)

Les arbres étaient pleins de nids et de concerts d’oiseaux ; les fleurs s’épanouissaient sous les baisers du soleil printanier, la nature avait un chant mystérieux : la nature était si belle ! Sa parure était si charmante ! Les jeunes filles s’en vont rêvant ; elles rêvent ce qu’ont rêvé leurs mères : un époux, une famille. Je rêvais aussi cela, moi, et j’aimais !…

Louis était beau, il était bon, il m’aimait tant ! Mais que notre amour fut malheureux ! Son père s’était donné la mort pour échapper au déshonneur, et Louis fut repoussé par ma famille. Hélas ! pourquoi faut-il que les fils souffrent des hontes de leurs parents ?…

J’entrai dans un couvent. J’ai tant prié pour oublier ! J’ai versé tant de larmes ! J’espérais que mes larmes soulageraient ma douleur, mais les larmes ne peuvent effacer le souvenir. J’aimais toujours, je souffrais toujours, et j’appelais la mort qui met fin aux supplices. J’essayai de boire le calice des mortifications les plus outrées : privations, jeûnes prolongés, journées entières passées en adoration au pied des autels… rien ne pouvait effacer de mon cœur l’image de celui que j’aimais. Mes compagnes aussi avaient pris Jésus pour époux, mais elles savaient l’aimer, tandis que moi, c’était toujours Louis que je voyais lorsque j’appelais Jésus… O torture ! Mon cerveau troublé avait des visions étranges ; si j’évoquais Jésus, l’époux à qui je m’étais vouée en entrant au couvent, cet époux apparaissait à ma pensée sous les traits de mon bien-aimé Louis.

Un jour, un enfant glissa dans ma main un pli cacheté en me disant : « Ma sœur, c’est la mère de Louis qui vous envoie ceci. » J’ouvris la lettre ; elle contenait ces lignes : « Ah ! si vous saviez comme il souffre ! Combien je souffre aussi d’être obligée de vous dire cela ! Mais, si vous pouviez partir, vous échapper du couvent ? S’il y avait quelque moyen de fuir ?… Nous quitterions à jamais le pays. »

Mais c’était impossible ! Non ! Non ! Tout était bien fini !

Un soir, à la nuit tombante, j’allai seule sous les grands arbres du jardin, et je gagnai le coin de terre où reposaient les religieuses mortes dans le couvent. Je demandai à Dieu de me prendre, de m’appeler à lui.

Ma prière fut écoutée !… J’entendis la voix de Louis qui me disait : Viens ! viens ! Sur la terre, ceux qui s’aiment sont séparés, souvent, mais Dieu tout amour réunit les âmes d’amour ! »

Sœur Félix

Contre les cultes

Si j’étais incarné, que je visse encore des hommes se prosterner le front contre terre et adorer un Dieu à leur image, je les chasserais des temples, et l’outrage fait à Dieu, en le représentant sous une forme humaine, serait vengée, car l’idole serait précipitée au fond de la mer.

Les potentats de la terre, pour satisfaire leur ambition effrénée, ont fait exécuter de dieux de métal, de pierre ou de bois. Ils ont fait en sorte que les peuples rendus craintifs adorassent les statues ; ils se sont fait représenter eux-mêmes comme des envoyés de Dieu, ils se sont fait honorer comme si Dieu leur avait donné une suprématie quelconque sur leurs frères. Celui qui se prosterne devant un Dieu représenté par la forme humaine, celui-là a t-il le droit d’être un homme ? Non ! pour être un homme, il faut être libre, et, si l’on adore un fétiche quelconque, une représentation absurde de l’Infini peut-on représenter l’Infini ? On n’est pas un homme, on est un esclave courbé sous le joug.

Ah ! combien nous souffrons ! combien il nous est pénible de voir les humains admettre des dogmes ridicules, suivre des formules inventées par les hommes pour favoriser l’orgueil des riches de la terre, remplir l’escarcelle des pontifes de toutes les religions !

Dieu doit vous être représenté par ses lois seules. De Dieu vous n’avez d’autre révélation que la force des éléments mus par une volonté éternelle, forte et que rien ne peut dominer. Voilà comment vous pouvez comprendre Dieu. Levez donc la tête, admirez les merveilles de l’Univers et évoquez la puissance géniale qui anime toutes choses ; exaltez-vous dans la communion de l’amour de toutes les humanités terrestres et sidérales, et embrassez par votre intelligence ce que vous voyez de votre monde et même ce qui échappe à vos yeux ; alors votre âme se grandira d’elle-même ; votre prière, élan d’amour, s’élèvera comme un parfum qui ira vers les sources vivifiantes et purifiantes de l’amour universel et reviendra vous apporter des forces nouvelles.

Ne courbez le front, frères, que si le mal vous a flétri vis-à-vis de vous mêmes. Si vous n’avez pas été justes, si vous souffrez et vous repentiez de quelque faute, le seul besoin de pardon vous donne un titre à la miséricorde, et votre prière, qui sera le désir de mieux faire, régénérera votre âme devant vous-même et devant l’Infini-Amour. La prière ne doit être autre chose qu’un cri d’appel aux puissances invisibles qui viennent à notre secours quand nous fléchissons sous le poids de l’existence acceptée. Vivez libres, évoquez-nous, nous qui vivons dans l’espace et qui désirons vous secourir ; évoquez par nous la charité éternelle, et nous viendrons vers vous chargés de cette charité, mais ne vous rapetissez pas par la superstition ! Que l’on ne vous fasse point croire que l’humanité, depuis des milliers de siècles, soit toujours coupable et que, pour une faute inventée par des imposteurs, vous restiez victimes dans le présent et dans l’avenir. Secouez le joug de l’absurde. A votre naissance, vous apportez avec vous, non point la tâche d’un passé qui n’est point le vôtre, mais votre dette personnelle avec le rayon de lumière qui grandit dans votre âme afin qu’elle puisse marcher vers l’avenir radieux, qui deviendra de droit votre partage.

Faut-il que lorsque l’homme laisse tomber enfin les langes de l’enfance il soit encore assujetti ? qu’on lui dise qu’il est venu au monde coupable ? qu’il est une ignoble créature souillée de par la faute d’un autre. Ah ! foin de ces croyances qui laissent une trace d’idiotisme dans les esprits et tendent à mettre à néant l’impulsion forte et vivace que le réincarné a apportée en lui-même pour se grandir devant l’Humanité, devant l’Infini ! Quel besoin l’homme a t-il qu’on lui répète qu’il a péché soixante-dix fois sept fois ? que, quoi qu’il advienne, il péchera encore et toujours, qu’il restera une indigne créature et que toujours il faudra qu’il se courbe devant le Dieu jaloux, devant ce Dieu qui laisse le mal sur le chemin de celui qu’il sait faible et qu’il n’aide pas à triompher ?

Oh ! ce Dieu ! ce Dieu vengeur qui fait naître, qui fait procréer, qui fait prendre des germes de vie dans une vie déjà vouée à la damnation pour punir éternellement sa créature si elle s’est écartée de la route tracée par ses prétendus ministres, alors qu’il lui était impossible de faire autrement, oh ! ce Dieu, repoussez-le de toutes les forces de votre âme ! Vivez libres ! Si vous n’êtes pas assez avancés encore, si vous n’avez pas encore assez de force pour vous garantir du mal, eh bien ! évoquez-nous. Demandez d’être soutenus, et vous le serez et votre cœur sera soulagé.

Devant votre âme, qui est un temple, réglez toujours vos actions vous-mêmes et que ce qui touche à votre conscience et à la paix de votre cœur se résolve entre vous et dieu. Vous êtes tous enfants de Dieu, tous fils de son amour. Qu’avez-vous besoin d’autres hommes, plus pécheurs que vous, peut-être, pour vous servir d’intermédiaires entre vous et l’Eternel ? Quel droit ont-ils, ces hommes, de s’imposer comme arbitres des consciences ? Ils font peser sur vous leur orgueil, ils entrent dans votre vie, et, s’ils entrent dans votre famille, ils y jettent souvent la discorde ; ils font parfois de la femme l’adversaire de son mari ; ils arrachent l’enfant à la mère. Pour se soutenir, ces hommes ont armé les peuples les uns contre les autres ; ils ont pris les armes pour faire triompher leur parti et leurs croyances niaises.

Ne vous prosternez donc jamais ! Quand l’homme va droit dans la vie, son visage reçoit l’impression de son âme ; il plane au-dessus des vanités ; au-dessus des sots orgueils et de ces mille riens qui rendent l’existence insupportable. Que l’homme étudie les lois universelles, que son enfant apprenne de lui les secrets de l’immortalité sidérale, du moins ce qui peut déjà lui en être appris, il s’habituera à concevoir les grandes choses et à percevoir, pour les éviter, les mille simagrées qui sont le premier joug imposé aux enfants, par les religions. Ah ! que l’enfant aussi soit affranchi ! Placez au beau et au grand soleil de la raison ces jeunes plantes, élevées, cultivées par vos soins. Pour leur bien, à ces chères créatures, enseignez-leur de bonne heure ce qui est mystère pour tant d’hommes, et cela leur paraîtra tout naturel. Apprenez-leur les conséquences de la vie, le but des réincarnations, expliquez-leur tout ce qui, à vos yeux, prouve l’âme universelle et la fait aimer, mais ne leur montrez point à se prosterner, ne leur enseignez point qu’ils sont coupables sans qu’ils aient péché ; qu’ils ne croient pas qu’en naissant l’homme porte un tâche qui l’empêchera d’arriver à la grande pureté. Oh ! ne découragez pas ces jeunes cœurs, ne leur donnez pas cette impression que, quoi qu’ils fassent pour être bons et sincères, ils n’en porteront pas moins en eux la marque indélébile de la faute du premier homme, si le prêtre n’efface cette tache en la lavant sur leur front. Qu’on ne dise point à l’enfant qu’il est né souillé, mais qu’on lui dise qu’il est venu sur la terre pour progresser, qu’il est venu libre dans l’humanité, puisque la loi universelle lui fait oublier ses fautes passées, avant de renaître. Oh ! n’effrayez pas l’enfant ; qu’il grandisse en confiance auprès de vous, et faites son intelligence libre ; que rien ne s’impose par la force dans son cœur, dans son esprit, et il n’y aura pas de fausseté en lui, son intelligence s’enrichira mieux et grandira plus vite.

Que les enfants de l’avenir n’étudient les religions que pour savoir tout le bien qu’elles ont empêché, tout le progrès qu’elles ont entravé. Qu’ils sachent que devant Dieu, ils n’ont pas à compter avec une religion, mais directement avec leur devoir, avec leur conscience.

Abailard

Haut les âmes !

On n’élève pas les âmes sans les affranchir.

Guizot

(Celui qui vient dans le médium parle avec énergie et si vivement qu’on ne peut tout écrire.)

Elève-toi, ô homme ! Ne vit plus seulement du corps, vis de l’esprit et en esprit ; vole dans les espaces et embrasse les univers de ta pensée puissante, capable même dans un sens d’embrasser Dieu, c’est la vie doublée de la tienne. Brise les entraves de ta pensée, toujours plus forte ; entre dans la compréhension suprême du mystère de tous les mouvements des mondes, de la merveilleuse harmonie qui existe entre eux et dans la vie propre de chacun d’eux.

Pensée puissante qui pénètre tout, à laquelle rien ne résiste, pensée humaine, le plus grand signe de Dieu dans l’homme, aplanis les obstacles ; que rien ne barre la route ! Plus de préjugés ! Plus de dogmes enfantins ! Rien que cette force d’amour, impulsion sublime qui fait bondir jusqu’au cœur de Dieu, synthèse de toute force, de toute grandeur, de tout amour.

Homme, debout ! lève ton front vers l’immensité, car tu es libre, tu es ton maître, et tu peux rêver des connaissances ultra terrestres. Ne te prosterne pas. Regarde en face Dieu-Univers afin de le mieux comprendre. Marche le front tourné vers l’espace ; foule aux pieds le sol que tu quittes à mesure que tu regardes plus haut, et ne te prosterne point !! Dieu est une Majesté d’amour et non de justice ; la justice de Dieu n’est pas dans Dieu, elle est dans l’homme pour que l’homme se fasse justice en lui-même et devienne pur en devenant tout amour comme Dieu-Amour, le seul vrai.

Ne courbe point ton front dans la poussière, ne rampe pas devant Dieu comme le reptile rampe à tes yeux. Non ! non ! sois fier d’être homme parce que tu sens ta haute destinée ; brave les éléments parce que tu auras la connaissance des grands secrets de la nature et que tu entreras de plus en plus, par ce fait même, dans les secrets de Dieu, l’Ame -Universelle. Qui donc, ô homme ! peut t’ordonner de te prosterner ? Quelles sont les puissances du ciel ou de la terre qui peuvent te faire courber ainsi ? Si tu te courbes, c’est un blasphème contre Dieu, et c’est un anathème que tu portes en toi-même ! Qui courbe le front doit aussi se frapper la poitrine ; seuls les coupables doivent se courber.

Elève ta pensée, dégage-la des formules qui l’appesantissent et font de ton âme un moule à servilité. Lève ton front ! Ne sens-tu pas ce qui vient de l’espace ? Les mystérieux rayons des soleils d’univers inconnus de toi captivent ta soif de connaître ; cela et bien des choses encore emportent ta pensée et te font marcher vers le sublime qui t’appelle. Laisse enfin ce qui tient à la terre ; laisse-lui le corps, parce que le corps lui appartient et doit lui revenir ; donne à chacun ce qui lui revient : ton corps à la terre, ton esprit à Dieu-Amour.

Socrate

Quinzième série

Fanatisme et despotisme

Le fanatisme, c’est la raison subordonnée

à la volonté et à la superstition.

J. F. Shepard - Essais

Jamais on ne fait le mal si pleinement gaiement

que quand on le fait par conscience.

Pascal

Le joug des religions

N’est-il pas mieux de s’inspirer de la pensée de Jésus

pour travailler à la paix que de proclamer son nom

pour exciter à la guerre ?

C. Chaigneau

Dans le lointain des âges, lorsque nous vivions dans l’Inde, nous n’imposions pas nos croyances ; ce n’était point par le fer et le feu ni par menace que nous forcions les hommes à recevoir un baptême quelconque. Notre histoire n’est point arrivée jusqu’à vous ; mais, depuis que l’homme se connaît, depuis qu’il peut remonter aux sources de ses devanciers, il a toujours vu les religions être la cause des révoltes, des guerres, des exterminations.

Les chefs des Eglises ont élevé les bûchers et les gibets afin de triompher de ceux qu’ils appelaient les « ennemis de Dieu ». Mais la gloire de Dieu n’était qu’un vain mot pour eux ; ils voulaient abaisser l’intelligence humaine qui se révoltait contre leur despotisme. Ah ! si devant vous se dressait le fantôme de tous ceux qui ont péri victimes des atrocités commandées par les religions, vous auriez grand’peur en entendant ces malheureux torturés, demander vengeance et remplir l’espace de leurs cris ; si devant vous apparaissaient les Pontifes qui par ignorance et avidité ont tant pressuré les peuples, vous auriez horreur et pitié ! Vous demanderiez, afin que tous ces fantômes s’éloignassent, que les hommes finissent par s’habituer à trouver le temple de Dieu dans leur propre conscience pour que chacun croie sans s’incliner devant des dogmes, sans faire parti d’une secte, ce qui entraîne toujours à l’esprit de parti, à la dissension, à la guerre.

Aujourd’hui tout s’apaise. La science domine et c’est à son critérium qu’infailliblement se rapportent toutes les questions de « miracles » ou de choses incomprises jusqu’à présent. Pourtant, les religions, tout en s’éteignant peu à peu, resteront debout longtemps encore. Elles sont soutenues aujourd’hui par ceux qui en adoptent la forme plutôt que le fond ; ils conservent ce qui parle aux yeux, bien qu’ils s’affranchissent par l’esprit ; ils ont fait une ligne de démarcation maintenant ! Mais les préjugés des siècles passés sont enracinés dans certains milieux.

Laissez à chacun la liberté de croire ce qu’il veut croire. Si vous sentez que vous êtes mieux dans la voie, que vous êtes plus affranchis, que vous allez vers le progrès éternel avec plus de sérénité, avec plus de sécurité, parlez à ceux qui souffrent de ne pas savoir trouver la vraie voie ; mais, après la leur avoir indiquée, s’ils ne veulent ou ne peuvent la suivre, laissez-les. Vos idées ne doivent s’imposer en aucune façon ; vous êtes tous libres. Vous n’êtes responsables devant vos frères, après la désincarnation, que si vous leur avez servi de mauvais exemple.

J’aime la liberté ; je veux toutes les consciences libres ; mais j’aime surtout ceux qui sont chrétiens, c’est à dire ceux qui aiment Jésus et qui marchent sur ses traces. Je souffre quand je vois la foule accourir au spectacle qui frappe ses yeux ; œuvre d’une religion qui insulte Dieu. Je crie au philosophe : « Fuis, fuis ces scènes théâtrales, et cherche le silence, écoute les bruits mystérieux de la nature, ces bruits qui parlent de la Grande Ame ; cherche-le, ce Jésus qui priait aux Jardin des Oliviers ; appelle Jésus qui se transfigurait sur la montagne ; évoque ses discours sublimes ; ceux qui ont pu arriver jusqu’à nous, et donne ton cœur à ce Jésus grand patriote, grand libérateur ; appelle Jésus et mets ton cœur, ton âme, sous l’égide de cette figure humaine divinisée. »

Je suis chrétien, je le dis bien haut, et, en jetant ce cri de mon cœur, j’ai fait rentrer sous terre bien des aveuglés qui croyaient encore, malgré tout, que c’était à eux seuls que ce titre devait être dévolu. Oui, je suis encore de ceux qui diraient au Maître : « Je ne suis pas digne de délier les cordons de ta chaussure » ; je suis de ces prêtres qui, pour dominer l’humanité, n’auraient pas ambitionné une triple couronne.

Lorsque je compris que je ne pouvais être que chrétien, lorsque ma conscience se révolta contre l’abus de la confession et contre tous les crimes de l’Eglise, je me sentis devenir plus fort, et, à mesure que je m’éloignais d’elle, j’étais plus heureux.

L’Eglise a voulu alors marquer mon front d’un stigmate de flétrissure. La boue que me jette le fanatisme ne peut tâcher ma robe blanche, car elle est repoussée par le pardon que je fais à l’Eglise de ses offenses.

Je suis chrétien, je rends gloire à Dieu de m’avoir donné la force de secouer le joug devenu de plus en plus lourd à porter. Je ne hais plus l’Eglise, car la haine m’empêcherait de poursuivre ma route ; mais, à ceux qui vivent d’enseignements d’extra terre, à ceux qui évoquent la mort afin que la tombe leur apporte ses secrets, je dis : « Ne haïssez point ; combattez pour la vérité. Après la mort, la vie de l’homme reste dans l’enchaînement de tous les actes de la terre, elle est la résultante de ce qu’il fut ; l’Eglise ne peut donc rien par ses prières ni par ses malédictions ; les unes et les autres sont repoussées par l’Harmonie Universelle.

Lamennais n’a jamais eu peur des foudres de l’Eglise ! Il va vers Jésus, son Maître. Lamennais vous aime comme des frères, et il aime toute l’humanité en Jésus.

Lamennais

Il y a plus de dix-huit siècles qu’apparut en Palestine le fils d’un charpentier. Il avait une mission à accomplir : celle de réformer la loi rabbinique et d’enseigner la loi de pardon, de charité, d’amour pour tous.

Les prêtres le clouèrent sur une croix[19]. Comme son enseignement était appuyé par des faits matériels qu’on a appelés miracles, le nombre des disciples devint très considérable. Mais dans leur sein, s’éleva bientôt une nouvelle prêtrise ; depuis longtemps cette prêtrise a pour chef un pape qui trône au Vatican.

Les prêtres juifs ne sacrifièrent Jésus qu’une fois ; les prêtres catholiques prétendent le sacrifier à chaque instant. Il est temps, après tant de siècles de barbares superstitions, que l’humanité relève enfin la tête, regarde en face ce cauchemar qui est l’Eglise catholique, et lui demande compte, à cette Eglise, de ce qu’elle a fait des âmes et des consciences humaines.

Descends de ton trône d’or, ô pape[20] ! Laisse de côté pour un moment le vain prestige des pompes qui t’entourent, et réponds aux questions que l’humanité entière te pose.

Es-tu vraiment le successeur de ce Pierre, pauvre travailleur, suivant pas à pas les traces de son maître ?

Tu prêches l’humilité, et toi-même, qu’es-tu, sinon la personnification de l’orgueil ?

Tu prêches la pauvreté, et n’as-tu pas, pendant des siècles, arraché par la violence et la torture le bien de ceux qui ne le donnaient pas de bon gré pour remplir tes coffres ?

Réponds-moi, Infaillibilité, réponds-moi !

En emprisonnant, en torturant, en brûlant ceux qui, par exemple, disent que la terre tourne, réponds-moi donc, l’as-tu empêchée de tourner, toi ? Empêcheras-tu les vérités de la science d’outre-terre de prouver que tu ne comprends même pas le nom de celui que tu as osé invoquer pendant si longtemps pour commettre tes turpitudes ?

La lumière éclate enfin sur cette terre que tu as voulu dominer ! Ce n’est pas parce que tu couvres tes acolytes de robes noires, couleur symbolique des dogmes, que tu étoufferas la vérité. Le temps est passé, tu le sais bien, où tu m’aurais fait brûler en même temps que mes livres !

Brûle ce livre, si tu n’oses le lire ! Mais je te défie de brûler la lumière qui jaillira de cette œuvre.

Voltaire

Note. Le lecteur doit se rappeler que chaque extra terrien vient parler suivant ses idées à l’époque où il était sur la terre.

Les couvents avant la révolution

La religion catholique est une instruction pour mendier

le ciel, qu’il serait trop incommode de mériter.

Les prêtres sont les intermédiaires de cette mendicité.

Schopenhauer

A quoi sert la vie des hommes cloîtrés ? De quelle utilité est-elle pour la société, l’humanité ?

A cette question, on ne peut que répondre : les hommes cloîtrés sont nuls au point de vue humanitaire ; avant la révolution, ils étaient une lourde charge pour ceux qui devaient les entretenir ; ils étaient puissants, riches, leur puissance était à tous les points de vue un danger pour la société, et leurs richesses étaient inutiles à tous, car elles étaient improductives. Les couvents, restes du fanatique moyen âge, disparurent le jour où l’on vit surgir des hommes plus grands que des hommes, des hommes de dix-huit siècles, des hommes géants par la puissance de conception et de volonté. Les couvents furent ouverts ; on décréta que tous ceux qui voudraient en sortir étaient libres ; puis on fit mieux, enfin ! on les en chassa. La terre demandait des bras pour fouiller son sein et donner ses trésors ; l’industrie, les arts, le progrès, tout appelait ces hommes pour qu’ils devinssent utiles à la patrie, au lieu d’apprendre aux générations qui devaient suivre à annihiler les forces matérielles et les forces de la pensée.

Les couvents ! Les couvents !… Peut-on s’imaginer ce qu’ils étaient au moyen âge ! Peut-on évoquer l’existence de tous ces hommes, vivant, pour la plupart enfermés dans de hautes murailles ! Ils échappaient aux yeux scrutateurs de la foule, aux yeux du peuple. Si ce peuple avait vu ces orgies, les hontes de ces hommes, il eût senti naître et grandir dans son sein ces colères vives qui produisirent plus tard la révolution ; il eût, bien des siècles avant, abattu ces hautes murailles.

Dans le passé, les moines avaient des serfs ; ils avaient de vastes enclos qu’ils leur faisaient cultiver gratuitement. Ils étaient nombreux, et il était important qu’ils le fussent pour être un Etat dans l’Etat, pour que cet Etat fût dirigeant, puisqu’ils prétendaient représenter le pouvoir spirituel.

Pour éblouir et fasciner le peuple, ils se revêtaient de pourpre et d’or dans les cérémonies ; dans les processions, pour imposer à cette pauvre foule abêtie, ils portaient les reliques avec les semblants d’un saint respect ; et le peuple s’agenouillait, courbait le front devant les ossuaires qu’on promenait dans les rues pour appeler les bénédictions des saints et leurs miracles. Tout cela était mensonge ! Tout cela s’édifiait sur une infâme hypocrisie pour extorquer des richesses et appeler les donations des mourants timorés. Vos aïeux ont vu ces files interminables de prêtres, de moines, de religieux de tous ordres, formant des cohortes imposantes. Toute la pompe que l’Eglise étalait influençait tellement le peuple, qu’il tremblait de crainte pour sa damnation, et s’amollissait dans ses forces même en présence de tout cet éclat déployé par ceux qui s’intitulaient les ministres de Dieu ! Les idées du peuple étaient faussées, et son progrès était enrayé par la superstition. Oui vraiment l’Eglise a eu le front d’attester un miracle, ce fut le peuple assez fort pour disperser les moines, fermer les couvents et anéantir tout ce fatras de cérémonies qui cachait la honte et l’énormité des vices !

Ces temps sont passés ! Ces temps sont finis ! Mais ces temps vous ont vus aussi, vous autres. Nous qui avons la puissance de les évoquer en nous-mêmes, ces temps, nous les revivons par la pensée et nous bénissons le « miracle » - qui enfanta les hommes de la Révolution pour saper, pour anéantir cette puissance fatale au progrès.

Que voyez-vous aujourd’hui dans les basiliques ? Quelques évêques portant la mitre suivis de leurs chanoines et de leur clergé ; mais vos yeux ne sont plus éblouis parce que vous êtes les enfants de la science et du libre examen : l’ère de la Révolution a passé sur vous.

Gardez vos enfants dans la famille, que vous soyez riches ou pauvres, et bien plutôt si vous êtes pauvres ! Ne les mettez pas au couvent ! Gardez-les ! Ils seraient réduits à l’abjection et à l’impuissance, car on fait plier à tout, ces jeunes êtres, et on en fait les instruments de ceux qui dirigent encore dans des institutions qui ne devraient plus être tolérées. Là, si parfois une intelligence se révolte, si un cœur se soulève, si une conscience se réveille, ce sont des tortures morales sans fin pour ce pauvre être qui est au milieu d’étrangers, au milieu d’ennemis. Nul ne le console, nul n’a pitié de lui ; ses plaintes ne sont pas entendues de ceux qui viendraient à son secours.

Oh ! éloignés vos enfants des couvents ! Quelques clairsemés qu’ils soient, appelez de tous vos vœux le jour qui en verra disparaître le dernier.

L’Abbé Grégoire

Un esprit de voile

Une barque ornée de fleurs glisse doucement sur le fleuve ; elle porte des jeunes filles vêtues de blanc et qui chantent des cantiques répétés par les échos d’alentour. Les rames frappent l’onde en suivant en cadence les chants des jeunes filles.

Sur la rive, un jeune homme regarde d’un air désespéré la barque qui va disparaître.

Les cantiques continuent ; les rameurs activent la marche, on est près d’arriver au monastère, but de ce voyage.

Parmi les jeunes filles, il en est une merveilleusement parée, couronnée de fleurs, et admirablement belle sous ses longs voiles blancs de fiancée. Elle ne chante pas, elle ! Des larmes coulent de ses yeux, et le cœur se serre de voir des pleurs versés sur une robe nuptiale. Ses compagnes émues interrompent leur chant pour lui dire : « Courage, Elvire, courage ! Sèche tes larmes. N’es-tu pas bien heureuse de dire adieu à ce monde, qu’on dit si plein de dangers, pour devenir l’épouse de Jésus ? » Mais Elvire pleure toujours.

Lorsque la barque s’était éloignée du rivage, elle avait longuement regardé celui que son départ désespérait ; elle le cherche encore dans le lointain ; mais sur le bord du fleuve elle ne voit plus que des lianes, des orangers en fleurs, des roses écloses sous le baiser de mai. Dans ce moment suprême, Elvire dit adieu aux champs, aux bois, à la riante nature qui ne devait plus la convier au bonheur et à l’amour.

Et la barque glissait toujours, et déjà les grands bâtiments du monastère apparaissaient derrière un massif d’arbres sur une colline. C’était là ! là, qu’elle allait célébrer des fiançailles qui la mettraient vivante dans un cloître sombre où elle souffrirait mille douleurs ! En égrenant son chapelet, la prière glacerait ses lèvres, et l’amour brûlerait son cœur !…

O Elvire ! pourquoi as-tu aimé Luigi le Florentin ! Pourquoi as-tu aimé un artiste sans naissance ? Quelle valeur a-t-il aux yeux de ton monde, celui dont le ciseau créa les merveilles qui décorent le palais de ton père ? Cet amour-là t’a été fatal. Ton entrée au couvent en est la triste conséquence. Qu’adviendra-t-il de toi, pauvre enfant ! Tu avais courbé la tête comme une esclave soumise, mais les derniers baisers que Luigi t’a envoyés de la rive ont ravivé ta douleur et ton amour.

Et la barque glissait toujours… Elle s’arrêta enfin ! Les rameurs en firent descendre les jeunes filles. Les religieuses attendaient Elvire, qui fut conduite en grande pompe dans la chapelle du monastère, où tout était préparé pour l’abjuration du monde. La cérémonie devait avoir lieu devant son père, devant toute sa noble famille ; cette imposante assemblée venait sceller par sa présence l’acte retranchant de la famille et du monde la malheureuse Elvire, qui ne devait sortir du couvent ni vivante ni morte.

Affolée de douleur, de désespoir, Elvire ne voyait que Luigi sur le bord du fleuve ; elle n’entendait que ses sanglots, et lorsque le prêtre lui dit :

- Ma fille, abjurez-vous ?  Renoncez-vous aux pompes et aux vaines grandeurs de la terre ?

Elle répondit en faisant un effort surhumain : Oui !

- Voulez-vous prendre Jésus pour votre époux éternel ?

Elle demeura hésitante, chancela ; puis, se raidissant, elle s’écria d’une voix forte :

- Non !… Mon époux pour l’éternité c’est Luigi !!!…

Elvire

Les sorciers

C’est mettre ses conjectures à bien haut prix

que d’en faire cuire un homme tout vif.

Montaigne

Jadis, les voyants qui nous dépeignaient tels que nous sommes, c’est-à-dire esprits libres vivants heureux dans les grands espaces, étaient impitoyablement brûlés.

Les dévots extatiques, en égrenant pieusement leur chapelet dans une monotonie de balbutiement qui magnétise et finit par dégager l’âme, voyaient, eux, les soi-disant saints qui leur recommandaient la messe et exaltaient la folie religieuse. Ces visionnaires-là étaient béatifiés, canonisés, et cependant ils n’avaient de communications qu’avec les désincarnés, bons peut-être, mais peu élevés, restant complètement dans la sphère terrienne et gardant les idées bornées qu’ils avaient quand ils étaient de ce monde.

Oui ! Quand les grands voyants du moyen âge venaient développer sur la terre le sentiment bienfaisant de la Vie Indiscontinue en apportant comme preuve de puissants phénomènes, ils étaient brûlés vifs aussi bien que les génies de la science qui ne courbaient pas devant l’autocratie de Rome ; ils étaient traqués, persécutés, mis à mort.

Il y a un lien d’amour entre toutes les intelligences de l’univers, et, si maintenant les manifestations des supra terriens sont si nombreuses, c’est que nous pouvons enfin nous communiquer sans que les êtres qui nous servent d’intermédiaires soient condamnés à avoir la langue coupée, sans que des tenailles rougies leur arrachent des lambeaux de chair !

L’oriental

Note. « Quand un individu était condamné à mort pour sorcellerie, on faisait sa toilette ; pour le rendre plus hideux, on lui arrachait les sourcils et les ongles… Le chirurgien Manoury tortura littéralement Urbain Grandier. » (Extrait de l’Hypnotisme en justice, par M. Gilles de la Tourette.)

Une sorcière

Il est dans l’erreur, celui qui pense que, lorsqu’on

est de quelque utilité à ses semblables, on doive

calculer les chances de la vie et de la mort.

Socrate

Il y a là une vieille, bien vilaine femme. Elle est toute courbée et s’appuie sur un bâton. Elle n’a pas l’air tendre ! C’est une passante.

Ed.[21]

(La personne qui s’incarne ensuite s’examine, regarde avec curiosité ses vêtements d’homme ; elle tient ses mains l’une sur l’autre à la manière des personnes d’un âge très avancé. Tout à coup elle pousse un cri terrible.)

Le feu ! le feu ! (C’est un tableau du passé qu’elle revoit. Nouvelle catalepsie. Enfin, elle revient à elle.)

Je hais l’humanité ! J’aimerais à faire souffrir. J’ai tant souffert moi-même, j’ai été tant persécutée que j’éprouverais, il me semble, une jouissance infinie à inventer à mon tour les plus cruels supplices pour en faire mourir les hommes qui m’ont tant torturée ! (Elle regarde autour d’elle et paraît se calmer.)

Dans quelle époque suis-je tombée ? Quels sont ces hommes vêtus si différemment de ceux dont j’ai été la victime ? Tout semble changé dans ce monde, et je crois qu’il faut me reporter bien loin de ces temps-ci pour revivre lors des moments terribles où , devant les tribunaux j’ai été amenée les mains liées comme une criminelle… Oh ! oui, mon souvenir ne me fait point défaut… Voulez-vous bien m’écouter ? Il est si consolant de raconter ses malheurs à des êtres que l’on sent compatissants ! Je voudrais vous dire tout le mal qu’on m’a fait ! … Oui, je me remets, je me retrouve, je me souviens ! Il doit y avoir de cela bien des siècles, mais je sais peu compter, je ne puis préciser.

Il y avait partout des villes naissantes que dominaient des manoirs féodaux. Des villages se formaient à l’ombre des hautes murailles des abbayes. Les nobles et les prêtres avaient tous les pouvoirs en main ; le peuple était accablé par la taille, la dîme et les corvées, et il était fanatisé. C’était effrayant !

J’étais belle à dix-huit ans. Les gars du village, l’abbé du couvent et les seigneurs du château s’arrêtaient pour me regarder ; ils voulaient tous de moi, et j’eus bien à me défendre pour ne pas tomber à la merci des uns et des autres.

J’avais aussi des facultés qu’on disait merveilleuses ; j’entendais des voix, j’avais des visions. Des êtres disparus de la terre venaient auprès de moi pendant la nuit ; il était inexplicable que je n’eusse pas peur tandis que ceux qui voyaient ces apparitions tombaient évanouis ou s’enfuyaient saisis d’épouvante.

Un soir de printemps, je m’assis sous un grand arbre où d’habitude j’entendais des voix. Un jeune homme m’apparut en costume de page ; il me dit : « Le soir tombe, rentre chez toi ; cette nuit j’irai te visiter. Je t’aime ! Cette nuit verra nos fiançailles. »

Je sais, oui, je sais que dans les couvents et dans les châteaux des démons étaient venus visiter des jeunes filles et des femmes ; que ces démons étaient des incubes, mais je suis certaine que la plupart des faits avancés étaient mensongers, et que nonnes ou châtelaines, femmes ou jeunes filles abusaient de cette croyance pour cacher leurs amours. Moi, j’étais pure, je n’avais pas d’amants.

Le beau page vint la nuit comme il l’avait dit, et je ne pus m’arracher à son étreinte ; chaque nuit, il revenait à la même heure. Il était d’une grande beauté ; il était irrésistible et je me pris à l’aimer.

Le fils du châtelain voulut faire de moi sa maîtresse. Etonné de ma résistance, il me fit espionner, et des voyants affirmèrent que chaque nuit un jeune homme pénétrait chez moi. Chacun me montrait au doigt ; il fallut s’avouer que j’aimais et comment le bien-aimé disparaissait le jour pour rester ignoré de tous.

On me chassa du village, et je passai ma vie à errer dans les bois. Les forêts étaient alors plus grandes qu’aujourd’hui, la délimitation ne semblait pas exister. Il était possible, dans ces temps, de vivre en reclus au milieu des bois et de s’y nourrir de fruits sauvages. Je m’enfonçai dans une forêt, j’y bâtis une cabane, et je résolus d’y vivre seule, loin des hommes.

Devais-je rester longtemps dans cette retraite sans voir personne ? Non ! non !… Il venait toujours et me disait : « Renonce à tes enfantines croyances ; ne t’expose plus ; on pourrait te reconnaître et te faire encore bien du mal. Tu as été chassée comme une démoniaque ; prends garde ! prends garde !

Mais d’autres voix me disaient : « Tu peux faire du bien, tu peux soulager ceux qui souffrent, tu peux guérir. Va dans un village éloigné où l’on ne te connaît point. Tu gagneras ton pain en filant de la laine et en travaillant aux champs.

Je partis. Je marchai bien longtemps, pendant des jours et des nuits. Enfin, mes voix me dirent : « Arrête-toi ici, tu imposeras tes mains sur ceux qui souffrent ; on viendra chez toi, on te fera des dons précieux, et peut-être, nous l’espérons du moins, peut-être vivras-tu tranquille et heureuse. »

Mes amis m’enseignèrent les propriétés de plusieurs plantes très communes, celles que l’on appelle des « simples ». J’imposai les mains sur les tisanes préparées par moi, et, j’ose le dire, je produisis des merveilles.

Je vécus longtemps ainsi sans être inquiétée ; mais celui qui venait toujours me visiter avait l’horreur de la confession ; il ne voulait pas que je dise à un prêtre que nous nous aimions. Hélas ! Il finit par me décider à ne plus aller à l’église ; dès lors ma situation changea. Je fus menacée ; je fus contrainte de remplir des devoirs religieux. Je me pris à souffrir, à détester de vivre. Le bruit se répandit que j’étais possédée du démon et que je guérissais par le diable. Les prêtres, que je fuyais, voyaient en moi une ennemie. Jadis, pourtant, mes visions avaient soutenu leurs miracles !… On m’enferma dans une tour où je vécu prisonnière jusqu’à l’extrême vieillesse.

Un jour de pèlerinage, un vieux seigneur vint chez les moines qui me tenaient enfermée. C’était le châtelain du village où j’étais née. Il voulut me voir pour m’insulter. Je vous pardonne, Monseigneur, lui dis-je, mais sachez qu’un grand dommage pèse sur vous, et je puis faire qu’il n’arrive point. La maladie va se mettre dans vos troupeaux, et vous perdrez un grand nombre de vos bêtes si vous ne consentez à user de votre influence pour me faire donner la liberté afin que je puisse soigner vos pauvres animaux. Vous serez le premier à reconnaître que vous me devez beaucoup, et vous me remercierez.

Pour toute réponse il me fit une menace : j’étais possédée du diable, dit-il, et, si jamais je jetais un sort sur ses bestiaux, il saurait bien se venger de moi.

Hélas ! hélas ! ses troupeaux furent atteints et décimés. Quelques temps après, on vint me tirer de la prison pour me traîner à travers les villages jusqu’à mon village natal. Les villageois m’accablaient d’injures, me jetaient des pierres. Je souffrais !… je souffrais !…

Le châtelain instruisit mon procès avec les prêtres. Ah ! ce fut bientôt fait ! et je fus brûlée vive comme une sorcière démoniaque.

Ah ! que j’ai horreur des prêtres et des seigneurs ! J’ai gardé une haine implacable contre ceux dont le pouvoir sur le pauvre peuple était illimité…

Plaignez la pauvre vieille qui est venue à vous parce qu’elle vous croit bons ; plaignez-la … Aimez-la !

- Quel est ton nom ?

- Appelez-moi :

La Fée d’outre-tombe

Note. Il y avait plusieurs années que cette personne était venue à moi ; le médium l’ignorait.

A propos de la communication chez les Israélites

Les défauts que vous relevez sans cesse chez les juifs

sont communs à tous les peuples, tandis que leurs

qualités sont plus rares.

Léonce Raynaud - La France n’est pas juive

Nos directeurs de l’espace ont basé leur œuvre sur l’amour pour tous sans distinction de race, de caste, de nationalité. Cela à occasionné la communication suivante en faveur des Israélites qui intéressent plus particulièrement, parce qu’ils restent persécutés à la fin du XIXe siècle ! La persécution est une des hontes de l’humanité.

Le seul étalage de sentiments humanitaire, généreux et justes n’a point de portée. Il faut savoir pratiquer nos devoirs les uns envers les autres. Aussi, tous les psychistes de cœur se joignent-ils à nous pour que nous nous conduisions de manière à nous faire pardonner notre barbarie d’autrefois. Que les Israélites ne nous gardent point rancune d’un passé dont nous ne sommes point responsables. Nous leur demandons de mettre leur main dans la nôtre ; les races sont appelées à se régénérer les unes par les autres en se confondant. Point de progrès possible sans union, sans harmonie.

La Révolution française a affranchi les Israélites. Que les républicains et les Israélites s’en souviennent. C’est dans notre cœur que doit être gravé le mot Fraternité. Il ne suffit pas de l’écrire sur le fronton de nos édifices.

Se faire le persécuteur des juifs, c’est outrager Jésus le plus beau des juifs ; Jésus, qui résumait en lui toutes les qualités de sa race et qui a voulu naître en Judée pour instruire son peuple ; c’est condamner celui qui a aimé les hommes plus que lui-même, et qui a donné sa vie pour défendre la cause des opprimés ; c’est mépriser l’enseignement du sublime missionnaire, de notre modèle qui ne s’est lassé de nous dire : Aimez-vous les uns les autres… Aimez-vous comme je vous ai aimés !

Persécuter les frères en humanité, c’est renier ces géants martyrs de la Révolution française, martyrs de la mission même qui les a fait servir d’instruments de justice pour détruire les abus, les préjugés, les usages cruels établis par un égoïsme honteux ! Oui, c’est méconnaître ces âmes vaillantes qui, appréciant les mérites des Israélites, les ont pris sous leur aile protectrice et les ont affranchis.

Persécuter des hommes, enfin, c’est déserter les rangs de ceux qui ont pris pour devise : « Amour et Liberté ». C’est souiller le drapeau de la solidarité universelle qui doit nous sauver tous.

S’il reste encore quelque tribunal sacrilège qui ose condamner Jésus dans son amour pour tous, condamner les grands tribuns qui ont éteint les bûchers, condamner les héros de l’humanité qui sont morts pour leurs frères, eh bien ! devant ce tribunal j’en appelle à tous les hommes de cœur de toutes les races, de toutes les nationalités, de toutes les religions, de toutes les convections !

Rufina Noeggerath

Les juifs

Les chrétiens ont fait brûler plus de juifs que les

Romains ont fait dévorer de chrétiens…………

…………L’existence des juifs est plus austère

que la nôtre. Nous ferions bien comme eux de

pratiquer le respect de la famille, qui est la clef

de voûte d’une nation.

Léonce Raynaud - La France n’est pas juive

L’Eglise a accablé les juifs de ses malédictions, elle les a outrageusement persécutés ; les rois ont aidé l’église à les spolier, mais, malgré les massacres et les persécutions, les Israélites se sont répandus dans le monde, et leur nombre ne fait qu’augmenter. Ce peuple tant méprisé par les peuples nouveaux, ce peuple de proscrits est encore debout et vivant ; il semble qu’une sève toute providentielle le fasse vivre ! Dispersés au milieu de toutes les nations, le Juifs vivent de part la loi des harmonies. Ils faut qu’ils restent dans le monde ; ils y resteront. Savez-vous pour quelle raison puissante ?

C’est parce que les Juifs sont la preuve vivante que Jésus est venu sur la terre et qu’il n’était point Dieu. Ils resteront pour perpétuer le souvenir vivant de celui qui prêcha la plus divine de toutes les morales. Ils sont restés sur les montagnes et dans les vallées de la Judée malgré toutes les malédictions qui ont été proférées contre eux. Ils resteront !… ils resteront, dis-je, pour protester contre l’Eglise, contre le catholicisme qui a fait de Jésus le Christ-Dieu. Ils ne croient point en Jésus comme Dieu, et dans les fils de ceux que le grand tribun, le grand philosophe étonna, il reste encore que Jésus n’était point un dieu ; que Jésus était un homme, un grand homme, mais non un Dieu. Depuis bientôt dix-neuf siècles, les Juifs sont une protestation perpétuelle contre le blasphème des chrétiens qui ont fait d’un homme… un Dieu !!! Ridiculiser, métamorphoser en idole un homme qui a porté la robe de la terre d’une manière si admirable ! On a trouvé que ce n’était pas assez que d’avoir idéalisé le plus beau type humain et donné le plus grand des exemples !

Combien les Juifs sont encore détestés dans ce siècle, et qu’on leur rend peu justice ! Catholiques, regardez-les, ces hommes que vos ancêtres ont tant fait souffrir ; ils ont pourtant du mérite. Portant en eux les stigmates du passé, que n’ont-ils dû faire pour pouvoir exister ! N’importe à quelle condition ils appartiennent, ils luttent, et ils sont les fils de leurs œuvres. Ils sont d’une grande vaillance à la peine, et ils arrivent ! Les catholiques les jalousent, parlant haut encore contre la secte méprisée, et avec quels raisonnements d’enfants !… Si Jésus en tant que dieu, avait porté malédiction contre les Juifs, y aurait-il encore des Juifs sur la terre ? Mais non ! il n’y en aurait plus !

Catholiques ! le Juif que vous avez fait dieu fait vivre les Juifs pour vous prouver que les Juifs ne sont pas des maudits, qu’ils grandissent, qu’ils progressent et que leur race s’étend de plus en plus sur la terre. Jésus maudire les Juifs ! Mais c’est vous catholiques, qui devriez être les premiers maudits, car vous avez versé leur sang, et vous les avez tant de fois volés pour vous enrichir ! Vous leur faisiez porter une livrée dégradante qui, dans la foule, les distinguait des autres hommes, et vous leur faisiez subir toutes les humiliations.

Il n’y a point de maudits ! Tous les hommes sont enfants de l’harmonie divine, et devant Elle, les Juifs sont plus grands que ceux qui les haïssent et qui, pour obtenir leur extermination, vont se prosterner devant des idoles.

Les Juifs ! les Juifs ! considérez en eux l’expression des cruelles souffrances, les traitements indignes que l’Eglise et les rois leur ont fait subir, et vous les trouverez grands, et vous les aimerez, et vous les citerez même, car ils montrent l’exemple du courage et de la persévérance dans la lutte, bien que méprisés encore au milieu du monde. Ils sont en cela des modèles à imiter, et, si tous les chrétiens étaient à la hauteur de certains fils d’Israël, ils chercheraient à se grandir par le travail et non à rester d’oisifs fils de famille inutiles à eux-mêmes, inutiles à la société, inutiles à l’humanité.

L’abbé Grégoire

Note. Dans ses conférences à Notre-Dame de Paris, en 1845, Lacordaire a dit : Le peuple Juif a été l’historien, le jurisconsulte, le sage, le poète de l’humanité. Il vit encore, il vit partout. Déshérité de son sol, il a cherché dans le commerce cette richesse mobile qui se cache plus vite que la persécution ne se montre.

Le prêtre et la juive

Pour ma part, ce martyrologe des Juifs me fait prendre

en horreur toutes les superstitions au nom desquelles

tant de crimes ont été commis.

Léonce Raynaud - La France n’est pas juive

J’étais seul ; je priais. Je songeais à l’Eternel ; j’analysais dans ma pensée ces deux mots : Justice Eternelle, Amour Eternel. Le chapelet tombait de ma main lorsque le mot justice frappait ma pensée, et je le portais à mes lèvres lorsqu’il était murmuré : Amour !

Les galeries étaient désertes. La reine des nuits trônait dans le ciel ; elle jetait ses rayons sur les statues de ceux qui avaient été des hommes, et les vitraux, harmonisant ces rayons, semblaient colorer de vie les formes de ces grandes figures. Le Vatican alors était à la tête du monde, et à cette heure le monde et le Vatican dormaient. Ceux qui recommandaient les massacres semblaient dormir du sommeil des justes ; leur repos était gardé par des hommes qui leur servaient aussi de bourreaux.

Tout à coup, j’entendis un pas furtif. Une ombre svelte se glissait parmi les colonnes, disparaissant et reparaissant entre les socles des statues échelonnées. Je crus à un fantôme… c’était une réalité, c’était une femme ! Folle de terreur, elle allait, courant partout, sans voir où, sans savoir comment : elle était Juive ; on avait tué sa mère ! Le sang coulait à Rome, et on rencontrait partout des affolés. Je m’approchai pour demander à l’infortunée comment elle était parvenue jusqu’à cet endroit et ce qu’elle venait y faire. Elle me regarda sans répondre ; ses yeux étaient remplis de larmes, ses traits étaient contractés par l’épouvante, la fatigue et la faim. Le regard de cette femme avait un éclat, je me sentis tressaillir, mes pensées se troublèrent. J’avançai davantage, et je lui pris la main. Elle me dit ces seuls mots : « Sauvez-moi ! » et elle tomba évanouie. J’appelai un garde qui m’était dévoué et la fis transporter dans une maison qui m’appartenait dans la campagne de Rome.

Je l’avais aimée dès que nos yeux s’étaient rencontrés. Je devins fou d’amour, et ma sécheresse de cœur se changea en source vive : l’amour terrestre m’avait fait comprendre l’amour divin !

J’étais prêtre !… et elle était fille de ceux qui sacrifièrent mon Dieu !!!…

Mon crime fut connu car c’était un crime d’aimer une fille d’Israël ! Il fallait la livrer ou mourir avec elle… j’aurais dû mourir pour elle, en mourant avec elle, je l’aimais !… Elle fut arrachée de la maison protectrice et livrée aux exécuteurs…

L’abandonner, c’était être coupable. N’était-ce pas pour moi un crime de n’être point mort avec elle, puisque je pouvais tenter de la défendre ? Plus de sommeil. Le monde devint pour moi une vallée de larmes. Je souffrais à la fois de honte et de désespoir. Je marchais, vide de cœur, dans la vie éternelle, et ma vie semblait devoir être à jamais un noir chaos ; aucune impression ne se produisait sur mon cœur. Je la voyais toujours devant moi, comme au moment où elle m’apparut la nuit, dans la longue galerie du Vatican, me criant : « Sauve-moi ! Ses yeux si étranges restaient fixés sur moi ; ils exprimaient l’amour, point de haine pour mon abandon, mais j’y lisais d’amers regrets.

Il fallut partir, car Rome était, ce qu’elle fut longtemps encore, un réceptacle de tous les vices, de toutes les hontes. Je m’enfuis, emportant avec moi tout ce qui pouvait servir à augmenter mes connaissances sur les lois physiques et sur la chimie. Je travaillai encore quelques années, mais Elle m’appelait toujours. Je compris qu’elle était venue sur la terre pour être mon but, et aussi mon expiation, car j’avais reconnu, après la catastrophe, qu’il m’eût été impossible de la sauver. J’avais été injuste envers moi-même. Néanmoins, je ne voulais plus retarder l’heure de la rejoindre. Pour la retrouver plus vite, je transgressai la loi, je désertai mon poste ; je me fis mourir peu à peu tous les poisons usités à cette époque m’étaient connus, et j’en savais la composition.

Mais quel châtiment m’attendait ! En rentrant dans le monde des vrais vivants, je ne devais plus revoir celle que j’aimais tant et qui m’apparaissait dans mes rêves ; il fallut qu’elle mourut de la mort des cieux pour naître encore dans ce monde où l’on ne fait que deviner l’amour. Ah ! c’est cruellement souffrir que d’avoir fait le mal jusqu’à s’ôter la vie pour une femme adorée… et la perdre au moment de l’exaltation dans l’amour !

Elle a quitté l’espace, elle est morte une seconde fois pour moi, et je l’ai cherchée en vain jusqu’à ce jour. Je la retrouve ! Je la vois sur la terre, et je ne puis plus haïr… Je ne puis plus combattre pour la foi…

Je l’ai retrouvée !… Tout le bien que j’ai pu recueillir dans mes différents passages sur la terre se réveille en moi.

J’aime !

Fernando

Protestation de Jeanne d’Arc[22]

En face de la torture

Si vous me deviez faire arracher les membres

et faire partir l’âme hors du corps, encore ne vous

dirais-je aultre chose, et, si je disais aultre chose,

après je vous dirais toujours que vous l’auriez fait

dire par force ; et si j’étais en jugement et que je

visse le feu allumé et les bourrées préparées, et le

bourreau prêt à bouter le feu, et que je fusse dans

le feu, encore je soutiendrais ce que j’ai dit

au procès jusqu’à la mort.

Joseph Fabre – procès de Jeanne d’Arc

Je viens dans cette séance avec de grands compatriotes ; ils se sont souvenus que j’étais femme avant d’être général d’armée, et ils m’ont donné la préséance.

Il m’est doux, oh ! oui, bien doux, d’être attirée vers la terre par ceux qui me comprennent, et surtout par ceux qui m’aiment. Il m’est doux de pouvoir parler à ceux qui foulent le sol de la patrie tant aimée ! Mais vous pensez bien que je dois souffrir en redescendant me mêler aux fluides de la terre où vous vous agitez pour le progrès au milieu de tant de défaillances et de faiblesses ! Je ne pourrais revenir que pour souffrir si ce sont mes ennemis qui me rappellent ; mes ennemis, qui veulent me canoniser !!!

J’aime la France ; et, quoique loin d’elle dans l’espace, si notre patrie est morcelée, je viens pleurer avec tous les bons Français, je viens les fortifier et partager leur douleur. Mais pourquoi me canoniser ? Qu’ai-je fait pour qu’on s’arroge le droit inique de faire croire à la foule que, de par la volonté d’un pape, je dois résider dans son ciel imaginaire ?

Dans l’espace, je suis libre, et j’y resterai libre comme tous ceux qui ont le pouvoir d’y être libres - pouvoir qui s’acquiert par le dévouement. Je resterai dans la sphère qui m’est dévolue par mes travaux, mes luttes, mon long et cruel martyre.

La jeune fille des champs, qui avait en elle un courage indomptable lorsqu’elle pensait à la patrie si malheureuse, savait que par elle tout serait sauvé et pourtant elle a été brûlée comme une sorcière et relapse ; l’Eglise a fait chanter des Te Deum le jour de sa mort ; mais le honteux bonnet sur lequel étaient écrits les mots infâmes a été remplacé par une auréole où resplendissent les mots de reconnaissance de tous les cœurs français, et cela la rend bienheureuse !

Mais vous, qu’êtes-vous devenus depuis quelques siècles, prêtres qui m’avez accablée de votre haine, et qui étiez payés par l’Anglais à qui vous vouliez plaire ? Eglise ! qu’es-tu aujourd’hui ? Ont-ils grandi, les papes ? - Ont-ils étendu leur domination depuis que la cour de Rome ne voulait pas s’occuper de moi ?

Que me veux-tu, pontife Romain ? Qu’ai-je besoin de l’autorité de ton sacerdoce ? En quoi et pourquoi ai-je mérité l’encens que tes prêtres veulent m’octroyer ? Jeanne d’Arc, une sainte ! Jeanne d’Arc, appartenir à l’Eglise qui l’a persécutée, à l’Eglise qui l’a brûlée, à l’Eglise qui l’a salie, à l’Eglise qui, au moment du supplice effroyable, lui a mis sur la tête le bonnet d’ignominie !!

O France ! toi si généreuse de ton sang pour les grandes causes, et surtout pour la cause de la liberté, ô France ! suis-je assez abandonnée pour que l’on puisse croire que Jeanne d’Arc ait besoin de l’Eglise, l’ennemie implacable d’autrefois, pour être honorée ? De grâce, de grâce, de grâce, Français ! je vous supplie tous. Levez-vous en mon nom pour me défendre, pour m’éviter la dernière et la plus révoltante des souillures qui puisse jamais être faite à la libératrice de votre pays, ce pays où toujours passe sur les cœurs un souffle de bravoure et d’honneur.

Oh ! oui, je vais souffrir ! je vais souffrir parce que cette fumée d’encens impur s’élevant de la terre jusqu’à moi me repoussera de cette France adorée. Ah ! de tous les humains, quel est celui qui voudrait être chanté, qui voudrait être mis hypocritement sur les pavois par son plus cruel ennemi ?

Que ces paroles ne passent point comme le vent qui emporte la feuille morte au loin dans les vallons solitaires où le silence des tombeaux est morne, et où tout bruit s’éteint ! - Qu’elles arrivent sous les yeux des vrais Français, des vrais patriotes, et que, ressentant mes souffrances présentes, et m’attirant vers leurs cœurs par une douce et puissante évocation, ils me consolent de toutes les injustices que j’ai endurées ! - qu’ils me consolent de cette peine immense de me sentir appelée par ceux qui ont allumé le brasier qui dévora ma chair et mon sang.

Les supra terriens qui me conduisaient sur la terre étaient puissants, et les preuves s’en virent, et mes bourreaux assumèrent une responsabilité terrible !

O pape ! souviens-toi, souviens-toi que chercher à m’attirer dans tes temples, m’y évoquer par le prisme des cérémonies de tes prêtres est un acte coupable, car tu as combiné que Jeanne proclamée sainte par ton Eglise, ce serait une gloire pour toi ! Souviens-toi que c’est un anathème que tu lances et qui pèsera sur sa tête.

Jeanne d’Arc

Note. Dans des communications antérieures, Jeanne d’Arc disait qu’elle avait pardonné ; mais, à l’idée d’être canonisée, tout son être se révoltait.

Evocation des enfants des Cévennes et de Louis XIV

Quiconque vous fera mourir croira rendre service à Dieu.

Jean, XVI, 2

Les jours sont proches où tout changera

de face dans l’esprit des nations

Quand l’amour de la justice se répandra sur la terre et que les hommes seront frères, les potentats descendront de leur trône, et ils viendront, dépouillés de leur grandeur, se mêler aux enfants de Dieu.

Pour que le règne de la justice arrive, les Grands de l’espace descendront sur la terre ; ils sépareront tous les combattants ; ils prépareront le règne de la paix. Malheur, malheur à ceux qui resteront sourds à la voix qui proclame le pardon, la miséricorde et l’amour !

(Marie s’adresse à ceux qui nous sont invisibles :)

Vous qui êtes tombés dans les sentiers poudreux, vous qui avez trouvé une mort méritoire dans les ravins des montagnes, vous que les dragons du roi ont martyrisés, levez-vous à ma voix ! Sortez des tombeaux où des mains sacrilèges vous ont couchés pèle-mêle ; accourez à la voix de votre prophétesse ; quittez les bois silencieux des Cévennes où la brise qui passe et le bruissement des ramures ont été les seuls échos de vos déchirements, de vos sanglots étouffés, de vos terribles souffrances.

J’étais venue d’Israël, et ma voix vous avait réunis. Vous avez levé l’étendard du droit contre les oppresseurs de consciences, et le signe de Dieu est marqué sur vos fronts. Oh ! venez tous ! venez tous, de la terre et de l’espace ; accourez à la voix de celle autour de laquelle vous vous ralliiez pour entendre la révélation. Que les voiles tombent ! que la lumière apparaisse à vos yeux ! Réveillez-vous de votre long sommeil, renaissez des cendres encore fumantes du passé ; mais, en revenant à la vie, ne songez pas à la vengeance ; ne voyez que des frères dans vos persécuteurs. Pardonnez ! Pardonnez ! Un nouveau règne s’établit, Israël se réincarne, non pour assouvir une soif de vengeance, mais pour aimer !

Venez ! Venez ! les papistes disparaissent, la raison les disperse. Le pape n’est plus ! Il reste de lui un fantôme sans force, sans puissance spirituelle, et son règne temporel est fini pour jamais. Il n’y aura plus de « ville éternelle », siège d’un pouvoir irrespecté. La ville éternelle fera place à un monde nouveau. Le souvenir des souillures qu’abrita la tiare est encore un affront pour l’humanité, mais les peuples s’affranchissent, mais la vraie foi et la concorde s’établissent pour leur bonheur.

(Marie se tourne dans une autre direction et évoque Louis XIV.)

O roi puissant ! toi qui as fomenté la discorde et la défection dans nos rangs pour arriver à nous vaincre, tu nous as donné le droit, à nous, tes enfants, de te jeter l’anathème de barbare et de cruel ! Je t’évoque avec tes sbires assoiffés de carnage et teints comme toi du sang des martyrs. Viens écouter, viens apprendre que ceux que tu as odieusement persécutés pour faire l’unité de la foi reviendront encore pour préparer l’avènement de la liberté qui affranchira les hommes des dogmes au nom desquels tu nous as immolés. Reste des Manichéens, reste des Iconoclastes, reste des Vaudois, reste des Hussites, nous nous étions réincarnés dans les Cévennes ; nous revenions combattre pour la liberté de conscience, et nous avons trouvé en toi, ô roi, le bourreau prédestiné ! Oui, nous avons retrouvé en toi celui qui déjà tant de fois nous avait persécutés ! Courbe-toi, maintenant ! Courbe-toi devant tes victimes. - Nous sommes grands, aujourd’hui, et notre grandeur te fait petit. Tous ceux qui ont une tache de sang sur le front, quelle que soit leur gloire, quelle que soit leur puissance, quelle que soit leur science, sont plus petits devant eux-mêmes et devant tous que le plus effacé des êtres qui est juste et bon.

Les montagnards des Cévennes reviendront encore pour semer l’amour de la liberté, et cette semence portera un germe fécondé par les luttes du passé. Ce ne sera plus de l’épée qu’ils se serviront ; leur arme sera la parole, car les peuples sont prêts à écouter la nouvelle Parole. Nos interprètes, les plus inspirés d’aujourd’hui, seront alors dans l’espace ; ils nous guideront pour que notre mission ne soit plus que pour les combats de l’amour et non plus pour les luttes sanglantes. Et le règne d’Israël reviendra ! et le règne d’Israël sera pour toute la terre. Chaque homme se regardera comme un Dieu dans Dieu ; il sera son prêtre, il élèvera ses enfants dans la fraternité, dans la crainte du mal, dans le respect de la vérité.

Humains, ne faites plus entendre vos cris ! Aquilons ne faites plus entendre vos gémissements à travers les feuilles ! Cessez ouragans. Nuages, dispersez-vous ! Que tout se taise sur la terre ! Ecoutez la voix de l’Esprit !…

Israël triomphe ! Les enfants de Dieu[23] grandissent de quinze coudées, et leurs rangs se remplissent. Les superbes courbent la tête devant eux ; toute la science pâlit devant leur savoir qui vient de l’Esprit, qui vient de la sagesse divine. La terre et les cieux retentissent de chants de triomphe ! Hosanna ! Hosanna à l’Eternel ! L’Eternel voit les jours de son peuple, l’Eternel reconnaît ses enfants, et ses enfants chantent, louent et grandissent l’Eternel.

Garde le silence, terre ! Qu’aucun son, que rien n’empêche de retentir dans les vallons et les campagnes les chants de triomphe de l’Esprit ! Israël est libre ! Israël n’a plus de liens ; Israël n’a plus de temple : Dieu est partout. Il est dans le passé tout entier comme il est dans l’avenir infini ; ses enfants l’adorent partout ; dans les cavernes des forêts, au bord des torrents, dans les monts et dans les plaines. Les temples où se réunissaient les fils de Baal sont renversés. Dieu est partout, son culte est partout, les enfants de Dieu prient partout, et le temple où l’idole représentait Dieu est détruit. Israël ressent Dieu de toutes les forces de la nature ; Israël travaille à la conquête des secrets qui doivent lui ouvrir la terre promise, la vraie Jérusalem céleste. Israël ne sacrifie plus au veau d’or ni sur la pierre ; Israël allume un feu d’amour dans son cœur - ce feu d’amour est pour Dieu, pour ses frères. Israël est en communion avec ses frères, il communie lui-même avec Dieu. L’amour, la charité et le dévouement sont partout.

Où êtes-vous, sectaires qui prêchez un Dieu jaloux de ses prérogatives ? un Dieu qui, en punissant son œuvre, martyrisait la vie sortie de son sein ? Arrière ! vous avez calomnié le Christ en le représentant méchant. Arrière tous ! Laissez voir à Israël Jésus dans l’auréole pure de sa gloire, Jésus apôtre d’amour, personnification de la fraternité et de ce que le monde vit jamais de plus pur, de plus beau, de plus grand.

Israël ! sois libre, sois grand ! Israël ! sois tout de charité, tout d’amour ! oh ! soyez bénis, vous les enfants de Dieu et les fils d’Israël ! Vous, les précurseurs du règne de Dieu sur la terre, je vous aime !

Je vous salue, ô jours de liberté, jours de bonheur, jours de l’idéal que je rêve ! Je vous veux ! je veux vous voir éclore. Je veux revenir encore, inspirée comme dans le passé, me dévouer au Grand œuvre, porter la parole de Justice et d’Amour, et mériter d’être grande à mes yeux, aux yeux des hommes, aux yeux de Dieu !

Marie la Prophétesse de Jean Cavalier

Prophétie

Alors, les yeux de ceux qui voient ne seront plus retenus,

et les oreilles de ceux qui écoutent seront attentives, et le

cœur des insensés entendra la science, et la langue de

ceux qui bégaient parlera promptement et nettement.

Esaïe, XXX, 1, 4

… Les chemins tortueux deviendront droits, les montueux seront aplanis.

Si Jésus n’eût produit ce que l’on croyait des « miracles », nul n’aurait cru en sa parole, et cependant, quoiqu’ils fussent connus, ces miracles, ses prêtres ont-ils cru en Jésus ? Non, puisqu’ils s’acharnèrent contre sa personne et le firent mourir.

Le rayon de Jésus reviendra sur la terre, où il se répandra, et vous vous guérirez les uns les autres, et les oreilles des hommes entendront, et leurs yeux verront ce que nul n’a entendu, ce que nul n’a vu encore. Le progrès deviendra si grand, que les sublimes voyants ramèneront sur la terre la conviction disparue afin qu’un terrain nouveau soit préparé pour recevoir de nouvelles semailles, et pour que l’homme ait une âme retrempée pour apprécier la vérité retrouvée qui rajeunira le monde.

L’Harmonie universelle réunit tout pour le progrès partout. Les hommes ne sont pas plus que des choses, puisque les choses deviennent des hommes.

Il est fort difficile qu’une tradition traverse les siècles sans être altérée, les différentes langues dénaturent les expressions ; les écrivains y apportent des changements, des hommes ambitieux et despotes y introduisent des paroles qui ne furent jamais prononcées. Jésus, dont l’amour était si puissant, Jésus qui guérissait de si loin, Jésus ayant un mot de consolation pour toutes les faiblesses du corps et de l’âme, Jésus ne maudit jamais !!! Qui sait pardonner pardonne grandement, qui sait aimer aime toujours. Jésus aima tous les hommes ; il s’apitoya sur toutes les infortunes ; et le Jésus que vous croyez avoir prononcé des paroles de malédiction, ce Jésus là ne viendra pas à vous.

Les hommes seuls, pour séparer l’enfant de la mère, le frère de ses frères ont changé le texte de l’Evangile. O Jésus ! Tu ne dis jamais : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » Ces paroles furent écrites pour fortifier la puissance d’une secte naissante au détriment de la famille, de la société[24]. Que d’enfants, pauvres abusés, croyant obéir à une inspiration de Dieu, se sont séparés de leurs parents, de leurs frères, sans être émus de leurs larmes, pour vivre dans la prière. La prière qui n’a servi à leur progrès qu’en raison de leur bonne foi ! Mais la loi naturelle veut que l’esprit soit libre. Laissez la liberté à ceux qui veulent se séparer de la grande communion des hommes, laissez-les ! Jésus avait vécu avec Elie, avant tous les prophètes ; vos frères sont libres de venir après vous.

Jean l’Evangéliste


Seizième série
Les messies

Rien d’élevé, rien de beau, rien de bon ne se fait

sur la terre qu’au prix de la souffrance et de

l’abnégation de soi, et le sacrifice seul est fécond.

Lamennais

Dans l’avenir, la pierre de touche du progrès sera

l’élimination de la souffrance, et après la phase des

sacrifices, va venir, enfin, la phase de l’harmonie.

Camille Chaigneau – Immortalisme, déc 1895

Un regard en arrière

La science est la seule vérité stable

et qui ne trompe jamais.

Challemel-Lacour

Foi et science ne peuvent guère vivre

en harmonie dans le même esprit.

Schopenhauer

A quelle époque l’homme a t-il été le plus grand au point de vue des arts, des sciences humanitaires et du développement de l’esprit de solidarité ? Est-ce au temps où je vivais ? Est-ce lorsque les villes de la Grèce étaient florissantes ? Est-ce parmi-vous que l’humanité a atteint sa plus haute période ?

Quand l’Inde se réveillera et sortira de ses ruines, vous verrez mieux qu’aujourd’hui ce qu’a été la haute antiquité, vous verrez ce qu’a été la philosophie de Bouddha. Les éléments sont toujours les mêmes, mais les hommes ont changé, et les secrets sont oubliés ; ils se sont perdus dans la nuit des temps. Oh ! la grande œuvre de tant de siècles !!

Enfant, élevé par une de ces mères qui se dévouent pour leurs fils, j’ai connu l’Inde ; je lisais les caractères hiéroglyphiques, je les dévorais comme de vos jours il en est qui étudient avec passion les langues anciennes. Tout jeune encore, je cherchais, j’avais le désir ardent de connaître, j’avais ce feu sacré qui fait pressentir qu’on est appelé et qu’on doit apprendre pour répandre la science. O jardins aux fleurs parfumées où l’on méditait dans les bosquets de l’Inde, qu’êtes-vous devenus ? Où sont ces groupes dont l’union nous faisait comprendre les grandes harmonies ? Où sont ces écoles où l’on discutait les grands enseignements ?

Allons jusqu’à Rome ; admirons la grande république. Hélas ! la décadence y a fait son œuvre, puisqu’on y voit des familles patriciennes pouvant acheter une quantité d’enfants de la terre comme des bêtes de somme. La république romaine est morte ; sa décadence a pour raison suprême le luxe abusif des riches romains ; à cette époque, trois cent mille esclaves mourraient de faim, maudissant les dieux du Capitole !

Venise ! que tant d’auteurs célèbres ont chantée, Venise la florissante aux palais somptueux, que reste-t-il de sa gloire ? Rien ! La gloire de Venise n’est plus ; les vices de ses arrogants dignitaires l’ont tuée

Suivons la marche de l’esprit humain à travers les siècles ; venons jusqu’à vous.

Qu’était l’humanité il y a un siècle encore, avant la Révolution française ? Courbée sous le joug tyrannique des trônes, elle était humiliée aussi par la domination de ceux qui portent la croix comme un sceptre ; et pourtant la croix devrait être le symbole de la liberté ! Notre philosophie antique s’est représentée dans un homme qui, de son corps martyrisé a consacré le signe qui aurait dû éclairer l’humanité. Ce signe devait éveiller un saint respect, une tendre pitié, la divine charité, de généreuses pensées de pardon… Comme il a été mal compris ! Sublimes enseignements de Jésus, qu’êtes-vous devenus ?… Tout a disparu ! La croix a jeté une ombre funeste, parce que des fantômes interceptaient ses rayons ; la croix plaquée sur la poitrine du fantôme aux yeux de sang n’a laissé voir que le monstre qui la représentait.

On n’a pas compris le grand enseignement de Jésus. Son nom s’est perdu dans les vallées de la Palestine ; ses accents pénétrants n’ont pas été entendus des peuples ; de rares élus ont pu connaître, voir, comprendre l’audacieux réformateur, et se transfigurer sous le charme de sa parole. Il possédait la quintessence de cette vertu qui produisit l’enseignement que vous appelez morale, et, lorsque les regards de Jésus tombaient sur ceux qui l’écoutaient, le cœur dur devenait tendre, le membre perclus devenait flexible, et cet homme réveillait l’âme, la changeait, lui donnait une force inconnue, et la parole de ce sage, le plus grand, le plus divin des sages par la charité, par l’amour, la parole de ce sage faisait des prodiges. Nous l’aimons tous, nous le suivons ; il a plus que nous l’amour. C’est l’amour qui relie tout ; si l’amour n’était pas en tout, il ne serait pas Dieu.

Les Messies qui ont la charité de venir travailler pour vous ont été les rayons qui vous ont le plus rapprochés de Dieu, en vous rappelant que vous êtes des dieux dans votre milieu[25] ; l’insecte est dieu, la plus petite molécule est dieu comme vous parce qu’elle est une harmonie… Dieu est le créateur de l’univers étant lui-même l’univers. Vous créez aussi chaque fois que votre effort fait naître une vertu ; créer une vertu est aussi grand que de créer un monde. Dieu travaille toujours ; travailler, c’est s’augmenter, et le Tout - le Dieu Tout - grandit par le progrès. Panthéisme, vie partout, tu donnes la sève à l’arbre, à la fleur, et l’amour au grain de sable. Enfants de l’harmonie, vous y comptez pour votre part ; en grandissant dans le bien, vous êtes ce mouvement ascensionnel qui fait avancer les mondes avec Dieu. Ah ! les anciennes philosophies réchauffent le cœur !

L’espace n’est rien ; le temps n’est rien ; la Vérité traverse les âges ; l’Eternité existe pour que cette Vérité ne se perde jamais. Ne détournez point les regards de la mort qui n’est point la destruction, mais une phase de l’existence continue. Les peuples de l’antiquité ne croyaient point à la mort ; ils chantaient au départ des justes, et vous, vous pleurez ! Dans les anciens âges, les grands morts se montraient grands vivants. Ils apprenaient aux terriens ce qui devait les éclairer. Mais l’homme a voulu asservir ses frères ; un flot de sang a couvert sa route, et l’humanité a subi l’esclavage pendant des siècles et des siècles. Il a fallu les grands martyrs pour venir secouer de leur torpeur ces races avilies, et ils ont dû subir la torture pour vous apprendre la Vérité.

Où donc sont-ils, ces hommes avec ces vertus qui produisaient tant de grandes choses, sans peine, sans effort, sans secousse ? Ces grands Messies, venus pour sauver de l’erreur, étaient ces mêmes hommes qui avaient déjà tant travaillé et que l’immense charité de leur âme portait à faire ces choses écrites qui étonnent toujours les peuples modernes, car, à mesure que vous vous éloignez de nous, il se fait la nuit sur les anciens peuples. Au temps où les adorateurs de la croix étaient encore les disciples de Jésus, il s’en trouva parmi eux pour empêcher la perte de ces trésors de l’intelligence. Oh ! bénis soit les arts qui, se relevant du fond de l’ignorance, ont permis d’étudier ces manuscrits précieux et oubliés !

Nous aimons cette humanité et nous viendrons encore, nous viendrons toujours tant que la terre aura besoin de nous. L’immense charité fera descendre ses rayons, fera grandir l’intelligence ; en se diffusant, le rayon crée des étincelles, l’étincelle devient flambeau, le flambeau devient soleil. Le ciel est rempli d’étoiles paraissant former un cortège d’honneur à l’astre des nuits ; l’intelligence élevée, qui de son regard peut embrasser les mondes, est aussi, de l’autre côté de la vie, un astre pour qui brillent les splendeurs qui vous appellent vous-mêmes.

Les enseignements de la survie peuvent faire ce qu’on appelle œuvre morale, mais la morale n’est pas : la science seule est la morale, car la morale est la science du bien. L’harmonie ne serait pas harmonie si les éléments qui la composent n’étaient la justice, la charité, l’amour. La philosophie de la survie est basée sur les sciences naturelles, qui seules font deviner Dieu.

Pythagore

Un novateur

C’est Moïse qui a ouvert la voie, Jésus a continué

l’œuvre, le spiritisme l’achèvera.

Un Israélite

Combien de milliers de siècles contemplent ce siècle aux magnifiques découvertes ! Cependant il faut connaître le passé de l’humanité afin de profiter des enseignements que son histoire contient, pour faire votre avenir, celui de ceux qui vous touchent, celui de la nation à laquelle vous appartenez.

Si l’Inde qui semble vouloir sortir maintenant de sa torpeur séculaire, si l’Inde a sommeillé depuis des milliers d’années, l’Egypte qui avait recueilli sa sagesse, l’Egypte si florissante, si civilisée, est bien tombée à son tour, et si bas, si bas !.  C’est d’elle que je viens vous parler.

Les Arias descendus de l’Himalaya que n’avait pu submerger la dernière crise diluvienne, s’arrêtèrent sur le bord du Nil et furent éblouis de la richesse de la végétation qui en couvrait les rives ; ce fleuve fertilise et poétise l’Egypte ; chaque année ses bords se couvrent de divers ferments qui font germer la nourriture de la grande famille. Dans ce pays, la population s’accrut si vite, que l’on dut établir des divisions, et c’est sur les bords du Nil que les premiers actes de propriété furent dressés.

Que de Pharaons m’apparaissent ! Que de dynasties suivies de dynasties ! Tout cela se perd dans le brouillard du passé, et seuls, les monuments qui restent témoignent, de vos jours, des antiques grandeurs de ce peuple qui compte par milliers et milliers d’années. L’Egypte fut souvent envahie par des émigrants de tous les pays ; le trop plein de populations remuantes amena des troubles, et l’on vit bien des fois une sorte de république remplacer la royauté.

Sauvé du Nil par une fille du roi, je fus élevé dans les temples ; je fus instruit dans l’astronomie, la cosmogonie et initié aux grands phénomènes venus de l’Inde, dont les hiérophantes gardaient jalousement le secret. Désolé de voir le vulgaire se vouer à l’adoration d’un bœuf, je résolus de partir, de me faire chef de secte, chef d’école, chef de peuple. J’appelai à moi tous les mécontents ; ils accoururent et subirent bientôt mon influence de révolutionnaire, de novateur. Nous partîmes pour le désert.

Ainsi que les savants égyptiens, je connaissais les phénomènes du ciel et le moment du flux et du reflux des eaux qui bordent l’Egypte. Ceux qui m’accompagnaient purent traverser à pied ce que vous appelez la mer Rouge. Le reflux, emplissant le golfe après notre passage, engloutit l’armée du pharaon engagé imprudemment à notre poursuite.

Que faire de l’immense populace qui me suivait ? Comment la nourrir ? Comment conserver mon prestige et mon autorité ?

Il fallut laisser prendre et piller des villes, laisser passer les habitants au fil de l’épée, abandonner les jeunes filles à mes guerriers ; je dus endurer de voir cette populace indigne s’enivrer de carnage, moi qui voulait amener des hommes dans le pays que j’appelais la Terre Promise, moi qui voulais, en les établissant, les rendre bons, leur faire connaître le Dieu-Univers des Védas, leur apprendre la douce morale renfermée dans les livres védiques, les appeler à suivre les traces des patriarches de l’Inde antique !

Fils d’aujourd’hui, je vous ai donné le droit de m’accuser d’avoir représenté aux hébreux un Dieu sanguinaire et terrible, qui, ayant fait d’Israël son peuple d’élection, le punit atrocement lorsqu’il transgresse sa loi, tandis qu’il ne lui a pas donné la force de résister à l’entraînement.

Pourtant, le Dieu tout amour était connu de mes prêtres et de mes chers lévites ; mais, pour conduire ce peuple brutal, il fallait la loi sévère que j’ai dictée. Songez, vous qui m’écoutez, que j’avais à discipliner le ramassis impur de la foule, ceux qui étaient avides de jouissances effrénées et de brigandage. Et c’est avec de pareils éléments que je dus former un peuple.

Plaignez Moïse !… Mais surtout plaignez-vous vous mêmes d’avoir accepté la tradition biblique ! Je fis des lois qui n’étaient applicables à aucun autre peuple. La tradition ne pouvait depuis Moïse arriver respectée jusqu’à vous, et cette tradition ne devait pas vous servir. Vous basant sur les enseignements évangéliques, vous n’avez pas besoin de Bible. Jésus est venu la réformer. L’Evangile, c’est la Vérité éternelle ; la Bible, c’est un crépuscule qui a précédé un grand jour de lumière pendant lequel les puissances du ciel descendaient sur la terre parce qu’elles y étaient évoquées par les paroles d’un grand sage.

Suivez l’Evangile, vivez l’Evangile, cherchez votre Dieu dans l’Evangile ; Jésus vous conduira à son Père, qui est le père de tous les hommes.

Moïse

Note. Saint Jérôme dit de l’Evangile secret de Saint Matthieu en hébreu : « Il n’est pas pour l’édification du christianisme, mais pour sa destruction. »

Nous ne connaissons donc pas le véritable Evangile.

Les prophètes d’autrefois

Seigneur, qui a cru à votre prédiction ?

Esaïe

Je vais vous parler d’abord des anciens âges de l’humanité, de ces temps si reculés qu’il n’en est venu jusqu’à vous aucun souvenir, aucun vestige.

Certains savants prétendent qu’à cet époque il ne devait y avoir ni pensée élevée d’aucun ordre, ni philosophie, ni science, ni raison, ni même prévoyance. Ces savants ont lu sur quelques crânes retrouvés que l’intelligence des hommes de ces temps sommeillait encore, que ces hommes n’avaient que des appétits grossiers, qu’ils n’étaient que de pâles ébauches, si je puis m’exprimer ainsi, de l’homme d’aujourd’hui. Cette erreur est si grande ! On trouvera, provenant des époques premières, des documents qui ne laisseront aucun doute à ce sujet, qui déconcerteront les savants. Ceux qui se vouent à la recherche des monuments anciens trouvent et trouveront des crânes sur lesquels ils lisent des traces instructives, et d’autres qui ressemblent étrangement aux crânes des hommes les plus éminents de vos jours.

Dans plusieurs des planètes faisant partie de votre système solaire, il y a des hommes plus avancés que ceux de votre monde, et cela depuis des temps très lointains par rapport aux âges de l’humanité terrestre. Il est venu de ces planètes, des missionnaires, des prophètes ; ils se sont incarnés au milieu des peuplades sauvages qui vivaient des fruits et du profit de leur chasse ; ils sont venus annoncer à ces peuplades la beauté des jours à venir pour les descendants de leur race ; ils sont venus apporter le pain à l’âme à ces pauvres êtres qui avaient tant de peine à s’abriter contre les intempéries, à se défendre contre la dent meurtrière des carnassiers, et ont jeté en eux la science de la vie future.

Les premiers hommes qui descendirent de l’Himalaya avaient espoir en leur éternel devenir ; les premiers, ils avaient travaillé aux grandes choses apportées par les missionnaires ; ils s’élevèrent beaucoup au-dessus de l’atmosphère des terriens, parce qu’ils avaient des liens avec les habitants de planètes plus avancées. Revenant sur la terre après leur désincarnation, ils apportèrent de nouvelles prophéties. L’humanité grandit ainsi, et l’idée d’un Dieu d’amour développa dans les hommes d’alors les sentiments supérieurs que vous trouvez dans l’homme le plus accompli d’aujourd’hui.

Tout se reflète dans l’espace, et vous ne sauriez vous douter de ce qui vous vient des mondes qui planent sur vos têtes ; vous ne sauriez croire combien est grand le nombre de ceux qui, par amour pour l’humanité, s’arrachent aux sphères élevées pour venir s’emprisonner dans la robe corporelle des terriens, espérant ainsi vous laisser au moins quelque étincelle du foyer de lumière qu’ils ont quitté pour vous. Le prophète ! le prophète ! quel grand mot ! que son interprétation est sublime !…

Suivons les temps. Passons les prophètes de l’Inde ; arrivons aux prophètes de la Bible, et là nous voyons toujours les intelligences supérieures venir annoncer le règne du vrai par ces mots : «  Le règne de la Vérité arrivera, les idoles seront renversées, il sera reconnu partout, le Dieu-Justice, le Dieu-Amour, le Dieu Eternel !

Ils sont venus tant de fois, ces missionnaires ! Et malgré leurs sacrifices, malgré les persécutions dont les hommes les ont accablés, ils n’ont jamais failli à leur tâche envers leurs frères. Eh bien ! les idoles ne sont pas encore renversées ! L’humanité a pris un essor grandiose, il est vrai, mais c’est encore dans la connaissance de la Vérité qu’elle est le plus en retard. Les prophètes enseignant Dieu dans la nature, enseignant Dieu dans l’infini, rien de ce qui sortait des mains de l’homme ne pouvait donc représenter Dieu, ni sa grandeur, ni sa bonté. Et voilà que de vos jours l’homme fabrique encore des dieux d’or et d’argent, les place sur des autels somptueux, et, au lieu de s’attacher à l’idée de l’immortalité, il se prosterne devant sa propre image qu’il déifie ! Il sacrifie ainsi à son orgueil, aux richesses, au luxe ; et tout cela afflige les Intelligences élevées qui sont venues depuis tant de siècles et qui n’ont pas été écoutées. Ces dévoués missionnaires ont souffert, et leur voix, leur voix n’a pas été entendue ! Ils ont prêché dans le désert, et leurs prophéties mêmes se sont tournées contre eux[26]

L’Eglise ! L’Eglise plane sur les hommes et les fait trembler. Elle fait passer un souffle desséchant sur l’humanité, qu’elle veut subjuguer. Elle se sert de tous les moyens pour dominer ; elle se substitue aux prophètes par une imposture sacrilège en s’emparant traîtreusement de leurs prophéties qui flétrissent les cultes. Elle blasphème en s’écriant avec emphase : Le règne de Dieu, le règne du Christ est arrivé : il n’y a plus d’idoles !

Et les idoles se dressent dans tous les temples devant les foules assemblées au nom du Dieu éternel, du Dieu de justice et de paix, du Dieu de science et d’amour ! et, ô sacrilège ! les pontifes font courber les têtes devant ces idoles si luxueusement parées. O prophètes ! à quoi ont servi vos prophéties ? C’est au nom du vrai Dieu que vous avez parlé, et, chose affreuse, c’est en son nom et en outrageant la vérité que les hommes courbent le front pour adorer l’idole…

Qui êtes-vous, chercheurs de la vérité ? Qui êtes-vous pour oser vous affranchir de tout un passé d’erreurs, d’impostures ? Qui êtes-vous, pour interroger les voix qui dans l’antiquité ont annoncé la bonne nouvelle par des lèvres humaines ? Qui êtes-vous pour vous retirer de la foule et parler avec nous de la vie éternelle ? Etes-vous des prophètes qui se réunissent afin de s’entretenir avec les frères d’autrefois pour parler toujours de l’Eternel comme l’Eternel sent qu’on parle de lui ? Etes-vous venus septante fois septante apporter une bonne nouvelle ? Oui ! Vous êtes dans cette humanité les porte-voix de cette bonne nouvelle, et en ces jours de résurrection, en ces jours où l’on doit plus que jamais renverser les idoles élevées par l’erreur, vous êtes sur la brèche, vous êtes appelés, vous allez en avant malgré les railleries grossières, malgré les entraves qui retardent votre marche. Par le rayon de l’âme universelle qui est en votre âme, par votre enthousiasme pour la Vérité, il faut, il faut que vous marchiez en éclaireurs toujours, répandant votre lumière sur ceux qui marchent dans l’obscurité, car ils ont besoin d’un flambeau pour dissiper leurs ténèbres. Oui, vous êtes sur la brèche ; vous montez à l’assaut du bonheur pour les hommes qui vous suivent. Quant à ceux qui s’arrêtent, aveuglés par le mensonge, et qui ne sentent pas en eux le rayon de vérité, cette étincelle divine qui vous relie à Dieu, ceux-là, vous ne pourrez les éclairer…

La révélation directe par les habitants de l’au-delà eux-mêmes, voilà, voilà la dernière bonne nouvelle. Animistes, vous êtes venus en harmonie avec les sidériens pour rendre possible nos entretiens avec les hommes, pour faire encore retentir nos paroles oubliées. Vous êtes venus avec des moyens nouveaux, et, de vous et de nous, surgira une poussée immense, et le choc produit par votre œuvre sera un triomphe sur l’erreur.

Ah ! chers ! Je vois la lumière jaillir de vous et par nous ! Dans tous les temps, dans tous les siècles, travailleurs de l’humanité je suis avec vous.

Daniel

Le plus grand des messies

Et il leur était un sujet de scandale. Or Jésus leur dit :

« Partout le prophète est honoré si ce n’est dans sa

patrie et dans sa maison. »

Jésus disait clairement qu’il était un prophète

De tous les missionnaires qui sont descendus sur votre terre pour y jeter la semence d’amour et de progrès, Jésus est le plus grand. C’est Jésus qui a eu les pouvoirs les plus étonnants. Qu’était-il donc, pour s’être choisi une tâche si dure, une tâche qui eût fait reculer un nombre immense de sidériens ?

Jésus est esprit d’amour, et il s’est choisi cette tâche par amour pour cette planète, par amour pour cette humanité et pour les jeunes âmes devant qui s’ouvre la route du perfectionnement. Il est venu pauvre ; mais il avait en lui toutes les richesses morales ; son rayonnement était si puissant que la foule le suivait et s’écriait : « Gloire au fils de David ! » Et c’est lui, amis, lui qui fera encore resplendir Israël. Pour tous ceux qui souffrent, pour tous ceux qui pleurent, pour tous ceux qui vivent inconsolés, Jésus est une parole d’amour[27]. Il releva le faible et le fit fort et, quelque trouble qui se fût produit dans les âmes ou dans les corps, l’harmonie se rétablissait à son approche.

Jésus aime cette humanité. Il redevint homme pour lui donner encore une impulsion nouvelle par l’exemple de toutes les vertus. Oui, il voulut encore être fils de l’homme[28] pour que chacun dans ses tristesses, dans son malheur, pût lui dire : O toi que j’aime et que j’implore ! fils de l’homme, mon frère, vient à mon secours ! Tu comprends ma douleur, toi qui souffris comme nous !

Sur la terre, il eut ses ennemis, et, du haut du Golgotha, l’homme à l’intelligence sublime, l’homme au cœur de mère, l’homme « fils de l’homme » qui présidait aux destinées de milliers d’harmonies, l’homme pardonna !

Du monde entier s’élève des cris d’allégresse. On chante hosanna ! hosanna à Jésus ! Ceux qui ne comprennent pas chantent aussi, et Jésus va à eux comme il vient à nous. Pour lui, il n’y a pas de méchants, il n’y a que des brebis égarées ; il s’en fait le pasteur, et, pendant des milliers de siècles encore, Jésus restera le pasteur des âmes, le chercheur de brebis égarées. En ce jour béni, il est plus particulièrement attiré vers la terre par l’immense évocation qui de toutes parts s’élève pers lui[29].

Et dans l’espace, que de morts ressuscitent, qui étaient partis de la terre avec la nuit dans leur âme, et qui renaissent à la lumière par la traînée lumineuse que Jésus laisse dans l’espace en venant à vous !

Mais dans ce monde, quels sont ceux qui le comprennent ? Quels sont ceux qui savent le connaître, l’aimer ?

Il a dit : « Lorsque vous vous rassemblerez en mon nom, je serai au milieu de vous. Il a dit encore : « L’Esprit de Vérité vous soutiendra, vous parlera en mon nom. » Et on ne comprenait point, car c’est Lui, c’est Lui, l’Esprit de Vérité, c’est lui l’Esprit d’amour !!… Le « Fils de l’homme » vient à tous ceux qui souffrent, il les aime ; il vient à ceux qui l’appellent, et nous, supra terriens, nous l’appelons pour vous. Nous lui avons fait un chemin jonché de fleurs et de tendres feuillages. Ces fleurs, ces feuillages, ce sont nos mérites que nous mettons à ses pieds pour qu’il soit plus vivement attiré par vous. Il viendra, et le rayon qu’il vous laissera attirera toujours un autre rayon de lui.

Haut les cœurs ! Appelez Jésus de toutes vos forces, et il viendra à vous comme aux apôtres lorsqu’ils l’évoquaient, tremblants, dans leur obscur réduit.

L’oriental

Jésus se sacrifie à la terre

La Liberté luira sur vous lorsque, au pied de la croix

sur laquelle le Christ mourut pour vous, vous aurez

juré de mourir les uns pour les autres.

Lamennais – Parole d’un croyant

(M. Hugo d’Alési, médium dessinateur, se trouva la main prise pour faire un dessin. Il fit inconsciemment le portrait de Jean le Précurseur. Le soir, notre médium, ignorant de ce fait, eut l’incarnation de Jean le Précurseur, dont voici les paroles :)

Il va quitter l’espace ; il va renoncer à la sérénité des régions étoilées ! Comme un soleil qui s’éclipse, il laissera l’espace sans sa lumière. Les habitants de toutes les sphères, rassemblés, lui portent leurs derniers hommages, chantent une dernière fois l’hymne d’amour à celui qui semblait être l’incarnation de Dieu partout où règnent la paix et l’amour. Il abandonne sa gloire, le doux bonheur de vivre dans les régions rayonnantes ; il va pour se dévouer aux pauvres et aux petits.

Riches de la terre, que sont vos palais somptueux ? Que sont vos lambris dorés à côté des splendeurs de l’espace ? Pourtant, vous quittez avec peine vos demeures pour aller chez le pauvre, et vous n’êtes mûs, souvent, que par une sorte d’ostentation, pour qu’il soit dit que vous ayez visité l’asile de la misère et que vous avez porté des secours. Eh bien ! il est redescendu sur la terre, celui qui passait pour le roi des cieux, mais qui ne commandait que par l’amour à des légions innombrables ; celui que de tous les points de l’espace on voyait passer comme un astre entouré d’une auréole de divin bonheur ; celui qu’on ne peut comprendre, mais qu’on ressent assez pour l’admirer et se dire : voilà l’idéal que je voudrais atteindre.

Jésus n’est point le roi des cieux. Il gouverne cette planète par son amour ; tous les incarnés et les désincarnés qui élèvent vers lui leur âme ressentent en eux cette force d’amour que possède Jésus…

Jésus, regardant dans l’avenir, dont son harmonie lui permettait d’avoir la prescience, vit que la terre avait besoin de lui ; qu’il fallait renaître ; que sa précédente incarnation dans l’Inde avait amené bien des hommes à la vérité, au bien, et à tout ce qui fait grandir l’esprit sur la terre ; qu’elle avait disposé un grand nombre de générations à accueillir la vérité, mais que tout s’était perdu. Les enseignements qu’il avait laissés - sacrifice de son puissant amour - étaient oubliés ; ses maximes n’étaient plus prononcées par les hommes ; l’enfant qui commençait à murmurer ses premiers mots et le vieillard qui terminait sa vie n’aspiraient plus à la vérité ; on vivait sans elle. Il fallait revenir !!!…

Plus on est grand, plus certains sacrifices deviennent pénibles ; plus aussi ils sont sublimes ! Il a été dit, il est vrai, et il restera éternellement vrai, qu’il voulut vivre encore de la vie de la terre, lui si grand dans l’espace, lui, qui a tant d’amour pour les humanités venues sur cette planète et devant se succéder pendant de longs siècles.

Jésus, roi des cieux, seulement par l’amour, voyait sa grandeur et se trouvait petit, parce que cette grandeur lui faisait entrevoir des hauteurs qu’il n’avait pas atteintes encore, les sacrifices qui en étaient le prix, le travail qu’il fallait faire pour y arriver. Cette grande âme, qu’aucune appellation ne peut rendre en expression juste de ce qu’elle est, cette grande âme voulut vivre encore de la vie de la terre. Jésus voulut être pauvre et de naissance obscure, montrant ainsi que le grand qui se fait petit pour devenir plus grand est un admirable exemple, une force puissante pour celui qui souffre, et une espérance rayonnante pour qui veut s’élever toujours. Qu’importe sa situation ! Qu’importe le milieu de misère où il naîtra ! Qu’importe les épines de la route ! Il aurait pu choisir le trône des Césars pour dominer le monde ; il aurait pu descendre dans le grand prêtre, dans un hiérophante, dans un milieu enfin où la position par la caste et les richesses lui auraient tout d’abord permis d’imposer la vérité qu’il venait réapprendre aux humains.

Non !! Pourvu que chacun pût reconnaître en Jésus l’apôtre et le prophète, il fallait qu’il vint le plus déshérité des hommes, montrant ainsi à tous qu’il faut toujours travailler pour gravir les échelons du progrès, se déifier dans l’amour, et retracer à la terre le sentiment des êtres de l’espace.

Le voir s’endormir dans sa gloire passée, faire le crépuscule en son âme, dans son esprit, pour voiler à sa vision les célestes clartés et les divins bonheurs qui avaient été la conséquence de son dévouement passé envers l’humanité, oh ! cela est inénarrable !!!…

Il dit à celui qui se rapprochait le plus de ses fluides. « Va, va ! Que mon désir s’accomplisse, puisque je le sens en moi, ce désir de retourner sur la terre et d’y passer en messie. Va à Nazareth, va à Bethléem, et marque déjà les traces fluidiques de mon incarnation, pour que je les suive et que je naisse de nouveau sur la terre comme les prophètes qui parlent de ma venue l’ont annoncé. »

L’humble femme qui devait former dans son sein le corps de celui qui fut un si grand homme était déjà partie pour la terre ; elle recevait les influences des habitants de l’espace ; elle les voyait souvent ; ses visions préparaient l’avenir ; et, lorsque l’envoyé lui annonça qu’elle porterait en elle celui qui viendrait encore au secours de l’humanité, accoutumée aux apparitions, elle répondit avec simplicité : « Je suis la servante de celui qui t’envoie. »

Et Jésus s’incarna, et Jésus naquit à Bethléem ; c’est là que Jean avait marqué la place de cet événement. Marie, esprit avancé, que ses visions avaient éclairée, et Joseph, ignorant de ce qui se préparait, servaient ainsi à l’accomplissement des prophéties.

O frères de la terre ! A cette épopée si grandiose par ce qu’elle prépara et ce qui la suivit, peut-on encore y mélanger de vos jours le miracle absurde enfanté par l’aberration humaine ? Jésus fut conçut comme tous les hommes le furent et le seront. Mais se pouvait-il que celui qui tenait une si belle place dans l’espace vint au milieu des hommes sans que ses fluides puissants tombassent à chaque instant sur celle qu’il avait choisie pour sa mère ? Elle se vit comme inondée par une pluie d’amour, par des étincelles fluidiques qu’envoyaient à Jésus toutes les légions des esprits supérieurs.

A côté du grand drame d’adieu, à côté du dévouement pour ceux qui souffrent, pour ceux qui attendent, qui appellent, qui implorent un secours ; pour ceux que les secrets de cœur inspirent des lamentations, n’y a t-il pas une voix, la voix de l’humanité qui pleure et crie : Viens, viens, grand libérateur ! Viens, toi qui a tant sacrifié déjà pour nous sauver ! Tu possèdes assez de puissance pour nous entraîner vers l’amour qui régénère, pour nous entraîner malgré nous-mêmes, malgré nos faiblesses, malgré ce qui nous attache à la terre, malgré ce qui nous retient d’aller à toi, de nous jeter dans tes bras pour prendre de toi le baiser de paix qui donne l’espérance.

Oh ! Qu’il est beau de comprendre Jésus, de comprendre sa venue ! L’étoile mystérieuse, flamme qui semblait tomber des cieux pour conduire les grands de la terre aux pieds de l’enfant, cette étoile c’est le signe de Jésus, c’est l’étoile d’amour ! Qu’elle dirige vos pas sur la terre et dans l’immensité !

Jean, le Précurseur

Naissance de Jésus

Le monde attendait un régénérateur. Ceux auxquels appartenaient tant de nations tombaient déjà de leur grandeur. Parmi les hommes et dans toute la nature il y avait un souffle de naissance ; on sentait arriver la grande nouvelle attendue. Ceux qui lisaient les secrets de l’avenir dans les signes du ciel et de la nature prédisaient un événement immense, un événement dont le retentissement se répandrait sur la terre, un événement, enfin, qui allait changer l’humanité tout entière et faire trembler le colosse romain.

Grand Dieu ! qui va donc venir pour opérer cette transformation de l’humanité ?

On attendait. Le ciel était étoilé ; les astres scintillaient ; tout était calme ; la nature entrait toute entière dans la grande solennité.

Minuit !! Un enfant vint portant en lui un être dont la puissance d’âme devait produire de grandes choses. Les habitants de l’espace apparurent, et, ils chantèrent les louanges de l’Eternel ; leur voix se porta si loin, qu’à plusieurs lieues de distance on entendit leurs chants. Par une impulsion magnétique, les bergers qui gardaient leurs troupeaux se levèrent et marchèrent poussés par des Intelligences invisibles ; les premiers, ils vinrent rendre hommage de respect et d’amour à Jésus qui leur avait été révélé Pasteur des âmes.

Pour célébrer cet anniversaire avec vous, je viens, moi, berger de cette époque, unir l’amour fraternel que je ressens dans mon cœur à celui qui s’élève du cœur de ceux qui m’entourent.

Fernando – dans une incarnation de berger

Chant de Noël

Noël ! Noël ! Gloire à l’Eternel ! Les prophéties s’accomplissent : un souvenir vient à nous, rempli de douceur et d’amour. Il vient pauvre, humble ; il naît dans une étable ; mais les chants des bergers, s’alliant aux voix de l’espace, retentissent dans les airs. La nature tressaille d’amour, le cœur de l’homme bondit dans sa poitrine, et le brin de mousse ressent une poussée de sève : c’est le Christ qui paraît dans l’humanité !!!

La terre et l’espace reçoivent de sa naissance au milieu des hommes une impression profonde. Il est le conducteur d’une étoile ; il est marqué par une étoile qui rayonne sur son front-étoile représentant votre monde. C’est Jésus qui est votre maître par amour, qui est votre soleil.

O rois ! regardez cette étoile qui vous attire et qui se pose sur l’enfant prédestiné ; allez vers cette étoile qui vous semble magique ; apportez vos présents au régénérateur du monde, au libérateur des âmes, à celui qui vint sur la terre pour libérer les hommes. Mais, souverains de toutes les nations, potentats de la terre, sachez que ce sont les pauvres et les humbles que Jésus préfère. Il est venu au milieu d’eux, il a encouragé ceux qui naissent dans la souffrance, et il leur montre le chemin de la lumière, la route qui conduit au bonheur par le travail, par l’amour pour l’humanité.

Chantez bergers, chantez, chantez ! Une nouvelle étoile se lève sur le monde, et son rayon puissant éclairera la face et le cœur des hommes. C’est l’espérance qu’il vous laissera, et c’est l’amour que vous recevrez lorsque vous rentrerez dans l’étoile qui vous attire pour devenir vous-mêmes un de ses rayons.

R…n.

Un anniversaire de Noël

Quand tu prieras, ne fais pas comme les hypocrites,

car ils aiment à prier en se tenant debout dans les

synagogues et au coin des rues, afin

d’être vus des hommes.

Mais toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet

et ferme la porte.

Matth., VI, 5,6

Evoquez Jésus

Appelez à vous l’esprit d’amour, celui qui répand sur les humains les trésors de son acquis, Jésus, qui se dépouille toujours de sa robe de rayons fluidiques en faveur de cette humanité pour laquelle il a souffert, et qu’il aime tant !

Pour qu’un grand esprit puisse venir jusqu’à vous, pour qu’il puisse descendre des hautes régions qu’il habite, il faut qu’un immense appel se produise.

Nous sommes allés partout où nous pouvions rencontrer des âmes errantes malheureuses, sans lumière, et nous les avons amenées ici. Un rayon descendra sur vous, et le fluide divin, en caressant vos fronts, illuminera des milliers d’âmes qui nous entourent. L’amour et l’espérance germeront dans leurs cœurs comme par miracle, et votre appel aura produit un résultat merveilleux ; vous aurez contribué à sauver de nombreux êtres qui ont besoin de lumière.

Appelez Jésus-Amour de toute votre âme. Lorsque vous l’aimez, il n’a rien à vous refuser. Ce n’est pas vous qui l’adorez, c’est lui qui vous adore ! Que vos désirs ardents soient une force invincible ! Vous êtes réunis en son nom comme jadis ses premiers disciples : l’Esprit- Lumière viendra vers vous comme il vint à eux.

Fénelon

Appel à Jésus

Oh ! viens ! viens ! Tu ne peux résister à l’ardent amour qui t’appelle ! Viens, viens ! Ici on t’évoque ; tous les cœurs s’élèvent vers toi. Pour des milliers d’êtres, c’est la route de Damas. Fais qu’ils te rencontrent comme je t’ai rencontré. Accours à ma voix. Viens, parce que je t’ai obéi, parce que j’ai prêché ton évangile, parce que je t’aime ! Viens à la voix de Paul, viens à la voix de tes frères. Ton rayon divin les éclairera comme il m’a éclairé. Oh ! je ne reviendrai pas vers toi que tu ne les entraînes avec moi dans ton sillage. Missionnaire de charité, missionnaire de justice, viens me prendre ! Viens enlever Paul des serres de l’humanité, car il faut que ton rayon donne à ceux-ci la lumière comme il me l’a donnée.

Paul, apôtre

Venez à moi, vous qui souffrez

Aimez Dieu plus que toutes choses, le prochain comme

vous-mêmes, et la servitude disparaîtra de la terre.

Lamennais

Hosanna ! Gloire, gloire à l’Eternel !

Séchez vos pleurs. Ne courbez plus vos fronts dans la poussière ; vous qui pleurez, je viens à vous ! Je suis l’espérance. Je suis la consolation, je suis l’amour !

Vous qui, répandus dans tous les mondes, souffrez sans espoir, sans lumière et sans amour, venez, venez à moi ! Venez dans les bras du fils de l’homme qui redevient chair pour vous. Venez, venez ! je vous emporterai !

Pais sur la terre aux hommes de bonne volonté ! Paix à ceux qui appellent Jésus de tout leur cœur, sans même le comprendre encore ! Jésus va à eux, car il va à tous. Que la paix soit sur toute la terre comme elle est dans le cœur de Jésus.

Jésus

Note. Quand le médium se réveilla, il éclata en sanglots. « Je veux mourir », disait-il. « Hélas ! je suis ici maintenant ! Pourquoi suis-je revenu ? » Et il pleura longtemps, répétant sans cesse : « Je veux m’en aller ! » Enfin il se calma et put nous dire qu’après avoir été transporté dans l’espace où il avait entrevu des milliers d’êtres brillants, il s’était retrouvé tout à coup sur la terre. La transition avait été trop brusque. «  Ce que je ne puis vous rendre, » ajouta-t-il, « c’est l’immense joie, inconnue sur la terre, que j’ai ressentie au milieu de ces magnificences. » Le souvenir ne lui en resta plus !

Noël

Or, quand vous prierez, n’usez pas de vaines redites…

Votre Père sait de quoi vous avez besoin

avant que vous le lui demandiez.
Math, VI, 7, 8

Au nom de la convention

La Convention toute entière vient par ma voix, se joindre à vous pour fêter l’avènement de Jésus sur la terre.

Oui, nous le chantons, nous l’aimons, nous le glorifions, en union avec vous ! Le cœur du défenseur des faibles est passé dans notre cœur. Dans notre œuvre régénératrice, à nous, nous avons eu quelque chose de lui, et ce qui est resté de notre œuvre de nivellement est une émanation de Jésus philosophe. Nous n’avons point fait les martyrs des arènes ; nous avons versé le sang de ceux qui entravaient la mission fatalement imposée de relèvement du peuple. Si du sang nous a été reproché, nous l’avons lavé avec le nôtre.

Jésus, gloire à toi ! Ta mission fut d’amour ; la nôtre fut sanglante. Ton œuvre fut spirituelle, elle s’adressa à l’esprit ; la nôtre nous fit voguer dans une tourmente épouvantable ! Il nous fallut être des hommes de fer. Mais la puissance de ton amour nous aida quand même !

Qu’on chante partout Noël ! La convention chante Noël avec tous les hommes de cœur, avec tous les défenseurs de la liberté !

Robespierre

Il passa en faisant le bien

Jésus apparut sur la terre… la face du monde changea ! Nouvelle étoile, en grandissant, il brillait parmi les hommes comme un signe céleste, et il répandait sur eux son doux rayonnement.

Jésus nous choisit selon son cœur. Il vint à nous, pêcheurs pauvres et ignorants, et nous dit : « Suivez-moi pour être pêcheurs d’hommes ; » et nous quittâmes tout pour aller à lui. Attirés irrésistiblement, nous le suivions, vivant de lui, et lui, augmentant de nous sa force et sa vie. Pour les guérisons, il prenait aussi en nous, et, lorsqu’il eut disparut, nous puisâmes en son Esprit pour soulager nos frères.

Qu’étions-nous avant de le connaître ? Et que devînmes-nous avec lui ? Ah ! quel abîme ! quel abîme entre ces deux manières d’être et de vivre ! Que de joies ! Que d’aspirations sublimes naissaient dans nos âmes auprès de lui !… Suivre Jésus pour être heureux, le suivre pour apprendre à aimer, pour être continuellement dans l’enthousiasme du bien, ô enfants de ce jour, quel bonheur inexprimable ! Quelle joie puis-je voir sur la terre pour établir une comparaison ?

O Jérusalem ! Jérusalem ! qui méprisa Jésus… Les prêtres endurcis ne voulurent point voir dans de pauvres gens la vertu et la force qui les rendaient guérisseurs !

Jésus n’avait point de demeure. Il marchait suivant les grands chemins. Il nous disait parfois : «  Vous voyez, au détour de cette montagne ? Eh bien ! c’est là que nous devons chercher l’hospitalité ; c’est là que nous allons trouver des cœurs amis ; c’est là qu’on nous prépare un gîte. » Et nous allions, sur sa parole ; et toujours ses prédictions étaient accomplies, et, partout où il allait, il guérissait et consolait ceux qui souffraient. Jésus voyait le fond du cœur de celui qui venait à lui, alors que nos yeux de chair pouvaient à peine l’apercevoir. Et tous les jours cela se renouvelait, et nous, nous n’osions pas nous montrer, tant nous nous sentions petits à côté de notre maître.

Un jour, la terre se transformera. Vos enfants prophétiseront, et ils guérirons tous par la vertu de Jésus ; le jour où les enfants de la terre aimeront Jésus et l’évoqueront, ils auront la force de guérir par lui.

Nous le suivons encore, suivez-le avec nous. Qu’il soit dans votre pensée. Il ressent, il comprend toutes les souffrances, et sur vous il fera descendre, comme une rosée bienfaisante, un baume qui soulagera ses douleurs.

Pierre, apôtre

Les rameaux

La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est

devenue la principale de l’angle.

Psaume, CVCIII

Sa parole vibrante et persuasive avait retenti dans les vallons et les montagnes de la Judée. Partout la foule était accourue à lui et l’avait appelé « Fils de David ». Partout les populations l’avaient acclamé ; partout on voulait qu’il fût roi.

Jésus ne voulait pas être un grand de la terre, puisqu’il venait enseigner l’égalité. Il se retirait et fuyait la foule après avoir jeté la parole de vie qui fermentait dans tous les cœurs.

Il était beau, « le plus beau des hommes », car la nature s’était modelée sur son esprit ; la douceur et la force s’harmonisaient en lui dans un idéal jusqu’alors inconnu de ceux qui l’écoutaient.

Le grand inspiré, le sublime évocateur avait son nom connu dans toute la Judée ; il paraissait à tous comme le promis des prophètes pour délivrer ce pays. La grande voix s’était répandue, et les échos des montagnes de la Judée l’avaient répétée aux populations les plus éloignées. Partout où il avait porté ses pas, restait comme une traînée de fluides vivifiants ; et il laissait sur ses traces assez de forces physiques, assez de forces morales, pour transformer les corps et les esprits.

Le temps s’écoulait ; la prédication devait cesser ; le moment d’agir était venu ; tout le pays était plein de sa parole et de ce que l’on appelait ses miracles. Les prêtres d’alors, qu’il avait appelés des sépulcres blanchis, vendaient les prières, les cérémonies, et leur vie était peu en harmonie avec les vêtements, symboles de pureté qu’ils portaient. Jésus leur avait annoncé leur chute ; il avait découvert au peuple leur cupidité, leurs manœuvres infâmes, et les défaillances de toutes sortes dont ils ne savaient ni ne voulaient sortir.. Jésus venu sur la terre comme le plus grand prophète, ne pouvait ni ne devait échapper au rôle de révolutionnaire qui lui incombait par suite de l’effervescence populaire que ses prédications avaient fomentée.

Jésus se retira dans les montagnes pour réfléchir et préparer son entrée à Jérusalem ; pour se tracer à lui-même, dans ses méditations solitaires, et assisté des voix de l’espace, un programme de constitution, un programme des lois qui devaient sauver la Judée et contribuer à régénérer l’humanité. Il demeura dans les montagnes pour être mieux en communication avec ses voix. Pendant ce temps, il se nourrit peu au point de vue de l’existence terrestre ; il vivait d’esprit, car le grand jour approchait pour lui, les disciples veillaient sur sa personne avec une tendre sollicitude - ils l’aimaient !

Soudain Jérusalem retentit d’un cri de triomphe ; Hosanna ! criait-on partout. Hosanna au fils de David ! Hosanna au sauveur ! Les femmes, les enfants, les hommes libres, les esclaves tous quittaient leurs demeures. Son entrée avait été annoncée, et le peuple jonchait de fleurs et de rameaux, symboles de paix, le chemin que son messie devait suivre.

Les grands tremblèrent, les prêtres se cachèrent dans le temple pendant qu’une acclamation sortait de toutes les poitrines. Jésus était acclamé comme prophète, comme roi, et plus encore comme libérateur. L’aigle romaine devait trembler devant sa face auguste ; et le peuple chantait Hosanna à Jésus, à celui qui appelait la délivrance du peuple. Il devait être le prophète de la Judée avant d’être le prophète des autres peuples ; mais celui qui avait en lui « la force du lion et la douceur de l’agneau » a succombé par une trahison et par la haine des prêtres.

Il fut arrêté !… La basse envie triompha ; les prêtres accomplirent leur œuvre de colère contre lui ; les cris de gloire cessèrent, les feuillages de rameaux et les fleurs se fanèrent… Jésus devait mourir !!…

Je chante les rameaux. Je chante Jésus. Je chante le grand philosophe ; je chante celui qui, dans son grand amour, avait conçu la pensée de régénérer l’humanité toute entière.

Lamennais

La Pâque

Jésus-Christ lui-même avait averti ses disciples

qu’il ne pouvait pas tout dire et leur manifester alors.

Je vous enverrai l’Esprit qui rendra clair à vos

yeux l’enseignement que je vous ai préparé en

paraboles, et pas autrement qu’en paraboles.

Jésus est parmi nous !!…

La semaine qui s’écoule vous dit beaucoup, vous rappelle plus particulièrement le nom du grand martyr. Le fanatisme et l’ignorance l’ont éloigné de ceux qui parlent en son nom. Il n’y a guère de chrétiens maintenant qui suivent les préceptes qu’il a enseignés ; lorsque la croix brilla sur le Capitole, les pontifes romains s’assirent sur le trône des Césars ; dès lors, le christianisme était mort !…

Depuis ce temps, amis, oh ! c’est bien triste a dire ! Jésus n’a pu descendre au milieu des hommes comme il descendait autrefois, réellement en corps et en esprit.

Ah ! en ces jours, vous vivez ! Et si dans le passé, dans le présent qui est le gage de l’avenir, vous n’aviez pas mérité la venue de l’esprit d’amour, il ne viendrait point ; la puissance d’appel vers l’espace est toujours proportionnelle au degré de progrès qui fait la puissance d’évocation.

Aussitôt qu’une grande harmonie se déplace dans l’espace, un nombre incalculable de sidériens se sentent tressaillir : c’est qu’un événement est préparé.

Venez tous, extra terriens qui voulez voir et entendre ; la voix de Jésus et sa vue vous donneront la lumière. Venez augmenter l’harmonie entre incarnés et désincarnés. Les fluides d’amour iront jusqu’à vous, et votre âme se grandira. Que le cercle s’élargisse ! Venez tous ! fussiez-vous mille, fussiez-vous légion, il y a de l’amour pour tous. C’est ici la multiplication de l’amour par l’amour.

Evoquez Jésus !… Evoquez Jésus !…

Jean le Précurseur

(Long silence.)

(Jésus s’incarne dans le médium, se lève et étend les bras.)

Je viens faire la Pâque. Je viens communier d’amour avec vous. Agneau d’amour, je viens à vous qui ne me sacrifiez point ; je viens à ceux dans le cœur desquels je vis en esprit et en vérité ; je viens à vous qui m’aimez et qui m’avez compris. Votre cœur est mon abri, votre amour est ma force. Vous de la terre, moi de l’espace, nous formons une harmonie parce que vous m’évoquez comme Esprit d’amour et non point comme un dieu cloué sur le gibet d’infamie, parce que vous évoquez le pasteur des âmes, l’homme de fraternité, l’apôtre de la liberté.

Enfants de l’espace qui êtes accourus, vous qui entendez ma voix par des lèvres humaines, vous que ma parole touche, ah, soyez sauvés ! oh ! demandez, demandez, demandez encore ! Ouvrez votre cœur, exposez devant moi tous vos besoins ; faites que je ressente vos souffrances, afin que je partage avec vous, pour votre soulagement, pour votre consolation, l’espérance et la force d’amour que l’éternelle harmonie fait tomber sur moi.

Enfants de la terre, fils du martyr qui n’est grand que parce que vous le faites grandir en grandissant son œuvre, je viens faire la Pâque avec vous ; je viens communier avec les frères de la terre et ceux de l’espace qui nous entourent.

(Il rompt le pain et le partage.)

Quand vous romprez le pain ensemble en souvenir de ma venue parmi vous, que ce soit un symbole de solidarité entre Jésus et tous les hommes ; que ce soit en figure de la continuation éternelle de ma mission d’amour pour aider l’humanité à s’élever et à grandir. L’amour est dû à tous ; et le plus grand amour est dû au plus petit, car c’est le plus petit qui en a le plus besoin.

Frères de Jésus, communions ensemble. Partageons le pain de fraternité ; buvons le vin de l’alliance éternelle.

Jésus

Sur la croix

Elie, Elie ! Lamma Sabachtani[30] ?

Il s’élèvera parmi les spéculateurs des maîtres

de mensonges qui formeront une secte de

perdition. Beaucoup s’enrôleront sous leur

trompeuse bannière, et la doctrine de la vérité

sera étouffée par une doctrine de fausseté.

(XI, 1, 22.)

Aussi loin que ma vision pouvait s’étendre lorsque j’étais attaché à l’infâme gibet, j’aperçus le fantôme effrayant du mal que mes paroles faussement interprétées allaient faire aux humains que je venais régénérer au nom de mon Père, au nom de notre Père à tous. Dans ce moment où mon âme vivait déjà loin de la terre, sans être encore dégagée de la chair qui avait servi à mon but unique - préparer l’élévation de l’humanité en préparant son affranchissement - dans ce moment, je voyais tous les siècles que vous déplorez, et c’est surtout à cet instant de mon supplice que j’ai eu besoin du soutien moral des intelligences supérieures qui avaient prévu ma venue, qui m’avaient aidé dans mon sacrifice, qui, de l’espace, avaient travaillé à l’avancement de l’humanité pendant que j’étais au milieu de l’ombre terrestre.

Je ne voyais plus les horizons infinis des mondes, des soleils, ni ces suprêmes harmonies qui régissent tout, font mouvoir tout, et qui prouvent le Père que j’ai tant chanté aux hommes pour qu’ils gravent davantage sa pensée dans leurs cœurs. Malheur ! Malheur !! Du haut de la croix, mon âme plongée dans l’agonie voyait les nombreux martyrs levant leurs mains vers les cieux, implorant celui qu’ils croyaient un Dieu, et dont l’amour ne pouvait les sauver parce que Jésus ne pouvaient venir à eux que comme un frère et non un Dieu.

Pouvais-je me proposer à l’adoration des hommes ? Dieu peut-il ressembler à un homme ? Non !… On n’aurait jamais dû l’enseigner, puisque cela n’a jamais été dit ! Et on ne l’a enseigné que pour faire par mon nom, l’humanité esclave, esclave de ma parole et de mon amour incompris, car je voulais la liberté pour toutes les consciences en rappelant aux hommes leur droit d’aimer.

Il est vrai que le cœur de mes disciples s’était ouvert aux grandes inspirations, parce qu’au nom de Dieu-amour, j’avais pu jeter dans leur âme la semence de la sagesse. Mais les enfants du libérateur ont opprimé l’humanité que j’étais venu sauver, et mon nom ne résonne sous les voûtes des temples qu’au milieu des fêtes où l’or et l’encens me sont une injure et où ma parole est travestie. Tout en moi fut profané ; la profanation commença au moment où l’on m’imposa à l’adoration de ceux que je voulais faire libre et la profanation se poursuit encore !

Sur la croix, je voyais, ô sacrilège ! incroyable orgueil ! Je voyais les mitres d’or apparaître, je voyais des hommes portés en triomphe comme mes représentants ! Je voyais ces hommes mettre le pied sur la tête des souverains qui voulaient faire grands leurs peuples parce que les peuples ne pouvaient plus se grandir par eux-mêmes. Et ma parole ne pouvait plus servir à leur émancipation !… elle servait à dicter l’esclavage !… La main qui ne s’étend pas pour bénir s’étend pour enchaîner les faibles en mon nom et au nom de mon Père. Les faibles, les enfants, ne voient plus leur ami, leur frère venir à eux rempli de commisération pour leurs faiblesses, leurs égarements ; toujours pardonnant, car ce n’est que par le pardon qu’on relève celui qui tombe.

Si j’enseignais, c’était pour les petits. Mes paroles étaient selon la simple nature pour atteindre les cœurs naïfs et simples aussi et les élever dans la foi en l’amour qui émancipe l’esprit, qui donne la force de résister au mal, en faisant voir déjà de l’autre côté de la vie. Ces faibles me comprenaient et pleuraient d’amour. De ma face tombaient sur eux ces rayons qui transforment les âmes. La transfiguration, je ne la compris que sur la croix. Je souffrais sur la terre, mais l’auréole que l’on voyait sur ma tête était l’auréole de la sagesse et de la vertu sublime qui ne m’appartenaient pas ; je n’en étais pas digne… Sur moi tombait une ondée, qui partait ensuite de mon cœur et changeait tout devant moi, sans en avoir toujours la compréhension.

Oui, tout homme est Dieu, et si sur la terre j’étais dieu comme vous l’êtes tous, je fus sur la croix, l’image de l’Humanité souffrante, l’image de la grande âme outragée. Hélas ! devant la croix on pleurait. C’était le symbole des malheureux de l’avenir pleurant ma mort parce que mon nom ne pouvait plus les protéger et imposer aux dépositaires traîtres à ma loi, traîtres à mon Père, traîtres même à leur Dieu (celui qu’ils se sont fait)… Christ, s’écriaient-ils, protège-nous. On brûle tes statues, on blasphème ton nom ! Commande toi-même la mort des coupables ; manifeste-toi enfin pour en commander le massacre…

Et, des profondeurs de l’espace, le blasphème était entendu ! Et, si Jésus n’avait été Jésus, toutes les foudres du ciel auraient anéanti les hommes qui par leurs crimes avaient appris à d’autres à méconnaître mon amour et à traîner dans la fange immonde la vertu que mon signe représentait.

La croix est un emblème divin, puisque l’homme libérateur avait choisi le gibet. C’est en regardant le sang du martyr tomber de l’arbre du supplice que le faible devait comprendre, par la souffrance qui l’accable trop souvent, l’amour tombant sur sa souffrance. La science du grand amour va plus facilement vers les faibles et les petits, parce qu’ils ont plus besoin, les uns de consolation, , les autres de force, et tous d’amour pour gravir les sentiers arides de l’existence humaine.

O mes frères ! Ils ne me voient plus attaché au gibet, ceux qui ont assez travaillé, assez grandi, et qui ont voulu venir réparer le mal que l’on a fait en mon nom. Ceux-là, sur la croix, n’ont pas vu le prophète, ils ont encore moins vu un Dieu ; ils ont vu une âme pleurant sur les malheurs de la patrie terrestre, pleurant sur les maux dont étaient accablés les humains ; ils ont vu un homme qui mourait par amour, après avoir répandu l’amour par la parole de pardon, de charité, dans le cœur de tous ceux qu’il voyait. Et les montagnes de la Judée ont mieux gardé ma parole que les hommes qui s’en sont constitués les dépositaires ! Les vallées de la Judée sont remplies de ma voix, on y suit mes pas ; mais dans bien des âmes qui devaient enseigner l’amour que j’ai révélé, mon nom est écrit en lettres noires, et ils prêchaient les ténébreuses doctrines qui ont fait l’abaissement des hommes et les martyrs qui me ressemblent.

Sur la croix mon cœur souffrait davantage. L’amour de mon Père me consolait, et cet amour tombait en même temps sur ceux qui pleuraient aux pieds du martyr, qui avaient plus besoin des consolations d’en haut, en comprenant moins, en n’ayant pas l’espérance qui me soutenait.

Là, une femme pleurait et disait : « Il meurt, et je ne meurs pas ! Celui qui m’a régénérée s’en va ; il me laisse ! Celui qui m’a fait croire en Dieu ne m’emporte point dans sa traînée lumineuse… O toi ! Tu as eu pitié de ma pauvreté d’âme, tu m’as relevée lorsque la montagne déjà couvrait l’abîme où je voulais être oubliée, toi dont l’amour changea mon être dans un rayonnement d’amour inconnu ; toi que je suivais partout parce que, vivant dans ton ombre sur la terre, je me voyais transfigurée en toi, et que j’étais heureuse de te paraître un atome devant un soleil ! »… Et cette femme était courbée aux pied d’une autre femme, et les rayons d’amour que je recevais pour ma consolation, je les faisait tomber sur celle qui a dans le cœur le plus d’amour et de pardon, la mère ! Et la femme réhabilitée s’agenouillant devant la mère en larmes, lui dit : «  Il n’est plus ! mais je le vois en toi ; je l’aimerai en t’aimant ; et, si j’avais encore besoin de pardon, c’est à toi que je viendrais demander une aide pour me relever ! »

Le voile du temple n’était pas déchiré, le soleil n’était pas obscurci, que déjà des morts avaient tressailli. Autour du gibet, les légions qui m’entouraient dans mes rêves attendaient mon départ. Elles entonnaient déjà les chants d’allégresse pour ma rentrée dans les cieux… Et je souffrais… J’étais malgré moi toujours porté à voir le nuage noir et la frêle barque qui sombrait avec mon œuvre dans l’océan du mensonge… et les lyres célestes chantaient toujours… et l’homme de la croix n’était plus !…

Alors, je ne vis plus le sombre nuage. Dans le lointain où chavirait la barque, un phare s’élevait et un roc le portait ; son éclat était radiant et puissant comme l’est l’amour de la liberté ; il éclairait et animait les défenseurs de l’indépendance de la conscience. Et les siècles s’écoulaient devant moi, rapides comme la pensée qui les concevait, et le phare rayonnant éclairait le monde ! Dieu était adoré dans tous les temples, c’est à dire dans tous les cœurs. Le temple de l’amour est partout ; tout être est un temple. Dieu était adoré dans la nature ; il n’était plus adoré dans la pompe des cérémonies, et le pourpre des prélats ne commandait plus l’abaissement de l’humanité.

Heureux rayons ! Heure de joie ! Mon cœur est avide de vous !

Mon cœur est avide de sauver ; et si je n’avais point vu la lumière étincelante, si je n’avais senti ma voix enfin écoutée sur la terre, je me serais dévoué encore ! J’aurais encore pris la chair pour satisfaire le dévouement que je porte à ceux que j’ai tant aimés et que chaque jour j’aime plus encore.

La croix ! Portez-la dans vos cœurs comme un souvenir ; repoussez-la toujours lorsque vous sentirez qu’elle impose la tyrannie, lorsque vous verrez surtout se prosterner devant elle, pour l’adorer, le faible qui annihile son droit de réfléchir, d’être libre, son droit à l’amour, au progrès, en s’inclinant devant un signe qui le fait esclave. Oh ! alors, alors, repoussez la croix ! Mon signe n’était pas pour être exalté. Ce qui devait être élevé plus haut que la croix, c’est la morale dont j’avais pris la semence dans mon cœur pour la laisser aux hommes pendant mon passage à travers la vie sur votre planète.

Hommes ! Affranchis des dogmes que je réprouve, faites-vous libres ! Et si ma voix pouvait encore se perdre, et si vous retourniez à l’erreur, je voudrais encore mourir dans les cieux pour venir, tout amour, vivre parmi vous, pour vous transformer par les forces que j’apporterais du Père.

Jésus

Pardon !

Le Christ est venu dans ce monde pour sauver non

pas quelques hommes, mais tous les hommes. Il a

eu pour chacun une goutte de sang.

Lamennais – Parole d’un croyant

Mon cœur avait reçu une blessure cruelle. Elle m’avait trompé ! La haine s’était emparée de mon esprit, et je méditais quelque vengeance épouvantable !

Les joies du monde m’étaient devenues importunes ; je fuyais mère, parents, amis. Pour trouver un peu de calme, j’allai vers l’exil des bois ; mais là, le ruisseau murmurait, le rossignol chantait ses amours, la nature était en fête ; je sentis encore plus pesant le poids de ma douleur, et mes désirs de vengeance, plus forts, s’élevaient.

Un soir, j’errai par les bois et les clairières, comme une âme en peine. Durant tout le jour ma douleur avait été plus vive encore. Ce soir là, je trouvai ma vengeance ; j’en calculai froidement la réussite et en arrêtai l’exécution. Mais je souffris alors, et je sentis bien qu’après le crime que mon esprit préméditait, je souffrirais toujours.

J’arrivai à un chemin bordé de mousse ; là, je m’assis, et, la tête dans les mains, je pleurai de désespoir et de colère. Mais je me relevai soudain, car les morsures de ma jalousie me torturaient sans trêve. Au tournant de la route, j’aperçus un calvaire. J’allai vers la croix… O miracle ! à mesure que j’avançais, le Christ grandissait et devenait un homme vivant. Effrayé et croyant à une hallucination, je détournai les yeux de ce spectacle merveilleux ; malgré-moi, mes regards attirés se portèrent de nouveau sur le Juste cloué au gibet ! Il m’apparut encore plus vivant, encore plus homme ! Etonné, ébloui, je m’approchai encore plus près. Jésus était réellement là ! Des pleurs tombaient de ses yeux, le sang coulait de ses blessures. Je tombai à genoux et je lui dis : « Vois-tu combien je souffre, toi qui a tant souffert ! » Puis, me relevant, je lui dis encore : «  Eh quoi ! je songe à mes douleurs devant toi dont le sang coule, devant toi qui fus si juste, si bon ! Toi, l’apôtre de l’amour et, plus encore, celui du pardon ! »

Jésus ne répondit pas. Alors, voulant l’arracher à son affreux supplice, j’oubliai tout, et je montai sur l’entablement du piédestal soutenant son calvaire. Le Christ à ce moment me dit : «  Mon fils, pardonne, et tu ne souffriras plus. De sa couronne d’épines, une goutte de sang tomba sur mon front ; mes paupières se baissèrent, une flamme d’amour s’était allumée en moi ; flamme de fraternité, flamme de pardon. Je relevai alors mes yeux vers Lui, et Il me dit encore : « Moi, je souffre toujours. Va, mon fils ! va par le monde et dit que les hommes ont continué mon supplice et mon calvaire en me laissant attaché à la croix depuis plus de dix-huit siècles ! »

Sans signature

Le tombeau du Christ

Qui le traitait de séditieux et de blasphémateur ?

Qui se ligua pour le faire mourir ? Qui le crucifia

sur le calvaire entre deux voleurs ?

Les princes de l’Eglise et les pharisiens.

Lamennais – Parole d’un croyant

Jésus expira, et le voile du temple se déchira, et les ténèbres épaisses obscurcirent l’atmosphère ; et les morts ressuscitèrent, et ils apparurent à Jérusalem. »

Jésus, le plus divin des hommes ; Jésus , le plus grand des missionnaires, Jésus, la pureté immaculée et l’amour divinisé, fut cloué sur le gibet destiné aux pires scélérats ! Il fut condamné comme malfaiteur, comme perturbateur de la paix publique que ses sermons et son prétendu magisme menaçaient de troubler. Et celui qui paraissait le front ceint de rayons lumineux, celui dont l’imposition des mains guérissait les blessures, celles du corps comme celles de l’âme ; celui par qui les sourds entendaient et par qui les aveugles voyaient, n’eut aucune puissance pour s’arracher de l’arbre de torture ; aucune des forces qui le servaient si docilement ne put lui être d’aucun secours lorsqu’il fut traîné par des mains souillées et impures à l’endroit du sacrifice.

Jésus souffrit autant qu’un homme peut souffrir. Il ne pouvait souffrir comme Dieu, puisqu’il n’était qu’un homme. Il souffrit pour donner l’exemple sublime du pardon des injures et pour apprendre à ceux qui l’admiraient dans tous les siècles, que la souffrance ennoblit et que, dans sa divine mansuétude même, elle impose à celui qui est barbare et cruel. C’est comme homme que Jésus s’est divinisé en pardonnant à ses bourreaux.

Tout ce qui touche à l’ensevelissement de Jésus, tout ce qui a été raconté dans des évangiles fantaisistes est faux, archi-faux ! Quelques disciples vinrent pendant la nuit enlever le corps de leur maître. Ce qui se passa alors, et la place où Jésus fut enseveli, restera à jamais ignoré.

Les disciples qui avaient enlevé le corps de Jésus étaient coupables devant la loi . L’opinion publique dans Jérusalem était excitée ; on disait que Jésus de Nazareth était ressuscité, qu’il avait réapparu. Les autorités firent chercher le cadavre que l’on ne trouva point. Par crainte du châtiment, les disciples furent obligés de garder le secret du lieu où le corps du maître avait été déposé, et des soldats, des hommes du peuple allaient visiter l’endroit où l’on avait d’abord enterré le grand révolutionnaire.

C’était pendant la nuit que les disciples avaient emporté Jésus, et, quand les femmes vinrent le matin, « un ange » leur apparut et leur dit : « Que venez-vous chercher ici ? Jésus est vivant, allez à Jérusalem et rapportez ce que vous avez vu. »

Il est faux que Jésus s’éleva dans les cieux devant un grand nombre de personnes. L’être, en s’éloignant dans l’espace, se dégage peu à peu des fluides terriens et ne peut plus être vu à une certaine distance. Pour pouvoir se matérialiser entièrement, pour ramener sur lui les molécules qui doivent reconstituer son corps terrestre, le désincarné est obligé d’être sur la terre auprès de ceux dans lesquels il puise les forces nécessaires à sa matérialisation, et les lois harmoniques ne peuvent être changées, même pour Jésus. Quelle que soit l’élévation d’un être, il est toujours soumis aux lois universelles.

(Une personne du cercle ayant exprimé son mécontentement d’entendre démentir l’enseignement religieux, l’orateur reprit :)

Amis, si vous voulez être bercés dans des sophismes, si la vérité vous a été faussée et que des hommes dans un but vénal aient changé la tradition et défiguré les faits, que nous apporte à nous qui voyons et qui savons ! Ah ! que d’erreurs, que d’erreurs vous sont venues ! Que de choses dénaturées vous ont été apprises sur la vie de Jésus ! Pourquoi cette injure d’assimiler Jésus à une idole !

Jésus ne s’est incarné que pour donner l’exemple de la magnanimité et de la charité. Si vous voulez le trouver plus grand qu’un homme, c’est pour ne pas vous croire obligés de marcher sur ses traces, ni de vivre comme lui. Vous préférez professer pour un Dieu une admiration tellement immense, qu’elle vous sépare de Jésus, de Jésus qui s’approchait en esprit de tous les hommes, riches ou pauvres, et pour qui il n’existait aucune plaie physique ou morale qui le repoussât ; de Jésus qui aimait le pauvre autant que le riche, et davantage encore, parce que c’est le pauvre qui, de tout temps, a eu le moins d’amis.

Oh ! aimez le doux médium Jésus ! ! Aimez le magnétiseur qui connaissait les milles secrets des lois naturelles et qui, sans changer l’harmonie de ces lois, produisait des « miracles », c’est à dire de simples phénomènes médianimiques incompris de son siècle. Oh ! aimez Jésus, le protecteur des faibles et des opprimés, guérisseur de toutes les douleurs ! Appelez-le comme homme pour qu’il comprenne toutes vos faiblesses et vos besoins, et que son bras d’homme vienne vous soutenir. Si vous évoquiez un Dieu en Jésus, vous éloignez votre frère.

Jésus ! Jésus ! Ah ! que ton règne d’amour vienne sur la terre ! Que la science fasse la lumière sur le divin missionnaire. Esprit de vérité, qu’elle te fasse connaître et aimer, et tu apparaîtras au milieu de ceux qui t’éloignent maintenant parce qu’ils voient en toi un être imaginaire, un Dieu ! Un Dieu, toi qui naquis et souffris comme tous les autres hommes ! Ah ! que ta parole soit redite sur la terre pour apprendre aux hommes à s’aimer, à se secourir les uns les autres, pour leur apprendre encore que tu n’es et ne fus que le fils de l’homme ; qu’ils doivent cesser de te voir autre qu’eux et de voir en toi que tu n’es pas un Dieu.

Jean Le Précurseur

Le catholicisme n’est pas la cause de Jésus

Je ne connais point, à cette indigne image,

Le Dieu que je dois adorer.

Je croirais le déshonorer

Par une telle insulte et par un tel hommage.

Voltaire – Pour et contre

Vous resterez seul dans votre maison déserte.

Matthieu, XXIII, 38

Je viens à vous en défenseur de la cause de Jésus, j’apporte ici les idées d’un siècle éloigné, siècle troublé, temps où des bouleversements sans nombre se sont produits parce que l’unité des nations n’était pas établie comme à présent. Je viens à vous en philosophe.

Croyez-vous que la foi chrétienne, pour laquelle j’ai supporté tant de persécutions, soit en harmonie avec les idées de ce jour ? Non !

Cependant je sens, je crois, je lis dans vos âmes que vous êtes les vrais disciples des apôtres, propagateurs de la morale de ce Jésus que nous portons si haut dans nos cœurs. Saluons ensemble les martyrs des arènes, saluons ces hommes de foi qui, au milieu des souffrances les plus atroces, n’ont point renié les enseignements de l’Evangile pour jeter l’encens aux idoles ! Oui, salut aux martyrs ! Ils portent sur leurs fronts une auréole de gloire ; ils sont morts pour une noble cause défendue avec un invincible courage. Aucun homme ne peut résister à certaines tortures du corps, si terribles, que des innocents mêmes ont avoué des crimes qu’ils n’avaient point commis pour voir s’éloigner d’eux les bourreaux. Mais pour Jésus, pour soutenir sa gloire si pure, son enseignement divin, les martyrs étaient plus forts que des hommes. Ils souffraient, mais, quand ils mouraient à la terre, Jésus les recevait. Il les guérissait des plaies encore béantes que leur périsprit avait gardées après la désincarnation. Salut ! Apôtres de la grande nouvelle, vous qui alliez chez les patriciens et chez les esclaves, faisant cette chose sublime, la plus difficile de toutes, rendre les hommes égaux en droit comme ils le sont devant la suprême justice.

Le paganisme tombe, il est tombé ! La croix brille triomphalement sur le Capitole ; mais l’esprit pur du Christ s’éloigne des prêtres qui commencent à vivre de l’autel ; alors, on peut voir le triste deuil du christianisme, deuil étalé par les prélats en vêtements d’une richesse éclatante. L’autocratie religieuse s’impose. Le paganisme croulant laisse ses cérémonies au catholicisme naissant, et on s’éloigne toujours davantage de l’esprit qui découle des sources pures de l’Evangile.

Arius paraît… Partout le christianisme cherche à renaître, mais il est de plus en plus étouffé par le catholicisme. Tout le monde se dit chrétien, et pourtant les potentats de la terre se partagent les royaumes ; le pape possède un Etat, des biens temporels ; les évêques et les cardinaux, des villes et des contrées entières. Ils siègent dans les assemblées, ils marchent même dans les guerres avec l’épée qui verse le sang des hommes, prenant pour étendard la croix du divin sacrifié qui a donné sa vie pour avoir enseigné la concorde et la paix !

Puis le catholicisme devient un système absolument politique. La foi est imposée et ne s’appuie plus sur la raison. Les peuples sont dominés. Eblouis par le faste de pompeuses cérémonies, ils croient !… et les générations se succèdent, prenant l’habitude, qui se perpétue au milieu des nations chrétiennes, de croire aveuglément sans jamais se permettre le doute ou l’examen.

Est-ce donc parce que vous avez été bercés d’une erreur dont vos aïeux avaient été bercés avant vous, que vous devez rester toujours dans cette même erreur ? Non !… Mon siècle a vu mes luttes, mes souffrances… J’ai voulu que la foi fût raisonnée, j’ai voulu la rendre plus simple pour qu’elle fût présentée d’une manière plus vraie, j’ai voulu les grandes vérités du christianisme comprises par tous ; et pour cela j’ai souffert, pour cela j’ai été persécuté ! La postérité m’a mieux compris, je l’en remercie.

Oui, je le soutiens encore, tout homme doit raisonner ses croyances. Il ne suffit pas que vos aïeux aient cru pour que vous croyiez ! Le progrès oblige, il entraîne ! Il faut toujours travailler, acquérir et ne suivre les sentiers battus que pour y trouver la force, l’initiation et le secret de la marche en avant.

D’un bond franchissons plusieurs siècles et supposons que je tombe tout à coup au milieu de votre civilisation, que j’arrive en plein dans vos discussions, que je les examine et que j’établisse une comparaison ; je vous dirais : Le catholicisme n’est pas la cause de Jésus ! Il a jeté une ombre sur le christianisme, et cette ombre a fait pâlir un astre.

Dans les premiers siècles du christianisme, les apôtres guérissaient ; ils produisaient à chaque instant ce qui passait à cette époque pour des miracles. On croyait à leur parole alors ! La parole de Jésus, telle que l’apportent leurs successeurs, n’a plus aucune force ; les prêtres prêchent dans le désert qui se fait lentement autour d’eux. Aucune discussion approfondie n’est possible. Croyez, vous dit-on, parce qu’il faut croire ; ne raisonnez pas, vous n’en avez pas le droit ; si vous osez le faire, vous êtes rejetés, damnés ! Et alors, celui qui a réfléchi, celui dans l’esprit duquel la triste expérience des choses humaines a amené le doute sur Dieu, sur la trinité, sur les dogmes, et jusque sur la nécessité du culte, celui-là souffre, il vit inconsolé.

La vérité cherchée par tous, c’est la vérité de la vie après la mort et la régénération de l’âme par elle-même. Voilà une base puissante d’enseignement, un irrésistible entraînement, voilà la grande nouvelle, le réjouissement de tous les cœurs.

Que je voudrais être des vôtres, frères, militant comme vous pour cette cause idéale ! C’est de votre temps que j’aurais aimé vivre ; et sur la terre j’aurais voulu faire connaître Jésus comme vous le connaissez, et le faire aimer comme vous l’aimez. Vous êtes libres d’esprit parmi les hommes, car votre foi repose sur des phénomènes prouvés. Chez vous, tout se rapporte à la raison, vous contrôlez tout ; vous me contrôlez moi-même et vous devez le faire.

O temps qui fait prévoir un si heureux avenir, je te bénis ! et je bénis tous les apôtres véritables de Jésus qui savent le comprendre et qui seuls peuvent le faire aimer comme il demande à être aimé. Oh ! qu’avant de vous quitter mon cœur répète un hosanna à Jésus pour le bonheur de l’humanité dans les temps futurs, un hosanna à Jésus qui est l’objet de mon plus grand amour !

Abailard


Dix-septième série
La voie

L’amour pour principe et l’ordre

pour base ; le progrès pour but.

Devise d’Auguste Comte

Si on maintient le peuple dans l’ordre par crainte des

supplices, il sera circonspect dans sa conduite, sans

rougir de ses mauvaises actions ; mais, si on le maintient

dans l’ordre par les principes de la vertu et les lois de la

politesse sociale, il éprouve de la honte d’une action

coupable, et il avancera dans le chemin de la vertu.

Confucius

Régénération

En avant ! Le progrès déploie

L’étendard de l’humanité,

Et sur ce drapeau qui flamboie,

On lit : Amour et Liberté.

Camille Chaigneau

Le désordre s’use de soi-même, et du mal,

tôt ou tard, sort le remède du mal.

Lamennais

L’impression que mes livres on produite est déjà grande, et la science d’outre-tombe se vulgarise de plus en plus ; c’est la base d’une régénération humanitaire que je suis venu préparer. Merci aux pionniers de leurs efforts pour la grandir. Cette science renversera les dogmes ; elle répondra aux aspirations des savants ; elle sera la force et l’espérance des faibles, la consolation des malheureux ; elle augmentera la virilité des forts. Notre conception des lois de l’âme s’allie avec celle des savants de l’Inde antique, et j’aurai la force de protéger mon œuvre contre la corruption de certaines sectes modernes.

Mon existence à travers les âges a fourni, parmi vous, un grand nombre d’incarnations. Qu’on ne m’accuse point d’avoir négligé dans la dernière bien des côtés de note œuvre ; qu’on ne m’en veuille point de n’avoir donné mes forces, mes connaissances, qu’à établir la base d’une vérité philosophique et scientifique ; de ne m’être point occupé de matérialisations, apports, effets physiques, etc. C’est qu’avant de publier une vérité qui se prouve par des phénomènes de cette sorte, il faut l’avoir approfondie, la posséder entièrement à cause de l’importance même du phénomène qui conclut comme preuve de cette vérité. Mais les grands jours arriveront où les phénomènes palpables, tangibles, se produiront parmi les hommes, de manière à affirmer toute la valeur philosophique de la science régénératrice et à renverser les erreurs que de prétendus savants auront répandues. Mon but sera atteint alors, car la connaissance des lois psychiques prendra des proportions colossales.

Qu’importe le mal que l’on dit de vous ! La science d’outre-tombe laissera une traînée lumineuse, qui, du mal, fera sortir le bien pour ceux qui sauront la comprendre. N’est-ce pas dans les ténèbres qu’il faut porter son flambeau ? Que ceux qui déjà sont éclairés emploient la force de leur amour pour répandre la vérité, et ceux-là sentiront Dieu en eux comme ils se sentiront en Dieu.

Fils de l’Inde, je reviens en Occident, parmi vous, dans l’incarnation d’Allan Kardec, pour féliciter ceux qui travaillent à l’émancipation des âmes, au rétablissement de la science, que je voudrais voir revivre chez vous dans toute la splendeur des temps de l’antiquité.

Allan Kardec

Passez, générations, passez ! Vous êtes un siècle chacune. Quel est l’avancement d’un siècle. Quel fruit la terre a-t-elle produit dans une génération ? Quelle est sa récolte pour de plus hautes régions ? Hélas, nos frères de ce monde ne savent point tous que ces générations doivent repasser sans cesse par le creuset du progrès pour grandir en science et en amour.

Enfant, vois-tu ce fruit suspendu à cet arbre ? Il est mûr et tes mains peuvent l’atteindre. Cet autre est plus beau, mais tes efforts pour le cueillir sont vains ; quand d’autres printemps auront passé sur ta tête, tu auras grandi, tes mains pourront saisir ce fruit qui est plus savoureux parce qu’il a reçu plus de rayons. Les hommes ne voient pas assez autour d’eux l’image de leur amour progressif dont le germe est dans le cœur.

Aimez, aimez ! Quand l’amour vous fournira un calvaire, nous serons des légions pour vous soutenir.

Allan Kardec – dans une incarnation de philosophe indien

Note. Dans les séances intimes, Allan Kardec est venu parler comme grand prêtre de l’Inde antique. La grande Intelligence qui s’était vouée à la régénération humanitaire est donc revenue sous le nom d’Allan Kardec, pour poser à nouveau, avec toute l’audace que permettait son époque, les premiers jalons de la science oubliée. Peu de temps avant sa mort, il exprima à ses amis, et plus particulièrement à Monsieur Jules Dory, le profond penseur, il exprima le regret de n’avoir pu faire davantage, et le désir d’être continué et surtout développé par ses successeurs. Il avait une sorte de remords de ne s’être point occupé de l’avenir des animaux, de leur évolution, de leur entrée dans l’humanité. Il comptait combler cette lacune, bien qu’il fût persuadé que le moment n’était pas propice, lorsque la mort interrompit son œuvre.

L’étude de l’avenir

J’aurais plusieurs choses à vous dire, mais elles

sont encore au-dessus de votre portée.

Jean, XVI, 12

C’est une hardiesse dangereuse et de conséquence

ultra-absurde qu’elle traîne à soi

de mépriser ce que nous ne concevons pas.

Montaigne

Un souffle d’incroyance a passé sur l’humanité. Les hommes, surtout en Europe, fatigués des guerres et des longues querelles religieuses qui ont rempli et ensanglanté le moyen âge, passent dans la vie absorbés par ce qu’il est convenu «  les affaires ». Ils ne s’occupent pas de ce qui a précédé leur arrivée sur la terre et de ce qui suivra la désincarnation. En ce siècle, que reste-t-il debout des religions du passé ?… Et, pourtant, les peuples ont soif de croyances ; les temps sont venus où il faut leur infuser la vie nouvelle apportée par quelques-uns.

La connaissance de la vie d’extra terre comblera un grand vide. Les extra terriens sont appelés dans tous les coins du monde, et la régénération est commencée ; le mot « En avant ! » retentit sans cesse dans l’espace, pour entraîner au progrès ceux qui faiblissent. En avant ! Toujours en avant !

Des messies sont descendus sur la terre ; quelques philosophes ont fait des recherches ; ils ont apporté à l’humanité de belles et bonnes choses, il en est un grand nombre qui ne sont plus applicables au temps où vous vivez. Les messies, ces êtres extraordinaires, sont venus à des époques marquées, aux époques anciennes surtout. Ils se réincarneront de moins en moins ; leurs enseignements seront apportés à la terre par des voix nouvelles. Les prophètes de l’au-delà , pénétrés de l’entité divine, descendent sur la terre et se manifestent aux humanités, apportant la parole du Dieu irrévélé pour vos générations, et ce beau siècle qui a vu l’éclosion de la science de l’immortalisme, ce siècle est béni entre tous les siècles, car Dieu a visité son peuple par des mandataires de vérité ; c’est un monde nouveau qui fait renaître la connaissance oubliée du devenir de l’homme lorsqu’il rentre dans l’éternité.

Ceux qui ont été visités par des Intelligences élevées, ceux qui ont attiré le grand amour des harmonies d’amour, ceux qui ont appris à aimer l’humanité comme dans les grands espaces on aime les humanités de tous les mondes, ceux-là sont des heureux ! non pas des privilégiés, - chacun n’a des biens de l’âme que ce qu’il en a gagné.

Dans l’avenir, nous ne voyons plus de culte qui ne frappe que les yeux et ne parle pas à la raison ; nous voyons des assemblées où Dieu est compris comme substance universelle. Ce Dieu, nous le voyons aimé des peuples dans la fraternité, dans le respect des droits de chacun ; l’envie n’existe plus et on s’aime enfin ! Dans cette humanité, les nations, les races se donnent la main ; la science de la survie mise à notre portée donne la vérité à tous, et les morts-vivants descendent partout sur la terre au milieu des vivants-morts - morts pour l’espace. - L’amour, voilà le Dieu de la terre ! L’amour comme nous l’entendons, l’amour qui comprend tous les amours, fera rentrer l’épée dans le fourreau ; il unira tous les peuples, fera connaître aux hommes les sublimes dualités. Lorsque cette science sera connue, combien elle sera aimée ! Comme on voudra recueillir les effluves que nous apportons !

Quelle est la substance qui se dégage de nos enseignements ? Certitude de l’immortalité, de l’éternité dans un progrès toujours croissant ; espérance d’un travail éternel dans lequel l’esprit se complaira, par lequel il découvrira de nouvelles harmonies et leurs lois admirables ; travail par lequel il saisira la couleur, la nuance de ce tissu sans fin, de ce voile constellé qui est l’univers ; par lequel il connaîtra l’étoile et, parmi les productions, les fleurs, les chants d’oiseaux les plus magnifiques. Toujours progrès, toujours travail, jamais d’arrêt ; l’immobilité ne peut être, elle n’est nulle part dans l’univers, et l’esprit, - parcelle quintessenciée de cet univers, - s’élève en raison de sa participation au travail général. Il se dégage de nos instructions un parfum de poésie, de bonté, de fraternité, d’amour. L’amour, voilà le levier puissant qui emportera les âmes vers l’idéal de justice que la connaissance des lois de la vie prépare pour l’humanité.

O frères, amis du passé, lorsque nous serons réunis, vous continuerez avec moi dans l’espace de nouvelles œuvres, et je suis heureux de saluer plus que des frères, de saluer des apôtres. Oui, croyez-moi, les âmes d’élite qui trouveront dans les études sur l’animisme les révélations qu’elles attendent, seront transportées, et, à leur tour, elles rayonneront sur d’autres et les appelleront à la Vérité.

L’oriental

Il y a plus d’un siècle que les idées de survie ont réapparu. Elles étaient connues, vous le savez, dès la plus haute antiquité. Comme tant de choses, elles se sont trouvées ensevelies dans la nuit de l’oubli. Cette philosophie ressuscitée s’épanouit de nouveau ; elle a jeté ses racines dans les masses. L’arbre s’élève, il grandit, il devient géant.

La philosophie animiste est une nécessité de notre époque, mais, pour qu’elle devienne universelle, quelle est la manière de l’étudier ?

Que ceux qui la cultivent se réunissent en société, en cercle, en famille. En société, on échange des idées ; en cercle, on travaille ; en famille on s’occupe des aimés disparus, et on les appelle comme conseillers, comme aides. Le nombre de disparus qui se communiquent va toujours croissant, d’abord parce que les médiums deviennent plus nombreux et ensuite parce que ceux qui se désincarnent retrouvent plus facilement leurs facultés de l’autre côté et reviennent consoler leurs proches, leurs amis.

Enfermez-vous pour avoir des manifestations. C’est dans l’assemblée la moins nombreuse, pourvu qu’elle soit sympathique, que nous venons le plus facilement ; alors, se forme une harmonie de fluides plus homogènes, plus forts, pour nous soutenir dans nos communications. Selon l’avancement de chaque société ou de chaque cercle, il y a plus ou moins d’entente entre les membres des réunions. Le progrès, en cela comme un tout, doit soutenir une espèce de lutte. Les divisions influent d’une manière fâcheuse sur le développement de la science animiste ; il est certain que dans cet ordre d’études, comme dans toutes les études que l’on fait sur la terre, il est des timorés qui restent toujours en arrière, tandis que les vaillants s’affranchissent de tout ce qui avait faussé leur intelligence depuis leur enfance. L’homme le plus fort et le plus robuste en idées, s’il a été élevé dans le préjugé, aura pendant longtemps certains reculs qui éloigneront par instants les lumières de son esprit. On voudrait remplacer ce quelque chose dont on ne veut plus au fond, et qu’on subit à contre-cœur, mais dont on n’ose secouer le joug, tant la domination est ancienne et a imprimé à la société son cachet de servitude.

Une double domination pesait autrefois sur les peuples : le château féodal et l’abbaye. L’abbaye élevait ses murailles aussi haut que celles du château féodal, et ces deux puissances joûtaient à armes égales : le château avait la force de la lance et de l’épée ; l’abbaye avait les foudres de l’Eglise tant redoutées. Le catholicisme devenu un grand pouvoir a rougi de sang humain les villes et les campagnes, autant et plus que ne l’avaient fait les seigneurs du moyen âge.

Quel est l’édifice qui s’élèvera sur les ruines du passé ?

Ce sera l’édifice de la liberté. Dans chaque ville, dans chaque village, il y aura une salle de conférence, une bibliothèque spéciale, véritables échos d’histoire et de philosophie. Dans l’avenir, l’enfant qui naîtra sera salué par la famille ; on n’effacera en lui aucune tache, on n’aura qu’à l’entourer de tendresse. Quant à celui qui s’en va renaître dans l’espace, qu’est-il besoin de cet apparat de convention, bien déplacé parce qu’il est funèbre ? Une larme silencieuse, un regret qui part du cœur va retrouver le désincarné pour lui dire : Souviens-toi ! Un regret est un appel qui produit le retour. Le seul événement de la vie pour lequel nous sommes réellement partisans de faire une cérémonie grandiose, c’est la fête du cœur, - occasion de souhaits et même de festin. Cette cérémonie est la fête des époux.

Elles se réaliseront, ses promesses de l’avenir !

Jules Dory

La mouette

Oiseau perdu dans l’immensité des Océans, tu te joues des barques, des vents et des flots. D’un grand navire qui passe, le matelot te regarde et songe.

Bien loin, là-bas, dans le port qu’il a quitté, il t’a vue jouer sur les vagues, et depuis qu’il existe il est habitué à entendre tes cris perçants. Maintenant qu’il est loin de tout ce qu’il aime, tu lui rappelles une cabane enfouie dans un coin de la plage. Sa bien-aimée est sa porte, peut-être pour regarder la grande mère sur laquelle tu flottes, oiseau libre, oiseau heureux !

Tu annonces à l’homme la tempête qui doit venir. Tu le préviens du danger.

Tu lui mets aussi du baume sur le cœur en lui rappelant ce qu’il a aimé. Quand vient l’hiver, tu te réfugies près de son habitation, car tu sais que l’homme t’aime, mais en été tu vas chercher dans les terres lointaines la campagne.

Heureux oiseau ! as-tu aussi une compagne qui t’attend ? Car tout dans la nature respire l’amour.

Il n’y a que le pauvre barde, errant dans l’espace, qui cherche encore sa bien-aimée !

Mouette ! Si tu la trouve, dis-lui que je suis, comme toi, perdu dans l’immensité.

Seul !

Stop

Chercher le vrai sentier

Poésie

N’ayons d’autre dogme que la science, d’autre culte que

l’art, d’autre morale que la liberté.

Jules Simon

Ah ! qu’ils sont bas et vains vos amours de la terre !

Egoïstes vouloirs de passion, d’orgueil ;

Etreintes sans grandeurs, extases sans lumière

Qui du bonheur d’hier portez toujours le deuil.

Ah ! qu’ils sont bas et vains vos rêves de fortune

Dans lesquels le plus fort écrase les plus doux !

Où l’homme, rejetant la justice importune,

Met, pour se croire grand, ses frères à genoux.

A vous, chers exilés torturés par le doute,

Qui marchandez à Dieu l’avenir tout entier,

Je ne puis que montrer l’écriteau sur la route,

Sur lequel est tracé : C’est là le vrai sentier.

Paul D.

Dieu répond par des faits et non par des paroles.

Quand tu veux l’ignorer,

Il ne te punit pas ; il fonde des écoles

Afin de t’éclairer.

Paul D.

Education des enfants

Pour embellir et grossir l’esprit d’un enfant, il faut que sa première éducation soit toute entière dans l’exemple des vertus pratiquées par la famille ; il apprend ainsi le respect de l’amour filial ; sa jeune intelligence sort de ses langes, et l’idée, éveillée par les bribes de conversation qu’il comprend, finit par prendre corps, par prendre vie dans son cerveau.

Quelle instruction doit-on d’abord donner à l’enfant ? L’exemple ! L’exemple de la vie honnête, chaste et sacrée de la vraie famille, car l’enfant, plus qu’on ne saurait le croire, dès l’âge le plus tendre même, perçoit d’une manière remarquable, et comme par instinct, tout ce qui se passe autour de lui, la vie de famille ; qui forme toujours la première éducation, s’incruste dans son esprit et y laisse des traces ineffaçables ; l’enfant qui dès le premier âge, sur le sein de sa mère encore, a ressenti autour de lui la douce harmonie, de la vie de famille, en conservera toujours l’impression. Si au milieu des plus grands déboires il lui arrive de faiblir, de perdre le vrai chemin, le souvenir de la vie de famille, aussi éloigné qu’il soit, sera pour lui comme un talisman qui pourra le sauver des grands dangers et du plus grand des malheurs : l’effondrement total de son honneur.

C’est la mère qui peu à peu doit insinuer à son adoré le bonheur de faire le bien, lui dire toutes les souffrances qui résultent du mal. A mesure que l’enfant grandit, la mère élargit le cercle de ses idées et rend son intelligence de plus en plus avide de savoir. Après avoir mis dans le cœur de l’enfant le besoin d’aimer, instruisez-le de ce qu’il doit savoir de la famille, de la société. Il faut aussi, dès l’adolescence, lui inculquer des notions de philosophie et non lui faire réciter de longues prières qu’il lui est impossible de comprendre, mais qu’il répètera toutefois, l’enfant retenant tout. Il faut simplement l’instruire de la morale qui découle toute seule des lois naturelles ; morale que comprennent les hommes libres de vos jours ; il faut l’instruire des règles de la bienséance, des usages de la société, du respect dû à tous. Puis on lui apprendra que l’espace est peuplé, et quand, le soir, des gerbes d’or s’allument au-dessus de vos têtes, ces mondes pleins de vie qui sont là pour montrer l’universalité des existences, ces mondes seront salués par l’enfant dont l’âme grandira pour les concevoir. C’est en lui disant le premier mot d’astronomie que l’on pourra aborder la grande question de Dieu ; l’univers prenant ainsi une large place dans son intelligence, l’idée de Dieu s’agrandira en lui des proportions immenses, et son cœur se développera en même temps que l’embrassement de son esprit deviendra plus vaste. Dites-lui que Dieu, dont il entend prononcer le nom depuis longtemps, est la substance infinie et l’âme de l’Univers ; dites-lui que dans la vie extra terrestre les humanités suivent une marche ascensionnelle ; que rien ne demeure inerte ni sur place, et que tout dans la nature s’agite dans le travail pour le progrès.

L’adolescent réfléchit pendant ses jeux comme pendant le travail, et, à mesure qu’il grandit, les choses de la terre (sciences, arts, moralité, etc.) paraissent plus faciles à apprendre à celui dont la pensée embrasse déjà l’univers.

L’éducation de l’enfant et son instruction même doivent se faire oralement pour qu’il retienne le mieux possible. Les vibrations de la parole vont frapper directement ses facultés. Il y a une sorte de magnétisme entre le maître et l’élève, et on a fini par reconnaître que les instructions orales valent infiniment mieux que les leçons apprises dans le livre. Que l’enfant apprenne qu’il a une âme drapée dans une enveloppe qu’on appelle périsprit ; qu’il apprenne que rien ne meurt, que tout se transforme ; qu’il apprenne encore que, lorsqu’il sera dégagé des voiles terrestres que la mort fera tomber à ses pieds, il prendra son vol vers les campagnes de l’espace ; que son bonheur futur sera d’être avec ceux qu’il a aimés, avec ceux qui ont cultivé son intelligence, et qu’il ira avec eux dans ces étoiles qui lui paraissent brillantes et radieuses. C’est dans le recueillement du soir que l’homme pense et que l’étoile lui semble avoir été allumée pour lui révéler ses hautes destinées.

L’histoire, les sciences, tout ce que vous voudrez enseigner à l’enfant, il le saura bientôt ; cela lui semblera un mince bagage à loger dans son esprit où se fait une place toujours plus grande. L’exemple du passé par l’histoire, celui de la vie de famille, l’exposé simplifié pour lui du système social, tout cela lui donnera une idée exacte de ce qu’est la vie sur la terre, quelles conséquences découlent de cet état de choses, et quel appoint il est de son devoir d’apporter au progrès général par son progrès particulier qui s’allie d’une manière intégrale à celui de toute la société, à celui de toute l’humanité, à celui même des humanités sidérales, puisque toute vie se lie, s’enchaîne.

De l’enfant, alors, vous aurez fait un homme.

D….y

L’arbre de Noël

Noël ! Noël ! Les enfants sont en fête :

Dans un brillant hôtel du faubourg Saint-Germain,

De jolis enfants gais, en se tenant la main,

Vers l’arbre de Noël lèvent leur blonde tête ;

Chantant un doux cantique, ils dansent tous en rond.

Là-haut dans la mansarde est un autre enfant blond

Demeurant sous le toit de la maison d’en face ;

Il souffle sur ses doigts que le vent du nord glace

Et regarde attentif. Un gros soupir répond

Aux chants joyeux des bébés roses.

« Mère, viens donc les voir, Dieu ! que de belles choses

« Couvrent l’arbre éclairé, de ces enfants là-bas !

« Vois, comme il est orné de petites chandelles,

« On croirait voir d’ici un millier d’étincelles ! »

Mais sa mère travaille et ne lui répond pas.

La chambre est froide et nue, et le vent sous la porte

Souffle âpre et dur ; dans l’âtre, point de feu ;

C’est que la pauvre veuve, hélas ! gagne si peu !

Elle ne répond pas, sa douleur est trop forte,

A son pauvre petit elle cache ses pleurs.

La chandelle de suif a de pâles lueurs ;

Sur son travail penchée elle n’y voit qu’à peine.

L’enfant enveloppé d’un vieux châle de laine,

Si passé qu’on ne peut en dire les couleurs,

A bien froid ! son petit corps tremble.

« Mère, viens voir un peu, comme ils dansent ensemble !

« Pourquoi l’enfant Jésus ne vient-il pas chez nous ?

La mère, pour le coup a quitté son ouvrage.

« Viens dormir, mon amour, il est tard, à ton âge

« Il faut dormir ! » Des pleurs brillent dans ses yeux doux.

Mais l’enfant veut rester ; sur le carreau qui gèle

Il appuie en pleurant son petit front si pur.

Puisque c’est la Noël, il peut veiller, bien sûr,

Personne n’est couché ; de son mignon pied frêle

L’enfant frappe le sol d’un geste impérieux.

Il souffre, pauvre enfant, mais il est curieux

De contempler de loin ces enfants qui s’amusent.

Sur l’arbre de Noël les petits cierges s’usent,

Et l’on va détacher de l’arbre glorieux

Bonbons, jouets de toute sorte.

Hélas ! six mois avant, une fillette est morte :

Sa mère en ce moment sent son cœur se serrer.

Elle était l’an passé si vive et si joyeuse !

Sa chevelure d’or flottait longue et soyeuse.

Pauvre ange ! maintenant il lui faut la pleurer.

Loin des enfants rieurs, auprès de la fenêtre,

Elle s’en va rêver à l’enfant qui n’est plus !

Ah ! le riche, entouré des trésors superflus

A ses douleurs aussi ! Pauvre cher petit être,

Où donc es-tu ? dit-elle, des larmes plein le cœur.

Montant comme un nuage, une blanche lueur

Paraît devant ses yeux, et lentement se change,

Grandit et prend un corps. Ciel ! c’est bien son cher ange,

L’enfant qu’elle pleurait, plus belle en sa blancheur !

Oh ! ce n’est pas une chimère,

C’est elle qui revient pour consoler sa mère.

Elle lève la main et tend son petit doigt.

La dame, le cœur plein d’une ineffable joie,

Ecarte doucement le long rideau de soie,

Et l’ange lui fait voir l’autre enfant sous le toit.

Puis, l’esprit gracieux en souriant s’envole.

Mais la mère a compris, et sans rien dire, sort.

Là-haut l’enfant glacé gémit et se désole,

Il sent mieux maintenant la rigueur de son sort.

« Jésus n’est pas venu, » dit-il, pleurant bien fort ;

« Ils ont tous des joujoux, ces enfants de mon âge ;

« Puisqu’il n’est pas venu, je ne serai plus sage.

« A quoi cela me sert-il ? Jésus ne m’aime pas ! »

Mais dans l’escalier noir montent de légers pas !

Bientôt la porte s’ouvre, et le vent froid s’engouffre.

L’enfant tout étonné, ne pense plus qu’il souffre

Il se tait : Une dame, en robe de velours,

Entre, et va vers l’enfant qui recule toujours.

La veuve, stupéfaite, un moment se dérange,

Mais la dame sourit et dit avec douceur :

« Moi, je suis mère aussi, donc vous êtes ma sœur.

« Et je viens vous trouver de la part d’un bel ange. »

La veuve est à ces mots plus étonnée encore.

« L’ange est venu ce soir et j’ai les mains chargées

« De joujoux, de gâteaux et de belles dragées

« Pour toi, mon cher petit. » Elle met un peu d’or

Sur la table, caché dans les plis de l’ouvrage ;

Elle embrasse l’enfant et lui dit d’être sage,

S’avance vers la veuve et, lui tendant la main,

Dit : « Fêtez la Noël, je reviendrai demain. »

X…

Observation

Cette touchante poésie, obtenue par Marie d’Alési de Péralta ne suffirait-elle pas, si nous n’en avions tant d’autres, pour prouver l’erreur des théosophes lorsqu’ils nous accusent de n’obtenir que des communications provenant de monstres inintelligents, de vampires, de larves, d’écorces vides, etc. ? Il est vrai qu’ils ajoutent que ces débris d’âmes inconscients ayant un semblant de vie, mais destinés à se dissoudre bientôt dans des bas-fonds, ont la faculté d’imiter si bien parfois le beau langage du désincarné évoqué, qu’on ne peut y être pris : de là l’erreur du spirite.

Vraiment si les larves possèdent à ce point ce don merveilleux d’imitation, j’engage fort les jeunes artistes dramatiques à suivre des cours chez elles. Nous ajouterons qu’ils pourront le faire sans la moindre crainte pour leur santé : trente années d’études spirites, d’expériences suivies, l’attestent. Que l’on interroge à ce sujet des psychistes tels que Victorien Sardou. Aksakoff, Russel, Wallace, W. Crookes et tant d’autres savants et artistes renommés parmi les plus belles intelligences du monde. Sur la brèche depuis quarante ans, ils concluent de la même manière. Tant pis pour ceux qui entretiennent des relations fâcheuses avec des êtres vils de l’espace, car il s’en trouve dans l’espace comme sur la terre, et qui dédaignent d’étudier les lois de l’évocation des grands morts.

L’âge viril, la vieillesse

Le souvenir est pour chaque homme une partie

de sa moralité.

Ernest Renan

Les vrais plaisirs sont ceux de l’esprit, dont le

vieillard ne jouit pas moins que le jeune homme.

Cicéron

Pour se conserver sain de corps et d’esprit, il faut

de bonne heure s’intéresser

aux affaires générales de l’humanité.

Feuchtersleben

L’homme se fait homme.

L’homme se fait homme, non par la prière, non en suivant des rites ridicules, mais par la réflexion. L’homme n’est homme que lorsqu’il a travaillé à étudier les sciences, les philosophies, à étudier les hommes.

L’homme n’est complet que lorsqu’il a fondé une famille qu’il a véritablement aimée, que son amour s’est agrandi dans les siens, ou, lorsqu’à travers les luttes pour l’humanité, il a dépensé les forces vives qu’il devait au bien général ; il lui reste alors l’expérience, il connaît l’humanité, ses défauts, ses ressources ; il se connaît mieux lui-même et il peut étudier dans la solitude ce qui doit augmenter son bonheur.

L’homme jeune doit être vaillant ; il doit penser à son rôle dans l’humanité ; il doit accomplir sa tâche physique et morale, il doit procréer. Dieu n’a-t-il pas enfanté ce qui est son amour : les mondes ! L’homme-Dieu, dans son milieu, doit aussi faire œuvre divine et consacrer ses forces d’âme et de corps à ceux qui sont nés de lui.

Lorsque la solitude se fait par la vieillesse, c’est pour que l’homme repasse dans ses souvenirs toutes ses actions et qu’il en tire des conclusions profitables à ses frères en humanité. O solitude ! que de grandes choses tu laisses entrevoir au penseur !

Le vieillard impose aux jeunes hommes ; sa voix est écoutée, et l’oracle sorti de la bouche du vieillard vertueux est la loi du devoir. L’expérience lui donne généralement une plus grande compréhension ; ne fallait-il point passer par le creuset des souffrances, des luttes et des devoirs pénibles pour pouvoir travailler à améliorer la voie de ceux qu’on laisse lorsqu’on se sent mourir, mourir pour revivre, car la vieillesse prépare au grand réveil.

La vieillesse a été donnée pour disposer l’homme à concevoir plus facilement les merveilles qui l’attendent à son retour dans la grande vie, dans la grande lumière. La vieillesse, avec ses réflexions, avec ses éclaircies sur l’avenir, est donnée à l’homme pour que ses yeux ne soient pas éblouis à son entrée dans le vaste univers. Ceux qui voient brusquement trancher leurs jours ont plus de peine à se retrouver. Le changement subit se produit surtout lorsque l’être doit revenir dans l’espace soit pour protéger, en esprit, une grande œuvre sur la terre, soit pour se réincarner prochainement pour son propre progrès.

La vieillesse est le plus souvent un bienfait ; elle est un repos pour l’esprit avant qu’il entre dans la vraie vie.

O solitude de l’homme qui a bien vécu, sois bénie !

Pythagore.

Les hommes de l’âge de pierre

Toutes les institutions sociales doivent avoir pour but

l’amélioration physique, intellectuelle et morale des

classes les plus nombreuses et les plus pauvres.

Saint-Simon

Heureux les peuples, les hommes qui s’aident des arts déjà connus pour leurs créations personnelles ! On voit des palais somptueux, des demeures magnifiques ; on voit des cités immenses où fleurissent les arts et l’industrie. Partout les champs sont défrichés, et le blé mûr tombe sous la faucille du moissonneur. Les nations s’unissent déjà par des liens fraternels ; il existe entre les divers peuples des moyens de communication qui sont pour moi un sujet d’admiration. Ils sont heureux ces peuples ! Mais parmi eux faudra-t-il que la corruption grandisse en même temps que la civilisation ? Faudra-t-il que le vice habite sous les lambris dorés qui ont remplacé la cabane rustique et les grands rochers des temps préhistoriques ?

O frères, lorsque nous descendons au milieu de vous, nous vous voyons pourtant bien grands ! Peuples de toutes les nations qui avez travaillé, et vous, hommes missionnaires qui avez pris des milliers d’incarnations pour faire progresser vos frères, je vous salue ! C’est par l’étude, le travail, le dévouement à l’humanité que la civilisation des peuples s’est faite ; vous avez stimulé vos frères et tout a grandi. Heureux temps ! heureux hommes ! heureux peuples !

Je suis votre frère, quoique distant de vous en incarnations sur la terre de plus de vingt milliers d’années. Les désincarnés de tous les temps, ceux de l’âge de pierre, de l’âge de fer peuvent venir, comme ceux que vous avez perdus il y a un an, il y a un mois. Nous, a qui il n’a été demandé que la charité et l’amour pour grandir devant Dieu et devant nous-mêmes, nous qui avons chassé les animaux féroces des cavernes que nous devions habiter, nous qui, pour nous couvrir, étions obligés de tuer la bête dont la peau nous servait de vêtement, nous, dis-je, nous pouvons venir au milieu de la civilisation de vos jours vous parler d’amour, de fraternité, car ce sont les douces vertus qui grandissent les êtres devant l’Eternel. Qu’importent vos civilisations si vous êtes moins bons que nous ! Qu’importe vos fastueuses demeures, si vous ne savez les quitter pour visiter le réduit du pauvre ! Qu’importe votre industrie, si elle vous sert à fabriquer des armes pour vous entretuer ! Nous, nous n’avons taillé le silex que pour nous défendre contre les fauves ou les attaquer pour nous nourrir.

Poètes qui chantez les fêtes, qui chantez les femmes parées de fleurs et de diamants, qui chantez tout ce qui étincelle sous les lustres miroitants, sachez que nous avions chacun notre femme et nos enfants. Nous choisissions notre abri dans l’anfractuosité d’un rocher, au bord d’un clair ruisseau ; nous nous endormions bercés par son doux murmure. Nous avions l’amour comme vous, mais nous l’avions plus pur. Tous les hommes qui ont rêvé avant vous ont été poètes ; tous les hommes dont l’aspiration se portait là-haut vers les flambeaux dont se pare le firmament pendant la nuit, tous les hommes qui avaient l’idéal dans leur âme étaient poètes aussi bien que les poètes de vos jours.

Il me souvient encore - car le supra terrien se souvient toujours, sa vie est une longue chaîne de souvenirs qui font son expérience - il me souvient de ces temps où, sans aucune révélation, nous sentions que ceux qui mourraient s’en allaient vivre de l’autre côté. Nous ne comprenions pas, mais notre instinct devinait, et ce germe de science nous avait été donné comme à vous. Hélas ! nous souffrions comme vous souffrez, lorsqu’un de nos frères se séparait de nous ; cependant nous faisions fête à la mort, parce que nous savions, nous sentions qu’elle n’est pas, qu’elle ne peut être ; l’homme est philosophe inné, c’est la faculté la plus précieuse.

Je m’éteignis un soir. Toute la famille entière s’était réunie autour du lit de mousse où j’allais m’endormir. Tous, à genoux, priaient la Puissance qui préside à la destinée des humains de garder encore parmi eux celui qui par son grand âge et son expérience avait été appelé à juger toutes les causes dans la grande famille. Cependant, je partis. Mon corps fut placé sur des branches de chêne vert, et les enfants avaient couru dans la campagne chercher des fleurs pour parer ma couche funèbre. Quatre hommes, mes fils, me portèrent sur un brancard dans le caverne qui servait de tombeau à la famille. On fêta ma mort. Après les larmes que réclame la nature, il est prescrit de se réjouir pour la rentrée d’une âme dans sa grande patrie. Il y eut le festin des funérailles ; oui, frères, on faisait un festin ou l’on invitait l’âme du mort avant qu’elle quittât tout à fait la terre, et le repas funèbre avait lieu près du tombeau ; le désincarné assistait quelquefois à cette dernière fête qu’on donnait en son honneur, et la famille rentrait sous le toit fait par la nature, et le mort-vivant allait dans l’espace, dans la demeure que l’on supposait lui être promise.

(Après un moment de silence :)

Vous parliez hier[31] de la nourriture qui convient le mieux pour avoir une santé forte, robuste. Vous vous créez mille mots pour être matériellement le plus heureux possible. Souvenez-vous de nous qui vivions bien longtemps dans nos incarnations. Que ceux qui travaillent avec ardeur, ceux dont les mouvements amènent une déperdition constante de forces, que ceux-là mangent de la chair qui n’ait ressenti qu’à peine le brasier. Mais à ceux qui travaillent par la pensée, qui vivent au milieu des luttes morales, je dirai de vivre de peu de chair, mais surtout de fruits, de légumes et de laitages.

Enia

Celui qui vient de se communiquer est très avancé. Les êtres de cette catégorie n’ont pas besoin d’avoir appris ; il leur suffit de descendre dans vos couches fluidiques pour être initiés à tout ce qui appartient à votre époque ; c’est un effet de leur avancement.

L. N.

Comment diriger sa vie

Aux riches

Que personne ne dise lorsqu’il est tenté : C’est Dieu

qui me tente ; car, comme Dieu ne peut être tenté par

aucun mal, aussi ne tente-t-il personne.

Saint Jacques l’Apôtre, 1, 13.[32]

L’homme vient sur la terre pour progresser. Il est né pour le travail ; il doit être utile à la société, à l’humanité et par conséquent à lui-même.

A quoi sert la fortune et de n’en jouir que d’une façon égoïste ? A quoi sert de vivre désœuvré, sans but, ne satisfaisant que ses penchants ? Le désœuvré vit dans un état anormal ; il est suivi par une foule d’extra terriens qui lui inspirent des désirs malsains et s’incarnent en lui pour jouir de lui.

On voit un grand nombre de ces fils dégénérés d’hommes vaillants, d’hommes qui ont vécu pendant bien des années de dur labeur, on les voit, ces jeunes hommes, se laisser aller à la dérive, se prélasser dans la vie la plus désordonnée. Laissons-les vivre des jours qu’ils déploreront, laissons-les perdre leur temps qu’ils ne savent pas employer, et voyons ce que doit faire l’homme qui est arrivé à la force virile, possesseur de la fortune.

Comment doit-il vivre ? Comment doit-il occuper son temps ? A quelles occupations doit-il donner la préférence s’il peut vivre largement sans être rivé à un travail rémunéré ? Disons-le pour essayer d’être utiles à ceux qui ne savent pas trouver par eux-mêmes le chemin du bonheur sur la terre et la continuation de cette route qui conduit au bonheur de l’au-delà.

Si l’homme, dans son enfance, a été bercé de ces fables, de ces mythes qu’ont inventés toutes les religions, il doit s’affranchir des dogmes qui alourdissent son esprit, qui le confinent dans un seul ordre d’idées et l’empêchent de prendre son essor vers l’idéal de nos réelles destinées. Les religions n’ont été faites que par des hommes. Les novateurs voulaient sans doute le bien des générations à qui ils imposaient leurs enseignements ; mais la cupidité, l’égoïsme de leurs commentateurs, ont faussé leurs doctrines. Il faut que chacun apprenne l’histoire des religions pour connaître leurs variations, leurs schismes et tous les troubles qu’elles ont occasionnés. L’homme doit planer au-dessus des siècles, au-dessus des errements du passé s’il veut s’affranchir des préjugés qui entravent ses inspirations du bien. L’homme doit être libre pour pouvoir s’élever. Lorsque ceux qui vivent sous la férule d’enseignements doctrinaux passeront devant l’homme affranchi, cet homme plaindra ses esclaves, et le sentiment de charité et de fraternité parlera plus fort en lui. Les efforts de tous les hommes qui se sont élevés par l’accomplissement des devoirs envers l’humanité entière doivent tendre à obtenir la liberté pour tous, car il ne faut plus d’esclaves, pas plus par la suggestion morale que par les révoltantes injustices sociales. Le sentiment de l’immortalité est un germe dans toutes les âmes, et dans chacune d’elle il grandira sans qu’il soit nécessaire d’en imposer la croyance.

Au point de vue social, l’homme libre doit, surtout s’il est fortuné, étudier les maux qui affligent l’humanité afin d’apporter sa part d’efforts pour soutenir ses frères souffrants ou égarés. L’homme doit sans cesse apprendre pour garder la virilité de son esprit même jusque dans l’âge avancé ; il doit sans cesse s’occuper du bien de l’humanité, sans cesse approfondir les sciences de la terre qui sont la base sur laquelle il peut s’appuyer pour écarter le voile qui lui cache l’au-delà de cette vie. Cherchez ! Cherchez toujours !

Les générations de l’avenir verront un grand nombre d’animistes parmi les inutiles d’aujourd’hui ; elles verront ces fils de familles, devenus des hommes, travailler pour la cause commune, s’occuper de tout ce qui peut embellir leur esprit, rendre leur âme sensible à tout ce qui est véritablement beau. Ah ! l’humanité marche à grands pas ! chacun dotera l’avenir de nouvelles connaissances, de nouvelles découvertes, et les sidériens, ayant beaucoup plus de forces parce qu’il y aura beaucoup plus de médiumnités cultivées, pourront apporter davantage de ces secrets de l’espace, qui font déjà votre bonheur. Lorsque la science de l’au-delà ne paraîtra plus un rêve, une folie, l’homme verra cette science proclamer une morale pure et large, lorsqu’il sentira en lui-même cette lumière de justice et de bonté infinies, ah ! combien son cœur tressaillera de joie ! combien son amour s’idéalisera ! combien il comprendra mieux ses devoirs ! Il mettra son honneur à conserver sa conscience nette, son âme digne, et son corps exempte de souillures.

Cependant, l’étude seule ne développe pas dans l’homme le besoin de chercher le Devenir inconnu ; elle ne suffit pas à lui donner la certitude de cette transformation continuelle des forces qui semblent obéir à une volonté aussi aveugle que persistante ; avec la science, il faut l’amour. On voit aujourd’hui des jeunes hommes qui sont des vieillards ; oui, des vieillards ! A l’âge où ils devraient à peine avoir vécu, ils connaissent toutes les amours - non point l’amour. - Leur jeunesse, leur cœur, leur esprit, leur âme, tout cela semble s’être blasé, fané en un jour ; ils sont tombés dans cette folie de la poursuite de nouveaux plaisirs, de passions dégradantes, et ils sont réellement des vieillards. La morale naturelle éloignera les jeunes hommes d’une oisiveté redoutable pour leur destinée, et leur pensée ne sera plus vide, l’inspiration du mal ne les écartera plus des voies de l’honneur ; cette morale les aidera à vivre sans mauvaises passions, leur fera voir l’humanité sous son vrai jour ; elle les poussera à s’éloigner de ceux qui tenteraient de les entraîner. Ils comprendront que la Force Universelle se résume en une seule force créatrice ; et, de même que l’esprit est un , toujours un, l’amour est un aussi, et l’homme ne doit pas avoir plus d’un amour. Dans les autres sphères, l’amour n’est qu’un composé de deux âmes ; elles arrivent par leur réunion à l’intégral bonheur.

Il y a bien des plaies dans la société. Il arrive bien des cataclysmes qui sont causés par le manque de vraie morale scientifique et naturelle, et parce que des enfants on ne sait pas faire des hommes. Dans l’Inde antique, alors que l’immortalisme était connu par des nations entières, il régnait un âge d’or. Ces temps ont disparu, mais ceux qui les ont connus descendent parmi nous pour aider à ce qu’ils reviennent.

Héroan

Hier

Poésie

Les nouvelles doctrines ne s’établissent pas sans quelque

opposition de la part de la vanité, de l’ignorance et de

l’intérêt.

Diderot

Hier, c’est le passé. Le peuple et les hommes

Sont des troubles d’hier, des clartés pour demain.

Hier, c’est le vieillard devant qui nous ne sommes

Qu’un troupeau d’écoliers qu’il tenait par la main.

Hier, c’était le jour d’une sombre échéance

Où vers l’âme d’amour on tendait un placet ;

Où le doute et l’erreur, réprimant l’espérance,

Ont fondu leur douleur dans le même creuset.

Hier, c’est cette larme à grand’peine séchée.

Hier fut l’abandon, peut-être l’hôpital.

Par une goutte d’eau, c’est la fleur penchée ;

Ce fut l’enfantement et l’angoisse du mal.

Mais hier ! C’est encore au fond du lit de mousse

L’œuf chaudement couvert par un duvet d’oiseau,

La naissance d’un germe où la vérité pousse,

L’école où l’on apprend à tenir un flambeau.

C’est encore l’ouragan qui meurt dans un sourire,

Laissant dans son passage au tonnerre immortel,

Dans le nuage noir qu’il raie et qu’il déchire,

Pour éclairer la route, un rayon d’or au ciel.

Hier, c’est la rançon péniblement payée

Que chacun de nos fils un jour acquittera ;

Le travail entrepris ; ou la faute expiée,

Nous avons payé Dieu ; demain Dieu nous paiera.

Salut, ô jours d’hier ! De notre jeune aurore

Sur tes genoux caducs, ô vieillard, tu pris soin.

Salut à ton soleil ! Fais place au météore

Qui n’a jamais du ciel éclairé qu’un seul coin.

S. D.

Place au peuple

La voix du peuple, c’est la voix de Dieu.

Tablettes d’Hénoch

Sortez de vos sillons obscurs ; soyez des épis égaux, gonflés de vie, qui mûrissent au grand jour de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, sous le soleil de l’amour humanitaire.

Sortez de vos sillons, il en est temps, car l’époque est passée où le produit de la terre féconde a pu être l’apanage d’êtres privilégiés par leur rang, leur fortune, ou par même leur talent. Manifestez-vous, non comme les brebis d’un troupeau, mais comme des hommes ! Ne dites-plus : J’ai choisi ceux-ci pour faire mes affaires, et maintenant je vais me reposer. Ne dites-plus : Il y a des hommes dont c’est la vocation de faire de la politique, c’est-à-dire de diriger les autres hommes. Hommes ! soyez hommes à toute heure. Citoyens, soyez citoyens sans domination. Si vous viviez sans trêve de la vie publique, manifestant incessamment votre impression, votre pensée, soit par des réunions, soit par la presse, soit par de grands mouvements d’opinion portant le caractère des fédérations comme on en vit aux grandes époques ; en un mot, si la démocratie, au lieu d’être une oligarchie à renouvellement temporaire, devenait réellement le peuple, à l’état de vitalité, et de relations perpétuelles, vous n’assisteriez plus aux déplorables désarrois qui se produisent pour peu qu’un péril imaginaire ou sérieux vienne porter le trouble dans la marche des choses publiques.

Si la nation était en état de vitalité réelle, la vie agirait suivant les procédés qu’on observe dans le cœur humain et suivant sa force pour résorber et paralyser les citoyens dangereux ou pour les éliminer comme des éléments morbides ; la nation agirait elle-même par le courant d’opinion qui se produirait et qui serait la volonté du peuple.. Forcément la nation serait ; il n’y aurait pas à craindre un antagonisme entre le peuple et le pouvoir exécutif.

De ces deux pouvoirs, au contraire, sortirait la nation elle-même, puisque, si la vie du peuple était réelle en tant que solidarité, l’action collective qui se dégagerait de ces pouvoirs ne serait autre que l’action exécutive transformée par une nouvelle manière de voir et d’agir. Voilà pourquoi je vous dis : Citoyens, sortez de votre ombre ! Ne dites plus : Je suis trop humble ; il faut laisser faire ceux qui savent les choses de la politique. Non ! La politique, c’est la nation, c’est vous ! Il faut que le moindre atome de la nature révèle sa vie, il faut que chacun se manifeste ; il faut que tous entrent dans la vie sociale. C’est assez d’abdication. La République , ce n’est pas une assemblée de capacités diverses ; la République, c’est la peuple.

Place au peuple !

Saint-Just

Et il n’y aura plus de frontières

Place à ceux qui, sans moins aimer leur patrie,

savent élargir leur affection jusqu’à l’humanité

toute entière.

La Terre bondira sous le baiser des Cieux…

Et la grande pensée humaine et fraternelle

Eteindra les deux bouts du monde avec son aile.

Camille Chaigneau

Je préfère mes amis à moi-même, mes parents à

mes amis, ma patrie à mes parents,

l’humanité à ma patrie.

Fénelon

En ce jour d’un solennel anniversaire[33], c’était au champ des vivants une évocation immense ; aussi le nombre des extra terriens était-il incalculable autour de vous. Tous écoutaient, beaucoup étaient surpris de votre langage, et ceux qui ne croient pas avoir passé dans une autre vie que celle que vous vivez, trouvaient, pour vous qualifier, des propos que vous auriez souffert d’entendre. Ceux-là sont ce que nous appelons les égarés ; ceux-là, sont ceux qui auront leur jour demain. Pour nous, ce jour a été hier, parce que nous sommes plus anciens, parce que nous sommes en même temps plus jeunes - jeunes par l’épanouissement des facultés.

Dans la longue série des siècles que l’histoire offre à vos yeux, jamais la vérité n’apparut aussi grande, aussi accessible à tous, aussi populaire ; elle n’est plus le privilège de quelques-uns, elle est dans le corps social tout entier, elle l’étreint de passion pour le bien.

Pourtant la lutte s’impose encore, car parmi les hommes il en est, hélas ! qui fuient systématiquement la vérité. La foi en l’avenir fait force ; que cette force vous défende ! Aimez-vous ! Aimez-nous ! Nous veillons sur l’œuvre commune, nous allions nos forces aux vôtres ; c’est ainsi que nous avons une plus grande puissance pour semer le bien de l’humanité. Aujourd’hui, l’esprit de jadis aime, et il espère avec vous ; il inspire encore et soutient ceux qui continuent le travail d’émancipation. Que l’on ne regarde donc plus nos fautes ; que l’on considère notre œuvre et le mouvement de progrès qui en est résulté.

Et maintenant ne doutez plus, ne doutez jamais ! La science nouvelle triomphera de tous les obstacles ; c’est le lien de l’avenir qui unira tous les peuples dans un symbole de fraternité. La vérité sera le phare de ralliement. L’univers sera une seule patrie pour les terriens et les extra terriens.

Et il n’y aura plus de frontières, ni sur la terre ni entre les univers.

Saint Just

Paroles d’un Esprit gaulois

Cette communication a été obtenue sans sommeil par une sorte de possession.

Poésie

Les morts ? dites-vous. - Non. - Les saints ? - Pas davantage.

Nous sommes des vivants issus de vos limons.

Entre la terre et nous le travail se partage,

Et nous ne sommes grands que si nous vous aimons.

Frères, ne courbez pas vos fronts sous le mystère ;

Regardez les tombeaux face à face, et debout !

La mort n’est qu’une porte ouvrant sur l’outre-terre :

Ne tremblez pas, - restez hommes fiers, jusqu’au bout !

Ne baissez pas vos yeux sous les vapeurs mystiques ;

Ne vous énervez pas au souffle des encens !

Que les chants des aïeux vous servent de cantiques,

Et que le sang gaulois gonfle vos cœurs puissants !

Car nous sommes les fils des indomptables Gaules,

Du peuple ivre d’espace et d’immortalité ;

Vingt siècles d’esclavage ont meurtri nos épaules,

Mais nous couvions un germe ardent de liberté ;

Et nous, qu’on a ployés sous le joug des conquêtes,

Nous les tristes forçats des Romains et des Francs,

Nous avons su ravir au ciel tant de tempêtes,

Que la terre a tremblé de la chute des grands !

Et nous avons ouvert la voie aux Républiques,

Au règne de justice et de fraternité ;

Nous avons redressé les statures obliques,

Nous avons refait l’homme avec de la fierté.

Debout, amis, debout ! Debout devant les hommes

Debout encore devant les grands esprits de feu !

Debout devant Jésus, qui fut ce que nous sommes !

Debout devant le ciel, et debout devant Dieu[34] !

Et nous serons heureux de venir, âmes libres,

Travailler avec vous en braves compagnons,

Faire passer un souffle embrasé dans vos fibres

Et tracer avec vous les pénibles sillons…

Mais, si vous vous courbiez, passifs, sous nos paroles,

Si la foi, trop aveugle, étreignait votre esprit,

Si vous affubliez notre nom d’auréoles,

S’il arrivait qu’un jour la bassesse vous prît,

Oh ! plutôt que d’entendre une lâche prière

Implorer des faveurs à l’encontre des lois,

Mieux nous vaudrait tarir la source de lumière

Et vous voir jusqu’au bout rouler du sang gaulois !

… Mais nous ne craignons rien ! La liberté vous porte,

Le vent des grands espoirs souffle où vous respirez ;

Et, quand vous évoquez l’invisible cohorte,

Vous ne gémissez pas sur des parvis sacrés ;

Vous nous parlez : vos cœurs se fondent dans les nôtres,

Et nous vibrons de joie en sentant votre amour ;

Oui, le même idéal nous prend tous pour apôtres,

Et le jour qui nous fête est aussi votre jour !

Les morts ! dites-vous. - Non. Les saints ? - Pas davantage,

Nous sommes des vivants sortis de vos limons ;

Et, si l’éclat du feu nous rayonne au visage,

C’est que l’amour nous brûle et que nous vous aimons !

X.

Remerciement aux médiums

Merci aux médiums qui ont bien voulu nous prêter leur concours.

Jusqu’à aujourd’hui la mission des médiums a été toute de sacrifice parce qu’ils sont encore méconnus ; mais leur heure sonnera bientôt, car les savants aident à établir la science de la survie, et la médiumnité deviendra une gloire.

Nous supplions les médiums d’aller au-devant des garanties que l’on pourrait exiger d’eux. Nous les en supplions au nom de la cause et de leur plus grand intérêt, car ces sensitifs auront droit alors au respect de leur médiumnité et à une certaine liberté dans leurs mouvements ; liberté nécessaire, pendant qu’ils sont en trance pour obtenir des phénomènes complets. Que l’on se garde de leur imposer la camisole de force !

Dans le cas d’un examen rigoureux avant la séance, c’est-à-dire déshabiller le médium, visiter la salle où l’on se réunira, s’assurer du degré de confiance que l’on peut avoir dans les assistants, - si les désincarnés font quelque fraude réelle ou apparente, les membres du groupe ne pourront accuser le médium ; de plus, certains détails dans les phénomènes suffiront à les rassurer. Par exemple, si l’apparition a des yeux bleus et que le médium en ait de noirs, suspecter le médium serait montrer par trop de mauvaise volonté, même si, la lumière faite, on trouvait ces soi-disant preuves de fraudes laissées à dessein par nos adversaires de l’espace, dont les forces auraient été soutenues par quelque témoin malveillant ; qu’on cherche consciencieusement la cause de cette fraude, qui n’est pas un phénomène négligeable.

J’ai vu dans la lumière, se produire des étoffes qui s’étendaient, se rétrécissaient et s’élargissaient de nouveau. W. Crookes et autres ont constaté également ce phénomène. Des étoffes fabriquées séance tenante ou apportées, - on accepte bien l’apport des fleurs ! - étaient parfois laissées sur la tête ou sur les épaules de l’un de nous sans qu’il ait pu s’en apercevoir avant que la lumière fût faite.

Il serait prudent aussi de visiter le curieux qui se présenterait pour avoir des phénomènes auxquels il ne croit pas. Une loi établie, l’étant pour tous, ne doit blesser personne. Dans ces conditions, les expérimentateurs sérieux n’interrompront plus les séances et se conformeront aux exigences d’une science nouvelle.

Je ne puis assez conseiller de méditer les enseignements donnés à ce sujet tant dans cet ouvrage que dans les autres qui visent le même objectif.

J’affirme, qu’après des séances bien dirigées, les assistants ressentent un bien-être réel et les plus douces satisfactions physiques et morales.

Toute notre reconnaissance et vive sympathie a ces savants qui dédaignent les fausses gloires et se sentent trop grands pour se laisser garrotter par des préjugés puérils. Leur noble mission sera couronnée de succès.

Rufina Noeggerath

22, Rue Milton,

Février 1897

Table des matières

Préface. 2

Introduction. 4

Préface des extra terriens. 8

But de cette œuvre. 10

Première partie. 13

Relations d’extra terre. 13

Première série. 13

Fluide magnétique, ses applications. 13

Effets du magnétisme humain dans les phénomènes psychiques. 13

Dangers des interruptions et des exigences. 15

Qu’est-ce que le magnétisme ?. 16

Les «  miracles  ». 18

Médiumnité guérissante. 19

Les médecins de l’espace. 22

Hypnotisme. 25

Le pouvoir du charmeur 26

Sur l’emploi des forces magnétiques. 27

Les influences dominatrices. 29

Ce qu’était Cagliostro. 30

Deuxième série. 33

Etudes psychiques. 33

La science et l’amour 33

Projection de la pensée. 34

Le sixième sens. 36

Les rêves. 37

Ma pensée. 38

Les impressions spontanées. 39

Divination. 39

Evocation. 40

Obsession par haine. 41

Les possédés. 42

Obsession par amour 45

Le chasseur de chamois. 45

Troisième série. 48

Principaux phénomènes médianimiques. 48

Eclaircissements sur quelques phénomènes médianimiques. 48

Avis de nos correspondants de l’espace. 50

Une visite à la famille. 51

Ce que devient le moi du médium pendant l’incarnation ou la. 52

matérialisation médianimique. 52

Difficultés de l’incarnation médianimique. 52

La folle. 54

Loi d’oubli 55

Ressouvenirs. 56

Des matérialisations médianimiques. 58

Obstacles aux matérialisations. 61

Les séances manquées. 63

Les apparitions libres. 65

Dans une tempête. 67

Le gouffre du moulin noir 67

L’ange et le berceau. 69

Les châteaux hantés. 70

L’amant des ruines. 72

Mission des sidériens. 73

Quatrième série. 75

Les médiums. 75

Médiums bruns et médiums blonds. 75

Médiums insuffisants. 76

Conseils pour l’exercice de la médiumnité. 76

Nécessité de l’harmonie dans les groupes. 78

Conditions nécessaires à certaines médiumnités. 79

Remarques sur le caractère de certains médiums. 80

Dangers que courent les médiums. 81

La médiumnité est-elle un privilège ?. 82

Utilité de la médiumnité. 85

Un ami invisible à son médium... 86

Cinquième série. 88

Dans l’Inde. 88

Dangers de la domination magnétique. 88

Un médium dans l’Inde. 89

Longévité extranaturelle. 90

Autrefois et aujourd’hui 91

Science oubliée. 92

Raison philosophique de la crémation dans l’Inde antique. 94

La chambre des ancêtres. 95

Le jour de l’an dans l’Inde. 96

L’innommable. 97

Deuxième partie. 99

L’existence sur la terre et dans l’espace. 99

Sixième série. 99

Précédents de l’humanité. 99

Mouvement et vie. 99

D’où vient l’homme. 100

Evolution des animaux. 103

Plaidoyer de Robespierre. 104

L’homme primitif. 105

L’âme des animaux. 108

Les guides. 108

Nos frères inférieurs. 110

Les microscopiques. 111

Les poissons. 113

L’oiseau, l’insecte. 114

Le printemps. 115

Ne soyez pas cruels envers les animaux. 115

Black. 116

Septième série. 118

Mort et réveil 118

La vie et le temps. 118

Phénomène de la mort 118

Respectez la volonté des mourants. 120

Invocation. 121

Les pages du grand livre. 122

L’espérance. 123

Un désincarné inconscient 124

Les réflexions d’un charbonnier 125

Criminelle. 126

Les suicidés. 127

Suicidée. 128

Mort par sacrifice d’amour 128

Mort sur le champ de bataille. 129

La guerre. 130

Mort violente. 131

Fuyez, vains fantômes. 132

Les feux follets. 133

Naufragée. 134

Enterré vivant 135

Désincarné conscient 136

Les grands morts. 137

Huitième série. 139

Vie sidérale. 139

Vie et matière. 139

« Quand l’homme est mort, il vit toujours ». 141

Ce qu’on fait de l’autre côté. 141

Des désincarnés adhérents à la terre. 142

De l’alimentation fluidique. 144

Un sybarite. 145

De la réunion dans l’espace. 146

Une idylle au milieu des tombeaux. 147

Influence réciproque des terriens et des extra terriens. 148

Les désincarnés dévots. 150

Appel aux attardés. 151

Les nomades. 155

Du fond des abîmes. 156

J’attends ma mère. 156

Un extra terrien heureux. 157

Beauté des habitants de l’espace. 158

Les inspirateurs. 159

Les amis invisibles peuvent-ils apporter l’aide matérielle ?. 162

Le protecteur d’un enfant 164

Pendant la nuit de la terre. 165

Les supra terriens pendant les cataclysmes. 166

Ressemblance entre la vie terrienne et la vie sidérale. 167

Quelle heure est-il ?. 169

Dans l’espace. 169

Neuvième série. 172

Mal et progrès. 172

Les voix de la nature. 172

Le pouvoir du progrès. 173

Pourquoi la double vie terrestre et extra-terrestre. 174

L’étape. 174

Le mal 175

Les méchants. 177

Tentation. 178

Pourquoi la souffrance ?. 179

On ne peut haïr quand on aime Jésus. 180

Le crime de Michel 181

La justice c’est le pardon. 183

Influence morale des fluides. 184

On ne peut retomber dans l’animalité. 186

Confession d’un extra terrien. 187

Point de déchéance possible. 188

Dixième série. 191

Réincarnation. 191

Explication d’une parole de Jésus. 191

L’être est libre. 192

Autour de la terre. 194

Les fêtes carnavalesques. 195

Aveux d’un désincarné. 196

Oubli du passé. 197

Hérédité morale. 198

Les incarnations antérieures. 199

Haines de castes. 201

Egalité - fraternité. 202

Néant des grandeurs terriennes. 204

Roi et berger 205

Yves le chevrier 206

Le pêcheur 207

Onzième série. 209

Les mondes. 209

Ce qu’est la « fin du monde ». 209

Transformation. 210

Infériorité de la terre. 211

Lumière sidérale. 213

Pluralité des mondes. 213

L’étoile d’amour 215

A propos des étoiles. 216

Correspondances planétaires. 216

Influence réciproque des planètes. 218

Le progrès dans les mondes. 219

Les humanités avancées. 221

Douzième série. 223

L’amour au-delà du tombeau. 223

Le temps et l’amour 223

Dualité. 223

Amour et mariage. 225

Duo d’amour 227

Frissons d’hiver 228

L’amour sur la terre et l’amour dans l’espace. 229

Sur le bord du fleuve bleu. 230

La lanterne de Saint-Cloud. 231

Connaissez-vous mon bien-aimé ?. 232

L’amour de ma bien-aimée. 233

L’exilé. 234

Le rêve du croque-mort 235

Remords. 236

Les âmes épouses. 237

Ralph et Milly. 238

A l’âme épouse. 240

Troisième partie. 242

L’humanité à la recherche de la Vérité. 242

Treizième série. 242

Dieu et les religions. 242

Cherchez la vérité. 242

A travers les âges. 243

Les dieux. 245

De la divinité. 246

L’infini 248

Les secours du ciel 248

Principe de vie. 250

Dieu, c’est l’amour 252

Jésus à Dieu. 253

Quatorzième série. 254

Cultes et croyances. 254

Origine des cultes. 254

Les sacrifices sur les autels. 256

Aimez Jésus, ne l’adorez pas. 258

Le Fils de l’Homme. 259

Religions et néantisme. 260

Catholicisme et animisme. 262

Persécutée par les prêtres. 265

La mort, le jugement, le paradis, l’enfer 266

Le paradis des religions. 266

Le ciel des messies. 268

Vérité. 269

Aux prêtres. 270

Une religieuse. 272

Contre les cultes. 272

Haut les âmes ! 274

Quinzième série. 276

Fanatisme et despotisme. 276

Le joug des religions. 276

Les couvents avant la révolution. 278

Un esprit de voile. 279

Les sorciers. 280

Une sorcière. 281

A propos de la communication chez les Israélites. 283

Les juifs. 284

Le prêtre et la juive. 285

Protestation de Jeanne d’Arc. 286

Evocation des enfants des Cévennes et de Louis XIV.. 288

Prophétie. 290

Seizième série. 292

Les messies. 292

Un regard en arrière. 292

Un novateur 294

Les prophètes d’autrefois. 295

Le plus grand des messies. 297

Jésus se sacrifie à la terre. 298

Naissance de Jésus. 300

Chant de Noël 301

Un anniversaire de Noël 301

Evoquez Jésus. 301

Appel à Jésus. 302

Venez à moi, vous qui souffrez. 302

Noël 303

Au nom de la convention. 303

Il passa en faisant le bien. 303

Les rameaux. 304

La Pâque. 305

Sur la croix. 306

Pardon ! 309

Le tombeau du Christ 310

Le catholicisme n’est pas la cause de Jésus. 311

Dix-septième série. 314

La voie. 314

Régénération. 314

L’étude de l’avenir 315

La mouette. 318

Chercher le vrai sentier 318

Education des enfants. 319

L’arbre de Noël 320

L’âge viril, la vieillesse. 322

Les hommes de l’âge de pierre. 323

Comment diriger sa vie. 325

Hier 327

Place au peuple. 328

Et il n’y aura plus de frontières. 328

Paroles d’un Esprit gaulois. 329

Remerciement aux médiums. 331


[1] « Vivre la vie » est une expression familière à nos orateurs d’extra terre. Ils disent aussi « dormir la vie, etc. ».

[2] N’est ce point la le vrai symbole de la charité.

[3] Cette communication a été donnée longtemps avant l’Ame des choses.

[4] L’échelle des conditions sociales et celle du progrès moral n’ont rien de commun.

[5] L’Inde antique a été la plus grande école du monde.

[6] Amour-fluide.

[7] Jésus dit : « Avant qu’Abraham fût » et non avant que l’humanité parût sur la terre, il ne voulait donc pas faire entendre qu’il était la Divinité.

[8] Il nous a été dit maintes fois que les très grands sidériens ne peuvent supporter le bruit ni le contact des métaux ; ils enlèvent même les bijoux que le médium porte sur lui.

[9] Voir Liana : Les Guides des animaux. Précédents de l’humanité.

[10] Quelquefois, cela vient d’un Inspirateur. L’un de ces enfants me confia que c’était sa mère qui lui dictait des chiffres, voulant ainsi venir à son secours dans sa misère.

[11] On apprécie plus justement dans l’espace l’utilité de certaines incarnations laborieuses.

[12] Voir les Humanités dans les planètes.

[13] Voir Lumen de C. Flammarion.

[14] Il se peut aussi qu’il n’y ait dans un amour éphémère qu’une réminiscence d’une union du passé, d’une brûlante passion d’autrefois, ou qu’on prenne pour l’amour ce qui n’est qu’une sympathie familiale.

[15] Le médium était un homme.

[16] C’est une ambition particulière à l’enfance : Devenir Grand « Oh ! quand je serai grand. »

[17] Chacun sait que la croyance essentielle du catholicisme, celle qui le différencie des Eglises protestantes, est le dogme de la transsubstantiation. Ce dogme enseigne que l’hostie, une fois consacrée, contient réellement la chair et le sang de Jésus-Christ. Au point de vue de cette religion, il ne s’agit donc pas d’un symbole, comme quelques catholiques, hérétiques inconscients, se le figurent. « Si Jésus est réellement dans l’hostie, ne le mangez ni ne le digérez ! » Les Messies Esséniens.

[18] Nous savons déjà, par d’autres communications et d’autres médiums, que les incarnations inférieures diminueront en mesure de l’extension des lumières intellectuelles.

[19] Quand les principaux sacrificateurs et les sergents le virent, ils s’écrièrent : Crucifie-le, Crucifie-le ! Jean, XIX, 6.

[20] Il est évident que voltaire s’adresse à la papauté et non à un pape quelconque.

[21] Ed. est un désincarné familier du médium qui prépare les fluides avant le séances.

[22] Décembre 1885.

[23] Ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, mais ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés être les enfants d’Abraham. Rom., IX. 8.

[24] Dans son affreuse agonie, Jésus sur la croix, contemplant sa mère abîmée dans sa douleur, trouva encore, dans son amour filial, la force de la recommander à Jean, son plus fidèle apôtre.

[25] Jésus rappelait aux Hébreux cette parole de la loi « Vous êtes des dieux » Jean, X,V, 34.

[26] Tous les prophètes ont été persécutés, et Jésus lui-même ne dit-il pas un jour : « Mais maintenant vous cherchez à me tuer, moi, homme, qui vous ai dit la vérité. » Jean, VIII, 40.

[27] Il ne rompra point le roseau froissé, il n’achèvera pas la mèche qui fume encore. Essaie.

[28] Et ses frères lui dirent : Pars d’ici et va-t-en en Judée, afin que tes disciples voient aussi les œuvres que tu fais. Car personne ne fait rien en cachette quand il veut agir franchement. Puisque tu fais ces choses, montre-toi toi-même au monde. Car ces frères mêmes ne croyaient pas en lui. Jean, VII, 3, 4, 5.

[29] C’était un anniversaire de Noël.

[30]Dans les récentes publications d’évangiles on a écrit: Héli, et on a traduit ce mot par: Mon Dieu, - orthographe et traduction fantaisistes et arbitraires. Par un de nos médiums, Fénelon nous a dit : « Si Jésus avait crié à Dieu, il aurait dit : Mon père. S’il a dit : Elie, c’est qu’il pensait à Elie, à qui il s’était confié pour cette incarnation de messie. » En jetant vers Elie ce cri si humain : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » Jésus montrait l’effroyable souffrance morale qui le faisait agoniser autant que la douleur physique.

[31] Nous avions parlé la veille, chez M. Joly de M***, de l’époque de la pierre polie et de la nourriture des hommes de ces temps. Le médium était absent.

[32] Ceci fait tomber à néant le dogme catholique enseignant que Dieu permettra à l’esprit des ténèbres de prendre la forme d’un ange lumineux pour mieux séduire ses créatures et les entraîner aux enfers. Il faudrait donc admettre une complicité révoltante entre Dieu et le diable, et ce dernier ne serait que le valet-bourreau de Dieu le Père ! A quoi bon alors le crucifiement du Fils Unique pour sauver les hommes ?

[33] Anniversaire de la mort d’Allan Kardec.

[34] Par « Dieu » il faut entendre ici le principe d’amour, ou d’une manière plus concrète la communion libre des êtres parvenus à l’état d’harmonie par l’amour.