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sexta-feira, 26 de agosto de 2011

Survie et Métamorphoses-Colette et Georges Tiret

 

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Colette et Georges Tiret

Survie et Métamorphoses

L’âme et ses métamorphoses

Le corps humain est le siège de phénomènes électromagnétiques encore inconnus et dont nous ne percevons que certains effets sans en connaître les causes. Notre ignorance de la vie cellulaire est telle que nous sommes, jusqu’à présent, incapables d’expliquer en quoi consiste par exemple le sommeil, phénomène qui pourtant rythme notre existence journalière, et que nous en sommes réduits à des hypothèses sur le fonctionnement des centres supérieurs de notre système nerveux. L’homme demeure encore pour nous une énigme. Quant au problème de la mort, il reste un sujet d’effroi.
Des siècles de recherches biologiques ne nous ont guère permis d’étancher notre soif de connaissance et force nous est de constater qu’en ce domaine tout spécial les techniques de laboratoire auxquelles nous avons eu jusqu’ici recours se sont révélées insuffisantes et ne nous ont permis que des progrès extrêmement lents.
N’est-il pas légitime, des lors, de se demander si nous ne devons pas réviser nos méthodes de recherches ? N’y a-t-i1 pas, tout au moins, la possibilité de recourir à d’autres méthodes d’investigations ?
C’est à cette interrogation que répond une discipline nouvelle, issue de l’expérimentation médiumnique et qui, en tant que doctrine scientifique, Se donne pour objet essentiel l’étude des phénomènes électromagnétiques du corps humain et leur explication pas la recherche des lois qui les régissent. Sa méthode d’investigation, essentiellement expérimentale, consiste à aller directement à la source puiser ses éléments d’information dans un tête-à-tête particulièrement audacieux, il faut en convenir, avec les forces intelligentes qui se révèlent aux cours des manifestations psychiques.
Dans ce but, elle utilise les ressources d’un médium, c’est-à-dire d’un être dont l’influx nerveux est tel qu’il lui permet, dans certaines conditions requises, d’émettre et de recevoir des ondes électriques en dehors de toute volition, autrement dit de se comporter comme un poste de radio.
Pourquoi se récrier ? Chaque état présente ses anomalies et, de même que l’entraînement de l’athlète aboutit à une hypertrophie de sa musculature, état musculaire second, l’entraînement; du médium lui permet d’accéder à un état psychique second susceptible de retenir au plus haut point la curiosité avide du chercheur.
Dans cet état second le médium, qui a poussé loin de lui une véritable antenne fluidique, parvient à prendre contact avec un monde différent du nôtre, non soumis aux même lois de la nature, et peuplé d’êtres avec lesquels il est possible de communiquer. Ces êtres ont une existence réelle sans que cette existence soit concrétisée par un corps semblable au nôtre. Leur forme nous demeure invisible parce qu’elle suppose, dans sa constitution intime, une gamme de vibrations que la rétine humaine ne parvient pas à fixer. Quant à leur comportement, il varie à l’infini et paraît dépendre essentiellement de leur évolution spirituelle.
La difficulté, pour l’humain n’est point du reste de correspondre avec ces entités mais bien de faire un choix parmi elles. Il apparaît bien vite à l’expérimentateur que celles qu’il a généralement “ au bout du fil ” sont de la plus basse catégorie et qu’il ne peut tirer aucun profit spirituel de leur commerce sinon celui de prendre conscience de la réalité de la survie. On ne communique aisément qu’avec des entités inférieures, peut-être parce qu’elles sont les plus proches de nous et errent dans notre atmosphère. C’est ce qui explique la médiocrité et la banalité de la plupart des communications spirites.
Mais si l’expérimentateur sait s’imposer l’effort nécessaire, s’il peut s’élever spirituellement, autrement dit s’il le mérite, il parvient alors à atteindre d’autres couches de l’astral où vivent des êtres plus évolués. Plus ces êtres sont évolués, plus il faut s’élever à eux pour obtenir leur audience. Autant les êtres inférieurs paraissent désireux de se manifester à nous, autant les entités supérieures nous témoignent un éloignement justifié sans doute par la vanité d’un pareil effort.
Cette audacieuse exploration de l’astral, si elle nous fait éprouver les émotions intenses de celui qui s’aventure sur la “ terra incognita ” a également le mérite de constituer une méthode scientifique puisqu’elle repose essentiellement sur l’expérimentation et que les résultats apparaissent constants quelles que soient les conditions de temps et de lieu dans lesquelles on opère.
La science psychique n’a pas un siècle d’existence et ces adeptes ont payé à l’origine le lourd tribut de sarcasmes infligé de tous temps aux précurseurs. D’ores et déjà cependant, les concepts qu’elle révèle aux chercheurs sont de nature à faire craquer le cadre de nos connaissances biologiques. Dépouillée de toute religiosité, elle apparaît comme une science d’avant garde dont l’objectif essentiel est la découverte du fait nouveau pour permettre ensuite au biologiste et au physicien d’en contrôler plus aisément la réalité par un travail de laboratoire.
Mais si l’investigation médiumnique aide au progrès des sciences en éclairant au loin la route du chercheur, elle est étroitement solidaire des autres branches de la connaissance dont les progrès, à leur tour, la fortifient sans cesse. La découverte des ondes hertziennes et de la télévision, les études récentes sur l’influx nerveux, les spéculations sur la désintégration de l’atome, toutes ces pages nouvelles du progrès viennent, les unes après les autres, démontrer l’admissibilité, ou même la réalité suivant le cas, de phénomènes que la recherche psychique, depuis longtemps déjà, avait mis en avant.
En un siècle où la structure de l’atome révèle la plus tourbillonnante des énergies dans l’infiniment petit de la matière, il n’est plus possible de nier à priori qu’un champ électromagnétique puisse survivre à la destruction des cellules qu’il enserre — ce qui est le fondement même de la survie — ou que les neurones de l’encéphale puissent émettre et recevoir des ondes électriques — ce qui explique nos rapports radiants avec le monde désincarnés.
Nous commençons à soupçonner que nous vivons dans un Univers uniquement composé d’ondes, nous commençons à comprendre que nos sens de la vision, du toucher, ne nous donnent du décor de la vie qu’une image apparente, qu’il n’est plus possible de se réfugier dans un matérialisme trompeur alors que la matière, en apparence la plus inerte, n’est qu’une masse grouillante de particules électriques en mouvement. Le mérite de la science psychique est de nous faire entrer de plein pied dans ce domaine des radiations et de tendre constamment ses efforts en vue de jeter un pont entre la matière et l’esprit.
La première interrogation que nous sommes amenés à poser, par la force même des choses, aux entités lors de l’expérimentation est de savoir si l’âme représente une réalité et si elle survit à la mort du corps. La réponse est invariablement affirmative. Il est par contre très difficile d’obtenir des renseignements sur la nature “ physique ” de l’âme et sur son comportement dans l’au-delà. Il faut bien comprendre en effet qu’en tant qu’êtres incarnés, nous vivons dans un moule à trois dimensions — celles du volume — et que notre intelligence est rivée à la cellule animale.
Nos concepts de la matière, du temps, de l’espace sont purement relatifs, valables pour notre seul milieu, en un mot à l’échelle même de notre structure organique. Il faut donc à l’expérimentateur une longue persévérance et surtout un grand effort d’abstraction pour parvenir à traduire, dans un vocabulaire imparfait, les réponses qui sont faites à ses pressantes interrogations.
L’on a pris l’habitude, en psychisme, de définir le périsprit comme l’enveloppe fluidique de l’âme. Ce n’est en réalité qu’une commodité de langage car périsprit et âme ne font qu’un. Mais nous nous représentons mieux l’âme, semble-t-il, en lui donnant ainsi un support physique que nous détachons de son abstraction pour les besoins de la cause.
De toute façon, l’expérimentation médiumnique nous révèle que le périsprit survit à la mort du corps et qu’il affecte ordinairement une forme ovale qui rappelle les contours humains.
Tout ce que nous pouvons concevoir de lui est qu’il constitue un champ électromagnétique doté par conséquent de deux pôles, l’un positif, l’autre négatif. Ces pôles se situent vers son sommet et sont reliés entre eux par les lignes de forces qui apparaissent dans tous les phénomènes d’aimantation.
Conséquence du phénomène d’aimantation, un courant électrique d’induction parcourt le périsprit en circuit fermé. Courant ascendant dans la partie positive du champ, descendant dans sa partie négative. Courant giratoire et continu qui vibre ainsi perpétuellement en circuit fermé.
Champ magnétique et giration incessante, nous retrouvons ainsi pour le périsprit ces deux vérités premières qui sont à la base de tous les phénomènes de la nature, depuis l’infiniment petit de la matière, avec la gravitation des électrons au sein de l’atome, jusqu’à l’infiniment grand du cosmos, avec la valse inlassable des planètes autour d’un proton solaire.
Mais le périsprit représente une valeur sans cesse en accroissement en ce sens qu’il est soumis, au cours de sa vie astrale, à une loi de poussée, d’évolution dont l’ampleur lui permet, simple monade électrique à ses origines, de retourner, après des millénaires, accru, magnifié au sein de Dieu. Cette loi d’évolution le fait passer alternativement de l’état éthérique à l’état incarné et vice versa. Ce sont là les deux temps d’un mouvement continu de poussée, de progrès qui meut le périsprit au cours du cycle de ses réincarnations.
Il est certain qu’Henri Bergson ne croyait pas si bien dire lorsqu’il comparaît la vie à une création qui se poursuit sans fin en vertu d’un mouvement initial. Et comme nous sommes loin de soupçonner l’interdépendance de ces deux milieux dans lesquels l’âme plonge tour à tour au rythme de la naissance et de la mort des cellules qu’elle anime ! Nous ne percevons de la vie, nous humains, que son reflet, sa projection dans le monde sensible. Ainsi le poisson conçoit seulement la partie immergée de la roue du moulin.
Autre constatation non moins remarquable : au cours de son évolution astrale le périsprit augmente de volume et diminue de densité. Loi paradoxale certes, à première vue, que celle où le volume augmente lorsque la densité s’allège. D’autre part le nombre des cellules électriques s’accroissent avec le volume, les radiations qui émanent du périsprit sont de plus en plus fortes, ce qui équivaut dans le monde désincarnés à une luminosité de plus en plus intense. Nous comprendrons ainsi pourquoi, dans certains de leurs messages, les désincarnés nous déclarent ne pouvoir supporter l’éclat de certaines entités qui s’approchent d’eux.
Le croquis ci-contre , obtenu par l’intermédiaire d’un médium an cours d’une séance d’expérimentation, illustre parfaitement ce qui vient d’être dit. Le croquis de gauche (petite forme sombre) représente un périsprit au début de son évolution dans le cycle humain. Il n’a encore vécu que quelques vies humaines au sein d’une tribu primitive. Tout proche de son ascendance animale, il est mû, avant tout, par des instincts naturels, simples et brutaux. Ce périsprit est petit et lourd, de lui n’émane presque aucune luminosité. Son contour extérieur rappelle très sensiblement la forme du corps humain qui fut sa dernière incarnation.
Le croquis de droite (grande forme plus claire) représente ce qu’est devenu le même périsprit après 800 ou 900 vies successives, c’est-à-dire après un saut dans le temps qui l’approche de la fin de son évolution. Arrivé à ce stade, son champ magnétique est environ quatre fois plus volumineux que précédemment. Sa densité s’est considérablement allégée et il émane de lui une intense luminosité. Sa forme n’a plus aucun rapport avec celle de l’humain ce n’est plus qu’une fluidité ovale, renflée par endroits et qui, du reste, sous la puissance de son désir créateur, peut alors prendre toutes les formes, revêtir tous les aspects.
Dans le premier cas nous avions donc pour le volume, la densité et la luminosité le rapport suivant : V +D = 1. Dans le second cas, la formule devient :    V+ d = L
C’est du reste ce rapport volume - densité de notre champ magnétique qui, selon les désincarnés, détermine l’espace sidéral dans lequel, automatiquement, notre âme a la possibilité d’évoluer après la mort, espace qui s’analyse lui-même en une portion du champ magnétique du cosmos.
Ensemble de vibrations, le périsprit retrouve alors son milieu propre, essentiellement électrique ; il est adapté au milieu. Au contraire, la vie cellulaire ne peut se concevoir en dehors de l’atmosphère protectrice d’une planète en raison du froid intense, voisin du zéro absolu, de l’espace et des rayonnements ultra violets et cathodiques destructeurs de tout germe végétal et animal.
Nous avons dit, plus haut, que le périsprit était assujetti à une loi d’évolution qui le faisait passer alternativement de l’état éthérique à l’état incarné et vice-versa. Toujours grâce aux données de l’expérimentation psychique, nous allons, maintenant nous efforcer de décrire ce double phénomène par lequel le périsprit s’incarne au corps pour ensuite se désincarner.
Le phénomène d’incorporation est celui que nous appelons, nous humains, la naissance. Pour le périsprit, au contraire, cette descente dans la chair équivaut à la mort car il quitte alors son milieu propre, éthérique.
Sous l’empire de quelle force, de quelle loi naturelle le périsprit est-il ainsi amené à changer de milieu ? Prenons le cas d’une âme moyenne. De par le volume de son champ et de son poids, elle évolue dans l’astral à un niveau intermédiaire et ses possibilités d’action – immenses par rapport à nous, humains – sont néanmoins limités comparativement à d’autres entités, tant il est vrai que tout est relatif. Ce que nous appelons le temps s’écoule et le futur, qui est déjà crée sous forme d’énergie cosmique, fait sans cesse défiler, dans l’espace astral que notre âme hante, les destins auxquels elle peut prétendre.
Elle contemple d’abord avec indifférence, inertie, ces schémas sur lesquels, une fois incarnée, elle pourrait broder avec son libre arbitre une vie de plus dans la longue chaîne de ses existences antérieures. Un jour pourtant l’intérêt s’éveille. L’entité se souvient de la terre. Elle pense qu’il y avait malgré tout certaines joies, qu’elle pourrait choisir tel destin ou tel autre et qu’à sa désincarnation elle pourrait ainsi monter plus haut, se trouver mieux placée sur cette échelle astrale dont elle n’occupe, pour le moment, qu’un degré moyen.
Bref, curiosité des choses de la Terre, vieux souvenirs mal réveillés et puis surtout loi dévorante du mieux. Instinct créateur puissant, l’équivalent de l’instinct de conservation chez l’être incarné. Mieux faire, devenir meilleur, loi morale. Reconsidérer l’endroit où l’on végète, contempler au-dessus de soi des êtres infiniment plus aériens et souffrir de son poids, en souffrir comme souffre dans la chair un homme blessé, souffrir de son poids, en souffrir comme d’un mal physique. Ressentir son poids : inexplicable pour nous, telle est la loi naturelle de la réincarnation obligatoire.
L’entité veut s’élever, elle n’y parvient pas et son essence s’en trouve meurtrie. La souffrance devient insupportable. Il lui apparaît maintenant que ne plus progresser, c’est déchoir. Il lui faut abréger ce supplice à la fois physique et moral.
Vite, Psyché, penche-toi sur ce futur qui s’offre à toi. Es-tu courageuse ? Les plus diverses épreuves se présentent à tes sens aiguisés. Certes, c’est ta souffrance que tu vas désigner, mais tu le sais, tu as la merveilleuse connaissance. Tu sais que tu iras ensuite plus haut, plus prés de ce foyer divin auquel tu aspires sans cesse. Et qu’est-ce en somme qu’une vie humaine, même pénible ou lamentable ? Un instant dans l’infini de la nature, le temps pour une perle de rosée de devenir étale et d’être à nouveau absorbée par la terre nourricière.
Avec sa connaissance, Psyché a accepté, a désiré revivre et bientôt sa réincarnation va assombrir son universelle intelligence.
Nous avons pris, jusqu’ici, le cas d’une âme déjà évoluée. Pour elle le choix du destin constituait un grave problème sur lequel elle s’est longuement penchée, choisissant avec soin sa condition sociale, ses épreuves, son milieu en harmonie avec ses affinités. Rien de tout cela pour une âme basse au début de son évolution. La vie éthérique ne présente pour elle qu’un intérêt très relatif ; son champ magnétique n’est pas épanoui et ne participe qu’imparfaitement aux possibilités de son milieu. Loin des radiations qui baignent les autres périsprits, elle veut sortir de l’opacité dans laquelle elle végète. Elle n’a guère le choix de son destin. Du reste, l’appel de la chair est très vif en elle et elle se rue à la vie.
Arrivons-en, maintenant, au phénomène proprement dit de l’incorporation du périsprit lors de la naissance d’un être. Il convient de distinguer deux phases : la phase prénatale et celle post-natale.
1. La phase prénatale. Le périsprit commence à guetter sa future mère, à hanter son milieu. Vers le quatrième mois de la gestation, il commence à pénétrer, d’une façon intermittente, dans le corps de la mère, à habiter le fœtus, à en surveiller la formation, à s’habituer en un mot à sa future demeure. Il en éduque peu à peu le système nerveux, le fait mouvoir et l’on enregistre alors les premiers tressaillements.
Cette phase prénatale s’analyse en un bain fluidique du fœtus, de l’extérieur. Mais le fœtus est encore trop petit pour contenir le périsprit, d’où obligation pour le champ magnétique de l’âme de se former en long cordon fluidique, de s’amincir en fuseau dont une extrémité, pénétrant par les fosses nasales ou la bouche de la mère, parvient au fœtus, l’enveloppe, l’oblige à essayer ses fonctions balbutiantes.
C’est une période ingrate pour l’âme, rebutante même en raison de la paresse de cette chair presque inerte qui baigne dans des humeurs qui amoindrissent le pouvoir fluidique de cette fraction du périsprit. Le champ magnétique vibre toujours en circuit fermé mais sa continuité est altérée par les agitations de la mère, par son influx personnel, d’où interférences qui entravent l’action dans le fœtus.
De préférence l’âme choisit la nuit, où le sommeil de la mère permet un travail plus facile, plus rapide, plus efficace. Le rôle du périsprit, dans cette première phase, est essentiel : il consiste à veiller à la conformation du fœtus et de la plupart des cas les enfants qui naissent anormaux sont ceux qui n’ont pas été visités assez tôt par leur âme indifférente ou qui s’est dérobée à sa tâche.
D’autre part, c’est par cette intermittente habitation du cerveau que le périsprit connaît sa futur demeure et s’habitue au mécanisme complexe des centres nerveux de l’encéphale.
2. La phase post-natale. Le périsprit qui est fréquemment entré dans le fœtus lors des derniers délais le séparant de la naissance, est le plus souvent dans le corps du nouveau-né lors de l’accouchement. Il anime de la sorte cette chair neuve de soubresauts qui aident la délivrance. Ce n’est point obligatoire mais peu de périsprits, paraît-il, se dérobent à ce devoir.
Si le petit corps n’est pas habité par son âme avant de voir le jour, dès la manifestation de la vie, le périsprit s’incarne en lui en pénétrant par le nez ou la bouche longuement ouverte car l’enfant crie toujours en naissant. Il envahit alors l’encéphale, son habitat le plus intime, puis, glissant sur la double chaîne des ganglions du grand sympathique auxquels il “ noue ” son champ magnétique, il se répand dans l’ensemble du système nerveux cérébro-spinal.
Mais cette incarnation n’est pas encore définitive et l’âme va profiter des longs sommeils de l’enfant pour quitter ce petit corps vagissant qui ne la tente guère encore. Après le douzième ou le dix-huitième mois au plus tard, elle ne se retire plus que la nuit. Puis, peu à peu, ses possibilités anciennes s’affaiblissent, elle perd le souvenir de sa vie astrale avec les exigences accrues d’une vie cellulaire plus active. L’évasion de sa demeure charnelle ne sera plus, bientôt, qu’un phénomène accidentel de sa vie terrestre.
S’en est fini avec ce stade transitoire et vraiment singulier au cours duquel le périsprit, aux frontières de la vie éthérique qu’il ne parvient pas à oublier, s’accoutume progressivement aux manifestations premières de son existence humaine.
Il va maintenant recommencer une fois de plus, et sans même s’en douter, les gestes millénaires.
Sur le canevas de son destin il va, de son libre arbitre, broder une nouvelle vie humaine. Et cette broderie sera plus ou moins réussie.
Avant de renaître, au verso de la vie, il avait choisi son destin de chair. Durant son incarnation il va créer par son comportement, le climat futur de sa vie éthérique.
Et nous voici maintenant, au second temps du mouvement évolutif du périsprit, c’est-à-dire au phénomène de désincarnation par lequel, de nouveau, le périsprit va changer de milieu. Après la naissance, la mort.
Nous sommes amenés, pour ce phénomène inverse du premier, à nous poser la même interrogation. Sous l’empire de quelle force, de quelle loi naturelle le périsprit est-il ainsi amené à retrouver son ancien milieu ?
Nous ne percevons que ce que nos sens nous permettent de déceler. Le problème de la vie nous échappe parce que nous n’avons pu encore détecter l’apport énergétique extérieur qui le conditionne. La force vitale cependant ne peut se manifester, ni même se concevoir, sans la conjonction des radiations cosmiques et du plasma de la cellule, sans cette imprégnation, ce bain énergétique dans lequel la vie grouille, larvaire ou sublimée par l’esprit.
Le futur est déjà créé, avons-nous dit plus haut, et avant de renaître à la vie cellulaire l’âme a choisi son destin. Comprenez par-là qu’elle s’est branchée à ces radiations cosmiques qui vont déterminer les étapes principales de son existence humaine et notamment l’époque de sa mort.
La mort survient lorsque la pile humaine est débranchée, autrement dit lorsque les radiations énergétiques du futur, du destin ne prodiguent plus leur charge indispensable, ne l’alimentent plus. Il s’agit là, au demeurant, d’un phénomène fort complexe qui méritera ultérieurement notre attention.
Nous allons envisager le cas le plus fréquent : la mort d’un être après une maladie de quelques jours. L’âme sait qu’elle doit partir et le corps voit décroître son potentiel électrique, énergétique.
Le périsprit doit se séparer de la chair, s’arracher aux fibres nerveuses qu’il tapisse suivant un processus inverse de celui de la naissance, c’est-à-dire en remontant la double chaîne ganglionnaire du grand sympathique pour ne quitter l’encéphale qu’en dernier lieu. Le corps, malade, est secoué par la douleur ou affaibli par le jeûne ou la fièvre, et l’âme va guetter chacune de ses défaillances pour saisir le moment opportun de son évasion. Elle a commencé à percevoir l’infini et ses sens de l’au-delà s’éveillent à nouveau. Elle prend peu à peu en horreur ce corps qui constitue une entrave, un poids avilissant.
D’une part elle perçoit des désincarnés qu’elle avait aimés au cours de ses vies antérieures et qui se sont réunis au-dessus d’elle pour l’accueillir, d’autre part elle est en lutte avec ses appétits terrestres qu’elle n’a pas encore perdus et elle contemple avec émotion ceux qu’elle va quitter et dont la douleur la freine.
L’âme est lourde, tiraillée, douloureuse : les soubresauts du corps la gênent. Le coma s’annonce ; il s’accompagne d’un grand malaise physique, de nausées, de sueurs, de vertiges. C’est la dernière lutte de l’âme qui doit s’évader de sa prison charnelle, qui s’affaire pour partir, qui guette le moment propice.
Le corps étant généralement horizontal, le champ magnétique du périsprit se déforme, s’étire en un fuseau de molécules électriques et cherche l’issue la plus favorable : la bouche ouverte, les narines, les oreilles ou les yeux, mais toujours le haut du corps. Le faisceau s’élève. Parfois dérangé par les soubresauts de la chair, il rentre à nouveau puis recommence son opération de sortie.
Enfin, après un arrachement qui est peut-être la sensation la plus concrète, la plus physique à laquelle l’âme participe, le champ magnétique en entier parvient à s’évader, abandonnant ce corps en coma qui se débat dans son râle et ses spasmes, conséquence de la déflagration électrique des cellules qui se vident brusquement en expulsant leur charge.
Alors le périsprit, délivré, se dilate. Il flotte, horizontal, quelque temps au-dessus de son corps et du cercle familial. Un cordon fluidique le relie parfois à son corps et finit tôt ou tard par se rompre. Le périsprit a repris une forme dont les contours rappellent ceux de l’humain et dans cette enveloppe fluidique la pensée demeure.
Enfin il s’élève, vertical. Une véritable force l’aspire. Accompagné généralement d’autres entités qui sont venues l’accueillir, il monte dans l’éther jusqu’à ce que sa densité s’accorde avec celle de son milieu naturel.
Sur la lutte et l’ennui, Psyché a clos ses yeux de chair. Hors des griffes du temps et des douleurs humaines, de nouveau heureuse et sereine, elle participe à l’infini.

Les phénomènes électromagnétiques du corps humain

Depuis l’infiniment petit, avec la ronde inlassable des électrons au sein de l’atome, jusqu’à l’infiniment grand, avec la gravitation des planètes autour du soleil, tout n’est que giration, giration perpétuelle et de tout car tous les phénomènes grands et petits présentent le même support : le champ magnétique clos et vibratoire. Ne doutons pas que le concept du champ finira, dans quelques générations, par constituer le phénomène de base, en physique comme en biologie, et qu’il symbolisera, par ses lignes courbes, le problème de la connaissance.
L’être humain n’échappe pas à cette règle universelle et, tout comme la cellule animale dont il est formé, constitue, lui aussi, un champ magnétique clos et vibratoire. On est parvenu en biologie, grâce au myographe, à mesurer la vitesse de propagation dans un nerf du courant électrique qui le parcourt et que l’on a pris l’habitude d’appeler l’influx nerveux. Mais l’ensemble du phénomène échappe encore à nos investigations classiques de laboratoire.
L’expérimentation médiumnique nous permet de faire un pas en avant dans le domaine en nous révélant que cet influx n’est autre que l’électricité humaine et qu’il se présente sous la forme d’un vaste circuit qui parcourt tout le système nerveux. Il émane de l’encéphale qui, avec ses cellules supérieures et ses neurones, constitue par excellence la centrale électrique, la dynamo du corps humain.
Pour mieux situer ce phénomène électromagnétique parmi ceux du même ordre qui régissent le corps, il nous faut, tout d’abord, rappeler que la vie n’est possible que grâce au périsprit qui tapisse le système nerveux de son réseau fluidique. Sans lui, le corps ne serait qu’un amas de chair inerte. Le périsprit, nous l’avons vu, constitue un champ magnétique qui comporte un pôle positif et un pôle négatif reliés entre eux par les lignes de forces habituelles dans tout phénomène d’aimantation. Du fait de cette aimantation, le périsprit est parcouru par un flux électrique induit en circuit fermé.
L’intégration du périsprit au corps, lors de la naissance, a pour effet de doter ce dernier des deux pôles dont il vient d’être question. Au niveau de l’épaule droite, nous trouvons le pôle positif ; au niveau de l’épaule gauche, le pôle inverse, c’est-à-dire négatif. Les lignes de force reliant les deux pôles débordent du corps humain comme elles débordent des contours du périsprit. Mais alors que dans le périsprit nous trouvions un courant induit en circuit fermé, ascendant dans la partie positive du champ et descendant dans la partie négative, l’influx nerveux du corps humain tourbillonne en sens contraire.
Pour résumer, nous dirons qu’une double cause produit un double effet. D’une part l’aimantation bipolaire du périsprit produit un courant induit dans un sens déterminé, d’autre part l’intégration du périsprit au corps produit un influx réflexe, émanant du système nerveux proprement dit en sens inverse du précédent.
Analogie curieuse avec la circulation sanguine artérielle et veineuse, les fluides du corps humain présentent deux coloris distincts : rougeâtre pour l’influx positif de droite, bleuâtre pour L’influx négatif de gauche.
Le système nerveux n’arrive du reste pas à contenir son énergie électrique et l’influx s’irradie autour du corps, le baignant d’une couche électrique qui présente en moyenne quatre ou cinq centimètres d’épaisseur. Le corps se trouve ainsi enveloppé d’un flux éthérique légèrement ondulé et qui en épouse les formes. Véritable brouillard de molécules électriques qui se déplacent dans un sens giratoire immuable.
Inexistant dans le fœtus où l’influx de la mère y supplée, faible chez les enfants, l’électricité humaine n’acquiert son potentiel normal que vers la quinzième année, c’est-à-dire avec le plein développement du système nerveux. Elle est, du reste, étroitement solidaire de ce dernier et l’usure nerveuse qui se manifeste lors de la vieillesse fait décroître l’intensité de l’influx. La pile humaine est alors sur le point de s’épuiser. De même, pendant la maladie, l’influx nerveux se modifie, s’affaiblit. De même encore une blessure, un choc, du fait de la meurtrissure des terminaisons nerveuses de l’épiderme, amènent une perturbation correspondante de l’influx. De même aussi chaque émotion profonde de l’être se traduit par la précipitation de la giration de l’influx en mouvement plus ou moins désordonnés. Un influx rayonnant de radiations régulières traduit l’équilibre physiologique du corps et procure cette sensation de chaleur, de bien-être qui est le propre de la joie de vivre.
Ainsi qu’il est facile de le constater, cette couche vibrante est extrêmement sensible et perçoit l’approche de celle émanant d’un autre être. Les individus se comportent à cet égard comme des appareils électriques qui réagissent mutuellement dès qu’on les met en contact.
Chez l’animal, le phénomène de l’influx nerveux se présente également, avec son même système giratoire et ses mêmes pôles. Bien entendu son intensité est proportionnée au développement du système nerveux des différentes espèces. Chez le végétal, le phénomène ne se manifeste, très faiblement, que pour certaines plantes proches de l’animalité.
Le phénomène de l’influx nerveux que nous venons d’étudier est ainsi qu’on a pu le constater, un phénomène étranger à la volition. Tout comme notre cœur ou nos poumons fonctionnent sans que nous ayons à nous en occuper, notre système nerveux produit son flux électrique indispensable à la manifestation de la vie.
Nous arrivons maintenant à un phénomène qui s’apparente au précédent mais qui est cependant d’un ordre différent car il suppose une volition. C’est celui qui consiste pour l’être humain à émettre des radiations ou plutôt des trains d’ondes.
Ces ondes, d’origine nerveuse également, sont émises par l’épiphyse ou glande pinéale, petit corps logé près du cervelet dans l’isthme de l’encéphale. Cette glande, alimentée en électricité par le cervelet tout proche, se comporte tel un poste émetteur de radio. Ses trains d’ondes sont tantôt de signe positif tantôt de signe négatif, suivant le résultat de la volition ou la nature des sentiments qui affectent l’individu. Ces radiations ont, bien entendu, une fréquence essentiellement variable selon les individus, leur potentiel électrique et les pensées qui les agitent.
Particularité à noter, l’émetteur humain ne se déclenche que s’il voit ou imagine un récepteur humain. A ce point de vue, le phénomène s’apparente à celui de l’aimantation : l’onde quitte la glande pinéale et part en flèche vers le poste récepteur à atteindre qui seul la captera.
Les rapports entre individus, les sentiments qui les agitent peuvent être ainsi étudiés sous cet angle très objectif de leurs échanges d’ondes. Nous entrons dans une pièce où nous attendent des gens qui nous sont hostiles ; dès notre arrivée, ils émettent des ondes courtes, positives et négatives, les positives destinées au côté droit de notre corps — le positif —, les négatives destinées au côté négatif de notre influx. Choc des deux électricités de même signe qui se repoussent. A notre tour, presque inconsciemment et par réaction, nous émettons des ondes semblables qui produisent les mêmes effets sur les êtres qui nous font face. Sentiment de malaise, d’antipathie ; nous nous repoussons physiquement, c’est le mot propre, par nos seules ondes.
Imaginons, par contre, une femme et un homme côte à côte ; ils sont attirés par un désir réciproque. Leurs influx nerveux sont en contact. Ces deux êtres vont émettre tous deux des ondes d’appel, positif vers négatif, négatif vers positif, leurs radiations vont s’entrecroiser, la couche vibrante de leur influx va tourbillonner plus intensément tout en frôlant celle de l’être qui lui fait face. Crépitements, étincelles, perception du désir, sensation de chaleur, chocs électriques très nettement ressentis.
Mais ces phénomènes peuvent revêtir un aspect encore plus général de phénomènes radiants collectifs. Deux conditions sont nécessaires qui sont généralement réunies dans une salle de concert ou une église : 1) une réunion plus ou moins nombreuse d’individus dans une salle close ; 2) une émotion commune ou un recueillement général, c’est-à-dire un état d’âme unifié. Ainsi, dans une salle de concert, l’assistance recueillie écoute une oeuvre musicale d’un de nos grands maîtres. Dans la pénombre, l’émotion finit par être commune et les assistants émettent des radiations qui forment au-dessus de la salle une nappe oscillante dont le fin brouillard électrique va retomber en pluie sur les auditeurs, baignant le contour de leur influx nerveux et procurant cette joie à la fois douce et grave que nous connaissons bien.
Même phénomène à l’église si l’assistance est vraiment recueillie. Il se forme, au-dessus des fidèles en prière, une nappe d’ondes vibratoires qui représente la projection éthérique de leur état d’âme et dont l’effet calme et bienfaisant sera particulièrement ressenti. Le phénomène collectif pourra même atteindre un particulier degré de puissance, de violence même si, à l’appel mystique de la prière, se joint l’harmonie des orgues qui va en s’amplifiant sous les hautes voûtes du temple. L’effet psychique sera tel qu’il sera ressenti par ceux des assistants qui assistaient seulement en curieux à la cérémonie religieuse ;
Même phénomène, encore, de projections radiantes autour d’une table de jeux, à la roulette par exemple. La salle finit par être baignée du potentiel électrique dégagé par les joueurs qui pensant avec intensité à un chiffre sur lequel ils ont misé, émettent des radiations, projettent la “ forme-pensée ” de ce chiffre et peuvent, dans cet état psychique si particulier qui est la transe du joueur, ressentir intuitivement ce qui va se passer et être ainsi favorisés par la chance.
Ce phénomène de projections radiantes a, certes, de quoi nous surprendre. Mais s’il exige, pour se produire dans notre milieu humain, la réunion de conditions propices, il constitue, par contre, un des éléments essentiels de la vie du désincarné. Nous verrons, en effet, à propos du comportement de l’âme dans l’au-delà, que l’astral est le monde des formes-pensées, des états de conscience concrétisés en ce sens que l’être éthérique, consciemment ou inconsciemment, extériorise ses sentiments, ses désirs sous forme de projections psychiques et qu’il s’entoure ainsi d’un décor de matérialisations plus ou moins éphémères qui sont le reflet de ses propres sentiments, de ses propres désirs.
La médiumnité, cet état psychique si discuté sur lequel reposent la plupart des expériences de spiritisme, n’est en réalité qu’un des aspects des phénomènes électromagnétiques sur lesquels nous venons de porter notre attention. L’homme est une machine électrique où les phénomènes d’aimantation bipolaire s’accompagnent, nous l’avons vu, de courants induits et réflexes vibrant en sens contraire. La médiumnité est l’état que présente cette même machine lorsqu’on la branche sur un courant qui lui est étranger. Les organes des sens se trouvent alors impressionnées par des vibrations électriques en provenance d’un foyer d’énergie extérieur au sujet. Nous définissons donc le médium en le comparant à un appareil électrique marchant indifféremment sur deux courants, le sien ou celui d’une entité.
Nous savons en quoi consiste l’influx nerveux et la forme qu’il affecte ordinairement. Nous savons également que l’être émet et capte des radiations. Mais, jusqu’ici, nous n’avons envisagé que la nature habituelle de ces phénomènes inhérents à la vie du corps. Chaque état, pourtant, comporte ses anomalies et ces dernières, comme c’est le cas, sont parfois plus intéressantes à observer, de par les possibilités qu’elles présentent.
La médiumnité, qui suppose une certaine puissance fluidique chez le sujet, mais qui peut-être également le résultat de l’entraînement, de l’exercice, consiste en un recul du “ moi ” qui n’existe plus que pour projeter son appel vers l’au-delà, pour se retirer en partie du corps et laisser ainsi à une autre entité le libre jeu des centres supérieurs de l’encéphale.
Sous l’effet de cette volition intense du sujet, l’influx nerveux commence par osciller autour des pôles, puis se rétracte de plus en plus vers le haut, finissant par disparaître du contour général du corps pour rayonner autour de la tête en un faisceau fluidique qui se projette vers le haut ; véritable antenne humaine, apte alors à émettre son appel et à capter les radiations qui lui seront transmises.
Les entités désincarnées sont alertées par l’appel psychique, les radiations émises par le médium. Pour établir le contact avec l’antenne humaine, le désincarné, lui aussi est obligé de recourir à un processus électrique. D’une part, il se branche sur la “ masse ”, autrement dit sur le champ électromagnétique cosmique, et, d’autre part, il déploie à son tour son antenne vers l’humain, c’est-à-dire qu’il dirige vers lui le faisceau de ses radiations.
Grâce au médium, la communication entre les deux milieux — incarné et désincarné — est désormais possible ; il se produit alors les manifestations classiques habituellement obtenues au cours des expériences. Pour prendre seulement l’exemple de l’écriture médiumnique, le cerveau du médium se trouve suggestionné, éclairé par une pensée qui n’est pas la sienne. Le désincarnés transmet sa pensée par des radiations qui impressionnent les centres cérébraux du sujet qui écrit mécaniquement. On a pu dire, avec justesse, que le médium en état de réceptivité, c’est-à-dire de complète atonie mentale, reçoit rapidement des intuitions qui traversent sa pensée et l’illuminent comme des phares dans la nuit.
Les phénomènes médiumniques affectent les formes les plus diverses : tables tournantes, apparitions, matérialisations, bilocations, incorporations, phénomènes auditifs, lévitations, télépathie, radiesthésie. Nous avons eu l’occasion de les étudier dans un ouvrage précédent . Ils trouvent toutes leurs explications dans les phénomènes radiants du corps humain et nous n’en reprendrons pas l’étude ici. Ils exigent tous la présence d’un médium.
Dans cet état psychique second, l’être accède à la connaissance directe en ce sens que son âme, par une évasion plus ou moins complète de sa prison charnelle, recouvre en partie ses possibilités premières et reprend contact avec son milieu propre et éthérique que nous qualifions d’au-delà. C’est par ce processus d’initiation qu’au travers de l’histoire des peuples de puissants médiums, inspirés par des entités désincarnées parviennent à fonder des religions dont les préceptes s’inspirent, tous d’une vérité première et unique, plus ou moins déformée, toutefois, par la personnalité de chaque médium. D’autre part, les enseignements ainsi révélés étaient essentiellement conçus pour un état social déterminé, pour un certain degré de spiritualité et il est certain que la même vérité, les mêmes lois naturelles ne pouvaient être révélées, expliquées il y a 2000 ou 8000 ans, époques où l’on ignorait que la Terre était ronde, de la même manière qu’elles pourraient l’être de nos jours où nous manipulons la force électrique et parvenons à désintégrer l’atome.
Ainsi que nous venons de le voir, le corps humain produit son flux électrique indispensable à sa vie cellulaire, émet et reçoit des radiations qui sont les manifestations de sa vie consciente et de sa vie psychique. Avec l’aura apparaît un phénomène électrique d’un nouvel ordre mais qui s’apparente néanmoins aux précédents du fait qu’il est fonction, lui aussi, de l’aimantation du périsprit intégré au corps. Toutefois, alors que l’influx nerveux est une émanation du corps inhérent au système nerveux, l’aura est une émanation de l’âme. Elle provient, en effet directement du champ électromagnétique du périsprit dont les lignes de force bipolaires s’extériorisent du corps.
L’aura est visible de face et constitue en quelque sorte la toile de fond du corps humain. Elle baigne le contour du corps d’une couche vibrante qui s’extériorise bien plus loin que l’influx nerveux puisqu’elle atteint près de 20 centimètres autour de la tête et des épaules. Puis elle va s’amincissant pour finir en fuseau à la hauteur des chevilles.
Les radiations qui composent l’aura sont de couleurs variées et différentes suivant le sujet. L’aura la plus répandue est celle comprenant trois on quatre couches de radiations superposées et diversement colorées, bleues, rouges et beiges par exemple. Il existe aussi des auras qui comportent une seule couleur ou, au contraire, toute une gamme de couleurs mélangées et changeantes.
Le médium parvient à percevoir très nettement les coloris de l’aura et l’expérimentation psychique en est arrivée, par cette voie, à classer les individus d’après la coloration des radiations qui émanent d’eux. C’est ainsi que les couleurs violentes sont le signe d’une âme encore fruste et dominée par ses défauts, alors que les auras nuancées et pâles dénotent une âme évoluée en voie de terminer le cycle de ses réincarnations. On peut même faire un rapprochement entre les couleurs que l’aura révèle et les qualités et défauts du sujet ou les passions qui l’agitent. Sommes-nous en colère? Nous émettons des radiations rouges, preuve irréfragable de notre violence, même passagère... Traversons-nous au contraire une période de spiritualité ? Notre aura se teinte de bleu pâle, cette couleur qui dénote un esprit choisi à l’âme haute. Si l’ignorance et la bêtise caractérisent un sujet, soyons persuadés que l’examen de son aura fera apparaître des radiations vert sombres.
L’aura constitue ainsi le test infaillible de la valeur de l’âme et tous les sentiments, même les plus refoulés, sont révélés sur cet écran lumineux de notre vie psychique.
Au fur et à mesure que chacun de nous, dans la longue chaîne de ses vies successives, approche de la fin de son évolution terrestre, les teintes de l’aura s’estompent, se fondent peu à peu en une nuance indécise pour ne plus enfin constituer qu’un halo blanc, d’une grande luminosité, qui s’irradie loin autour du corps. Souhaitons-nous donc, le plus rapidement possible, cet apanage de la perfection et de l’équilibre de l’âme enfin pure et sereine.
Nous avons dit plus haut que ces radiations émanent du champ électromagnétique du périsprit. Lueur de l’âme, l’aura n’apparaîtra donc, à la naissance, qu’avec l’entrée momentanée de l’âme venant rendre visite à son corps durant les premiers mois de la vie. De même, à la mort, l’aura disparaîtra avec l’âme, lorsque le périsprit s’arrachera des fibres nerveuses qui constituaient son habitat humain. L’aura se résorbera alors en l’âme jusqu’à la prochaine réincarnation de celle-ci.
Au cours du sommeil, lorsque l’âme ne vibre plus et participe au repos bienfaisant du corps, l’aura pâlit et ne représente plus qu’une trace, un reflet à peine discernable. Elle disparaît même tout à fait lorsque Psyché vagabonde et ne reste reliée à son corps terrestre que par un mince cordon fluidique, ainsi que cela lui arrive parfois.
L’aura n’est pas un phénomène spécifiquement humain. Le règne animal et même le règne végétal manifestent aussi leurs auras. Mais, pour les espèces animales et végétales nous nous trouvons en présence d’âmes groupes, c’est-à-dire de champs électromagnétiques collectifs. Ne nous étonnons pas en conséquence d’apprendre qu’au-dessus d’une forêt, d’un champ de blé et, en général, au-dessus d’un peuplement végétal, s’élève une masse vibrante de particules électriques d’une teinte uniformément gris sombre.
Avec le règne animal nous voyons apparaître des différenciations suivant les espèces : l’âme groupe est alors celle de l’espèce, première individualisation qui annonce le règne humain. Et tous les chevaux, par exemple, ayant la même âme groupe ont la même aura vert sombre, presque noire alors que celle des chiens est d’un vert plus clair et que celle des chats se teinte de gris et de vert à la fois.
La lointaine origine animale de l’âme humaine se manifeste, du reste, par un signe visible, dans l’aura de l’homme, au niveau de l’œil gauche. Ce signe permet aux désincarnés qui nous observent de nous cataloguer immédiatement c’est-à-dire de repérer notre ascendance animale. Ajoutons, fait curieux, que ce signe apparaît sur un petit disque dont la couleur et l’éclat variant, comme l’ensemble de l’aura, avec l’évolution du sujet. Eteinte et diverse chez l’être bas ou moyen, cette couleur devient de plus en plus blanche et lumineuse à mesure que l’évolution se parfait. Tel signe aurique signifiera par exemple, une ascendance féline et s’accompagnera d’une lumière orange, tel autre permettra de déceler une ascendance canine sur un disque de lumière verte.
Souhaitons, en terminant, qu’avant longtemps le progrès de nos sciences appliquées permette la reproduction photographique des radiations de l’aura et de ses colorations ; le biologiste pourra alors prospecter à son aise un domaine entièrement nouveau pour lui.

Le sommeil et les vagabondages de Psyché

Pourquoi, chaque journée écoulée, l’homme s’ensevelit-il dans le linceul des draps ? Pourquoi le corps détendu, les yeux fermés, la respiration monotone, s’abandonne-t-il insensiblement au sommeil ?
Pourquoi ce phénomène banal qui rythme notre existence de tous les jours reste-t-il si mystérieux pour nous ? C’est que son étude implique la connaissance des forces électriques qui meuvent la machine humaine et que ce domaine demeure encore impénétrable à nos recherches de laboratoire.
Depuis 14 ou 16 heures l’être humain va, vient, travaille, mange, fume. Ses mouvements sont vifs, son esprit est alerte. Et, sans que rien ne l’annonce encore, sauf peut-être une lassitude éparse en ses membres, le premier signe de sommeil se déclenche ; c’est un bâillement léger. Peu après, ou même immédiatement, un état nouveau se caractérise par la lourdeur des yeux qui picotent ou brûlent, par des bâillements plus prolongés, par la recherche de la position horizontale. Puis enfin, troisième phase, le relâchement des muscles nécessite la position allongée ou tout au moins une installation permettant à la tête de reposer sur quelque appui si le corps ne peut trouver un lit. Sinon la tête va ballotter et provoquer le déséquilibre du corps. Dans le cas normal du sujet allongé dans son lit, les yeux sont lourds, la tête pesante et la lassitude envahit les membres inférieurs ; la respiration se ralentit ainsi que les pulsations du cœur et l’activité cérébrale.
Ce ne sont, toutefois, que les prémices du sommeil. Le corps est toujours souple, la tiédeur est constante, l’œil bat régulièrement, les gestes sont plus lents mais toujours contrôlés.
Le corps entre alors en état de torpeur et cet instant si bref, qui précède l’assoupissement, est néanmoins décisif car il marque le début du phénomène proprement dit qui nous intéresse.
Si l’homme agit, raisonne, vit en un mot, c’est grâce à son potentiel électrique et en fin de journée ce potentiel se trouve épuisé. La nuit, le sommeil va lui permettre de recharger la pile : le cervelet va être le siège de ce rechargement. C’est lui qui constitue, en quelque sorte, la dynamo humaine et cette dynamo qui était sur la décharge, durant le jour, va se remettre en charge la nuit. Il faut pour cela l’atonie complète de ce centre nerveux, laquelle atonie provoque l’affaissement de l’écorce cérébelleuse. Cet affaissement caractérise la torpeur physique et marque l’instant précis du renversement de là vapeur. Telles des manettes que l’on abaisse sur le tableau de bord, les leviers de commande du cerveau sont débrayés. La dynamo humaine se met en position de charge, but et utilité du sommeil réparateur.
La respiration régulière devient plus que jamais involontaire, automatique. Les pulsations du cœur s’affaiblissent, ce qui se traduit par un abaissement de température. Le corps doit se couvrir car il ressent le froid plus intensément. Les yeux papillotent et ne peuvent plus demeurer ouverts. Les gestes ne sont plus volontaires, ni contrôlés. L’être en est à ce stade, bref mais indispensable, de la torpeur physique.
Enfin, voici le corps endormi. Les yeux sont clos, la respiration régulière s’est faite plus lente, les pulsations du cœur, assagies, scandent désormais une vie en sommeil.
Devant ce résultat, ne restons pas stupéfaits, inquiets, comme on peut l’imaginer que le resta le deuxième homme lorsqu’il vit s’endormir le premier. Cela dut lui paraître insolite, ce corps chaud qui soudain s’immobilise, qui soudain perd regard et parole. Nous, humains, trouvons ça tout naturel, et pourtant...
Que se passe-t-il dans ce corps en sommeil ? Pour le savoir, examinons, l’une après l’autre, les différentes manifestations du phénomène.
Nous assistons tout d’abord, dans l’encéphale, à une extinction des centres érectifs, c’est-à-dire de la volition, de la pensée, de l’intelligence qui ne s’éveilleront à nouveau qu’une fois les cellules nerveuses rechargées.
Les muscles sont en état de relaxation totale. Le corps, amolli, gît sur sa couche. Parfois, si la position est incommode, un muscle s’engourdit et tressaille ; le corps se tourne pour soulager sa gêne.
C’est un reste de vivacité passagère, épisodique. Dans le sommeil les muscles restent détendus, inutiles. Nous parlons, bien sur, de ceux dont l’action est tributaire du cerveau, c’est-à-dire qui obéissent à la volition. Car, par ailleurs, le corps demeure ordonné et s’il arrive que le bouche s’entrouvre, Les muscles zygomatiques se croisent et nul désordre n’apparaît sur la face. De même le sphincter continue son travail car il est conçu pour cette fin. Ainsi les muscles indépendants de la volition ne se détendent pas et la machine humaine demeure, en sa perfection, un tout en ordre, tant que la vie subsiste. Si le sommeil est une modification de la vie, il n’est pas semblable à la mort, bien qu’il soit un état intermédiaire pour l’être.
Passons maintenant au réseau nerveux. Nous avons dit que le cervelet était la dynamo humaine ; les ramifications nerveuses, qui innervent le corps jusqu’en ses plus lointaines régions, sont les fils conducteur du courant et assurent la parfaite distribution du flux électrique dans l’ensemble du tout humain. Lorsque le sommeil s’empare de l’individu, les nerfs ne connaissent guère qu’une détente partielle car ils doivent continuer leur service aux organes qui ne dépendent pas de la volonté et dont l’activité subsiste, quoique ralentie. De plus, un secteur entier du réseau nerveux va, connaître une activité nouvelle c’est celui qu’emprunte, durant le sommeil, le courant charge.
Nous arrivons ainsi au phénomène essentiel, celui par lequel le courant charge se trouve capté : il n’est autre qu’une modification, un aspect encore inconnu des fonctions respiratoires. On a coutume, dans nos ouvrages classiques, de définir la respiration comme la fonction par laquelle un être vivant absorbe de l’oxygène et rejette du gaz carbonique. En réalité, cette fonction se double, pendant le sommeil, d’une assimilation électrique.
L’atmosphère terrestre est baignée d’électricité, de cette énergie cosmique dont nous commençons à peine à soupçonner l’existence. Les mouvements respiratoires font pénétrer dans les poumons à la fois l’air et ces particules électriques ; celles-ci se fixent sur les nerfs pneumogastriques qui conduisent le flux vers le bulbe rachidien où il passe par le centre nerveux du sommeil, le nœud vital de Flourens. De là, il est acheminé au cervelet, par les pédoncules cérébelleux, et finalement la charge électrique se fixe sur les granulations des cellules de Purkinje, ces grosses cellules bi-polaires dont est formé l’arbre de vie — le bien nommé.
C’est à partir des neurones moteurs de ces cellules que chaque jour le flux électrique s’en va baigner tout le système nerveux, apportant au corps humain cette chose indéfinissable que nous nommons la vie. Ajoutons que, pendant cette assimilation, les poumons continuent leur fonction respiratoire classique en renvoyant le gaz carbonique dont l’action, par ailleurs connue, intervient, comme on le sait, dans le sommeil.
Ainsi le cervelet apparaît comme un accumulateur d’énergie qui “ emmagasine ” sa charge électrique la nuit, pour la distribuer ensuite le jour. Mais ce mécanisme qui rythme la vie de l’être n’est rendu possible que grâce à une fonction capitale du bulbe rachidien qu’il nous faut signaler au passage.
Le bulbe, à la base du cervelet et lui faisant suite, est un raccord à la moelle épinière ; tunnel de cellules phosphorées, il constitue en quelques sorte la source de la moelle épinière. Son rôle, dans le sommeil, correspond exactement à celui d’une soupape. Le jour, la soupape laisse passer l’influx nerveux vers les diverses parties du corps, jusqu’aux extrémités des membres. La nuit, elle permet le seul passage du courant charge depuis les poumons jusqu’au cervelet. Ce résultat est le fait d’une inversion, d’un changement interne du sens des cellules du bulbe rachidien et cette inversion rythme alternativement ce flux et ce reflux qui donnent au corps sa vivacité, son entrain, tout en conditionnant ses aptitudes au travail comme au plaisir. Telles sont les caractéristiques essentielles du moteur humain et de son potentiel électrique.
Etudions à présent le phénomène hémostatique vital, c’est-à-dire celui par lequel la déperdition électrique s’arrête, le sommeil s’installe et la charge rétablit l’équilibre détruit par une journée fatigante.
Appelons “ alpha ” la position idéale de charge électrique humaine et “ gamma ” la charge électrique minimum, celle qui oblige au sommeil ; Entre “ alpha ” et “ gamma ” il existe plusieurs états intermédiaires, mais, pour la facilité de cette étude, nous n’en retiendrons que deux : “ bêta ”et “ delta ”.
1) “ alpha ”. Le potentiel est parfait au réveil du sujet, à sept heures du matin, par exemple. Les cellules cérébrales véhiculent une charge électrique totale aussi bien à la périphérie qu’en profondeur. Le sujet est vraiment vivant et son activité est stimulée.
2) “  bêta ”. Après six heures écoulées, soit vers treize heures, le potentiel en est à un stade qui permet encore une activité intense. Pourtant les cellules cérébrales commencent à présenter des scories. Néanmoins l’appoint du repas et le repos maintiennent notre sujet en excellente forme.
3) “  delta ”. Vers dix-huit heures, les cellules cérébrales se trouvent encombrées de déchets et présentent un potentiel affaibli. La vitalité est toutefois encore suffisante pour faire face à un travail sérieux. Les cellules corticales sont bien approvisionnées en influx nerveux, les cellules internes du cerveau, par contre, commencent à en être dépourvues.
4) “ gamma ”. Aux alentours de vingt deux heures, le sujet n’a plus de réserves électriques. Las cellules corticales aussi bien que celles de l’ensemble de l’encéphale, encombrées de déchets et dépourvues de flux, commencent à refuser leurs services. Les yeux s’alourdissent, les bâillements se prolongent, le désir dune position horizontale se fait de plus en plus impérieux. Le marchand de sable est passé. La dynamo s’arrête. A l’accumulateur de se mettre au travail. Et notre sujet connaît la torpeur, puis l’assoupissement.
Arrêtons-nous à le contempler profondément endormi. Son corps est installé dans une position familière pour lui : il repose sur le dos, le côté ou le ventre, selon son habitude. Ses bras pendent inertes, ou bien sont repliés. Sa respiration est régulière, souvent bruyante en raisons des végétations qui en gênent le fonctionnement. Tous les muscles d’ordinaire soumis à la volonté sont détendus, sauf ceux des paupières, qui sont solidement closes. Parfois des tressaillements, des changements de position agitent le dormeur, simples réflexes épisodiques. Voici pour son aspect extérieur.
A l’intérieur, le cœur est paisible, la circulation est ralentie et régulière. La respiration, normale, se double d’une assimilation électrique. Dans le cervelet, les cellules nerveuses sont en charge et leurs granulations fixent sans arrêt le flux que leur dispense le bulbe rachidien. Les organes des sens sont en repos, à l’exception de l’ouïe qui, dans une certaine mesure, demeure fidèle et souvent arrache le dormeur au sommeil. Par contre le goût est aboli, l’odorat inexistant, le tact inutile sauf toutefois s’il y a contact avec un autre être vivant. Ne parlons de la vue que pour mémoire car nous savons que les yeux restent obstinément clos.
Mais ne se passe-t-il rien d’autre dans le secret de ce corps ? Les cellules du cervelet sont en charge, avons-nous dit. Cette charge électrique s’effectue au voisinage immédiat du cerveau proprement dit, sous lui en quelque sorte, et à partir d’un certain moment le courant a tendance a refluer vers l’encéphale. En général, ce phénomène se produit au cours de la seconde partie de la nuit, lorsque le cervelet a accumulé au moins la moitié de sa charge habituelle.
Les vibrations électriques refluant vers le cerveau, les neurones de celui-ci, à leur tour intéressés dans leur habituel processus d’excitation, transmettent mécaniquement aux nerfs les commandes réflexes et c’est la production du rêve au cours duquel certains muscles sont mis en action, exactement comme ils ont coutume d’obéir dans la journée, ou certaines glandes secrètent : c’est le geste d’enjamber un trottoir trop haut dans un cauchemar, ou la salivation si le sujet rêve de gourmandise, ou l’érection si le rêve est érotique, ou encore la respiration précipitée si le sujet est soumis à la peur, à la poursuite.
Les rêves et leurs manifestations extérieures se trouvent ainsi engendrés en suite d’un phénomène d’osmose, de diffusion électrique qui, par une voie inverse de la normale, déclenche des commandes réflexes dans les centres moteurs de l’encéphale. Une nuit ou l’autre, prennent ainsi naissance des scènes fugaces de bien-être ou de cauchemar avec leurs circonstances bizarres et saugrenues. Et selon que le dormeur, mal installé, comprime son foie ou sa rate, certains centres moteurs se mettront automatiquement en action.
Ce qui est valable pour un dormeur l’est également pour un autre et le processus purement mécanique du rêve fait apparaître une réalité qui semblera choquante à beaucoup, à savoir que les songes, dans leurs innombrables schémas, sont les mêmes pour tous en raison de la similitude des circonvolutions cérébrales et du nombre moyen des cellules nerveuses chez les adultes.
Comment se fait-il alors que, dans le rêve de l’un, la scène se déroule dans telle famille alors qu’elle se situe, pour l’autre, dans un milieu différent ? Pourquoi reconnaissons-nous les personnages mis en action dans nos rêves ? Pourquoi certains décors sont-ils connus, et de nous seuls ?
C’est qu’intervient, au réveil du sujet, un autre phénomène la mémoire, essentiellement différent du premier et qui va le dénaturer complètement.
Le corps humain est une merveilleuse horlogerie, très complexe ; parmi tous les phénomènes qui nous étonnent en lui, la mémoire met en jeu le plus subtil mécanisme allié à la plus subtile matière. En science appliquée nous connaissons l’œil électrique grâce auquel, par exemple, un véhicule entre au garage sans interrompre sa course car la porte s’ouvre automatiquement devant lui, au moment voulu. Rien me peut mieux concrétiser, pour un profane, la reconnaissance du souvenir par la mémoire. A l’instant précis où l’homme veut retrouver les circonstances, parfois infimes, d’un fait qu’il a vécu ou appris, la porte merveilleuse de la mémoire s’écarte et l’intelligence revoit, fidèle, la trace du souvenir. C’est grâce, du reste, au potentiel électrique accumulé la nuit et qui maintient indemne la matière du cerveau, intactes les cellules nerveuses, que cet étonnant serviteur qu’est la mémoire peut continuer sa vigilante action. C’est si vrai que lorsqu’il y a décharge du potentiel électrique, il y a anémie cérébrale et inévitablement perte ou tout au moins absence de la mémoire ; et tous les fortifiants de la pharmacopée seront moins efficaces que le sommeil et le repos.
Mais revenons au sommeil et n’envisageons la mémoire, dont l’étude fait l’objet du chapitre suivant, que dans son action postérieure aux rêves.
Lorsque notre dormeur, aussitôt son réveil, veut se rappeler son rêve, il appuie par sa volition sur le clavier de sa mémoire celle-ci, qui n’est que réflexe électrique, lui renvoie alors un résultat conjugué qui dérive à la fois des souvenirs de l’état de veille, c’est-à-dire de faits réels, et du schéma du rêve proprement dit. La mémoire a ainsi mélangé ses formes pensées au canevas purement mécanique et impersonnel du rêve et notre sujet s’attardera plus au décor, aux noms, aux choses connues de lui dans sa vie, qu’au schéma souvent stupide qui, seul en réalité, constituait le rêve. Autrement dit le rêve ne prend son individualité, son intimité propre au dormeur, que dans la mesure où il a été habillé, paré par la mémoire.
Nous voyons, dès lors, combien il est sot de vouloir trouver un sens à ces cogitations nocturnes, réflexes débridés et mécaniques de l’encepha1e auxquels se surajoutent les réflexes électriques de la mémoire.
Ce premier point acquis, nous pouvons maintenant envisager certaines incidences du phénomène du rêve, incidences qui, sans en dénaturer le processus, vont néanmoins accroître sa complexité, et contribuer encore plus à masquer sa véritable mature. En effet, pour la clarté et la compréhension de ce qui précède, nous n’avons pas encore parlé jusqu’ici des différents plans de la conscience, c’est-à-dire de l’âme.
Le périsprit, champ magnétique de l’âme, tapisse notre système nerveux de son réseau fluidique. Toute la journée, pendant que le cervelet dynamo émettra son influx à travers les neurones et les nerfs, le périsprit participera par-là même au bienfait de la vie. C’est le potentiel électrique accumulé durant la nuit qui lui permet d’agir au sein de l’encéphale en diverses manifestations d’intelligence, de volition.
Mais que fait donc l’âme la nuit ? Que devient-elle pendant que se déroulent tous ces phénomènes purement physiques ?
De plus en plus nous nous enfonçons dans des régions abstraites, ténébreuses où les manifestations sont comparables aux plans successivement plus obscurs d’un décor de théâtre. Au premier plan, le héros, c’est-à-dire le corps, violemment éclairé, retient l’attention. Puis ou distingue avec netteté les murs, des décors. Puis l’œil ne voit plus très bien ce qui forme l’arrière-plan ; il croit toutefois distinguer des arbres, assez mal éclairés. Puis ce sont des lianes enchevêtrées qui retombent et masquent à la vue les autres plans. Qu’y a-t-il là-bas, au fond, se demande le spectateur ? Des lierres, des eaux qui courent, des sources qui murmurent ou bien des larves qui grouillent, des animaux qui rampent ? Psyché, bonne ou mauvaise, comment t’accordes-tu du sommeil, en dehors de son action régénératrice pour ton champ magnétique ? Voilà ce qu’il nous faut maintenant essayer de savoir.
L’âme désincarnée possède une compréhension totale, connaît, dans leur ensemble, toutes les vérités et constitue une unité psychique. Il n’en est plus de même lorsqu’elle est incarnée et différents états se partagent alors la vie mentale du sujet qui se trouve soumise à trois zones d’influences le conscient, l’inconscient et le subconscient. Nous aurons l’occasion de revenir sur ces différents plans de la conscience et nous ne les envisagerons, ici, qu’en égard à notre étude du sommeil.
Le conscient est la zone claire et la plus vaste il représente le domaine des sensations, de la volition, de la raison.
L’inconscient, en retrait du conscient, est une zone intermédiaire entre ce dernier et le subconscient. C’est en lui que se déverse le trop plein de l’activité psychique de ces deux zones. Pour cette raison, il constitue le domaine des réflexes obscurs, des désirs refoulés, des anxiétés morbides que le conscient rejette de son sein, des impulsions irraisonnées en provenance du subconscient qui s’éponge également sur lui.
En troisième lieu, dans la zone la plus reculée, se situe le subconscient qui représente l’essence même de l’âme ; en lui reposent, engourdies, les facultés surnaturelles de Psyché.
Durant le jour, le conscient est le maître absolu de l’encéphale et c’est lui qui agit directement sur les centres moteurs. La nuit, le sommeil le met en veilleuse et il n’est plus d’aucune utilité au sujet.
Il en est de même du subconscient ; la nuit, l’âme se recueille, se repose. Certes, le champ magnétique clos du périsprit continue de tapisser le système nerveux mais ses vibrations cessent. La connaissance de l’être, son essence intime, dépose son fardeau d’attention, de vigilance. Avant le sommeil l’âme sait si celui-ci doit être long, normal, ou abrégé par une obligation matinale. Elle sait que le corps devra s’éveiller à six heures, par exemple, et il y a peu de chances pour que le subconscient, la mémoire de l’âme ne fonctionne pas au moment voulu. Si l’être s’endort pour une longue nuit, l’âme, qui le sait, cesse ses vibrations. Le subconscient s’estompe avec la relaxation relative de l’encéphale. Le repos devient absolu ; même psyché y participe, détendue à travers le cerveau endormi.
Mais le sommeil, qui met ainsi en veilleuse le conscient et procure l’apaisement au subconscient, a un tout autre effet sur l’inconscient. Durant l’état de veille, qui est l’état normal, l’inconscient est passif, relégué par les autres au rang d’accessoire. La nuit, par contre, durant le sommeil, il va profiter de l’apathie de ses voisins pour enfler sa matière, se dilater, se libérer. Et lorsque, ainsi que nous l’expliquons plus haut, la charge électrique déborde du cervelet pour refluer vers le haut, et traverse successivement ces trois zones d’influences qui couvrent l’encéphale de leur trame invisible, l’inconscient s’en empare au passage. Grâce à cet apport énergétique il va jouer des circonvolutions cérébrales dont il n’a pas la libre disposition à l’état de veille et il imprime alors aux rêves des colorations, des tendances qui lui sont propres, reflets de ses désirs refoulés, de ses peurs secrètes.
A ce point de vue les rêves nous apparaissent comme les fleurs ténébreuses de  l’inconscient ; leurs couleurs sont différentes, certaines, mais leurs formes sont identiques car invariablement issues d’un processus purement mécanique d’osmose.
Autrement plus intéressantes sont certaines manifestations qui se produisent pendant le même temps et auxquelles, cette fois-ci, le subconscient participe ; nous allons maintenant pouvoir suivre psyché dans ses vagabondages nocturnes.
Le sommeil n’existe pas pour elle, c’est seulement une pause. Une pause facilement obtenue lorsque le destin est paisible, les habitudes respectées, la routine observée. Mais que les remous de la vie l’agitent et tout devient différent. Pendant que le cerveau aux prises avec un inconscient qui s’enfle plus que d’accoutumée, continue de tourner ainsi qu’une bobine de Ruhmkorff trop chargée, l’âme, grâce à cette agitation psychique anormale, parvient à s’affranchir, s’évade en partie du corps et jette un prolongement vers la connaissance. Là, si elle a des lueurs au demeurant fugitives et des béatitudes trop vite évanouies, elle n’en garde aucun souvenir lorsqu’elle est à nouveau rentrée dans son habitat de chair, à peine une emprunte, à peine la possibilité, plus tard, d’une intuition.
Comment le sommeil a-t-il pu ainsi libérer, à son tour, le subconscient ? Quel est ce phénomène nouveau qui a permis à l’âme de s’évader ?
Prenons l’exemple concret d’un sujet dont un proche parent est gravement malade. Il est inquiet. Son corps s’est endormi lourdement mais son âme, elle, ne désarme pas : elle veut absolument savoir ce qui va arriver. Sans rompre son lien avec le dormeur, le périsprit, profitant du sommeil, et s’emparant à son tour du trop plein d’énergie qui reflue du cervelet, va émettre un prolongement fluidique qui s’élève du corps. Et, par cette antenne, l’âme va communiquer avec une ou plusieurs des entités qui errent en cet endroit.   
Etant rattachée au sujet endormi, l’âme ne peut aller consulter, dans l’espace sidéral, le destin du malade. L’entité s’en charge pour elle — le futur n’existe pas pour les désincarnés — et revient lui apprendre les événements qui vont se dérouler les jours suivants, les événements même malheureux car cela n’offre aucune importance d’âme à âme. II est défendu aux désincarnés de révéler le futur aux humains avec lesquels ils communiquent, surtout lorsque ce futur implique un événement malheureux. Mais en l’espèce l’âme, réduite à son subconscient, n’a pas à sa disposition les circonvolutions cérébrales et l’épreuve ainsi révélée ne pourra être enregistrée par la mémoire chair du sujet. Le renseignement obtenu imprègne seulement l’âme d’une certitude qui demeure en elle, en sa mémoire psychique.
Pendant le vagabondage de son âme, le corps affaibli énergiquement, dort d’un sommeil lourd, organique, qu’aucun rêve ne trouble plus car la charge électrique est plus lente. Plus tard le dormeur s’éveille. Aucune mémoire de cette échappée vers la connaissance, aucun souvenir d’aucun rêve. Pourtant, dans la journée ou même aussitôt après le réveil, il est tout étonné, notre sujet, de “ savoir ”, que son malade doit guérir ou au contraire succomber. Son subconscient, c’est-à-dire sa mémoire fluidique, lui a imposé sa certitude.
La nuit porte conseil, dit l’honnête homme. Voilà qui est plus vrai qu’on ne le croit, car la nuit l’être part se retremper à la source des destinées humaines ; s’il ne faut pas ajouter foi aux rêves, on doit par contre prendre en considération les intuitions, les pressentiments apportés au subconscient par la nuit. Ces intuitions, ces pressentiments sont les feux follets du sommeil, ce sont les brusques lueurs qui émanent des zones les plus reculées de l’être.
Mais il y a plus, parfois, et nous en arrivons aux impulsions véritables destinées à faire agir le sujet dans un sens bien déterminé et qui peuvent, à l’occasion, se présenter sous forme de rêves prémonitoires.
Inquiète d’un futur relatif où son libre arbitre, cette fois, pourrait jouer et dont elle vient de prendre connaissance au cours d’un de ses vagabondages nocturnes, Psyché rentre en son habitat de chair et veut alerter la conscience, la faire agir par réflexe. Elle va guetter le moment proche du réveil où le dormeur à une chance d’enregistrer l’impulsion reçue dans une mémoire cérébrale qui secouera bientôt sa torpeur. Et Psyché vibre, tourbillonne afin d’impressionner  cette dernière. Mais la mémoire est encore inerte. Enfin, secouée par les éclatements électriques où Psyché s’exaspère, voici qu’elle ressuscite de son atonie. Et ce n’est plus un rêve, réflexe purement mécanique, qu’elle enregistre mais, cette fois, une pensée plus ou moins claire. Le dormeur, qui va mettre encore un moment à se réveiller, ne s’en souviendra pas aussitôt. Il peut se passer des heures avant que le souvenir ne jaillisse, levier qui va orienter la volition. Parfois c’est l’échec de la tentative, souvent aussi c’est l’impulsion obscure que nous connaissons bien.
N’est-il pas arrivé, par exemple, à l’un d’entre nous, au moins une fois dans sa vie, après s’être éveillé sans aucun souvenir de rêve, après s’être levé et avoir vaqué à ses occupations coutumières, de ressentir brusquement, au cours de la journée, l’impulsion de se rendre dans un tel lieu, éloigné mais familier ? Il s’en étonne car rien dans sa vie ne milite en faveur de ce déplacement, ni même le facilite. Mais le désir est là, élémentaire et vit. Il part et connaît une joie ou réussit une affaire et il se dit simplement : “ Quelle bonne idée j’ai eue de venir ici dans un moment aussi inhabituel ”.
Son raisonnement s’arrête là, alors qu’en réalité, ainsi que nous l’avons vu plus haut, son âme a su qu’au cours d’un séjour dans un endroit précis il connaîtrait une joie ou une réussite. Et le subconscient, dès qu’il l’a pu, a déclenché, telle une houle, une impulsion irrésistible en direction du conscient pour faire agir la volition.
Ces impulsions peuvent, exceptionnellement, s’affirmer encore plus clairement au sujet. Durant son sommeil et toujours selon le même processus, notre dormeur a su que s’il allait dans telle ville, il en résulterait une joie profonde pour lui. Psyché, entrant en action au réveil du dormeur, alors que la mémoire sort de son atonie, a révélé à la mémoire le fait intégral qu’elle vient d’apprendre et qui appartient encore au futur.
Le sujet se réveille, se lève et, comme dans l’exemple précédent, il ne se souvient de rien. Puis, brusquement encore, c’est dans la journée l’impulsion de partir pour cette ville et la certitude, cette fois-ci, que ce sera heureux pour lui. Parfois même il revoit, comme en un songe, défiler les images de ce que Psyché a appris et voulu faire enregistrer par la mémoire. Il croira alors avoir fait ce qu’on appelle communément, mais faussement, un rêve prémonitoire. Il part et vit effectivement dans cette ville des jours heureux. Et pendant qu’il les vit il se dit “ Je savais que je devais venir ici, faire cela et je n’ai fait qu’obéir à une conscience obscure qui me guidait ”.
Dans cet exempte, le sujet connaissait d’avance le résultat de son action car la mémoire était entrée en jeu, plus complètement, afin de renforcer l’action du subconscient sur le conscient.
Si l’événement à venir avait été douloureux, affligeant, le phénomène aurait été plus obscur car Psyché, qui révèle volontiers à la mémoire un fait heureux, est plus avare pour ce qui est pénible. Rares sont les impulsions qui guident vers le malheur, sauf toutefois si le libre arbitre du sujet, par le jeu des circonstances, peut en modifier certaines conséquences. Il s’agit là d’un fait exceptionnel : la souffrance est une épreuve choisie d’avance où le libre arbitre n’a par conséquent pas à intervenir.
Nous pouvons, dès lors, tirer quelques enseignements de ce qui précède. Et tout d’abord, encore une fois, ne nous laissons pas abuser par nos rêves. Réflexes débridés d’un cerveau qui n’est plus contrôlé par le conscient, leurs schémas sont invariablement les mêmes, colorés seulement par une mémoire cérébrale qui joue mécaniquement son rôle et par un inconscient qui divague.
Nous devons, par contre, prêter attention aux intuitions, aux pressentiments dont notre être est imprégné et qui sont le reflet d’une connaissance acquise par l’âme au cours d’un de ses vagabondages nocturnes.
Enfin, si nous nous décidons à un acte sous l’effet d’une impulsion obscure, sachons que nous agissons en automate après que Psyché, au-dessus de notre corps endormi, ait voulu que cela arrive. Sachons, également, que ce que nous avons cru être un rêve prémonitoire constitue, en réalité, les traces qui peuvent subsister, dans notre mémoire, de ce que Psyché lui a parfois enseigné, en notations rapides, avant le réveil.
De toutes les façons, ces pressentiments, ces intuitions, ces impulsions sont les manifestations diverses du subconscient, ce troisième plan mental qui représente pour l’être l’état le plus proche de la vérité supra humaine.
Cette vérité qui l’aveuglera lorsqu’il sera désincarné et que Psyché retrouve lorsque le corps est endormi, cette vérité ne se décèle pas lumineuse et simple. A travers les circonvolutions cérébrales elle se complique, s’estompe, s’affaiblit du mécanisme de la chair. Ainsi que dans un corps empoisonné on retrouve, lors de l’analyse des viscères, des traces d’arsenic ; de même si, en ouvrant l’encéphale, on pouvait prospecter le subconscient on y découvrirait des parcelles de cette grande vérité du destin, de menues étincelles de ce feu divin et cosmique qui gouverne toute chose. Consolons-nous en pensant que ces lueurs de connaissance qui sont seules, parfois, arrachées à l’obscurité qui nous entoure et où nous tâtonnons, et qui pourtant sont si précieuses par les impulsions qu’elles donnent à nos actes, ces lueurs infimes ne sont que feux follets comparées à l’embrasement de vérité qui étreindra notre âme lorsqu’elle échappera à sa prison de chair.
Notre étude du sommeil serait incomplète si nous passions sous silence les anomalies qu’il présente en cas d’insomnie ou au contraire de léthargie. Et tout d’abord l’insomnie.
Dans certaines circonstances exceptionnelles, exode, sinistre, l’être humain peut rester plusieurs nuits consécutives sans dormir. Il finira par succomber au sommeil lorsque ses cellules cérébrales, comprimées par les scories, cesseront leurs fonctions. Il dormira dans n’importe quelle position jusqu’à ce que son encéphale retrouve son intégrité. Quant à l’insomnie proprement dite, elle présente deux formes principales : a) le réveil à une heure chronique au cours de la nuit, b) l’impossibilité de dormir en se couchant.
Le sujet qui s’endort en se mettant au lit et qui s’éveille, après un laps de temps, sans plus pouvoir se rendormir, présente deux caractéristiques. Il possède une suractivité des cellules du cervelet qui prend une importance déréglée. Il se réveille alors qu’il n’a pas fini d’éliminer de ses cellules cérébrales les déchets nuisibles. II s’en trouve fort incommodé et demandera, dans la journée, à l’alcool et au tabac de l’aider à éviter l’accumulation de nouveaux déchets. Mais si le tabac et l’alcool agissent dans ce sens sur les cellules nerveuses de l’encéphale, leur action se conjugue d’une excitation du cervelet et du bulbe rachidien où ils apportent des perturbations qui se manifestent par la nervosité ou au contraire la dépression du sujet.
Le phénomène est inversé pour l’insomnieux qui ne parvient pas à s’endormir, puis le fait ensuite, lourdement, jusqu’au réveil tardif. Tout d’abord, lorsqu’il attend le sommeil, les yeux clos volontairement cela équivaut à un temps de repos pour l’encéphale qui nettoie ses cellules. Ensuite, le sommeil atteint, l’accumulation fonctionne normalement. Seul le temps de charge est insuffisant. Lorsque notre sujet se réveille il a, certes, un potentiel amoindri mais ses cellules cérébrales sont débarrassées de scories et, en général, il n’aura pas besoin d’excitants pour vivre sa journée.
Mais, pour les deux catégories d’insomnieux, ce sera une journée au potentiel électrique insuffisant et au cours de laquelle le sujet sera dénué de cet entrain qui caractérise une charge normale. La première catégorie d’insomnieux correspond à des sujets sanguins, à gros appétits, à caractère volontaire et personnalité tranchée, alors que généralement la seconde détermine des sujets lymphatiques, apathiques, sans violence ni appétits matériels.
Pour combattre l’insomnie il convient en premier lieu d’obtenir, par une abstinence complète de tous excitants, le défaut de réflexes des cellules du bulbe et du cervelet. Par l’absorption de somnifères on agit sur le centre respiratoire de Flourens en activant l’apport de gaz carbonique aux poumons et on agit sur la mémoire en en paralysant le mécanisme, ce qui permet au sujet de s’abstraire de toute préoccupation. Mais il existe un autre moyen qui consiste à obliger son âme à protéger le sommeil. De même que notre âme nous éveille à l’heure, ou avant l’heure, si nous partons en voyage, de même elle peut obtenir un recul du moi et alors le sujet dort merveilleusement bien. Mais c’est un exercice qui demande une longue pratique et beaucoup de volonté.
Le phénomène de la léthargie, ou sommeil prolongé, est une anomalie moins fréquente. C’est le cas, par exemple, d’un sujet qui a reçu un choc nerveux grave — accident, électrocution — et le sommeil correspondra au temps plus ou moins long nécessaire à l’élimination des scories cérébrales, à la relaxation des tissus nerveux contractés. Mais la léthargie peut, également, résulter d’un phénomène assez curieux de dédoublement. Psyché en a assez de son destin, de son corps. Elle le quitte donc et stagne à quelque distance, reliée par un mince cordon fluidique à l’encéphale et plus précisément à l’arbre de vie du cervelet.
Pour compléter cette étude du sommeil, posons-nous la question de savoir si l’on peut dormir plus ou moins vite, autrement dit s’il existe différentes vitesses de charge pour les cerveaux humains. La réponse à cette question est simple et se résume dans le fait que le cervelet est un organe dont le poids varie selon l’individu. Le poids équivaut au nombre des cellules corticales et de celles de l’arbre de vie. Plus ces cellules sont nombreuses, plus la charge est rapidement obtenue. La femme, dont le cervelet est plus petit, aura donc besoin d’une plus longue durée de sommeil que l’homme. Pour la même raison, un enfant dormira plus qu’une femme, un adolescent plus qu’un adulte, un adulte plus qu’un vieillard. De la rapidité de la charge électrique dépend donc la durée du besoin de sommeil. Par ailleurs, si le sommeil se trouve rompu et que la charge ne soit que partielle, le sujet qui aura un plus grand nombre de cellules, même insuffisamment rechargées, ressentira moins de faiblesse durant la journée que le sujet au cervelet moins volumineux.
Laissons enfin notre dormeur se réveiller, sa charge électrique assurée. Les centres cérébraux, les premiers, vont lui rendre sa conscience du moi, ce sens de l’existence qui est le propre du sujet éveillé. Ensuite les muscles se tendront à nouveau vers l’effort, le mouvement, et les yeux s’ouvriront sur la journée nouvelle, bonne ou néfaste selon le destin de chacun, active on languissante selon la charge électrique obtenue à travers le sommeil qui est ce tunnel dont une extrémité laisse percer la lumière éternelle alors que l’autre s’enfonce dans le brouillard de l’être humain, brouillard lourd et poisseux dont Psyché aime s’évader, Psyché qui aime le sommeil.

Mémoire organique et mémoire psychique

La mémoire est la faculté de conserver, d’enregistrer des états de conscience et de les reconnaître, de les éprouver à nouveau en tant que souvenirs. Sans cette faculté l’homme ne reconnaîtrait pas les siens, ne pourrait retrouver son domicile, n’aurait pu apprendre l’écriture et serait incapable d’exprimer sa pensée autrement que par des sons inarticulés. La vie consciente n’est possible, n’est permise que dans la mesure où le souvenir peut être enregistré et reconnu.
Et pourtant la mémoire demeure pour nous un des phénomènes les plus mystérieux, un de ceux, trop nombreux, dont le biologiste est obligé de concéder l’étude au philosophe. Comment se conservent les impressions reçues ? Comment peuvent-elles se reproduire ? Quel est le mécanisme de leur reviviscence ? Dans quel centre supérieur de notre système nerveux faut-il chercher la localisation du phénomène ? Autant de questions laissées sans réponse par nos sciences dites exactes.
Pourquoi cette carence ? Parce que pour analyser le phénomène, pour en saisir la réalité il faut pénétrer dans un domaine, celui des vibrations électriques, qui échappe au scalpel du chirurgien. Et, là encore, l’expérimentation psychique va se révéler la seule méthode efficace dont nous puissions disposer ; essayons d’en tirer le maximum de données sans nous cacher toutefois le caractère ardu de notre tâche.
On peut comparer la mémoire à une harpe dont les cordes parallèles sont les fils ténus de nos souvenirs qui résonnent à nouveau lorsqu’ils sont heurtés par une vibration appropriée, par le déclic de la ressouvenance. L’homme pense, vit, vibre, nous le savons déjà. Toute sensation se traduit par une vibration, une minuscule onde électrique qui se propage à travers le système nerveux pour finalement s’impressionner en un léger sillon qui, heurté à nouveau par la même longueur d’onde, réfléchira la même sensation. L’excitation de la même ramification nerveuse fait jaillir l’image du souvenir, ressuscite par une action réflexe l’ensemble de vibrations qui avait fait éprouver un état de conscience antérieur.
Après ce préambule sommaire, essayons de nous engager plus avant dans l’étude du phénomène. Disons de suite que son processus met en jeu, dans l’encéphale, à la fois les couches optiques, l’hypophyse et le troisième ventricule cérébral. L’exemple le plus simple, qu’il convient de prendre, est assurément celui du son, celui de la première audition d’un morceau de musique.
La sensation du son s’analyse en une transmission de vibrations recueillies par l’oreille et canalisées jusqu’au cerveau par le nerf auditif. C’est alors que se produit un premier phénomène qui va permettre l’enregistrement de cette sensation. Au reçu de cet ensemble vibratoire qui lui a procuré la sensation, le cerveau réfléchit l’onde aux couches optiques. L’onde traverse les couches optiques et atteint l’hypophyse, centre photoélectrique de distribution par où elle est acheminée, selon sa nature et son amplitude, vers telle ou telle région du troisième ventricule où elle s’impressionne en un léger sillon.
Lorsqu’un son veut être remémoré, alors les centres d’association du cerveau entrent en action et font leur besogne qui va consister, par un effort, ou même un souvenir connexe, à émettre la même longueur d’onde pour atteindre, suivant le même trajet, la même région précise du ventricule cérébral. Ce second phénomène a permis d’obtenir la reconnaissance du souvenir.
Il nous faut maintenant dégager le rôle des différents centres nerveux dont il vient d’être question.
Les couches optiques, par leur tissu nerveux, jouent essentiellement le rôle de relais, de conducteur des ondes émises par le cerveau-pensée grâce aux centres d’association. L’onde émise traverse les couches optiques pour parvenir à l’hypophyse.
L’hypophyse, ou glande pituitaire, est une masse ovoïde située sur le plancher du troisième ventricule et constituée par deux lobes, un lobe antérieur qui n’intéresse pas notre étude et un lobe postérieur, de nature nerveuse, qui joue en l’occurrence le rôle magique d’œil électrique. L’hypophyse constitue, au point de vue de la mémoire, une véritable cellule photoélectrique. C’est, avant tout, le centre régulateur et de tri des différentes vibrations. Lorsque l’onde, réflexe d’une sensation enregistrée pour la première fois par le cerveau, parvient à l’hypophyse, elle y est reçue et acheminée, selon sa nature, vers la région correspondante du troisième ventricule où elle va toucher une note du clavier mémoire. Mais c’est par l’hypophyse, également, que va s’opérer un second tri qui permet le trajet de retour de la même onde, lorsque, par suite d’une vibration correspondante, la même note du clavier mémoire du ventricule aura été à nouveau touchée. L’onde de retour sera acheminée par l’hypophyse vers le cerveau où la reconnaissance consciente du souvenir interviendra. On ne saurait mieux comparer l’hypophyse qu’à une machine-outil qui permettrait de trier automatiquement des billes selon leur calibre et de les diriger vers leurs cases appropriées.
Le troisième ventricule apparaît comme le siège proprement dit de la mémoire. C’est lui qui constitue la harpe des souvenirs dont les fils ténus coexistent dans une multitude où ils ne s’emmêlent pas et où chacun d’eux ne résonne que lorsqu’il y est sollicité par le déclic précis de la ressouvenance. Nous le définirons comme un milieu essentiellement vibrant et magnétique et sans cesse en mouvement. L’onde arrive dans ce milieu et atteint la couche nerveuse qui correspond à sa longueur, à son amplitude. Elle s’y inscrit en une légère dépression que l’on pourrait sommairement comparer à l’empreinte laissée sur la plaque de gélatine par l’image photographiée. Là, un sommeil plus ou moins long l’attend. La dépression peut même disparaître et le souvenir mourir après un certain temps. Au contraire, si le souvenir est sollicité souvent ou si l’empreinte est profonde en raison de l’intensité particulière de la sensation perçue, le souvenir persistera fidèle à travers les années.
Le sujet veut se rappeler quelque chose, un air de musique pour reprendre l’exemple retenu plus haut. Que se passe-t-il ? Il doit susciter le même processus que celui qui a permis d’enregistrer la sensation à rappeler. Sa pensée fait entrer en jeu les centres d’association du cerveau à l’effet d’émettre, de déclencher une onde de même longueur qui ira toucher la même corde de la harpe : celle-ci, pincée au même endroit, produira le même son, ou plutôt la représentation psychique du son.
Dans son trajet, l’onde suit le même parcours pour aboutir à l’empreinte dont il a été question plus haut. Puis l’onde se trouve réfléchie par un neurone et renvoyée vers le cerveau par le parcours inverse.
Si nous représentons par A le cerveau pensée, B les couches optiques, C L’hypophyse, D l’empreinte laissée par la vibration dans le troisième ventricule, l’enregistrement de la sensation se traduit par le parcours :
A-B-C-D
La reconnaissance du souvenir exige l’intervention du neurone réflecteur N et se traduit :
1) par le trajet   A-B-C-D
2) par le retour réfléchi   N - C - B - A
On ne saurait mieux comparer la reconnaissance du souvenir qu’à une exploration au radar du ventricule cérébral : pour permettre au vaisseau humain de remonter le cours de la vie dans la nuit du passé, le poste A ne cesse d’émettre ses ondes qui fouillent les aspérités de la côte et les ondes, réfléchies sur l’obstacle, illuminent le tableau de bord des images du souvenir.
Nous ne pouvons manquer en passant de signaler l’aspect électronique du phénomène. Dans son trajet d’aller comme dans celui de retour l’onde se propage grâce, d’une part, à ses propriétés électriques puisées à sa source A et grâce, d’autre part, à la conductibilité d’un milieu photoélectrique favorable à son cheminement. Cet ensemble de propriétés pourrait se nommer l’électronie du cerveau et mériter au plus haut point l’attention du biologiste.
Mais le phénomène de la mémoire présente un aspect psychique bien plus intéressant pour nous et sur lequel il convient d’insister. Le souvenir est enregistré, nous l’avons compris, en dehors de la volonté du sujet et, parfois même, sans qu’il en ait conscience. Tout au long de la journée, les souvenirs se classent en lui et s’enregistrent en quelques cases types, chacune d’elles se rapportant à l’un ou l’autre des sens humains. Il y a aussi la grande masse des souvenirs affectifs et spirituels. A chaque catégorie correspond une octave différente du clavier-mémoire. Le caractère psychique du phénomène se manifeste tout d’abord dans l’intensité émotive qui détermine l’acuité du souvenir futur en lui accordant une vibration électrique plus ou moins forte. Plus un état de conscience a été vivement ressenti plus aisément son souvenir revivra.
Mais ce caractère psychique se retrouve encore, prédominant, dans le processus de la reconnaissance du souvenir. Là, son action est capitale, essentielle. Nous avons vu que l’enregistrement du souvenir en D est avant tout physique, automatique. Mais le retour de l’onde de D en A est essentiellement fonction de l’intervention psychique du sujet, de sa volition.
Notre sujet cherche à se remémorer un air qu’il a connu. Sa volonté entre en jeu ; les associations d’idées, les groupes d’émotions adjacentes au souvenir sont successivement tâtées, frôlées, écartées par la volonté lucide du sujet. Son esprit, c’est-à-dire son être psychique, cherche, tâtonne puis soupçonne qu’il approche de la connaissance du souvenir. Le centre psychique veut trouver, il peine, puis, enfin, il localise le souvenir. Là se situe le mécanisme le plus délicat peut-être de la mémoire : notre sujet qui a localisé le souvenir procède par associations d’idées, ses facultés psychiques toutes en éveil pour rétrécir le plus possible le champ de ses investigations. Il va trouver, il approche, il “ brûle ” et voilà qu’il frôle un souvenir tout proche de celui recherché. Il heurte une corde sensible de la harpe magique. La note résonne, sa vibration atteint le neurone le plus proche et réfléchie par lui réveille enfin le souvenir endormi en sa dépression photoélectrique.
Il ne reste plus à l’onde qu’à effectuer son trajet de retour pour être reconnue, en A, par la pensée lucide du sujet qui a reconquis son souvenir précis tandis que, leur travail accompli, ses facultés psychiques reprennent leur atonie. La reconnaissance du souvenir apparaît ainsi comme une démarche de l’esprit, un “ mouvement psychique ”.
La mémoire participe du reste beaucoup plus que nous l’imaginons à notre vie mentale. A la mémoire sont liées l’imagination, qui puise son aliment quotidien dans le souvenir, et les aspirations de toutes sortes qui constituent le domaine secret de tout être vivant. Imagination, aspirations, illusions sont les filles spirituelles de la mémoire. Sans la mémoire, la mémoire des lectures, la mémoire des œuvres théâtrales et cinématographiques et, aussi, sans cette mémoire obscure mais essentielle de ce que Psyché à connu dans ses vies antérieures, l’être humain serait profondément diminué. L’intégrité de sa personne morale serait amputée de sa plus belle part, la part du rêve, la part de l’évasion. Et l’homme redeviendrait plus matérialiste et bestial qu’aux temps lointains où il    était si proche de l’animalité.
Si sans cesse les illusions naissent et renaissent malgré les déceptions de la vie quotidienne, si l’hydre de nos aspirations forge et reforge ses tentacules, si l’homme parvient jusqu’à sentir parfois battre son âme, c’est grâce à la mémoire, mais à une mémoire différente, la mémoire de Psyché qui, à travers les siècles, s’est inlassablement enrichie des alluvions de ses vies antérieures.
Dans son état éthérique, Psyché recouvre la conscience de sa mémoire spirituelle, elle la recouvre dans son intégrité, dans sa plénitude. Mais lorsque l’être éthérique s’incarne, descend dans la chair, cette vision des choses s’abolit et les souvenirs de ses vies antérieures ne viennent pas imprégner de leurs vibrations électriques la cire vierge de ses nouveaux centres cérébraux.
Néanmoins cette vision des choses, ces souvenirs subsiste en sommeil dans le subconscient, cette zone la plus reculée de notre être, celle où se retire l’essence même de Psyché durant son incarnation. Ainsi, le subconscient recèle la mémoire obscure de l’âme, une seconde mémoire qui ne se situe pas, elle, dans un ventricule cérébral ni dans aucun de nos centres nerveux supérieurs et qui, pourtant, s’impose à l’humain plus, beaucoup plus que le bref assouvissement de ses besoins matériels.
De même que l’être psychique déborde du cadre étroit d’un corps qui n’est pour lui qu’un lieu de passage, de même le conscient étend son emprise invisible et trouble sur les réflexes mécaniques de la mémoire et guide obscurément l’être vers sa finalité.
De même encore il lui arrive de déborder sur l’inconscient, ce fabuleux inconscient qui n’est autre qu’un limon trouble et immobile où les alluvions de nos sentiments et de nos vies antérieures sont au repos, où s’engluent les tendances informulées. Il arrive parfois, au cours du déploiement du mécanisme de la mémoire, ou sous une impulsion du subconscient, qu’une vibration parvienne jusqu’à l’inconscient et que, pour un instant, la surface boueuse de ce lac intérieur s’agite, qu’une ride se propage lentement sur cette eau lourde. Alors une obscure force se fait soudain concrète, s’impose, adjacente à la conscience, pour s’estomper ensuite plus ou moins vite. Et c’est une aspiration profonde qui nous laisse inassouvi, un besoin de renouveau trop vite refoulé par la routine quotidienne, une brève lueur de connaissance qui illumine les profondeurs de l’être, étouffée aussitôt après par le doute... N’est-ce pas la raison pour laquelle plus une âme est vieille, et riche d’alluvions, plus elle est idéaliste et lyrique ?
Ne terminons pas cette étude sans dire un mot de la mémoire chez l’animal. Son domaine y est, ainsi qu’on s’en doute, extrêmement restreint et en rapport avec une conscience à peu prés inexistante. Chez le fauve la sensibilité apparaît comme le principal facteur du phénomène de la mémoire. Un coup de feu reçu, un coup de couteau, ou la sensation du piège qui se referme laissent une trace profonde dans le psychisme embryonnaire de l’animal qui conservera la mémoire des faits accompagnant le choc physique et émotif subi. L’odeur de la proie, le goût du sang chaud, toutes les autres sensations transmises par l’odorat ou le tact sont du domaine de l’instinct et non de la mémoire.
Un peu plus grande est la part de la mémoire chez les animaux domestiques, asservis par l’homme. Le chien possède une mémoire presque toute olfactive : Par son odorat subtil il reconnaît l’odeur de celui qui le caresse, qui le nourrit ou qui au contraire le repousse ou le brutalise. La vue, chez le chat, vient compenser, à ce point de vue, le moindre développement de l’odorat et apparaît un auxiliaire plus efficace de la mémoire. Les mêmes gestes, répétés inlassablement, engendrent chez le cheval un automatisme capable de suppléer, dans une certaine mesure, à une mémoire également peu active.
Mais avant tout domine, chez l’animal, l’ancestral instinct de la race qui tient lieu de mémoire individuelle en composant une mémoire de groupe, une sorte de génie de l’espèce, à mi-chemin entre l’instinct proprement dit et l’intelligence humaine.

La perception spirituelle directe et l’extase

Dans son effort pour étendre le champ de ses connaissances, l’homme a fait appel à deux moyens différents. D’une part, se penchant exclusivement sur l’univers visible, il a cherché à accumuler, par l’expérience, le plus grand nombre de phénomènes observables et à découvrir ainsi les lois qui les régissent. C’est la voie dans laquelle notre science s’est engagée depuis plusieurs siècles ; nous sommes parvenus à d’admirables résultats, d’une technicité merveilleuse et qui nous remplissent d’admiration en même temps que d’une légitime fierté. Mais, à force de positivisme et de matérialisme, le progrès de nos sciences nous apparaît comme une marche sans fin, dans un climat d’inquiétude, vers une vérité toujours fuyante, extérieure et à jamais inaccessible.
D’autre part, délaissant systématiquement les phénomènes extérieurs et les apparences du monde sensible, l’homme a cherché à entrer en lui-même, de plus en plus profondément, pour saisir la réalité de l’âme, pour en développer les facultés intimes et atteindre ce foyer divin qui constitue la cause même alors que le monde concret parait bien n’être qu’un des effets. L’homme a toujours intuitivement compris qu’il pouvait développer ses facultés psychiques jusqu’à des limites incalculables et se trouver ainsi transporté dans un état de conscience supra normale qui lui permettrait de se mettre en rapport direct avec les forces occultes de l’univers et d’avoir par avance, tout en restant un être de chair, la vision de la réalité cosmique qui constitue l’envers du décor de la vie.
C’est en quoi a consisté l’expérience mystique des grands initiés qui ont ouvert à l’humanité terrestre les portes de lumière de l’au-delà : Krishna, Bouddha, Hermès, Moïse, Pythagore, Jésus, Mahomet. C’est encore la méthode, la seule efficace selon eux, des maîtres indous contemporains tels que Rama Krishna, Vivekananda ou Shri Aurobindo.
Pour eux tous, la seule réalité est l’âme, puisque seule elle n’est pas éphémère. Parcelle divine, il ne tient qu’à nous de réveiller ses sens endormis pour recouvrer la réalité du divin. Par une application constante, une initiation progressive, une étude approfondie, autrement dit une discipline spirituelle appropriée, l’homme voit s’ouvrir devant lui les différents stades de l’expérience mystique qui le conduisent à la connaissance, ou mieux à la conscience de l’absolu. Par un effort en apparence prodigieux, l’homme peut ainsi atteindre la perception spirituelle directe. C’est alors, et alors seulement, que la nature livre ses secrets à ses yeux éblouis et il rapporte de son extase, une vision, un souvenir d’état difficile à exprimer par des mots mais qui laissent à son âme, grisée de cette luxuriance spirituelle, la nostalgie d’un absolu ineffable en même temps qu’une grande douceur faite de sérénité.
Que faut-il penser de cette seconde méthode ? Constitue-t-elle réellement une méthode de recherche digne de retenir notre attention ? Peut-elle être comprise par notre raison ? Repose-t-elle au départ sur des phénomènes dont la physiologie est susceptible d’être étudiée ? Comporte-t-elle, dans ses résultats, des effets spirituels transcendants ?
De tous temps, et dès les plus reculés, certains hommes, plus évolués que leurs semblables, out ressenti avec force une sorte d’aspiration vers l’être divin, vers la suprême connaissance et sont parvenus à atteindre un milieu psychique au sein duquel leur âme vibrante parait communier, dans un état d’euphorie et d’extase, avec les forces occultes du grand univers. Parvenus à ce plan spirituel supérieur, du phare de leur pensée soudain lumineuse, ils balayèrent l’humanité terrestre. Et ce furent, au long des siècles, ces fondateurs de religions, ces grands conquérants du cœur et de l’esprit qui entraînèrent dans leur sillage des centaines de millions d’êtres.
Ceux-là furent peu nombreux. Mais, à côté de ceux qui ont marqué de leur sceau l’évolution des sociétés humaines, combien d’autres, inconnus, sont aussi parvenus à une perception spirituelle directe des grandes vérités cosmiques, à une initiation plus ou moins approfondie.
Pour avoir ainsi la possibilité de baigner au sein des régions astrales il faut être ou désincarné ou en état de retrait complet du périsprit du corps. Nous savons qu’à la mort le périsprit s’arrache au système nerveux qu’il tapissait et regagne son milieu éthérique, c’est-à-dire radiant. Nous savons, également, qu’il se trouve à des hauteurs différentes dans ce grand Tout, suivant son état d’évolution ou, ce qui revient an même, suivant le nombre de cellules électriques que comporte son champ magnétique.
De toute façon, le désincarné, par le fait même de son évasion du milieu incarné, recouvre les possibilités infinies inhérentes à sa nature et au milieu dans lequel il baigne et vibre librement ; de nouveau ses sens psychiques s’éveillent à l’au-delà et lui permettent de communier avec l’infini divin.
Comment dès lors, au cours des âges, ne se serait-il pas trouvé des hommes qui sentent naître en eux l’impérieux désir de tricher avec la mort, de tenter par avance la grande aventure par delà le décor dans lequel ils continuent de s’agiter misérablement, de goûter, ne serait-ce qu’un bref instant, à cette ambiance enfin radieuse et sereine réservée, en principe, à ceux-là seuls qui ont franchi les barrières de la vie cellulaire ?
Mais le retrait complet du périsprit du vivant du corps est un événement exceptionnel, hors nature. Ce phénomène, nous l’avons vu dans un chapitre précédent, se produit en cas de léthargie lorsque Psyché, fatiguée de son destin, quitte son corps et stagne à quelque distance, reliée par un mince cordon fluidique à l’encéphale. Il se produit également parfois au cours du sommeil lorsque l’âme, désireuse de connaître un futur angoissant, s’élève en partie au-dessus de son corps endormi pour alerter les entités qui errent dans les parages.
Les phénomènes classiques de médiumnité, nous l’avons vu aussi, trouvent leur explication dans un dégagement, partial, il est vrai, du périsprit. La volition du médium entraîne une rétractation du périsprit qui se retire des membres inférieurs et supérieurs. Le champ magnétique de Psyché n’étant plus contenu en entier par le système nerveux, il y a encombrement des plexus et dégagement, par le haut du corps, de la substance animique qui se déploie en faisceau au-dessus de la tête du sujet. Il ne s’agit que d’une évasion partielle du périsprit hors de sa prison charnelle où il demeure enfermé pour les deux tiers environ.
Cet état, qui est celui de la transe médiumnique habituelle, s’accompagne de sensations physiques parfois assez désagréables pour le corps et d’une perte de conscience, plus ou moins complète selon les sujets, perte de conscience dont les entités profitent pour se manifester. Les fonctions du corps se trouvent quelque peu affectées par le phénomène : la circulation est ralentie, un léger froid envahit les extrémités. Les organes des sens deviennent plus sensibles ; le moindre bruit fait sursauter le médium et la clarté l’incommode démesurément.
Pour qu’un être humain obtienne la perception spirituelle directe il est, par contre, indispensable que Psyché se plie volontairement à un processus de dégagement analogue à celui de la désincarnation, c’est-à-dire qu’elle sorte de son corps, s’élève et se reforme, totale en son intégrité, pour baigner dans l’espace astral.
Maintes conditions, on le comprend, sont requises pour la production d’un pareil phénomène et seuls certain médium, très puissants, parviennent, à force de discipline et de ténacité, au phénomène parfait : La sortie complète du périsprit du corps.
Tout d’abord cette pratique ne sera permise qu’à un sujet dénué de tout appétit matériel. Si, pour un médium récepteur de messages, le détachement des choses terrestres n’est pas nécessaire — quoiqu’il soit de nature à aider toutes les manifestations psychiques, — par contre, pour parvenir à arracher Psyché à sa prison charnelle, il faut préparer le corps à cette délivrance par la pratique d’un ascétisme absolu. Peu d’hommes parviennent à franchir ce premier obstacle.
Cette condition préliminaire remplie, le sujet se préparera à l’événement par de longues méditations au cours desquelles il devra faire le vide autour de lui, autour de son habitat et, enfoui dans sa volition comme s’il s’enlisait dans quelque sable mou, il noiera sa conscience, sa personnalité dans le flou de sa conception spirituelle de l’au-delà. Cette attitude morale observée, il tombera en transe par un des moyens mécaniques à sa convenance, par exemple en fixant un objet.
La transe obtenue, le cerveau ayant été préalablement imprégné par la volition arrêtée de permettre à Psyché de s’évader du corps, le sujet s’affaissera sur son lit de repos. Et un laborieux travail commence et va s’accomplir sans douleur pour le corps assoupi mais, pour Psyché, avec certaines affres et des tiraillements.
Pour s’évader du corps d’un mourant ou d’un médium en transe le périsprit suit un processus inverse de celui de la naissance. Arrêtons-nous donc un moment à observer ce premier phénomène nous comprendrons mieux ainsi la suite de nos développements.
Nous savons déjà que, durant la gestation et lorsque le fœtus a atteint un certain développement, vers le quatrième mois de la conception, le champ magnétique de son âme future vient, de temps en temps, le baigner de ses radiations et s’habitue ainsi peu à peu à animer son système nerveux. De là les premiers tressaillements que la mère enregistre. Mais le fœtus ne “ pense ” pas encore car Psyché ne s’introduit jamais complètement en lui.
Nous ne connaissons de la naissance que son aspect humain, organique en quelque sorte. Nous ne soupçonnons même pas que ce phénomène présente un autre aspect, un aspect psychique dirons-nous, particulièrement curieux.
La mère, souffrante, est allongée et le processus de la délivrance se poursuit. Voilà ce que nous voyons avec nos yeux de chair qui n’enregistrent qu’une certaine gamme de vibrations. Tournons la page du monde concret et décrivons la scène vue hors des barrières de la vie cellulaire qui sont sur le point d’être franchies par l’enfant.
Au-dessus de la mère qui se débat dans les spasmes de l’accouchement, les entités du monde invisible se sont rassemblées. Ainsi que des amis conduisent un des leurs à l’embarcadère d’un bateau, ainsi les âmes qui l’aiment viennent accompagner Psyché qui va quitter les sphères éthériques pour son périple terrestre. Aussi longtemps qu’elles peuvent la garder auprès d’elles, elles la gardent et la réconfortent car elle en a besoin plus que jamais ; le douloureux voyage de la vie est là qui l’attend.
Mais voilà que l’accouchement se termine ; l’enfant pousse ses premiers cris, il ouvre largement sa petite bouche. Il est temps pour Psyché de gagner sa nouvelle demeure. Avec déchirement elle quitte son cercle affectueux, les dernières recommandations s’échangent et, enfin, elle entre par cette bouche vagissante au sein de la vie charnelle qu’elle va retrouver. C’est bien souvent, du reste, qu’elle repartira vers ses amis désincarnés pendant les longs sommeils de la première enfance.
Pour son entrée dans le corps qu’elle investit, elle pénètre ordinairement par la bouche et noue son champ magnétique successivement aux différents plexus, puis s’étend aux membres supérieurs, puis inférieurs. Tout cela très vite et sans tiraillements car les forces psychiques priment les forces nerveuses de ce petit corps neuf où Psyché s’installe avec une grande aisance. Son périsprit souffrira, certes, de l’étouffement qu’il endure, mais à la longue et à mesure que l’enfant grandira la sensation de gêne ira s’atténuant.
Voilà pour la naissance. Reprenons maintenant notre étude de la transe médiumnique. Nous allons voir que la sortie du périsprit s’effectue selon un processus inverse qui va permettre à Psyché de reprendre contact avec son milieu éthérique.
Le dégagement du périsprit fait apparaître cinq phases successives :
1) Le champ magnétique de Psyché commence par abandonner les membres inférieurs, ce qui lui est facile et rapide, pour refluer vers le centre du corps.
2) Le phénomène se poursuit par l’évasion du bassin et du plexus sacré, ce qui demande un peu plus de temps. Le périsprit qui n’est pas encore sorti du corps, se trouve comprimé dans un espace inhabituel et le sujet ressent confusément une oppression mentale. Si, en effet, le cerveau ne pense plus, ses réflexes continuent à résonner dans les sens de Psyché et l’incommodent.
3) Puis Psyché retire son emprise magnétique des membres supérieurs, ce qui ne présente aucune difficulté ; dès cette troisième phase, le périsprit parvient à se frayer une sortie par les orifices du crane — la bouche, les oreilles, les yeux ou les fosses nasales — et commence à déserter le corps en s’amincissant en un cordon fluidique.
4) Le périsprit est noué au système nerveux par les ganglions du système grand sympathique. Il faut donc qu’il s’arrache successivement des différents plexus, les uns après les autres, du plexus sacré jusqu’au plexus cervical. Le thorax et le cou sont pour cette raison plus longs à dégager. Pendant ce temps le champ magnétique de l’âme poursuit son opération de sortie du corps et la matière psychique s’élargit et se condense à l’extérieur. Seul le crane demeure encore investi par le périsprit mais la phase dernière est proche.
5) C’est, du reste, la phase la plus pénible et la plus lente. Les cellules cervicales réagissent et agitent le périsprit de tiraillements qui lui causent une impression désagréable. Enfin Psyché parvient à se dégager de l’encéphale, son habitat le plus intime et le plus complexe, et voilà maintenant son champ magnétique reformé et vibrant au-dessus de son corps entransé, indépendant de lui autant que dans la mort.
Ces différentes phases ont pu demander deux à trois heures pour s’accomplir et le processus est en tout point semblable à celui d’une désincarnation véritable. Le sujet est du reste souvent agité de soubresauts analogues à ceux du coma et sans l’absolue solitude dans laquelle il est isolé le phénomène serait impossible à atteindre.
Comme dans la mort également, totalement dégagé du corps entransé dont la vie organique s’est considérablement ralentie, le périsprit, traversant de son champ magnétique les murs et plafonds, s’élève jusqu’à une certaine hauteur.
Pourquoi, dira-t-on, ne s’élève-t-il pas selon sa densité et son volume ainsi qu’un désincarné ? C’est que la conscience, préalablement avertie d’une sortie temporaire, continue de conduire l’âme et l’empêche de s’évader ; l’âme sait qu’elle devra bientôt retourner dans son corps qui sinon courrait le danger d’une léthargie sans fin, elle sait qu’elle ne doit pas échapper, par ce moyen hors nature, à son destin terrestre. La conscience de l’âme est bien, certes, son plus pur joyau, son étincelle, et pour elle le mot devoir prime le mot désir. Aussi extrêmement rares sont les âmes indifférentes qui se désintéressent de leurs corps et les laissent vides de leur spirituelle substance.
Donc, Psyché parvient à une certaine hauteur, la moindre qui lui est nécessaire pour pouvoir communiquer avec des entités d’une réelle valeur. Elle les alerte et ces entités se pressent autour d’elle, heureuse de voir, un moment libérée, une âme incarnée. Si le désir ardent de cette Psyché est d’être initiée aux grandes vérités, si, de ces vérités, elle ressent l’approche comme certaine et indispensable, alors les entités qui l’entourent se font une grande joie d’appeler un missionnaire de l’astral, un des plus purs qui, acceptant de descendre de ses hautes sphères, viendra verser dans ce creuset propice tout ou partie de sa science complète. L’initiation pourra être plus ou moins entière, plus on moins directe ou sous forme de symboles. Ainsi cette vérité, qui est une, pourra se draper de mille nuances selon les entités et selon les Psychés réceptrices.
Au cours de cette initiation, Psyché absorbe la vérité comme le sable boit l’eau, avec avidité. Le profit spirituel est grand et la mémoire de l’âme s’imprègne de la clarté fulgurante qui l’éblouit et l’émerveille.
Puis l’entité se retire et Psyché, consciente de ses devoirs, vigilante de son trésor nouveau, réintègre son corps par un processus inverse de celui suivi pour son dégagement. Et lorsque c’est chose faite, le dernier morceau du puzzle se trouve ajusté.
Le cerveau réhabité se réveille mais, comme le sommeil a été volontaire, il y a conscience complète et la mémoire organique, impressionnée par les radiations de la mémoire psychique, reçoit sur son clavier l’événement dans son ensemble. De là l’inspiration des grands fondateurs de religions qui, après leurs transes médiumniques, pouvaient révéler ce que leur mémoire avait enregistré. Jésus fut de ce nombre et, plus près de nous, Ramakrishna. Tous ces initiés avaient une vision claire et se hâtaient de raconter ce qu’ils avaient connu. Mais comment exprimer avec des mots humains cette vérité fulgurante qui les brûlait ?
Un autre aspect du phénomène est que Psyché conserve, également, le souvenir de cette volupté de l’au-delà à laquelle elle a goûté et qu’elle regrette, telle une enivrante sensation physique. L’être humain, qui a souvenance de cet état, aura-t-il la force de ne plus vouloir rechercher et retrouver cette extase ?
L’extase n’est pas une fin ; comparable à la béatitude céleste par l’excès des sensations quelle apporte, sa recherche en soi aboutit à un phénomène d’égocentrisme et n’est rien d’autre que l’assouvissement d’une jouissance peut-être encore plus condamnable que celle des sens puisqu’elle est hors nature. Que recherche donc l’initié qui n’a plus rien à appendre ou dont l’évolution ne lui permet d’apprendre plus rien, sinon la satisfaction d’un désir égoïste qui le fait échapper à un destin de chair pourtant librement choisi ? Nombreux sont les extatiques — surtout en Orient — qui se livrent à cet onanisme spirituel.
Lorsque l’initié est pur, comblé par la vérité reçue, il se retire en lui-même, médite, comprend, et soit garde pour lui sa lumière, ce qui est le cas le plus fréquent, soit clame sa vérité, si sa mission est de parler. Mais si l’être n’est pas extrêmement évolué s’il possède encore en lui certains appétits, il est explicable qu’il garde un regret des heures vécues et désire les retrouver. Son initiation lui a fait éprouver une joie spirituelle fulgurante et il conserve la nostalgie d’une volupté que les choses terrestres ne lui ont jamais fait connaître. Le désir naît en lui et bientôt il succombe à la tentation.
Or comment va-t-il libérer son âme du corps ? C’est ici que tout se complique. Tout est pur aux purs, aux autres, tout est impur. Psyché, clairvoyante, sait que la sensation est seule recherchée, alors que l’initiation est chose faite. Elle s’en désole car elle comprend que le périsprit va en être  alourdi. Elle fera donc pression de son mieux pour empêcher le phénomène : avant la transe imposée par le sujet à    son corps, elle suscite un débat de conscience. Si le sujet passe outre, le dégagement du périsprit se fera mal et restera partiel. S’il est tout de même suffisant pour permettre la communication avec les entités de l’au-delà, son champ magnétique restant relié au corps par un cordon fluidique, Psyché ne recevra pas la visite d’un être pur. Par contre, une entité malsaine — il en est autant dans l’au-delà que sur terre — atteindra facilement la région où notre périsprit baigne. Elle s’efforcera de lui donner la sensation la plus brûlante, suscitera pour elle des images très particulières qui lui procureront une excitation spirituelle intense, comparable à celle d’un stupéfiant. Visions agréables certes, mais malsaines et qui tendront à abaisser l’âme. Si le sujet s’y complaît, s’il récidive, alors il risque de perdre le bénéfice de son incarnation en cours et son évolution en sera d’autant retardée.
Aux dires des désincarnés, rares sont les âmes qui, au cours de deux vies successives commettent semblable erreur car leur désincarnation leur fournit l’entière vision du mal quelles ont ainsi suscité et elles n’éprouvent que dégoût pour les scènes que le reflet astral de leur passé leur permet de contempler. Du reste, une âme déjà élevée succombe rarement à la tentation et en règle générale les extatiques sont toujours moyennement ou peu évolués.
Cet état d’extase ne saurait en aucune façon être confondu avec celui de la prière. La prière, nous parlons de la prière fervente, à pour effet de “ fluidifier ” l’âme dont le champ magnétique, sans se dégager du corps, parvient à émettre une onde, une véritable antenne radiante qui s’élève lentement et finit par atteindre un courant cosmique. Ce courant cosmique — les désincarnés sont formels sur ce curieux phénomène de la nature — enrobe l’atmosphère de notre planète. L’âme du sujet, sans pouvoir communiquer par ce moyen avec les entités de l’au-delà, se trouve ainsi branchée sur un circuit électrique dont les propriétés sont telles qu’elles procurent à Psyché un état de paix souveraine, de repos, d’équilibre, de foi, autrement dit un état de conscience proche de la béatitude. Les prêtres connaissent bien ces effets bénéfiques et la pratique de la prière, encouragée par toutes les religions permet de développer ce qu’il y a de meilleur en nous.
Mais revenons-en au phénomène essentiel de l’initiation de Psyché après son évasion momentanée. La voilà intégrée à nouveau dans sa demeure de chair. Les effets de l’initiation vont se répercuter sur les différents plans de la conscience. En premier lieu, l’initiation trace un profond sillon dans le moi conscient du sujet qu’elle comble. Ensuite elle va mûrir à l’ombre de l’inconscient où les ors profonds de la connaissance s’estompent au crépuscule de la conscience et se teintent de reflets aux nuances indécises. Puis, dans le subconscient, c’est la lourde goutte noire qui roule et s’aplatit poisseuse, laissant sa trace gluante aux confins de l’intelligence pour se déposer enfin dans le puits obscur du moi. Là, à la moindre sollicitation du conscient, elle s’agitera, s’ouvrira comme l’obscure fleur des ténèbres qu’elle est et engendrera des effets bénéfiques qui seront plus ou moins ressentis.
Aveuglante dans le conscient où l’enrichissement ne sera jamais perdu ni obscurci, sourde et en veilleuse dans un inconscient toujours à la lisière de l’âme lucide et affleurant par maints éclairs à travers la conscience ou les rêves, ainsi l’initiation marquera par contre d’une empreinte obscure mais indélébile le fond du subconscient qui constitue l’essence du moi et recèle en son gouffre les eaux lourdes de la connaissance. De là partiront parfois ces houles, ces impulsions irrépressibles qui guideront Psyché et l’aideront désormais dans sa marche vers la lumière.

Le futur énergétique

Une des premières et plus étonnantes réalités qui s’affirment à l’initié, sur le chemin de l’au-delà, est bien celle de la négation du futur tel que nous le comprenons et de l’extrême précarité de notre concept du temps. Le futur apparaît, en effet comme déjà crée sous forme de radiations cosmiques qui sillonnent les espaces et qui, en atteignant notre planète, notre corps, imposent inexorablement l’accomplissement du présent humain, dans l’instantanéité du contact. L’homme vit sous la dépendance directe de son destin dont l’ombre se profile tout au long de sa route terrestre.
Mais ces réa1ités, que beaucoup ressentent intuitivement comme des vérités premières, et même admettent sans démonstration préalable, peuvent-elles être raisonnablement expliquées ? Sont-elles explicables ? L’homme du vingtième siècle, passionnément épris de raisonnement scientifique, peut-il, en ce domaine encore inexploré, attendre une aide sérieuse de l’expérimentation médiumnique ?
Les faits doivent être rendus intelligibles à partir de certains principes qui sont à découvrir. Ces principes peuvent-ils nous être révélés par les entités de ce monde invisible qui nous entoure si étroitement, mais demeure si fermé à nos sens ?
Certes, plus que jamais cette méthode d’investigation est de nature à susciter les réserves de certains, en raison de son caractère d’initiation transcendantale. Mais quelle importance, en somme, si les réponses fournies paraissent constituer un “ tout ” cohérent, susceptible de s’imposer à notre raison, à notre logique ? Peu importent les moyens, seul le problème d’intelligibilité compte.
Grâce à l’antenne fluidique d’un médium, branchons-nous donc, sans hésiter, sur l’une de ces entités de l’astral, choisie parmi les plus évoluées de celles qui veulent bien se prêter à l’expérience et essayons de nous faire expliquer en quoi consistent ces courants cosmiques dont il est si souvent question et comment ils peuvent influencer la vie sur notre planète.
Quel étrange dialogue, assurément que celui de ce chercheur assis à une table auprès d’un médium et de cet interlocuteur invisible situé quelque part dans l’espace sidéral, à une distance inimaginable, mais dont on sent la présence toute proche grâce aux radiations que transmettent sa pensée ! Et, à travers l’éther conducteur, les questions et les réponses s’entrecroisent, tour à tour émises et captées par ce merveilleux poste électrique que représente le médium dont les centres nerveux, sous l’influence de vibrations ultra courtes, s’allument à une pensée étrangère à la sienne.
Mais laissons parler notre communiquant désincarné et, tout en gardant entier notre esprit critique, recueillions ses explications et essayons avec lui de remonter jusqu’aux sources du concret, là où, dans le secret d’une machinerie céleste aux rouages multiples, se tissent les fils de notre destinée.
Tout de suite un principe nous est affirmé avec force, accompagné d’une description qui aurait paru fantasmagorique il y a seulement quelques décades, alors que nous n’avions pas encore la pratique des flux électriques et que nous ne soupçonnions pas l’étrange nature vibratoire des milieux atomiques. Ce principe est que le destin de chaque individu est sous la dépendance d’un courant énergétique, extérieur au corps et que l’on pourrait qualifier — faute de mieux — de radiations cosmiques. Les destins humains variant à l’infini, on est aussitôt amené à envisager un ensemble vibratoire considérable baignant l’atmosphère terrestre, et la description de ce phénomène par les désincarnés apparaît véritablement stupéfiante.
Partant d’un point qualifié par eux tantôt de noyau divin, tantôt de pôle positif du champ électromagnétique qui enserre l’univers, ces courants cosmiques se déroulent à travers l’espace sidéral telles d’immenses banderoles et ceignent les planètes, dont la nôtre, de leurs effluves vibrants. Ils retournent ensuite à leur source pour en repartir encore, chargés de destins nouveaux et accomplir ainsi sans arrêt une extraordinaire farandole sidérale qui s’apparente à la giration inlassable des planètes ou à la valse tourbillonnante des électrons au sein de l’infiniment petit de la matière.
Pour concrétiser le phénomène, on peut imaginer un ensemble de flux a, a’, a”... dont les trajectoires se coupent à l’aller comme au retour, provoquant des interférences. Ces interférences correspondent à des périodes symétriques dans le destin des individus, à deux équinoxes spirituelles en quelque sorte où le destin n’est plus agissant.
Les destins se trouvent gravés à l’avance sur les banderoles photoélectriques en ce sens que leur flux énergétique porte en son germe la préfiguration des actes à accomplir par chaque individu. Mais seuls les événements principaux de la vie — situation sociale, mariage, accidents, mort — y sont tracés, de nombreux passages ne devant être impressionnés que par le libre arbitre. Ainsi l’humain composera à sa fantaisie la broderie de son existence sur un canevas dont il a préalablement fait choix. Sous ce jour la vie terrestre apparaît, en somme, comme le thème musical d’un piano mécanique dont, toutefois, un exécutant a la possibilité de varier les tonalités et d’intercaler certaines phrases musicales dues à son inspiration personnelle.
Mais ne nous posons pas encore sur terre et restons dans les espaces sidéraux à imaginer le comportement d’un désincarné à l’égard de ces radiations cosmiques. Contrairement à l’humain, il n’est pas branché sur elles ; il les voit donc du dehors, de l’extérieur et il n’est pas tributaire du temps. Le temps est une notion purement humaine, pour le désincarné c’est seulement la fragmentation de l’espace. Prenons un exemple concret : la radiation du futur, qui doit atteindre un homme situé en A, se trouve encore loin de son objectif, en un point B de sa trajectoire courbe situé par exemple à 100.000 kilomètres. La distance AB représente à nos yeux un certain nombre de secondes, de minutes, d’heures ou de jours qui s’écouleront avant que le futur B devienne du présent A. Pour le désincarné il ne s’agit que d’une fraction d’espace BA et, comme le désincarné à toute possibilité de se mouvoir dans l’espace sidéral, il lui est loisible de se placer en un point quelconque B de la trajectoire pour connaître ainsi, par avance, l’événement futur en marche vers son objectif humain.
Au cours de sa vie éthérique, le désincarné se désintéresse de ces radiations cosmiques, qui ne lui sont pas destinées, jusqu’au moment où il ressent la nécessité d’une prochaine réincarnation. Le passage de la vie éthérique à la vie incarnée ne peut s’effectuer qu’en se “ branchant ” sur l’une de ces radiations cosmiques — nous reviendrons sur ce phénomène électrique — et ce branchement implique forcément l’adoption d’un destin quelconque. L’être éthérique a le choix de son destin en ce sens qu’il peut se brancher sur telle radiation ou telle autre. Mais son choix est relatif et dépend essentiellement de son évolution, c’est-à-dire de l’ancienneté de son âme.
Nous savons que les entités évoluent selon le volume et la densité de leurs champs magnétiques. Suivant leurs positions a, a’, a” les courants cosmiques du destin sillonnent des espaces divers et sont destinés à des catégories différentes d’êtres éthériques. Une entité placée en a” ne voit passer à sa portée que le flux a”. Elle ne peut prétendre à d’autres destins que ceux inclus en ce flux. Sa densité lui interdit de se mouvoir dans des sphères plus hautes traversées par les courants a’ ou a, par exemple. Elle pourrait seulement descendre et contempler des destins dévolus à de moins évoluées qu’elle. Mais le désincarné voit les événements dans leur ensemble et il n’y a pas d’exemple, paraît-il, qu’une entité se laisse aller à prétendre à un destin d’une catégorie inférieure à celle à laquelle elle a droit. La contemplation de ces destins révolus pour elle lui fait, au contraire, accepter avec plus de courage ses futures épreuves car la comparaison est à son avantage.
Quant à prétendre à un destin meilleur que celui auquel le désincarné a droit, il ne saurait en être question, même si le désincarné parvenait momentanément à une sphère plus haute. Tout est vibration et électricité, ne l’oublions pas, et seul le courant de la banderole a” peut éclairer la pile du périsprit a”. Il y a là des barrières infranchissables et les lois naturelles qui gouvernent l’au-delà comme la vie sur les planètes sont telles que rien n’est laissé à un hasard inexistant.
Pour une entité en mal de réincarnation, comment le choix de son nouveau destin va-t-il s’effectuer ? Parmi les divers schémas qui s’offrent a elle il y a équivalence rigoureuse d’épreuves à subir. Mais alors, par exemple, qu’un désincarné courageux acceptera une vie courte d’infirme ou de vagabond, un autre préférera une vie longue d’épreuves plus modérées.
Une fois exprimée sa préférence pour une catégorie de destins, notre entité doit se décider pour un des huit ou dix destins correspondant au type de vie qui lui agrée. Mais avant d’opter définitivement, Psyché doit se préoccuper de choisir un fœtus. Il faut que le milieu familial où ce fœtus est en gestation non seulement lui plaise mais corresponde à la ligne générale d’un des destins qu’elle devra finalement retenir. Ce choix du fœtus est, pour certaines entités, tout aussi important, sinon plus, que celui de leur destinée. Certaines, par exemple, ressentiraient vivement un manque d’affinité avec leur milieu familial et recherchent, autant que cela est possible, une analogie morale avec leur parenté future. D’autres, vaniteuses, se préoccupent avant tout de leur forme corporelle future et désirent une mère et un père leur offrant, par la ressemblance, le maximum de chances de beauté.
De toute façon s’ouvre pour Psyché une période assez longue d’investigations qui peut durer, parait-il, plus d’un mois, au cours de laquelle elle va prendre connaissance de différentes contrées et de différents milieux familiaux. Dans ce but, et grâce au membre de la famille le plus riche en fluide vital qui lui sert ainsi de médium inconscient et occasionnel, elle projette une véritable antenne au sein de ce milieu.
Pour un être éthérique déjà évolué, l’impression alors ressentie de se trouver pris dans l’engrenage humain est particulièrement pénible ; mais c’est la seule façon, pour le désincarné, de voir “ vivre ”, ceux qui éventuellement, pourraient devenir les siens, et de savoir si ce milieu peut lui être agréable ou tout au moins supportable. C’est en quelque sorte un voyage d’information qu’il effectue et il a, du reste, préparé son expédition terrestre en consultant, au préalable, le reflet astral des membres de cette famille, c’est-à-dire les images enregistrées dans l’éther des actes principaux de leur passé. Si les conditions de milieu ne lui agréent pas, notre entité poursuit son enquête et passe à l’examen d’une autre famille.
Parfois son choix se complique du fait qu’elle entend jumeler son existence avec celle d’une autre entité liée à elle par des sentiments anciens et profonds. Ainsi deux êtres, qui se sont déjà connus et aimés au cours d’une existence précédente et se sont retrouvés dans l’astral, décident de se rencontrer à nouveau sur terre et même de ne pas se quitter. Il faut donc qu’ils unissent leur prochaine réincarnation. Seront-ils frère et sœur, mère et fils ou époux ? Autant de problèmes qui conditionnent le choix de ces deux entités et le subordonnent à leurs désirs mutuels.
Le choix enfin arrêté, comment l’exclusivité et du destin et du fœtus va-t-elle être acquise à notre entité ? Grâce à un phénomène électrique particulièrement curieux dont il est possible d’avoir la description sinon l’explication. Ainsi qu’une araignée au haut de sa toile, l’entité se branche sur le flux énergétique de son destin en se plaçant “ au-dessus ” de lui et la luminosité de son périsprit baigne alors la parcelle de la banderole qui lui est dévolue. Seuls restent vacants les destins qui ne sont pas ainsi éclairés par cette lumière qui noie sous son poudroiement le destin choisi. Cette luminosité, précisons-le, émane de l’entité elle-même et constitue en quelque sorte la manifestation première d’un état prénatal qui la transforme physiquement. Ainsi qu’en un cocon de soie fluidique, le désincarné, dans cet état prénatal, voit son champ électromagnétique s’irradier d’une luminosité essentiellement variable du reste selon son évolution. Chez le rustre cette luminosité est lunaire et blafarde, chez l’être évolué son éclat est insoutenable
Le même phénomène a pour effet de mettre le fœtus en circuit avec son futur énergétique et, pendant les quatre ou cinq mois que dure encore la gestation de la mère, les radiations cosmiques resteront ainsi éclairées. C’est l’âme, soulignons-le au passage, qui apporte ainsi à l’enfant le destin qu’il sera forcé de vivre.
Dès que le petit être acquiert une existence indépendante de la mère, autrement dit dès la délivrance de celle-ci et l’entrée du périsprit dans le corps du nouveau-né, la luminescence dont nous parlions s’éteint et la banderole du destin, jusqu’alors figée dans l’immobilité, commence aussitôt, à alimenter sa nouvelle pile humaine en pénétrant par les pôles du sujet. C’est le départ du futur en même temps que le départ de la vie. A chaque instant ainsi, de par le monde, des milliers de fœtus viennent au jour, les radiations cosmiques se déclenchent, la vie et le destin avancent de pair.
Ici, un rappel s’impose. A propos du sommeil nous avons vu que le corps humain, grâce aux poumons et aux nerfs pneumogastriques, captait durant la nuit une certaine charge électrique qui, par le bulbe rachidien, était acheminée au cervelet. Nous avons vu, également, que le cervelet jouait le rôle d’un accumulateur d’énergie et distribuait ensuite durant le jour son flux électrique à travers tout le réseau nerveux. Nous savons donc que le corps émarge à une première source d’énergie, puisée dans l’atmosphère même de notre planète et qui assure, suivant un rythme régulier, la continuation de la vie, sa prolongation quotidienne en quelque sorte.
Avec les radiations cosmiques nous découvrons une nouvelle source énergétique qui pénètre, elle, non plus par les voies respiratoires, mais directement par les pôles magnétiques humains. Et la vie, telle que nous la concevons, va résulter du mariage de ces deux flux, autrement dit de la conjonction, au sein de la cellule, de la radiation cosmique et du potentiel électrique qui déjà la chargeait. Un tressaillement du plasma sous le choc des deux électricités, une minuscule étincelle et la somme de ce phénomène cellulaire à travers le corps produit l’énergie vitale .
Ainsi la cellule humaine est véhicule de vie et non-vie par elle-même et c’est en son creuset que se marient les vibrations énergétiques que lui prodigue le flux du destin. La vie ne peut donc se manifester que si l’être est branché sur ce flux, la mort signifie que le circuit est coupé. La fin du destin implique l’arrêt des fonctions vitales, du moins des fonctions vitales cellulaires que seules nous connaissons. Lorsque le destin est accompli, le courant cosmique qui animait le corps depuis la naissance ne le baigne plus. Seul le champ magnétique de l’âme continue alors à vibrer, intact, et Psyché, plus ou moins vite, va quitter ce corps qui s’éteint.
L’homme est une pile électrique branchée sur son futur énergétique et nous comprenons maintenant que les deux actes principaux de l’existence — la naissance et la mort — sont préétablis en ce sens qu’ils sont sous la dépendance du flux du destin.
Mais ce flux, synchronisé sur le voltage de l’être, va sans cesse le suivre dans sa course et déterminer les étapes de sa route terrestre. Au fur et à mesure que la banderole se déroule, que le temps s’écoule, le sujet baigne successivement dans l’influx des différents actes de sa destinée, des événements à vivre, et, par une conjonction énergétique ininterrompue, le futur continue sans cesse à se muer en présent.
La banderole cosmique est animée d’une force électrique, l’événement du destin est représenté par une onde dont la rencontre avec la pile humaine est génératrice du présent pour l’être qui est gagné par son destin. Imaginez un homme inerte, étendu sur le sol. Un fleuve en crue déborde, sa coulée chemine et atteint l’homme. Alors il se lève, bondit pour échapper au danger. De même le destin pourchasse et atteint l’homme. La crue du destin l’envahit, le submerge, sa conscience est assaillie par ronde de l’événement imminent, ses sentiments s’agitent et l’action se déroule dans l’ordre préétabli par la destinée.
Lorsque l’acte est vécu, dès qu’il est sur-impressionné sur la banderole, le présent s’efface et devient du passé. Il laisse à l’avenir immédiat sa réalisation en présent qui, à son tour, se retranchera dans le passé.
Pour être complet, et quoique ce développement déborde du cadre de cette étude, signalons que l’accomplissement du futur, dans l’instantanéité du présent, déclenche une onde de télévision qui se propage à son tour en direction d’un récepteur, la sphère astrale, dont les propriétés photoélectriques permettent de conserver presque indéfiniment les images du passé. Ainsi le flux cosmique du futur se mue en présent en un point de sa trajectoire, et l’acte du destin, tel qu’il est vécu selon la latitude laissée au libre arbitre du sujet, est représenté par une onde photographique qui quitte notre sujet et la planète pour s’inscrire dans l’éther astral. Ce phénomène électrique qui s’apparente à celui de la télévision trouve son explication dans le fait qu’à partir du moment où un acte important met en jeu une certaine intensité affective, le système nerveux émet, à notre insu, un ensemble de radiations qui quittent notre corps et sont captées par le récepteur éthérique dont il est question.
C’est ce miroir indélébile de la sphère astrale qui permet ensuite au désincarné de retrouver la trace de ses actes vécus. L’être éthérique a ainsi la possibilité de contempler son passé, c’est-à-dire les actes principaux de ses vies antérieures. Sa compréhension est alors différente de la nôtre en ce sens qu’il ne s’attache plus, principalement, à l’acte commis mais au climat moral qui l’a rendu possible, à l’aura de bonté ou de laideur qui entoure chaque chose et, pour lui, l’intention vaut l’action et même la dépasse.
Au cours des développements qui précèdent nous avons essayé de concevoir l’emprise énergétique qu’exerce, sur notre corps, le flux du futur. Cette emprise, toute profonde qu’elle soit, serait cependant incapable, à elle seule, de provoquer irrémédiablement l’acte du destin. L’accomplissement de l’acte, sa réalisation implique un ensemble de phénomènes adjacents sur lesquels il convient, maintenant, de se pencher et qui, tous, concourent à créer un climat  psychique favorable à l’éclosion de l’événement.
Signalons tout d’abord, pour mémoire, qu’avant même de naître à la vie cellulaire, l’âme porte en elle ses propres tendances qui donneront à ses actes une impulsion particulière. Ses tendances apparaissent, nous l’avons vu, dans l’aura qui entoure le corps humain et dont la luminosité et la coloration varient selon l’état d’évolution de Psyché. Un être qui n’a vécu qu’une dizaine de vies humaines ne réagira pas de la même manière qu’un sujet évolué que des centaines de vies antérieures ont rodé de leurs innombrables épreuves. La lointaine origine animale de l’âme continue également, à travers les millénaires, à exercer sa trouble emprise sur les réflexes qui seront éventuellement différents, en face du même acte, suivant l’ancienne appartenance à telle famille animale ou telle autre.
En sus des tendances que chaque être porte ainsi en lui en naissant et qu’il doit à son ascendance animale et à l’ancienneté de son âme, en sus de cet atavisme “ animique ” aussi important, sinon plus, que celui que nos biologistes recherchent dans les chromosomes de la cellule, il ne faut pas oublier, en second lieu, de mentionner l’influence indéniable qu’exercent sur nos actes les radiations émises par les astres. De tous temps, les hommes ont pressenti, admis cette influence et l’astrologie a connu, dans les siècles passés, une vogue particulière. Si nous faisons la part de l’exagération et aussi, pourquoi ne pas le dire, du charlatanisme, l’influence zodiacale se résume en un phénomène de radioactivité parfaitement admissible. Chaque astre, chaque constellation réfléchissent diversement l’ensemble des radiations cosmiques qui les atteignent et la pile humaine, super sensible, se trouve forcément affectée par ces projections atomiques dont elle est sans cesse bombardée.
L’être dont le destin doit être, par exemple, de violence naîtra donc, pour parfaire sa destinée, sous une influence astrale dont l’incidence avec le flux cosmique du futur déchaînera violence et meurtre ou tout au moins en favorisera l’éclosion. La rotation de la Terre permettra ainsi, périodiquement, à ce phénomène de radioactivité d’exercer son étreinte invisible sur le sujet dont le climat radiant subira la répétition rythmée des mêmes tendances générales bénéfiques on maléfiques.
Parmi les phénomènes adjacents qui concourent à créer le climat psychique propice à la réalisation du futur, il convient, en troisième lieu, de faire une place à part au subconscient dont le rôle est primordial.
Nous savons que le conscient gouverne la vie journalière du sujet et qu’il représente avant tout la raison, la volition. Par rapport au destin, le rôle du conscient est de freiner les impulsions du subconscient afin de faire jouer le libre arbitre. Le libre arbitre émane du seul conscient. Dans sa forme pratique, le conscient représente la marge laissée par le destin à l’intervention habituelle de la raison. L’être raisonne, discute avec lui-même, sans savoir que le destin approche, inéluctable alors parfois qu’il le pressent, qu’il jouit d’une intuition de son subconscient.
Selon l’intelligence de chacun le conscient construit une hypothèse, la met en action, s’émeut à son échec ou à sa réussite, néglige l’impulsion profonde et finalement, son libre arbitre accompli, retombe dans la ligne générale où son destin le maintient. Le conscient a donc un rôle de frein et d’apport personnel.
L’inconscient, qui se borne à enregistrer les impondérables, ne présente, au regard du destin, aucun intérêt particulier. Il a, tout au plus, l’utilité d’un grenier où parfois le subconscient vient chercher le grain à faire germer.
Le subconscient, lui, représente en quelque sorte la matrice de l’âme et toutes les impulsions profondes qui vont guider l’être vers sa finalité émaneront de lui. Ainsi que nous allons le voir, c’est le maître qui conduit le ballet, souvent sinistre, du destin.
Avant de renaître à la vie cellulaire, Psyché a choisi son destin de chair, nous le savons. Elle connaît donc, par avance, les épreuves à subir et ce qu’elle a enregistré dort au creux de sa mémoire psychique qui se situe dans le subconscient. La mémoire cérébrale n’a pu commencer à fonctionner qu’à la naissance du corps et avec lui ; elle n’a, par conséquent, pas été impressionnée par des événements antérieurs, notamment ceux de l’astral que seule Psyché a connus.
L’âme conserve donc, dans sa seule mémoire psychique, la connaissance de sa destinée. Pendant le sommeil, ou en certaines occasions propices, il lui arrive fréquemment, nous l’avons vu, de s’évader en partie du corps et de libérer du même coup, et momentanément, son subconscient. Elle enregistre alors, avec certitude, soit en elle-même, soit par son contact avec l’astral, l’approche de l’événement du destin. Elle sait qu’elle ne peut échapper à l’épreuve, qu’elle l’a du reste librement choisie et que la souffrance salvatrice est le seul moyen de parfaire son évolution. Il faut donc que l’épreuve s’accomplisse, que l’acte du destin arrive et le plus tôt sera le mieux.
Le rôle du subconscient va, alors, consister à créer un courant psychique qui entraînera le sujet dans la direction voulue. Les différents états de conscience sont semblables à une harpe dont, toutefois, les cordes ne seraient pas fixées. Dans l’immense usine affective qu’est le cerveau humain, chaque corde correspond à un sentiment, et une de ses extrémités est branchée sur le clavier du conscient. Selon les complications, les enchevêtrements et les incidences diverses des sentiments qui sont en jeu, l’autre extrémité de la corde aboutit soit au conscient lui-même — c’est le cas le plus général et le plus simple — soit pénètre dans l’inconscient, soit encore se prolonge jusqu’au subconscient où, en principe, le sentiment meurt sans causer de résonance à la différence de ce qui se passe pour les deux premières zones qu’il impressionne.
Le mur froid du subconscient ne réfléchit rien, le fil se tranche net. Psyché reste sourde et muette. La charge électrique des cellules cérébrales est telle que le flux qui les parcourt ne peut aller qu’en direction du conscient. Jamais la moindre parcelle du conscient ne peut refluer à travers le subconscient et le perturber.
Mais, lorsque le sentiment en jeu intéresse un acte du destin dont la réalisation est attendue par Psyché, celle-ci, qui a ressenti les radiations cosmiques de la banderole, se trouble, s’anime et renvoie la vibration du sentiment vers le conscient pour le faire entrer à son tour en action, pour lui commander l’acte.
Le mur du subconscient n’a pas laissé pénétrer en lui l’onde du sentiment mais, par un phénomène nouveau de réflexion, a renvoyé, tel un boomerang, l’onde vers sa source. Et il a renvoyé cette onde non point comme elle lui est parvenue, mais éclairée par une impulsion puisée au subconscient. Ainsi qu’un réflexe nerveux réfléchi par un neurone, l’onde revient à sa naissance dans le conscient. Celui-ci raisonne, discute et, sans le soupçonner, prend une décision qu’il croit émaner de lui seul, alors qu’en réalité il obéit à une véritable injonction du subconscient.
Tel est le rôle du subconscient dans l’accomplissement du destin ; il est immense. Sans trêve Psyché mène le jeu de l’être incarné. Sans trêve nous ressentons ces impulsions profondes et inexplicables, ces contradictions apparentes qui dressent la raison contre l’intuition et qui sont l’œuvre de ce que nous nommons le subconscient dans notre incapacité de concevoir Psyché, une Psyché déformée, étouffée, obscurcie, mais toujours pure flamme qui attend, tapie et engourdie dans les méandres cérébraux de retrouver un jour son élément — l’astral.
Les développements précédents sur les radiations cosmiques du futur et les phénomènes adjacents de l’atavisme animique, de la radioactivité stellaire et enfin du subconscient  démontrent l’extrême complexité du problème que pose au philosophe et au biologiste l’accomplissement de la destinée. Lorsqu’on parle du déterminisme on est loin de soupçonner les rouages multiples qu’il implique, l’extraordinaire enchevêtrement d’influences que subit l’humain tout au long de sa route terrestre, lui qui, orgueilleusement, se croit maître de son sort.
Mais en sus de ces phénomènes, déjà si complexes, que nous avons tenté d’analyser dans la mesure de nos moyens, voilà qu’il nous faut maintenant, et pour en terminer, décrire l’ingérence incessante des désincarnés dans le cours de notre destinée. Cette ingérence nous surprend, paraît heurter le bon sens et nous éprouvons même à l’admettre, pourquoi ne pas le dire, une certaine mauvaise humeur. Son existence est pourtant affirmée avec force, avec persistance dans toutes les communications reçues de l’au-delà qui traitent du déterminisme. Les désincarnés nous assurent que c’est pour eux une servitude de l’astral que de guider l’humain qui se débat en aveugle sur terre, qu’ils sont désignés à leur tour pour cette tâche et que nul ne s’y dérobe puisqu’ils savent qu’une fois réincarnés, ils auront besoin aussi d’être bridés. Chaque humain, même le plus déshérité, possède ainsi un missionnaire désincarné qui va veiller à l’accomplissement de sa destinée, c’est-à-dire l’influencer de ses ondes propres pour concrétiser en actes les événements préfigurés de la banderole du futur.
Pour faire apparaître le rôle de ce missionnaire, nous allons prendre deux exemples. Dans le premier, nous ne parlerons que des radiations énergétiques du futur et de l’ingérence du guide, dans le second exemple nous ferons état, en sus, de ce que nous avons appelé les phénomènes adjacents et notamment du rôle du subconscient.
Envisageons, tout d’abord, ce que doit être la vie de Paul, aux termes du destin que son âme a choisi avant sa réincarnation Paul, dès l’âge de douze ans, doit être paralysé, c’est sa première épreuve. Il doit guérir lorsqu’il atteindra l’âge de 24 ans environ et deviendra homme d’affaires. A 28 ans, Il épousera une femme volage, en souffrira jusqu’au meurtre de son rival, sera jugé et condamné. Il s’évadera à 36 ans et après 5 ou 6 années durant lesquelles il vit traquer, se cachant sans cesse, mourra vers 42 ans, misérablement seul. Voilà les grandes lignes de sa destinée, car qui dit destin dit épreuves et tout ce qui ne figure pas sur ce canevas est du domaine du libre arbitre.
Comment Paul, qui est d’abord un bébé heureux, contractera-t-il son mal ? Sa moelle épinière d’enfant est saine, il n’y a en lui aucune hérédité fâcheuse et il faut pourtant qu’a l’âge de 12 ans, au plus tard, ce mal grave apparaisse.
Lorsque l’époque fixée approche, le flux énergétique du destin, qui anime sans cesse le sujet, commence à décroître et à créer un climat de déficience propice. Le moment de l’épreuve est arrivé et c’est alors que le missionnaire du destin, nullement affecté de conduire son sujet à la souffrance puisque celle-ci est salutaire et que l’âme l’a par avance acceptée, fait surgir le microbe qui apportera la maladie, et précisément celle que les diverses influences radiantes concourent à susciter. Plutôt même que de voir son sujet se mettre en retard sur son destin, le missionnaire préférerait le rendre malade 2 ou 3 ans à l’avance et ferait surgir, cent fois plutôt qu’une, le microbe nécessaire.
Quand Paul est paralysé, le missionnaire, profitant de la souffrance morale et physique, s’emploie à élever son âme, à l’aider dans son évolution morale et le comportement du sujet, durant l’épreuve, va dépendre essentiellement de son libre arbitre.
Puis Paul guérit. Là encore le missionnaire agit, aide, baignant le corps d’ondes régénératrices qui surajoutent leur efficacité à celle du rayonnement cosmique du futur dont l’influence maléfique a cessé. Paul redevient à peu près normal, c’est-à-dire que son corps est guéri, mais son mental reste atteint du sentiment qu’il est marqué par le destin, ce qui contribuera plus tard à le pousser à une action désespérée.
Puis c’est la création de sa situation d’homme. Le missionnaire le regarde s’agiter et, lorsqu’il le voit satisfait et heureux, ne peut se retenir d’éprouver un sentiment de pitié.
L’âge est enfin venu où Paul va prendre femme. II doit choisir mal. Son esprit, convaincu de son infériorité, le poussera vers l’objet le plus brillant d’apparence ainsi que vers une revanche. Il choisit donc aussi mal que possible et l’œuvre du missionnaire sera d’influencer la femme dont le destin de Paul a besoin afin de la faire se trouver sur son chemin et d’obtenir son consentement à l’union. Comment donc va-t-il procéder ?
Il “ contactera ” l’entité qui veille sur la femme et lui dira : “ J’ai besoin d’une femme volage, est-ce bien dans la ligne du destin de votre protégée ? ” Etant d’accord entre eux sur cette corrélation, pour un temps, du destin de leurs deux sujets, la rencontre est facilitée. Le mariage a lieu. La trahison, également, sera favorisée par les deux missionnaires et, aussi, la découverte par le mari de son infortune. Ici, contact avec une troisième entité, celle qui suit l’amant éventuel. Il faut trouver l’homme à abattre et c’est, parait-il, chose aisée car dans l’astral c’est une épreuve souvent choisie et en somme facile à subir. On n’a qu’à laisser faire. De plus le fait de mort violente fait gagner à l’âme bien de l’espace astral car, brutalement désincarnée, elle souffre et tourbillonne longtemps, sans comprendre ce qui lui arrive. Son destin terrestre est en quelque sorte prolongé et l’évolution facilement acquise ainsi.
Donc les trois entités s’étant mises d’accord, tout est prêt et Paul, encouragé dans son geste désespéré, abat son rival. La femme continuera désormais son destin personnel et Paul sera condamné. Années très dures pour lui durant lesquelles, sans trêve, le missionnaire s’emploiera à éveiller ses bons instincts et à chasser toute révolte de son âme.
Aidé dans son évasion, Paul la réussit. Il lui a semblé que les portes s’ouvraient toutes seules devant lui. Puis ce sont les dernières années ; le missionnaire dirige ses ondes en faisceau pour suggérer à Paul que ces épreuves ont un sens et qu’il faut espérer mieux que le noir décor de la vie. Parfois il réussit à éveiller en lui un sens religieux qui élève l’âme. De toute façon il l’aide à supporter son destin et étouffe en lui toute idée de suicide.
Enfin, un certain jour, vers 42 ans, Paul, traqué et qui s’est réfugié dans une grange, s’éteint, misérablement seul. Les radiations cosmiques de son futur ont été soudainement interrompues à l’époque depuis si longtemps prévue. La mort du corps s’ensuit, peu importe de savoir si c’est tel organe ou tel autre qui a failli le premier. La pile humaine était débranchée, la machine corporelle ne pouvait que s’arrêter.
Dès que l’âme parvient à se dégager de ce corps qui fut Paul, le missionnaire est le premier à accueillir sa transparence, à l’envelopper affectueusement, à l’aider à monter vers sa sphère et à lui faire comprendre la vérité dans son ensemble.
Dans cet exemple, volontairement simplifié, nous n’avons fait état que des radiations cosmiques du futur et du rôle du missionnaire désincarné. Dans un second exemple nous allons essayer de percevoir les autres rouages qui permettent l’accomplissement du destin et notamment l’influence du subconscient.
Le thème général de la vie de Jacques est le suivant : il doit à une date précise dilapider une importante somme d’argent qui ne lui appartient pas et subir un emprisonnement. Ensuite, touché par le repentir et la grâce, il entrera dans les ordres. Avec son libre arbitre notre sujet doit broder sa vie sur ce canevas, l’enjoliver ou l’enlaidir par les circonstances dues à son apport personnel, profiter plus ou moins des épreuves subies. Mais ce qui nous intéresse, pour notre étude, est de comprendre le mécanisme grâce auquel les événements du destin — les seuls inéluctables — vont irrémédiablement s’accomplir.
La banderole du futur prévoit, sans autre détail, que le sujet doit, à une date précise, dilapider les fonds d’autrui et subir un emprisonnement.
Le missionnaire commence par aider Jacques à obtenir une place de caissier que celui-ci désire. Puis il lui suggère des goûts de luxe et de mollesse. Pour cela il joue sur le clavier de son mental et appuie sur la corde précise qui fera lever les sentiments les plus troubles en lui. Jusqu’ici satisfait de son sort, Jacques connaît l’envie en faisant des connaissances nouvelles au-dessus de sa condition.
Ce sentiment d’envie va projeter son influx jusqu’au subconscient qui alors entre en jeu en réfléchissant l’onde vers le conscient à travers le noir tunnel de l’inconscient où elle charrie sur son passage un surplus de possibilités nouvelles qui y dormaient, larvaires et à peine ébauchée. Psyché, qui sait l’avenir et qui a grande hâte d’en terminer avec son épreuve, insiste sur le trouble du sentiment parvenu jusqu’à elle.
Dès réception de l’onde de retour, Jacques, dont le conscient est fortement impressionné, s’enfonce de plus en plus dans son désir de vie facile. Parmi ses connaissances, la femme, qui sera le moteur de son action, entre en jeu. Pour la conquérir et la garder, cette femme vénale, Jacques finira par puiser dans la caisse, un certain jour où tout concourra pour la réussite de l’événement : la radiation du futur, les influences astrales propices, le réflexe du subconscient, l’ingérence du missionnaire. Et si l’on pouvait à ce moment discerner l’aura du sujet, on y verrait les colorations se troubler, une teinte fulgurante prédominer sur les autres dénotant un trouble identique de l’âme qui a participé, elle aussi, au phénomène pour forcer la décision coupable.
Lorsqu’on arrête Jacques, qu’on le juge, qu’on l’enferme, la femme endure bien sûr sa propre épreuve, mais la ligne de son destin la fait, peu après, se détourner de Jacques.
Et c’est alors pour le missionnaire le moment d’agir à nouveau sur le mental du sujet. Il suggère, il insiste, et l’onde consciente de Jacques, réfléchie par son subconscient qui vibre en harmonie avec son guide, apporte au conscient le repentir et la foi. Psyché et le missionnaire, enfin délivrés du joug de l’épreuve et heureux de pouvoir agir pour le bien spirituel du sujet, conjuguent leurs efforts pour créer le climat propice qui amènera Jacques à entrer dans les ordres où, son destin accompli, il ressentira la sérénité et le plein épanouissement de sa véritable personnalité.
Tels sont les fils qui déterminent les actions humaines. Les plus grandes forces qui régissent les êtres comme les éléments sont toutes invisibles et même l’évolution des planètes, suivant un cycle toujours identique, paraît assujettie à un destin immuable. La fantaisie est décidément exclue de l’œuvre divine, tout y est inéluctablement tracé par avance, depuis la vie du brin d’herbe jusqu’à celle des mondes lointains que nos lunettes astronomiques géantes ne parviennent pas encore à découvrir et qui pourtant existent. Et entre ces deux points extrêmes de la Nature, le brin d’herbe et le Cosmos, l’homme, faible marionnette, vit son destin presque en aveugle, tout en criant bien haut son orgueil d’exister et de penser. Et il faut qu’il en soit ainsi.

Les états de conscience

Un champ magnétique dont les deux pôles, négatif et positif, sont reliés entre eux par des lignes de force qui apparaissent dans tous les phénomènes d’aimantation, une forme ovale contenue dans ce champ et parcourue par un flux d’induction qui vibre en circuit fermé, un ensemble de cellules électriques toujours en accroissement au long de l’évolution cyclique, telle est la réalité électromagnétique de l’âme. Et, à ce point de vue purement physique, l’âme nous apparaît bien comme une unité astrale destinée à animer une unité humaine dans le monde concret de la chair.
Malgré sa réalité magnétique, cette unité astrale serait dépourvue de finalité et partant de valeur si elle ne constituait aussi, et avant tout, une réalité spirituelle et c’est là, certes, son aspect le plus abstrait en même temps que le plus attachant.
Oui, l’âme est une réalité spirituelle et, tout comme le flux électrique qui la parcourt, la pensée intelligente qui l’anime vibre en circuit fermé, dans l’ensemble de son unité. Chez l’être éthérique il n’y a pas à proprement parler de siège de la pensée pas plus qu’il n’existe de centres sensoriels. Toutefois la pensée se propage “ à partir ” d’une zone idéale, au sommet du périsprit là où, dans le corps humain, il tapisse les centres cérébraux. Il ne faut voir dans cette particularité qu’un reflet, une survivance en quelque sorte de la chair dans le périsprit, autrement dit une habitude prise par l’âme à travers les corps successifs plutôt qu’une aptitude réelle du milieu. C’est ainsi que chez une âme peu évoluée et qui en est au début de ses réincarnations dans le cycle humain, cette zone idéale est quasi inexistante, le périsprit ressentant les perceptions dans son ensemble, tandis que plus l’être éthérique se parfait, plus les perceptions s’enregistrent et rayonnent depuis son sommet. De nombreux corps successifs ont été animés par ce périsprit et ont finalement déteint sur lui, alors cependant que son champ magnétique est irrigué par le même flux électrique qui charrie la pensée.
Que ressent l’être éthérique et comment ressent-il ? La description devient difficile car notre vocabulaire humain est à l’échelle même de nos perceptions. Or, ici, nous sommes dans l’astral, c’est-à-dire dans le monde des radiations et il ne faut pas perdre de vue que le périsprit ne comporte aucun de nos appareils sensoriels. Ses cellules électriques se trouvent directement impressionnées par le rayonnement extérieur ainsi qu’une pellicule photographique. Les sensations, chez lui, sont remplacées par des états, états de fraîcheur, de chaleur, de béatitude, de bonté, etc... Jamais rien de fragmentaire ni d’inachevé. L’essence de chaque perception est ressentie en bloc. En somme il n’est plus, pour l’être éthérique, de perceptions différentes d’images, de sons, de toucher ; tout s’analyse en un climat psychique créé par l’action des radiations de l’extérieur sur ses cellules électriques.
Interrogez un désincarné sur la façon dont il perçoit un arbre, par exemple, et il traduira ainsi ce qu’il ressent : la fraîcheur d’une tache verte, le chant des oiseaux, la majesté de la hauteur. Tout ce qui constitue pour nous un ensemble de perceptions distinctes, qu’il nous appartient ensuite de coordonner, se trouvent résumées pour lui en un seul et immédiat état de conscience qui les contient toutes dont certaines curieusement inversées.
Prenons un autre exemple. L’image et le son représentent, pour nous, deux perceptions bien séparées car les radiations afférentes à l’image et au son sont enregistrées par deux organes des sens différents, l’œil et l’oreille. Pour le périsprit, les deux gammes de radiations impressionnent simultanément les mêmes cellules électriques pour créer une réaction interne unique qui correspond, si elle est agréable, à un état d’euphorie.
D’autre part, il ne faut pas perdre de vue que l’être éthérique baigne dans un milieu essentiellement radiant. De ce fait la gamme de ses perceptions est infiniment plus étendue que la nôtre. L’œil humain ne peut enregistrer que des radiations d’une certaine amplitude, il en est de même de l’oreille. Aucune limitation de cette nature pour le désincarné qui arrive même à percevoir les vibrations éthériques engendrées par la rotation des astres dans le firmament, ce qui constitue pour lui une immense symphonie céleste à laquelle il est très sensible. Et cette musique des sphères, il ne l’écoute pas, elle le baigne d’une lente et pure psalmodie.
Lorsque deux entités sont en présence, l’une impressionne l’autre de ses radiations et la pensée est intelligible pour toutes deux par le simple contact.
Un dialogue abstrait s’engage, fulgurant, par crépitements d’ondes et tout est immédiatement compris. Il y a ainsi de grands bonheurs absolus pour les âmes jumelles qui se pénètrent mutuellement et s’enveloppent d’un rayonnement de douceur et d’amour. C’est encore une des béatitudes de l’au-delà, surtout dans les hautes sphères, que de ressentir l’ineffable présence radiante des périsprits, de leurs sentiments de bonté et d’amour ; ainsi se crée une ambiance inexprimable de bonheur dont les désincarnés sont comblés.
Il en va autrement, bien entendu, dans les sphères basses et c’est une des raisons qui pousse l’être éthérique à poursuivre sans cesse son évolution pour goûter à des états de conscience plus satisfaisants, à des joies de plus en plus pures.
Mais, phénomène particulièrement original et surprenant, le désincarné ne ressent que s’il le désire ces différents états de conscience que lui procure le milieu extérieur. Il ouvre en quelque sorte las volets de ses cellules électriques pour leur permettre d’être impressionnées par les radiations du dehors et uniquement du reste par celles qu’il désire. Les états de conscience se succèdent ainsi en lui au gré de sa volonté du moment et les différentes réactions, tel le bain révélateur pour la pellicule photographique, durent juste le temps désiré par l’entité.
Si, au contraire, rien de ce qui l’entoure ne l’intéresse, s’il ne veut plus communiquer avec les autres entités, le périsprit, par une attitude inverse, se referme, se tourne vers l’intérieur. Pour reprendre la comparaison précédente il baisse ses volets. Plus aucune perception du dehors ne l’atteint, plus aucune influence extérieure ne peut désormais le troubler. Tout, autour de lui, devient inefficace et l’être éthérique se trouve complètement isolé, sans entraves ni contingences d’aucune sorte.
Alors commence pour lui, en vase clos, la plus grande aventure, l’aventure céleste et miraculeuse. D’abord il se replie sur lui-même, se tourne vers sa propre contemplation. Il se trouve aussitôt inondé par la grande clarté, la suprême intelligence de son essence psychique. Tout s’explique, tout lui apparaît cohérent et juste et c’est pour lui un ineffable repos en même temps qu’une ineffable sérénité extatique. Et, durant de longues périodes, l’être éthérique s’absorbe ainsi dans sa contemplation intérieure, baigné dans une paix sans limites où il s’épanouit. Il n’y a rien de plus beau, de plus pur assurément que ce qua l’âme recèle en elle-même puisqu’elle est parcelle du divin.
Mais voilà qu’à ce recueillement dans l’omniscience des désirs se font jour, désir d’émailler son bonheur d’épisodes divers, désir de jouir dans sa plénitude de l’ensemble des facultés que lui confère l’au-delà, désir enfin de faire participer à sa joie ceux que l’on aime ou que l’on connaît.
Et peu à peu, sous l’impulsion de ce don nouveau qu’est le désir créateur, ce merveilleux présent de la nature, le désincarné s’habitue à ressentir de fugitifs états qui vont s’accroître en amplitude et lui procurer des joies sans cesse renouvelées.
D’abord se formule en lui un léger désir, à peine précisé. “ J’aimerais une mélodie très douce qui accompagnerait mon repos ”, pense-t-il. Et la musique s’élève, pure et calme. Surpris, le désincarné se rend compte que le phénomène émane de lui-même, qu’il en est l’auteur inconscient et il se demande s’il pourrait également concrétiser le bruit d’une rivière cristalline sur les galets. Aussitôt coule, pour ses sens, la rivière telle qu’il la désirait. “ Mais, se dit-il alors, il ne me suffit plus d’entendre la rivière, je veux la voir, sous des arbres touffus ”. L’espace d’un instant et la rivière est là, devant son être charmé. Voilà que notre entité veut maintenant se baigner, jouir de la fraîcheur de l’onde. L’image alors se rapproche, la fraîcheur se répand et c’est un état encore plus précis qu’elle ressent. Puis, au gré de son imagination qui maintenant vagabonde, le tableau se complète ; les bords de la rivière se tapissent de fleurs aux senteurs suaves, la scène s’anime avec l’arrivée de figurants.
Usant désormais à sa guise de son pouvoir créateur, Psyché voit s’ouvrir en elle le champ infini des paradis artificiels. Grâce à son don elle va s’entourer du décor de son choix, créer autour d’elle et en elle, à son moindre désir, une ambiance féerique et sans cesse renouvelée, le rêve va devenir la réalité.
A ce point de vue l’astral apparaît bien comme le monde des formes pensées, des états de conscience concrétisés. Le phénomène a, certes, de quoi nous étonner ; il est néanmoins explicable. Dès que son désir atteint un certain degré d’intensité, l’entité projette de son champ magnétique un ensemble de radiations qui, grâce aux propriétés photoélectriques de l’éther sidéral que nous avons déjà eu l’occasion de signaler, se concrétisent aussitôt en images, en scènes, en manifestations dont la durée, le relief, la couleur, la sonorité, le mouvement, la perfection en un mot, sont essentiellement variables. Tout dépend du climat psychique de l’entité, de son degré d’évolution. Tous les désincarnés peuvent ainsi projeter leurs désirs, les concrétiser et jouir ensuite de ces matérialisations. Mais pour beaucoup d’entre eux les images sont inanimées et s’effacent assez vite ; elles sont souvent grises et peu colorées, les couleurs très pâles s’effacent progressivement après un temps relativement court de projection. Mais, dès que l’être éthérique parvient à un certain degré d’évolution, les scènes s’animent, les teintes deviennent vives et douces à la fois, les odeurs et les sons sont plus intensément ressentis.
Et c’est alors pour lui un enchantement sans cesse renaissant en même temps qu’un merveilleux spectacle pour les autres. Ces projections radiantes sont, en effet, visibles au gré de chacun et tous les désincarnés jouissent également des créations de leurs semblables, du moment qu’ils désirent les percevoir. Tout au long de l’échelle astrale les désincarnés sont ainsi tantôt les spectateurs, tantôt les auteurs de ces manifestations, suivant leur désir, c’est-à-dire suivant qu’ils se tournent vers l’extérieur ou au contraire se replient en eux-mêmes.
On conçoit, dès lors, combien l’ambiance des sphères basses de l’au-delà, où végètent de pauvres entités peut être différente de celles où évoluent des êtres purs. Ces derniers, du reste, paraissent moins sensibles à ces spectacles qui représentent pour eux un amusement presque puéril. Plus un esprit est pur, moins il s’y intéresse.
“ Sans fuir ces scènes, nous raconte l’un d’eux, il m’arrive d’assister à de somptueuses reconstitutions de la Rome antique qui sont l’œuvre d’un périsprit qui me côtoie. L’instant suivant, je découvre une roseraie en pleine floraison et je suis environné d’une vapeur de senteurs délicates. Ensuite ce sont des chérubins soufflant dans leurs flûtes ou des éphèbes qui se disputent quelques lauriers. Plus loin, des jeunes filles fredonnent de douces chansons en agitant des branches fleuries au-dessus de leurs boucles légères. Et un nouveau-né, tout gracieux, se roule sur la mousse dans une modeste étable imaginée par un pieux désincarné. A mon tour, pour ne pas être en reste, j’imagine une scène et la projette devant les sens émerveillés des entités qui m’approchent. ”
Terminons ces descriptions en signalant que, sauf pendant la période de trouble qui suit immédiatement l’arrivée dans l’astral du périsprit, ces matérialisations représentent rarement des scènes vécues sur terre ou sur quelque autre planète habitée. Il est exceptionnel que les désincarnés se complaisent aux choses incarnées ; ils s’en inspirent seulement et tout est transformé au prisme de l’au-delà, tout est différent, embelli.
Quelle que soit cependant leur magnificence, ces jeux de l’esprit ne durent qu’un temps et il arrive toujours un moment où Psyché finit par se lasser de ses propres désirs et de leur satisfaction. Elle se tourne alors vers son Dieu, ressent la hâte d’atteindre la perfection qui lui échappe encore et la voici mûre pour une nouvelle réincarnation.
Il y a eu montée dans l’astral, lors de la désincarnation, i1 y a descente dans la chair à la réincarnation. Ainsi, par une alternance irrégulière dans sa durée, Psyché va de la nuit vers le jour, et du jour vers la nuit.
Tout est conditionné pour elle, à sa réincarnation, par le degré d’évolution du sujet qu’elle a choisi et quelle anime. Plus l’être est fruste, plus Psyché perd l’acuité de son existence, plus son assoupissement est proche d’une mort momentanée.
Dès la descente de l’âme dans le corps du nouveau-né, le milieu physique nouveau, la tunique nerveuse dont elle est investie lui imposent les règles étroites et étouffantes. A l’épanouissement dans l’astral qu’elle vient de quitter succède l’engourdissement de la chair. Elles est toujours champ magnétique vibrant, mais il lui faut, désormais, compter avec l’influx nerveux propre au corps, avec la charge électrique des cellules, avec l’extrême complexité des ramifications de l’encéphale et des neurones et, aussi, avec tout un encombrant appareil sensoriel.
Tributaires de ce nouveau milieu, ses facultés se trouvent considérablement amoindries. S’en est fini de cette compréhension totale qui était la sienne, de sa connaissance, dans leur ensemble, de toutes les vérités. S’en est fini, aussi, de son unité, spirituelle et différents états de conscience vont désormais se partager la vie psychique du sujet.
Ces différents états, nous les connaissons déjà pour en avoir signalé le rôle à propos des phénomènes décrits dans les chapitres précédents. Résumant pour chacun d’eux les données antérieures, nous allons pouvoir mieux ici saisir leur réalité et délimiter leurs domaines respectifs.
Pour la compréhension de nos explications représentons-nous trois zones concentriques qui couvriraient l’ensemble de l’encéphale.    Ces trois zones immatérielles, que nous avons ainsi artificiellement concrétisées, correspondent aux différents plans de la vie psychique de l’humain.
C’est d’abord, en avant des autres et la plus vaste, la zone du conscient. Elle représente pour nous l’état normal du sujet, le domaine de la volition, de la raison, des idées coordonnées, des réflexes habituels et aussi des sensations. Le conscient est, en temps ordinaire, le maître absolu des circonvolutions cérébrales. Il laisse passer en abondance les pensées, les réflexes vers les centres moteurs. Il dirige le comportement habituel du sujet, aidé dans sa tâche par la mémoire cérébrale dont il assure le fonctionnement au sein du troisième ventricule ainsi que nous le savons.
Nous savons aussi, qu’en freinant les intuitions du subconscient, il assure au libre arbitre qu’il représente une marge légitime d’activité. Pour assurer l’équilibre psychique du sujet, il doit, également, se garder de son dangereux voisin, l’inconscient, et repousser les impulsions de ce dernier.
A l’opposé du conscient, et séparé de lui par la zone intermédiaire de l’inconscient, se situe le subconscient dont le domaine, reculé et restreint, est ainsi soigneusement masqué par les deux autres. C’est le réduit où se tapit Psyché en son intimité, en son essence même ; c’est là qu’elle se réfugie dans son rayonnement propre.
Le subconscient synthétise les tendances du sujet, il est le substratum de sa valeur morale. C’est en lui que prennent sourdement naissance les grands courants de droiture ou de vice, avant de se frayer un chemin vers le conscient.
En raison de sa nature le subconscient représente, dans l’être incarné, le reflet de l’au-delà. C’est lui qui permet à l’humain, nous l’avons vu, d’entrer en rapport avec les forces occultes de l’univers, c’est de lui qu’émanent ces intuitions que nous avons analysées à propos du sommeil. C’est dans le subconscient que gît la mémoire psychique de l’âme, cette seconde mémoire qui repose sur la connaissance de l’astral et les lentes alluvions des vies successives. Nous savons, également, qu’il recèle obscurément la connaissance du futur et nous n’ignorons pas le rôle prépondérant qu’il joue dans l’accomplissement de la destinée ; des coulisses, par ses impulsions, il dirige le jeu du conscient qui parade, seul, sur la scène violemment éclairée.
Le subconscient représente enfin la zone volontairement masquée où se tient la vérité directe, celle qui embrasera l’âme à sa désincarnation. A la mort du sujet, en effet, il quitte le corps, à l’intérieur du périsprit dont il constitue ce que dans notre vocabulaire nous appelons la compréhension, l’intelligence. Se retrouvant alors dans son milieu, il s’épanouit, se dilate, illumine l’être éthérique. Il ne symbolise plus seulement la valeur morale, il n’est plus un reflet, il n’est plus simplement la mémoire psychique de l’âme, il est sa compréhension totale, il est “ l’animus ” en son essence.
Lorsque l’âme est incarnée, il constitue toujours, certes, l’essence de Psyché mais il est englué par la matière, prisonnier de tout un appareil charnel qui n’est pas son milieu. On ne saurait alors mieux comparer le subconscient qu’à une projection cinématographique dans une salle de spectacle où on n’aurait pas fait l’obscurité. Les images seraient quasi invisibles sur l’écran et ne présenteraient aucun relief. Néanmoins le subconscient subsiste, sourde veilleuse, qui va éclairer de ses reflets troubles les profondeurs de l’être et le guider vers son destin.
Entre les deux salles du conscient et du subconscient, s’insère un corridor de sécurité qui les sépare. Cette zone intermédiaire est celle de l’inconscient qui représente, en somme, le domaine larvaire de l’inachevé, le royaume des réflexes obscurs, des impulsions irraisonnées.
L’inconscient est, avant tout, un régulateur psychique et son rôle est indispensable à l’équilibre mental humain. D’une part, en effet, aboutissent en lui les prolongements de tous les courant affectifs engendrés par le conscient ; il retient, pour les étouffer tous les désirs, les joies perverses que le conscient refoule et refuse d’inscrire dans la mémoire du sujet, de même que certaines peurs, certaines anxiétés que la raison rejette. Telle une éponge, l’inconscient absorbe ainsi continuellement l’énergie psychique qui reflue et déborde du conscient.
D’autre part, c’est dans l’inconscient que viennent également s’apaiser les remous d’un subconscient dont les vibrations trop actives viendraient gêner le conscient. C’est grâce à lui que la mémoire psychique du subconscient ne vient pas encombrer le conscient du rappel intempestif des vies antérieures du sujet, de la cohorte des souvenirs anciens qui se surajouteraient à ceux de la vie présente et gêneraient le fonctionnement normal de la mémoire cérébrale. Sans cet écran la vie consciente du sujet serait chaotique car sans cesse perturbée par les impulsions d’un subconscient qui, en possession du destin, s’efforcerait de limiter la marge du libre arbitre.
L’inconscient isole ainsi l’une de l’autre les deux zones, très actives, du conscient et du subconscient et les empêche d’empiéter l’une sur l’autre.
Nous avons vu, à propos du sommeil, que l’inconscient dont le rôle est essentiellement passif à l’état de veille connaissait, durant l’assoupissement du corps, une certaine activité. Le sommeil met en veilleuse le conscient et libère le subconscient ; l’inconscient en profite pour jouer momentanément des circonvolutions cérébrales dont il n’a pas, durant la journée, la libre disposition et c’est ainsi qu’il participe à la formation des rêves.
A la mort du sujet, le subconscient subsiste seul dans le périsprit dont il forme le tout. Le conscient et l’inconscient s’abolissent car ils étaient uniquement nécessaires au fonctionnement des centres cérébraux.
Nous pouvons mieux, maintenant, comprendre certains états anormaux de conscience qui traduisent, dans des sens opposés, un déséquilibre des trois zones d’influence qui gouvernent la vie psychique de l’humain.
A partir du moment où le conscient s’efface pour permettre au subconscient de prendre le dessus nous entrons dans un état d’anomalie qui est celui de la médiumnité. Soit que le phénomène se borne à un état second où le conscient, inerte mais pourtant vigilant, reste à tout moment à la disposition du sujet lucide, soit que le phénomène aboutisse à la transe médiumnique complète ou même à un état d’extase, au cours duquel le conscient se trouve complètement effacé au profit d’un subconscient qui étend son emprise absolue sur le sujet endormi, de toutes les façons nous assistons à un essor de Psyché qui peut aller jusqu’à son évasion, de toutes les façons nous assistons à l’épanouissement momentané des facultés naturelles de l’âme. Celle-ci peut, alors, ou puiser en elle-même, dans sa mémoire psychique la connaissance du destin et des vérités supra-humaines, ou communiquer avec les entités de l’au-delà et même leur confier pour un temps le libre jeu des centres nerveux supérieurs du sujet.
Parvenue à ce plan spirituel élevé, la pensée, soudain lumineuse, communie avec les forces occultes de l’univers et ce sont les manifestations psychiques de tous genres — la clairvoyance, par exemple — qui à la fois nous émerveillent, en nous laissant entrevoir la possibilité d’une survie si ardemment désirée au plus profond de nous-mêmes, mais à la fois nous déroutent, en heurtant les concepts traditionnels d’une science dite positiviste car elle n’enregistre que les palpitations d’un univers visible.
Si au contraire, l’effacement du conscient s’effectue, non plus au profit du subconscient ainsi que nous venons de l’envisager, mais au profit de l’inconscient, tout est différent et nous entrons dans le domaine des troubles mentaux, de la folie. Le déséquilibre nerveux du sujet a pu être déterminé par une lésion de l’encéphale, une anormale fatigue des cellules cérébrales dues à un fugitif et rare sommeil, ou encore par tout autre cause, peu importe, l’aspect psychique du phénomène reste le même. Le conscient, mal secondé par les centres nerveux supérieurs, n’est plus en état de freiner les impulsions de l’inconscient, ne résiste plus à la fantasmagorie de ce dernier, bref, recule, pas à pas, au point de perdre parfois entièrement le contrôle du sujet.
L’inconscient, enflant sa matière, se libère soit en bloc, et c’est la folie grave, violente, soit par remous, soubresauts, impulsions brèves et contradictoires, soit encore en donnant naissance à un malaise trouble qui engendre pessimisme et mélancolie, cette forme peut être la moins guérissable de la folie. Grâce à un milieu propice, l’inconscient est ainsi parvenu à troubler de ses rafales les eaux ordinairement calmes et claires du conscient.
Pendant ce temps, l’âme s’enfouit, encore plus profondément que de coutume, dans son subconscient qui se met, lui aussi, en recul et n’est plus d’aucun secours au sujet. Puisque l’épreuve a été choisie et voulue, Psyché va s’efforcer de laisser son corps, seul, la subir : quant à elle, si elle le peut, elle vagabondera en laissant le sujet affaissé, prostré, ou si elle ne parvient pas à s’évader, en raison des convulsions, de l’agitation cérébrale, elle se tapira, attendra la fin, sans espoir ni même intérêt.
Telles sont les anomalies opposées qui affectent la vie mentale de l’humain soit dans un sens maléfique, si l’inconscient étend son emprise morbide au détriment du conscient, soit au contraire dans un sens bénéfique, si l’essor du subconscient permet à l’âme de retrouver ses facultés surnaturelles au sein d’un milieu supérieur où elle vibre intensément..
Les différents plans de la conscience, ainsi énumérés et décrits, se résument-ils en ces froids développements ? Non, certes, car la vie est là qui les anime et son mouvement va sans cesse brasser cet ensemble hétérogène.
Ne nous est-il pas arrivé de voir sur quelque scène une danseuse aux longues tuniques superposées, de gaze légère, dont la première est sombre et violacée et qui en recouvre d’autres, nombreuses, allant jusqu’au rose le plus pâle ? Au repos, seule la tunique foncée s’offre aux regards. Mais que vienne la danse, le corps s’anime et dans le mouvement de plus en plus rapide les étoffes palpitent et leurs nuances différentes composent un tableau dont les coloris varient harmonieusement.
Ainsi l’ensemble psychique, qui au repos nous offre la façade de la froide raison, s’anime à l’impulsion de la vie qui fait vibrer les cordes. La valse des sentiments fait alors ondoyer les plans de cette conscience où tantôt Psyché montre sa robe claire la plus intime, où tantôt le conscient impose la note plus sombre de sa rigidité, où tantôt l’inconscient, mouvante mousseline, recouvre l’une, découvre l’autre.
Ainsi, encore, l’esprit astral et l’esprit humain apparaissent comme les doubles reflets du tout qui les anime, de ce tout qui porte, en lui, à la fois raison, contradiction, désir et aussi besoin d’un idéal qui se cristallise sur terre dans l’amour et plus haut dans l’évolution.

Evolution animique et vies successives

Au temps des Ramsès, alors que la civilisation égyptienne resplendissait à l’apogée de sa gloire, les prêtres d’Ammon Râ gardaient jalousement dans le secret des sanctuaires les mystères de la science divine. Le novice qui désirait recevoir l’initiation était soumis, dès son entrée dans les temples de Thèbes on de Memphis, à une série d’épreuves destinées à écarter ceux qui n’étaient pas dignes d’accéder à la grande connaissance. Seules les âmes fortes et intrépides sortaient victorieuses de cet examen probatoire au cours duquel les guettaient la folie ou la mort. Le néophyte, admis au seuil, devait ensuite s’astreindre, dans l’isolement du temple, à de longues années d’étude et de méditation. Et, par un lent travail d’incubation, son âme parvenait, peu à peu, à cette perception directe des vérités éternelles qui, pour les sages de l’antiquité, représentait la seule forme de la connaissance.
Edouard Schuré, dans son beau livre sur “ Les grands initiés ”, nous retrace en ces termes la suprême initiation d’Hermès, par le prophète d’Ammon Râ, dans la splendeur d’une nuit d’Egypte, au haut de l’observatoire d’un temple de Thèbes alors que l’insondable firmament déploie son manteau bleu sombre constellé d’étoiles.
“ Vois-tu une semence lumineuse tomber des régions de la voie lactée dans la septième sphère ? Ce sont des germes d’âmes. Elles vivent comme des vapeurs légères dans la région de Saturne, heureuses, sans souci, et ne sachant pas leur bonheur. Mais tombant de sphère en sphère, elles revêtent des enveloppes toujours plus lourdes. Dans chaque incarnation elles acquièrent un nouveau sens corporel, conforme au milieu qu’elles habitent. Leur énergie vitale augmente ; mais à mesure qu’elles entrent en des corps plus épais, elles perdent le souvenir de leur origine céleste. Ainsi s’accomplit la chute des âmes qui viennent du divin éther. De plus en plus captivées par la matière, de plus en plus enivrées par la vie, elles se précipitent comme une pluie de feu, avec des frissons de volupté, à travers les régions de la douleur, de l’amour et de la mort, jusque dans leur prison terrestre, où tu gémis toi-même retenu par le centre igné de la terre, et où la vie divine te paraît un vain rêve. ”
“ …Regarde de ce côté. Vois-tu cet essaim d’âmes qui essaye de remonter vers la région lunaire ? Les unes sont rabattues vers la terre comme des tourbillons d’oiseaux sous les coups de la tempête. Les autres atteignent à grands coups d’ailes la sphère supérieure qui les entraîne dans sa rotation. Une fois parvenues là, elles recouvrent la vue des choses divines. Mais cette fois-ci elles ne se contentent pas de les refléter dans le songe d’un bonheur impuissant. Elles s’en imprègnent avec la lucidité de la conscience éclairée par la douleur, avec l’énergie de la volonté acquise dans la lutte. Elles deviennent lumineuses car elles possèdent le divin en elles-mêmes et le rayonnent dans leurs actes. Raffermis donc ton âme, ô Hermès, et rassérène ton esprit obscurci en contemplant ces vols lointains d’âmes qui remontent les sept sphères et s’y éparpillent comme des gerbes d’étincelles. Car toi aussi tu peux les suivre ; i1 suffit de vouloir pour s’élever. Vois comme elles essaiment et décrivent des chœurs divins. Chacune se range sous son génie préféré. Les plus belles vivent dans la région solaire, les plus puissantes s’élèvent jusqu’à Saturne. Quelques-unes remontent jusqu’au Père parmi les puissances, puissances elles-mêmes. C’est là où tout finit, tout commence éternellement ; et les sept sphères disent ensemble : “ Sagesse, Amour, Justice, Beauté. Splendeur, Science, Immortalité. ”
Et le prophète concluait : “ Une seule âme, la grande âme du Tout a enfanté, en se partageant, toutes les âmes qui se démènent dans l’univers ”.
La cérémonie mystique s’achevait par un voyage dans l’invisible où, dans la barque d’Isis, la barque des millions d’années qui flotte dans les régions intersidérales, l’adepte accomplissait en une vision éthérique d’un raccourci saisissant, la grande odyssée de l’âme en son cycle divin.
Dépouillée de ses mythes, de son symbolisme et de ses mystères, la révélation d’Hermès permet de suivre Psyché au long de son évolution et l’expérimentation médiumnique confirme, pour l’homme du vingtième siècle, la même vérité ésotérique toujours semblable à travers toutes les religions et qui toujours s’épanouit sur les chemins de l’initiation.
Le noyau divin, suprême expression de l’Inconnaissable, se trouve régi par une loi physique qui le maintient en état d’équilibre cosmique. Au fur et à mesure que les âmes pures, en fin d’évolution, viennent s’intégrer à sa masse, par une sorte de réflexe génial qui échappe à notre entendement, une certaine quantité d’énergie initiale est projetée vers l’extérieur, ce qui compense le surplus accepté par ailleurs et permet au noyau divin de conserver un état statique qui semble tenir à son essence même.
Une étincelle, un crépitement et voilà qu’un certain nombre de cellules électriques se trouvent extériorisées. D’abord agglomérées les unes aux autres, elles essayent de remonter à leur source. Puis, au contact de ce qu’on pourrait appeler l’atmosphère astrale, elles sont brassées, secouées et parviennent à se désagréger. Ce sont alors, nous disent les désincarnés, de minuscules bulles translucides, sans clarté, de forme sphérique mais présentant un léger aplatissement. Et, à travers l’éther raréfié des hautes sphères, les radiations cosmiques les happent au passage et les entraînent irrévocablement vers le bas. Elles roulent tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, tantôt leur chute est plus rapide, tantôt elles rebondissent brusquement et reprennent de la hauteur. Mais pour l’infime Psyché contenue dans sa minuscule alvéole il n’y a aucune lueur, aucune particularité et partant aucun besoin. Ce n’est qu’un peu d’énergie électrique perdue dans le grand Tout et dont la vibration est si faible qu’elle n’éveille aucun réflexe.
Charriées à travers l’espace sidéral, nos poussières cosmiques parviennent enfin au globe terrestre où elles vont s’intégrer au monde concret et l’animer.
Quelle loi va régir cette intégration ? Celle même qui régit le périsprit désincarné dans l’au-delà, à savoir que tout est déterminé par le volume et la densité du périsprit ou plus généralement du champ magnétique de “ l’animus ”.
Et par l’effet de cette loi physique inéluctable, notre bulle translucide va se placer dans le seul milieu adapté au logement de son champ et dont la densité correspond à la sienne — le monde minéral qui constitue son lit naturel. Tel l’œuf qui, dans l’attente de la fécondation, stagne pour un temps dans un organe femelle, ainsi notre fragment de connaissance universelle, notre parcelle divine va satisfaire à un stade préliminaire. Projetée dans le règne minéral notre infime psyché va y dormir, presque éteinte, sans individualité, sans vie.
Et les siècles s’écoulent. Et l’étincelle se charge de courant, s’imprègne de matérialité. La cellule électrique initiale se développe grâce à sa charge acquise lentement au cours du temps, grâce aux radiations solaires, aux variations de température. Elle parvient à vibrer en circuit fermé, minuscule champ magnétique, et bientôt son développement n’est plus en harmonie avec le règne minéral. Notre poussière magnétique n’est plus prisonnière du sol, sa densité lui permet de s’élever et tout naturellement le règne végétal l’aspire.
Elle s’absorbe tout d’abord dans la plante la plus simple et elle continue à s’enrichir physiquement. Un jour, elle naît dans la fleur. Certaines sensations commencent à être perçues. Souvent des accidents la meurtrissent ou interrompent sa vie embryonnaire. Projetée hors de la plante coupée, elle tourbillonne dans l’espace et s’amalgame aux nappes fluidiques de l’atmosphère terrestre. Mais elle rejaillira bientôt de cette masse vibrante pour regagner une autre plante, un arbre.
Et les siècles s’écoulent, insensibles à notre embryon de Psyché toujours inconscient. Et les alluvions électriques s’ajoutent et se surajoutent à ce noyau initial. Les sensations se développent le froid, le chaud sont ressentis, comme la dilatation et la rétractation, comme le contact avec les animaux. La sensation de vie alentour commence à être perçue. Un jour enfin c’est un champ magnétique assez important qui s’échappe du règne végétal pour commencer une nouvelle odyssée dans le cycle animal.
C’est d’abord la Psyché d’un être embryonnaire, larve ou ver. Créations de courtes durées. Après les éphémères qui vivent quelques heures, ce sont d’autres insectes qui vivent une saison, les papillons. Lent cheminement à travers les espèces animales. Mais, dans ses courtes vies, inlassablement Psyché enrichit son corps astral et le premier périsprit digne de ce nom connaît la vie physique et la vie éthérique. Les sens de l’animal sont à peine esquissés et à chaque désincarnation la densité de son champ magnétique l’intègre dans les masses fluidiques qui sont les âmes groupes.
Après les insectes il y aura des vies d’animaux à sang-froid et notre Psyché, au hasard de ses réincarnations, change d’espèce un grand nombre de fois. Mais elle compare obscurément et, peu à peu, une tendance nouvelle naît en elle qui la pousse au choix. Elle vit et revit dans la même espèce animale qu’elle a choisie, qu’elle préfère, la préférence ressentie étant peut-être sa première pensée alors que seuls les instincts gouvernent sa vie terrestre.
Donc elle préfère une espèce animale et elle va y revivre de si nombreuses fois qu’elle obéira aux mêmes besoins, aux mêmes réactions. Et cette routine acquise au cours des âges finira par lui donner cet instinct admirable que nous étudions chez les fourmis, les abeilles ou les oiseaux et qui nous surprend parce que nous ne pouvons en discerner le mécanisme, l’automatisme.
Et puis un jour Psyché, enrichie physiquement, vibrante et autonome, ne pourra plus s’agréger à l’âme groupe. Elle montera plus haut lorsque son champ magnétique, dans son amplitude accrue, recèlera une intelligence prête à l’éveil. Ce sera l’arrivée au cycle humain et, de nouveau dans ce cycle, encore une longue chaîne de vies successives.
L’exemple précis d’une destinée humaine va nous permettre de mieux saisir le lent déroulement de l’évolution créatrice de psyché an cours de son dernier stade. Lorsque nous sommes désincarnés et qu’entre deux vies successives notre être éthérique repose au sein de l’infini, nous voyons parfois venir à nous des êtres parfaits qui n’ont plus à revivre et nous éblouissent de leur éclat. Interrogeons l’un d’eux sur la longue odyssée qui fut la sienne au cours des millénaires et, à sa suite, remontons dans le temps.
Il s’est rendu compte de son existence physique alors qu’il était cette herbe menue qui jonche les talus. De gros sabots d’animaux l’écrasaient et sa première sensation était de souffrance. Ensuite il fut l’animus d’une humble marguerite dans un pré. Et chaque fois que le paysan fauchait son champ, chaque fois la fleur tombait et la petite âme devait refluer dans la plante, vivement, et elle était blessée et troublée à la fois. Plus tard elle fut haute au-dessus de la terre dans un épi orgueilleux de blé mûr. On la moissonna à nouveau et l’animus rejoignit le cercle fluidique où elle s’attardait peu, revenant et revenant sans cesse dans les plantes, s’éveillant à un monde nouveau de sensations, de perceptions. Longtemps elle hanta un arbre puis un autre. Et il arriva qu’elle perçut, un jour, une sensation inconnue. Le corps qu’elle animait se déplaçait, par ses propres moyens, par reptations patientes : elle était chenille et rampait sur la terre. Elle montait sur les plantes qu’elle voyait du dehors pour la première fois. Certes le monde était plein de danger pour cette infinie Psyché. Mais aux sensations de souffrances si souvent ressenties s’ajoutaient des sensations agréables : la chaleur du soleil, la fraîcheur de l’eau et, première image de l’amour, l’approche d’êtres semblables à elle-même. En contre-partie naissait en elle la terreur des multiples bêtes, monstrueuses et qui lui voulaient du mal.
A la chenille succède la vie d’un papillon gracieux. Joie de se sentir léger, de voir sur des êtres semblables des couleurs chatoyantes. Les perceptions demeurent ténues en raison de l’absence de système nerveux et sanguin ; la vie ne se manifeste guère que par le mouvement et la respiration. Lorsque l’animal est broyé, l’animus se réfugie dans la masse fluidique où il se presse de revivre sans perdre grand temps, non par volition ou choix, mais parce que l’engrenage du cycle le happe sans retard.
Un jour Psyché s’adapte à la grande famille des insectes. C’est alors que naît l’instinct, prémices de l’intelligence, et tout d’abord l’instinct de conservation, le premier de tous. Nombreuses vies de mouches, auxquelles succèdent d’aussi nombreuses vies de fourmis puis d’abeilles. Les instincts se développent : à l’instinct de conservation s’ajoute l’instinct sexuel on de procréation qui entraîne un certain sentiment d’amour. L’instinct de travail, de création au sein d’une société, d’une espèce, apparaît à son tour.
Après ces très nombreuses vies d’insectes, notre monade électrique est attirée vers de non moins nombreuses vies d’oiseaux. Puis, un jour, elle revit dans des corps d’écureuils, de martres et loutres. Puis elle hante le corps d’un loup, celui d’un renard et anime enfin le corps d’un chien. Là les instincts sont devenus presque des sentiments et Psyché souffre. Elle souffre de l’absence du maître, de sa brutalité, des sentiments qu’il témoigne à d’autres créatures et en particulier à ces créatures humaines à longs cheveux et qui ont un corps mou.
Désincarnée son âme garde le souvenir de ces souffrances affectives qui s’ajoutent aux sensations des coups et des mauvais traitements. Et Psyché voudrait bien revenir en arrière, retrouver son atonie, son impersonnalité du passé. Mais il est trop tard à présent. La loi d’évolution la poussera sans trêve vers plus de connaissance et plus de souffrance car l’une est l’ombre de l’autre et bientôt ce seront les vies humaines. Elle aura beau vivre et revivre de nombreuses fois encore dans un corps animal, elle sera sans trêve plus fidèle, plus sensitive, plus individualisée ce qui lui permettra un jour de parvenir au cycle humain où tous ses instincts vont s’assembler en gerbe serrée pour composer la personnalité, l’intelligence de l’âme humaine.
Au seuil de sa très longue lignée humaine, donnons à notre Psyché un nom concret et masculin et convenons de l’appeler Alter durant ses incarnations. La première vie humaine d’Alter fut des plus lugubres. Il naquit au sein de la forêt équatoriale, dans une hutte de paille enfumée et sale et sa mère ne s’intéressa guère à son enfance. Il apprit bientôt à chasser ce qui accentua en lui les instincts brutaux de sa race, la race noire. Il était d’une taille gigantesque mais son cerveau ne tenait pas une grande place. L’instinct de conservation et l’instinct sexuel étaient les seuls leviers de ses actes. Il était cruel et brutal et aimait se repaître du sang chaud du gibier qu’il capturait. Il tua plusieurs fois des êtres semblables à lui, afin d’assouvir ses instincts du moment mais jamais par vengeance. Alter vécut très vieux et commença à connaître la souffrance morale lorsque avec la décrépitude vinrent les moqueries, le mépris et les meurtrissures de toutes sortes. Mais la souffrance ne commence-t-elle pas à être salvatrice lorsque l’intelligence, même embryonnaire, permet l’éclosion de la pensée ? Et ainsi les vies humaines ouvrent à Alter la longue route de la souffrance, de cette souffrance qui lui permettra de s’élever vers l’infini heureux.
Alter se désincarne et son âme, retenue par son poids, stagne dans les couches les plus basses de l’astral. Alter connaît encore par la suite huit à dix vies, toutes de viol, de pillage et d’instincts déchaînés. Et toujours son âme est retenue dans l’astral au plus bas de l’échelle.
Un jour, heureux pour sa Psyché, Alter se réincarne en Haute Volta dans le corps d’un Peuhl. II est toujours noir, toujours très grand ; son cerveau demeure réduit. Pourtant la raison et le cœur, pour la première fois, tiennent un peu de place en lui. Il aime sa mère qui est pourtant une bien laide créature mais elle est sa mère. Il a de l’affection pour ses frères et sœurs. Parfois même, il éprouve une certaine pitié pour le gibier abattu. Devenu homme, il aime d’abord sa femme puis ses enfants ; il les aide à vivre, les protège. Et s’il noue diverses aventures, sa conscience qui s’éveille lui reproche son inconduite. Il y succombe néanmoins mais le remords et la notion du mal tracent dans son âme un fin sillon qui jamais plus ne pourra s’aplanir.
Et encore Alter meurt et puis naît et renaît. En un certain point de sa course Alter quitte la race noire et sa peau devient jaune. Son intelligence s’en trouve soudain grandement développée. Il est un paysan et plante sans trêve dans des marécages, le grain qui fera manger les siens. Maintenant son corps est menu, vite ridé : dans ses yeux bridés luit la ruse et sur sa face, facilement grimaçante, on devine la perversion et les instincts les plus cruels. Il a une famille et travaille à la nourrir ; mais quelle brutalité, quelle cruauté entachent ses rapports familiaux ! Cette épreuve inconnue d’avoir un corps fluet déchaîne en lui un orgueil exigeant. Il veut dominer et tous redoutent sa tutelle.
Dans cette race jaune, à nouveau, un cycle s’ouvre à Alter. Une vingtaine de vies environ se succèdent dont les premières sont assurément moins méritoires que les dernières dans la race noire. Ce que sa Psyché a perdu en bestialité elle l’a gagné en cruauté froide et préméditée qui constitue pour elle une lourde charge. Lors des désincarnations c’est toujours le cloaque et l’opacité.
Et lentement, avec les épreuves et la souffrance, Alter chemine sur la longue route. Lorsqu’il se retrouve dans le corps d’un maure il a fait un grand pas vers le mieux. Il a atteint l’échelon des races métisses et se rapproche ainsi du cycle blanc, le plus vaste mais aussi le mieux récompensé dans l’astral.
Avant d’être maure il fut rouge dans les vastes contrées que baigne l’Amazone. Il fut ensuite assyrien, abyssin, et sur ses traits on retrouvait la trace des lèvres lourdes et les stigmates moraux des cycles précédents. Et toujours la bestialité, la cruauté, la sensualité primitive conduisent ses vies. Pourtant sa conscience veille et il sait par elle où sont le bien et le mal. La grande dualité de la nature humaine, sans cesse tiraillée entre ces deux pôles, ne le laissera plus jamais en repos. Peu évolué encore, c’est vers le mal qu’il se laisse complaisamment porter. Et ses vies astrales ne sont guère plus profitables que ses vies terrestres. Mais nous approchons du moment où nous verrons Alter monter lentement à travers les siècles vers les sommets où il rayonne à présent. Pour lui encore, la désincarnation ne correspond qu’à une inertie. Il n’a pas assez d’individualité et sa Psyché se repose de ses vies en tombant en léthargie. L’astral auquel elle a droit est noir et correspond à un magma confus. Tel un insecte emporté par la bourrasque, périodiquement les radiations cosmiques la rabattent vers la Terre où elle s’abîme dans un nouveau destin qu’elle ignore et subit. Pas de choix encore pour elle et ses épreuves demeurent avant tout physiques.
Dès son entrée dans le cycle blanc, Alter se voit revêtu d’une robe d’orgueil, orgueil de la supériorité de cette race privilégiée. Et ce sera l’un des sentiments les plus tenaces, identique à travers tant de vies successives. Pourtant, au début, il est bien humble. Les corvées si nombreuses rongent son corps, les affronts multiples lui font mille cicatrices morales. Il est bûcheron et traîne une vie misérable. Il a des enfants, trop pour le pain que peut obtenir son travail épuisant. Sa cabane est de branchage et sa vie est très dure. Son esprit fruste est ébloui parfois par l’étincelle divine qui brille quelques secondes. Il habite l’Autriche puis meurt et connaît un au-delà enfin plus beau que ne le fut sa vie. Le sentiment du destin se fait jour jusqu’à son âme, il s’inquiète même du choix prochain. Et comme il veut revivre une vie plus agréable, pour la première fois il choisit et accepte d’avance des épreuves.
Et il vit et revit ainsi, de plus en plus éveillé à la beauté des choses, à la beauté des âmes. Ses sentiments s’affinent et il gravit peu à peu l’échelle astrale où nous allons pouvoir maintenant mieux l’individualiser.
En l’an 850 avant J. C., il est chasseur dans les forêts de Bohême et vit de son gibier. Existence solitaire. Sous la chaleur du soleil il connaît des moments d’ineffable communion avec la nature, le cosmos. Vers l’ère chrétienne nous le retrouvons mercenaire dans l’empire romain. Il aime le sang, le pillage ; parfois, aussi, il lutte pour un idéal. Et Alter vit de très nombreuses vies de soldat. Il vagabonde d’une contrée à l’autre, se met au service tantôt du plus fort, tantôt du plus faible.
Dans une de ces vies il se sacrifie pour sauver une créature attaquée par un animal furieux. La bête le dépèce en quelques instants et son corps se tord dans l’atroce douleur. Mais son âme monte, allégée, dans des régions plus belles et c’est la première fois qu’il goûte réellement à la beauté de l’au-delà, du moins à celle qui vaut qu’on la désire. Alter, à ce moment, en est à peu prés à sa trois cent cinquantième réincarnation.
Désormais ses destins seront moins cruels, ses vies moyennement longues ou très longues. Il connaîtra l’amour filial et l’amour paternel ; le goût des sacrifices consentis l’aidera à gravir l’échelle des valeurs. Son intelligence et ses sentiments le guident vers le beau. Ainsi, lorsqu’il est fileur de verre, à Venise, il est toujours humble, mais avec quelle joie il crée de beaux objets. Puis il est graveur, artisan il fabrique des cothurnes et tisse aussi des étoffes. Puis, à nouveau, le voilà redevenu paysan c’est très dur et le régime féodal est souvent révoltant. Il calme pourtant ceux qui voudraient s’insurger, il est résigné car il est sûr que tout cela doit mener quelque part.
Il devient parfois ecclésiastique et les prières qu’il pense tout haut l’aident, comme elles aident quiconque en fixant par ce moyen l’esprit vers un but ascensionnel. Il est une fois seigneur mais alourdit son âme en profitant des circonstances pour commettre une très vile action. Et dans l’au-delà il connaît la stagnation par rapport à son évolution précédente et il regrette son forfait. Alors il choisit son nouveau destin uniquement pour racheter sa faute : il accepte la même épreuve que celle qu’il avait infligée et par l’équilibre du Karma il regagnera le temps perdu, c’est-à-dire allégera plus vite son périsprit.
Alter est tantôt escholier, tantôt page, tantôt aubergiste, tantôt cavalier. Et toujours sa Psyché suit la courbe ascendante. Il est, un jour, vêtu de noir de pied en cap, avec des bijoux clinquants sur son justaucorps ; c’est là une vie d’alchimiste connu. Il est ensuite moine bénédictin, puis, aussitôt après, officier d’une garde royale. Alors il est un homme raffiné, portant costume blanc et se pavanant à la cour. Il est fort, il est invraisemblable d’orgueil et de pédantisme.
Et il monte pourtant car il est souvent rappelé, par des vies de pauvreté et de sacrifices obscurs, à une plus juste notion des valeurs spirituelles.
Lorsqu’il soigne ses semblables au cours d’une épidémie, il gagne un destin plus léger pour son existence suivante. Un beau… siècle il est seigneur enrubanné. Puis barbier, puis encore seigneur et les écus gonflent ses poches.
Il est aussi rimeur, puis écrivain, puis maître de ballet, puis à nouveau des vers glissent de sa plume : ce ne sont plus méchantes rimes mais oeuvre de poète.
Vers 1850, son évolution est accomplie. Commencée à l’orée des temps, alors qu’il se sentit brin d’herbe, elle s’est achevée par quelques vies de sacrifices consentis, puis de sacrifice voulus, recherchés, les vies monacales étant souvent choisies pour atteindre ce but.
Lorsque Psyché, enfin légère rejoint les pures entités qui brillent au noyau divin, elle a parfait son grand voyage, elle ne pense plus, elle ressent l’extase et se fond dans cette masse de béatitude ineffable vers laquelle elle a toujours aspiré. Et ce qu’elle a perdu en individualité, elle ne saurait le regretter tant la sensation de rejoindre la plénitude apporte au périsprit vibrant un accomplissement infini.
Petite bulle énergétique à l’origine, échappée par un réflexe purement mécanique à la matrice des mondes, notre Psyché à dû parfaire pendant des millénaires son champ magnétique à travers les formes de la matière, pour retourner, accrue, magnifiée, jusqu’à sa source et s’y absorber dans un état suprême de conscience spirituelle. Ainsi l’âme croissante de l’homme, par le jeu cosmique de l’évolution, rejoint l’éternelle plénitude de la divinité.

La vie de l’âme dans l’espace

Notre planète et l’au-delà représentent deux milieux de la nature, juxtaposés dans lesquels l’âme plonge tour à tour au rythme de phénomènes que nous dénommons la naissance et la mort et qui ne sont que les incarnations et désincarnations successives d’une même entité psychique.
La vie de l’âme apparaît ainsi comme une suite de métamorphoses qui se poursuivent tout au long d’un cycle évolutif, en vertu d’un mouvement à deux temps. Au cours de ce mouvement le champ magnétique, qui constitue le substratum de l’être éthérique, s’accroît sans cesse de nouvelles molécules électriques et sa luminosité s’intensifie. Simple monade énergétique à ses origines, l’âme retourne magnifiée, accrue, au sein de son Dieu, c’est-à-dire an foyer cosmique dont elle n’était, au départ, qu’un infime crépitement.
Il est bien évident que les conditions de vie dans ces deux milieux — incarné et désincarné — ne peuvent être les mêmes. La vie terrestre, c’est-à-dire la vie cellulaire, implique l’existence d’une atmosphère protectrice et l’attraction d’une pesanteur qui nous maintient dans notre milieu. Elle exige également une certaine température propice à la germination.
La vie éthérique, elle, représente  le domaine des radiations, des forces électriques, C’est le milieu de prédilection de l’âme, celui où son champ magnétique n’est plus prisonnier d’une défroque charnelle et recouvre toutes ses possibilités d’expansion.
Pouvons-nous connaître la vie de l’âme dans cet au-delà mystérieux ? Pouvons-nous concevoir son comportement dans ce milieu radiant si radicalement différent de notre monde sensible ?
Nous sommes parvenus, certes, à établir des contacts presque parfaits avec les êtres éthériques. Nos médiums entraînés réussissent très aisément à se “ brancher ” sur eux et à capter leurs trains d’ondes ; de nombreux expérimentateurs ont amélioré à tel point leur technique qu’il leur suffit, en quelque sorte, de tourner le bouton de leur poste humain de radio.
Nous pourrions donc, semble-t-il, interroger librement les désincarnés sur leur genre de vie, sur leur comportement, sur les lois naturelles qui, nécessairement, les régissent, eux aussi, leur poser mille questions qui nous viennent à l’esprit, les presser de nous répondre, de mettre fin à l’angoissante incertitude de la plupart d’entre nous, en un mot nous livrer à une méthodique exploration de l’astral.
Nous le pouvons, certes, mais il nous faut, pour cela, attirer l’attention d’une entité suffisamment évoluée, ce qui est loin d’être facile, et écarter les autres désincarnés qui se pressent “ au bout du fil ” et qui paraissent d’autant plus désireux de se manifester qu’ils s’avèrent incapables d’expliquer leur propre état.
Lorsque enfin une entité supérieure consent à s’intéresser à nous et à nous répondre, de nouvelles difficultés, encore plus sérieuses, apparaissent. Il nous faut, alors, parvenir à comprendre ce qu’elle tente de nous expliquer avec des mots empruntés nécessairement à notre vocabulaire humain et ces difficultés sont bien souvent insurmontables car elles tiennent essentiellement à l’indigence de notre esprit, de notre intelligence. Nous sommes des êtres à trois dimensions — celles du volume — et nous traînons après nous, tels des boulets, nos concepts de la matière, du temps, de l’espace. Nous ne parvenons guère à nous évader de ces fictions de notre esprit.
Les désincarnés, eux, évoluent dans un milieu radicalement différent du nôtre et qui, à leurs dires, ne comprend pas moins de quatre autres dimensions nouvelles, soit un total de sept.
Prenons un être aquatique qui vit dans les profondeurs sous-marines ; dotons-le, en imagination, d’une intelligence supérieure. Pourra-t-il, dans notre hypothèse, admettre l’existence et concevoir l’état psychique d’un homme qui, assis près d’un poste de radio, fume sa pipe tout en écoutant un concert ? Pourra-t-il seulement réaliser qu’il fait jour en ce moment alors que tout est toujours ténèbres autour de lui ?
Il est bien évident que nous ne pouvons concevoir la vie éthérique des désincarnés que sous certains de ses aspects seulement, ceux qui se rapprochent le plus de notre propre comportement et n’impliquent pas le bouleversement de nos concepts habituels. Nous ne pouvons imaginer d’autres perceptions que celles qui sont déjà nôtres, nous ne pouvons prendre conscience d’états psychiques qui sortent du cadre de nos dimensions.
C’est sous ces réserves, et dans des conditions très limitées par conséquent, que l’on peut s’efforcer d’obtenir certains aperçus de la vie des désincarnés.
L’expérimentation médiumnique nous permet d’assister au processus de la mort, c’est-à-dire à la désincorporation du périsprit qui, pour s’évader de sa prison charnelle, doit s’arracher aux fibres nerveuses qui tapissent le corps. Pour ce faire il amincit son champ magnétique en un fuseau de molécules électriques qui cherchent l’issue la plus favorable : la bouche ouverte, les narines, les yeux, mais toujours le haut du corps. Un nuage s’élève au-dessus du mourant, relié encore à lui par un cordon fluidique qui s’étire, puis enfin se rompt. Le périsprit, délivré, se dilate ; son champ magnétique reprend une forme ovale, aux contours semi-humains, qui flotte quelques instants au-dessus du corps, puis s’élève. Une véritable force l’aspire et alors, lentement, l’âme monte dans l’éther. Elle emporte en elle le subconscient qui se dilate et l’illumine. Le conscient et l’inconscient, ces deux autres états de la vie psychique, s’abolissent car ils étaient uniquement nécessaires au fonctionnement des centres cérébraux.
Suivons notre âme par la pensée, essayons de faire avec elle le grand voyage, celui dont on revient pas toujours, malheureusement.  Nous nous apercevons aussitôt quelle n’est pas seule dans sa montée. D’autres désincarnés, qui étaient venus l’accueillir, lui font maintenant cortège et montent avec elle. Ce sont ceux qu’elle avait connus et aimés au cours de ses vies précédentes et dont elle avait gardé intimement le souvenir. Ils se réjouissent de sa renaissance à l’astral et se penchent vers elle avec les mêmes soins attendris que sur un berceau d’enfant.
Aussi bien l’âme, qui vient à nouveau de naître à l’astral, a besoin de ces soins, de ce réconfort. Elle est troublée et ne réalise pas son état. Elle doit passer par l’enfance astrale, comprendre ce qui lui arrive et apprendre à se servir de ses possibilités infinies. Papillon qui ne sait encore voler, elle ne connaît ni n’admet tout d’abord ses sens nouveaux, ses dimensions nouvelles. Durant ce premier stade inévitable et dont la durée varie avec l’évolution de chacun, l’être éthérique se trouve soumis à un état de torpeur et vit dans un  climat irréel. Il subit alors très fortement l’empreinte de l’automatisme psychique engendré par ses habitudes terrestres. Son milieu nouveau lui parait être un  reflet, et seulement un reflet de ce que fut sa vie humaine. Habitué, par exemple, à porter des vêtements, à habiter une maison, à accomplir à heure fixe une tâche quotidienne, à aller prier à l’église, à discuter avec ses préjugés, il continue psychiquement à agir et à raisonner de même.
Il est d’autant plus confirmé dans son erreur, il vit d’autant plus son reflet terrestre que l’astral est le monde des formes pensées, des états de conscience concrétisés. Par un phénomène remarquable que nous connaissons, il suffit dans l’astral de penser fortement, de désirer avec une certaine intensité pour qu’aussitôt se crée la matérialisation radiante du désir, de la volition. Durant cette période de trouble, le désincarné, dont la conscience est encore rattachée à la terre par la routine de sa dernière incarnation, ne se rend bien souvent même pas compte qu’il est mort — de nombreuses communications le prouvent. Il désire et crée des choses invraisemblables en harmonie avec une mentalité d’humain, et jouit en humain de ses créations éphémères. Il ne sait encore discipliner ses pensées intimes ; son désir créateur et ses propres réalisations l’abusent. A son arrivée dans l’astral, les sentiments les plus divers l’agitent et se traduisent en formes concrètes, plus on moins réussies, plus ou moins périssables.
Entrons en communication avec des désincarnés aussitôt après leur fin terrestre et durant cette période de trouble. Certains, comme nous le disions plus haut, n’ont même pas encore compris l’événement de leur mort et c’est nous qu’ils questionnent pour savoir ce qui leur arrive. La plupart d’entre eux ont un comportement d’humain et continuent à s’intéresser aux choses de la terre, à donner des directives à leur entourage pour la gestion des biens qu’ils ont laissés. Beaucoup, si nous les interrogeons, nous assurent qu’ils continuent à porter des vêtements. L’explication est simple : ils ont en eux l’habitude de se vêtir et inconsciemment, ils se créent leurs vêtements.
Comme ces matérialisations sont visibles pour tous, les désincarnés en arrivent, ce qui est un comble, à s’abuser mutuellement sur leur véritable état. Ne soyons donc pas étonnés d’apprendre, par un désincarné, qu’au moment où il communique avec nous, un prêtre marche gravement à ses côtés, avec un livre de prières sous le bras, ou que plus loin un avocat continue à travailler dans une bibliothèque. Il sera très difficile de détromper notre communiquant et de lui expliquer que ce livre de prières ou cette bibliothèque sont des créations purement psychiques. Il y a les mendiants qui ont tellement l’habitude d’un porche d’église, ou d’un coin de rue qu’ils recréent dans l’astral leur cadre familier et continuent à mendier. L’avare, prisonnier de sa psychose, sera au paradis : il pourra faire tinter sans fin devant lui des multitudes de pièces d’or et les entassera sans arrêt.
L’enfant, lui, durant cette période, s’entourera de jouets. La petite fille se créera des poupées sans nombre et s’environnera d’un décor adapté aux histoires merveilleuses dont elle a été nourrie.
Au bout d’un certain temps, l’être éthérique comprendra réellement qu’il n’est plus un enfant, un avocat on un mendiant, il prendra conscience qu’il est dans l’astral et que sa dernière existence humaine n’a qu’une valeur épisodique dans la longue chaîne de ses vies antérieures. Il comprendra également qu’il doit s’adapter à ce milieu nouveau et jouir en désincarné de ses possibilités de désincarnés qui sont immenses.
Pour en terminer avec cette période de trouble, soulignons que nombreux sont alors les désincarnés qui croient passer par le Purgatoire. Tous les états d’âme sont considérablement amplifiés dans l’astral, amplifiés à tel point que le moindre défaut revêt l’aspect d’une monstruosité. C’est ainsi que l’avare finira par être obsédé par ces monceaux d’or qu’il créera sans trêve autour de lui et il voudra fuir ces images sans cesse renaissantes. L’orgueilleux verra son périsprit affligé d’une véritable hypertrophie qui deviendra une gêne insupportable, un mal lancinant. L’homme d’affaires mènera une vie intellectuelle si intense, si fébrile qu’il ne saura comment se retenir dans une course vertigineuse dont il est à la fois l’auteur et la victime. Celui qui avait l’habitude de se mettre en colère continuera à émettre des radiations rouges qui l’environneront d’un halo aveuglant. L’être animé de mauvais sentiments de haine, de vengeance se verra entouré de ses créations psychiques, de formes pensées hideuses, redoutables, qui sont ses propres radiations et qui pour cela le poursuivront saris cesse.
Mais rassurons-nous. Cette période est passagère ; nous sommes seulement au seuil de l’astral et dans l’astral tout est pardon, beauté, joie et amour.
Aidé par d’autres désincarnés plus évolués, l’être éthérique finit par prendre conscience, plus on moins rapidement, de son nouvel état, il finit par comprendre qu’il est la propre victime de son comportement terrestre, des défauts de sa vie passée. Il en tire une leçon concrète et agissante. Et peu à peu sa souffrance cesse, son trouble prend fin, son cauchemar s’évanouit. Pour lui tout va devenir plus calme, plus réel, plus beau.
Libre à nous, humains, de mieux nous préparer d’ores et déjà à ce passage difficile, d’essayer de nous corriger de nos vices pour éviter qu’ils nous poursuivent trop longtemps dans l’au-delà, de nous montrer indulgents et bons envers nos semblables, en un mot de créer un climat favorable à notre prochaine vie éthérique et d’éviter même, si possible, cette période de trouble particulièrement désagréable et douloureuse pour certains.
Avant de nous engager plus avant dans cette exploration rappelons que dans l’astral tout est déterminé par le volume et la densité du champ magnétique de l’âme, de “ l’animus ” en général. La sphère d’activité, d’évolution de l’être éthérique varie donc en fonction de ce volume, de cette densité et nous réalisons sans difficulté l’extrême diversité des conditions de vie que l’au-delà offre au désincarné suivant l’espace sidéral où il a la possibilité d’évoluer.
Prenons tout d’abord une âme basse, qui sort à peine de l’animalité. Elle en est à ses premières vies humaines, trois ou quatre par exemple, et les instincts la dominent. Son champ magnétique est petit et lourd ; replié sur lui-même et sans luminosité. Il ne participe pas aux radiations qui baignent ceux plus évolués. Cette âme est au plus bas de l’échelle astrale et ne représente qu’une unité au sein d’une multitude grouillante de périsprits larvaires. Sa désincarnation, il vaut mieux le dire, ne lui apporte d’autre bien-être que l’absence de souffrance physique. Elle se trouve dans une obscurité presque totale et sa pensée amorphe réalise à peine son état. Son séjour dans l’astral sera du reste très bref et elle se réincarnera à la première occasion.
L’âme épurée, qui vient d’achever, au cours des millénaires, le cycle de ses réincarnations, se trouve dans une situation qui n’est en rien comparable à la précédente, et qui échappe même à notre entendement. Pour décrire son état laissons donc la parole à un désincarné.
“ L’âme pure monte en flèche sereine vers l’infini où elle s’absorbe enfin, sans un souci, sans une entrave. Elle est vaporeuse, brillante de luminosité. Elle se baigne de fraîcheur ou de tiédeur à son moindre souhait, elle écoute cette divine harmonie que produisent les sphères dans leur lente et incessante révolution. L’âme pure voit les siens, morts ou vifs, des qu’elle le désire. Elle peut aider ceux qui l’implorent et qu’elle entend à l’instant même où ils formulent leur pensée. Le futur n’existe pas pour elle et elle peut décider de son sort complètement. Si elle le veut, elle participe à Saturne, à Jupiter ou à Uranus. Si elle le préfère, elle se recueille dans l’omniscience. Bref, en un mot elle est divine. ”
Entre ces deux extrêmes qui représentent l’un, l’âme au sortir de l’animalité, l’autre, l’âme à la fin de son odyssée humaine, prenons un être éthérique moyen, c’est-à-dire tel qu’il se présente après cinq ou six cents réincarnations et suivons-le à son arrivée dans l’astral.
Nous avons vu qu’il passe tout d’abord par une inévitable période de trouble, mais il est maintenant conscient de son état. Son périsprit est léger et clair et il éprouve un immense sentiment de délivrance. Son champ magnétique baigne dans une radieuse ambiance qui lui procure un état d’euphorie, de plénitude, de sérénité. Il conçoit l’infini, y participe et ses moindres impulsions résonnent avec amplitude dans un milieu électrique qui est son essence même.
Son premier étonnement sera de retrouver dans la survie, s’ils ne sont pas réincarnés, ceux qu’il a profondément aimés au cours de ses vies antérieures. Son âme a garde l’empreinte de ses affections du passé et les êtres si chers, attirés par cette force d’amour réciproque, seront là à l’attendre, à l’accueillir à son éclosion à l’astral, à se réjouir de son retour parmi eux. Plus il aura aimé profondément, plus nombreuse sera la cohorte joyeuse qui se pressera à ses côtés et l’entourera d’une tendresse et d’une sollicitude constante. Et au sortir des épreuves de la terre, de l’épaisseur de la chair, ce sera l’immense bonheur du revoir, de la réunion, l’intense plénitude qu’apporte un sentiment de joie pure et sereine, dépouillée de toutes les vilenies d’ici-bas et de toute jalousie.
L’être éthérique n’oubliera pas pour cela ceux qu’il a laissés sur terre et qu’il continue de chérir. La séparation a été, certes, pour lui un choc douloureux, mais il s’est vite rendu compte qu’elle n’était que momentanée, qu’à son tour il aurait à accueillir bientôt les siens dans l’astral et qu’en attendant ce moment il avait la possibilité de les regarder vivre, de loin, d’assister au déroulement de leur morne existence terrestre, de les aider même, à leur insu, par ces mille intuitions que l’humain ressent sans pouvoir les expliquer et qui lui parviennent sous forme de radiations qui ébranlent son milieu psychique.
Car les désincarnés sont formels sur ce point : ils continuent à percevoir le monde vivant. Leur perception, bien sûr, est radicalement différente de la nôtre et nous n’arrivons que très imparfaitement à comprendre leurs explications sur ce point. La forme même des êtres vivants et le décor terrestre ne semblent plus qu’un accessoire de leur “ vision ”, alors qu’au contraire l’ensemble des radiations émises par les différentes manifestations de la vie passent au premier plan. Ainsi les auras qui entourent les corps humains ou animaux, les formes pensées, les radiations que nous émettons sans cesse sont perçues par eux avec une particulière acuité. Par rapport à la nôtre, leur perception semble inversée. Prenons l’exemple concret d’une forêt. Le désincarné ne s’attache pas, comme nous, au contour extérieur des arbres. Il perçoit les vibrations moléculaires de cet ensemble végétal ainsi que son champ magnétique qui s’élève de terre et qui, sous forme d’une masse grouillante de particules électriques, constitue l’âme groupe de la forêt. Il ressent en bloc et la couleur du feuillage et la fraîcheur qui s’en dégage et le chant des oiseaux et le murmure du vent dans la ramure. De loin notre planète lui apparaît comme un magma assez confus et, s’il s’en rapproche, un rassemblement humain, dans une cité par exemple, fera jaillir pour lui un ensemble de points plus ou moins lumineux qui représentent des êtres évolués et dont la vie radiante est plus intense.
Mais le désincarné qui parvient à se brancher sur l’antenne fluidique d’un médium, perçoit alors, par les yeux mêmes du médium, le décor qui entoure celui-ci. Il entend ce qu’entend le médium, ressent ce que celui-ci ressent, en un mot utilise les organes des sens qui sont mis à sa disposition. Toutefois sa perception est de beaucoup plus aiguë que celle du sujet ; ainsi, par exemple, le désincarné perçoit les radiations des personnes qui entourent le médium et comprend, par ce moyen, les sentiments qui les agitent, sans “ lire ” dans leur pensée ainsi qu’on serait tenté de le croire.
Ainsi encore le désincarné guidera la main du médium guérisseur vers le siège du mal interne du patient ; sans même s’en douter le médium a joué le rôle d’un appareil de radioscopie.
Dans l’astral, les sensations chez l’être éthérique sont remplacées par des états de conscience et nous avons vu, dans un chapitre précédent, que tout s’analyse en un climat psychique créé par l’action des radiations de l’extérieur sur les cellules électriques du périsprit. Le champ magnétique de l’âme se trouve directement impressionné par le rayonnement du dehors ainsi qu’une pellicule photographique.
Ce rayonnement procure au désincarné des états plus ou moins agréables suivant l’espace astral dans lequel il évolue car il ressent directement les pensées bonnes ou mauvaises dont sont animées les entités qu’il côtoie et les sentiments les plus divers extériorisés alentour le baignent de leurs vibrations plus ou moins bénéfiques.
Nos différentes perceptions visuelles, auditives, olfactives ou du tact se trouvent unifiées en une seule qui les contient toutes et qui est ressentie par l’être éthérique dans l’ensemble de son corps astral, avec une particulière acuité. Ainsi, dès qu’il quitte son enveloppe charnelle, il perçoit le son feutré et doux engendré par la rotation de notre planète et le froissement de son atmosphère. C’est une mélopée qui se propage en lui et l’accompagne dans sa montée. Bientôt les autres astres vont mêler à leur tour leurs notes différentes à ce concert céleste qu’il ressent intensément sans plus avoir besoin de l’entendre. Les désincarnés semblent du reste particulièrement friands de cette musique des sphères et ils s’étendent avec complaisance, dans leurs messages, sur l’extraordinaire ambiance qu’elle leur procure.
Dès qu’il est quelque peu évolué, l’être éthérique parvient même à “ goûter ” à la lumière qui surajoute ses sensations à celles du son. Le rayonnement de chaque astre s’offre à sa perception et le pénètre de ses effluves vibrants. Tour à tour, il baigne son entité magnétique aux radiations des mondes minéraux, de ceux où la vie végétale étouffe le sol de sa luxuriance, ou encore de ceux qui ont donné naissance à des humanités aux formes différentes et appropriées au milieu planétaire. Comme des bouffées il en ressent les émanations électriques et son climat psychique varie à l’infini suivant des tonalités extrêmement changeantes.
Le désincarné peut du reste, à son gré, se tourner vers l’extérieur pour participer ainsi aux radiations du dehors, ou, au contraire, se replier sur lui-même, abaisser ses volets en quelque sorte, pour s’absorber dans une contemplation intérieure que plus rien ne vient troubler. L’extase mystique lui fait alors oublier l’apothéose des cieux.
Un certain jour, au cours d’une séance d’expérimentation, nous avions cru bon de faire part au désincarné, qui communiquait avec nous, de l’opinion suivant laquelle la mort pouvait en réalité constituer une diminution du fait de la perte des organes des sens. Notre question était posée avec une ingénuité malicieuse, il faut l’avouer, destinée à l’embarrasser. Nous fûmes vertement rabroués en ces termes :
“ Qu’êtes-vous humbles terriens, pour croire que quelqu’un puise un jour souffrir de ne plus satisfaire vos tristes besoins ? Vos sens, infiniment grossiers, sont remplacés par ceux de l’autre vie. Pour l’âme moyenne c’est une transformation de l’aube en un midi radieux. Pour l’âme belle, c’est l’extase, le sublime bonheur.
Ici, même pour le plus malheureux, tout se décuple, tout s’illumine et si celui-là ne peut y prendre part assez pour y baigner son âme, c’est alors qu’il revivra pour avancer.
Plus de vos yeux mais une infinité d’antennes auxquelles correspondent des perceptions. Nous avons mille yeux et mille oreilles sans avoir un seul de ces organes et nous pouvons percevoir une chose infiniment menue qui échappe complètement à vos sens, comme la perception la plus énorme et la plus violente ne saurait nous effrayer ni nous assourdir. ”
Cette réponse nous montre à quel point il est difficile, quasiment impossible même, de traduire en un vocabulaire humain les explications que tentent de nous donner les désincarnés sur leur état et leur comportement par delà les barrières de la vie cellulaire. Comment concrétiser, comment seulement concevoir une ambiance essentiellement électrique où les phénomènes radiants occupent la place prépondérante, où la forme ne représente plus qu’un instantané du mouvement, où perception et compréhension ne font qu’un, où les forces psychiques asservissent la matière reléguée au rang d’accessoire, où la pensée est plus fulgurante que l’éclair et n’a même plus besoin d’être exprimée.
Il faut bien comprendre que la mort, en brisant le cadre de la prison charnelle qui enserrait l’être éthérique, le libère du même coup des trois dimensions de ce milieu. Le désincarné reprend alors conscience d’un monde aux dimensions nouvelles et la matière, le temps, l’espace ne lui apparaissent plus que de dérisoires concepts humains qui bornaient naguère sa compréhension. Désormais son jugement apparaît essentiellement différent du nôtre car les termes de comparaison ont changé. Ce que nous estimons capital lui semble futile. Il n’admet plus, et les messages reçus nous le montrent bien, que nous ne puissions réaliser la relativité de notre vie, de nos actes, de nos sentiments et il en manifeste souvent une extrême impatience. Le fossé qui nous sépare, nous, humains, du monde invisible de l’au-delà n’est pas d’ordre matériel mais d’ordre spirituel et là est l’écueil. On parvient presque toujours en effet à communiquer plus ou moins bien avec les désincarnés et il est même possible d’envisager un avenir où, grâce aux progrès de nos techniques, un appareillage électrique perfectionné nous permettra d’entrer en contact avec les entités magnétiques de l’astral aussi facilement que nous utilisons un poste de radio ou de radar. Mais il sera par contre toujours aussi difficile d’interpréter leurs messages et la portée des mots empruntés, faute de mieux, à notre vocabulaire humain.
C’est ainsi que, de prime abord, nous demeurons confondus de constater que le passé et le futur n’existent plus pour le désincarné. Le temps se trouve rayé de l’astral et nous assistons, étonnés, à la remontée dans le passé du désincarné comme à la consultation par lui du futur. Il nous paraît aussi à l’aise pour nous décrire un événement enfoui sous la poussière des siècles, que pour nous assurer que le futur n’existe pas et nous administrer aussitôt la preuve de son affirmation.
La connaissance qu’il a du passé est celle qu’en fin de compte nous admettons le plus vite car le désincarné parvient à nous l’expliquer d’une manière assez concrète. Il n’a aucun mal  en effet à nous convaincre que nous ignorons tout des propriétés de l’éther qui baigne notre planète et notamment de ses propriétés photoélectriques grâce auxquelles les radiations que nous émettons se fixent en clichés. Le phénomène, que nous avons déjà eu l’occasion de signaler, est en somme assimilable à celui de la télévision en ce sens que l’image, transmise sous forme de mouvements vibratoires, est enregistrée dans l’éther comme sur un écran qui en conserve indélébilement la trace au cours des siècles. Les moments les plus importants de notre vie, ceux qui donnent naissance, en raison même de leur intensité, au départ d’un train d’ondes de télévision, se trouvent ainsi fixés dans l’astral. Il paraît — et on les comprend — que les désincarnés n’ont rien de plus pressé, à leur arrivée, que d’aller consulter leur propre passé et de satisfaire leur curiosité en voyant revivre, sous forme de diorama, les civilisations de l’antiquité. Les professeurs d’histoire doivent éprouver d’intenses satisfactions, et aussi quelques petites contrariétés, en confrontant la réalité avec leurs enseignements sur terre.
De toute façon, c’est par ce moyen que le désincarné apprend à se connaître et à connaître d’abord son âge réel qui est celui de son âme et non celui du corps qu’il vient de quitter. L’âge de son âme, disons-nous, c’est-à-dire le nombre de ses vies antérieures. C’est alors que le désincarné, et alors seulement, comprend le sens de la vie, la relativité de chaque chaînon et l’importance de son “ moi ” psychique qui en est le seul trait d’union. C’est alors qu’il conçoit que l’être vivant n’est qu’un lieu de passage pour son entité radiante et que seul compte l’ampleur du mouvement évolutif qui le mène lentement, mais sûrement, vers le but souhaité, la fin du cycle de ses réincarnations, et l’intégration au noyau divin. Le désincarné comprend alors ses erreurs, reconnaît les actes bons et mauvais qu’il a commis au cours des siècles, se réjouit ou se désole de sa dernière incarnation, comprend la raison de la souffrance qui seule permet d’épurer son champ magnétique et prend toutes sortes de bonnes résolutions pour sa prochaine réincarnation... quitte à ne pas les tenir.
Les désincarnés, qui connaissent ainsi le passé, consentent de bon gré à nous renseigner, nous humains, sur nos propres vies antérieures et si certains d’entre eux, peu évolués, ne peuvent le faire directement ils ne manquent pas de faire appel à une entité plus élevée qui disposera d’un moment pour satisfaire notre curiosité. Nous les avons souvent interrogés sur la durée moyenne de notre évolution dans le cycle humain, c’est-à-dire sur le nombre des réincarnations que nous devons endurer. Cette durée est variable suivant les individus. Tout ce que l’on peut dire est que le cycle humain comporte une moyenne de huit cents réincarnations, avec un minimum de 500 vies et un maximum de 1.500. Notons qu’en général les vies successives d’un humain sont de plus en plus courtes si bien qu’à la fin du cycle l’épreuve terrestre est de moins en moins pesante. Voilà qui atténue quelque peu l’effet déprimant des chiffres que l’on nous énonce. Vers la fin de notre évolution nous choisissons souvent, paraît-il, des incarnations de plus en plus éphémères, celles d’enfants mourants en bas-âge, par exemple, ce qui permet au périsprit “ de se débarrasser d’un léger poids importun ”.
Quelle interminable et lente procession de vies successives peuvent ainsi contempler les désincarnés au Kaléidoscope de l’astral. A les entendre, rares sont les épurations obtenues en cinq cents existences. Cela se voit pourtant pour des âmes vaillantes qui sont allées au-devant des plus grandes épreuves. Dans la plupart des cas, on aperçoit une traînée de huit cents à neuf cents vies successives, ce qui est en général suffisant pour parfaire l’âme. Mais lorsque celle-ci est très paresseuse ou que l’état humain lui agrée, tout se voit, on découvre alors des séries de mille deux cents à mille trois cents réincarnations.
Mais laissons là le passé et tournons-nous vers l’avenir. Si invraisemblable que cela puisse paraître à l’humain non averti, les désincarnés connaissent le futur, tout au moins notre futur. Il est indiscutable qu’ils peuvent nous révéler l’avenir et les prédictions dont on a vérifié l’exactitude ne se comptent plus.
La plupart des désincarnés avec lesquels nous correspondons habituellement ne parviennent pas à nous donner une explication claire et plausible de ce phénomène. La réponse ne peut être attendue que de communiquant particulièrement évolués et qui, aussi, comprennent la nécessité de se mettre à notre portée, “ d’humaniser ” en quelque sorte le processus du phénomène.
A propos du problème de la destinée nous avons eu l’occasion d’apprécier, dans leur détail, les explications qui peuvent être ainsi recueillies. Bornons-nous ici à rappeler que la vie, sous ses différentes formes, ne peut se manifester ni même se concevoir sans une conjonction du plasma de la cellule avec les radiations cosmiques qu’il condense et transforme, sans un apport énergétique extérieur et incessant. L’homme est une pile électrique qui a constamment besoin d’être chargée par l’énergie cosmique sur laquelle il est branché. Lorsque le branchement est coupé, la pile se vide, les cellules du corps voient décroître leur potentiel, la mort survient. Le décès peut être attribué à la lésion d’un organe en particulier, parce que cet organe a failli le premier, mais la cause est plus profonde en réalité. Le problème de la vie nous échappe car nous n’en étudions qu’un des facteurs — la pile — sans nous préoccuper de l’autre facteur, sans même soupçonner qu’il existe un second phénomène grâce auquel la pile est constamment rechargée. La cellule est véhicule de vie et non-vie ; elle absorbe de l’énergie et la transforme en énergie vitale.
Nous ne connaissons rien de ce second phénomène, c’est-à-dire de l’énergie cosmique. Pour cacher notre ignorance nous disons d’elle quelle est une manifestation de l’Inconnaissable, d’une divine source électrique qui permet la vie sur les mondes. Mais le problème ainsi posé, nous pouvons plus aisément concevoir la réalité du destin. Ce qui constitue notre destin, notre futur, ce sont précisément ces radiations cosmiques qui permettent la vie en nous et autour de nous. Du fait que nous nous trouvons en circuit avec ces radiations cosmiques, nous nous trouvons du même coup branchés sur notre futur. Oui, le futur est déjà créé en ce sans que les radiations énergétiques sillonnent les espaces sidéraux pour nous atteindre et lorsque la radiation atteint notre planète, touche notre corps, l’acte du futur s’accomplit dans l’instantanéité du contact, c’est-à-dire du présent.
Or le désincarné, qui lui aussi se meut dans l’espace sidéral, n’a qu’à se placer en un point quelconque de la trajectoire de ces radiations cosmiques pour connaître notre futur énergétique. Retenons cette explication comme celle de nature à nous faire admettre le phénomène. Il s’agit en réalité d’un processus “ humanisé ”, c’est-à-dire adapté à notre entendement et traduit avec des mots de notre vocabulaire. Le phénomène est à la fois plus simple et plus complexe, plus simple pour le désincarné qui n’a point besoin de se transporter en un point quelconque de la trajectoire cosmique car le temps et l’espace ne comptent plus pour lui, plus complexe pour nous, terriens, qui ne pouvons imaginer le bain énergétique dans lequel la vie grouille, larvaire on sublimée par l’esprit.
Mais si le désincarné a ainsi la possibilité de connaître le futur, il ne le connaît que dans la mesure où ce futur est déjà créé, où il existe à l’état de tendance, de détermination dans le mouvement radiant en marche vers son objectif du présent humain. Notre destin n’est qu’un canevas, c’est-à-dire que seules les grandes lignes en sont tracées d’avance. Tout le reste est du domaine du libre arbitre et notre libre arbitre nous permet de réussir plus ou moins la broderie d’un canevas inflexible. Nous concevons ainsi la part du déterminisme et celle du libre arbitre dans notre existence humaine ; et le déterminisme qui nous régit est encore bien relatif puisque c’est nous-mêmes qui l’avons choisi, dans l’astral, avant de renaître à la vie cellulaire.
Le désincarné pourra donc savoir si notre vie sera longue ou courte, si elle se terminera dans la paix familiale ou dans un destin tragique mais il ne saura pas par avance de quelle manière nous réagirons aux différentes épreuves de notre condition, quel parti nous saurons tirer des différentes situations dans lesquelles nous nous trouverons.
Une erreur que beaucoup commettent est de croire que les désincarnés, du fait qu’ils connaissent notre destin, peuvent nous le révéler lorsque nous les interrogeons. Il faut absolument mettre en garde les expérimentateurs contre cette croyance fort répandue et dont on ne peut attendre que mécomptes et déboires. Les désincarnés n’ont absolument pas le droit de nous révéler notre destin. Le divulguer constitue pour eux une faute, une faute grave même que peu d’êtres éthériques consentent à commettre. Et cette interdiction se conçoit fort bien ; le sens de notre vie serait entièrement faussé si nous connaissions par avance les épreuves qui nous attendent et la date de notre mort comme celle des êtres qui nous sont chers. Le temps nous bande les yeux et il est bon qu’il en soit ainsi car sinon nous commettrions mille folies et en arriverions à nous détruire nous-mêmes. Notre structure psychique est telle que nous ne pourrions supporter le choc du destin, pas plus que notre structure organique ne peut résister à une pression atmosphérique différente de celle pour laquelle elle a été conçue.
Toutefois, sentant combien notre désir est grand de connaître par avance une date, d’être averti d’un fait, le désincarné qui nous aime et qui voudrait nous aider se laisse aller parfois, nous disons bien se laisse aller, à nous révéler une petite partie du futur, en le voilant un peu, en déformant sciemment les circonstances, pour être moins répréhensible, pour en éprouver moins de remords. Il peut ainsi se dire à lui-même qu’il nous a trompé en partie, qu’il nous faut interpréter ce qu’il nous a dit, que notre libre arbitre trouve donc encore sa part.  De là les symboles fréquemment employés par les désincarnés relativement à un fait du futur.
Ajoutons que ce futur qui nous est ainsi révélé en partie, qu’on nous laisse plutôt deviner est en réalité la plupart du temps du présent, car la radiation cosmique est tout près de nous toucher, car nous “ baignons ” déjà dans son influx. Ainsi le désincarné pourra, peu de temps à l’avance, nous annoncer que nous partirons en voyage et si nous devons prendre un bateau, il nous dira peut-être qu’il faut nous préparer à un trajet par chemin de fer…
Mais si les radiations énergétiques du futur représentent pour nous un “ no man’s land ” sur lequel il est interdit de s’aventurer, par contre c’est en consultant ces radiations, qui constituent pour lui une bande photoélectrique, que le désincarné choisit son destin lorsqu’il est sur le point de se réincarner et c’est en se branchant à ces radiations qu’il pourra renaître à la vie cellulaire. Encore faut-il remarquer, nous le savons, que son choix est tout relatif en ce sens que le désincarné ne peut prétendre qu’à un destin en rapport avec son évolution. Il ne peut se brancher que sur les radiations qui passent à sa portée dans l’espace sidéral où il évolue en raison du volume et de la densité de son champ magnétique. Un désincarné qui n’a encore vécu que quelques vies humaines au sein d’une tribu primitive de Lapons, par exemple, ne peut aspirer à incarner dans son existence suivante un professeur de faculté dans une capitale européenne. Comment le pourrait-il alors que sa spiritualité n’est qu’un    devenir ? Comment désirerait-il du reste vivre dans un milieu pour lequel il n’éprouve aucune affinité ? Tout viendra en son temps et, dans la longue chaîne de ses réincarnations, notre Lapon se hissera peu à peu à une condition meilleure, à un milieu intellectuel de plus en plus élevé.
Mais continuons à suivre par la pensée notre sujet éthérique dans l’astral. Nous venons de voir qu’il avait la faculté de remonter dans le passé comme de se mouvoir sur la courbe du futur. Parmi les nouvelles possibilités du milieu avec lequel il prend contact il en est une dont la puissance est telle qu’il commence par en être le jouet ; c’est celle du désir créateur.
Le désir créateur, les désincarnés nous le décrivent comme “ le merveilleux présent d’un Dieu de bonté à l’âme qui tend à le rejoindre ”. Dans l’astral penser c’est créer et ces créations se différencient par leur durée, leur beauté ; leur perfection est fonction du climat psychique de chaque entité. L’astral est le monde des formes pensées, des états de conscience concrétisés en ce sens que l’être éthérique crée autour de lui l’ambiance qu’il désire, extériorise en une projection radiante le décor dont il désire s’entourer.
A propos de la période de trouble qui suit la mort nous avons vu que ces formes pensées se manifestaient avec une telle réalité, une telle intensité qu’elles abusaient le désincarné qui en était l’auteur inconscient. Peu à peu l’être éthérique apprend à discipliner ses désirs, il apprend que dans l’astral vouloir c’est pouvoir. Le périsprit peut alors se baigner de fraîcheur ou de tiédeur à son moindre souhait. Il peut modifier sa forme, revêtir tous les aspects. Il peut créer autour de lui toutes choses, les matérialiser en quelque sorte.
Le milieu astral est éminemment favorable à la propagation des ondes électriques, c’est un milieu où toute vibration s’amplifie à l’extrême. Le désincarné veut-il être le spectateur d’une scène qui se passe très loin de lui ? Il n’a pas à se déplacer. Il se “ branche à la masse ”, au noyau ; dès que sa charge électrique est suffisante, il émet son onde vers le point désiré, il projette un faisceau de ses radiations et aussitôt il voit, il sent, il comprend. Le désir, dès qu’il se fait jour, se détache du périsprit en un mouvement radiant qui va frapper son but et y déclencher une onde de télévision qui retourne vers l’émetteur. C’est par ce moyen que les désincarnés parviennent à percevoir notre monde vivant, lorsqu’ils le désirent. C’est par ce moyen également que deux entités, éloignées à l’extrême l’une de l’autre, se réunissent par leur seul appel mental. La pensée a une fulgurance et une efficacité qui défient notre entendement. Désir, impulsion, volition impliquent leur immédiate réalisation. Cette faculté nous apparaît à tel point merveilleuse et surnaturelle qu’il nous faut un effort d’abstraction pour en prendre conscience.
Le “ branchement à la masse ” dont il vient d’être question demeure pour nous, il faut bien le reconnaître, un phénomène inexplicable. Il paraît conditionner, semble-t-il, certaines des possibilités les plus importantes de l’être éthérique et lui permettre, notamment, de visiter les mondes stellaires ou de participer à la vie de certaines planètes. Le cosmos constitue un immense champ magnétique qui vibre en circuit fermé. Il suffit au périsprit de s’intégrer à la valse inlassable de ces radiations, de se brancher à ce circuit gigantesque qui défie notre entendement, pour n’avoir plus à compter avec le facteur distance. Notre concept humain de l’espace se trouve soudainement vidé de toute réalité. Lequel d’entre nous ne se réjouit à l’idée qu’il pourra ainsi connaître les merveilles du ciel étoilé et parcourir les immensités stellaires ? Lequel d’entre nous ne se sent pousser des ailes lorsqu’il apprend qu’il pourra participer à Saturne, ce monde en état de perfection cristallisée où tout est vert émeraude, où le sol est translucide, ce monde qui représente un paradis intermédiaire où les désincarnés vont goûter aux plaisirs passagers d’une semi-incarnation sous une forme inspirée de l’humain mais parfaite, ce monde où tout révèle le goût, le sens profond du beau.
Mais laissons parler un voyageur de l’astral. Que voit-il ? “ Des êtres de rêve, sans besoins terrestres, glissent en lentes théories, matériels et pourtant aériens, et se meuvent par longues enjambées, dans un air raréfié où le moindre mouvement transporte l’être démesurément loin. Séjour édénique. L’air y est d’hydromel et l’eau d’ambroisie. La musique environnante créée par le lent déroulement des anneaux de Saturne baigne les habitants de sa lente et pure psalmodie. L’eau tiède et transparente peut les accueillir. Sur les fleuves de lents cortèges se déroulent sur des bacs chargés d’êtres purs et superbes. Vision de rêve et de paradis. Des anges passent au loin, à peine visibles. L’atmosphère, très raréfiée, laisse filtrer des visions lointaines sur des rayons dorés. C’est vraiment, mes amis, un monde parfait. C’est la première récompense donnée à l’âme bientôt pure, le premier contact avec la divinité. ”
Ne nous sentons-nous pas à notre tour baigné de douceur en lisant cette extraordinaire description ?
Mais pour d’autres désincarnés, plus évolués, Saturne représente un paradis encore trop charnel. Ils vont alors, nous disent-ils, goûter à l’ambiance d’une fluidité bleue qui est celle de Mercure. Ici nulle vie, nulle agitation. Planète divine, “ habitable aux divines formes auxquelles elle donne le calme et la sérénité, la majesté du décor, la jouissance de baigner en une fluidité splendide et souveraine ”. Un monde statique en quelque sorte, représentant l’instantanéité dans le mouvement. “ Si un esprit y passe, nous dit-on, il y reste invisible et si l’homme pouvait contempler ce monde il y trouverait l’irréelle splendeur de l’immobilité ”.
Est-il lassé de Mercure, le désincarné se transporte alors en Uranus où l’air est, parait-il, bleu saphir durant ses nuits très longues et où le jour se traduit par une teinte mordorée. Le périsprit y vivra une existence de rêve et participera à des jouissances paradisiaques réservées aux êtres supérieurs et que nous ne pouvons concevoir.
Quant à Jupiter, ce monde qui n’a jamais vécu et ne vivra jamais, aux dires des désincarnés, cette sphère énorme où rien ne germe mais où tout existe, c’est le séjour des bienheureux. Aucun mot de notre vocabulaire ne peut, parait-il, le décrire. Il est du reste inaccessible aux entités qui communiquent habituellement avec nous et dont l’évolution n’est pas encore terminée. Et ceux qui sont en Jupiter n’éprouvent aucunement le besoin, semble-t-il, d’entrer en rapport avec nous ; ils doivent se sentir aussi loin psychiquement de l’humain que nous le sommes nous-mêmes d’un crapaud blotti dans les herbes du marécage.
Mais le plaisir n’est pas tout, même dans l’au-delà, et animés par un incessant désir d’évolution, de progrès, les désincarnés s’astreignent souvent à des tâches, à ce qu’ils appellent des missions. C’est ainsi qu’auprès des humains ces missions sont multiples et ordinairement remplies par des âmes moyennes, non encore au bout de leur évolution. Certaines d’entre elles, par exemple, s’astreignent à veiller, avec une tendre sollicitude, sur les êtres chers laissés sur terre. Elles agissent par ces impulsions, ces intuitions que nous ressentons parfois au plus profond de nous-mêmes et que nous ne parvenons pas à expliquer. Elles jouent ainsi à notre égard le rôle “ d’anges protecteurs ” comme la croyance populaire l’admet facilement. D’autres entités essayent de guider les humains, de les élever spirituellement, de leur faire entrevoir la lumière. D’autres assistent les malades, les infirmes et essayent de les soulager. D’autres encore, très nombreuses, se donnent pour tâche de veiller aux désincarnations qui se produisent à tout instant sur terre et d’accueillir les périsprits aussitôt à leur arrivée dans l’astral, de les réconforter, de dissiper le trouble extrême qu’ils ressentent. D’autres encore se plaisent à inspirer les poètes, leurs dictent en partie leurs oeuvres comme ce fut le cas, par exemple, pour Musset et pour Hugo. Ces activités, ces missions varient à l’infini et tout ceci ne représente qu’un simple aperçu.
Mais ces missions de toutes sortes auprès des humains, ces migrations dans l’espace à la recherche de mondes paradisiaques, le décor sans cesse renouvelé dont ses créations psychiques l’entourent au moindre de ses désirs, toutes ces activités surnaturelles qui nous enchantent et nous déroutent ne représentent pour Psyché qu’une manifestation accessoire de ses dons nouveaux.
Ce qui compte pour elle, ce à quoi elle attache encore plus de prix, c’est qu’en elle, graduellement, elle sent naître et croître l’une après l’autre, les connaissances fragmentaires dont Dieu forme la somme.
Dieu ? Nous nous efforçons, nous humains, d’en concevoir l’existence, d’en saisir les aspects. Mais c’est en vain que nous pressons sans cesse les désincarnés de nous en parler, de le décrire, comme si Dieu pouvait être pensé par nous, comme s’il pouvait être décrit avec des mots humains. C’est en vain que nous nous penchons sur ces messages émis par delà les barrières de la mort, que nous les analysons, les scrutons, dans l’espoir insensé de connaître l’inconnaissable. C’est en vain que nos amis invisibles, conscients de notre angoisse, essayent de nous expliquer que Dieu est un et tout, qu’il est unique et multiple, que nous le détenons en nous-mêmes et que son rayonnement est partout répandu, qu’il est notre âme et le cosmos à la fois, qu’il est le pôle radieux d’un univers courbe, le noyau d’une immense cellule électrique qui vibre en circuit fermé, le proton solaire autour duquel gravitent les électrons du monde sensible, et qu’il est en même temps une intelligence suprême, un océan de lumière aussi bien qu’un rayonnement d’amour.
Psyché, elle, dans sa vie éthérique conçoit Dieu et conçoit son infini. Elle le conçoit si bien, avec une telle intensité, elle est à ce point attirée vers ce pôle attractif si beau, si absolu, qu’elle n’hésite pas à vivre et revivre des centaines d’existences de misère et de douleur pour s’épurer, pour s’élever, pour s’approcher de ce foyer divin. Et au rythme millénaire de ses naissances et de ses morts elle parvient finalement à s’intégrer à lui, à baigner aux sources du concret, à goûter enfin à la béatitude, à cet état ineffable qui satisfait à toutes les sensations de bonheur réunies en une seule.
Et nous, nous ne comprenons toujours pas. Notre plus intense effort d abstraction se révèle dérisoire, notre imagination affolée vagabonde à la poursuite de concepts toujours nouveaux et qui toujours s’évanouissent. Une lueur tout au plus, parfois, et aussitôt après l’aveu de notre impuissance. Non, nous ne comprenons pas, l’humaine nature est ainsi faite et tout est bien ainsi.
N’est-il pas déjà suffisant de savoir que Psyché existe ?

Aux sources du concret

Une monade électrique qui s’échappe d’un foyer divin énergétique pour s’incruster et se parfaire, pendant des millénaires, dans les moules des règnes minéraux, végétaux, animaux et humains, tel paraît bien être, en égard à notre planète tout au moins, l’effet de cette loi cyclique d’évolution dont l’ampleur démesurée permet à l’âme de remonter jusqu’à sa source pour s’y absorber à nouveau. Et, par une sorte de réflexe destiné sans doute à l’équilibre cosmique de ce noyau divin qui, dans son statisme, n’est susceptible ni d’accroissement ni de diminution, une égale quantité d’énergie initiale est à nouveau projetée vers l’extérieur pour connaître à son tour l’odyssée de la matière et de la forme.
Envisagée dans son ensemble, la finalité de la création nous échappe et échappera probablement toujours à notre entendement. Peut-être ne faut-il voir en elle qu’une des manifestations, à son plus haut degré, de ce pouvoir surnaturel de l’astral de concrétiser pour un temps la forme pensée. Peut-être que notre univers n’est en somme qu’une forme pensée de l’Inconnaissable, la matérialisation éphémère d’un de ses états de conscience, la manifestation épisodique d’un seul de ses désirs créateurs. Ce qui pour nous se perd dans l’infini du temps peut ne représenter qu’une brève seconde de l’éternité et n’avoir plus de valeur en soi qu’un éclat de rire qui se répercuterait dans l’immensité du cosmos.
Aussi bien cette loi cyclique qui imprime son mouvement évolutif aux formes de la vie planétaire comme à celles de la vie éthérique n’est peut-être qu’un des aspects d’un mouvement encore plus vaste, d’une loi encore plus générale qui gouverne l’univers sidéral et lui impose son obscure finalité. Sur l’escalier du temps, d’autres marches se succèdent peut-être qui permettront d’accéder plus haut, d’autres forces pensées se concrétiseront, d’autres constellations illumineront la voûte des cieux.
Le problème est démesuré pour l’humain et il est sage probablement qu’il en soit ainsi. Que vaudrait la vie si plus rien ne restait à découvrir, si l’attrait du mystérieux ne faisait plus battre le cœur de l’homme, si l’on ne se sentait plus pris de vertige au bord du gouffre de la connaissance, si dans un morne univers aux secrets profanés une absolue certitude imposait son étouffante monotonie.
Si toutefois le problème de la création est démesuré dans son ensemble, si son énoncé et sa solution se perdant dans l’infini du temps et de l’espace comme deux droites parallèles qui ne se rejoignent à aucune de leurs extrémités, du moins les ambitions du chercheur peuvent être plus modestes et tel le biologiste qui effectue une mince coupe d’une cellule pour la fixer sous son microscope, pouvons-nous tronçonner le long fil de l’éternité et nous pencher sur cette tranche infime qui représente quelques centaines de siècles ?
Bornant ainsi nos prétentions à l’une seule de ses palpitations, la pensée divine paraît bien être de tendre à la création d’âmes de plus en plus pures, de plus en plus attirées vers leur source magnétique.
Une âme pure, qu’est-ce en somme ? Sur le plan physique un champ magnétique parfait, mais en quoi consiste cette perfection ? Sur le plan spirituel une unité psychique exclusivement imprégnée de la plus haute valeur morale, mais en quoi consiste cette valeur morale ? Pureté, perfection, valeur morale, que représentent ces notions au prisme de   l’astral ?
Seule une âme pure est susceptible de répondre à cette interrogation, mais ses vibrations sont d’une nature telle qu’elles ne peuvent être sensibles à une oreille humaine. Il faut nécessairement assurer un relais, interposer un transformateur entre son entité radiante et l’antenne fluidique du médium. Un second désincarné, moins évolué et par conséquent plus près de nous, va jouer ce rôle : il va “ humaniser ”, à notre intention, traduire en pensées assimilables ce qu’une Psyché a pu ressentir au sortir de l’épaisseur de la chair, lorsqu’elle quitte, éperdue, notre planète pour remonter aux sources du concret, telle la phalène irrésistiblement attirée par la clarté de la lampe. Un moment viendra, bien sûr, où nous la perdrons de vue, où aucun de nos mots ne pourra plus traduire son état. Mais peut-être qu’alors nous aurons mieux pu saisir la réalité de sa finalité suprême et que nous en garderons comme un éblouissent intérieur.
Voici que l’expérience commence. Le relais est assuré, le médium est branché ; écoutons ce message qui nous parvient de l’autre bout de la vie : “ Quelles misères physiques, quelles souffrances interminables secouent mon corps de quinze ans. Je suis si seule parmi cette douleur. Si seule et si abandonnée.
Abandonnée, le suis-je ? Hélas quelqu’un retient ma main, la serre, s’y accroche. Qui est-ce donc ? Ah oui, c’est ma mère. Elle souffre, la pauvre, mais cela m’est presque indifférent.
En somme, à quoi bon finasser, ça y est, je vais mourir. La mort, mon Dieu, j’en ai peur. J’ai froid, j’ai peur. Que faire ? Ma mère peut m’arracher à ce froid, peut-être. Oui, ma mère, mais je ne la trouve plus. Ma mère, ma mère. Comme j’ai froid, comme je deviens lourde, lourde. Je ne sens plus mon corps. Je n’ai plus mal ; ma mère a mal dans son cœur, dans son âme, moi je n’ai plus mal, mon âme n’a plus mal.
J’ai froid, je n’ai que ce froid qui me gêne. Ces sanglots aussi me gênent. C’était ma mère, pauvre mère. Tant pis, cela n’est plus à moi. J’étais sa fille, pauvre mère. Mais qu’a-t-elle à pleurer ? Comme c’est désagréable, qu’elle arrête, je ne veux plus l’entendre.
Ce corps froid, qu’il me pèse, quel poids intolérable. Partir, partir, je veux partir. C’est terrible, pourquoi mes yeux sont-ils fermés ? Je suis prisonnière, je veux partir, je dois partir.
Là, je monte, je monte. Enfin j’ai trouvé l’issue de ma froide prison. Je monte, qui    m’aide ? Quelqu’un m’aide. Je ne vois rien, mais je sens que quelqu’un m’aide.
Enfin, je me sens ailleurs, je n’ai plus froid, je suis mieux. On me soutient, je ne le sens pas, je le sais. C’est nouveau. On m’explique, je n’entends rien, je comprends. Oui, c’est nouveau. Tout se modifie, on dirait que je flotte. Mais je n’ai plus mes yeux pour voir. Comment voir, comment entendre ? Non, je n’ai pas peur ; oui, je saurai m’adapter.
M’adapter, m’adapter, qui m’a dit que je devais m’adapter ? Quelqu’un m’a dit : “ Ne crains rien, tu vas t’adapter ”. Mais puisque je n’ai plus d’oreilles, comment puis-je   entendre ?
Oh, cela redevient désagréable. Qu’on me rende mon corps. Je veux voir, je veux entendre, comme tout le monde. Tout le monde ? Quel monde ? Comme je suis à nouveau mal à l’aise. Laissez-moi, il me faut m’adapter.
Quelle est cette clarté ? C’est très léger, très diffus. Ces sanglots encore. C’était ma mère. Il paraît que je vais mourir. Mais voyons, c’est plus simple, je suis morte déjà. Bien sûr, c’est l’évidence, je suis morte et je vais m’adapter.
On m’y aide. Déjà j’aperçois ce lit, ce corps vide de moi, ces gens prostrés qui étaient mes parents. Ma sœur, en bas. Comme elle me ressemble ; je crois presque que c’est moi. C’est bien plus moi que ce corps étendu. Non, c’est elle. C’est ma sœur, mon père est à côté. C’était ma famille mais ce n’est plus ma famille.
Ces ombres verticales que je vois d’en bas comme si j’étais une tombe au pied de hauts cyprès, ces ombres qui m’appellent et qui m’aident, voilà ma vraie famille. Grâce à elles je commence à m’adapter. Je les vois mais je suis immobile, allongée.
Pourquoi rester allongée ? Je voudrais les rejoindre. Je vais les rejoindre. Je monte encore, je monte. Elles m’aident. Je vois clair, je me sens bien. Enfin, je suis droite à mon tour et je me sens poussée.
Je suis accompagnée par ces formes. Qui sont-elles ? Je suis bien. Elles expliquent que je suis morte, que je suis pure, que je vais être adaptée. Ce sont des âmes claires et lumineuses. Moi aussi je suis une âme; je ne brille pas beaucoup, on dirait.
Je monte, c’est agréable d’être poussée ainsi. Ce qui me pousse, je ne le sais pas. Je monte et mes amies m’entourent. II y en a une qui est si belle, si lumineuse, un peu bleutée. Elle me guide et elle m’aide. Je l’aime, elle est l’amie de mon âme. Comme tout est bon autour de moi. Quelle bonté m’environne. Je ne vois plus mon lit, ma chambre, ma maison. J’avais une mère, une famille. C’est fini tout cela. Pourtant je les aimais, ils étaient tout pour moi. A présent c’est différent. J’étais si seule, malgré eux, sur terre. Le royaume des cieux, on me dit que c’est la fin de la solitude, que c’est le bonheur absolu. Je dois seulement m’adapter.
Je monte, je monte, je suis bien. La terre, je ne sais plus où elle est. A présent je suis si heureuse et tout est bon et beau et secourable. Je suis poussée vers le haut et on m’entoure. Je suis heureuse, jamais plus je ne serai seule. Mes yeux s’ouvrent mais ce ne sont pas des yeux. Mes mains touchent et je n’ai plus de mains. J’entends une musique suave et majestueuse. Qu’est-ce ? Ma grande amie me dit que c’est la terre dans l’espace qui engendre cette musique dans sa lente et incessante révolution. Je voudrais voir la terre, d’en haut. On m’explique que je le pourrai bientôt, lorsque je serai adaptée.
On me pousse de plus en plus fort. On m’affirme qu’on ne me pousse pas, que c’est moi qui monte, toute seule. Mais je sais bien qu’on m’aide ; sinon pourrais-je ainsi monter ? C’est ma grande amie, elle doit me tirer et elle est si délicate qu’elle ne veut pas l’avouer. Comme je monte vite. Je ne vois que du bleu autour ce moi. Je ne comprends pas bien, c’est agréable, c’est frais et il y a toujours cette musique. Je veux m’adapter vite.
Et puis, on m’aide tellement. Merci, mes amies. Vous m’aimez et je vous le rends bien. Enfin je monte moins vite, je crois que je m’arrête. Je contemple. Il y a de grandes foules blanches et aucun bruit sauf la douce musique.
Les groupes sont nombreux et calmes. Toutes ces âmes sont lumineuses et je crois que je suis comme elles. Pourtant je ne suis pas arrivée à destination. Il parait que je dois m’arrêter ici et ensuite je monterai encore.
A nouveau voici ma grande amie. Elle m’expliquera tout en détail et elle m’aidera. Avec elle je ferai pèlerinages et voyages. Elle me conduira aussi vers ma vraie place. Ici je suis entourée, fêtée, tout le monde m’aime. Quel bonheur de n’être plus seule. Merci, mon Dieu, de m’avoir fait quitter tous ces destins cruels qui furent les miens. Quelle joie d’être délivrée de ce corps et des servitudes qu’il m’imposait. Je suis parmi les élues et le moment venu je rejoindrai définitivement leur demeure. ”
Et Psyché continue son émouvante narration. Elle réalise maintenant son état et elle est loin, très loin des agitations humaines. Tout ce qui nous semble essentiel lui apparaît dérisoire. Pourquoi nous attacher à tant de petitesses ? Comment le véritable sens de la vie peut-il à ce point nous échapper ? Pourquoi ne nous préoccupons-nous pas davantage de notre âme, puisqu’elle seule nous permet de survivre, puisqu’elle seule représente une valeur qui ne soit pas éphémère ? Pourquoi s’attacher à ce point à un corps ? Tellement de cadavres ont déjà jalonné, pour chacun de nous, les étapes de l’odyssée terrestre. Pourquoi cette peur de la mort hante-t-elle nos nuits ? Ne savions-nous pas déjà, avant de renaître quelque part sur cette sphère, que la mort est une délivrance, qu’une aube radieuse succède toujours au crépuscule pour se transformer en un midi brûlant dont les chauds rayons embrasent l’être d’une plénitude démesurée ? Par suite de quelle aberration collective notre jugement est-il ainsi faussé ? Les réflexes obscurs de la chair sont-ils donc à ce point meurtriers pour  l’esprit ?
Psyché, enfin pure et délivrée, sent ses conceptions anciennes se détacher de son mental et tomber comme de lourdes écailles qui masquaient sa compréhension et pesaient sur l’essor de sa spiritualité. Une grande paix la baigne et les âmes sœurs qui l’entourent irradient leur bonté universelle. La grande différence avec la vie terrestre, elle la comprend très vite. Sur terre chacun s’aime égoïstement et, malgré les aspects les plus trompeurs, chacun vit absolument pour soi seul. Il en résulte pour l’être humain une grande solitude. Dans l’astral, et parmi les âmes pures plus encore que partout ailleurs, un sentiment prime les autres : les formes qui entourent Psyché sont aussi elle-même. Toutes sont identiques dans leur aspect, leur but. Les autres, c’est encore Psyché. En les aimant Psyché s’aime, s’identifie à elle-même. Plus de calcul mesquin, plus de rivalité. Tout égoïsme à disparu et avec lui la grande solitude morale de l’être humain.
Durant cette première période, Psyché a voulu se pencher sur son passé astral et revoir ceux qui furent sa famille terrestre dans sa dernière incarnation. Laissons-lui à nouveau la parole.
“ Il a fallu se brancher et c’est ma grande amie qui l’a fait car elle est plus habituée que moi. J’ai tout d’abord ressenti un tiraillement assez désagréable puis, dans un petit espace rond comme un faisceau d’ondes ou un rayon de lune, j’ai aperçu des astres en suspension dans l’éther. Un rayonnement cosmique a fait ensuite refluer vers moi les images des différentes couches de l’astral, leurs blanches formes et les décors créés par les désirs fantasques des entités. Puis, au fur et à mesure de la descente, les ombres devenaient grisâtres, les décors moins heureux. Dans les basses couches une multitude de périsprits larvaires grouillaient, sans réflexes, comme endormis et des décors imprécis traduisaient les instincts primitifs et sombres. Puis ce fut le magma confus et opaque des âmes groupes des règnes inférieurs animaux et végétaux. Je percevais maintenant la terre, ses abords, son atmosphère. Des paysages fuyaient que je ne connaissais pas. Puis soudain un décor familier remonte jusqu’à moi, c’est ma ville, ma maison. Dans la chambre de mes parents qui sont couchés, je contemple le visage de ma mère, creusé par les souffrances et les insomnies. Mon âme fond en pitié et tout à coup, avec fulgurance, tous les souvenirs de la terre m’assaillent. Mon père, ma mère sont là, si près et si loin à la fois. J’ai terriblement mal. Je souffre et me retrouve aussi fragile et incertaine qu’au moment de ma mort. Je sens que je vais perdre tout le bénéfice de mon adaptation si l’expérience dure encore. Il est temps d’y mettre fin.
Les spectacles terrestres, nous le comprenons, retardant les désincarnés dans leur montée et presque tout est à refaire lorsqu’on laisse se retisser les sentiments qui les enserraient. Dorénavant, c’est vers d’autres horizons que partira Psyché.
Encadrée d’âmes sœurs elle glissera à travers l’espace, mollement balancée, pour visiter son nouveau domaine. Parcourant des milieux différents, partout elle sera comblée de musique, de bien-être et de connaissances nouvelles. Tantôt elle retrouvera les spectacles qu’elle avait jadis connus et ce revoir sera d’une grande douceur, tantôt des entités accourront vers elle et elle se sentira transportée au paradis de l’altruisme. L’altruisme n’est-il pas le sentiment dominant des hautes sphères ?
Mais le champ magnétique de l’âme pure a atteint son plus grand développement, sa densité s’est allégée à l’extrême et son éclat est insoutenable. Il doit monter encore plus haut, jusqu’à son pôle attractif.
L’heure a sonné pour Psyché de joindre sa place définitive dans la phalange des âmes pures. Elle est parvenue au sommet de l’évolution, elle a terminé sa période d’adaptation et satisfait à toutes ses curiosités. Il ne lui reste plus qu’à s’intégrer à la grande cellule pour ressentir la plénitude de l’altruisme et partant la plénitude de la sensation paradisiaque.
Entourée étroitement par ses semblables, identique à elles, vibrant à leur unisson, tout sentiment personnel éteint, elle entre frémissante en la divinité, devient divinité elle-même. Elle s’est donnée sans retenue, s’est résorbée dans un élan de dernier sacrifice et cette négation définitive de l’ego, cet altruisme sans réserve, cette volition de s’anéantir pour s’offrir toute entière lui font accéder à la béatitude suprême. Son intelligence, supérieure et détachée de tout, embrasse le cosmos dans son ensemble. Perdant tout intérêt pour l’extérieur, elle s’abîme dans une extase qui est la finalité de l’évolution. Tout l’univers qu’elle crée sans trêve s’abolit pour ses sens. Elle est devenue la cause et ne sera jamais plus un effet.
Enfin libérée de ses chaînes et oublieuse des méandres bourbeux de ce qui fut le fleuve de ses vies antérieures, la voici maintenant remontée à sa source, goutte pure qui se fond dans la grande vasque de cristal éclatant d’où toute vie s’échappe, où toute vie revient et que nous nommons Dieu.

Table des matières

L’âme et ses métamorphoses    2
Les phénomènes électromagnétiques du corps humain    8
Le sommeil et les vagabondages de Psyché    13
Mémoire organique et mémoire psychique    21
La perception spirituelle directe et l’extase    25
Le futur énergétique    30
Les états de conscience    38
Evolution animique et vies successives    44
La vie de l’âme dans l’espace    49
Aux sources du concret    59