Índice do Blog – Parte 1 – Parte 2
LA SURVIE
SA REALITE, SA MANIFESTATION,
SA PHILOSOPHIE
Echos de l’au-delà
Publiés par
RUFINA NOEGGERATH
Tout d’abord les choses paraissent mystérieuses. Une comète, la foudre, l’aurore, la pluie, sont autant de phénomènes mystérieux pour qui les verrait pour la première fois ; mais vienne le flambeau de la science, et leurs relations avec des phénomènes mieux connus apparaissent ; ils cessent d’être des anomalies et, si un certain mystère plane encore sur eux, c’est le mystère qui enveloppe les objets les plus familiers de la vie de tous les jours.
Olivier Lodge
Professeur de physique à l’Institut scientifique royal de Dublin.
Pour ma part, j’estime trop la poursuite de la vérité
et la découverte de quelque nouveau fait dans la nature
pour refuser de m’en occuper
parce que cela semble heurter les idées qui ont cours.
William Crookes
Membre de la société royale de Londres
Préface
Les faits psychiques
L’homme ne devrait être ni crédule ni incrédule. La crédulité, sans esprit critique, rend dupe d’illusions et de mensonges.
L’incrédulité de parti pris renferme l’âme dans une coque de noix et l’aveugle. Dans un cas comme dans l’autre, il y a une sorte d’anémie de pensée, et l’on se demande comment l’être humain, dont l’essence est de penser, tombe en l’une ou l’autre de ces extrémités. Tel est, pourtant, le cas général.
Aucun problème, sans en excepter ceux de l’astronomie, n’est assurément plus important que celui de notre nature spirituelle. C’est toujours la fameuse question de Hamlet au cimetière : To be or not to be, être ou n’être pas ! Depuis l’apparition de l’homme sur la terre, les religions et les philosophies ont prétendu résoudre le problème, mais le sphinx à l’ironique sourire est resté muet, et l’humanité paraît s’être dans tous les temps partagée entre deux camps : ceux qui croient et ceux qui ne croient pas.
Depuis un demi-siècle pourtant, la science humaine, en s’élargissant, nous montre que les apparences extérieures sont trompeuses et que le monde visible n’est que l’enveloppe d’un monde invisible. La belle découverte de M. Roentgen, qui date d’hier, fait actuellement voir l’invisible. Le progrès philosophique de cette évolution de la science me paraît surpasser encore le progrès purement scientifique. Nous avions une tendance à ne nous en rapporter qu’à nos yeux, à nos oreilles, à nos cinq pauvres sens. Et voilà que l’invisible nous apparaît. Les progrès de la physique nous ont permis de constater l’existence des rayons infra-rouges et ultra-violets et de les mesurer, révélant ainsi un spectre solaire invisible vingt fois plus étendu que le spectre visible pour notre rétine. La photographie saisit maintenant au fond des espaces, des étoiles et des univers lointains absolument invisibles aux plus puissants télescopes. Le téléphone transporte électriquement des ondes sonores par une force et avec une vitesse qui n’ont rien de commun avec l’acoustique. Le phonographe fixe les sons fugitifs de la parole. Ces découvertes, ces méthodes nouvelles, transforment absolument les idées vulgaires sur la nature, et elles nous invitent à l’analyse profonde des choses.
Naguère encore le mot de pressentiment paraissait synonyme d’illusion ou de coïncidence fortuite, l’observation des faits nous montre aujourd’hui que l’avenir peut être quelquefois vu avec précision, soit en rêve, soit en somnambulisme spontané ou provoqué, soit à l’état de veille. L’avenir, pense-t-on, n’existe pas. Est-ce bien sûr ? L’avenir est en germe dans le présent, il est la conséquence de ce qui le précède ; il n’y a pas d’effet sans cause ; celui qui connaîtrait les causes connaîtrait les effets. Ce qui arrivera ne peut pas ne pas arriver, puisqu’il est déterminé par des causes existantes. La volonté humaine, qui nous semble douée d’un certain libre arbitre, est une de ces causes ; elle non plus ne peut pas se décider pour le motif prépondérant. Actuellement, ce n’est point faire acte de crédulité que d’admettre la réalité des pressentiments et de certaines prémonitions. Naguère encore aussi, les apparitions semblaient devoir être toutes rejetées sur le compte des hallucinations. Aujourd’hui, il convient d’être un peu moins intransigeant. Certaines personnes n’ont connu la mort d’un parent, d’un ami, que par une communication d’ordre psychique qui n’a emprunté, pour se transmettre, ni le service postal, ni le fil télégraphique. Les phénomènes de télépathie dûment observés sont en assez grand nombre pour ne plus pouvoir être niés. Un être lointain peut se trouver auprès de nous au moment de sa mort et nous apparaître, et l’apparition peut être vue de plusieurs témoins.
Il y a une quarantaine d’années, les tables tournantes ont fait verser des flots d’encre. Certains savants, d’ailleurs dignes d’estime, se sont imaginés les expliquer par des mouvements musculaires inconscients. D’autres les ont toutes attribuées à la supercherie des assistants. L’observation attentive à fait des progrès. Des mouvements peuvent être produits par un très faible contact, et même sans contact du tout, par une force invisible émanée de l’être humain et qui paraît avoir quelque rapport avec l’électricité. On ne peut plus rejeter les faits sur le compte de l’aberration ou de la stupidité.
Sans entrer dans l’exposition des innombrables phénomènes appartenant au monde des forces psychiques invisibles, qu’il nous suffise d’ajouter que les manifestations de l’âme commencent seulement à être étudiées par la méthode expérimentale ; encore devons-nous constater que dans cet ordre de faits nous ne pouvons presque jamais expérimenter, mais seulement observer, ce qui réduit considérablement le champ d’études. Et les conditions de la vie organique terrestre sont si grossières, que nous sommes à peu près dans la situation d’un homme qui aurait des observations astronomiques à faire dans un pays dont le ciel serait presque constamment couvert. Ces conditions d’exception sont d’autant plus regrettables que le problème de l’âme, qui est le même que celui de sa survivance, est, sans contredit, la plus intéressante et la plus importante des questions, puisqu’il s’agit là de nous-mêmes, de notre nature intime, de notre immortalité ou de notre anéantissement. On doit donc applaudir aux efforts de ceux qui, comme l’estimable auteur de ce livre, tendent à apporter de nouveaux documents à l’élucidation du mystère dont notre destinée ultérieure reste enveloppée.
Il serait superflu ici d’entrer dans les détails de l’ouvrage que l’on va lire. Mme Noeggerath a voulu faire un exposé multiple et divers des branches si variées de la doctrine spirite. C’est au lecteur de juger lui-même.
Nul ne peut contester que les religions n’ont pas, jusqu’à ce jour, donné satisfaction à nos espérances. Les études psychiques y parviendront-elles ? J’ai dit un jour, dans un discours aux funérailles d’Allan Kardec, que le spiritisme n’est pas une religion mais une science. L’avenir fera peut-être que la science et la religion seront réunies en une seule synthèse. Etudions, observons, cherchons.
Camille Flammarion
Introduction
Au lecteur
La survie est une vérité prouvée, indéniable, en dehors de tout dogme. Elle peut être considérée comme une religion, attendu que son étude a pour résultat d’affranchir l’esprit, de rendre la pensée libre, et qu’elle est accessible indistinctement aux déistes, aux athées, aux chrétiens, aux israélites, aux immortalistes, aux néantistes, etc. ; tous peuvent arriver à la conviction par des faits devant lesquels ils n’auront qu’à s’incliner d’un commun accord ; faits qui feront reconnaître l’égalité des droits pour tous, base de la philosophie immortaliste. Demande-t-on à un savant pour apprécier ses découvertes, s’il est spiritualiste ou néantiste ? Doit-on s’occuper de l’homme et de ses opinions pour s’assurer de ce que l’évidence démontre ?
L’étude de la survie établit les preuves de la continuité de l’existence par le transformisme ascensionnel et perpétuel. Rien ne se perd, et la matière, bien que s’allégeant sans cesse, est éternelle comme l’âme, l’esprit dont elle est inséparable. Ce que beaucoup nomment « souffle divin » et que nous appelons Fluide universel, n’est plus contesté. Il est l’étincelle vie ; on ne peut le briser, le trancher, l’étouffer, même s’il est enfermé dans un corps ; il est indestructible. Bien qu’échappant à nos sens, il a des pouvoirs multiples, et, quand il se dégage du corps terrestre, le Moi, émanation de ce Fluide universel, se fait un vêtement qui lui servira à se maintenir dans les sphères que son degré d’avancement l’appelle à habiter.
L’éternité de l’être étant confirmée par des faits acquis à la science, et tout chercheur sans parti pris pouvant en obtenir la preuve par l’étude des phénomènes « spirites » (d’aucuns disent spiritualistes, psychiques, animistes, etc.), on n’aura plus à se récrier contre la foi aveugle qui donne l’exaltation. Par ces phénomènes, on acquiert la certitude que les hommes morts pour la terre, c’est-à-dire les extra terriens ou habitants de l’espace , peuvent se communiquer personnellement à nous, selon que certaines conditions se trouvent remplies, comme cet ouvrage le fera connaître, et qu’ils arrivent à nous donner des preuves irrécusables d’identité. Cette œuvre a été voulue, préparée, annoncée par les extra terriens eux-mêmes ; c’est ce qui fait sa sérieuse valeur ; les habitants de l’espace seuls peuvent dire ce qui se passe dans l’espace. L’on ne peut être rassuré sur la sincérité, l’authenticité d’une œuvre semblable que lorsqu’elle est sous la bonne garde d’extra-terriens supérieurs, et que l’on observe les conditions que ceux-ci posent pour obtenir des phénomènes en sauvegardant leur autonomie.
Pour éviter toute pression sur la volonté des visiteurs d’extra terre, nous ne les évoquions pas ; c’était librement et à leur heure qu’ils venaient à nous, souvent au moment où nous nous y attendions le moins. Du reste, nos efforts pour appeler un frère d’outre terre pourraient être vains ; les habitants de l’espace ne répondent point aux appels des terriens s’ils ne le doivent, s’ils ne le peuvent, et l’on a à craindre, en se supposant « grand évocateur », de n’avoir d’autres visiteurs que des êtres qui se jouent de vous. Nous pouvons nous en rapporter aux disparus pour leur désir de se communiquer aux aînés de la terre ou de venir en aide à une œuvre de progrès. Ils n’oublient pas notre petite planète où déjà ils ont appris à aimer.
Ma première école s’est faite sous la direction d’un être élevé de l’espace. Nous avons dû la connaissance de son médium au docteur Puel, connu pour ses études psychiques. Le sidérien a pu nous parler lui-même de sa voix chaude et ferme ; il nous indiquait les moyens d’obtenir de splendides phénomènes. Les idées grandioses qu’il émettait commandaient le respect et nous rendaient dociles à ses enseignements ; nous comprenions aussi notre manque d’expérience, et nous craignions de proposer des modes d’investigation qui eussent été contraires aux résultats désirés. Souvent l’extra terrien nous donnait lui-même pleine liberté de proposer courtoisement des garanties qui pussent satisfaire les plus incrédules ; il y ajoutait même des difficultés auxquelles nous n’aurions osé prétendre. J’ai rapporté de ces séances particulières, suivies régulièrement pendant quelques années, les principes dont l’application nous a fait obtenir, dans des séances ultérieures, les phénomènes les plus probants ; cela m’a empêchée de me décourager quand se présentaient des choses erronées ou déroutantes .
Mais un seul conférencier, quelque supérieur qu’il soit, sera discuté. Il peut être attiré, dira-t-on, par la similitude de ses opinions avec celles du médium. Cette considération, ajoutée à d’autres, m’a fait donner la préférence aux phénomènes d’incarnation comme étant les plus propres à l’obtention des enseignements d’Outre-Tombe. Divers médiums puissants ont été choisis pour cela ; des « médiums orateurs », comme les nomment les Américains ; il y en avait d’instruits, d’illettrés, de robustes, de délicats ; les uns ayant l’esprit bien pondéré, les autres se montrant mal équilibrés ; enfin, il y en avait des deux sexes, d’âges différents et de nationalité diverses.
Le médium orateur est un médium à incarnations. Le phénomène d’incarnation se produit quand, le médium étant endormi du sommeil médianimique, le périsprit, ou corps psychique, s’échappe suffisamment pour laisser la place à un extra terrien qui veut se communiquer .
Nous avons été instruits particulièrement par des philosophes indiens de l’époque la plus reculée ; de cette époque où les communications avec les « morts » étaient pratiquées par les enfants, et où le savoir de la survie et sa philosophie étaient partout répandus. Pour établir leur domination, des sectaires eurent intérêt à faire disparaître les documents relatifs à cet âge d’or. La trace se retrouve à peine dans les livres anciens, et encore quelle garantie a-t-on que la traduction n’en ait point altéré le sens ?
Je le répète, ce livre-ci a été dicté par les extra terriens eux-mêmes. Il jettera de la lumière sur des études déjà fort avancées. Il est un fil conducteur dans un dédale de déductions provoquées par la variété infinie des faits médianimiques et des aptitudes des médiums. Plus on apprend, plus on comprend combien on a à apprendre encore.
On pourra reprocher à cet ouvrage de manquer de cohésion dans certaines de ses parties ; cela est inévitable dans notre cas. Nous ne pouvions imposer un ordre déterminé à des correspondants de l’espace venant faire leur travail en nombre, par différents médiums ; ils peuvent rencontrer des difficultés que nous ignorons. Cela m’a amenée à retrancher du livre bien des détails et des conversations familiales nous fournissant des preuves évidentes de la survie, probante pour nous, mais qui n’eussent point intéressé le lecteur.
Une question de discrétion m’a aussi retenue . Je publie donc surtout des enseignements généraux recueillis avec soin. Il y a des pages littéraires, données par l’intermédiaire de médiums de l’instruction la plus élémentaire, qui ont été très admirées. Frédérick Von Bodenstedt, le célèbre poète orientaliste, en était enthousiasmé ! Je laisse les visiteurs d’extra terre s’expliquer eux-mêmes autant que le permet l’instrument humain dont ils sont forcés de se servir. Que le lecteur tienne compte de l’interprétation difficile du langage de l’espace dans une langue de la terre ; comme disent les habitants de l’au-delà : « Vous ne comprendrez que dans l’espace, le langage de l’espace. »
Il est regrettable que si peu de groupes aient adopté les procédés donnant aux conférenciers d’extra terre la latitude de s’expliquer amplement en occupant une « tribune libre » (c’est ainsi qu’ils nomment leur médium à incarnations) ; leurs enseignements se feraient alors sur une plus vaste échelle ; par aucun autre phénomène que celui d’incarnation on ne peut obtenir d’enseignements plus directs, plus effectifs. Il est vrai que les conditions sont difficiles à remplir. Il faut faire de la sténographie pendant le temps souvent très long que dure une séance ; l’exactitude, la bonne entente, l’harmonie des fluides sont nécessaires : il ne faut jamais oublier les égards dus au médium ; il ne faut réunir qu’un petit nombre d’assistants, toujours les mêmes, aux mêmes heures, aux mêmes jours, aux mêmes endroits, autant que possible, pendant des années, oui, pendant des années, car, pour une raison ou pour une autre, bien des séances sont perdues ou du moins inutiles pour le lecteur.
Si les visiteurs d’outre terre n’adoptent point le mot « spiritisme » et autres expressions dérivant de ce mot, ce n’est point, loin de là, pour se séparer des spirites, des Allan-kardécistes, ces courageux qui ont fait la brèche par où est entrée la lumière répandue dans le monde entier. Quand on a pris part à la peine, on doit prendre part à l’honneur. Il n’y a rien de blessant pour personne à ce que l’on cherche l’expression juste dans le but d’éviter toute controverse. Or la qualification d’esprit est impropre, puisqu’il n’y a point d’esprit qui ne soit enveloppé de matière ; dans l’espace, on garde toujours plus ou moins de matérialité. Nos découvertes ne vont pas plus loin.
Un néantiste cherchant à établir le culte de la morale, affranchie de tout dogme, disait dans l’une de ses conférences qu’eût jalousée le plus ardent propagateur de la philosophie de la survie, que le savoir s’arrête à la tombe, attendu que, si l’on ne peut admette la « résurrection de la chair », l’on ne peut d’avantage croire à un « pur esprit », puisqu’il n’y a point d’intelligence sans matière. « Qu’importent tous nos débats, ajoutait-il, si le but de notre vie est Amour et Progrès ! » M. Albrecht, vénéré de tous, disait : « Si la tombe nous réserve quelque surprise, nous serons prêts. » A ces néantistes là, il suffirait d’une étincelle pour allumer le flambeau de la vérité. S’ils savaient que, comme eux, nous n’admettons point l’esprit sans matière, ils seraient bientôt des nôtres. Ne les anathématisons point. Songeons qu’ils font le bien pour le bien, sans attendre de récompense, convenons du moins de leur désintéressement. J’ai souffert souvent de l’injustice commise par les spirites envers ceux qui ne sont pas spiritualistes. Ne confondons point le « matérialiste », mieux nommé néantiste, avec le matériel. L’un a conclu d’après le non-sens des dogmes, l’autre jouisseur effréné, au mépris même de sa conscience, témoigne d’une incarnation peu éloignée de l’animalité.
Je ne m’attarderai pas en efforts pour convaincre le lecteur de la réalité des faits psychiques, ils remontent à la plus haute antiquité, je préfère le renvoyer à ce qu’ont publié à ce sujet de grandes autorités, des savants de marque, dont la bonne foi, l’honnêteté, l’intelligence ne peuvent être suspectées-on ne les accusera pas, eux, d’être légers ou superficiels ; - ils ont fait de consciencieuses études par une méthode expérimentale rigoureuse. L’un de ces vaillants chercheurs s’exprime énergiquement en ces termes : « Trouver une vérité et ne pas la répandre, c’est un crime de lèse-humanité. »
Il serait trop long d’énumérer ici tous les savants qui ont servi d’éclaireurs. Je me bornerai à en citer quelques-uns de longue expérience :
En Angleterre : W. Crookes, R. Wallace, C.F. Warley, universellement connus.
En Allemagne : Zoellner, astronome et mathématicien, réputé comme une des plus vastes intelligences.
En Russie : Aksakof, conseiller d’état, linguiste et écrivain psychiste, ayant traduit les ouvrages les plus importants sur le spiritisme avec notice biographique.
En Pologne : Okorowicz, naturaliste, S. Miradzki, peintre célèbre.
En Amérique : Robert Hare, docteur en médecine et professeur de chimie à l’Université de Pensylvanie. Investigations expérimentales des manifestations spirites.
En Suisse : Thury, professeur de physique et d’histoire naturelle à l’Académie de Genève.
En France : Comte de Rochas, Camille Flammarion, Victorien Sardou, Eugène Nus, etc., etc.
J’en appelle au témoignage de l’un de mes collaborateurs aux premiers temps d’étude du phénomène d’incarnation : M. Hugo d’Alési.
Ce peintre dont le sentiment exquis de l’art se révèle en toute œuvre, est trop apprécié dans le monde artistique et parmi les adeptes des sciences psychologiques, pour qu’il soit besoin de plus de commentaires.
J’en appelle aussi au témoignage de Camille Chaigneau, poète et écrivain psychiste très connu : « Cette âme fière et tendre, » suivant l’expression de Jules Bois dans les Petites Religions de Paris, n’a jamais fait de compromis avec sa conscience… Nous avons fait ensemble de nombreuses études dont les résultats sont, en grande partie, relatés dans ce livre.
Je ne veux point terminer sans adresser mes remerciements au docteur Chazarain. Cet infatigable chercheur de la pensée a osé, dans un temps éloigné déjà, braver le ridicule attaché généralement à l’étude des phénomènes psychiques. Il ne s’est jamais laissé décourager, sachant distinguer la fraude de la réalité. Nous lui devons des renseignements et des contrôles précis.
Note sur la préface des extra terriens
J’ai groupé sous le titre « Préface des Extra terriens » une série de manifestations qui n’ont point été spécialement données dans ce but, mais qui, à l’heure de la sélection entre les documents, m’ont paru de nature à constituer une sorte d’introduction collective, venue de l’invisible.
Après les quelques pages que j’ai cru devoir adresser au lecteur pour placer cet ouvrage sous une responsabilité terrienne, il était bien naturel de laisser aux frères de l’espace, qui y remplissent le rôle principal, le soin d’en définir eux-mêmes le caractère, ainsi que la nature des conditions qui durent être observées pour que les éléments dont il se compose aient pu se produire. Cette double introduction ne fait donc pas double emploi avec l’avant-propos ; elle en est plutôt la contre-partie logique, le complément normal, puisqu’il s’agit d’une œuvre à laquelle la terre et l’extra terre ont coopéré.
R. Noeggerath
Préface des extra terriens
Introduction
Pour une semblable étude,
il est nécessaire de se débarrasser
des préjugés scientifiques et religieux.
Goupil - Pour et Contre
Dans ce siècle, la croyance et le scepticisme sont nés de la force des choses ; ils ont été amenés par les découvertes scientifiques, par les recherches géologiques et archéologiques, par les documents de l’histoire, et surtout par les abus et les crimes des potentats de droit divin.
Qu’est-il advenu ?
C’est que nombre de chercheurs sont arrivés à ne voir dans l’univers que des forces aveugles dont ils constatent les effets et dont il ne leur est pas donné de comprendre la cause.
Au point de vue de la régénération humanitaire, la semence de doute jetée sur le monde par les philosophes est-elle inféconde ?
Non ! Respectons cette pléiade de chercheurs anciens et modernes qui ont mis le trouble dans les consciences, car, je le dirai bien haut, ce trouble est salutaire ; il a déjà provoqué une certaine liberté d’être dans l’être, et c’est sur ces chercheurs que s’appuient maintenant ceux qui ne peuvent admettre que les sciences positives. Ces penseurs ont sapé l’édifice gigantesque de l’erreur et du préjugé, attaqué les sophismes de toutes les religions ; ils ont mis à néant le miracle, le surnaturel ; ils sont restés simplement déistes, panthéistes, immortalistes, néantistes. C’est sur un terrain libre que la science du devenir doit porter ses épis d’or !
Enfants de la terre, vous êtes bien osés lorsque vous prétendez approfondir, comprendre ce que vous nommez Dieu ! Vous avez une idée bien peu exacte de l’infinité de l’Univers, des puissances qui le forment, des lois qui le régissent et de la continuité des mondes qui vous révèlent une force infinie… non ! Disons : une force d’amour Universelle.
Citons ici ce que vous dit çakya-Muni.
« Dieu ! C’est l’être qui contient tous les êtres ; il est l’espace, le monde, le présent, le passé, l’avenir ; il est le mouvement dans la matière, il est en tout ce qui vit, se meut, en tout ce qui pense dans l’univers. Oui ! Dieu est tout cela !
Tout ce qui adviendra, tout ce qui succédera, toutes les transformations qui s’opèreront dans l’état de l’univers, se feront par sa volonté qui est l’ensemble de la volonté des êtres de tous les mondes et de tous les espaces.
Dieu a-t-il une forme, comme tout ce qui frappe la vue de l’homme, comme tout ce qui frappe la vue de toutes les intelligences extra terrestres ?
Il semble que Dieu doive avoir une forme, mais cette forme peut-elle être autre chose que l’univers tout entier ? L’homme pourra-t-il jamais s’élever à l’idée d’un Dieu que sa raison ne peut ni analyser ni synthétiser ?
En attendant la solution d’un si grand problème, l’homme, persiste à fouiller les profondeurs de l’immensité, car tous les êtres doivent arriver à comprendre la loi universelle. Tout en elle est mouvement et vie, tout en elle est lumière. L’atome de la poussière qui s’élève dans les airs soulevé par l’autan, le grain de sable qui crie sous vos pas, l’eau, l’air, le feu, tout a la vie, tout marche et tout progresse. Une merveilleuse harmonie existe entre toutes les choses de l’univers, qui lui même se transforme sans cesse :
« Le chaos et la mort ne peuvent être !
« O univers ! que pourrais-tu rêver ! La liberté dans son essence, l’immortalité avec l’éternité te sont acquises. O panthéisme irrévélé, tout est en toi et rien ne se confond en toi ; chaque être, chaque molécule, chaque atome a une liberté relative à son progrès et concourt à l’harmonie et au progrès universel et éternel. Dans tout ce qui constitue les mondes, la matière cosmique se transforme sans cesse pour prendre plus de vie, de force et de liberté, allant ainsi et à jamais vers le but éternel d’un éternel progrès.
« Comment se manifeste le progrès ?
« Par l’instinct merveilleux qui porte tous les êtres à chercher à s’identifier les harmonies par la science et la sagesse ; c’est le transformisme perpétuel par la réincarnation des principes universels ; c’est le renouvellement par l’amour, effusion suprême de toutes les formes matière et esprit de l’univers ; ainsi que les mondes, le brin d’herbe, l’atome obéit à la loi d’amour ; et l’amour, c’est l’engendrement du progrès, c’est la sélection des êtres, c’est la loi d’ascension, c’est l’harmonie des harmonies, c’est la plus belle manifestation de l’entité divine dans l’univers.
Hommes du passé, allez, allez ! On se retirera de vous. Votre voix n’aura plus d’écho ; les restes de vos dogmes s’effondreront, vous avez amené l’incroyance, vous avez jeté une tourmente dans l’humanité. Faites place à la science libre, place à tout ce qui chante la liberté et l’amour !
Philosophes, en aidant à l’affranchissement de l’humanité, vous avez fait de grandes choses.
Nous vous saluons.
Liana, grand prêtre de l’Inde antique
But de cette œuvre
Je vous donne un commandement nouveau…
Que comme je vous ai aimés,
vous vous aimiez aussi les uns les autres.
Jean, XIII, 34
Notre œuvre est une œuvre d’instruction et d’amour. Nous voulons qu’on puisse la lire sans pouvoir y recueillir la moindre idée contraire, soit à la grande fraternité, soit à la liberté de pensée ; nous souhaitons qu’il résulte de sa lecture un parfum d’amour, quelque chose qui mette la paix et l’espérance au cœur. Il faut que ceux qui ne croient pas à la survie soient forcés de dire : Nous comprenons qu’on vive avec ces idées là.
Cette œuvre sera discutée, mais elle sera appréciée aussi à cause des idées libérales, des idées d’affranchissement de l’âme qu’elle contient.
Bien que nous nous traduisions fort mal par un cerveau qui n’est pas le nôtre et qui ne peut vivre par nous, nous essaierons cependant d’émanciper les pauvres humains qui sont sous le joug de l’erreur, des préjugés. La raison s’oppose à ce que l’on accepte encore les données diverses sur l’avenir de l’âme telles que les fournissent les religions. L’âme est immortelle, mais, après la mort, elle n’entre pas dans un bonheur béat ou ne tombe pas dans un malheur sans fin ; la raison dit le contraire, et les principes les plus élémentaires de justice font tomber ces enseignements comme erronés.
Amis, pourquoi ne pas chercher la solution de ce problème important : solution qui amènerait dans les mœurs existantes une révolution radicale si la vérité se trouvait répandue dans les masses ! Cette vérité enfin connue pourrait aider puissamment à la réforme de la société actuelle, dans les secousses et les troubles violents toujours nuisibles à la cause qui en est le prétexte.
Ah ! Mes paroles vous étonnent !… Faut-il que je vous parle de mon incarnation dernière où mes aspirations libérales étaient repoussées ? Mon esprit était opprimé, ma volonté soumise comme celle à qui on a mis des fers. Exilé de la cour, je me suis vu enlever le poste d’honneur, l’éducation des enfants de France… Ah ! Dans un pays libre, en Hollande ou en Angleterre, Fénelon eût laissé bien autre chose ! On eût eu de lui une œuvre qui serait restée comme un bienfait pour les générations. Aussi, quand on lira certains passages de mes communications, on dira peut-être : Fénelon ne pensait pas ainsi… Mais il faut qu’on sache, et qu’on n’oublie pas, qu’à l’époque de ma dernière incarnation et aux époques antérieures, si peu d’esprits pouvaient se rendre libres ! Rappelez-vous Galilée, Descartes, et tant d’autres ! Rappelez-vous ce qu’ils ont souffert par l’Eglise… (Le reste ne put être sténographié.)
Fénelon, directeur de l’un des médiums
Note. Chaque médium a un invisible qui l’assiste plus particulièrement et qui se charge de la direction générale des séances, quand elles ont une suite régulière ; on l’appelle pour cette raison, directeur du médium. Ce n’est pas lui qui s’occupe de la préparation des phénomènes physiques ; s’il est très élevé, il n’en a pas la force ; des désincarnés au périsprit plus dense sont chargés de ce soin. Il s’occupe plutôt des extra terriens qui désirent se communiquer ; on trouvera dans ce livre plusieurs exemples de ce fait. Un de nos médiums avait pour directeur un fakir ; un autre était dirigé par un écrivain célèbre du XVIIe siècle, etc. ; la nomenclature n’intéresse pas le lecteur. Le médium par qui nous eûmes cette communication avait été attaché à Fénelon dans une existence précédente. Fénelon se dépense beaucoup pour l’instruction des terriens ; il vient dans tous les cercles sérieux.
Insuffisance du langage terrien
(Celui qui s’incarne dans le médium palpe ses vêtements qui paraissent le gêner ; il essaie d’ôter ses bottines ; la chaîne de montre l’étonne ; enfin, il semble prendre son parti d’être ainsi vêtu, et il s’incline profondément de quatre côtés différents.)
Je salue le Nord, le Midi, l’Orient, l’Occident, car Dieu est partout.
(Il attache un mouchoir à sa ceinture et fait signe qu’on peut supposer le reste du corps nu)
Je fais cela pour vous indiquer que je ne suis pas Européen : je suis un fakir.
C’est une tâche bien difficile que nous avons entreprise de chercher à faire comprendre des choses qui demandent à être lues non pas une fois, deux fois, mais jusqu’à ce qu’on ait saisi la pensée de l’auteur.
Or, pour nous particulièrement, il est excessivement difficile de rendre clairement nos pensées, parce que la langue que vous employez renferme certains mots qui ont un sens faux, et ils vous en manquent qui seraient indispensables pour exprimer nos idées. Ainsi les mots « punir, récompenser » représentent des idées inexactes ; « création » dénomme un fait qui n’est pas réel ; « commencement » et « fin » donnent un sens positif ou définitif à des états qui ne sont que relatifs, etc., etc.
Soyez donc indulgents toujours si vous trouvez que certaines choses ne sont pas exprimées dans un langage clair et élégant, car nous sommes obligés de rassembler les mots de notre mieux pour donner corps à une pensée qui ne peux se traduire par des termes appropriés qui vous manquent. Moi, j’ai à surmonter une nouvelle difficulté pour vous parler ; je dois traduire dans le cerveau du médium la langue que je parlais sur la terre, car dans aucune de mes incarnations je n’ai parlé le français.
Votre nom, cher ami, s’il vous plait ?
Appelez-moi simplement :
Le fakir
Le livre
Ce livre est une lettre écrite
à tous les amis inconnus
qu’on a dans le monde.
Lingrée.
Heureux les hommes qui vivent à une époque de lumière ! Jadis, pour pouvoir enseigner, les philosophes étaient obligés d’assembler les foules autour d’eux. Aujourd’hui, la pensée, sous la forme du livre, pénètre dans les chaumières comme dans les palais. Rendons grâce à l’inventeur de l’imprimerie, l’une des choses les plus merveilleuses qui aient été trouvées pour perpétuer le souvenir des évènements de toutes les époques. Les grandes œuvres des penseurs sont désormais à la portée de tous.
Le livre, c’est la révolution dans les esprits ; c’est le porte-parole de tous ceux qui élèvent leur voix dans l’humanité ; c’est aussi un grand porte-voix pour l’avenir. Vous l’avez compris puisqu’il en est parmi vous qui ont aidé aux manifestations des instructeurs. C’est le livre qui répond le mieux aux observations qu’on pourrait faire touchant les phénomènes obtenus par les médiums. Nous remercions ceux qui, ne se bornant pas à former un groupe, rassemblent nos communications pour en faire un livre.
Dans ce livre nous faisons la part belle à l’amour-charité et à la liberté que l’on acquiert par les réincarnations.
Qui êtes-vous cher visiteur ?
Je suis un serviteur du progrès. Je passais et j’ai vu en vous que vous prépariez ce livre. Comme le médium est « une tribune libre », et que l’on a bien voulu me la laisser occuper, chers amis, je vous ai donné ma pensée… Qu’importe mon nom !
Un serviteur du progrès
Note. On m’avait conseillé d’omettre les signatures de nos « orateurs de l’espace. » Je conviens qu’il est impossible de prouver l’identité d’un disparu depuis des siècles comme on peut le faire pour des parents, des amis, et même des contemporains. Aussi, nous n’affirmons pas que les noms dont les communications sont signées, soient absolument ceux des personnages qui les ont données par l’intermédiaire des médiums, si consciencieux et neutres que ces derniers le furent en toutes circonstances ; nous savons trop bien que, si nous étions absolument affirmatifs sur ce point intéressant, chacun pourrait en arguer pour déclarer réellement vraies les dictées les plus absurdes signées d’un nom célèbre.
Mais ce disparu est-il moins immortel pour avoir quitté la terre depuis longtemps ? Il n’en a, me semble-t-il, que plus d’acquis, de puissance et d’élévation d’âme, par conséquent plus d’amour et de compassion pour la pauvre petite planète où il a essayé ses premiers pas ; le progrès qu’il fait faire n’augmente-t-il pas son propre progrès ?
J’ai donc respecté les noms, comme j’ai respecté les dictées, dans la crainte, par un doute offensant, d’être ingrate envers ces nobles intelligences qui doivent bien nous aimer pour pénétrer parfois dans nos bas-fonds, nous apporter ce qu’ils peuvent de vérité, et même nous guérir de nos maux physiques. Tout cela est une charité si tendre !
Arrivés à un haut degré d’élévation, les supra terriens ont le don d’ubiquité ; c’est alors, sans doute, que leur pensée, un rayon d’eux-mêmes plus ou moins tamisé par les fluides de la terre, est envoyé partout où se fait une évocation.
Pourquoi se refuser à croire qu’ils soient moins bons, ces grands de l’espace, que certains grands de la terre qui ne dédaignent point de sortir de leurs palais pour aller visiter le misérable réduit du pauvre et y porter des secours ?
Puisque le petit ne peut s’élever jusqu’au grand, le grand à le devoir de s’incliner vers le petit pour lui tendre la main.
Première partie
Relations d’extra terre
Savoir… Pouvoir… Oser…
Zoroastre
Autant la nature se plait à se cacher à ceux
qui veulent la soumettre à la torture, à ceux
qui prétendent lui arracher ses secrets avec
violence, autant elle met d’empressement à
se montrer dans toute sa nudité à ceux qui
sollicitent ses faveurs avec déférence
et se contentent d’observer.
Rouxel - Rapports du magnétisme et du spiritisme
Première série
Fluide magnétique, ses applications
Notre audace aujourd’hui paraîtra, dans quelques années,
une banalité tant soit peu enfantine.
Charles Richet
Effets du magnétisme humain dans les phénomènes psychiques
Eprouvez toute chose, retenez ce qui est bon.
I, Thess, V, 21
Pour former certains médiums à grands phénomènes, l’action d’un magnétisme est souvent nécessaire ; cette action développe les aptitudes médianimiques, mais elle doit cesser dès que les extra-terriens prennent facilement possession du médium, car, si le magnétiseur continue à jeter son fluide sur un médium déjà formé, il y a accumulation de fluides hétérogènes, ceux du magnétiseur et ceux des invisibles. Cela ne peut que nuire aux manifestations et mettre la santé du médium en danger ; il y a des médiums qui, à la suite des magnétisations inopportunes, ont contracté de graves maladies. Avec les meilleures intentions, en magnétisant un médium formé, vous perdez votre peine et vos forces ; le fluide que vous envoyez entrave les phénomènes ; il retarde ou empêche le sommeil en produisant sur les fluides des extra terriens des secousses qui les désorganisent.
Lorsque le médium s’endort par nos soins, il aspire par tous les pores les fluides nécessaires, et l’abondance de ces fluides délie le périsprit du corps ; c’est là l’effet de notre action. Si vous envoyez au médium votre fluide terrien, vous ébranlez la colonne fluidique dans laquelle nous le plaçons comme dans une forteresse ; cela produit, je le répète, un choc désorganisateur. Ce fluide mélangé à nos forces nous embarrasse, nous enlève notre autonomie ; il faut que nous le chassions et cet effort nous épuise.
En résumé, si vous envoyez vos effluves au médium, il reste plus de temps à s’endormir, et, les forces fluidiques terriennes prédominant, les désincarnés d’un ordre inférieur peuvent plus facilement s’emparer de lui ; il court alors des grands dangers par le fait d’ennemis invisibles qui peuvent lui venir de tous côtés et, en dehors de cela, le but des expériences est en partie manqué. Il en est ainsi pour tous les médiums à incarnation, à matérialisation et à grands phénomènes. Quand dans un cercle il se trouve quelqu’un voulant magnétiser le médium, il est du devoir des assistants de s’y opposer, car c’est une mauvaise action ! C’est comme si on nous volait nos fluides. On n’arrive du reste à d’autres résultats qu’à compromettre la séance, à briser le médium, et personne n’obtient plus rien de probant.
Donnez simplement votre pensée aux invisibles ; s’ils le trouvent à propos, ils en feront leur profit. Il y a entre nous tout un travail de préparation dont vous ne vous doutez pas. Quand nous nous sommes occupés du médium, nous prenons aux assistants ce qu’il faut de leurs fluides, comme on prendrait de la matière, et nous manipulons ces fluides à notre guise pour les besoins de la manifestation.
Nous avons toujours parlé très sévèrement des magnétiseurs égoïstes qui jettent leurs fluides aux médiums pour avoir plus particulièrement des incarnations de leurs parents, de leurs amis, ou pour s’assujettir un somnambule, car le magnétisme humain peut remplacer le phénomène d’incarnation par le somnambulisme : ce dernier phénomène n’est pas comparable au premier.
Certains magnétiseurs, voulant se moquer des assistants, appellent un personnage fictif et le font parler à leur idée ; il n’y a plus alors de phénomène à incarnation, mais une simple suggestion.
Il faudrait des milliers de médiumnités pour élucider toutes ces questions. Que de choses à étudier ! On va à pas lents ; mais les intelligences de l’espace aident les chercheurs de bonne foi qui sont poussés à s’occuper des sciences psychiques et qui, par leurs écrits, jettent l’étonnement dans le public. On réfléchit, d’aucuns ont peur . N’importe ! Le temps des timorés passera ; ils rougiront un jour de leur pusillanimité.
Charles N.
Je ne puis que rappeler ce que j’ai dit aux magnétiseurs. Il leur faut le dévouement qui les pousse à former un médium, et l’abnégation qui les fait s’abstenir dès que les extra terriens n’ont plus besoin de leur action.
Charlotte Chazarain
Note. Un jour, le médium par qui fut obtenue la communication signée Charles, se sentant fatigué, souffrant, eut l’idée de mettre sa main sur celle d’un membre du groupe dont les fluides guérisseurs auraient pu le fortifier.
Mais le directeur invisible du médium vint dire que celui-ci ne devait plus prendre la main de qui que ce soit avant une séance. Il ajouta : « Dans ces cas là, ou l’on n’obtient point de bonne séance, ou l’orateur perd de son autonomie. La communication de L’oriental a dévié. » Cette communication de L’oriental fut donc éliminée.
Il serait bon, quand le médium doit passer par le magnétisme humain, de choisir un magnétiseur-médium, car alors le magnétiseur est assisté par des extra terriens.
Dangers des interruptions et des exigences
Pour avoir la force de nous incorporer dans un médium et de nous y maintenir, nous ne prenons que la quantité de fluides qui nous est nécessaire. Si vous nous interrompez, soit en parlant, soit en touchant le médium , soit en dérangeant nos fluides par un regard trop fixe qui nous envoie les vôtres, si vous nous interrompez, dis-je, dans ce que nous avons le devoir de vous expliquer, il en résulte ceci : c’est que, nos fluides s’étant épuisés en partie inutilement, nous sommes obligés de nous retirer sans avoir accompli notre mission, car, quel que soit le peu d’importance d’une communication, elle a toujours une raison d’être, sinon pour vous, du moins pour les extra terriens qui assistent aux séances et en tirent bénéfice sans s’incarner.
Dans toutes les séances, avec n’importe quel médium, et pour n’importe quel phénomène, laissez d’abord celui qui a pris possession de la « tribune » s’expliquer lui-même, quelque nébuleux que vous le trouviez, quelque troublé qu’il vous paraisse. Si vous avez un renseignement à lui demander, un éclaircissement à obtenir de lui, ou une explication à lui donner sur ce qu’il ne comprend pas lui-même, priez-le, au moment où il va s’échapper du médium, de rester encore quelques instants s’il le peut. Arrêtez votre pensée sur un point bien précis. Il fera un effort pour vous écouter ; les amis invisibles du médium, les vôtres à vous, tous l’aideront à rester et à répondre à vos questions. S’il est nécessaire, il ira chercher des forces nouvelles, mais n’interrompez jamais celui qui vient parler sur un sujet quelconque. Que cette recommandation reste dans votre esprit . Laissez-nous parler, et croyez qu’ensuite nous serons fort heureux de vous donner des éclaircissements avant de quitter le corps qui nous est prêté. Mais, d’abord, écoutez passivement ; un geste, une initiative de votre part pourrait rompre l’équilibre établi par nous. La règle est absolue, que ce soit un être souffrant qui s’incorpore difficilement dans le médium, ou un familier qui y vient aisément. Songez que pour se servir d’un corps quelques instants, être obligé en y entrant de s’harmoniser avec des facultés étrangères, il doit se faire un travail bien grand. Toute intervention humaine l’entraverait.
Dans la vie, les enfants apprennent de leurs parents que tel chemin mène à tel endroit ; ils marchent sans en comprendre les détours ; ils suivent simplement le sentier tracé. Bien des êtres peu éclairés qui viennent dans le médium sont des enfants encore en ce qui touche les phénomènes ; souvent, ils ne savent pas même comment ils parlent, ayant un corps qui n’est point le leur ; nous devons les conduire et les aider, ne nous créez donc pas de nouvelles difficultés.
Si celui qui occupe le corps du médium le laisse tomber en s’endormant ou en se dégageant, sachez qu’au milieu de vous et de nous il n’arrivera pas d’accident , une puissance inconnue de vous équilibre la chute, l’amortit, afin qu’il n’en résulte aucun danger pour le médium.
Dans l’Inde antique, les médiums, appelés prophètes, étaient réputés grands. Pénétrés par les intelligences de l’espace, ils allaient devant les puissants de la terre, devant les rois. Ils leur apportaient la lumière et leur prédisaient les conséquences de leur aveuglement. Ces prophètes, d’incarnation en incarnation, sont venus jusqu’à vous. Aujourd’hui ils visent moins les grands de la terre que ceux qui peuvent comprendre la grande et bonne nouvelle. Les prophètes d’aujourd’hui s’adressent à la foule. Pourquoi n’on-t-ils point gardé le rôle que leur assignaient les écrivains des temps bibliques ?
C’est parce que Jésus, le grand entre tous les prophètes, leur a tracé une ligne à suivre. Jésus, la plus noble figure qui ait été vue dans l’humanité, est venu parmi les hommes pour les guider tous par l’amour, pour leur apprendre à pratiquer la véritable fraternité humaine, leur enseigner le pardon, le progrès, et faire ainsi de tous les hommes une même famille sans distinction de race, de nationalité, même sans distinction de mérite. Que les médiums suivent son exemple. Nul médium ne vient sur la terre en mission de sacrifice, sans avoir reçu de Jésus les effluves qui l’aideront à transmettre les renseignements des intelligences de lumière.
Aimez vos médiums, protégez-les, veillez sur eux ; ne les laissez pas tomber dans les pièges des envieux et des contradicteurs, mais faites retentir la parole qui vous a été donnée : répandez-la, afin d’éveiller la réflexion chez les ignorants des phénomènes qui prouvent la continuité de l’existence.
D….y.
N’exigez rien de ceux qui sont incarnés médianimiquement ou matérialisés.
Quand des êtres de l’espace se manifestent, soit par incarnation, soit par apparition, matérialisation ou tout autre phénomène, dans la lumière ou dans l’obscurité, ne leur demandez jamais rien. Ils vous donnent tout ce qu’ils peuvent ; contentez-vous de ce qui se produit. Faites-en votre profit. Votre volonté envoie au médium des fluides contraires qui changent le courant établi pour obtenir une manifestation. Il peut arriver que les extra terriens faiblissent devant cette volonté et, voulant vous satisfaire, surmènent le médium dont ils brisent les facultés médianimiques et lui font perdre ses forces physiques au point de cracher le sang après les séances. Il se peut que la médiumnité revienne ; cela est plus difficile pour les forces physiques.
Quand vous entrez en séance, nous avons déjà fait des préparatifs au point de vue des phénomènes à produire ; ne vous déconcertez donc pas. Nous faisons tout notre possible, faites pour le médium et pour nous ce que nous faisons pour vous.
Lermon, grand prêtre de l’Inde antique
Le moment des manifestations est celui où nous sommes le plus liés à la terre. Dans les instants où nous nous incarnons en vous tous, non pas dans un seul, car un seul sans vous n’est rien pour notre abri au milieu de vous, dans ces instants, nous vivons de vous, et ce sont les vibrations de vos cœurs qui nous donnent la puissance de faire vibrer celui du corps qui nous est prêté. Alors, nous ne tenons à nos régions que par un lien d’amour, et nous ne pouvons même rien savoir de ce qui s’y passe.
Çakya Muni
Note. Dans les groupes dont j’ai fait partie, quand une question était d’un intérêt général, nous la soumettions aux principaux visiteurs d’extra terre. Quelquefois nous avions immédiatement l’éclaircissement demandé ; d’autres fois, il nous était donné à la séance suivante.
Qu’est-ce que le magnétisme ?
Fluide vital ayant pour principe le fluide universel désigné par Newton sous
le nom d’esprit très subtil pénétrant à travers les corps solides et caché dans
leur substance. Les monuments qui constatent l’action
curative de la main sont en très grand nombre dans les temples.
Charles Lafontaine - L’Art de magnétiser
Ce mot de magnétisme désigne une force qui a fait ces choses extraordinaires qu’on disait être des « miracles » faute de les comprendre.
Le magnétisme a fait du chemin depuis un siècle, et son application deviendra plus générale ; elle s’étendra des hautes classes jusque dans les classes les plus pauvres, parce que le fluide magnétique est l’agent le plus effectif, le plus curatif pour certaines maladies.
Dans l’inde, on employait le magnétisme pour produire des phénomènes importants. Ceux d’entre nous qui possédaient des facultés magnétiques étaient poussés à l’extension de leurs forces en dépensant journellement une certaine quantité de fluides et en suivant un régime qui les aidait à développer leurs facultés fluidiques.
Les magnétiseurs diffèrent beaucoup entre eux. Les uns ont pour but de prouver la puissance de la volonté en dominant un sujet, en lui ôtant toute autonomie (phénomène de suggestion) ; d’autres font des expérimentations scientifiques ; d’autres enfin se vouent au soulagement des souffrances physiques ; ces derniers souvent font du magnétisme inconsciemment.
Le magnétiseur a la propriété d’aspirer l’électricité par les pores de la peau. Cette électricité se condense au centre nerveux, et son émission se produit habituellement par la volonté du magnétiseur ; s’il est honnête, s’il a de nobles sentiments et qu’il veuille donner ses forces pour faire le bien, pour rendre la santé à un frère, il appellera plutôt à lui l’influence bienfaisante des intelligences de charité et d’amour, il pourra soulager ou guérir, et il produira les prétendus miracles qui déconcertent toujours la science lorsqu’elle reste par trop incrédule et routinière. Un sang jeune passant dans les veines d’un vieillard peut donner à cet être épuisé un nouveau suc de vie ; le magnétiseur donne plus que son sang, il donne ce qui fait vivre : le principe électrique, la vie même du sang.
Le fluide a une couleur, il a une force de concentration plus ou moins grande suivant la dépense faite par le magnétiseur.
Usez de vos facultés magnétiques ; si vous êtes bons vous ferez toujours du bien . Vous soulagerez ceux qui souffrent, vous pourrez dire à l’homme ployant sous le faix de la douleur : « Laisse là ton fardeau, je le veux, et cours librement. Que ton esprit se dégage en ce moment des tristesses et des souffrances dont il est accablé. » Et l’homme se sentira allégé sans comprendre comment.
Je vais m’étendre davantage.
Votre sujet est placé devant vous ; votre fluide l’endort, même sans que vous ayez besoin de le toucher , et son esprit quitte le corps. Le fluide du magnétiseur remplace le périsprit du médium dont le corps vivant devient le jouet de celui qui l’a endormi. C’est alors que, si le sujet est malade, il peut être guéri. La volonté du magnétiseur peut remplacer par son fluide une partie du fluide du malade et le faire vivre de sa propre vie. Celui qui imposé son fluide vital à un autre être et qui a forcé ainsi l’esprit à se séparer du corps, peut l’y rappeler. Il pourra alors demander à l’esprit ce qu’il aura vu pendant qu’il voyageait peut-être à des milliers de lieues ; il pourra aussi lui dire : « Vois avec les yeux de l’intelligence quelles sont les choses qui peuvent soulager tel ou tel mal ; cherche la molécule qui a détruit l’harmonie de ton être. Qu’elle soit détruite à son tour afin que le tout redevienne harmonique. »
Plus tard, il est possible que, dans l’Inde antique, des enseignements soient donnés pour guider les magnétiseurs qui travaillent sérieusement, et vous les verrez produire pour le bonheur de l’humanité des phénomènes bien plus remarquables que ceux qui ont été obtenus jusqu’à présent.
Héroan, grand prêtre de l’Inde antique
Note. Le docteur Liébaud de Nancy ne fait jamais de passes magnétiques ; il s’assied devant son malade confortablement installé dans un fauteuil et le prévient simplement qu’il va dormir. Il a traité avec succès des centaines de malades.
Parmi les médiums guérisseurs, les plus puissants sont ceux qui préfèrent soigner leurs malades à distance ; ils prétendent que le fluide n’en est que plus pur, plus curatif. Je puis à ce sujet citer le magnétiseur Evette qui a fait à longue distance, devant mes yeux, les cures les plus remarquables dans des cas dits désespérés.
Les « miracles »
Il n’y a plus de miracles. Nous assistons tous à l’aurore d’une science nouvelle.
Camille Flammarion
Tous les jours les sciences emportent un lambeau
dérobé au merveilleux pour le classer dans le stock
toujours croissant de ce que nous appelons le naturel.
Goupil
Le mot surnaturel appliqué à un fait est une absurdité.
Alfred Russel-Wallace
La médiumnité est aussi ancienne que l’humanité. Aussitôt qu’il y eut des hommes, il y eut des médiums influencés par des habitants d’autres planètes ou par des extra terriens. La médiumnité produisit, sans être comprise, des phénomènes qui, dans la plus haute antiquité, furent étudiés par les prêtres seulement. Les prêtres attiraient à eux, dans leurs temples les possesseurs de facultés médiumniques, et ils devenaient des médiums eux-mêmes par le contact de ces derniers. Dans les temples de l’Inde, la médiumnité se répandit d’une manière si merveilleuse que l’on obtint des phénomènes vraiment surprenants ; ce que la tradition a conservé et ce que les fakirs obtiennent de vos jours n’est qu’un pâle reflet de ce qui existait il y a des milliers d’années.
Mais rapprochons-nous de l’époque actuelle ; parlons du grand des grands, parlons du sublime Jésus. Jusqu’à ses trente années d’âge où commencent ses prédictions, on ne sut ce qu’il fit, où il demeurait, de quelle étude il pouvait encore grandir sa vaste intelligence. Il voyagea, il fut initié dans les temples. Son esprit philosophique était si grand, son jugement si sûr, sa vertu imposait tellement, que partout où il allait, partout où il paraissait, un murmure d’admiration, de respect, s’élevait autour de lui. Il voulut prêcher à sa race les enseignements nouveaux, il voulut être le messie de sa nation. Que lui importait à lui de prêcher devant de pauvres bateliers ou des pêcheurs ! Possédant toutes les médiumnités, ne savait-il pas que dans ces hommes rompus à de durs travaux matériels, dans ces hommes dénués de toute instruction, peut-être même de toute intelligence, il y avait un écho du passé que lui, Jésus, réveillerait en eux ? Savez-vous si Jésus, parlant des prophètes à ses disciples, ne parlait pas aux vrais prophètes qui l’avaient chanté dans une précédente incarnation en annonçant sa venue ? Peut-être aussi Jésus savait-il que ces hommes simples qui le suivaient reviendraient en prophètes et qu’ils répandraient sa parole.
Jésus avait non seulement toutes les médiumnités, mais encore des trésors de vertu. En le voyant, les cœurs endurcis étaient troublés, et ceux qui souffraient étaient guéris. Les disciples avaient vu ce qu’on appelait des miracles, ils avaient vu tous les phénomènes merveilleux qu’avait produits leur maître ; à son contact, ils avaient pris des facultés médiumniques, et le plus beau présent que leur fit Jésus à son départ de la terre fut de leur donner le pouvoir de guérir ; et ses disciples guérissaient les plaies du cœur comme celles du corps.
Cela dura quelque temps, car les apôtres transmettaient le pouvoir de guérir à ceux qu’ils ordonnaient ; mais le souffle de Jésus allait s’éteignant parmi ceux qui continuaient ses disciples sur la terre, et, en quelques siècles les évêques en eurent dissipé les dernières effluves. Le christianisme était devenu le catholicisme ; les prêtres méconnurent leur mission de charité et d’amour envers les hommes ; ils perdirent ainsi ce qu’ils appelaient « le don des miracles ».
Ce qui est perdu par leur faute est bien perdu, à moins que Jésus ne revienne pour leur réapprendre. Ne les avait-il pas avertis que la vigne serait retirée à ceux qui l’avaient mal cultivée ?
Lamennais
Note. Il a été dit dans un autre groupe, par un correspondant de l’espace, qu’il est absolument exact que Jésus et d’autres médiums ont ressuscité des morts. Cet extra terrien affirmait qu’un être possédant un véritable amour de l’humanité, joint à une haute moralité et une grande force d’âme, peut arriver à cette puissance, rare à la vérité, de rappeler la vie dans un corps où elle vient de s’éteindre. Il y a des cas spéciaux dans lesquels on peut obtenir ce résultat ; par exemple, lorsqu’il s’agit d’un adolescent, au corps sain, dont l’esprit s’est échappé avant d’avoir accompli sa mission, il est possible, au guérisseur, en prenant la personne morte par la main, de forcer l’âme à rentrer dans son corps. Il faut pour cela avoir un organisme dans lequel l’âme soit beaucoup plus puissante que le corps ; l’excès de l’esprit produit le résultat cherché.
Note. Appolonius de Tyane dit que lui-même rappela à la vie une jeune fille qu’on allait enterrer. Il la toucha, se pencha sur elle, et elle revint à la vie.
Médiumnité guérissante
Il fait ouïr les sourds et parler les muets.
Marc, VII, 37
Et Jésus, ému de compassion, étendit la main
et le toucha, et lui dit : Je le veux, sois nettoyé…
La lèpre quitta aussitôt cet homme.
Marc, I, 41, 42
Dans l’Inde antique, les initiés avaient des facultés extrêmement étendues ; non seulement ils pouvaient voir à de grandes distances, y envoyer leurs forces, produire toutes sortes de phénomènes, mais encore par dédoublement, aller au loin et porter à un ami un secours pressant en cas de maladie grave. La projection des fluides est la conséquence d’une grande force de volonté. Ces hommes vivaient de peu, se nourrissaient d’une façon spéciale, se groupaient, formaient une sorte de communauté, et les facultés des uns arrivaient à appartenir à tous par la transmission médianimique . Ces hommes avaient une grande puissance pour guérir, c’est-à-dire pour remplacer la vitalité dans les membres d’où l’électricité animale s’est retirée. Les prêtres de l’antiquité, ceux qui firent cette civilisation que l’on commence à connaître et à comprendre, avaient acquis dans l’art de guérir une force prodigieuse et les prêtres hindous, auxquels ils ont légué leur science, il y a huit ou dix mille ans, n’ont pu les égaler.
Les fluides guérisseurs sont une émanation qui semble prendre le médium, glisser en lui vers les extrémités et se répandre comme un flot de vie, comme un baume doux et pur qui s’allie au fluide personnel du médium avant de s’épandre sur celui dont on tente la guérison. Ces fluides sont donnés par les extra terriens ; c’est nous qui les apportons, car nous en avons en main, à notre disposition, les fluides servant aux manifestations ; mais, pour que ces manifestations se produisent, il faut que nous trouvions les fluides terriens avec lesquels les nôtres puissent former un alliage d’où dépendra le phénomène.
Pour guérir, il faut se sentir poussé à cela ; il faut être en dehors de toute préoccupation obsédante ; il faut, pour l’utile exercice de cette médiumnité, comme pour celui des autres, que l’esprit du médium soit parfaitement en repos ; il faut aussi que son corps, par lequel passent nos fluides, soit en harmonie avec les forces que nous donnons pour lui ; mais notre avis est que la condition la plus importante pour réussir dans la guérison, c’est la pitié, le désir de faire du bien qui doit remplir le cœur du médium guérisseur. Il faut aussi une certaine sympathie pour que rien n’empêche l’émission des fluides.
Vous n’avez pas besoin d’aller en Inde compulser les manuscrits de l’antiquité, vous n’avez pas besoin d’aller frapper à la porte de Ceylan, où vous ne serez pas reçus, pour apprendre à magnétiser, à guérir, à obtenir les phénomènes qui firent tant de bruit. Guérissez-vous les uns les autres ; nous vous apportons les fluides, nous vous indiquons la manière de procéder. Beaucoup peuvent guérir, à des degrés différents cependant ; pour toutes choses les hommes sont différemment doués : les uns guérissent plutôt une maladie qu’une autre. Pourquoi ? Parce que chacun a sa qualité spéciale de fluide, qui nous permet, à nous, de ne donner que telle quantité de fluide astral, s’harmonisant avec celui de l’incarné.
Les médiums pourraient craindre qu’il n’y ait danger pour eux et les leurs de prendre la maladie de ceux qu’ils soignent. C’est une erreur !… Emporté par le dévouement, celui qui affronte le péril pour être utile aux frères en humanité, peut s’épuiser momentanément, mais il sent qu’il n’y a rien à craindre ; nous faisons autour de lui une atmosphère protectrice, et nous lui donnons des fluides réparateurs en échange de ceux qu’il a prodigués.
Pour guérir, il n’est pas besoin d’être parfaitement initié à telle ou telle manière de procéder. Celui qui sent notre force tomber en lui peut la transmettre en se laissant aller d’instinct. Qu’importe, jusqu’à un certain point, l’endroit du corps où il posera la main ; toutes les molécules d’un corps sont liées entre elles, et, si vous magnétisez les malades sur le front et non à l’endroit où ils souffrent, vous pouvez être persuadés que les fluides seront attirés vers l’organe qui a besoin de les recevoir et qui les attire par lui-même avec une grande force. La substance vitale ne peut rester dans l’organisme où vous la déposez si elle ne lui est pas nécessaire ; par les affinités les fluides s’en vont à l’endroit où ils produisent l’effet réparateur.
Il est infiniment rare d’avoir à faire de grandes passes, au contraire. Cherchez l’organe malade, magnétisez doucement, tout autour d’abord, puis à l’endroit précis du mal. Je vous disais que lors même que vous ne mettiez pas la main sur la partie malade, le fluide s’y étendrait ; mais, si vous magnétisez directement la partie qui souffre, l’effet est plus rapide et plus sûr.
Il ne faut pas attendre la fatigue auprès d’un malade ; il ne faut pas que le médium persiste s’il s’aperçoit que la force qu’il détenait en lui-même est écoulée ; il doit s’arrêter dès qu’il ne sent plus le fluide descendre, suivant son bras, en lui donnant sur son passage une douce sensation.
Les médiums guérisseurs peuvent-ils agir en même temps sur un grand nombre de personnes réunies autour d’eux ? Oui, Jésus portait cette puissance en lui, et, dans sa précédente incarnation dans l’Inde, il avait également cette puissance. Cette faculté, il la communiqua à ses apôtres, et il est parfaitement vrai que Pierre guérissait les malades sur lesquels passait son ombre. De vos jours, les médiumnités se développent de plus en plus, et les médiums qui ont une très grande projection de fluide, par notre assistance d’abord, par l’exercice de la médiumnité ensuite, arrivent à guérir plusieurs personnes qu’ils magnétisent en groupe.
Mais la médiumnité guérissante est celle qui demande le plus de précautions de la part du médium. Il faut, dans le moment où il magnétise ses malades, qu’il soit exempt de fièvre et qu’il ait l’esprit reposé. Le médium guérisseur doit s’imposer un régime, être sobre de toute façon, pour que son corps garde la souplesse et la force qui se perdent plus qu’on ne croit par les abus de toutes sortes. Notre fluide passe, glisse, se canalise dans les organes du médium, et, pour qu’il ait son passage libre, il faut que le médium se trouve lui-même dans des conditions qui aident à l’harmonie des fluides donnés par nous pour les malades.
Le médium qui magnétise une quantité de personnes à la fois ne peut, malgré son désir, donner à chacun des assistants une somme suffisante de fluides. Lorsqu’il se présente au milieu de ses malades, instinctivement, par une raison de sympathie innée, sa vue se repose de préférence sur telle ou telle personne ; il y a une attraction mystérieuse qui s’établit naturellement, et tel qui vient à lui obtient sa guérison en une ou deux séances, tandis que tel autre, qui ne peut s’harmoniser facilement avec le médium, tardera beaucoup à se mettre en contact avec ses fluides, et pourra même n’être jamais soulagé par ce magnétiseur.
Le médium guérisseur ne doit prendre plusieurs personnes à la fois que lorsqu’il sent sa médiumnité absolument faite. Il n’a pas besoin d’étude pour le comprendre, il sent lui-même s’il est capable d’entreprendre plusieurs guérisons simultanément. Il sent directement à quelle personne il donne ses fluides ; quand le courant s’établit entre ses malades et lui, il sent notre fluide le parcourir et c’est là l’avertissement pour lui qu’il peut augmenter la dépense du sien. Ne craignez pas que le médium guérisseur s’épuise beaucoup ; l’exercice de sa médiumnité fait que, s’il donne ses fluides, nous lui donnons les nôtres et le fortifions ; on peut dire que plus il donne, plus il reçoit.
Le magnétiseur doit s’abstenir de magnétiser dans un local trop grand relativement au nombre de personnes qu’il aura à soigner ; nous conseillons de fermer les portes et les fenêtres lors de la magnétisation.
Lorsqu’un médium guérisseur a jeté son fluide sur une assemblée, ou lorsqu’il a imposé les mains tour à tour sur un certain nombre de personnes, il est nécessaire qu’il passe ses mains sur une flamme de foyer, ou qu’il les lave avec un peu de vinaigre pour éloigner, ou plutôt pour neutraliser les mauvais fluides qui auraient pu se reporter sur lui.
Il ne serait pas bon que le magnétiseur allât soigner une personne seule après la magnétisation collective ; il faut au moins trois ou quatre heures de repos avant d’aller voir un autre malade ; après une magnétisation isolée, un repos d’une heure environ suffit pour aller porter des soins à d’autres malades, mais il faut toutefois que le nombre de séances n’excèdent pas les forces du médium au point qu’il ressente le soir une grande fatigue de la perte de ses fluides humains.
Les personnes qui soignent par la médiumnité guérissante obtiennent de plus heureux effets en allant soigner les malades toujours à la même heure et dans le même local.
Il faut guérir ! C’est un devoir d’employer au bien les facultés médiumniques que l’on possède nativement et que l’on peut souvent développer ; mais ne vous imposez jamais à un malade.
Vianey
Les médecins de l’espace
Dans cet ordre de phénomènes, les faits constatés
par les observateurs ne sauraient infirmer les résultats
qu’un autre expérimentateur déclare avoir obtenus,
par la raison qu’échappant encore à l’analyse,
on ne peut assigner de limite au possible.
Goupil
En quittant la terre, l’homme emporte avec lui la généralité des connaissances qu’il a pu acquérir dans ses incarnations. Ceux qui par dévouement pour l’humanité ont cultivé spécialement telle ou telle science, tel ou tel art, évoquent en eux cette science ou cet art dans le laps de temps qu’ils passent au milieu des fluides de la terre, avant leur réincarnation. Ils viennent auprès des terriens qui cultivent leur genre favori, les inspirent et aident ainsi à l’avancement général. Tous les désincarnés qui ont une force et une puissance de fluide et de rayonnement peuvent donc être utiles aux terriens ; ainsi leur temps de stage dans les fluides de la terre, ce temps de pénétration du milieu où l’on doit revenir si souvent, est encore, est toujours œuvre de progrès par dévouement, œuvre de lumière et du bonheur comme résultat du bien acquis.
Quels sont les extra terriens qui s’occupent plus particulièrement des malades ? Ce sont ceux qui ont étudié l’anatomie du corps humain, la substance des minéraux et des divers sucs que contiennent les plantes, l’action de ces sucs sur l’organisme dans tel ou tel cas pathologique. Dans une incarnation du médecin, l’homme devrait avoir connu aussi tout ce qu’il y a de grand dans le dévouement. Que de légères souffrances et même de maladies graves n’ont-elles pas été soulagées ou guéries inconsciemment par le rayonnement de cette bonté-influence inexpliquée ! Ces cas sont nombreux.
Pour rendre la santé c’est par le médium que nous agissons le mieux. Lorsque nous avons le pouvoir de faire pénétrer les fluides dans ces êtres faciles à posséder, nous établissons en eux une canalisation par laquelle notre fluide arrive au mal avec deux puissances distinctes : celle qui est fournie par le médium et qui vient de son propre fluide vital, puis la nôtre composée d’un fluide plus pénétrant, plus subtil, et qui augmente la force du guérisseur. Les médecins de l’espace ayant connaissance des propriétés des plantes, font beaucoup plus facilement des cures en s’aidant des médiums guérisseurs.
Le médecin de l’espace a-t-il en lui-même l’essence primordiale des fluides qui peuvent guérir des maladies ? Oui et non. Chaque être a des fluides d’une qualité particulière, mais les médiums guérisseurs appellent une sorte de fluides extraordinairement propres à soulager leurs frères. Est-ce dire que ces médecins de l’espace soient incapables de soigner directement les malades sans faire passer leurs fluides par un médium ? Non. Ils n’en sont pas incapables. Si le médecin de l’espace n’a pas instantanément en lui-même tout ce qu’il faut, il redescend dans la nature, il retrouve dans son passé l’évocation ou le parfum de telle substance ; il s’identifie aux plantes, à leurs émanations, à leurs sucs ; comme l’abeille qui, butinant de fleur en fleur, apporte à sa ruche un miel précieux, il apporte avec lui le baume guérisseur, l’émanation qui contient le germe de la guérison, et dans ce cas il agit directement sur le malade.
Les médecins de l’espace ont donc le pouvoir, charme bien doux et bien puissant, de descendre souvent dans la nature, pour nous toujours pleine de grâce et d’attraits ; ils étudient plus subtilement dans des détails qui pendant leur vie terrestre avaient dû leur échapper. Leur dévouement leur sert à développer éternellement la science en eux. Les médiums guérisseurs ne se rendent pas assez compte des grands travaux que les médecins de l’espace ont à faire pour les assister.
Le fluide que le médium sent couler en lui reçoit notre impulsion. Chaque médium guérisseur a un invisible qui l’assiste plus particulièrement ; mais, si cet invisible n’a pas une liaison directe comme harmonie de fluides avec le malade, il a recours à d’autres guérisseurs de l’espace ayant plus d’affinité fluidique avec l’incarné souffrant et, par conséquent, plus de puissance pour le soulager.
Quand vous avez à nous demander notre assistance, qu’il vous suffise d’élever votre pensée vers nous ; c’est l’élan du cœur, de l’âme, qui nous appelle ; ce n’est pas la voix qui s’échappe des lèvres qui nous arrive dans l’espace. Je le répète, l’appel du cœur, la pensée qui émane du cerveau, perdent moins leurs fluides quand ils ne sont pas formulés. Lorsque vous soignez ne parlez pas pour prier qu’on vous donne ; faites-le par la pensée, mais ne la formulez pas, cette pensée, car les fluides se perdent quand ils sont secoués par le mouvement de vos lèvres. Pour faire sentir l’effet de nos fluides, appelez les guérisseurs qui sont préposés à vous aider dans le bien que vous faites ; appelez-les tous plutôt qu’un seul ; si vous appelez tous ceux qui peuvent faire du bien au malade que vous soignez, tout ce qui est bon, élevé dans l’espace, répondra à une évocation faite dans un but aussi louable.
Ce n’est point des mouvements faits de telle ou telle manière que nous pouvons vous guérir plus facilement. Notre action sur vous, c’est de rayonner en vous ; cela arrive à votre insu, et alors, avec ce rayonnement, qu’importe jusqu’à un certain point la manière dont vous imposerez les mains ? Notre fluide, à nous, est une émanation qui va toujours à son but ; il ne serait même pas toujours nécessaire de toucher le malade ; l’influence fluidique peut se faire sentir à de très grandes distances à l’aide de certains médiums.
Ce qui est beau et grand, c’est que le guérisseur qui reçoit le courant d’un fluide subtil et pur, garde en lui dans ses fluides vitaux l’antithèse du mal qu’il guérit ; c’est pourquoi les médiums guérisseurs bien assistés sont habituellement préservés des attaques du mal qu’ils combattent ; ils peuvent cependant les ressentir au début. Les médiums guérisseurs ont raison de guérir ; leurs propres fluides s’allient aux nôtres, et cette dépense de fluides, au point de vue de leur santé, leur est, sinon indispensable, du moins nécessaire. Rien n’est en vain, et le bienfait tourne toujours à l’avantage de celui qui l’accomplit. Ne craignez donc point de dépenser des fluides pour guérir ; en les dépensant, vous tirez davantage de nous pour remplacer ce qui se perd de vous ; nous entrons davantage en vous ; vous sentez mieux palpiter notre cœur contre le vôtre, et vous attirez sur vous la puissance des bons fluides qui éloignent les mauvaises influences, les pensées malfaisantes.
Mais passons à un autre ordre d’idées.
Il y a des incarnés qui restent dans le trouble, dans le rêve de transformation et dans les souffrances qui ont amené la mort de la terre. Ces âmes, encore trop chargées de matières terrestres pour s’éloigner de leur planète, restent dans des fluides épais et sombres. Le dévouement des médecins de l’espace se montre encore là. Ils vont directement auprès de ces malheureux comme ils vont vers les médiums ; ils les actionnent des fluides qu’ils prennent dans la nature et les soulagent.
Lorsque les médiums ont des incarnations de ces êtres qui ressentent encore le mal de l’existence précédente attaché à leur corps astral, les guérisseurs de l’espace, s’harmonisent avec eux, peuvent soigner plus facilement ces malades qui quittent le médium soulagés ou guéris ; cela deviendra fréquent plus tard. Dans ces sortes d’incarnations surtout, il faut bien se garder de toucher le médium, fût-on soit-même médium guérisseur, car il peut en résulter des crises terribles . Quant aux désincarnés qui ne restent plus dans leur demeure, qui peuvent quitter leur famille et se détacher de la terre, en un mot, ceux qui ont assez de force pour se mouvoir dans les couches fluidiques terrestres, ils sont conduits par les médecins de l’espace, et, aux heures où l’atmosphère se charge des senteurs des plantes et des fleurs, lorsque les rayons brûlants du jour ont pompé dans les calices et les feuilles leurs fluides, leurs sucs, à la clarté des étoiles, à la fraîcheur de la brise, les guérisseurs de l’espace couchent mollement, dans un lit de parfums bienfaisants, les malades que vous avez soignés sur un lit de douleur.
Il est beau de penser que, si l’homme défriche son âme, terrain inculte, s’il la débarrasse des parasites, c’est-à-dire des vices, il pourra mieux creuser le sillon et cultiver la plante précieuse dont le suc soulage ; il le fera mieux fructifier et pourra empêcher un pernicieux mélange de fluides. L’homme est le facteur de son progrès ; il a la domination sur la nature ; celui qui redresse son esprit raffermit sa marche dans la voix harmonique ; celui qui aime à cultiver le sol agreste, qui chasse le fauve ou détruit le reptile, active aussi sa marche ascendante. L’homme ne donne pas la vie au brin d’herbe, mais cette vie, il la cultive, il la rend profitable ; l’homme dans son progrès fait tout pour progresser.
Dans les jours plus heureux que j’appelle de tous mes vœux, l’homme verra de plus en plus les douleurs physiques calmées, certaines incarnations devenir inutiles ; l’humanité trouvera dans ses connaissances de la nature mille choses qui l’aideront à s’élever.
Les médecins de l’espace sont admirables dans leur dévouement lorsqu’ils s’attachent à guérir les souffrances physiques sous lesquelles l’esprit semble s’affaisser et s’engourdir. Et vous, médiums guérisseurs, de concert avec vos collaborateurs invisibles, vous guérissez les âmes en même temps que les corps, car c’est par une vertu que vous guérissez, et cette vertu, vous la faites aimer. Guérissez ! Et, puisque c’est par les médecins de l’espace que vous guérissez, merci à vous de les attirer dans votre monde, en appelant les fluides calmants des dévouements, à vous qui faites pressentir la vie future en apportant aux malades les bienfaits de la Vérité. Soyez toujours plus aimants pour les guérisseurs de l’espace qui vous assistent, vous, chers médiums, qui avez la faculté précieuse de recevoir les effluves purs de la nature et des Intelligences de l’espace pour les donner à tous.
Donnez, donnez toujours !
L’oriental
Note. S’il suffit du rayonnement du guérisseur de l’espace pour magnétiser un malade, il n’en est pas de même pour les magnétiseurs de la terre non médiums. S’ils ne connaissent pas les lois de la polarité humaine, ils peuvent provoquer des contractures et des crises dangereuses. Voir : « Les courants de la polarité dans l’aimant et dans le corps humain », par le docteur Chazarain.
Note. Un médecin de l’espace, Giaffero, fit, par un médium, des guérisons miraculeuses. M. Léon Favre, consul général de France, en fut une preuve frappante. Empoisonné par accident, il endurait depuis des années des douleurs affreuses. En Grèce, un médecin consulté l’adressa à Mlle Psorulla en lui disant : « Je confie à ce surprenant médium les malades irrémissiblement condamnés par la science. » Bien qu’incrédule, il suivit docilement les prescriptions du docteur Giaffero et fut radicalement guéri. M. et Mme Favre, reconnaissants envers le médium, l’adoptèrent et l’amenèrent à Paris. C’est ainsi que je pus connaître ce médium, qui ne donnait de séances que chez ses parents adoptifs. C’était une jeune fille intelligente, d’une éducation soignée, et prouvant dans toute occasion des sentiments d’une nature très élevée. Sa médiumnité s’était communiquée à Mme Favre, mais sous un aspect différent ; Mme Favre voyait sur du papier blanc des images dont elle traçait les contours. C’était généralement des Indiens, des Orientaux qui se présentaient sous ses yeux. Elle ignorait les règles les plus élémentaires du dessin. Je fus héritière de ce curieux travail, que je montre volontiers à mes amis.
Hypnotisme
L’âme exerce son empire par la transmission
de certains esprits, de vapeurs extrêmement
subtiles qu’elle envoie aux malades.
Pomponace -Traité des effets admirables de la nature. XVIe siècle
Nous avons choisi le moment où le médium était le moins disposé au sommeil pour nous servir cette fois d’un objet brillant, ou plutôt d’une forme fluidique brillante. Le médium a donc été hypnotisé par nous à l’aide d’un rayon fluidique.
En nous élevant à une attitude considérable, nous pouvons emmagasiner dans nos fluides des rayons de soleil, les apporter, les faire paraître aux yeux du médium, et l’endormir ; ainsi feront les médecins qui agiront de la même manière sur leurs sujets dans les hôpitaux. Le point brillant n’est qu’un jet lumineux ou une condensation par réfraction du rayon de soleil. Le sujet apporte ses fluides, les y arrête pour ainsi dire en y attachant les yeux. La projection fluidique de son regard lui est renvoyée. Le rayon fluidique paralyse d’abord la vue, puis s’étend sur le cerveau du médium.
De quelque manière qu’on opère, ce phénomène se produit toujours par une concentration de fluides mêlés de rayons lumineux. Il n’est pas nécessaire que le soleil brille ; ses rayons sont dans l’air même si le temps est brumeux et couvert, et, lorsqu’un point, quel qu’il soit, pouvant projeter un rayon lumineux, se montre aux yeux d’un ou de plusieurs sujets, le sommeil se produit.
Par un procédé analogue, le magnétiseur peut aussi obtenir le somnambulisme et même quelques phénomènes d’incarnation, mais jamais de phénomène complet de matérialisation, ni d’incarnations importantes, car pour ces sortes de phénomènes, il faut, il est nécessaire que ce soient les désincarnés seuls qui enveloppent de leurs fluides tout le corps du médium , car celui qui veut obtenir les phénomènes par hypnotisme y met de son influence, qu’il le veuille ou non, et, pour les communications d’extra terriens, il ne doit y avoir que l’influence des extra terriens. Voilà pourquoi, malgré tous les phénomènes observés jusqu’à ce jour par l’hypnotisme, les disparus n’ont pu, malgré leur désir, apporter une fleur ou tout autre objet au moyen d’un sujet hypnotisé par un fluide terrien ; on ne trouve point là les conditions d’une véritable médiumnité. Les médiums les plus accomplis seront toujours ceux qui seront endormis par les extra terriens eux-mêmes ; ceux-ci ont une influence plus douce, plus sûre ; ils apportent les fluides qui conviennent plus particulièrement au sommeil médianimique, et, dans ces fluides, il n’y a pas la force brutale qui existe dans les rayons lumineux ou dans les fluides terrestres. Il y a une différence immense entre ces sortes de fluides ; on arrivera à le reconnaître. Cependant nous espérons que les hommes de science qui ont commencé par l’hypnotisme finiront par avoir des apports qui les jetteront tout à coup dans une nouvelle voie scientifique, et cela leur permettra d’approcher de la vérité. Ils finiront par comprendre qu’il y a véritablement des agents ultra terrestres, donnant naissance à des phénomènes par des combinaisons qui échappent et qui échapperont longtemps encore à la conception humaine. Pour les hommes, rien n’est aussi mystérieux que les lois qui régissent ces grands problèmes ; bien des désincarnés eux-mêmes agissent sans les comprendre, par habitude, comme vous-même accomplissez divers actes de la vie.
Vous donner des moyens d’obtenir le plus facilement des phénomènes, nous ne le pouvons. Travaillez, élevez votre âme dans la Grande Âme dont l’amour appelle votre amour ; demandez du fond du cœur ; cette émanation suave vers l’Infini Amour redescendra sur vous chargée de ce qui peut combler votre désir. Courage ! Soyez les pionniers de la science nouvelle ; soyez les grands cœurs avides de biens pour pouvoir les donner ; soyez les chercheurs des vrais trésors pour les répandre.
Ah ! quel que soit notre bonheur, quelles que soient nos joies de vous encourager, la pensée pourrait nous venir d’envier votre sort. Nous avons peiné, nous avons souffert pour nous éclairer ; mais vous, vous vous êtes réservé le joyau des mérites, car, de toutes les vertus, celle de répandre la Vérité est la plus douce.
Mesmer
Les effets de la lumière sont bien incompris ! S’ils savaient, tous ceux qui prétendent savoir, ce que contient de fluides condensés un rayon de lumière produit par un point dit « brillant », ce que ce point brillant attire à lui d’émanations fluidiques de ceux qui sont présents à cette action ! S’ils savaient aussi, problème plus inexpliqué encore, que celui dont le regard est fixé sur le point lumineux y jette ses propres fluides pour alimenter la lumière, et que ses fluides y reviennent par réflexion et l’endorment…
(Le reste de la communication a été perdu.)
Le pouvoir du charmeur
Celui qui en dehors des mathématiques
emploie le mot « impossible » est pour le moins imprudent.
Arago
Jadis, dans l’Inde surtout, on voyait arriver sur la place publique un homme couvert de haillons ; il faisait sortir d’une cage, divisée en compartiments, des oiseaux, des serpents, des lézards, et, devant la foule qui s’amassait, il donnait un spécimen de son talent de charmeur. Les oiseaux s’enfuyaient à tire d’ailes ; mais, sur un signe de leur maître, ils venaient se poser sur sa tête ou sur ses doigts ; il arrivait à faire parler d’une façon extraordinaire les oiseaux qui imitent la voix humaine. Lorsqu’il tirait de sa flûte des sons mélodieux et plaintifs, le serpent, au venin mortel, venait s’enrouler devant lui ; l’homme regardait le reptile qui, fasciné, subissait la force du regard, et, bien que l’homme cessât de jouer, l ‘animal obéissait à tous ses commandements.
Et homme vivait dans les forêts, au milieu des harmonies de la nature ; il avait pris une telle puissance magnétique sur les animaux dangereux ou sauvages, que son chant ou son regard suffisait pour les subjuguer.
De quelle essence est le fluide, l’émanation des charmeurs ? Pourquoi obtiennent-ils, eux, ce que d’autres ne peuvent obtenir ? Parce que les charmeurs gardent des êtres inférieurs et des choses terrestres une force qui provient de l’assimilation des fluides de la nature au milieu de laquelle ils ont vécu après leur désincarnation.
Quand un être qui vient de passer par tous les règnes reste pendant un temps plus ou moins long dans l’espace, où, vous le savez, il fait à peu près ce qu’il veut, cet être va reposer son âme au milieu de la nature. Comme le silence des grands bois et des forêts vierges est rempli de voix pour l’esprit, il saisit le moindre bruit de l’insecte, qui rampe sous l’herbe ; il saisit le degré presque imperceptible du déroulement d’une feuille d’arbre, le mouvement de la sève qui sera bientôt calice ou pétale. Cet être vit au milieu des fauves ; il se repose loin des luttes de l’humanité, au milieu de la nature la plus sauvage ; il se retrempe dans ses incarnations passées, et il se montre dans toutes sortes de transformations aux animaux dont il veut s’approcher. Les êtres qui se trouvent à ce degré de développement reviennent souvent médiums charmeurs, affirmant ainsi la persistance de l’individualité dès les premières incarnations.
Le charmeur suivant sa volonté, peut paraître oiseau à l’oiseau qu’il veut charmer ; de même pour les autres animaux, parce que le regard a des fluides particuliers. Le regard n’est pas l’homme ; le fluide du regard vient directement de l’esprit ; le fluide du regard c’est l’esprit. Le rayon visuel qui part de l’œil traverse une matière tellement subtile, que c’est l’esprit qui regarde et non le corps, et le charmeur qui a vécu avec les animaux après sa vie humaine, retrouve en lui, à volonté, par son regard, l’incarnation soit de l’oiseau, soit du serpent, soit du fauve, etc.
De nos jours, en occident, le dompteur qui entre dans la cage du lion, du léopard ou de la panthère fait voir en lui, à ses animaux, une image de ce qu’il a été. L’homme paraît aux animaux plus grand et plus fort qu’il n’est, et les fauves, magnétisés par le regard du dompteur, peuvent voir en celui qui les subjugue un animal beaucoup plus redoutable qu’eux.
Le charmeur a deux moyens de subjuguer : la force du regard, le faisant paraître par exemple un serpent énorme qui oblige les autres à s’enrouler peureusement autour de lui, et la puissance de la musique, de l’harmonie, à laquelle rien n’échappe. Ce dernier moyen même pourrait lui suffire, car, s’il y a de la force dans la loi des fluides visuels, il y a le charme dans la musique ; les cantatrices ne font-elles pas courir la foule pour les entendre ! Certains hommes qu’on appelait des « saints » et qui n’étaient que de grands médiums, faisaient venir à eux, par leur chant, des animaux qui ne s’effarouchaient plus.
Comme tout s’enchaîne, certains êtres reviennent fréquemment dans les mêmes milieux, et les âmes d’animaux se complaisent tout particulièrement dans telle ou telle sphère ; elles s’y incarnent souvent, et, si un chien ou tout autre animal domestique s’attache fortement à quelqu’un, c’est que ce quelqu’un lui a beaucoup plu dans une incarnation antérieure, c’est qu’il y a une secrète sympathie qui lie celui qui a le plus avancé avec celui qui a marché moins vite.
Ne vous étonnez plus du pouvoir du charmeur, car c’est l’exercice d’une faculté bien naturelle.
L’oriental
Sur l’emploi des forces magnétiques
Suggestion
Nous sommes là, nous, bien avant l’heure. C’est plutôt nous qui vous attendons, qui vous recevons, qui vous désirons même, car nous avons au moins autant de joie que vous de vos réunions. De vos discussions jaillissent des étincelles, des lumières, et ce que vous n’achevez pas, nous l’achevons bien souvent, ou du moins nous pouvons vous aider à mieux voir, à mieux comprendre, nous en sommes heureux.
Il n’est pas possible à l’homme de posséder intégralement les lois éternelles dont il s’est cru un instant le seul détenteur. Savants ! On surprend les forces de la nature, on découvre des pouvoirs puissants qui peuvent faire également le bien et le mal ; dans la suggestion, par exemple, on trouve quelque chose de bien grand sans doute, mais, comme par la suggestion on peut faire le mal aussi, il y a à mettre dans la balance, la contre-partie de cette puissance.
Mes amis, dans les phénomènes votre immixtion est possible ; sur certains magnétisés, nous ne pouvons, nous, exercer aucune pression ; sur d’autres, nous pouvons tout, et c’est vous qui ne pouvez rien. La suggestion est une force indéniable, et, comme tous les hommes sont magnétiseurs ou magnétisables, suivant leur personnalité comme intelligence et suivant leurs fluides terriens, il en résulte que ceux qui ont la force peuvent agir sur les faibles et leur faire le plus grand mal ; c’est contre cet abus possible qu’a été donnée cette opposition se faisant par nous d’abord, et aussi par les nombreux réfractaires aux lois que vous connaissez.
Les applications de la suggestion sont en général d’un merveilleux intérêt, et le temps viendra où par elle les hommes pourront apprendre bien des choses inconnues encore ; mais serait-il à souhaiter que cela se réalisât si ce n’était pour le bien des humains ? Sans entrer dans des détails que le temps et les conditions d’incarnations médianimiques ne nous permettent pas de développer, nous vous dirons : chercheurs, vous dont le cœur généreux et infatigable est plein d’un noble enthousiasme, vous que nous félicitons de toute notre âme, comment serait-il possible que vos découvertes pussent servir à des choses infâmes, à des actions iniques, à tous les vices par lesquels les incarnés assouvissent encore leurs besoins grossiers ! Vous abandonneriez les travaux en voyant les tristes conséquences auxquelles peuvent aboutir vos découvertes dans des mains criminelles, si vous n’étiez emportés par l’amour du bien, par cet amour qui fait de vous des missionnaires cherchant des soulagements nouveaux pour l’humanité. Ne les abandonnez pas, ces travaux ; marchez vaillamment, le bien l’emportera, le bien triomphera toujours, parce que le bien, c’est le progrès fatal, c’est l’amour humanitaire, c’est la force maxima. Les malfaiteurs qui se serviront de vos découvertes et qui les appliqueront au mal, réussiront relativement peu dans leurs machinations ; mais vous, vous, savants, vous qui cherchez tout ce qui peut préserver de la douleur physique, votre part est superbe, et il semble que si elle vous est réservée, cette part si noble, c’est que vous emploierez les forces retrouvées de la nature, pour les déshérités du sort, pour les pauvres êtres affaiblis moralement et physiquement. Vos découvertes seront précieuses pour ceux qui vous inspirent de la sollicitude ; vous serez heureux et méritants lorsque vos travaux auront pour résultat de soulager et de guérir ! Ah ! Marchez, marchez toujours !…
Si par vos médiums nous ne sommes pas venus pour faire une œuvre uniquement scientifique, est-ce une raison pour que nous passions sans saluer ceux qui travaillent sur la terre à apporter, soit physiquement, soit moralement, du soulagement à leurs frères ?
Amis, les découvertes devant être cherchées pour le bien général, c’est pour cette raison même qu’elles trouvent toujours beaucoup d’antagonistes ; mais, croyez le, le bien finit par absorber le mal, et vos travaux seront si utiles pour l’humanité que l’on n’aura plus à déplorer le mauvais vouloir ni les malheurs produits par l’application intempestives de forces trop peu connues. Nous sommes là qui veillons, et l’harmonie éternelle veille aussi.
Charles N.
Le magnétisme, l’hypnotisme et la suggestion se confondent dans certains cas ; les forces dynamiques se combinent. La différence est difficile à établir quant aux causes, et les effets sont ordinairement désastreux pour le sujet ainsi travaillé, parce que les forces magnétiques sont trop peu connues de ceux qui les emploient pour qu’ils puissent s’en servir sans danger.
Les facultés du sujet suggestionné se dénaturent ; la volonté devient pour ainsi dire nulle ; en dehors des études magnétiques, le travail fait par le sujet peut perdre beaucoup de sa valeur. La personne hypnotisée est souvent complètement sacrifiée.
On n’est pas assez prudents dans les études que l’on fait actuellement ; le désir de savoir l’emporte souvent sur le respect du Moi d’autrui, sur le souci de sa santé, sur celui de la responsabilité. On devrait se faire un cas de conscience d’hypnotiser n’importe qui, pour la seule satisfaction de faire une expérience.
Mesmer
Les influences dominatrices
De faux frères se glisseront dans le sanctuaire
pour attenter aux libertés que vous tenez du Christ
et pour vous remettre en sujétion.
Ne vous rendez pas esclaves des hommes.
Gal., II, 4 ; I, Cor., VII, 23
Par rapport à la masse fluide de l’espace infini,
un monde représente un rien ; c’est pour cela
que le fluide universel soutient si facilement
les planètes et les soleils qui peuplent l’immensité.
Votre univers vous paraît grand parce que vous êtes petits : tout est relatif ; mais, lorsque vous serez extra terriens, vos yeux sonderont les espaces sans fin ; vous verrez les mêmes choses que vous voyez à présent, mais vous verrez plus loin et admirerez des millions de détails qui vous échappent dans les beautés de la nature.
Le fluide astral soutient les mondes, les baigne ; il leur donne l’action ; il produit même la circulation dans tous les corps ; si je ne dis point dans les êtres avancés, c’est que dans tous les corps il y a une vie, même dans ceux qui vous paraissent inanimés ; si dans ces derniers ce n’est point du sang qui coule, c’est un fluide qui vit dans tout ce qui est ; il anime aussi bien la pierre qui s’effrite que le métal le plus dense.
Si les extra terriens, qui vivent libres dans les grands cieux, descendent auprès de vous, ils vous voient tels que vous êtes, et ils se voient eux-mêmes par le souvenir comme vous voyez votre vie à vous. Très éloignés de nos incarnations premières, c’est vers l’homme, vers son progrès que nous jetons les yeux ; ainsi que la nuit jette sa rosée bienfaisante sur les fleurs et les plantes, nous jetons notre fluide sur l’homme.
La substance qui compose le corps de l’homme est un amalgame chimique sur lequel nous avons plus ou moins d’action ; mais sur la résultante de cet amalgame, sur les fluides qui alimentent les divers organes de l’être humain, nous avons une force, une puissance dont la conséquence est la révélation, par la médiumnité, de ce que nous sommes, de ce que nous voyons, même de ce que nous sentons.
Par sa nature, l’homme est donc influençable. Selon son progrès, il attire de l’espace des fluides d’êtres plus ou moins avancés. Les extra terriens agissent surtout sur les médiums, c’est a dire sur les terriens, par lesquels ils peuvent se manifester. Ils sont appelés, attirés près des médiums, parce que le périsprit de ceux-ci délaisse plus facilement les organes corporels.
Nous pouvons donc actionner les médiums, leur transmettre nos pouvoirs soit d’instruire, soit de guérir ; nous pouvons leur faire ressentir ce que nous ressentons ou avons ressenti. Vous avez vu dans l’histoire que des saints, on les appelait ainsi, avaient les plaies de Jésus ; c’est que, dans leur extase, dans l’élévation d’amour de l’esprit, ils appelaient Jésus de toutes leurs forces, et par cette force d’amour, ces médiums, quels qu’ils fussent, ravissaient le fluide des douleurs, le fluide d’amour du grand martyr.
Mais certains hommes ont une influence sur d’autres hommes et dès que, après une lutte, cette influence s’établit à la place de la nôtre, nous n’avons plus d’action. Certains hommes peuvent arriver à une grande domination sur leurs semblables ; cette domination annihile notre influence parce qu’elle est en même temps : esprit, volonté et matière, et c’est surtout cette matière terrienne, projetée par des hommes sur un médium, qui nous paralyse, nous dont le fluide, bien que matière toujours, est plus léger, plus doux.
N’oubliez jamais que, quelle que soit la torture infligée par un désincarné égaré à un obsédé, la conscience de ce malheureux, sa volonté, ne seront jamais perverties comme par un terrien qui dominera un médium ; cette influence humaine peut devenir si funeste, que le médium, subissant la matière fluidique du magnétiseur, prendra quelquefois une maladie, et, par ce fait même, en guérira celui qui le domine.
Vous comprenez la différence d’action et d’influence qui existe entre nos fluides et ceux provenant d’êtres plus matériels habitant la terre. En ces jours, cette question devient d’une gravité toute particulière ; c’est pourquoi j’ai tenu à vous apporter quelques idées sur ce sujet .
Oh ! Laissez les médiums libres de leur volonté ! Laissez-les aux influences des êtres de l’au-delà , laissez-les suivre leur route sans vous interposer ; laissez, laissez agir notre influence, elle produira plutôt de bonnes choses pour l’avancement général. Pourquoi chercher à vous dominer entre vous, à vous enlever réciproquement la volonté, la responsabilité, la conscience, puisque les hommes viennent sur cette petite terre seulement pour s’élever et travailler par la science et surtout par l’amour qui contient la science suprême ? Vous êtes si petits, vous êtes si peu ! Pourquoi ne pas tourner vos regards, votre pensée vers nous qui sommes vos alliés dans vos peines comme dans vos joies, parce que nous avons passé par où vous passez ?
Ah ! les influences… les influences… Amis, en ce qui est de la terre, soyez de la terre, mais mettez en garde vos médiums contre les influences qui nous éloigneraient d’eux et de vous.
L’oriental
Ce qu’était Cagliostro
Sa prophétie
Voici ma réponse aux objections : si c’est
une fraude, montrez comment s’exécute cette fraude.
W. Crookes - Recherches
Ne méprisez point les prophéties.
I, Thess., V, 20
Non ! Je ne suis pas cet être merveilleux qu’on veut bien dire. J’étais né grand voyant, voilà tout le mystère ! Ce n’est pas l’alchimie qui me donna de l’or, et, lorsqu’on a dit que j’avais trouvé la pierre philosophale, on a commis une bien grande erreur.
Si, sur la terre, on trouve un secret, on fait une découverte qui vous permette de passer pour une personnalité extraordinaire, on se complaît à paraître original, on aime cette notoriété qui vous fait rechercher et aduler dans le monde, et on garde ses secrets, on ne veut pas les répandre pour ne point perdre son prestige. Il en était ainsi de moi.
Si je me suis occupé d’alchimie, si j’ai fait constater certains phénomènes à un cardinal qui était plus souvent en culotte qu’en robe, c’était pour rester en paix avec l’Eglise, qui avait encore beaucoup trop de puissance ; c’est elle qui m’a fait souffrir ; c’est elle qui m’a tué ; c’est elle qui m’a fait proscrire, exiler d’un pays à l’autre. Cependant j’aimais la France, et j’ai toujours regretté de n’y avoir point passé ma vie et de n’y avoir point laissé plus de souvenirs.
Qu’étais-je donc pour que mon nom eût un retentissement universel ? Aux initiés qui ont vu des phénomènes identiques à ceux que je produisais, je puis dire que j’étais médium, tout simplement. Dès ma plus tendre enfance, je vis des morts m’apporter des fleurs ; les morts me donnaient tout ce que je voulais ; plus tard, ils me donnèrent même de l’or ! Ils présentèrent devant mes yeux les tableaux des grands évènements qui devraient arriver. Ces morts firent davantage encore ; ils m’aimaient tant ! Par les forces que ces extra terriens me donnaient, j’avais un charme qui me rendait irrésistible ; quand on m’avait vu, mon action magnétique restait incrustée dans la vision, et l’on me voyait toujours ; mes fluides avaient une influence si entraînante que les plus grands hommes, les plus nobles caractères, les plus grands savants, venaient à l’envi frapper à ma porte. Ce fut un beau temps pour moi ! Malheureusement pour moi, les persécutions de l’Eglise m’empêchèrent de faire épanouir ma médiumnité en France ; c’est à peine si l’histoire rapporte les choses que j’ai prédites ; si toutes les prédictions que je fis étaient arrivées à la postérité, on aurait eu la preuve que certains êtres ont la faculté de percer les nuages qui, comme un voile épais, séparent l’avenir des temps présents.
J’aimais les femmes de la cour de France ; j’aimais la Reine. Dieu sait ce que j’eusse fait pour la sauver ! du moins pour lui laisser des choses magnétiques qui auraient eu une influence sur elle, et l’auraient préservée de bien des souffrances !
Oh ! je reviendrai ! je reviendrai avec mes puissants collaborateurs ; ils me conduiront encore. Mais il faut que j’aie d’abord une existence de préparation pour recevoir les prophéties que je répandrai dans le monde.
Psychistes, vos idées marchent à grands pas ; les savants s’en occupent la pointe du ridicule qu’on jetait sur vous s’émousse peu à peu ; vous êtes à l’abri des persécutions, c’est énorme, c’est tout ! Rien n’entrave votre marche ; les extra terriens le savent bien que, de tous côtés, ils provoquent des phénomènes qui jettent la lumière sur vos idées, et ainsi la connaissance des lois sur l’animisme se répand de plus en plus.
Prophétie, février 1885
Dans l’ombre, la vague d’une mer en furie bat et cherche à couvrir les rives du sol de la liberté. Ce sol, c’est la France ; ce sol produit de riches moissons ; le peuple l’a défriché, le peuple se nourrit, et maintenant qu’il est à l’abri des famines, il veut travailler encore le champ de la liberté et devenir un grand peuple qui marche en éclaireur.
Les siècles de chaos, les siècles de haine sont passés, il ne reste plus qu’à consolider la République. La liberté est la marche du beau pays de France. Le carnage est fini, les échafauds ont disparu, et la nation dédaigneuse de la royauté acclame avec enthousiasme la république triomphante. La royauté cherchera à s’élever encore, elle menacera dans l’ombre, mais cela fera désirer plus vivement le triomphe final de la liberté qui, brillante comme un soleil, éclipsera la royauté annihilée.
Le peuple, grandi par la liberté, progressera, et la royauté s’enveloppera dans son drapeau blanc pour s’endormir à tout jamais dans le cercueil de l’oubli.
Cagliostro
Note. En fait de prédiction, j’emprunte l’affirmation suivante à Carl du Prel dans « Les découvertes de l’âme par les sciences occultes » : M. Léon Favre a écrit automatiquement, en 1858, la prophétie de la guerre d’Italie de 1859, et après la déclaration de celle-ci, les victoires de Magenta, de Montebello, de Solférino. Ce fait a été rapporté par la société dialectique de Londres, M. Léon Favre a également prédit la guerre de 1870 et les désastres de la France. Je connais d’autres médiums qui ont écrit la même prédiction.
Note. Nous avons regret de n’avoir pas conservé une communication de Cagliostro, donnée par le docteur Chazarain au chercheur d’un trésor. Il disait en substance qu’il ne faut pas chercher les trésors enfouis, parce que souvent ils sont gardés, et que, s’ils le sont, ça ne peut être que par des désincarnés très arriérés qui les défendent très énergiquement : celui qui les convoite court alors de terribles dangers.
Note. Si Cagliostro fut un être merveilleux, nous avons connu un être non moins étrange, M. de la R……e, dont certains de nos lecteurs se souviendront. Il était accueilli partout sans que l’on pût dire qui l’avait présenté, d’où il venait, ni même par quelle porte il était entré. Son prestige était grand ; crédules et incrédules reconnaissaient sa puissance de divination. Il se dérobait généralement aux questions, mais, quand l’instance était trop forte, il cédait avec une peine visible. Il frappait de stupeur ceux qui croyaient leurs secrets impénétrables, et faisait frémir ceux qui redoutaient la mort, en leur indiquant l’époque fatale. Ses prédictions se réalisaient exactement. Pendant nombre d’années, on le rencontra souvent rue de Londres, chez M. Liébert (photographie américaine), qui recevait le Tout-Paris. On lui attribuait des guérisons de maux déclarés incurables.
Ce personnage énigme semblait avoir le don d’ubiquité. Ainsi, en 1875, une veille de Noël, M. et Mme Liébert trouvèrent M. de la R. dans une soirée où ils ne firent qu’une apparition, leur voiture les attendant à la porte pour les emmener à la messe de minuit. En entrant à la Trinité, la première personne qu’ils remarquèrent fut M. de la R. Quel étonnement ! Ils quittèrent l’église en laissant M. de la R. agenouillé dans un profond recueillement, remontèrent immédiatement en voiture pour se rendre au triple galop chez la veuve du maréchal Lopez, où ils devaient finir la soirée. Ils furent stupéfiés d’y retrouver M. de la R. causant avec la maîtresse de maison . M. Liébert n’admet aucun phénomène médianimique, mais, de bonne foi, il constate un fait qui l’étonne encore aujourd’hui.
M. de la R. était profondément mélancolique. Dans un salon artistique, il me dit, à moi personnellement : « Je souffre comme un damné parce que je ne m’appartiens pas, je suis dominé par des êtres qui ne sont pas de la terre et qui font de moi leur jouet. J’ai voulu trop savoir… » A cette époque, il y a plus de trente ans, n’étudiant pas à fond les phénomènes médianimiques, je ne fis aucune attention à ces paroles, je le pris pour un fou ; M. de la R. entendait-il avoir fait de la magie noire ?… Nous ne l’en avons jamais soupçonné.
La magie noire, on le sait, est une pratique des occultistes des temps anciens et du moyen-âge. Elle consiste à évoquer, par la volonté et un magnétisme puissant, des désincarnés très matériels et vivant encore dans l’atmosphère de la terre. L’évocateur emploie des signes cabalistiques et terrorise ces pauvres êtres de toute la force de son esprit dominateur. Il découvre ainsi bien des choses ; ses esclaves lui révèlent des secrets qu’il a intérêt de connaître, lui indiquant des trésors cachés, etc., etc. Tout cela peut avoir des conséquences extrêmement fâcheuses. Il arrive quelquefois que ce sont les esclaves qui deviennent les maîtres et que celui qui dominait devienne l’esclave, le jouet.
Deuxième série
Etudes psychiques
Tournons-nous vers la science des chercheurs,
cette science d’avant-garde dont le métier
est d’emporter, de siècle en siècle, les barricades
de la science officielle sur la voie du progrès.
A. de Meissas - Les tables tournantes
La science et l’amour
C’est une maladie naturelle à l’homme, de
croire qu’il possède la vérité directement, et
de là vient qu’il est toujours disposé à nier
ce qui lui est incompréhensible.
Pascal
Dans un éclair d’en haut qui peut nier le jour ?
Ah ! Que de vérité dans un rayon d’amour !
Lamartine
Pour arriver à croire en l’immortalité de l’âme, pour arriver à partager les idées fortifiantes que possèdent les psychistes instruits et à s’initier à la science d’outre tombe, il y a plusieurs routes à suivre. Quelles recherches faut-il faire, quelle est la véritable voie, ou du moins la voie la plus sûre pour atteindre le plus tôt le but ?
Il y a deux routes à suivre : celle de la science et celle de l’amour ; comme il y a deux catégories parmi les chercheurs : ceux qui sont arrivés à la conviction par l’étude expérimentale, et ceux qui, éclairés par le raisonnement, ne demandent qu’un seul fait indiscutable répondant au besoin de prouver la vérité sentie.
Pour l’homme qui a souffert, qui a perdu un être chéri, attachement idéal de sa vie, il faut la preuve de la continuité de l’existence. L’amour est une science plus large, plus profonde que toutes les sciences, en ce sens qu’il est le levier puissant qui élève le cœur de l’homme ; c’est la lumière qui lui fait voir l’immortalité, qui lui fait comprendre que la vie se continue sans fin avec les chers aimés et tout le flot humain dans l’espace infini ; quand l’homme a le grand amour, c’est que l’étincelle de la vérité couve en lui, et il suffit alors qu’il touche aux phénomènes pour que l’étincelle l’illumine. Ah ! Quelle souffrance éprouve celui qui, ayant deviné, s’appuie sur les travaux arides d’hommes réputés sérieux ! Des expériences sans fin lui sont imposées, il lui faut suivre des sentiers difficiles, tortueux, tandis qu’une ligne droite le mènerait au port de salut.
O amis ! Notre œuvre est d’amour, de vérité ; elle est et restera philosophique, elle s’allie à la science, et le chercheur y trouvera suffisamment l’appui scientifique qui lui est nécessaire pour que sa conviction soit forte et que rien ne puisse l’ébranler. J’ai devant les yeux des milliers et des milliers d’hommes qui, rebutés autrefois par le côté aride de la science, me disent aujourd’hui : merci ! Tu as tenu un langage dénué de tous les artifices qui nous empêchaient de comprendre : tu nous as donné la certitude ferme, tu as éclairé notre intelligence, et cependant tu n’as parlé qu’à notre cœur. C’est que nous étions déjà préparés, que notre soif de vie était si grande qu’il a suffi qu’on nous démontrât que nous étions immortels.
Vous le savez, mes amis, qu’il y a une quantité innombrable d’hommes qui passent sur la terre sans s’occuper de science, qui ont peu de connaissances philosophiques, qui vivent au milieu de la nature, qui n’emploient leurs veillées qu’aux doux entretiens de famille ; ils prennent ainsi le repos nécessaire pour réparer leurs forces et pouvoir, le lendemain, se courber de nouveau sur le sillon comme il l’ont fait la veille. Eh bien, c’est particulièrement pour les pauvres et les faibles que nous sommes venus ; c’est encore pour les déshérités de science que nous apportons nos instructions : c’est pour réchauffer leur cœur, leur âme et les emporter dans des régions inconnues d’eux. Si nous venons parfois vous parler avec une grande simplicité de style et d’expressions, c’est pour mieux être compris par ceux qui ne peuvent s’élever facilement.
A ceux qui cherchent, aux travailleurs ardents, à ceux pour lesquels il y a gloire et honneur à se vouer à l’exploration de l’inconnu, nous laissons une large part : nous les félicitons de leur courage, et, si nous ne sommes spécialement préposés à leur œuvre, nombre d’autres intelligences viendront les aider de tout leur pouvoir. La science nécessaire pour imposer les découvertes n’est nullement contraire aux études psychiques, car il faut des faits dont les comptes rendus soient officiels.
On a bien tort lorsqu’on assimile le psychisme ou animisme à une religion. Non ! C’est une science et non une religion. De toutes les religions, aucune dans le monde entier, aucune, entendez-vous, n’a pu avoir pour base la science expérimentale, et les religions de nos jours, quelques longs siècles qu’elles aient déjà vécu, sont lettres mortes pour la plupart des savants ; à notre époque elles sont taxées de sophismes mort-nés. Or le psychisme est une science naturelle, puisque tout est naturel. Savants, occupez-vous de la science de l’au-delà en même temps que celle de la terre ; ces sciences vont ensemble, elles sont inséparables ; mais faites de la science psychique une œuvre à part. Nous l’aimons, cette œuvre, et nous la favorisons. Le nombre des hommes de pensée libre grandit peu à peu, je dis peu à peu parce que les hommes de science tournent parfois à de faux systèmes, à de faux renseignements, ces derniers marchent plus lentement que des gens moins absolus.
Pour arriver à la science suprême, l’essentiel est d’aimer. L’amour est la clé mystérieuse de toutes les connaissances qui servent à développer l’esprit, à augmenter les forces ascensionnelles, à l’emporter vers les hautes sphères, vers l’âme universelle.
Fénelon
Projection de la pensée
La folie
Nos sens psychiques et intellectuels, étant
limités en nombre et en puissance, ne peuvent
être sensibles qu’à une fraction de ce qui
existe, et, en conséquence, une foule de faits,
de causes et de lois échappent complètement
à notre jugement ou sont même absolument ignorés de nous.
Goupil
La projection de la pensée se produit-elle par une impression de l’âme sur le cerveau ? Cette impression est-elle un acte de volonté ? Oui.
La projection de la pensée est-elle une partie fluidique du cerveau qui s’en va vers le but qui lui est assigné ? Est-ce un composé de phosphore, une émanation quelconque, mais matérielle, produisant des effets mécaniques, comme certains savants le prétendent ? Oui et non.
Le corps sert d’enveloppe à l’esprit. La projection fluidique de la pensée se produit directement par les forces de l’esprit sur les organes obéissants du corps ; l’esprit commande et le corps obéit. Cependant, pour les choses usuelles, par la force de l’habitude, depuis un grand nombre d’incarnations, il ne semble pas qu’une volonté doive se produire pour que le corps agisse. La production de la pensée a été discutée souvent par les grands savants et le sera longtemps encore avant qu’on arrive, par les études psychiques, au critérium de cette question. Pour que les savants puissent obtenir un résultat dans leurs recherches, il faut absolument qu’ils reconnaissent chez l’homme deux principes unis, solidaires, mais essentiellement différents, et quelquefois même antagonistes. Ainsi, le corps ou la chair commande, exige même, mais l’esprit retient le corps. Dans cette union de l’esprit à la matière terrienne, à cette matière dont le contact communique à l’esprit des passions de toutes sortes, il se produit une lutte dans laquelle celui-ci devrait toujours avoir le dessus. C’est justement dans cette lutte que les deux principes se reconnaissent.
Ah ! que l’on ne dise point que l’homme n’est qu’un composé plus ou moins merveilleux d’atomes ! Que l’on ne dise point qu’il n’est tout entier que l’effet d’une cause imparfaite, d’une cause que, dans certains milieux, on ne veut reconnaître ni intelligente ni intelligente, et que l’on n’admet que comme une force aveugle de la nature qui se serait constituée ainsi, force mécanique. Non ! cette lutte de l’esprit et de la matière qui lui est unie prouve surabondamment que l’esprit est indépendant, qu’il devrait commander à la chair, qu’il se fait une vie à lui, et qu’il doive parvenir à river à sa volonté le corps qui le détient.
Plus l’homme vit sobrement, plus il s’attache à progresser, à alimenter son esprit de connaissances terrestres et extra-terrestres, plus facilement il commande à sa pensée, la pensée étant un fluide qui émane de l’esprit lui-même.
Les mécanistes traitent les animistes de névrosés. Ils n’admettent donc pas la volonté primordiale, la force fluidique, l’esprit dictateur, les facultés maîtresses ? Certains de ceux qu’on appelle des « névrosés » sont venus pour élever des monuments devant servir à l’avancement du monde entier. Il y a des « névrosés » qui rapportent de l’espace des forces fluidiques extraordinaires, des facultés très étendues : vos hommes de génie pourraient être appelés des névrosés au point de vue de la science officielle. Osera-t-elle désigner ainsi les messies !
Le corps est obligé de retenir l’esprit, qui, s’il n’en était pas ainsi, s’en irait avant l’heure vers l’espace, sa grande patrie. L’esprit use le corps, et quand par son travail, il s’est assimilé ce qu’il peut de connaissances nouvelles, il s’échappe ; la désagrégation se produisant, le corps rentre dans les forces de la nature et lui restitue des éléments qui doivent servir à de nouvelles formations.
A force de privations, de macération, à force de contemplation, les prêtres de l’Inde arrivaient à projeter leurs pensées à une distance surprenante et à voir de très loin les hommes, les choses ou les évènements qui se passaient à tel endroit qu’on leur désignait . Leur corps était esclave de leur esprit : ce corps n’était plus qu’un vêtement qu’ils quittaient quand ils le voulaient ; ils n’y étaient retenus que par un faible lien fluidique, ils s’en éloignaient à volonté pour ainsi dire, et ce corps, en état de catalepsie, pouvait être transpercé, martyrisé, sans qu’il fût rien ressenti ; l’esprit se projetant au loin s’était donné la liberté comme un oiseau envolé de sa cage.
C’est la forme périspritale qui se trouve dans l’étendue du corps qui éprouve la sensation ; c’est donc l’esprit qui souffre par le périsprit lorsqu’il est dans le corps et que ce dernier reçoit une blessure ; si cette blessure est assez grave pour qu’il ne puisse plus trouver l’harmonie qui lui permettait de rester avec ce corps, il s’en sépare. La souffrance du périsprit s’explique donc par une désharmonie : le périsprit est obligé de se retirer de la partie atteinte.
Souvent on a vu des torturés se mettre à chanter pendant leur supplice ; leur visage devenait radieux, ils n’avaient plus aucune douleur, la joie la plus grande se peignait sur leurs traits. C’est que leur pensée s’était projetée en dehors du corps : cependant l’intelligence tenait encore assez au corps pour chanter la fin de ses souffrances, même au milieu des flammes et au moment où les douleurs semblaient devoir être le plus aiguës.
Ce qu’on appelle la pensée est indépendante du corps et même de la matière cérébrale. La pensée, étant ce qu’il y a de plus subtil dans l’esprit, ne supporte aucune déviation de la matière, et, lorsque la case d’une faculté est atteinte, cette faculté se projette en dehors, elle n’existe plus pour l’incarné. Elle est sortie de son alvéole, mais elle plane au-dessus de la tête du malade, toujours prête à reprendre sa place si le malade guérit, ou à lui être rendu s’il quitte la terre. Les hommes qui ont reçu des blessures à la tête et qui ont une lésion de la substance cérébrale, perdent souvent leurs facultés, totalement ou partiellement, mais ces facultés ne meurent pas ; les facultés ne peuvent mourir ; elles se déplacent parce qu’elles n’ont plus l’abri harmonique où elles trouvaient le jeu qui leur servait à se produire. Sachez-le, les facultés des fous ne sont point perdues ; elles planent au-dessus de leur tête comme des rayons lumineux, comme des lampes que les médiums voyants peuvent distinguer. Lorsque l’esprit recouvrera sa liberté, il reprendra ses facultés, et elles s’harmoniseront de nouveau. Le fou reprend dans l’espace la vie intellectuelle, la vie normale comme tout autre extra terrien.
Liana
Note. « L’âme n’est point altérée par le mauvais état de l’instrument (le corps) ; mais elle est condamnée à l’inertie, l’harmonie étant rompue. » Ch. Lafontaine, L’Art de magnétiser.
Le sixième sens
Vous comptez ordinairement cinq sens. Le sixième sens, cette humanité la possède déjà, mais la méconnaît. Par la suite, le progrès étant continu, le sixième sens se développera tellement que nul ne pourra l’ignorer.
Le sixième sens que possède l’homme s’appelle indifféremment le pressentiment, l’intuition. Les cinq sens déjà connus mettent l’homme en rapport avec les objets terrestres, le sixième sens met en rapport avec les choses extra terrestres : car, en effet, qu’est-ce que le pressentiment, qu’est-ce que l’intuition ? Si, par exemple, vous partez en voyage et qu’à mi-route il vous prenne un violent désir de rebrousser chemin, vous avez la crainte d’un malheur, crainte que rien ne justifie ; il est évident qu’aucun des cinq sens corporels ne peut vous donner l’impression d’un fait qui se passera dans l’avenir. Si les choses que vous craigniez arrivent, vous dites : j’en ai eu le pressentiment, l’intuition.
Oui, le sixième sens existe, mais comme toute chose, il ne se développe que par la pratique. Il est peu connu parce qu’il n’a pas d’organe extérieur ; cet organe se trouve dans votre périsprit ; l’organe du sixième sens est situé dans la région frontale. Pourquoi, quand une idée subite vous frappe, faites-vous sans réflexion le geste de porter votre main au front ? C’est que vous avez senti quelque chose là et qu’instinctivement vous voulez retenir le rayon fluidique qui a touché votre sixième sens.
Pourquoi les médiums perçoivent-ils plus particulièrement par ce sixième sens ? Parce que l’esprit du médium reçoit plus facilement la pensée des extra terriens. Comme le langage de l’espace est universel, il n’est pas nécessaire d’articuler des sons pour se faire comprendre : celui qui a un avertissement à donner se contente de penser, et sa pensée vient frapper le front de celui avec qui il veut rentrer en communication. Du reste, c’est un fait qui se répète journellement sur la terre ; deux hommes qui ne se connaissent pas, peuvent en se regardant, échanger leur pensée. Pour nous qui ne sommes pas emprisonnés dans des corps de la terre, ce sixième sens nous est fort précieux pour communiquer avec les hommes. Effectivement, si j’avais besoin de vous prévenir qu’un danger vous menace, je suppose, et que je n’aie pas ce sixième sens à ma disposition, je devrais chercher dans les fluides ambiants les moyens médianimiques de manifester ma pensée, et, si je ne trouvais pas ces moyens, ou que les mettre en œuvre fût trop long, je ne pourrais me faire comprendre : tandis que, par ce sixième sens que vous possédez et que je possède aussi, il me suffit de faire rayonner ma pensée, elle frappe votre organe périsprital, et la communication est faite.
Quand l’homme aura exercé ce sixième sens et s’en servira comme des cinq autres, il comprendra la nécessité d’en posséder un septième.
Le fakir
Les rêves
Tous, vous rêvez de choses plus ou moins intelligibles, souvent très confuses, mais quelquefois très claires aussi. Il y a le rêve qui se rapporte à vos préoccupations habituelles ou momentanées et le rêve qui est véritablement une révélation, le rêve qui est le souvenir rapporté des hauteurs de l’espace d’où l’âme peut percevoir l’avenir, le rêve enfin que j’appellerai divin.
Entre le rêve qui provient des préoccupations, ou rêve ordinaire, et le rêve divin, il y a une extrême différence, une différence qui doit vous frapper. Le rêve ordinaire roule toujours sur les choses de la vie terrienne et sur des faits accomplis, souvent dénaturés ; il est sans importance, et même quelquefois inintelligible. Mais si, dans un rêve votre esprit se détache du corps, s’élève au-dessus de la terre et devient plus lucide, possédant pour quelques heures de la nuit son essence astral, alors il peut voir, pressentir l’avenir ; je ne dis pas « ce qui doit arriver », car ce serait appliquer un terme fatal, ce qui ne peut être, puisque toute chose est sujette à variations. L’esprit dégagé de la matière a la grande vision ; il peut prévoir et rapporter au cerveau la sensation de ce qu’il a vu pendant son détachement de la machine terrienne, et bien des fois les évènements ont répondu aux visions qui s’étaient produites dans le cours du rêve ; l’histoire en rapporte maintes exemples.
Ce sont souvent les craintes de l’esprit pour le corps qui provoquent le rêve. Ce n’est pas le corps qui peut combattre, ce n’est pas le corps qui peut se défendre, c’est l’esprit qui le garde, qui veille et qui doit se servir des éléments matériels pour défendre une habitation à lui, habitation qui est son bien, sa propriété et dont la valeur pour lui est immense, car il sait que c’est dans ce corps qu’il doit travailler pour apprendre, et il se dit que, s’il ne lutte pas, son incarnation est en partie perdue. La sollicitude de l’esprit pour le corps produit ce que vous appelez l’instinct de conservation : cet instinct existe chez tous les êtres, qui défendent comme ils savent, comme ils peuvent, leur instrument de progrès.
Amis qui avez souhaité ces explications, nous sommes trop heureux de faire que votre désir soit exaucé. A ceux qui nous aiment, que pourrions-nous refuser de ce que nous pouvons donner ?
Swedenborg
Ma pensée
Le prétendu réel serait plutôt le mauvais songe.
Michelet - L’Oiseau
O ma pensée ! Prends ton vol ; va bien loin jouir de ta liberté. Rapide, rapide comme ta puissance de conception, traverse les airs, rapporte-moi les soupirs d’amour, les sourires d’enfants, les joies prises aux humains et aux choses de la nature que tu as effleurées.
Pensée ! fluide immatériel et matériel à la fois, qui as une forme se posant sur le souffle qui t’emporte ; pensée qui pénètre partout, qui a aussi une force que l’homme ne peut assez comprendre et qui reste voilée dans ses mystères ; pensée qui va chercher des images que l’homme croit incréées, pensée qui va te refléter partout pour t’imprégner de visions, prendre le décalque des actions, des paroles jetées au vent depuis des siècles, pensée qui te détache de l’homme inconscient et va fouillant les faits et les causes que tu rapportes à l’intelligence humaine qui te détient, ô ma pensée, tu ne me trompais pas ! seuls mes sens étaient abusés lorsque, me quittant pour planer sur toutes choses, tu me rapportais ta vision de grands fantômes, la vision si fugitive de ces formes subtiles ayant en elles quelque chose d’enchanteur et d’enchanté, de ces créatures séraphisées qui traversent l’espace, drapées de rayons d’étoiles. C’est moi qui étais le fantôme ! C’était moi, fantôme de la terre, qui ne croyait plus en ma pensée, tandis qu’elle me rapportait la vérité ! je ne voyais dans ces visions que des étoiles filantes, des météores capricieux jouant dans le ciel au gré de leurs désirs par une force, par une puissance qui m’était inconnue, et ce Moi de moi qui allait à elles, ce Moi, auquel elles se révélaient dans toute leur beauté, ce premier Moi n’était pas cru du second ! Je blasphémais !
O ma pensée ! Pendant tes recherches, pendant tes voyages, tes absences, mon être appartenant à la terre se croyait dans un rêve, tandis que le rêve était la vraie vie. Je voyais aussi des choses étonnantes, fantastiques ; il me semblait impossible que l’homme pût même se figurer les voir ; je croyais à la folie ! Mais, pensée, tu voyais réellement ; tu étais sûre de ta vision, car les types de toutes choses existent tous, et tout ce que voit la pensée a été, est et sera.
La pensée est une forme et une vie ; elle ne peut concevoir qui ne soit réellement et n’ait son but, sa raison d’être. Or mon imagination de poète avait découvert tout un ordre de choses inconnues aux humains, et en les révélant par ma plume, il me semblait appeler à moi la folie, car je ne croyais pas à la possibilité de l’existence de tout ce que voyait ma pensée ; il me semblait qu’elle planait sur des mondes irréels que je ne décrivais que pour donner un cadre à l’originalité de perception d’hommes à l’esprit étrange.
O ma pensée ! tu t’élèves davantage maintenant : tu nages dans un océan de vérité ; tu vas loin, bien loin ; tu passes dans les couches fluidiques de l’espace, traversant des milliers d’êtres impalpables, informes, qui viennent à la terre pour s’adapter, s’attacher à des moules matériels et qui retournent ensuite plus perfectionnés vers l’espace.
Je sonde de nouveaux horizons, des horizons étendus, des horizons que la pensée humaine s’effraierait d’avoir même à supposer. Que vois-je à des milliers de coudées de mon être intime ? Je perçois des légions et toujours des légions d’êtres connaissant des lois ignorées de vous et de moi sur les origines, les causes, les effets primitifs qui touchent à l’univers, à sa formation, qui touchent au grand moteur de toutes les forces.
Là, au milieu de ces légions, voit-on le Dieu anthropomorphe des religions de la terre ? ou le voit-on sous la forme plus parfaite des êtres des planètes les plus avancées ? Non, non ! Ces êtres lumineux qui ont tant récolté après avoir été courbés sur le rude sillon du progrès, ces êtres ne voient pas Dieu ! Ils ne conçoivent, ne perçoivent que l’harmonie qui ne commande à toutes les harmonies que par les phénomènes provenant d’elle-même.
O enfants de la terre, illuminez-vous et voyez la force géniale distribuer l’impulsion de progrès. Voyez avec quelle merveilleuse sûreté la vie, le mouvement sont donnés à chaque monde, à chaque rayon émanant des soleils ! Non, non ! Vous n’êtes pas des rêveurs en percevant ainsi ; vous êtes des initiés. Vous n’êtes plus des poètes perdus dans des songes. Vous ne concevez pas, vous ne touchez pas du doigt la réalité, mais en approfondissant toujours les secrets de l’univers, vous entrez davantage dans l’Unité-Dieu.
Edgar Poe
Les impressions spontanées
Avant de se parler on croit se reconnaître.
Lamartine
Dans l’espace nous sommes réunis par familles innombrables. Il y a entre les membres de ces familles harmonie de connaissance, harmonie de grandeur, harmonie d’amour. Quand un extra terrien veut entrer dans notre milieu, nous savons parfaitement s’il est moins avancé que nous, s’il est en outre égaré ou méchant ; par suite de son égarement, il se trouve malheureux avec nous et il se retire.
Sur la terre, il n’en est pas de-même. Les méchants s’introduisent partout où ils peuvent, pour des raisons d’orgueil, d’intérêt, souvent pour vous exploiter par n’importe quel moyen ; il y a beaucoup d’industrieux, pour la plupart beaux parleurs ; ils savent vous convaincre ; ils cherchent à se faire aimer ; ils flattent même vos défauts, s’ils peuvent les connaître, jusqu’à ce que vous deveniez leur victime. Vous aviez toujours gardé au fond du cœur une certaine crainte, une certaine gêne à côté d’eux ; vous étiez mal à l’aise en leur présence, et, quand vous vous reportez à votre première impression, qui était mauvaise, souvent il est trop tard pour agir comme vous auriez dû le faire de prime abord.
Si l’on vous présente une personne qu’on voudrait vous faire aimer, vous savez quelquefois, dès la première rencontre et instantanément, si vous sympathiserez avec cette personne. Cette faculté de perception n’existe pas à un degré égal chez tout le monde : seulement, pour fréquenter quelqu’un, souvenez-vous toujours de la première impression. Sachez-le, mes amis, cela vous trompe rarement, et, pour votre sauvegarde, il vaut mieux vous en tenir à votre première impression que de courir des risques. Quand les personnes ne vous sont pas sympathiques à première vue, c’est que leurs fluides sont opposés aux vôtres, que leurs idées ne sont pas en harmonie avec les vôtres, que, comme âge spirituel, il y a un grand écart entre vous, et qu’elles n’ont pas suivi la même route dans leurs incarnations. Il n’est pas une âme droite et généreuse qui parfois n’ait pressenti un ennemi à la vue de tel individu qu’elle a rencontré ; combien d’hommes ont dit, en voyant quelqu’un qu’ils devaient fréquenter : « Celui-ci ne sera pas mon ami de prédilection, il ne m’arriverait rien de bon avec lui. »
En faisant de nouvelles relations, écoutez donc tout de suite l’instinct que réveille le choc des fluides ou l’intuition qui vous est donnée par vos conseillers.
Gall
Divination
Cartomancie
Je ne connaissais pas ce que vous appelez la science d’outre-tombe. A l’époque de ma dernière incarnation, on ne pouvait la comprendre encore ; mais je croyais aux génies, aux anges protecteurs, à celui surtout qu’on nommait l’ange gardien. Car ce n’était pas moi qui devinais ; on me parlait tout bas, on m’inspirait mes prédictions. Ah ! J’ai annoncé des choses qui ont fait époque ! On m’a même persécutée pour cela, mais j’ai vaincu mes ennemis.
Quand mes cartes étaient dans mes mains, un invisible les arrangeait : c’est lui qui me faisait lire ou qui me dictait mes réponses. Cependant les prophéties s’étaient imprimées en moi à mesure que le temps marchait et que je me livrais plus entièrement à celui qui me dirigeait, de sorte que j’arrivai à un degré de médiumnité tel, que voyant quelqu’un devant moi, je sentais ce qu’il était, ce qu’il éprouvait, ce qu’il pensait, souvent même quelle était sa destinée. C’était fatal, Napoléon s’en souvient ; Joséphine s’en souvient aussi. L’un et l’autre croyaient fermement en moi ; ils y croient encore !
Pour acquérir ces facultés, car on peut les acquérir, il faut surtout chercher le silence ; entrer en soi profondément pour écouter les voix qui parlent à l’âme ; peu à peu on les entend parler à l’oreille ; l’impression produite par les choses extérieures devient plus grande, plus vive, et alors on lit dans l’avenir.
Je ne fis point d’élèves ; mes moyens étaient en moi, je ne pouvais les donner à d’autres ; il fallait une organisation identique à la mienne pour pouvoir hériter de cette faculté prophétique. Mais tout n’est pas fini pour moi sur terre ; j’y reviendrai parce que je veux y travailler encore. J’ambitionne une gloire plus grande que celle d’une femme passée devin. Je reviendrai grand médium, je l’espère, je le désire, pour servir, non pas la fatalité, mais pour instruire l’humanité en produisant des phénomènes qui prouveront la continuité de la vie progressive au delà de la tombe.
Melle Lenormand
Evocation
Un présomptueux scepticisme qui rejette les
faits sans examiner s’ils sont réels est, à
quelques égards, plus blâmable qu’une crédulité irraisonnée.
Humboldt
Avant d’être endormi, le médium à incarnation, qui se trouve aussi être médium voyant, déclare voir George Sand à côté du Dr Chazarain ; il la voit si bien matérialisée qu’elle lui semble pourvue d’un corps terrien. Elle appuie une main sur l’épaule du docteur qui ressent un frisson fluidique lui parcourir tout le corps : indication ordinaire de la présence d’un extra terrien. George Sand, entrée dans le médium, s’adresse très affectueusement à M. Chazarain. « C’est pour vous que je suis venue ».
Or, le docteur Chazarain, sans l’avoir fait connaître à personne, avait évoqué George Sand, ce dont il a donné la preuve à l’assistance en montrant après la séance la note suivante, rédigée chez lui :
« Lundi, 11 août, 188., à 4 heures et demie du soir, en lisant dans le journal Paris le discours prononcé par Albert Delpit, hier, à la Châtre, devant la statue de George Sand, discours qu’il a appelé « un salut au grand écrivain », j’ai évoqué le grand romancier dont les écrits témoignent d’un vif amour du beau, du juste et du vrai, en le priant de se communiquer par notre médium à la séance du même jour, à 9 heures du soir.
J’ai écrit cette note avant de me rendre à la séance, afin de la montrer après la communication de l’évoquée. Signé : Dr Chazarain .
Amis, je vous ai annoncé que vous auriez encore de grandes preuves, parce qu’il vous en faut toujours des nouvelles. Eh bien ! De l’endroit de l’espace où se trouve George Sand, elle m’a dit : « C’est toi qui a le plus de pouvoir sur cet enfant (le médium) ; aide-moi, je t’en prie. Que par lui je puisse parler et me faire reconnaître. » J’aime George Sand et je lui ai préparé les voies dans le médium.
N’ayez aucune jalousie entre vous à l’occasion de ces manifestations particulières. Les phénomènes que nous produisons ne sont pas pour le profit d’un seul, c’est pour le bien de tous, puisque cela se produit devant tous.
Fénelon
Note. Nous ne donnons que cet exemple de la puissance d’évocation sur les disparus. Nous choisissons celui-ci entre mille parce que le Dr Chazarain est une autorité reconnue comme homme de science s’occupant d’études psychiques. Il n’est pas nécessaire d’évoquer un désincarné pour qu’il se manifeste. Il se produit dans cet ordre de choses des surprises qui prouvent amplement l’existence supra terrienne.
Obsession par haine
Les fous
Si j’oyais parler ou des esprits qui reviennent
ou du pronostique des choses futures, des enchantements,
des sorcelleries, ou faire quelque autre comte
où je ne pense pas mordre, il me venait compassion du pauvre peuple abusé.
Et à présent, je trouve que j’estoy
pour le moins aultant à plaindre moi-même.
Montaigne
Toutes les sectes religieuses ou philosophiques de l’Orient reconnaissent l’ingérence des désincarnés dans bien des actes de la vie des hommes. Les Orientaux avaient même la fête des ancêtres ce qui montrait leur grand respect pour les disparus.
En Orient, ceux qui voient des désincarnés, qui leur parlent et obtiennent des manifestations sont encore considérés comme des êtres privilégiés ; leur personnalité a quelque chose de sacré pour leurs frères.
En Occident, les voyants sont jugés tout autrement par les hommes de science en général ; ils passent pour des hallucinés, des fous.
En Orient, où l’idée de la survivance est admise, les voyants savent depuis leur plus tendre enfance que leurs visions sont réelles, que les formes qu’ils voient sont la manifestation d’êtres partis de ce monde.
En Occident, ceux qui voient les habitants de l’espace et s’entretiennent avec eux sont réputés dangereux, et, si l’être « revenant » qu’ils voient leur cause quelques frayeurs, leur fait pousser des cris, les médecins ne trouvent d’autre moyen de guérison que de faire enfermer les obsédés dans ce que vous appelez « les petites maisons » ; toutes les personnes qui se croient persécutées, et qui peuvent l’être effectivement, passent pour avoir au cerveau des lésions qui produisent un dérangement mental. L’obsesseur a beau jeu alors ; sa victime est retirée du grand courant de la vie, enfermée ; elle devient plus complètement sa proie ; le mal grandit, devient incurable et enfin la victime meurt sacrifiée par l’ignorance.
Ce n’est pas sans ressentir une grande tristesse que nous voyons ces choses. Ici, sur la terre, vous avez souvent des parents, des amis, desquels vous avez à souffrir ; vous les excusez, vous tâchez de vivre en bonne intelligence avec eux. Mais les obsédés ne comprennent rien, eux, à leur situation ; ils ne s’expliquent pas ces êtres qu’eux seuls voient et qui leur font du mal ; en luttant maladroitement, ils irritent l’obsesseur. Les obsesseurs sont d’anciens ennemis qui, en mourrant, ont emporté leur haine avec eux. Quand le sentiment de vengeance, encore grand parmi les humains, persiste chez le désincarné, il revient vers le terrien qui lui a fait du mal, il le persécute s’il le peut, et, si l’objet de sa haine se trouve être un médium, il lui donne facilement une idée fixe ; il le guette à chaque heure, à chaque minute ; il choisit l’instant où il pourra faire dévier sa pensée, et alors le voyant passe pour fou aux yeux du monde, et on met le persécuteur et le persécuté dans le même cabanon.
J’ai visité bien souvent les endroits où on relègue de soi-disant fous. Ah ! Quelle grande pitié j’ai eu pour ses voyants ! Je les ai secourus autant qu’il m’était possible ; mais, pour détruire la puissance d’une chaîne fluidique entre deux êtres qui se sont haïs dans d’autres incarnations, il y a une immense difficulté. Si cela nous était possible croyez-le bien, il n’y aurait plus de persécuteurs ni de persécutés. Entre l’obsédé et l’obsesseur, il faut que l’équilibre s’établisse par le progrès qui amène le pardon et l’amour.
Si les phénomènes psychiques passent encore pour des hallucinations aux yeux de ceux qui soignent des fous, je serai heureux de leur apprendre que cette seconde folie guérit de la première les voyants persécutés, et que le jour n’est pas éloigné où l’on saura que les obsédés sont tourmentés véritablement par des désincarnés ; on saura que dans l’existence présente ou dans les précédentes, l’obsédé a pu faire du mal à celui qui lui en fait à son tour. On rentrera en communication avec ce dernier : l’obsédé et l’obsesseur s’entendront, ils se pardonneront . N’est-ce pas une chose sublime que d’arriver, par la connaissance des lois psychiques, à guérir les voyants que l’on croit fous, que d’arriver à les arracher à la douleur et à la persécution ? Ah ! Lorsqu’on voudra se servir de ce côté pratique de la science d’outre terre, combien de malheureux seront sauvés et pourront dire ; je ne suis donc pas fou ! Ce que je vois est donc une réalité et non l’illusion d’un cerveau malade.
Quand, dès l’enfance, l’homme sera instruit des phénomènes qui se produisent par la communication si facile avec les extra terriens, il saura à quoi s’en tenir sur les obsessions des désincarnés qui viendraient le persécuter et hanter sa demeure.
Le savoir fortifie les faibles, augmente la force des forts, élève l’âme et lui donne une beauté idéale. Par nos fluides, nous avons déjà des médiums guérisseurs. Quand donc ces médiums, qui guérissent le mal physique, délivreront-ils les obsédés ? Faisons des vœux pour que les applications multiples de la science d’outre terre servent à soulager les voyants obsédés que l’on enferme et qui, étant médiums, s’ils étaient instruits et éclairés, rendraient de grands services en produisant des phénomènes. Je salue avec joie les tentatives faites dans ce but et qui produisent des effets merveilleux.
L’oriental
Les possédés
Celui qui rejette à priori nos observations ressemble
à l’homme qui nierait César parce qu’il ne l’a vu ;
l’électricité, parce qu’il n’a pu tirer une étincelle de la machine
par un temps humide ; l’harmonie, parce que son oreille
est incapable de discerner une consonance d’une dissonance.
De Rochas D’Aiglun
Les personnes les plus susceptibles d’entrer en communication avec les disparus sont les médiums d’abord ; ensuite ceux qui passent de longues heures dans la solitude et la méditation, témoins les ermites de l’ancienne Eglise obtenant des manifestations prises pour des miracles ; puis les philosophes qui peuvent recevoir de belles inspirations des grandes intelligences de l’espace.
Les médiums obtiennent les phénomènes les plus divers par l’intervention des désincarnés. Je dirai que pour les personnes vivant en communauté il y a inconvénient à se trouver réunies dans le silence et la contemplation. Si l’une d’elle est médium puissant, elle sera bientôt prise et sa médiumnité se communiquera très probablement dans son entourage ; c’est ainsi qu’on a pu voir des communautés entières possédées par des « démons ». Il suffit, je le répète, qu’il y ait une seule personne prise pour que les autres puissent l’être. La médiumnité est communicable, surtout si le médium se trouve sans cesse dans le même milieu, et rien n’est plus dangereux que la médiumnité mal dirigée ou méconnue. Les couvents sont peuplés de médiums : à quelles causes doit-on attribuer les effets anormaux qui s’y produisent ?
Ces effets sont dus à ce que ceux qui embrassent la vie monastique, ayant des sentiments innés de religiosité vivent dans la solitude et le recueillement. Leur esprit, comme leur corps, étant soumis à la règle, s’accoutume à vivre dans un cercle étroit : tous les jours mêmes prières aux mêmes heures, mêmes heures de repas ; les échos du monde s’éteignent à la porte du cloître ; ce sont des êtres aussi inutiles à la société qu’ils sont inutiles au point de vue du progrès humanitaire. Tous les hommes, en venant sur la terre, apportent en eux ce but : progression et procréation ; ceux qui s’affranchissent de ces lois sont des êtres morts pour eux-mêmes ; ils restent dans un état de stagnation et sont fatalement obligés de recommencer des existences manquées. Il y a de ces êtres auxquels l’habit monastique pèse lourdement ; ils sont à l’étroit au couvent ; ils ont des crises nerveuses produites par leurs souffrances morales et physiques. Les désincarnés s’emparent facilement de ceux qui sont surchargés de fluide. C’est ce qui advenait pendant le moyen âge et qui se rencontre encore aujourd’hui. Urbain Grandier avait constaté les obsessions ; il avait entrevu les phénomènes d’incarnation ; c’était un esprit avancé. Mais, dans ces temps là, il fallait se soumettre aux dogmes ou affronter la mort ; il était dangereux d’exprimer sa pensée ! Si nous parlons d’Urbain Grandier, il faut évoquer Richelieu : si Urbain Grandier fut condamné, ce fut plutôt par haine personnelle que par ses prétendus maléfices.
Je vous ai dit que les philosophes attiraient de grandes intelligences : les médiums peuvent attirer non seulement celles de cette catégorie, mais encore des intelligences moins élevées. Dans un monastère, par exemple, quels sont les désincarnés qui peuvent se communiquer ? Ce sont ceux qui y ont vécu et surtout ceux qui y ont souffert. Dans les couvents, au moyen âge, on enfermait les possédés, on les laissait souffrir et mourir sans essayer de les soulager. Ils quittaient la terre avec un désir de vengeance qu’ils ne pouvaient maîtriser, vu leur peu de progrès moral ; ils revenaient pour l’assouvir dans les cloîtres où ils avaient passé une vie de tourments, où leurs cadavres même étaient restés enfouis dans quelque coin maudit ; les victimes étaient mortes parfois plus de vingt ans avant qu’on ne l’eût dit ! Comment voulez-vous que, devant les atrocités qui s’étaient commises sur elles, elles aient pris leurs peines en silence ! Non ! Elles revenaient, recueillant des fluides puissants dans le milieu où elles avaient vécu ; un tapage infernal révélait leur présence, et, si elles pouvaient s’emparer de ceux qui leur avaient fait du mal, elles leur faisaient subir d’affreuses crises que l’on appelait démoniaques. Du reste, ces cas ne tarderont pas à être étudiés d’une manière scientifique, car nous verrons dans l’avenir ces faits se présenter encore ; mais, la science ayant acquis plus d’autorité, les couvents étant de plus en plus ouverts aux investigations, ce que je vous dis aujourd’hui se reconnaîtra plus facilement, car ces obsessions terribles ont leurs causes et leurs effets dans les vengeances de personnes mortes torturées. Si ces faits d’obsession ne sont plus si répandus et ne se produisent plus aussi souvent qu’autrefois, ce n’est certes pas la faute des désincarnés qui voudraient venir tourmenter ceux qui habitent dans les lieux où ils ont souffert ; de plus, les religieux ont soin d’étouffer les affaires de ce genre quand elles se produisent dans leurs maisons. Les possédés de Loudun ont occupé beaucoup de chercheurs, et pourtant, mes amis, il n’y avait là qu’un phénomène d’incarnation. A Loudun, comme dans tous les couvents où des phénomènes ont été remarqués, c’étaient des désincarnés qui s’étaient emparés de quelques religieuses ; celles-ci avaient transmis leur médiumnité à un grand nombre de leurs compagnes, et la communauté avait été vite obsédée par le « démon ». Oui, des êtres jadis torturés dans le couvent s’étaient emparés de plusieurs religieuses ; ils les privaient de sommeil, ils les faisaient grimper sur des arbres, en poussant des cris d’animaux ; elles couraient demi-nues dans le cloître en prononçant des discours obscènes ; leurs attaches qu’on leur mettait étaient rompues ; il était difficile de les enfermer, car elles poussaient alors des hurlements effroyables ; le couvent devenait un grand pandémonium. Quel fut le destin de ces malheureuses ? Quelle triste fin eurent-elles ? C’est encore plus affreux à dire !… L’histoire est là pour vous l’apprendre.
Voilà quels désincarnés étaient attirés dans ces couvents, qui devinrent pour la plupart des propriétés nationales. Ces demeures recèlent encore de ces malheureux ; on y entend quelquefois des bruits terribles, et il se passe des années avant que ces êtres soient réellement convaincus que les religieux auxquels ils voulaient du mal ont disparu depuis longtemps et ne reviendront plus habiter le cloître.
Ces désincarnés arriérés se répandaient parfois dans les campagnes, dans les villages et même dans les villes, s’emparant de personnes susceptibles d’incarnations. Que faisait-on dans ce cas ? On appelait des prêtres pour exorciser les possédés. On vit quelquefois sortir des flammes de la bouche de ces malheureux à l’approche du prêtre et de son eau bénite ; ils écumaient, ils se répandaient en injures contre ceux qui voulaient les exorciser ; ils leur crachaient au visage, dans leur accès de rage ils brisaient les cordes qui les retenaient, et ils se précipitaient sur leurs exorciseurs. Il se déroula ainsi pendant le moyen âge des drames horribles ! Les possédés étaient alors réputés inguérissables ; on les enfermait dans des cachots sans air, on les y laissait mourir de faim ; parfois même, selon l’expression consacrée, on leur ouvrait les quatre veines, et on en finissait ainsi.
Que ceux qui comprennent la portée de ces choses essaient de ramener les désincarnés égarés, qui souffrent aussi de faire le mal. Si le fait de possession se présente dans votre famille, il faudra, dis-je, et le plus tôt possible, éloigner le médium du centre de ces manifestations, et, dans les séances intimes, rappeler l’obsesseur à de meilleurs sentiments.
De nos jours, les possessions sont moins fréquentes. Cela vient de ce qu’il y a moins de persécutions et que les âmes vindicatives peuvent moins facilement trouver les forces nécessaires pour rendre le mal à ceux qui les avaient fait souffrir.
Depuis que les psychistes étudient scientifiquement ces faits, ils ont vu souvent ces malheureux devenir les plus dévoués des médiums qu’ils avaient obsédés, devenir leurs serviteurs, et même des aides pour les phénomènes médianimiques.
D….y.
Obsession par amour
L’un de vos chers amis vous quitte ; il va où tout rayonne ; mais, à peine sa vue a-t-elle été éblouie, à peine son âme s’est-elle approchée des merveilles de l’espace qu’il se souvient !… Son cœur lui rappelle qu’il aime sur la terre, qu’il a laissé des êtres chers, et les clartés qui l’entourent n’empêchent point qu’il songe au passé, à ceux qui luttent encore, qui pensent à lui, qui l’aiment et le pleurent. Alors, emporté par l’amitié, par l’amour, celui qui contemplait une aurore resplendissante recherche l’ombre de cette petite planète où il a laissé des êtres avec lesquels il doit compléter son harmonie. Il abandonne le brillant séjour, il revient sous le toit où il occupait une place jadis, il veut revivre de la vie de ses bien-aimés ; il se fait le gardien de la maison, le génie qui rappelle la joie et parfois même la prospérité au foyer où on le pleure. Cependant, cet être ressent une forme d’angoisse auprès des siens ; il les voit aux prises, soit avec de nombreux besoins matériels, soit avec des souffrances physiques, soit avec des inquiétudes d’avenir. S’il n’écoutait que son amour, il emporterait ses bien-aimés pour les soustraire aux vicissitudes de l’existence terrienne.
O mes chers amis, qui revenez à vos familles, apportez-y la consolation, l’espérance ! Préparez-y les joies du doux revoir, mais gardez-vous de trop appeler les incarnés qui doivent encore travailler ici-bas, qui ont encore de grandes responsabilités, de grands devoirs à remplir envers ceux qui vivent avec eux. Disparus de la terre, qui revenez visiter vos familles, gardez-vous, gardez-vous de trop rester auprès d’eux qui vous regrettent tant et qui ont des tendances à se laisser aller, à se laisser emporter vers l’autre rive. Vous voudriez les avoir, ces bien-aimés ; mais, en leur révélant le bonheur que vous avez entrevu, gardez-vous, gardez-vous de donner prise à cette force d’appel sur ceux qui vous aiment, car vous les entraîneriez aux dépens de leurs devoirs ; vous leur feriez manquer leur but en les empêchant d’accomplir leur tâche. Ainsi, toi enfant, qui nous a accompagnés ici, et qui a laissé sur la terre une mère adorée, souviens-toi de ces paroles ; lorsque tu t’approches d’elle, baise ses cheveux sur lesquels est tombé non la neige des ans, mais la neige de la douleur, et fais qu’elle rêve moins à toi ; ne la hante pas nuit et jour, laisse-la à sa tâche, car tu l’entraînes malgré toi, et elle va à toi malgré elle ; isole-la plutôt de tes fluides qui la pénètrent trop, qui l’arrachent à la terre ; et même, éloigne-toi d’elle s’il le faut, pour que, t’oubliant par instant, elle pense un peu plus à ceux qui restent ; pour qu’elle se souvienne qu’elle doit être courageuse, ne pas se laisser abattre, que la route est encore longue à parcourir et que beaucoup d’épines entraveraient sa marche si elle manquait de force morale. Enfin, soutiens ta mère. Si c’est elle qui t’attire le plus, ne va point constamment l’entretenir de toi dans ses rêves ; car, si ces entretiens se prolongeaient, elle te suivrait bien loin, bien loin, et pourrait ne plus revenir.
O mes amis, que ces paroles ne soient point perdues, car beaucoup de désincarnés et d’incarnés s’entraînent ; il arrive que des êtres dont l’existence est précieuse sur la terre s’en vont comme emportés par le chagrin, cela est souvent un malheur. Amis ! Vous qui savez, veillez sur ceux qui restent ; retenez-les sur cette petite terre où les séparations servent à l’avancement.
D….y
Le chasseur de chamois
Ballade
Rien n’est trop merveilleux pour être vrai si
cela est conforme aux lois de la nature ; et,
dans des matières comme celles-ci, l’expérience
est la meilleure pierre de touche de cette conformité.
Morgan. Professeur, mathématicien, logicien
Repose-toi, ma chérie ! Ferme tes beaux yeux, n’aie plus de crainte ; nous sommes sauvés ! La tourmente est passée ; dors tranquille.
Les mugissements de la tempête ont cessé, mais les avalanches qui se sont précipitées des montagnes ont englouti les villages environnants ; les neiges tombées depuis de longs mois ont amené la famine, il ne nous reste plus rien !… Mais notre amour nous rend forts de courage. Le vent ne siffle plus entre les pointes aiguës des rochers ; je veux partir pour les glaces de l’Est : peut-être quelque chamois s’aventurera-t-il hors de son gîte et tombera sous la charge de ma carabine ? Dors tranquille, je pars confiant, je reviendrai chargé d’un précieux butin.
Ne t’en va pas, lui dit-elle, je n’ai plus faim, je n’ai plus froid. Reste ! Peut-être demain pourras-tu aller dans quelque village demander des secours puisque la tempête a cessé. Nous ne sommes plus enfermés dans la neige, car la gelée la durcit.
Non, je dois partir, ma chasse sera fructueuse.
Reste !… reste !
Mais le chasseur partit. La pensée de sa bien-aimée ne le quittait pas. Il se reprochait les souffrances qu’elle avait partagées avec lui depuis leurs épousailles ; il l’avait amenée dans la montagne, où elle vivait solitaire ; mais combien ils aimaient cette solitude, dans laquelle semblait grandir leur amour !
Un calme solennel donnait à l’âme, devant cette immense étendue de neige, la sensation du vide. Par moment, le chasseur s’en effrayait. C’est pendant le calme, se disait-il, que les avalanches les plus épouvantables se produisent. Une vibration dans l’air, un choc lointain, un vol d’aigle sur les sommets peut provoquer les plus grands désastres pour les habitants des vallées. Et il eut conscience de sa témérité, il sentit le danger d’une hardiesse imprudente ; quelque chose lui disait : reviens sur tes pas, prends garde ! En bravant le danger tu l’appelles !… Il resta un instant hésitant ; mais l’intrépide coureur des montagnes dont les jambes étaient alertes et le corps endurci à la fatigue, le chasseur qui avait tant vu d’autres mauvais temps devait-il abandonner sa chasse ? Que de fois il avait rapporté des vivres pour longtemps par la grosse bête chargée sur ses épaules…
Il montait toujours. Le danger devenait imminent ; soudain, devant lui, se dresse un jeune chamois. Il épaula prestement avec une inexprimable joie et l’abattit !
Horreur ! La détonation avait déplacé un flocon de neige suspendu sur l’abîme. Le flocon roula, grossissant. Pris dans la tourmente de neige, le chasseur fut précipité dans l’abîme : son linceul fut de neige, son cercueil de glaçons !
A ce moment, la jeune femme s’éveilla en poussant un cri d’épouvante : elle avait vu rouler dans le gouffre son époux emporté par l’avalanche. Elle partit aussitôt, trouvant des forces dans son amour. Quelque épuisée que soit une femme qui aime, ses forces sont centuplées en de pareils moments ! Elle marcha vers les glaces de l’Est, elle reconnut des traces de pas, et elle les suivit, éperdue, appelant son bien-aimé de toutes ses forces. Sa voix répercutée par tous les échos n’éveilla aucun écho de la voix appelée. Elle marcha longtemps, affolée, suivant toujours les traces de pas, puis s’arrêta, cria plus fort ; elle eut des accents déchirants. Tout à coup, près d’elle sur la neige, elle vit apparaître son bien-aimé lui souriant. Il lui parla en restant immobile. Elle alla à lui, chancelante, elle sentit qu’il la prenait dans ses bras et qu’elle tombait dans le gouffre avec lui.
O destinée ! Ils furent ensevelis dans le même suaire et reposent tous deux sous les mêmes glaçons. Sur leurs corps enlacés dans la mort, la neige a fait l’oubli ; mais ils vivent maintenant sous le soleil de l’amour, ils sont réchauffés par ses rayons, et, si leur pensée descend sur la terre, c’est pour se dire :
La terre, c’est la froidure, c’est le linceul du passé. L’espace, c’est le perpétuel, l’éternel devenir : l’Amour.
Charlotte Chazarain
Troisième série
Principaux phénomènes médianimiques
Vraiment, il est temps de prendre souci de ces nobles problèmes.
Ch. Richet
Ce n’est pas faire preuve de sagesse que de
se refuser à examiner des phénomènes parce
que nous croyons être sûrs de leur impossibilité.
Cte de Rochas d’Aiglun
Eclaircissements sur quelques phénomènes médianimiques
Nous estimons que le devoir étroit de la
science est de sonder tous les phénomènes.
Eviter le phénomène, lui faire banqueroute
de l’attention à laquelle il a droit, c’est
faire banqueroute à la vérité.
Victor Hugo
La plupart des hommes de génie qui ont
enrichi la science se sont vu traités de
charlatans, d’imposteurs, ont été persécutés
et quelquefois mis à mort.
Ch. Lafontaine - L’Art de magnétiser
Nous vous écoutons lorsque vous discutez notre manière d’agir sur les médiums ; nous sourions lorsque vous émettez l’opinion d’un savant qui expliquait certains phénomènes par le magnétisme d’une partie du cerveau sur l’autre et autres choses similaires . En ce qui touche les phénomènes médianimiques et sans vouloir pour cela vous déterminer à différer vos recherches de ce côté, nous vous dirons que les causes qui rendent possibles ces manifestations, ou qui les empêchent, sont tellement complexes, que les hommes de science de vos jours sont encore loin de pouvoir les élucider, et même ceux qui leur succéderont tarderont longtemps encore à préciser scientifiquement l’action des phénomènes obtenus par notre intervention.
Il en est une grande quantité parmi nous qui produisent des phénomènes sans savoir eux-mêmes comment ; ainsi que sur la terre, par un vice de constitution, il arrive à un incarné d’avoir six doigts au lieu de cinq, d’avoir enfin, sans en comprendre la cause, n’importe quelle chose anormale, ainsi certains d’entre nous pourront produire d’étranges phénomènes en s’approchant d’un médium ; sans s’expliquer eux-mêmes pourquoi ils sentent de la chair terrienne se former sur leurs doigts fluidiques, ni comment avec ces doigts ils peuvent agir sur des choses matérielles, absolument comme vous ou moi qui sommes en ce moment dans un corps humain. Il y a des désincarnés qui, considérant cela comme un emprunt gênant, se garderont bien de s’approcher d’un médium, ce qui entraverait les mouvements de leurs organes fluidiques instantanément transformés.
Ce sont souvent des désincarnés peu éclairés qui sont chargés des phénomènes physiques ; c’est leur lot parce qu’ils ont gardé plus de forces terriennes. Les intelligences supérieures ont une grande difficulté à prendre les fluides terriens parce que la composition des zones de l’espace qu’elles habitent est trop différente de celle de la terre, tandis que les désincarnés qui vivent près de la planète touchent plus habilement ses fluides ; subissant encore leur influence, ils peuvent mieux se les assimiler pour produire des phénomènes tangibles, mais tout cela est subordonné aux facultés des médiums, à la présence de certains métaux ou de certains végétaux, qui permettent de produire différents effets . Je vous présente la chose sous l’une de ses mille faces ; d’autres correspondants de l’espace viendront en temps et en lieux pour augmenter les données que vous possédez. A chacun sa tâche ; à chacun d’apporter au moment voulu sa pierre à l’édifice.
Généralement, lorsque nous nous approchons d’un médium, nous cherchons en lui le point sensible qui nous servira d’intermédiaire ; ce peut être sa main droite, ce peut être sa main gauche, ce peut être aussi son cerveau seul, surtout lorsqu’il s’agit de la médiumnité intuitive ; pour les incarnations, c’est la possession entière et complète qu’il nous faut. Nous reconnaissons au moindre contact le point qui nous sert d’intermédiaire parce que, immédiatement et en bien moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous ressentons en nous la force de prendre la main de notre interprète pour la faire agir selon notre volonté, de nous emparer des facultés de son cerveau et de les faire jouer à notre gré, absolument comme le compositeur de musique traduit sa pensée par les notes du clavier qu’il touche.
Lorsque le médium est intuitif, il ressent l’intervention de l’invisible, il l’entend, il est saturé de sa pensée, et les médiums de ce genre disent : « J’entends en moi. » ils ne savent pas au juste si c’est à la tête, à l’oreille ou à l’épigastre que la sensation des mots dits par l’invisible se produit. Nous, nous vous disons que celui qui se manifeste agit plutôt sur le centre nerveux, d’où la sensation monte au cerveau et se traduit par la parole ou l’écriture.
Les médiums qui ont la faculté auditive entendent parfaitement nos voix ; ils peuvent rendre nos paroles avec une fidélité parfaite. Une bonne médiumnité est très rare.
La médiumnité mécanique doit être surtout très appréciée, car, si nous arrivons à conduire facilement la main du médium et à lui donner une grande habitude d’écrire, il pourra servir d’intermédiaire aux grandes intelligences de l’espace et écrire une œuvre plus sûrement dictée par elles.
Lorsque le médium écrit mécaniquement, sait-il ce qu’il écrit ? Il va trop vite presque toujours pour le savoir immédiatement. D’un autre côté, sans qu’il dorme le moins du monde, son esprit est sous le coup d’une certaine pesanteur ; ses yeux sont voilés, et, tout en ayant conscience de lui même, il est néanmoins sous une domination invisible qui agit par un de ses membres.
Les médiums à incarnations, eux, sont particulièrement recherchés par les intelligences qui ont une œuvre philosophique ou une série d’enseignements à donner à la terre.
Si vous nous demandez les secrets multiples de ces lois… (il s’arête parce qu’une porte en s’ouvrant coupe ses fluides). Ah !… on m’a pris mes fluides (silence) .
Si vous nous demandez, dis-je, d’une manière absolument détaillée, comment les phénomènes sont produits par nous, eh bien ! Croyez-le, il en est beaucoup d’entre nous, de très avancés, qui vous répondraient : Mais nous faisons cela tout naturellement, par habitude, par besoin même, comme vous respirez sans que la pensée ait la moindre intervention dans cet acte. Que de choses vous faites ainsi dont le pourquoi vous serait excessivement gênant à définir. Si nous nous faisions mutuellement la même question, nous serions également embarrassés pour répondre.
Gall
Les médiums intuitifs-auditifs sont gastro-auditifs ; ils entendent par l’estomac ; il y en a qui se bouchent les oreilles pour mieux entendre. Les autres médiums sont comme magnétisés par les invisibles.
Molière
Quand nous voulons vous apporter des fleurs, nous prenons des fluides de la main du médium, et nous allons quelquefois bien loin cueillir celles que nous apportons. Remarquez bien qu’elles ne sont jamais coupées, nous ne pouvons que les casser .
Nous obtenons les parfums que nous vous faisons respirer par des moyens bien difficiles à vous faire connaître. Nous trouvons en nous la faculté d’emmagasiner des parfums pris dans la nature et la force de vous les apporter.
Lermon
Note. « Les fleurs que nous vous apportons ne sont jamais coupées », dit Lermon. A l’appui de cette assertion, je cite un phénomène rapporté par Papus dans une de ses conférences. Dans une séance à matérialisations, une main fluidique de femme remit des chrysanthèmes dans les mains de M. de X., son mari. Mme de X. lui dit aussi par le médium à incarnations qu’elle les avait cueillies sur sa tombe ; M. de X. partit immédiatement pour vérifier ce fait, il habitait la province. Les tiges furent parfaitement rajustées, M. de X. m’a confirmé cela lui-même.
Ce phénomène me rappelle celui obtenu par Melle Psorulla chez M. Léon Favres, un jour de fête de Garibaldi. Un de nos familiers invisibles, se donnant le nom d’Alfonso, alla chercher à Nice, à la prière de M. Favres, un bouquet de fleurs d’immortelles attaché par un ruban aux couleurs nationales italiennes, et pris dans une guirlande décorative. Ce bouquet ayant été pris tout fait, ce n’est pas l’extra terrien qui a coupé les immortelles.
Note. Les extra terriens peuvent fabriquer eux-mêmes les objets qu’ils apportent : Ainsi, par le même médium, Alfonso nous fit présent d’une perle en pierre brune façonnée par lui-même séance tenante. Il s’excusa de n’avoir pu achever un côté de la perle, les fluides lui ayant manqué.
Note. Citons encore quelques mots du docteur Edmond Dupouy sur les explications de Lombroso touchant les phénomènes médianimiques ; « Mais, si ce que dit le docteur Lombroso explique comment la matière peut être animée d’une force consciente par la transmission de la pensée d’une seule personne au médium et par la transmission de cette pensée en mouvement par l’encéphale de celui-ci, on ne peut comprendre comment une idée, un jugement, un acte intellectuel peut se manifester quand cette idée, ce jugement et cet acte n’ont pu être conçus ni par le médium, ni par aucune des personnes présentes. Et ce phénomène a été très souvent observé par nous et d’autres expérimentateurs. »
Avis de nos correspondants de l’espace
Une bonne expérience est plus précieuse que
l’ingéniosité du cerveau, fût-ce celui de Newton.
Sir Humphrey Davy
Nous avions préparé quelque chose que vous n’aurez pas, à notre grand regret; nous aimons tant à vous faire plaisir ! Mais cependant, à une condition : c’est que vous soyez réunis avant l’heure de la séance pour que nous puissions être avec vous avant de nous manifester.
L’un de nous était tout prêt ; il vous attendait, et il a le regret de devoir garder pour plus tard ce qu’il comptait vous donner aujourd’hui .
Fénelon
Commencez toujours à l’heure convenue ; nous apportons des fluides qui se dispersent pendant l’attente, et le médium est très difficile à prendre quand l’heure est passée.
Charles N.
Vous me négligez, vous m’oubliez au milieu des petits soins de votre monde. Les jours de séance obscure, le médium se fatigue outre mesure, et sa surexcitation rend mes efforts très pénibles. Vous me faites attendre quand j’implore une simple réunion de famille, très importante pour vous. Vous ne tenez point compte de la peine que mes efforts me coûtent ; ainsi privé de votre ardent désir, vous me mettez comme dans une machine pneumatique, je ne peux marcher dans l’inconnu, dans le vide.
Je ne veux pas qu’un magnétiseur entre ici (au médium). Soumets-toi sans raideur, sans crainte (le médium avait peur de l’invisible et se croyait moins en péril avec un magnétiseur). Nous ferons, en famille, un essai de magnétisme. Cet essai, je voulais le tenter ce soir, mais vous m’avez trop fait attendre ; vous ne vous doutez pas de la peine que cela me coûte.
Molière
Note. Ces communications, données par différents médiums, qui pour la plupart ne se sont jamais connus, prouvent que dans tous les groupes et toujours, la régularité est une condition essentielle.
Une visite à la famille
Qu’on n’exige pas des preuves absolues, irréfutables ;
il ne saurait y en avoir pour des phénomènes
qui ne dépendent pas de nous ou qui ne se
produisent que dans des circonstances non encore déterminées.
Colonel de Rochas - Les Etats profonds de l’hypnose
Que de questions vous me faites ! A bien des choses je n’ai pu répondre qu’évasivement. Je suis sur un champ de travail, je laboure le sillon ; comment voulez-vous que je vous apporte des graines, des fleurs et des fruits ?
Le passé ne doit plus être le mystère pour moi ; mais je ne suis pas encore entrée en complète possession de ce passé, si long déjà ! Encore une fois, laissez-moi me recueillir. En suivant la trace de mes pas vers le lointain de mes jours terrestres, je retrouve ici des facultés de tragédienne, d’un autre côté et bien loin des premiers lieux, je me vois tenant une lyre de poète, ma lyre endormie ! Plus loin, je vais chercher la trace des jours où je vécus sur la marche d’un trône ; puis je me vois mère de famille ; enfin, dans d’autres milieux, où je mourus, enfant ou jeune fille. Maintenant, ce n’est plus la vie de votre enfant Charlotte qui se résumera en moi ; ce sera une quantité d’existences qui feront de moi un être tout différent ; mais chers parents, chers frères, chères sœurs, ce sera toujours la petite Charlotte qui viendra à vous ; la tragédienne se traduira par Charlotte, le poète chantera aussi par elle.
Charlotte Chazarain
Note. Il résulte dans cette communication qu’il ne faut pas faire de questions. Les questions nuisent surtout au recueillement de l’être récemment désincarné et l’empêchent de voir clair en lui-même.
Ce que devient le moi du médium pendant l’incarnation ou la
matérialisation médianimique
Pendant les phénomènes, le médium dégagé reste dans la pénombre, ou bien il va dans l’espace, s’il y est attiré.
Lermon
Les médiums souffrent quelquefois. Leur corps se convulsionne par l’entrée d’un être malheureux ou d’un périsprit imprégné de maladies affreuses. Ils souffrent aussi d’être séparés de leur corps qui leur est pris et qui est leur propriété, leur demeure, après tout ; une sorte de crainte produite par l’instinct de la conservation les fait lutter parfois contre une prise de possession par le sommeil médianimique.
Héroan
Vous demandez pourquoi le corps du médium ne meurt pas quand son Moi a fait place à une autre intelligence qui veut se communiquer : C’est parce que, pendant le sommeil médianimique, le périsprit ne quitte jamais complètement le corps.
Si l’âme du médium, l’esprit ou l’intelligence, comme vous voudrez, peut, pendant le sommeil magnétique se dégager, et même s’en aller bien loin dans l’espace, le périsprit, lui, ne se détache pas complètement du corps. Il est le lien, le lien vital, si on peut s’exprimer ainsi, qui relie l’âme au corps, même dans les moments où elle s’en dégage absolument. La traînée phosphorescente qu’aperçoivent alors les personnes à médiumnité voyante très développée, n’est autre que l’allongement du périsprit.
C’est parce que le périsprit ne quitte pas complètement le corps du médium qu’on peut faire tant de mal à un sujet en agissant brutalement ou imprudemment pendant son sommeil.
Ca…….r.
Note. Ces communications ont été obtenues par des médiums n’ayant pas de rapport avec eux.
Difficultés de l’incarnation médianimique
Il est excessivement difficile à ceux qui se sont envolés dans l’espace de revenir à vous et de s’incarner immédiatement dans tel être ou dans tel être qui obtient ou pourrait obtenir des incarnations médianimiques. Bien des disparus désirent pouvoir s’incarner, se présenter à ceux qu’ils aiment, pouvoir exprimer leur affection et leur certitude de les retrouver dans une vie plus heureuse. Souvent, beaucoup trop souvent, hélas ! le corps dans lequel ils voudraient entrer n’ayant aucune ressemblance fluidique avec le périsprit, ils ne peuvent y donner d’incarnation ; nous les voyons souffrir et exprimer leurs regrets de ne pas rencontrer le médium ayant l’aptitude nécessaire.
Il existe des êtres fluidiques en si grande quantité que vos chiffres ne pourraient jamais arriver à en marquer le nombre. Tous ces êtres vont et viennent dans l’immensité, s’arrêtent sur les planètes qui se peuplent et y étudient pour leur progrès. Ces voyageurs seraient bien heureux s’ils pouvaient vous dire ce qu’ils voient au delà de la terre. Sur vous, humains, qui vivez sur une planète inférieure, les habitants des hautes sphères laissent tomber en passant une parole de charité, une parole d’encouragement qui vous entraîne. Oh ! Que ne peuvent-ils vous en donner davantage pour alimenter votre soif d’idéal ! Que ne peuvent-ils vous tracer, vous dépeindre, ne fusse qu’à grands traits, les tableaux éblouissants qui s’offrent à leur vue ! Que ne peut-on vous apporter ces enseignements de l’espace ; ces connaissances qui éclaireraient votre intelligence et vous feraient marcher plus vite vers les régions qui seront un jour l’apanage des travailleurs ! Oh ! Pourquoi, pourquoi ne pouvons-nous vous instruire comme nous le voudrions !
Parce que, enfants de la terre pétris de l’essence de cette planète, votre âme s’est fait un vêtement, une substance de ce limon ; les beautés innombrables du monde astral sont cachées à votre esprit retenu prisonnier dans ce vêtement de chair.
Frères de la terre nous vous aimons ! Et, si nous ne pouvons apporter tout ce que nous donnerions avec tant de bonheur, s’il nous est difficile de prendre, même pour un instant fugitif, le corps de limon qui n’a pas été fait pour nous, ah ! Sachez-le, c’est une souffrance pour notre cœur. Mais pour vous dire, aimez-vous, croyez à l’éternité de la vie, pour vous le dire bien haut et pour vous en donner la preuve, nous venons, malgré les difficultés que nous rencontrons, nous venons prendre une enveloppe de la terre ; nous venons vous encourager, hélas ! Sans être toujours compris ! C’est pourquoi l’on peut dire : « Il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. »
Héroan
Il est aussi difficile de prendre un médium nouveau que d’aborder un monde nouveau.
C. M
Mes chers amis, lundi dernier le cerveau du médium se trouvait tellement inharmonique, qu’il nous a été impossible de bien nous communiquer. Aussitôt entrés dans le médium, nous ne savions plus ce que nous venions vous dire. Charlotte a pu cependant vous donner quelque chose parce qu’elle était particulièrement soutenue par vos fluides. Elle a composé une ballade en prenant certaines choses de ses existences passées ; mais elle s’est très mal communiquée, le cerveau qu’elle occupait ne lui permettant pas de mieux faire.
Oui, dans plusieurs incarnations, Charlotte s’est appelée Marguerite . Quant au dernier point qui touche le Vengeur, sa ballade a été réellement vécue par une personne de sa famille spirituelle dont le bien-aimé est mort sur ce vaisseau. Vous savez que les êtres, en se réincarnant, s’unissent pour la terre et se trouvent ainsi participer ensemble à quelque grand événement. Il arriva justement que sur le Vengeur plusieurs combattants étaient de la famille sidérienne de Charlotte ; la jeune fille dont il est question est aussi de cette famille.
Eliam, grand prêtre de l’inde antique
La ballade dont il a parlé n’a pas été conservée.
Mes amis, je suis l’abbé Grégoire. Je viens reconnaître combien j’ai été filandreux l’autre soir. Je ne trouvais plus de mots, plus d’expressions, plus rien ! Le cerveau du médium était tellement désorganisé, qu’il n’y avait guère moyen de nous en servir.
L’abbé Grégoire
Sa communication n’a pu être écrite.
Note. Par ce que disent Eliam et l’abbé Grégoire, le lecteur comprendra combien les manifestations sont parfois difficiles, et il comprendra aussi que le médium n’est que l’intermédiaire et non l’agent.
La folle
Poésie
Une femme qui, pendant sa dernière incarnation, est devenue folle en voyant se noyer son enfant, veut se communiquer et ne le peut. Marie d’Alési, qui l’a amenée, s’incarne à sa place dans le médium et interprète sa pensée par les vers suivants :
Flots toujours irrités, toujours battant la plage
Je lutte contre vous, avec force, avec rage !
Je saurai bien vous fatiguer.
Et puis vous parlerez de l’horreur de vos crimes ;
Vous me rendrez raison des milliers de victimes
Que sur l’écume on voit voguer.
Je vous commanderai de quitter ces rivages,
De fuir loin de ces bords témoins de vos ravages,
Reculez ! Ayez peur de moi !
Je vous portai des fleurs et vous fis des caresses…
C’était pour mon enfant, ces bouquets, ces tendresses ;
Vous fûtes sourds à mon émoi !
Arrière, flots maudits ! Allons ! Faitesmoi place !
Que je coure à l’abîme y rechercher la trace
De mon chérubin adoré.
Rendezmoi mon enfant et rendezlui sa mère !
J’entends souvent sa voix sortir de l’onde amère.
Pitié pour mon cœur éploré !
Mais vous n’écoutez point mes plaintes, ma prière
Mes supplications, les larmes d’une mère,
Car tous les jours, depuis trois ans,
Je viens vous demander ce trésor de ma vie,
Qu’il vous plait de garder, par haine ou par envie,
Sur vos récifs et vos brisants.
Flots toujours irrités, toujours battant la plage
Je lutte contre vous, avec force, avec rage !
Je saurai bien vous fatiguer !
Et puis, vous me rendrez, vaincus par ma constance,
Cet enfant, mon amour, mon unique espérance,
Que sur l’écume on voit voguer.
Marie d’Alési
Loi d’oubli
La science, c’est la religion de demain.
Emmanuel Vauchez
On s’incarne quelquefois dans les plus pénibles existences. Pour revenir sur la terre dans une mauvaise situation, fautil perdre la grandeur acquise précédemment ? Ce point est très important à élucider. Lorsque vous vous réincarnez, tout s’efface. L’oubli du passé est complet. Il le faut, sans cela vous n’auriez pas l’esprit libre. En revenant dans l’espace, vous revoyez les existences précédentes, à moins que, ayant été audessous de votre tâche dans les dernières incarnations, vous ne vous soyez mis un voile sur les yeux.
A ce sujet, pouvons nous établir une comparaison entre la réincarnation qui peut durer trente, cinquante, cent années, et l’incarnation momentanée qui se produit par l’intermédiaire d’un médium ? Oui. Vous oubliez, vous ; et nous, lorsque nous venons vous parler par un enfant de la terre, nous ne nous souvenons que d’une seule existence : celle que nous venons vous représenter ; c’est à dire que nous sommes l’homme d’une seule vie. L’on n’est bien voyant de son passé que lorsqu’on est dégagé des fluides de la terre et qu’on domine les existences, comme le berger, du haut de la montagne, domine les pas qu’il a fait pour la gravir. Par un médium à incarnations, un être de l’espace ne peut rappeler qu’une existence à la fois, avec le caractère, les défauts et les qualités qu’il avait alors.
Combien de temps un extra terrien reste-t-il dans un médium ? Relativement peu ; mais il a la faculté de représenter successivement plusieurs de ses incarnations par le même médium. En ce dernier cas, on constate souvent chez l’extra terrien l’oubli de telle ou telle incarnation qu’on lui connaît. Il se présente seulement et intégralement dans une seule de ses existences terrestres. Il faut ajouter même que, pour reconnaître la présence d’un disparu désiré par vous, il y a nécessité absolue que le langage, l’attitude, la manière d’être générale offre le caractère d’identité voulu ; même certains défauts inhérents à la personne dans l’incarnation où elle se manifeste, achèveront la conviction de la persistance de l’individualité après la mort du corps. Si, au contraire, un extra terrien se présentait avec une élévation, le fruit de tous ses travaux antérieurs, et qu’il vous parût tout autre que vous ne l’avez connu, il est certain que les doutes s’élèveraient en vous sur la véracité du phénomène, et vous n’arriveriez pas à la conviction cherchée.
En quittant le médium après une incarnation pour y entrer à nouveau afin de se produire dans une autre existence, l’extra terrien aura oublié l’incarnation précédente ; souvent, en se manifestant par des médiums différents, il ne se souvient plus, par le cerveau du second, de ce qu’il a dit par la bouche du premier.
Pourquoi cet oubli ?
Parce que la loi de réincarnation fait qu’on oublie pour un instant comme pour un siècle.
Cependant il y a des supra terriens assez avancés pour conserver pendant une incarnation médianimique des réminiscences de quelque autre incarnation. Quelquefois un habitant de l’espace, après s’être fait reconnaître, en prenant possession d’un médium dans l’incarnation où les assistants l’ont connu, pourra par une réminiscence instantanée et puissante, parler d’un passé ou il jouissait de facultés qui étaient endormies dans l’incarnation qu’il venait représenter ; son langage s’élèvera alors, et on reconnaîtra en lui, en même temps que le parent ou l’ami, l’esprit avancé, l’intelligence supérieure ne s’exprimant pourtant que dans un langage à la portée des assistants, car le langage d’un être élevé dans l’espace ne peut être traduit dans aucune langue de la terre.
Il y a là des expériences à faire.
Un grand esprit se transfigure pour reprendre l’incarnation la plus harmonique avec ceux qui l’évoquent ; il se retrouve l’homme du passé, pour un instant seulement, mais dans sa personnalité intégrale.
En ce qui concerne spécialement l’oubli pendant le phénomène d’incarnation médianimique, on remarquera qu’un désincarné appelé à deux endroits différents presque en même temps et après entente des évocateurs, tout en donnant chaque fois des preuves d’identité incontestables, ignorera souvent son incarnation d’il y a quelques instants, effectuée dans un autre lieu, et ce qu’il y a donné comme indice de sa personnalité ; mais l’extra terrien, dégagé des fluides qui ont servi aux diverses manifestations, retrouve, revoit immédiatement ses manifestations dans les deux endroits où il a été évoqué.
Tout ceci vous prouve que l’existence réelle est de l’autre côté de la vie planétaire et que l’état terrien est transitoire. C’est dans cet état que vous devez étudier pour élargir et enrichir votre esprit par les connaissances que vous ne pouvez acquérir en grande partie qu’au moyen du vêtement de chair. L’incarnation présente, c’est la matière plus dense qui s’est appliquée sur votre périsprit ou corps astral ; c’est un voile épais jeté sur vos souvenirs.
Ce n’est pas une seule existence qui fait le grand esprit, ce n’est pas seulement l’avancement en science qui donne la lumière, non ! C’est l’amour qui vous fait grands, et ceux que vous voyez les moins bons sur la terre, sont les plus jeunes en esprit, c’est à dire ceux qui ont le moins vécu.
Lorsque l’esprit d’amour redescendit sur la terre, il voila toute sa grandeur, toute sa sublimité ; il étudia beaucoup, il étudia longtemps pour développer la sagesse qu’il avait néanmoins apportée avec lui, et ses grandes facultés reparurent. Il entendit des voix, il eut la révélation, il fut grand voyant, il attirait de l’espace des fluides puissants qui transformaient même la matière ; il régénérait les cœurs, comme il redressait les membres courbés par un vice de la nature. Par quelle force opérait-il ces merveilles ?
Par l’amour.
Aimez, aimez avec nous. Nous venons au milieu de vous par amour, et nous nous grandissons en vous éclairant.
Çakya-Muni
Ressouvenirs
En s’emparant d’un médium, les habitants de l’espace qui viennent se communiquer ne représentent qu’une seule de leurs incarnations, ils oublient toutes les autres ; mais les instructeurs, ceux qui viennent de l’au-delà après s’être habitués au mécanisme du corps d’un médium, peuvent y entrer en apportant par l’habitude et vu le peu de temps qu’ils y restent, le souvenir des incarnations antérieures. Ce souvenir peut-il être beaucoup plus étendu, plus complet, que les réminiscences que vous avez vous-mêmes lorsque vous sentez que dans le passé vous avez pu être ceci ou cela ?
Maintes fois, vos amis d’extra terre ont parlé par leurs médiums de leurs existences antérieures ; donc ils peuvent, se souvenir du grand passé.
La science d’outre-tombe ne peut-être et ne sera établie dans l’avenir, comme elle le fut dans le passé, que par les médiums, parce que les faits médianimiques seront la consécration des théories présentées par nous, vos correspondants de l’espace, qui nous sommes déjà communiqués dans les divers cercles où l’on garde et publie nos communications. Pour établir cette science, il faut des phénomènes. Nos théories paraissent très belles, très engageantes sans doute, mais il faut des faits probants et nous voulons justement prouver que la mort n’existe pas ; nous développerons les médiums de l’avenir à un tel point que chacun pourra parler avec les êtres disparus de la terre pour les voir, les reconnaître et s’entretenir avec eux de la manière la plus correcte et la plus facile.
Nous cherchons à nous manifester et désirons pouvoir le faire en nous rappelant nos incarnations diverses, en nous rappelant même l’acquis du passé. Supposez, par exemple, que l’un de vos proches parents se désincarne. Il se manifestera d’abord tel que vous l’avez connu, puis, après la communication qui lui aura permis de prouver son identité, entrant dans le caractère de l’une de ses incarnations supérieures , il prendra ses grandes envolées, vous initiera aux splendeurs de l’espace, il vous parlera des jours où vous avez vécus ensemble, il vous citera les anecdotes les plus variées, les plus attachantes de cette chaîne d’existences passées avec vous.
Oui, lorsque l’extra terrien viendra vers le lieu où vous vivez, vos luttes, vos épreuves, vos douleurs ou vos bonheurs les plus purs, en s’emparant des fluides de la terre, il redeviendra presque homme ; son rayonnement se rencontrera un instant pour entrer dans le médium, et, quand il aura repris pour un moment la robe de la terre, il sentira à nouveau son individualité terrestre, et ses fluides puissants se répandant par le médium, pourront produire maintes manifestations, guérir même les souffrances physiques. Les médiums à effets physiques sont presque toujours à l’état d’incarnation lorsque ces effets se produisent, et le médium guérisseur, par le fluide que nous lui donnons, sent en lui comme une espèce de possession.
Nous répétons que l’extra terrien, en se familiarisant avec les phénomènes, doit finir par retrouver son passé, bien qu’il soit dans un médium. Ainsi les faits médianimiques sont appelés à produire cette chose admirable que l’habitant de l’espace, en s’incarnant momentanément, puisse voir son passé, le voir atténué sans doute, mais le sentir, le posséder, en avoir le souvenir complet, comme, dans l’au-delà où il plane, il voit par ses propres yeux toutes les traces que ses pas ont laissées sur la terre et dans d’autres mondes.
La science d’outre-tombe est inépuisable en découvertes ; elle fera que les disparus, en se communiquant par les mêmes médiums, s’accoutumeront à conserver le souvenir de leurs incarnations, comme celui des choses qui frappent leur vue dans l’espace ; et les hommes arriveront à l’initiation des lois universelles ; ils arriveront à connaître la vie, la manière d’être de tout ce qui est vécu par les intelligences supérieures dans leur pénétration des choses qui constituent l’ameublement de cet immense espace toujours se déroulant à nos yeux émerveillés.
L’oriental
Des matérialisations médianimiques
Je suis revenu de cette séance (médianimique)
aussi émerveillé que je puisse l’être,
persuadé qu’il est tout à fait impossible que
le hasard ou l’adresse puisse jamais produire des effets aussi merveilleux.
Robert Houdin, prestidigitateur - Lettres à M. de Mirville
Dans peu de temps vous ne me verrez plus,
et peu de temps après vous me reverrez.
Jean, XVI, 16
Il y a plusieurs genres de médiums à matérialisations, classons-les.
Dans la première catégorie, nous plaçons ceux qui nous prêtent leur périsprit, que nous promenons comme s’il était le corps même du médium. En ce cas, le médium perd une très grande quantité de fluides qui peuvent se réorganiser à nouveau en dehors d’une cage, d’un treillis aussi fin qu’il soit ; les molécules vivantes sont détachées du corps du médium, qui perd de son poids et vont s’attacher au périsprit dégagé, de sorte que le plus souvent on pourrait croire, surtout au début du phénomène, que c’est le médium lui-même qui apparaît.
Si vous ne voyez que le visage fluidique du médium ou celui d’un autre être sur sa face, ce n’est pas moins un habitant de l’espace qui se présente à vous après que les fluides ont passé à travers les obstacles pour se reformer en dehors. Mais ne serait-ce que le périsprit du médium qui apparaîtrait en dehors de la cage où son corps est enfermé, que ce serait toujours un phénomène très remarquable.
Vous vous demandez comment les médiums peuvent représenter, devant les assistants, le visage d’un être disparu de la terre ? Voici :
Pendant que se forme, à côté du médium, un corps libre quoique lui ressemblant d’abord, un extra terrien s’en empare ; il l’éclaire de sa propre lumière, et, comme les fluides du visage sont extrêmement mobiles, il s’y photographie, et vous pouvez être certains, s’il représente l’un des vôtres, que l’être aimé est là devant vous, plein d’affection et d’une idéale sérénité.
Si l’on attache un médium à matérialisations, restera-t-il forcément à la même place ? Non, pas toujours, parce que, si les fluides ne sont pas suffisants, nous détachons le médium quelles que soient ses étreintes, et il apparaît dans le cercle avec de simples transfigurations partielles : la plupart du temps, ce sont les traits du visage qui se transforment. Dans ce cas d’insuffisance de fluides, nous employons les vêtements qui se trouvent dans l’appartement, s’ils ne sont pas à une trop grande distance pour pouvoir pénétrer dans la salle des séances, sinon, nous arrangeons les vêtements du médium et nous en faisons instantanément des costumes. Si, en allumant subitement, on trouve éparses des étoffes appartenant au médium, on criera à la fraude, à tout ce que l’on voudra, mais le médium n’y sera pour rien. Les étoffes auraient repris leur place première si on n’avait pas brisé les fluides.
Un désincarné d’un esprit léger, qui signe Jean la Guigne, vous a dit qu’il voudrait bien tisser une étoffe avec les fluides du médium, le phénomène est très rare, mais il est réalisable.
Dans une autre catégorie, il y a les médiums qui ne fournissent presque rien ; ils attirent à eux les extra terriens, qui ont le pouvoir d’apporter tout ce qu’il faut pour apparaître d’eux-mêmes et pour produire des matérialisations sans avoir recours aux fluides du médium et aux molécules de son corps. Le périsprit du médium est tout à fait éloigné d’eux, en dehors d’eux. Ils peuvent apparaître soit en dehors du cercle, soit en dedans, et ils produisent une variété de phénomènes beaucoup plus remarquables que ceux de la première catégorie. C’est surtout avec l’aide de ces derniers médiums qu’on peut faire le plus avantageusement des études scientifiques expérimentales.
Pour dire un dernier mot sur les médiums qui produisent des phénomènes par leurs propres fluides corporels, je répète que, quoique garrottés, ils ne garderont pas toujours la même place ; les invisibles, suivant leurs besoins, détachent les entraves, quelles qu’elles soient, et le corps du médium devient absolument leur jouet.
C’est pour cela mes amis, qu’il faut être juge prudent et consciencieux quand il s’agit de phénomènes qui peuvent sembler douteux, et se garder d’être injuste envers le médium.
Gall
La lumière de l’espace n’est point semblable à celle de la terre ; c’est pour cela que le jour est insupportable aux extra terriens et rend douloureuses leurs tentatives de matérialisations, les premières surtout. Ce n’est qu’après des essais répétés que l’extra terrien, étant arrivé à matérialiser complètement ses mains, son visage, peut affronter une lumière douce. Plus fortement il est matérialisé, moins il redoute la lumière de la terre.
Quand vous formez la chaîne, ne faites aucun mouvement qui puisse briser le tissu fluidique qui se compose aux dépends du médium et ne serrez point l’apparition qui s’est formée dans l’obscurité, vous feriez le plus grand mal au médium.
Il m’est égal jusqu’à un certain point de convaincre les incrédules, les douteurs douteront toujours , mais je voudrais mettre mon médium à l’abri des soupçons malveillants. On lui liera les mains dans des sacs, on cachera les ficelles avec un sceau particulier. Pour donner une preuve de plus, j’essaierai, dans une demi-obscurité, d’éloigner ma main du rideau, de la détacher. Cela nous est très difficile, c’est une réussite rare . Que la lumière, pour faire cette expérience, soit toujours éloignée pour être tamisée.
Molière
Note. Les médiums qui nous ont obtenu ces renseignements sur les matérialisations n’étaient point eux-mêmes médiums à matérialisations ou à effets physiques. Cette particularité donne une valeur plus grande à ces enseignements. Ce qui suit les corrobore.
Dans un autre cercle et par un autre médium, Marie aux chrysanthèmes a dit : « Pour toute matérialisation, nous avons besoin d’un travail de fluides, et la lumière nous gêne par ses vibrations.
Extrait ce qui suit de Dialogues entre de grands esprits et un vivant.
« Pour expliquer les phénomènes dans l’obscurité, il n’est pas nécessaire de supposer une fraude du médium ni une illusion de notre part. Nous eûmes une preuve que ces phénomènes peuvent résulter des vraies causes qui les produisent pendant que le médium est éclairé de manière à pouvoir contrôler sa position et ses mouvements. Signé Aksakof, Carl du Prel, G. Finzi, C. Richet, C. Lombroso, etc., etc. »
Note. Voici un superbe exemple du déplacement du médium : Dans une séance obscure, un médium très lourd de corps se trouve transporté, tout garrotté dans un fauteuil, sur une table juste assez large pour y placer un fauteuil ; les vêtements du médium furent trouvés complètement retournés à l’envers et boutonnés. Personne du cercle n’avait entendu le plus léger bruit.
Avec le médium Husk, qui donna une séance à la Société d’études psychologiques, 5 rue des petits champs, nous obtînmes des phénomènes de ce genre beaucoup plus compliqués encore. Je renvoie le lecteur que cela intéresserait aux relations publiées par la Revue spirite, la place me manquant pour les reproduire.
M. Husk était aveugle.
Note. On peut mettre au rang des phénomènes les plus probants celui des mains matérialisées moulées dans la paraffine. Ce fut encore chez Melle X. que je vis ce phénomène s’opérer dans les meilleures conditions. Plusieurs spécimens ont été offerts à M. Hue de Fécamp, le collectionneur bien connu. J’ai conservé une main qui n’avait pu se matérialiser qu’à demi ; je n’en trouve le phénomène que plus probant. Quand l’extra terrien avait plongé sa main dans la paraffine, il la dématérialisait pour pouvoir l’ôter, sans déformer le moule dans lequel on versait du plâtre.
Lorsque tout était bien sec, on dégageait la main de la paraffine que nous devions briser pour cela ; elle ressemblait à ces « mains mères » des mouleurs qui ont pris jusqu’aux moindres sillons, aux moindres rides de la peau, avec cette différence que, bien qu’étant ronde-bosse, elle était sans sutures. Un mouleur à qui il en fut montré une ne pouvait en croire ses yeux. Dans la même soirée, nous obtenions quelquefois une main d’homme et une main potelée de toute jeune fille (le médium était très maigre), et une main d’enfant. Or il n’y avait ni jeune fille ni enfant parmi nous. Je ne puis trop conseiller au lecteur de lire dans les Phénomènes spirites, de Gabriel Delanne, les curieux détails sur les beaux phénomènes d’empreintes obtenues en Allemagne, par le professeur Zöllner, à l’aide de M. Slade ; en Italie par le professeur Chiaïa, à l’aide de Mme Eusapia Paladino ; en Amérique, par le professeur de géologie Denton ; en Angleterre, par le docteur Nichols à l’aide de M. Eglington, et d’autres encore.
Note. Pour notre dernière séance avec Melle X., nous demandâmes d’enfermer les mains du médium dans des sacs ficelés et cachetés avec quelque cachet extraordinaire que l’un de nous apporterait au dernier moment. « Ce n’est pas assez, répondit l’invisible de sa propre voix ; pour que vous ne supposiez pas que la main de votre voisin touche la vôtre, que chaque personne s’enferme seule avec le médium, dans le cabinet obscure, et y fasse ses observations. » C’est ce que nous fîmes, et chacun de nous sortit pleinement satisfait. Pour ma part, j’eus une main d’homme qui entrelaça ses doigts dans les miens pour me faire bien sentir que sa main était libre. Quand la lumière fut faite, nous retrouvâmes les mains du médium dans leurs sacs cachetés ! La cire contenant encore quelques petits bouts de fil et des peluches ramassées sur le tapis de la table.
Note. Les déplacements obtenus qui voltigent dans la salle, avec bruit, doivent être rattachés aux phénomènes de matérialisations. Dans une série de séances auxquelles j’ai assisté, il se produisait en plein jour des mouvements sans contact. Un tabouret venait se placer sous les pieds du médium, Melle X. ; quelquefois dans une langue étrangère, connue d’un seul assistant, puis retournant près de la fenêtre, dont les rideaux se refermaient sur elle en l’enveloppant. Pendant les séances obscures, le médium eut souvent ses manchettes, très raides et fermées par des boutons d’or de mode à cette époque, et son bracelet enlevés, quoiqu’ils fussent en deçà des cordes attachant les mains croisées. Nous les retrouvions fermées. Il nous serait impossible, à nous, terriens, d’enlever du bras un bracelet avec fermoir sans l’ouvrir. J’ajoute que la corde servant à garrotter les mains du médium étaient nouée par derrière ; il nous était même permis de mettre les pieds sur les extrémités de cette corde pourvu que personne ne touchât le médium.
Obstacles aux matérialisations
Le plus simple paysan qui observe une vérité
et d’un fait déduit un principe,
ajoute un solide trésor à la richesse publique.
Thomas F. Harris - Poème de l’âge d’or
Je suis de l’Inde. Nous, fils de l’inde, nous sommes appelés les fils de Dieu. Nous le sommes tous, vous, moi, les animaux, l’atome, la monade. Je révèle l’Inde par ces mots.
La sympathie appelle la sympathie, l’amour appelle l’amour, la science appelle la science, et Dieu appelle Dieu. Comprenez-vous ces derniers mots ? Chaque être est un Dieu dans son milieu ; le Dieu infirme marche, progresse, vole pour devenir Dieu plus grand, pour entrer davantage dans l’universalité du Dieu Principe Eternel, Amour universel, si grand que la pensée humaine ne pourra jamais l’embrasser. Oui, la sympathie appelle la sympathie, et j’ai quitté ma sphère pour venir à vous en ami, en frère, pour vous parler de ce médium qui nous est cher à tous, de cette femme dévouée, esprit missionnaire qui a accepté une tâche sublime, mais pleine de souffrances et même de périls.
Au début des manifestations, nous avons donné peu, afin qu’on puisse arriver par gradation aux grands phénomènes que nous voulions produire et que vous avez vus. (Voir les notes importantes à la fin.) C’était beaucoup pour vous, peu pour nous encore. Mais on a arrêté notre marche ; oui, je le dis, on nous a empêchés de produire tout ce que nous devions produire. Il faudrait un bien grand développement du médium pour satisfaire tous ceux qui nous demandent tout à la fois dans un groupe où un seul désir devrait vous réunir : le triomphe de la vérité ! On demande toujours trop. Nous avions promis d’abord les phénomènes capables d’attirer l’attention sur le médium. Eh bien ! Vous savez ce qu’elle a souffert !
En général, pour développer un médium à matérialisations et arriver à prendre de lui ce qu’il nous faut de fluides pour vous montrer notre corps véritable, c’est-à-dire notre forme corporelle, notre allure et par dessus tout notre visage, nous n’agissons que lentement sur les facultés de ce médium ; car si nous fléchissons devant le désir violent des assistants, ou du médium lui-même, si nous nous laissons aller à prendre l’appui du corps tout entier, malgré nos efforts pour nous personnaliser, nous apparaissons souvent avec les proportions presque exactes avec le corps du médium, parce que la gradation nécessaire n’a pas été observée .
Nous devons arriver à rendre les fluides du médium assez malléables pour donner à l’enfant la main de l’enfant, à la femme la main de la femme, à l’homme une main d’homme. Puis la tête, le visage, doivent changer de caractère selon les besoins pour chaque personnification, et le reste du corps doit ensuite prendre les proportions harmoniques de celui qui apparaît. Ainsi que l’ouvrier, avec des fils de diverses nuances, travaille à donner une forme à sa pensée, chaque extra terrien pourrait, par l’arrangement des fluides, former son visage, son corps, avec une netteté dont vous ne vous doutez pas ; vos amis de l’espace viendraient en pleine lumière montrer leur vrai visage, leur forme réelle. Mais si, par l’impatience témoignée, on nous force de nous habiller en bloc des fluides du corps du médium, on doit comprendre que ces fluides ne peuvent paraître complètement ce que nous étions lorsque nous vous avons connus. Pour vouloir aller trop vite, on prend souvent le chemin le plus long. Et puis, nos instructions ne sont généralement pas suivies ; l’union de pensée n’est pas faite ; si chaque assistant forme un désir particulier, on attire toutes sortes de désincarnés, et l’harmonie ne peut s’établir ; on perd les facultés du médium, on écrase ses forces, on brise sa santé, notre tâche devient plus difficile, et nous souffrons de ne pouvoir vous apporter ce que nous voudrions, par amour de la vérité et pour le progrès de l’humanité. Encore ce que je dis ne servira-t-il peut-être à rien !
Que ceux qui nous comprennent se rappellent que c’est en eux que nous puisons le plus de forces pour produire dans les cercles les phénomènes que vous voyez. Quelquefois, dans la chaîne qui devrait être toute d’harmonie, nous sentons la défiance qui brise les fluides ; notre corps d’un instant chancelle, il manque de forces, et nous sommes prêts à nous dissoudre.
Aimez-vous, soutenez-vous, surtout pendant les séances. Nous délaissons la lumière, l’idéale volupté de l’espace, nous oublions ce que nous sommes en nous drapant dans les fluides des terriens, et nous ne gardons que la puissance nécessaire pour bien prouver que nous existons.
Héroan
Comme nous prenons les fluides du médium, nous avons, au commencement surtout, une prédisposition à lui ressembler (les notes qui suivent le prouvent). Mais peu à peu nous nous reconstituons tels que nous avons été. Il arrive quelquefois que le manifestant se présente trop précipitamment, poussé qu’il est par son violent désir de se faire voir aux siens ; il se peut alors, que la transformation ne soit pas complète.
Si on fait subitement la lumière pendant que nous opérons nos transformations, les molécules que nous avons prises au médium seront forcément dispersées par ce changement brutal, au lieu de se condenser sur lui pour lui être restituées. C’est absolument comme si on les lui soustrayait. Voyez le danger.
Lermon
Note. Nous avons vu de curieuses choses avec le médium dont parle Héroan. Après avoir pris sa mesure, nous l’attachions avec des liens plombés. Nous avons eu des apparitions multiples. L’une était un homme de haute stature qui passa ses mains sur sa poitrine, pour nous montrer qu’il avait bien la forme d’un homme ; il vint de lui-même faire constater la différence qui existait entre sa taille et celle du médium. Pour prendre la mesure du médium, nous avions suspendu une planchette au plafond, tout juste à la hauteur de sa tête. Quand l’extra terrien ouvrait le rideau et entrait dans notre cercle, son premier soin était de se placer près de la mesure ; nous en avons vu qui la dépassait d’une tête. Un autre extra terrien, très grand encore, se montra tenant un petit enfant dans ses langes ; le petit pied seul, qui s’agitait, était bien visible. En trois minutes, trois apparitions se succédèrent, l’une drapée de blanc, une autre de rouge et la troisième de noir. Une autre apparition, un homme jeune, prit une dame du cercle par la taille, fit un tour de valse avec elle et la ramena à sa place. Dans plusieurs séances, le visiteur extra terrien ouvrit le rideau au large et nous fit toucher le médium que tout le monde pouvait apercevoir dans son coin obscur, grâce au médaillon phosphorescent suspendu à son cou ; puis l’apparition, se frappant la poitrine, semblait nous dire : Vous voyez que nous sommes deux ! Un soir un vieillard à barbe blanche, très bien matérialisé, permit qu’on arracha un poil de sa barbe.
Ces phénomènes, je le répète, se passaient dans la lumière ; ils ne sont pas uniques. M. Léon Favre m’a montré des cheveux qu’il avait coupés à Londres sur la tête d’un esprit matérialisé. M. W. Crookes et d’autres en ont obtenu également.
Note. Il nous est arrivé plusieurs fois, de préparer du papier absolument blanc et des crayons, que nous offrions à l’étrange visiteur qui nous le demandait par gestes. Celui-ci, alors, mettait un genou en terre et écrivait sous nos yeux avec une incroyable rapidité ; puis, se relevant, il nous mettait en main le papier recouvert de son écriture, et nous pouvions y lire des vers dignes de grands poètes. Or, le médium était complètement illettré.
Chez Melle X…, pour prouver que la communication n’avait pas été écrite d’avance, M. Bonnemère père, l’historien, déchirait un coin de la feuille blanche et l’enfermait dans son portefeuille. La lumière faite, la page se retrouvait couverte de différentes écritures, et le fragment, conservé par M. Bonnemère, s’adaptait exactement au feuillet écrit.
Note. Au sujet des ressemblances graduées, nous avons eu l’occasion, chez Melle X…, de vérifier ce phénomène en lumière. Le médium était garrotté derrière le rideau d’une fenêtre, au troisième étage ; un visage lui ressemblant apparut entre les rideaux. Je restai confondue de ce que je considérai d’abord comme une grande effronterie : je n’étais pas encore familiarisée avec ce genre de phénomènes. Mais, bientôt, le nez devint plus fort, les lèvres plus rouges et plus épaisses, les sourcils plus marqués ; une légère vapeur voltigea au-dessus de la lèvre supérieure, pour s’y attacher, prendre corps et devenir des moustaches noires.
L’apparition me tendit la main et baisa la mienne ; je sentis le contact de ses lèvres chaudes, et nous entendîmes le bruit de son baiser. « Est-ce que je ressemble à mon portrait ? dit-il distinctement ; » Dans ce phénomène, j’avais pris le périsprit détaché pour le médium lui-même, car on retrouva la jeune fille assise, les mains liées.
M. Charles Lomon, déjà cité, dans la note d’Un sybarite, a assisté à un bon nombre de ces séances. « Nous sommes ici plusieurs, disait ce témoin digne de foi, aucun de nous n’a la fièvre, n’est halluciné, et nous voyons tous la même chose. Le doute est impossible. » Si ces lignes tombent sous ses yeux, il se souviendra.
Les séances manquées
L’ami invisible d’un médium est parfois bien coupable lorsque son médium manque de force ; lorsqu’il ne peut prendre de lui tout ce qui est nécessaire pour ses manifestations, il devrait arrêter la séance.
Il faut que l’on sache que les médiums ne peuvent produire de séances, à grand effet, à tel jour, à telle heure, à leur gré ou à celui des personnes qui les entourent. Ainsi, quelquefois, l’extra terrien imprudent, plutôt que de perdre une séance, fait les apports les plus indispensables ; ayant endormi son médium, il l’arrange, le fait passer pour un désincarné en rendant le visage phosphorescent. C’est regrettable pour tous, et, dans l’intérêt des études psychiques, souvenez-vous que, lorsque auprès d’un médium il y a des étrangers, à la science d’Outre-Tombe, des gens qui viennent avec le parti pris de démasquer un « jongleur », ces curieux ignorants entourent notre médium d’un fluide radicalement contraire au nôtre ; les désincarnés qui ont un intérêt à perdre le médium, profitant de la disharmonie, arrivent en foule, s’imposent et le scandale n’est pas long à se produire .
Que ceux qui savent ces choses se défient toujours de l’état de faiblesse du médium, lorsqu’ils sentent de mauvais éléments autour de lui ; car, dans ces moments là, je le répète, ce sont des malintentionnés qui agissent, et le médium est un jouet dans leurs mains. Sa médiumnité n’en est pas moins grande, elle produit même alors des phénomènes singuliers, qui attestent, à qui sait le comprendre, la réalité de cette médiumnité.
Il est indispensable de faire une cage de fer au médium qui se trouve dans ce cas ; que le médium s’y enferme, après avoir été complètement déshabillé et réhabillé par les assistants. Que ceux-ci mettent à cette cage divers cadenas dont ils garderont les clés, et le médium, dans ces conditions, produira des phénomènes incontestés.
Jusqu’ici, la science officielle n’a guère osé condescendre à s’occuper de la science d’Outre-Terre ; mais elle y sera obligée, car l’heure vient où les plus grands seront touchés et entraîneront les plus petits.
D….y.
Quand un extra terrien mélange ses fluides à ceux d’un médium, il devient terrien lui-même et ne voit pas les pièges qu’on peut lui tendre. Si le sidérien quitte les hauteurs où il plane pour se matérialiser au milieu de vous, il devient ce que vous êtes ; il ne voit pas plus loin que vous même ne voyez devant vous et autour de vous, et il se prend très facilement aux embûches qu’on lui tend. Qui en souffre ? le médium ! L’extra terrien dégagé immédiatement, se retrouve sans souffrance dans l’espace, tandis que le médium a la souffrance physique et souvent la souffrance morale, résultant de la calomnie ou des soupçons injurieux dont il peut être l’objet.
Charles N.
Note. « Le médium reflétant les éléments psychiques du milieu, s’il y a une assistance ayant l’idée d’une fraude, cette image agit tellement sur lui, que non seulement il exécutera cette fraude, mais encore, si elle comporte des accessoires matériels, ceux-ci seront projetés et matérialisés. Le fait de prendre le médium en flagrant délit de fraude ne prouvera absolument rien contre le phénomène. » Signé : Mac-Nab, ancien ingénieur
M. Mac-Nab n’est pas un spirite, c’est un chercheur consciencieux et sans parti pris. Nous ferons remarquer que ses observations donnent raison à nos correspondants d’extra terre, en ce qui touche les séances et l’entourage du médium.
Nos instructeurs expliquent comment les objets peuvent se trouver projetés. On doit ajouter que la matérialisation d’objets ne constitue pas une fraude, mais bien un phénomène physique.
Note. Que de séances perdues, de médiumnités brisées faute de savoir s’y prendre pour obtenir des phénomènes ! Chacun propose un mode différent d’investigation ; on se trompe souvent. C’est aux visiteurs d’extra terre d’indiquer la marche à suivre ; il ne faut pas s’en départir. Que le fond soit le même ; la forme change, et chaque médium a quelque spécialité que les conseillés de l’espace, seuls, peuvent faire connaître.
Nos correspondants de l’au-delà nous ont donné, dans les communications que je publie, les lois principales ; il faut s’y soumettre même si l’on doute de la sincérité du médium, et se garder de rien brusquer. Les défaillances, volontaires ou non, vous seront expliquées plus tard par la longue expérience ; contentez-vous de constater les faits indéniables.
Cependant, s’il y a lieu de perdre entièrement confiance, faites honte aux faux médiums, et cessez tout rapport avec lui.
Note. « Ce n’est pas d’avoir été témoin de ces faits, nombre de fois, et les avoir scrutés avec toute la rigueur de critique dont je suis capable, que je suis devenu convaincu de leur vraie réalité… De nouvelles forces devront être découvertes, ou bien l’humanité demeurera dans une triste ignorance des mystères de la nature. » W. Crookes, recherches sur le spiritualisme, pp. 37 et 77.
Les apparitions libres
Combien y a t-il de choses peu vraisemblables,
témoignées par des gens dignes de foi,
desquelles, si nous ne pouvons être persuadés,
au moins les faut-il laisser en suspens !
Car les condamner impossibles, c’est ce
faire fort, par une téméraire présomption,
de savoir jusqu’où va la possibilité.
Montaigne.
Les lieux qu’on dit hantés sont plus particulièrement les cimetières, les églises, les anciens couvents et les maisons isolées qui se trouvent près des rivières, des étangs et des marécages.
Dans les cimetières, les désincarnés récemment séparés de leur corps reviennent presque toujours vers leur dépouille. La terre est imprégnée d’une espèce d’humus ; il s’en dégage un fluide facilement assimilable aux disparus, qui viennent sur la pierre sépulcrale pleurer la perte des plaisirs et des jouissances charnelles qu’ils avaient eu tant de peine à quitter.
L’être qui s’élève, attiré par le rayonnement de l’espace, s’éloigne au contraire des lieux de sépulture ; pour faire son évolution, il n’a pas besoin de retourner en arrière, ni de revenir sur telle ou telle tombe où gît le corps qui a servi à l’une de ses incarnations ; s’il revient à l’ombre des cyprès soutenir et éclairer de son amour l’être désolé qui pleure sur un marbre, c’est par charité qu’il y descend.
Dans les maisons isolées, il se produit des phénomènes étranges. Il arrive qu’après la mort d’une personne, sa maison devient inhabitable ; on y entend des bruits épouvantables, et ceux qui essaient d’y dormir sont effrayés par quelque fantôme qui se dresse tout à coup devant eux, dans le silence de la nuit. C’est que certains êtres, après leur désincarnation, tiennent à leur ancienne demeure ; ils veulent y venir toujours, ils voudraient en chasser les intrus qui, en leur lieu et place, s’y sont installés en maîtres ; ils croient avoir encore droit de cité dans ce qui fut jadis leur propriété.
Dans toutes les maisons qui se trouvent près des marécages, près des étangs ou des rivières les extra terriens ont beaucoup de facilité pour se matérialiser. L’eau fournit des fluides, les plantes, surtout celles des marécages, en donnent beaucoup ; il s’exhale des marais des miasmes assez denses ; ces émanations, insalubres pour l’homme, sont utilisées par certains désincarnés pour produire leurs manifestations.
Les églises sont hantées. Dans les récits anciens, on raconte que des personnes enfermées par mégarde dans les églises on vu pendant la nuit des cierges s’allumer comme d’eux-mêmes, et un prêtre apparaître à l’autel pour dire la messe. Oui, on a vu ces choses et elles sont réelles, car il est aussi des prêtres désincarnés qui, ayant sur la conscience d’avoir manqué de dire une messe, ou de l’avoir mal dite, se matérialisent pour quelques instants et viennent accomplir un devoir sacré, suivant eux, afin que leur âme vive en paix et ne soit pas troublée avant d’aller dans le paradis, auquel ils croient encore et qu’ils espèrent toujours.
On a vu dans les églises de pieux fidèles apparaître et disparaître tout à coup ; on verra encore, et plus que jamais, des faits de ce genre, parce que la science de l’animisme se répand et que les médiums se reconnaissant pour tels, et devenant plus nombreux, développeront leurs facultés et faciliteront par cela même les phénomènes de ce genre.
Les couvents sont souvent hantés ; on y entend des bruits qui paraissent sans causes ; les apparitions y sont fréquentes ; les déserteurs de l’humanité qui ont cherché au monastère la quiétude d’esprit, le repos dans la contemplation et la prière, viennent se montrer, suivant doucement les allées du jardin et les longues galeries des cloîtres, égrenant dévotement leur rosaire, et l’on dit que ce sont des âmes du purgatoire qui demandent des prières.
Au moment de leur apparition, les extra terriens peuvent arriver à parler ; les évoqués de Jeanne d’Arc parlaient ; on a même entendu des cris perçants. Un grand nombre d’extra terriens parviennent à réunir assez de fluides pour matérialiser le larynx ou les cordes vocales, afin d’apporter à ceux qu’ils ont aimés, soit une marque de reconnaissance, soit une parole de souvenir .
Maintes fois on a essayé de faire croire que le désincarné pouvait apparaître en squelette couvert d’un suaire, laissant voir des yeux ardents comme des charbons allumés ; c’est ainsi que d’ordinaire on représente la mort, et c’est ainsi que dans les danses macabres on a représenté les revenants. Mais cela n’est pas ; c’est une erreur qu’il faut déraciner. Lorsque les désincarné apparaissent, ils sont obligés de se montrer sous l’aspect qu’ils avaient dans leur dernière incarnation ou dans une incarnation antérieure ; ils ne peuvent faire autrement. Que l’on n’ait donc point la crainte de voir un désincarné sous la forme qui ne lui a jamais appartenu . Si l’extra terrien trouve dans la nature les fluides nécessaires à une matérialisation, il ne pourra matérialiser les os de son corps ; ce qu’il matérialisera, ce sera la forme apparente ; c’est seulement sur son périsprit qu’il peut appliquer, adapter à nouveau des fluides qu’il reprend sur la terre et qui lui permettent d’apparaître tel qu’il était ; mais, dans ce cas, la forme n’est qu’extérieure ; à l’intérieur de ce corps, il y a le périsprit et non le chair et les os .
Non ! que le disparu ait été beau ou laid, il faut qu’il se présente tel qu’il était dans l’une de ses incarnations ; il ne peut se matérialiser avec le corps d’un autre ; il ne saurait, par exemple, prendre la figure de Richelieu s’il n’était Richelieu lui-même, parce que, en se révélant dans une de ses existence terrestre, il ne peut attirer que les fluides qu’il avait à cette époque.
Ne vous effrayez jamais à la pensée que les désincarnés puissent se matérialiser en jetant des flammes par la bouche, en prenant l’apparence repoussante des contorsionnés qui vous menacent des feux dont ils sont dévorés. Non ! Il ne faut point avoir peur des apparitions. Ceux que vous avez connus viendront toujours à vous avec l’enveloppe humaine, parfois très caractérisée, mais toujours celle de la généralité des hommes. Ce qui pourrait vous effrayer, c’est un vêtement blanc, que l’on a pris souvent pour un linceul. Les extra terriens sont bien vivants et ne comprennent même plus la mort ; le vêtement blanc est dans l’espace le vêtement des âmes élevées ; il est tissé des fluides fluidiques pris aux rayons du soleil, leur robe est tissée de lumière. Ce vêtement blanc semble les soutenir, et il les soutient en effet, semblable aux prétendues ailes blanches des anges que l’on disait entourer votre berceau.
Oh ! si les amis de l’espace viennent à vous dans la nuit, s’ils viennent se pencher sur votre chevet, c’est par un tendre souvenir ou pour quelque demande à vous adresser ; c’est aussi pour que vous osiez leur parler, vous qui les voyez, et que vous témoigniez de leur existence au delà de ce monde, car ils ne peuvent se montrer à tous. S’ils viennent souffrants, c’est pour que vous les consoliez, c’est là votre devoir ; vous devez sans crainte les amener à pardonner aux frères de la terre, à les aimer, pour qu’ils puissent s’élever et retrouver des frères là-haut.
D…y.
Dans une tempête
Ballade
Au loin, la tempête fait rage, les vagues s’élèvent jusqu’aux nues en creusant d’immenses abîmes, puis, se jetant sur les rochers géants, elles luttent de force et de puissance avec eux. Le vent mugissant fait entendre comme une plainte lugubre, et la plage est déchirée par les flots qui labourent ses flancs. Tout cela offre un spectacle fantastique, terrifiant !
Au bord de la mer, dans une cabane de pêcheur, se trouvaient deux vieillards et une jeune fille. La terre tremblait sous la secousse des vagues, et des franges d’écume se projetaient jusqu’au pied de la hutte du pêcheur. La jeune fille était pâle et tremblante, et elle disait aux deux vieillards :
Vit-on jamais tempête plus épouvantable ! Ah ! prions, prions du fond du cœur pour les voyageurs qui sont en mer.
Le vieillard dit à sa femme :
Te souviens-tu femme ? C’était un trente et un décembre ; la tempête était aussi effroyable que celle qui sévit aujourd’hui sur la côte ; Jean était avec nous alors, et lorsque le brick donna le signal d’alarme, il partit avec moi pour aller au secours du navire qui vint se briser sur le rocher. Jean, mon fils, où es-tu maintenant, toi, si brave ! toi, si bon ! Si tu étais ici, nous irions encore ensemble au devant du danger, tu serais toujours resté au poste d’honneur du marin.
Oui, répondit la femme, oui, je me souviens. La tempête était venue de ce même point ; elle était aussi terrible, et Jean était parti au secours des naufragés. Il sauva cette enfant ; mais dans un dernier effort pour la jeter dans les bras qui, du rivage, se tendaient vers elle, il fut emporté par une lame et disparut dans l’abîme ! Le corps de jean ne revint plus sur le rivage !!…
O enfant ! Te souviens-tu, toi aussi ? Tu as voulu rester auprès de nous. Tu as voulu, sous notre humble toit, remplir le vide qu’avait laissé ton sauveur. Ah ! prions, prions pour Jean ! Prions pour que son âme soit en paix et que Dieu le garde dans son sein !…
Et les deux vieillards tombèrent à genoux ainsi que la jeune fille. Il y eut un moment de silence solennel. Les vents avaient paru s’arrêter, les flots semblaient reculer ; mais, tout à coup, l’ouragan reprit avec violence ; une lame vint frapper la porte qui céda.
Le vieillard dit aux deux femmes :
Regardez, regardez !…
Jean apparaissait sur l’écume de la vague qui le portait. C’était lui, lui-même !…
L’apparition sourit à son père, à sa mère, tendit une fleur de lis à la jeune fille, qu’une joie intense illuminait. Puis les flots reculèrent vers la mer, entraînant avec eux jusqu’aux débris de la hutte.
Jean devait revivre avec ses biens-aimés aux lieux où il s’était creusé son tombeau, et le gouffre devint le berceau de son amour.
Jean
Note. Par la main d’un médium mécanique, M. Oliver, Allan Kardec a affirmé que le fait de se matérialiser quand tous les éléments étaient déchaînés, montrait le maximum de puissance des extra terriens. Nous rappelons aux lecteurs que les matérialisations libres ne se font pas dans les mêmes conditions que les matérialisations médianimiques.
Le gouffre du moulin noir
Ballade
La rivière prenait sa source dans les gorges solitaires et agrestes des Amberbeaux, à la cime couverte de pins, aux flancs rocheux et arides. L’eau vive tombait en tourbillonnant de cascades en cascades dans la plaine qu’elle enrubannait. Entre les gorges des montagnes et la plaine, elle faisait tourner les meules du Moulin-Noir ; plus loin, elle faisait une courbe ; avec les siècles, elle avait creusé les roches, et là elle formait un gouffre.
Le jour, Jacques, le meunier, moulait le grain ; et la nuit, surtout les soirs d’orage, il pêchait. Un soir, à le nuit tombante, Jacques quitta le moulin les filets sous son bras et longea la rivière bordée de vieux chênes. Il arriva au gouffre. Le ciel était chargé de nuages que le vent balayait par instant ; la rafale passée, les étoiles illuminaient de nouveau le sombre azur ; l’eau bourbeuse grondait faiblement. Jacques attendit le silence le plus profond avant de lever ses filets qu’il avait jetés près du gouffre. Il n’était jamais descendu jusque là ; il se sentait ému, et lorsqu’une branche sèche se brisait et criait sous ses pieds, il avait des frissons. Jusqu’alors il lui avait semblé que la nuit avait peur de lui, et ce soir là, il se sentait, lui, avoir peur de la nuit.
Le ciel s’était éclairci ; Jacques s’approcha du gouffre ; il s’assit sous un grand chêne et s’y appuya. Peu à peu, il perdit la sensation des objets qui l’entouraient.
Bientôt, il fut réveillé par un bruit de filets que l’on jetait de l’autre côté de la rivière, et il vit une forme indécise qui tirait de l’eau une sorte de filet. Ce fantôme n’était point sur la rive, mais sur l’eau même. Jacques tressaillit, il eut peur, si grand peur, qu’il se trouva sans force pour s’enfuir. Celui qui était sur l’eau, marcha vers lui, et, s’arrêtant sur le bord, les pieds toujours posant sur le courant, il lui dit : « Ce gouffre est mon domaine. Pourquoi viens-tu jeter ici tes filets ? Va-t’en et ne reviens plus sur ces bords. Je ne vais pas, moi, tendre mes filets auprès de ta demeure. Ne quitte donc plus les parages du Moulin-Noir, souviens-t’en bien ! Car si tu t’aventurais dorénavant jusqu’à l’endroit où tu n’entendrais plus le tic tac de ton moulin, tu aurais affaire à moi ! Ici, je suis le maître ; ici je me plais, je n’y suis pas seul, tu vas le voir ; je vais éveiller ceux qui dorment bercés par le bruit du courant, je vais te les amener et ils te parleront. »
Une sueur froide perlait sur le front de jacques. Il ne comprenait pas, il ne savait pas s’il dormait ou s’il veillait. Bientôt il vit marcher sur les eaux une femme jeune encore. Elle tenait dans ses bras un petit enfant qu’elle pressait sur son sein, ses yeux étaient hagards, ses cheveux en désordre. Elle s’approcha de Jacques : « Que viens-tu faire ici ? Viens-tu te reposer et dormir bercé par le murmure de l’onde, ou viens-tu pour voir mes larmes, entendre mes supplications, mes prières ? Je souffre pour mon enfant, et depuis bien longtemps j’attends qu’il se réveille pour quitter ces lieux, ces eaux où il repose doucement. Un jour de folie, moi, la fille perdue, déshonorée, sans travail et sans pain, je vins au gouffre. Là, je trouvai le repos pour mon enfant. Vois comme son sommeil est tranquille ; vois comme il est beau, comme il respire la santé. Pourquoi ne se réveille-t-il pas ? Se réveillera-t-il jamais ? Je souffre et je pleure !… Viens avec moi, viens dans ce gouffre, viens ! tu me parleras d’espérance en attendant le réveil de mon enfant ! » Elle fit quelques pas ; l’eau sembla s’entrouvrir et elle disparut.
Jacques voulut se lever, ses efforts furent vains. Il était retenu par une force à laquelle il ne pouvait se soustraire. Ses yeux restaient fixés sur le gouffre.
A leur tour, un jeune homme et une jeune fille se tenant enlacés comme dans une dernière étreinte, émergèrent de l’eau et s’avancèrent vers Jacques. « Si ceux qui s’aiment viennent ici, si tu viens avec ta bien-aimée, nous vivrons avec elle et toi, nous unirons nos plaintes d’amour comme les plaintes de la brise lorsqu’elle murmure dans les arbres ; nous aimerons ensemble, et vous nous réchaufferez, car nous avons froid. Nos lèvres et nos âmes ont soif de baisers d’amour. Viens avec ta bien-aimée, viens avec nous au fond du gouffre. Quand la brise viendra, nous suivrons les eaux et nous nous aimerons sous la clarté des étoiles. Notre vie est mystérieuse, notre vie est cachée ; nous avons fui le monde, le monde injuste et méchant qui nous séparait, et nous sommes venus habiter l’onde. Viens, viens avec ta fiancée, viens nous réchauffer de ton amour, car nous avons froid ; nos lèvres se glacent sur nos lèvres. Viens, viens avec elle ; nous reviendrons ici pour vous prendre tous deux. » Et les jeunes gens s’éloignèrent ; l’eau s’ouvrit de nouveau et les engloutit.
Puis ce fut un homme qui surgit des flots. Son visage était sinistre, ses yeux glauques, injectés de sang. Il vint vers Jacques et lui dit : « Qui que tu sois, prends cette arme et tue-moi ! Nul n’en saura rien. Venge, venge sur moi celle à qui j’ai donné la mort. Tue-moi avec cette arme qui l’a tuée. Alors son fantôme cessera de me poursuivre, partout, partout, partout !!!… Je vins au gouffre croyant y trouver la paix, croyant pouvoir y éviter le spectre de l’assassinée, mais nulle part le criminel n’est affranchi de la persécution et de la vengeance de ses victimes. Vois-tu, je suis venu là, je me suis précipité dans ce gouffre pour y mourir ; mais non, je vis toujours ! Je me débats sans cesse avec le fantôme sanglant qui me fait remonter sur l’eau, qui m’empêche de me noyer pour me faire voir ses plaies béantes, me faire sentir ses ongles me pénétrer dans la chair et me faire assister indéfiniment au spectacle de mon crime. Ah ! toi qui entends ma voix, qui as la certitude que je suis bien vivant, tue-moi, tue-moi ! oh ! tue-moi ! Ce ne sera pas un crime, ce sera ma délivrance que je te devrai, car j’ai tant souffert, je souffre tant !!!… Qui donc me fera mourir pour que je ne la voie plus ! » Et l’eau s’entrouvrait encore et l’homme disparaissait.
La première apparition revint alors vers Jacques et lui dit : « Oh ! fuis ce gouffre ! Ne pêche plus si loin du Moulin-Noir que tu n’entendes son tic-tac, car, si tu reviens pêcher au gouffre, tu y pêcheras la mort ! »
Marie d’Alési
Elle se plaint de n’avoir pu s’exprimer comme elle l’aurait voulu.
L’ange et le berceau
Nous nous aimions et nous étions unis. Pas un nuage n’avait assombri le doux rayon d’amour qui éclairait notre vie. Nous étions jeunes tous deux. Dans notre divin rayonnement d’âmes, nous ne comptions que des jours heureux qui nous semblaient devoir durer toujours ! Notre bonheur d’aimer pouvait-il avoir une fin ? …
Quand le soir nous contemplions les étoiles dont les scintillements irradiaient les cieux, il nous semblait que nous irions en elles vivre dans les immensités et que cet amour idéal, toujours plus puissant, se continuerait sans fin dans les mondes sidéraux. Puis, quand nos regards se détachaient des cieux pour se reposer sur la nature, sur les fleurs aux senteurs enivrantes, nous avions des extases que comprendront seuls ceux qui savent aimer dans ce monde. Les âmes radieuses qui voltigeaient autour de nous, énamourées de notre amour, devaient nous regarder avec ravissement.
Cet amour se divinisait ; et Dieu, dans sa bonté, un soir de printemps, nous envoya un nouveau rayon d’étoile, il nous envoya un enfant, un fils. Ce fut le comble de notre joie, le comble de l’espérance humaine !
Mais est-il sur cette terre des jours sans ombre ? Est-il ici bas, un seul amour devant lequel aucune étoile ne tombe ? Dans notre bonheur, un déchirement se produisit, nous fûmes séparés !
C’était au moment de la plénitude de nos joies ; notre fils balbutiait déjà ; il s’endormait dans son berceau à la douce voix de sa mère qui chantait une berceuse, appel à un ange pour veiller sur son chérubin. Un soir, l’enfant souffrit. Sa mère prit son mal et en mourut !…
La maison semblait déserte ; l’oiseau qui faisait aimer le nid par ses chansons, sa grâce et sa beauté s’était envolé. Oh ! que je souffrais ! Pourtant je croyais sentir en moi qu’elle n’était pas morte ; mes yeux la cherchaient tandis que mon cœur la sentait près de lui. Mais hélas ! rien… rien… plus rien !… Comment croire à la persistance de la vie ? Quel rayon devait m’éclairer ? Quel sauveur devait m’être envoyé ? Ce sauveur je l’attendais, je l’espérais… j’aimais toujours !…
La nuit tombait ; les feux des étoiles s’allumaient ; des larmes s’échappaient de mes yeux. Pour me distraire de ma tristesse, de mes souvenirs poignants, j’allai parler à mon enfant. Je le pris dans mes bras et le couchai dans son petit lit après l’avoir couvert de baisers ; c’est ainsi qu’elle eût fait, si elle avait été encore sur la terre. Pour endormir mon doux trésor, je voulus chanter, comme Elle le faisait aussi, la berceuse de l’Ange Gardien. Tout à coup, l’enfant ouvrit plus grands ses yeux et sourit, extasié !…
Papa, me dit-il, l’ange gardien est là. Il étend sur mon lit ses beaux voiles blancs. Il m’ouvre les bras !… Papa !!!… c’est maman !!!
L’Esprit du château hanté
Les châteaux hantés
Lorsqu’après la conquête de la Gaule, César partagea entre ses lieutenants les provinces conquises, il se fonda dans ce pays une aristocratie romaine. Mais les Francs se répandirent sur la gaule comme un flot dévastateur, et il resta peu de familles patriciennes ; ils créèrent, à leur tour, une noblesse beaucoup plus nombreuse que celle descendue des Romains.
Cette nation franque, nation guerrière, au sang bouillant, ne rêvait que combats et destruction. Se voyant confinés dans leurs domaines, les barons francs se mirent à batailler entre eux, à lutter de villes en villes, de village à village, de château à château. Il y avait dans leur sang de nomades une impétuosité que rien ne pouvait calmer, et il leur fallait se battre, sinon contre des ennemis, du moins d’égal à égal. Ainsi les crêtes abruptes et les montagnes en cône furent-elles couvertes de manteaux de murailles crénelées derrière lesquelles les féaux bravaient leurs ennemis et abritaient leur butin. C’est là que pendant la guerre du moyen âge, les pauvres cultivateurs durent apporter tout ce qu’ils possédaient et s’enfermer eux-mêmes dans les manoirs qu’ils aidaient à défendre.
Ces châteaux ont retenti pendant des siècles du cliquetis des boucliers et des haches d’armes ; du haut des tours ont sifflé dans l’air bien des flèches meurtrières. Aujourd’hui, à la place où les chevaliers guerroyeurs, à défaut d’ennemis à combattre, s’exerçaient au jeu des tournois, la bêche et la pioche ont remplacé l’épée et la lance !
Mais ces châteaux, maltraités par le temps, démantelés par les révolutions, restent encore majestueux même dans leurs ruines ; ils imposent l’admiration aux poètes, aux historiens ; dans leurs murs à demi écroulés où s’abrite l’oiseau de nuit, le philosophe qui visite ces ruines mornes et abandonnées évoque le passé, évoque les ombres de ceux qui ont habité ces forteresses. Dans la pensée de l’évocateur, les murailles se relèvent les guerriers apparaissent sur les chemins de ronde, le cor retentit sur les sommets des donjons, le passé s’éveille et redevient le présent pendant un instant.
Toi qui suis ces sentiers effondrés, envahis par les ronces et les herbes sauvages, pour arriver à cet antique castel, va vers ce coin que les âges semblent avoir respecté. Arrête-toi devant les débris de cette chapelle. Là, pendant des siècles une lignée de preux barons et de fiers chevaliers a eu son lieu de sépulture. Ces tombeaux n’ont pas été profanés, ils sont enfouis sous les décombres amoncelés. Dans le silence de la nuit, si tu es voyant, peut-être apercevras-tu une ombre légère s’élever sur les pierres qui cachent les sépultures oubliées, et cette ombre te dira :
Ecoute, fils du présent qui vient ici réveiller l’écho du passé dans le silence qui le garde, écoute, écoute ! Jadis les manoirs féodaux étaient animés d’une vie intense ; là, comme partout, se trouvaient l’égoïsme, la cupidité…, et aussi la vertu. Des actes barbares s’y commettaient. Il arrivait que l’on faisait croire à la mort du vieux seigneur ; on lui faisait de fastueuses funérailles, mais le fils, envieux de la puissance de son père, de ses biens, envieux de son pouvoir de régner en maître sur un grand domaine, l’avait enfermé dans le cachot obscur, ou dans un donjon dont lui seul avait la clé. Ces fils dénaturés laissaient parfois leur victime enchaînée pendant des années, et elle finissait par succomber dans d’affreuses souffrances. Quelquefois, un meurtre débarrassait l’ambitieux d’un père trop lent à mourir. Ah ! Crois-tu donc que ces morts dormaient en paix ? Non, la nuit ils venaient se montrer à leurs bourreaux en traînant leurs chaînes, ou bien, ils apparaissaient ensanglantés, portant encore les blessures qui leur avaient été faites par les mains d’un fils. Les parricides ont tremblé bien des fois ! Des cris d’épouvante ont retenti bien souvent dans ces murs, cris de criminels poursuivis par l’ombre vengeresse d’un être sacrifié ! On disait alors que le château était hanté et que nul ne pouvait l’habiter.
Dans le moyen âge, beaucoup de châteaux furent donnés à des congrégations religieuses ; d’autres restèrent abandonnés, et les serviteurs commis à leur garde se firent eux-mêmes fantômes pour effrayer ceux qui auraient tenté de venir s’y installer. Ils bénéficiaient ainsi pendant longtemps d’une propriété que la lignée des maîtres disparus aurait pu réclamer.
Ecoute encore, écoute ! Si ces débris, si ces vieux murs se relevaient, si tu venais, toi, habiter ces lieux déserts, en chasser l’orfraie et le hibou, et que tu t’établisses dans le manoir réédifié, si tu déblayais les pierres tombales et que tu y lusses les noms de ceux qui furent ensevelis dans ces lieux, ils viendraient à toi te raconter leur histoire. Ils reviendraient sur les ailes de la brise, le soir, quand le ciel est pur et qu’un calme solennel règne dans la nature. Tu verrais alors des fantômes tournoyant dans les airs, car ils viennent comme jadis, dans ces lieux où s’est passée leur enfance, où ils avaient conquis parfois l’adoration du peuple par des actes charitables. Tu verrais ainsi ceux dont les mains criminelles sont teintes de sang !
Pour les phénomènes qui se sont produits dans les châteaux hantés, pour ceux qui s’y produisent encore, est-il nécessaire que les disparus trouvent un médium à leur disposition ? Non ! Je vous ai dit que les désincarnés pouvaient puiser dans la nature les fluides qui servent à reconstruire une partie de leur corps pour apparaître à une ou plusieurs personnes en même temps. Je vous ai dit aussi que ceux qui apparaissent ainsi n’ont de matérialisé que la surface extérieure de leur périsprit.
Tous les corps qui sont dans la nature terrestre, minéraux, végétaux, animaux, sont de la même composition que le corps humain. Voilà pourquoi en dehors de tout médium, nous pouvons quelquefois nous matérialiser. Mais, entre ces matérialisations et celles que l’on obtient par des médiums, il y a une grande différence. Les fluides que les extra terriens puisent dans la nature ne sont pas assimilables au même degré, il est difficile d’arriver à une matérialisation complète ; tandis qu’avec un médium à matérialisations, l’extra terrien peut prendre une partie ou la plus grande partie de sa chair, de son sang et de ses os. Si, lorsque nous sommes matérialisés à l’aide de médiums, on nous coupait une veine, le sang jaillirait, tandis que si l’extra terrien apparaît avec les forces qu’il a pu prendre dans la nature, on aurait beau le transpercer, rien n’en paraîtrait. Dans ce dernier cas, c’est une matérialisation souvent visible à tous ; mais elle n’est pas compacte, elle est diaphane, c’est bien une matérialisation, mais à l’état incomplet, si on la compare aux matérialisations produites à l’aide des médiums. Il est vrai que, dans les châteaux, si les désincarnés qui avaient une vengeance au cœur trouvaient un médium prenable, ils en profitaient, non seulement pour apparaître à leurs persécuteurs, mais souvent pour agir eux-mêmes et tuer l’assassin avec le même poignard qui leur avait donné le coup mortel.
Ces phénomènes ont été à peine entrevus jusqu’ici, car les phénomènes varient suivant les forces que les habitants de l’espace ont à leur disposition. Chaque manifestation a un côté nouveau ou n’est pas absolument semblable à celles que l’on a déjà observées. Il y a toujours des différences suivant l’état de l’atmosphère, les dispositions du médium, l’avancement de celui qui se communique et la composition de l’assistance.
Etudiez beaucoup, étudiez partout, mais, en ce qui touche les phénomènes, ne vous prononcez jamais sans un long et mûr examen, sinon vous pourriez commettre de grandes erreurs, car dans le même phénomène il y a des moyens et des phases multiples. Il faut étudier longtemps pour pouvoir comprendre et se faire une opinion sérieuse sur les matérialisations et autres phénomènes.
D….y.
L’amant des ruines
Ballade
Comme les voiles de l’avenir, une gaze sombre tombant des cieux semble enrouler dans ses plis les montagnes et les vallées, les arbres et les fleurs, les palais et les chaumières.
Les ruines majestueuses de l’antique manoir de***, ses murs dénudés, fantômes informes et immobiles, se dessinaient en noirs contours sur le ciel étoilé. J’éprouvais une douceur vague à regarder ces tours jadis menaçantes, ces remparts à demi renversés où tant d’hommes, bardés de fer, l’épée où la lame au poing, faisaient la ronde. Je rêvais de leurs jours de grandeur, de leurs jours de ferté. A présent, la cour d’honneur est obstruée par les ronces ; dans les chemins de ronde pousse la rose sauvage. Et si, dans cette grande solitude froide, une apparence de vie parfois se manifeste, elle semble un glas funèbre, un chant de mort : c’est l’oiseau lugubre qui plane sur le domaine.
Mais moi-même, ne suis-je pas semblable à une ruine déjà ? Dans mon âme, n’est-ce point pour moi le glas de la mort qui résonne ? Au milieu de ce qui m’entoure, n’est-ce point l’écho d’un chant funèbre que j’entends ? Ma vie à moi se finit. Ces ruines, fantômes imposants, restent ; et moi, fantôme fugitif, je vais bientôt disparaître.
Je marchai tristement vers ces ruines ; j’arrivai jusqu’au carré, reste d’une grande salle, et m’avançai près de l’âtre, autour duquel devisaient autrefois les anciens preux. Je songeais à toutes ces choses disparues. Où sont les douceurs du foyer ? Est-il resté quelque chose des entretiens de ces familles éteintes, de leurs discussions, des chauds entraînements patriotiques des vieux maîtres du castel ?
J’allai plus loin. Un arceau ogival, debout encore sur un pan de muraille, m’indiqua la place d’une chapelle. Tout à coup, ô prodige… ô terreur !… lorsque mes pieds frappèrent le sol de ces lieux, je vis, je vis un chevalier en armure de guerrier sortir de terre. « Que viens-tu faire ici, me dit-il d’une voix tonnante ? Comment oses-tu me troubler dans mon repos éternel ? Qui es-tu et que veux-tu de moi ? Sacrilège ! Ne crains-tu pas de mourir de la suprême vengeance, en venant fouler des tombes ? Je fus un chevalier vaillant et de haute lignée ; dans toute la contrée on vantait ma bravoure et on citait mes exploits ! Pourquoi as-tu pénétré dans cette enceinte sacrée ? Qui donc a pu en laisser franchir le seuil ? Ne redoutes-tu pas de ne plus jamais ressortir de ces lieux ? Vois ces tours, vois ces remparts, ces fossés profonds qui témoignent de ma puissance ! » Puis le fantôme me sembla marcher. Il allait sans doute donner l’ordre de me faire prisonnier, de me garrotter, de me châtier. Revenant vers sa tombe d’où je m’étais écarté, il rentra sous le sol des ruines en me jetant un regard courroucé.
En reculant, je chancelai, mon pied s’était posé sur une dalle mouvante. Je me retournai, surpris, et je vis une femme vieille et ridée. « N’as-tu pas lu sur cette pierre, me dit-elle : Ci-gît haute et puissante dame ?… Etranger, tu viens insulter ma tombe ! Tu n’as donc pas le respect des aïeux, le culte des morts ? Regarde ce manoir dont je fus la souveraine. Dans toute la contrée je passais jadis pour la châtelaine la plus sage, la plus sainte ; et, si des manants comme toi m’avaient regardée, avaient froissé ma fierté et ma hauteur, il leur serait advenu malheur, comme il t’adviendra malheur à toi ! »
Je voulus prendre la fuite, j’allais, chancelant, sortir de la chapelle, lorsque je me heurtai encore contre une tombe et un nouveau fantôme se dressa devant moi ! O délicieuse vision ! C’était une demoiselle jeune, belle, d’une grâce exquise, d’un charme indescriptible. Mon âme s’enivrait de son doux regard. Je voulais lui parler et je désirais qu’elle me parlât ; mais nous étions tombés dans une sorte d’extase qui nous empêchait de nous rien dire. Que tu es belle ! M’écriai-je enfin. Oh ! Sois bonne aussi ! N’appelle pas le malheur sur moi, comme les autres l’ont fait. Dis-moi un mot, un mot qui me rende heureux ! Tends-moi ta main fine, si blanche ; fais-moi voir que tu n’es pas une apparence, un rêve, une hallucination de mon cerveau troublé, mais bien une douce et idéale réalité.
Elle, s’approchant de moi, me dit : « Il est quelqu’un que j’attendais depuis longtemps, bien longtemps ! C’était un ami ; cet ami, c’est toi ! Car dans mon rêve, un très long rêve, je te voyais ainsi que tu es. Je t’aimais dans mon rêve, je t’aime encore dans mon réveil. Veux-tu que, seuls ici, au milieu des ruines, sous le grand ciel, nous parlions d’amour ? Tiens, prends cette fleur que dans un siècle passé tu me donnas et que j’emportai jusqu’en mon tombeau. Vois, dans mes mains la tige reverdit, la fleur desséchée déroule ses pétales ; la voici vivante. Conserve-la, elle restera toujours fraîche, mais, si tu m’oubliais, elle se fanerait encore. Apporte-la quand tu viendras ici, elle te garantira de la colère de ceux que tu as vus ; tu la déposeras sur cette dalle ; je t’apparaîtrai et je la prendrai pour te la rendre chaque soir… »
Une nuit, on ne vit plus apparaître l’amant des ruines. On le chercha là où il allait rêver, chaque soir. On le trouva mort, étendu sur une dalle, et serrant une fleur dans sa main glacée.
Mission des sidériens
Mes petits enfants, n’aimons pas seulement de paroles et de la langue,
mais aimons en effet et en vérité.
I, Jean, III, 18
Figurez-vous un homme riche, puissant, ayant à sa disposition des trésors inépuisables, jetant l’or à pleines mains à ceux qui en ont besoin, sans distinction de race, de caste, de religion. Cet homme ne cesse de donner, de donner toujours. Eh bien, représentez-vous un pareil exemple pour avoir une idée de ce que font les Intelligences de l’espace travaillant encore pour l’humanité, jetant partout leurs fluides d’amour, trésors inépuisables, et descendant dans tous les milieux, sans en privilégier aucun, pour aider ceux qui travaillent à se grandir. Les Sidériens vont partout où ils peuvent faire du bien, et, s’ils fréquentent particulièrement les réunions psychistes, c’est qu’ils y trouvent une influence propice à la propagation de la vérité.
Il y a des êtres qui ne peuvent avancer aussi vite que d’autres, mais sur la terre, comme dans l’espace, il n’y a jamais d’abandonnés, demandez et il y aura toujours un bras pour soutenir ceux qui s’attardent, soit par faiblesse, soit par crainte.
Donc, nous descendons dans les milieux psychistes ; nous donnons partout où nous le pouvons quelque chose de nous qui console, qui fait du bien à l’âme. En répandant ainsi les trésors que nous possédons, nous ne regardons pas non plus à qui nous donnons ; nous donnons, voilà tout ! Nous descendons où nous pouvons être compris, où nous pouvons nous communiquer, et nous nous éloignons ensuite pour aller ailleurs, donner encore et toujours. Ne nous reprochez donc jamais, amis, d’aller dans d’autres réunions que les vôtres.
Ainsi que ceux d’entre vous qui ne tiennent pas à faire savoir à qui ils ont donné, nous ne disons pas à qui nous faisons du bien ; nous donnons partout où nous pouvons, et nous nous contentons de vous dire :
Que vous importe que nous allions où on nous appelle, pourvu que nous venions à vous et que nous vous aimions ! De quel droit voudriez-vous vous approprier exclusivement les préférences de tel ou tel habitant de l’espace qui aurait joué un grand rôle dans l’histoire, soit comme philosophe, soit comme libérateur, grand capitaine, ou, mieux encore, comme bienfaiteur de l’humanité. Si une intelligence de science et d’amour est appelée dans de nombreux groupes, dans quelque partie du monde que ce soit, cette Intelligence ne peut être rivée à un seul cercle, ne répondre qu’à une seule évocation, cela n’est pas possible ! Les sidériens se communiquent peu ou beaucoup, soit dans des séances, soit à des médiums isolés, et nous pouvons, nous avons même le devoir de vous dire que nul ne doit avoir la prétention de s’approprier l’un d’eux ; ce serait de l’aberration !
Je comprends que votre père, votre mère, vos enfants désincarnés n’aillent pas se communiquer partout, qu’ils ne se produisent même pas ailleurs que chez vous ; il est évident qu’un membre de votre famille n’a que faire d’aller auprès d’incarnés qu’il ne connaît pas ; s’il a intérêt à aller dans une autre société, il choisira, pour s’y présenter, l’incarnation pendant laquelle il aura connu un ou plusieurs de ses membres ; ceci est un cas particulier. Le parent vient auprès de vous, il cherche à se communiquer, cela est naturel ; mais voudriez-vous qu’un être très élevé ou une célébrité vers laquelle se portent à chaque instant des milliers de pensées, s’amoindrit et s’éloignât de tous ceux qui l’appellent pour ne répondre qu’à une seule voix ? Non, non !
Ce n’est pas pour un seul homme que nous venons sur la terre ; nous venons pour tous ceux qui nous appellent, pour tous ceux qui nous aiment ; notre bonheur est de les visiter et de nous communiquer partout où il nous est possible de le faire.
Fénelon
Quatrième série
Les médiums
Mon peuple interroge le bois, et son bâton prophétise.
Osée, IV,11.
Au temps d’Osée on écrivait avec des baguettes de bois sur des tablettes cirées
Quiconque, dit le Talmud, a été instruit de ce secret (l’évocation des morts)
et le garde avec vigilance…, se trouve l’héritier
de deux mondes : celui où nous vivons maintenant et le monde à venir.
Médiums bruns et médiums blonds
Si les charlatans de toute couleur sont
agaçants avec leurs coups de grosse caisse,
les savants ne le sont pas moins avec l’éteignoir qu’ils prétendent poser sur
tout ce qui est en dehors de leurs flambeaux officiels.
Henri De Pène
Vous vous êtes souvent demandé s’il y a des médiums qui peuvent produire tel phénomène plus facilement que tel autre.
Je ne veux pas vous entretenir d’une question de tempérament, de physiologie ; je vous dirai simplement que les médiums bruns sont ceux qui peuvent obtenir le plus facilement des matérialisations ; ils peuvent aussi le mieux guérir les maladies nerveuses, les rhumatismes, les fièvres. Ce sont les meilleurs magnétiseurs ; ils ont plus de phosphorescence, plus de puissance pour toutes les maladies en général que les médiums blonds.
Les médiums qui sont véritablement blonds ont la propriété de voir plus facilement les désincarnés ; à eux les grandes visions dans l’espace ; ils peuvent même voir les mondes ; ce sont ceux qui, en somme, obtiennent le plus de phénomènes dans leur état conscient ; ils reçoivent surtout par la pensée. Les médiums blonds entendront plutôt ou verront la phrase ; les médiums bruns l’écriront mécaniquement.
Les médiums de table les plus forts, ceux sur lesquels nous avons le plus de prise pour soulever les objets, sont les médiums bruns.
Les médiums blonds sont excessivement intuitifs ; ils peuvent communiquer éveillés avec l’Intelligence amie et conseillère.
Le médium brun reçoit les communications mécaniquement ; le médium blond, intuitif, les reçoit par la pensée.
Voilà une règle générale, mais qui ne s’applique pas toujours. Les médiumnités de tout genre peuvent se révéler successivement chez le même médium, qu’il soit brun ou blond ; elles se greffent les unes sur les autres, et, pourvu que le médium soit bien influencé, on peut obtenir par lui des phénomènes très divers. Cependant vous trouverez très rarement un médium tout à fait blond avoir des matérialisations ; ces médiums ne produisent presque pas de phosphorescence ; cette spécialité semble être celle des personnes brunes.
Gall
Médiums insuffisants
… Lutter contre les demi-charlatans, qui, doués
de facultés médiumniques véritables, ne savent pas s’en contenter
et, par vanité ou par intérêt,
suppléent à l’insuffisance de leurs moyens factices
V. Sardou
Il y a beaucoup de personnes qui se croient médiums, qui le sont un peu par le fait, et qui, pourtant, sont moins convaincues que d’autres qui ne sont pas du tout médiums. Je n’entends pas vous dire : méfiez-vous de vos facultés médianimiques si elles sont peu développées et abandonnez-les. Non ! Mais contentez-vous de ce que vous avez et gardez-vous de prôner hautement une médiumnité par laquelle vous ne pourriez donner des preuves sûres. Une médiumnité insuffisante est souvent un grand obstacle à la vulgarisation de la science psychique ! Sachez en cela, sacrifier tout amour-propre ; ceux qui ne sont pas sûrs de leur médiumnité peuvent aussi douter de celle des autres. Comment convaincraient-ils ?
Tous les médiums n’ont pas la médiumnité au même degré. Il y en a qui ont très peu la sensation de l’invisible qui leur parle ou qui leur dicte. Ils le comprennent bien, et ils éprouvent alors le besoin de voir d’autres médiums qui sont, plus qu’eux, en liaison directe avec nous ; si cela leur manquait, tout médiums qu’ils soient, le trouble de l’incertitude serait dans leur âme. Cherchez à développer des médiums, mais évitez toujours cet écueil, ce grand écueil pour eux, de les mettre à même de supposer que ce que nous leur disons ne vient que d’eux-mêmes. Cela produirait des doutes, des découragements. Ces médiums souffriraient beaucoup de penser que les révélations ne leur arrivent pas en ligne directe de l’espace, mais sont dénaturées par leurs facultés intellectuelles. Oui, aux médiums peu développés, il faut l’aide d’autres médiums obtenant des phénomènes qui leur prouvent ce qu’ils ne peuvent démontrer indubitablement par eux-mêmes. Un grand nombre, parmi ceux qui ne sont qu’intuitifs, ont besoin de cela.
Pour affirmer véritablement une médiumnité, il faut que le médium ne sache pas ce qui c’est passé pendant le sommeil, qu’il n’ait pas conscience de la voix de l’Invisible qui parle aux assistants ou qui chante comme une voix humaine ; il faut que sa main écrive seule sous une influence étrangère, ou bien il faut qu’une matérialisation se produise, soit pendant le sommeil, soit pendant la veille, et prouve, devant des témoins dignes de foi, qu’une Intelligence, qu’un être étranger au médium a pris un corps formé des fluides carnétisés du médium et des nôtres
Bien des médiums apprécieront diversement cette communication, mais beaucoup y sentiront un souffle de vérité, car nous, qui nous approchons des médiums, nous voyons leurs incertitudes.
Nous sollicitons tous ceux qui veulent devenir médiums de rester toujours passifs ; de ne pas s’attacher à la sensation que tel ou tel phénomène ne va pas se produire, pour ne pas avoir à supposer que se sont eux qui ont pu le produire directement, sous l’action d’un Invisible.
Charles. N.
Conseils pour l’exercice de la médiumnité
Cet instrument (le médium), nous ne le connaissons que fort mal.
Sa sensibilité même le rend d’un emploi difficile ;
mais ce sont des obstacles qui se rencontrent
à l’origine de toutes les sciences.
Colonel de Rochas
Il y a beaucoup de médiums qui ne le sont pas dans le sens absolu du mot. Il y a des personnes voyantes qui n’ont que des phénomènes ayant rapport avec la vie présente ; leur médiumnité ne reçoit que l’effet produit par ceux qui les entourent, lesquels créent des images fluidiques par leur seule pensée ; ce n’est qu’un simple cheminement à la véritable médiumnité, et vous ne pouvez classer ces médiums que parmi ces voyants qui font grand tapage en devinant une carte cachée ou bien en répétant exactement une phrase pensée par une des personnes avec lesquelles ils sont, même indirectement, en communication.
Les médiums faits, ceux par lesquels nous nous communiquons le mieux, résument en eux toutes les facultés. Ces médiums de premier ordre n’ont pas de spécialité, ou plutôt les ont toutes à l’état latent .
Cependant, lorsque par des vibrations puissantes le médium reçoit fortement les pensées des personnes qui l’entourent et qui le magnétisent en quelque sorte, il se pourra que le médium, si puissant qu’il soit, voie comme une scène se retracer devant lui ; c’est que cette scène a été évoquée par les personnes qui avaient une forte préoccupation.. Vous ne recevez alors de votre médium que le reflet de la pensée des assistants. Les phénomènes de la pensée sont encore pleins de mystère ; ils seront éclaircis plus tard. Dans une séance à incarnations, le médium commence à recevoir l’impression des fluides des personnes qui l’entourent, et, si parmi ces personnes il s’en trouve une qui ait dans la pensée, je le répète, une forte présomption d’un événement dramatique, par exemple : la mort au loin d’un parent ou d’un ami, il arrive très souvent, et de là découle que vous devez faire de sérieux contrôles, il arrive, dis-je, que la pensée touchant l’être que l’on croit mort de mort violente s’impose au médium qui voit retracée sous ses yeux, par une sorte de magnétisme la mort d’un individu qui peut être encore vivant. Laissez donc à la porte toute idée préconçue.
Parmi les personnes qui s’imaginent être médiums de premier ordre, il s’en trouve qui font parler les Invisibles, absolument comme elles l’entendent elles-mêmes, et les communications qu’elles reçoivent sont en rapport avec leurs idées personnelles. Leur bonne foi cependant ne saurait être mise en doute. Ces médiums nous obligent à nous tenir dans une grande réserve pour ne point voir notre pensée dénaturée.
Il y a aussi des intelligences de peu d’élévation qui viennent parfois au milieu de vous. Ces êtres peuvent recevoir une influence terrestre et rendre par la bouche des médiums des idées qui sont l’écho de celles des assistants.
Si les désincarnés qui s’attachent exclusivement à le terre pour suivre dans leur route les personnes qu’ils aiment, ne sont pas très élevés, ils subissent l’influence de celui qu’ils veulent protéger : ils seront complaisants pour tous ses actes ; pour lui plaire, ils iront jusqu’à la faiblesse ; et l’on voit des médiums aveuglés qui, étant toujours avec un même ami de l’espace, deviennent absolument ridicules par les communications qu’ils obtiennent. Lancés dans cette voie, les médiums peuvent arriver à faire du mal ; leur médiumnité devient obsession. Il ne faut pas être le médium d’une seule individualité, sinon cette individualité donnera toujours le courant des idées personnelles.
Dans l’espace, les extra terriens forment des harmonies. Ils ne se ressemblent pas tous, nul n’a la science intégrale. Il y a des degrés sans nombre, des variétés infinies. Chaque esprit élevé possède dans son auréole une facette de ce beau diamant de sagesse renfermé dans l’univers. Aussi devez-vous désirer par dessus tout que de nombreux habitants de l’au-delà viennent vous dire chacun ce qu’il pense, ce qu’il fait, ce qu’il aime, parce que chacun d’eux a sa personnalité. Entre eux il n’y a pas d’homogénéité de savoir ; ils diffèrent tous par leurs aptitudes.
Lorsque vous lisez nos communications, nous vous voyons souvent vous arrêter à tel passage qui semble incomplet. Vous le trouverez complété ailleurs, dans une autre communication, ou bien vous serez satisfait plus tard.
Il est nécessaire que nous répondions aussi à cette question : Pourquoi les correspondants d’extra terre reviennent-ils si souvent sur un sujet ? Pourquoi, en plusieurs séances de suite, ne l’épuisent-ils pas complètement avant de passer à autre chose ? C’est parce que les médiums à incarnations, c’est à dire les médiums orateurs, ne sont pas comme les médiums écrivains. Le médium écrivain s’il n’obtient rien, pose sa plume ou son crayon ; si nous lui parlons, notre voix est entendue de sa pensée et il traduit lui-même cette voix ; c’est son propre esprit qui, en premier lieu, contrôle la communication. Nous sommes en cela aidés plus immédiatement par un médium intuitif que par un médium à incarnations. Si nous voulons communiquer avec vous en endormant notre médium, nous sommes obligés de laisser pénétrer en lui tel ou tel extra terrien, celui qui, sur le moment, a le plus de force pour s’incarner. Par cette dernière médiumnité, il se fait que, dans la même séance, nos sujets de communication sont absolument différents. Si nous prenons le médium de telle manière, c’est que tel jour et à telle heure nous pouvons le prendre comme cela. Il n’y a rien d’arrêté en ce qui touche la médiumnité ; tout dépend de l’état des fluides dont nous pouvons disposer.
Dans vos groupes, entretenez la bonne entente, vous souvenant toujours que sur la terre l’harmonie n’existe réellement que lorsque la pure amitié unit les cœurs, que les faibles sont soutenus par les forts et que ces faibles, de leur côté, apportent l’affection, la reconnaissance qui soudent l’égalité entre les divers classes de la société. Pour nous vouer à la science psychique sur la terre, il nous est rigoureusement nécessaire de trouver un milieu où il y ait de l’union, sinon il nous est difficile de nous manifester. Nous ne pouvons nous maintenir sur des fluides de discorde, nous qui dans l’espace vivons d’harmonie.
Fénelon
Nécessité de l’harmonie dans les groupes
Que toute aigreur, toute animosité, toute colère,
toute crierie, toute médisance et toute malice,
soient bannies du milieu de nous.
Eph., IV, 31
Bien que les résultats comme rendement de la médiumnité ne tiennent pas essentiellement à l’entourage habituel du médium, une chose cependant est indispensable, indispensable, entendez-vous bien ? C’est que les membres du groupe soient en harmonie entre eux, qu’ils s’entendent, qu’ils se visitent et qu’ils soient toujours dans d’excellents termes ; c’est cela que nous appelons harmonie. Vous vous reflétez tous énormément dans le médium, il en est ainsi dans tous les cercles où il y a toujours les mêmes personnes, et c’est quand il y a toujours la même assistance en harmonie qu’on obtient les plus belles manifestations. Si, entre les personnes d’un groupe, il y a la moindre discorde, ne fût-ce qu’un esprit, nous le ressentons, nous, quand nous pénétrons dans leur milieu, qu’ils devraient rendre aussi harmonique que possible. Autant de points de dissidence, autant de difficultés pour nous ; les supra terriens avancés ne peuvent se manifester dans un cercle que s’ils y sont attirés par une communion d’idées, de pensées, d’amour même. Lorsque les extra terriens conseillers d’un groupe ne peuvent y venir par suite de désaccord, la place n’est plus imprenable pour certains désincarnés qui cherchent le trouble et qui peuvent s’emparer du médium et l’obséder. Sur la terre, comme dans l’espace, tout doit être harmonie ; l’harmonie est en germe dans tout, et ce qui n’est pas harmonie est appelé à le devenir, mais tout est variable suivant les volontés qui dirigent. Si vous détruisez vous-mêmes l’harmonie que vous avez formée, les forces nous manquent pour nous maintenir auprès de vous, et nous nous éloignons, non parce que nous le voulons, mais parce que nous y sommes obligés ; l’harmonie est plus forte que nous.
Fénelon
Conditions nécessaires à certaines médiumnités
Sur la terre, bien des choses élèvent l’âme : le sentiment d’honneur dans le devoir, l’amour du prochain, voilà ce qu’il convient d’appeler honnêteté et élévation d’âme. Vous le savez, on ne trouve point chez tous la même grandeur de pensée, de sentiment. Dans l’espace, les intelligences avancées qui désirent se communiquer tiennent beaucoup à ce que les médiums avant de revenir sur la terre, soient préparés à ce degré d’élévation qui peut justement les attirer.
Les très grands médiums sont des êtres absolument à part. Ceux qui mènent le vie que j’appellerai végétative, ou vie du travail matériel, ceux dont l’essor de l’âme se borne à l’observation des devoirs envers la famille et la société, ceux-là ne sont point suffisants pour attirer de l’espace les Intelligences idéales, les intelligences de sagesse ; leur cadre d’existence, dans pareille incarnation est trop restreint ; leur médiumnité ne peut produire des choses surhumaines ; ils peuvent cependant produire les phénomènes puissants dans l’ordre physique ou pour les soins à donner à la santé. Mais les médiums qui doivent attirer à eux les grandes Intelligences sidériennes sont soumis à un besoin de poésie, d’étude d’art, à un besoin d’idéal enfin qui les élève au-dessus de la terre et appelle à eux les rayonnements de l’au-delà . Ces médiums là obtiennent de magnifiques pages de philosophie, de poésie. Le jour où certains médiums sont privés de musique, de spectacle, lorsqu’ils ne peuvent plus entendre le beau langage qui charme l’esprit et le cœur, bien qu’il y ait en eux les éléments les plus complets pour faire jaillir de leur pensée l’étincelle qui appelle de l’espace une autre étincelle et fait naître l’éclair, le jour où ils descendent dans la vie terre à terre du travail matériel absorbant, ce jour, dis-je, leur médiumnité n’a plus la force de nous attirer. Oui, le jour où les médiums qui produisent des phénomènes intellectuels, c’est à dire des communications instructives, sont obligés de se perdre dans la foule, d’accepter ce que j’appelle improprement la vie végétative, la foule jette son ombre sur eux, obscurcit leur rayonnement, et nous ne pouvons plus entrer dans ce milieu de fluides épais et prendre ces médiums pour nous communiquer par eux.
Pour être nos intermédiaires, les médiums doivent se trouver entre la foule et nous. Ils nous prennent des fluides qui se rejettent sur la foule. Ces médiums sont moitiés de la terre, moitié de l’espace ; c’est ce qui donne souvent à ces êtres une originalité particulière au point de vue de la vie matérielle dans laquelle souvent, le plus souvent, ils ne peuvent descendre. C’est pourquoi le rôle de ceux qui protégent certains grands médiums est d’un mérite immense, car ce rôle est plein de surprises, d’ennuis et quelquefois de déceptions.
Charles. N.
Remarques sur le caractère de certains médiums
Soyez bons les uns envers les autres, pleins
de compassion, vous pardonnant les uns aux autres…
Eph. IV, 32
Il arrive que certains grands médiums, servant d’instrument aux Intelligences les plus diverses, manquent forcément de caractère personnel. Ils subissent fatalement, à cause de la souplesse nécessaire aux incarnations les plus variées, l’influence du milieu dans lequel ils se trouvent, de sorte que, au point de vue moral, les très forts médiums sont quelquefois mal équilibrés ; ils sont parfois maniaques, versatiles, même insupportables, et les relations suivies sont avec eux peu faciles. Ils passent dans la vie, différant presque en tous points des autres hommes. Les changements à vue de leur manière d’être constituent-ils au moins un bonheur pour eux ? Non. Aujourd’hui ils veulent ceci, demain cela ; après demain ils reviendront à leur premier désir. Enfin, avec eux, c’est le monde renversé, et ils sont les premiers à en souffrir.
Leur sensibilité excessive leur permet de percevoir presque tout ce qu’on pense d’eux, et, si une parole vive échappe à quelqu’un, ils en ressentent un choc, deviennent tristes.
Quel est le meilleur moyen d’obtenir des médiums ce qu’on voudrait pouvoir attendre d’eux ? Dans tous les cas, c’est la persuasion et la douceur. Il ne faut jamais les troubler, sinon, ils ne savent plus comprendre, la vue semble s’arrêter en eux. Pauvres êtres ! Ils sont solidement appuyés sur leur bâton de voyage ; ils sont enclins à tomber de l’autre côté de la vie. Comme leur esprit est peu lié au corps, ils sentent trop l’immensité en eux, ils comptent trop sur elle, et les combats de la vie, soit pour se créer une position, soit pour essayer de vaincre la mauvaise fortune, sont pour eux d’une indifférence très grande. Ils regardent trop dans l’au-delà pour s’incliner devant les nécessités de l’existence terrestre. Ce qui les sauve, ce qui leur fait beaucoup pardonner, ce sont leurs facultés qui inspirent pour eux une sollicitude à laquelle ils ne sont point insensibles.
Il nous est absolument nécessaire, pour pouvoir nous communiquer avec fruit, de descendre dans un corps où se trouvent des émanations d’âme porté vers des sentiments généreux ; il faut donc que les médiums aient un long passé d’existences diverse pour que nous puissions nous aider de leurs facultés latentes. Il faut aussi que l’harmonie soit parfaite ; qu’il n’y ait aucun nuage d’inimitié entre les assistants. C’est dans ces conditions que nous pouvons le mieux nous communiquer, que nous avons le plus de force, pour vous laisser nos fluides, ces fluides que nous vous apportons du grand espace dans lequel nous vivons.
Les médiums ont des vibrations plus fortes que les autres êtres ; leur âme se projette davantage ; ils ont besoin de se sentir aimés. Si dans le cercle il se trouve quelqu’un dont les fluides les repoussent, malgré leur propre raisonnement, malgré l’amitié de tout le groupe pour la personne qui les gêne, les manifestations peuvent manquer. Il arrive quelquefois qu’une antipathie d’un médium, qui semble n’avoir aucune raison d’être, est un avertissement que nous lui donnons, un instinct que nous éveillons en lui d’un danger que la personne qu’il voudrait écarter lui ferait courir. Les évènements ont souvent justifié cette observation.
Je voudrais voir dans l’avenir, ces médiums libres de toute préoccupation terrestre : ils ne sont pas bien armés pour la lutte. La plupart ne reviendront plus dans les conditions actuelles ; la société plus éclairée comprendra mieux ses devoirs. Aimer les médiums, les soutenir, c’est le meilleur moyen de se soutenir soi-même ; par leur intermédiaire, vous avez de grands phénomènes dont ils sont privés, eux ; et de plus, en dehors des manifestations obtenues dans un groupe, en dehors des séances, souvent excités, nerveux, ils ont peur de ce qu’ils voient, peur même de leurs propres manifestations .
Plaignez-les, ceux qui viennent sur la terre avec une tâche aussi difficile, aussi pénible ; vous qui êtes mieux cuirassés pour les luttes terriennes, c’est à vous qu’incombe le devoir de protéger les médiums. Ils ont souvent des moments de désespoir ; la tâche de la vie leur parait toujours pleine d’obscurités inquiétantes ; ils tombent facilement dans le découragement ; ils se raidissent parfois aussi dans un ordre d’idées préconçues. Il faut les aimer, les aider ; c’est un devoir pour ceux qui profitent de leurs manifestations ; c’est une bonne œuvre au point de vue humanitaire, c’est un grand mérite acquis pour la vie de l’espace.
Plus tard, quoique je ne le voie pas encore, lorsque de véritables facultés seront reconnues à des médiums, on les fera travailler à des manifestations de manière qu’ils puissent mieux servir à l’instruction générale ; on veillera davantage sur eux ; un ou plusieurs groupes de familles les protègeront ; puis des sociétés se constitueront pour leur venir en aide lorsque, ayant perdu leur médiumnité, ou étant devenus infirmes, ils auront besoin qu’on les secoure.
La science d’outre-tombe fera son chemin plus vite que l’apparence ne le ferait croire. Malgré cela, la grande fraternité ne s’établira qu’après plus d’un siècle. Vous, militants d’aujourd’hui, vous verrez ce progrès, des belles religions, et peut-être, par une mission de dévouement, reviendrez vous aider à faire luire la vérité.
Aimez les médiums, je le répète. Plus vous les aimerez, plus le cercle fluidique deviendra fort et puissant, parce que votre amitié trouvera plus d’écho dans leur sensibilité. Dans ces conditions, lorsque nous entrons dans l’un de ces êtres, nos porte-paroles, nous nous mettons plus fermement en communication avec vous, nous pouvons mieux vous donner les effluves bienfaisants que nous apportons et nous sommes toujours plus sûrs de nos manifestations.
Fénelon
Dangers que courent les médiums
(Quelqu’un de très agité se présente dans le médium, frappe du pied et parle d’une voix haute.)
Je resterai !… Je resterai !… Je resterai !!… Vous ne me ferez pas partir ! J’ai eu assez de peine à entrer dans le médium ! Non, non ! Je ne m’en irai pas !… J’ai un but.
Ah ! Vous me faites assez de mal ! Je vois le mal que fera votre doctrine à beaucoup de gens. Je vous séparerai, et nous briserons votre union qui nous empêche d’arriver à nos fins, (à M. R***), j’ai été chez toi ; j’y ai laissé une influence de discorde entre toi et tes proches…
Nous avons lutté surtout contre une date ; il y a des dates que nous redoutons, nous n’avons pu la reculer.
Pensez que vous brisez le médium.
Eh ! Qu’est-ce que la vie d’un médium quand il s’agit d’empêcher des idées abusives, pernicieuses, infernales, de ce répandre ! Ah ! Ce médium !… Nous avons fait assez cependant pour qu’il disparaisse ! Nous voulons qu’il cesse de faire de la médiumnité ou qu’il se tue… Et cela ne fait que croître et embellir au contraire ! Que nous importe la vie, l’honneur d’un médium si en le perdant nous l’empêchons de servir à la propagande ? Nous espérions avoir fait commettre à celui-ci assez de sottises pour le faire chasser…
A quoi vous servent les médiums ? Ce sont des gueux ! Si vous n’aviez offert un asile à celui-ci, il serait crevé de faim. Il y a longtemps que nous voulions le perdre. Et dire que je suis en lui !… et que je ne puis l’emporter plus jamais d’ici !…
Je persécute les médiums, et je ne suis pas seul pour accomplir le devoir de sauver la foi pure et les bons principes que nos aïeux ont professés. Ce n’est pas sur vous que je puis quelque chose, mais sur lui, parce qu’il est prenable. Le perdre n’est pas chose impossible… Nous sommes nombreux, puissants ! Ah ! Vous croyez que nous n’avons pas de force ? Si tant de médiums font de sottises, c’est que nous sommes là, guettant le moment de les faire tomber dans un piège. Il peut arriver, ce moment, où le manque d’attention ou d’union des incarnés et des désincarnés nous permet d’agir. Quelle joie immense quand nous pouvons donner lieu à prendre un médium « la main dans le sac », comme on dit ! Pourquoi vos influences à vous l’emportent-elles sur les nôtres ? Est-ce parce que vous êtes unis ?… Je ne vois pas autre chose.
C’est parce que nous voulons le bien pour tous ; nous voulons votre bonheur. N’est-ce pas bien, ce que vous entendez dire ici ?
Ah ! Il y a des poisons agréables au goût.
Il refuse de se nommer
Nous avons laissé parler un de vos adversaires afin que vous pensiez à lui et à ceux qui le suivent et pour que vous compreniez quels dangers peuvent courir les médiums.
Fénelon
La médiumnité est-elle un privilège ?
La médiumnité n’est pas un don providentiel,
une propriété anormale, mais simplement
un état physiologique qui se présente
chez tous les êtres, mais n’est développé que chez quelques-uns.
Revue spirite, août 1894
La médiumnité n’est pas un don dans l’acception habituelle du mot ; elle n’est pas un privilège. Chacun vient sur terre avec une faculté médianimique quelconque, inhérente à sa nature, pour avoir la possibilité de communiquer avec les désincarnés qui, par leur passé, leur présent et plus encore leur avenir, sont liés aux hommes.
L’homme se connaît, il connaît ses frères en humanité ; pourquoi ne connaîtrait-il la grande humanité de l’espace, cette humanité qui est son devoir ? C’est pourquoi, consciemment ou inconsciemment, tous les hommes sont médiums sans la moindre distinction.
Pourtant, que de personnes essaient d’être des médiums sérieux et n’arrivent pas à le devenir ! Voici quelques raisons de ces insuccès. C’est que personne ne s’étudie à développer qu’une faculté, et que maintes fois ce n’est pas cette faculté là qui doit leur servir à communiquer avec le monde ultra terrestre ; et puis, il y en a qui se rebute devant un travail de quelques instants chaque jour.
Les personnes jeunes développent leur médiumnité plus facilement que les personnes d’un âge mûr, parce qu’elles sont plus maniables et ont moins d’idées arrêtées. Plus une intelligence a travaillé dans un corps, plus elle l’a fait son instrument particulier, et moins cet instrument peut servir aux invisibles pour donner des communications ; voilà pourquoi, à un âge avancé, on devient plus rarement médium.
Généralement, les grands médiums à incarnations, venus tout exprès pour servir d’interprète aux disparus, ont fait un véritable sacrifice en acceptant cette mission pénible ; il leur faut une si grande souplesse pour se prêter à la manifestation des intelligences les plus différents, qu’ils perdent de leur personnalité. Vis-à-vis des autres incarnés, cette souplesse paraît de la versatilité ; ce manque de suite dans les idées, loin d’éloigner leurs amis, doit au contraire éveiller chez ceux-ci l’indulgence et la sollicitude.
Les animistes, pour la plupart, voient dans les médiums « des doués » ; mais, je le répète, tous les hommes sont doués. En médiumnité, amis, il y a de nombreux paresseux. On trouve le moyen de passer les soirées entières au bal, au théâtre, voire même à table, et on ne trouve pas quinze minutes dans la journée pour s’exercer à la médiumnité.
La médiumnité est-elle une science ? Non ; elle n’est pas une science, mais une faculté organique et même aussi, un art inconscient. La science, dans cet ordre de chose consiste à savoir conduire une médiumnité. Mais si la médiumnité par elle-même est un grand art, elle est le plus divin de tous les arts.
Je vous évoque en cet instant, peintres et sculpteurs, vous qui, de diverses manières, avez reproduit la forme et le sentiment dans un haut degré de perfection ; vous qui, avec la plus grande expression de vérité, avez retracé l’image, soit des grands de la terre, soit de vos femmes ou de vos maîtresses. Votre talent pâlit devant un art inconscient. Comparez vos chefs-d’œuvre avec la matérialisation qui peut apparaître, et il semblera que votre renommée va s’évanouir. Par la matérialisation, c’est le personnage lui-même, parfois en pied, que vous voyez réapparaître dans toute sa beauté.
Par la médiumnité, on obtient de véritables autographes. Celui qu’on appelle vient écrire lui-même et on peut comparer l’écrit médianimique avec son écriture dans sa dernière existence.
Pas de privilèges, pas de dons. Vous êtes tous médiums, vous avez tous certaines facultés médianimiques à différents degrés ; tous les hommes ont possédé ces facultés, tous les hommes en possèderont. La médiumnité fait que l’on vit de deux existences : celle de la terre où l’on souffre et se désespère souvent, et celle de l’espace qui donne l’espérance, la consolation et la force à qui sait les chercher.
Il y a un grand savoir en médiumnité ; c’est celui que donne l’expérience et qui consiste à diriger prudemment les forces fluidiques pour arriver plus facilement à la production de tel ou tel phénomène.
Les grandes et belles médiumnités, amis, sont moins rares que vous ne le croyez. Dans combien d’êtres sommeille et sommeillera toujours une médiumnité qui produirait les plus belles manifestations ! Pour peu qu’on s’occupe plus généralement de médiumnité, vous verrez de véritables merveilles. Qu’importe que vous le voyiez de ce monde ou de l’autre !
Henry Delaage
Note. En disant que la médiumnité est le plus divin de tous les arts, Henry Delaage a cité la peinture, la sculpture, mais il a omis de parler de la musique. Que de splendides phénomènes nous avons obtenus pourtant par les médiums musiciens ! Madame Maquet était exécutante de Mozart, Slade, de divers artistes. Mademoiselle X., endormie dans l’obscurité faisait entendre des mélodies, poème et musique, en s’accompagnant au piano ; elle était musicienne, il est vrai, mais elle ne connaissait pas l’harmonie ; elle était également écrivain, mais non poète. En tout cas, pendant le sommeil médianimique, elle exécutait des chefs-d’œuvre, avec un talent enchanteur, un talent incomparable à celui dont elle jouissait à l’état de veille. Du reste, il était pour nous de toute évidence qu’elle n’eût point eu le temps, éveillée, de composer tant de choses. J’invoque ici le témoignage de Mme Ugalde, la célèbre créatrice de Galathée et une grande autorité en cette matière ! Elle déclarait qu’il était impossible d’avoir une expression plus touchante, une prosodie plus parfaite. Il est vrai que la jeune fille médium était douée d’une intelligence supérieure et d’une instruction remarquable ; mais tout son bagage de femme savante pouvait-il faire obtenir de semblables phénomènes. Du reste, parmi nos médiums de différentes nationalités, nous en comptons qui savent à peine lire et écrire et qui, cependant, nous ont dicté des enseignements supérieurs et des poésies magnifiques.
Un exemple bien autrement remarquable est celui du grand « Inspiré mystique » J. F. Shephard, célébré, à juste titre, particulièrement dans les journaux allemands, hollandais et anglais. Sans savoir même déchiffrer la musique, depuis l’âge de treize ans, il peut jouer dans la plus profonde obscurité, c’est une bonne condition de succès, des morceaux hérissés de difficultés et qui produisent des impressions impossibles à dépeindre ! Il ne joue jamais deux fois la même chose, et on ne pourrait écrire ses compositions spontanées, rappelant tous les maîtres depuis les époques les plus reculées jusqu’à nos jours, parce qu’elles semblent exécutées tantôt par plusieurs mains, tantôt par plusieurs pianos à la fois. Ces compositions deviennent parfois orchestrales, surtout quand M. Shephard commence à chanter. Souvent, c’est une voix de basse que l’on entend au début, sonore, vibrante, qui fait palpiter les cœurs. Mais, ce qui confond les auditeurs, c’est que, tout à coup, dans la même mesure, une voix de soprano suraigu répond à la basse, les notes s’élèvent au-delà de l’ut. Tout cela est émouvant au plus haut degré et exécuté avec la précision la plus nette. Les séances sont indescriptibles ! Les harmonistes, MM. Rahn, Samuel-David, etc., ont déclaré que c’était le summum de la perfection, tant comme exécution que comme composition.
On peut dire de la musique de cet inspiré qu’elle commence où la musique de la terre finit.
Note. Henry Delaage revenait volontiers chez les amis avec lesquels il avait fait sur la terre des études psychiques. Il donna la communication qui précède après m’avoir rappelé une grande faute commise par lui chez notre amie commune Mme de C….. et qui recevait dans l’intimité le colonel de Volluet, bien connu dans le monde spirite, et son médium, Melle Amélie, femme de chambre de sa femme. Je cite le fait suivant parce qu’il peut servir d’exemple aux chercheurs de phénomènes psychiques.
C’était pendant l’une de ces séances très remarquables où, dans l’obscurité, nous avions des fleurs, où le charmant gamin, Gréco, venait nous parler dans son langage de gavroche ; il nous décoiffait, plantait les peignes des dames dans la barbe des messieurs, l’un de ces messieurs était M. E. Bonnemère ; avec une incroyable prestesse, Gréco enlevait les lunettes de l’un pour les mettre sur le nez d’un autre. Ce soir là, Gréco s’était matérialisé complètement mais nous fûmes effrayés par un sourd gémissement et un coup violent frappé sur la table « Un malheur est arrivé, s’écria le colonel de Volluet, allumez vite. » En effet, le pauvre médium était en proie à une crise épouvantable ; il se mit à vomir jusqu’au sang. M. Delaage avoua, repentant, qu’emporté par son enthousiasme, il avait serré Gréco dans ses bras, passé les mains dans ses cheveux courts, soyeux et bouclés ; il l’avait palpé des pieds à la tête, observant ainsi qu’il avait des pantalons, une petite blouse courte serrée à la taille par une ceinture en cuir. Gréco avait pu glisser de ses mains, mais pas assez tôt pour éviter au médium un déchirement qui lui fit perdre sa médiumnité, et pour longtemps sa santé. Ce fut sa dernière séance. Le colonel fit de graves reproches à Henry Delaage : « Vous auriez pu le tuer », lui dit-il.
Melle Amélie était habillée à la mode de cette époque : elle portait une ample crinoline, Gréco était vêtu en garçonnet ; elle était coiffée d’un lourd chignon, Gréco avait les cheveux courts ; il était de petite taille ; enfin, nous faisions cercle autour du médium. Cette séance fut très probante sans doute, mais à quel prix !
Peut-on assez recommander aux assistants de se conduire suivant les conditions voulues ! Qu’ils prennent, s’ils le veulent, les garanties les plus scrupuleuses avant, toujours avant la séance. Qu’ils examinent le lieu de la réunion, s’assurent de la confiance qu’ils peuvent avoir dans les assistants ; qu’ils déshabillent le médium, enferment ses vêtements dans une chambre dont ils garderont la clé, et y substituent un simple peignoir ou robe de chambre ; enfin qu’ils fassent tous la chaîne en prenant l’engagement de se tenir tous par la main pendant tout le temps que durera la séance.
Ce n’est point par brutalité ni par défiance qu’Henry Delaage commit cette faute. Il avait le respect du médium. Seulement, trop impressionnable, il se laissa entraîner par la joie de voir Gréco si bien matérialisé, et s’oublia jusqu’à le serrer dans ses bras.
Utilité de la médiumnité
Nous avons bien des choses à vous donner par les médiums ; des choses qui éveilleront beaucoup la curiosité. Mais un médium, quelque avancé qu’il soit, ne peut rendre les mots que nous-mêmes ne pouvons employer parce qu’ils n’existent pas dans les langues de la terre. Les facultés des médiums ne peuvent s’adapter à toutes les connaissances de vos correspondants extraterrestres ; il en résulte que ceux-ci sont entravés, ils ne peuvent guère parler qu’au point de vue humain ; et puis, le milieu dans lequel un invisible vient se manifester influe beaucoup sur la nature de la communication : il ne peut s’exprimer que suivant le degré d’avancement des assistants.
Tous les invisibles qui se sont communiqués par le phénomène d’Incarnation pourront, après une série d’essais, venir matérialisés, et nous espérons qu’un jour l’Esprit d’amour apparaîtra, pour prouver que Jésus peut encore venir sur la terre et se matérialiser pour guérir instantanément comme il l’a fait autrefois.
Les grandes intelligences qui peuvent descendre dans leur dernière incarnation en prenant un corps matérialisé ne pourront guère vous faire jouir de la quintescence de leur progrès. Cependant, par la médiumnité, elles seront assez de la terre pour vous parler et se faire comprendre, et assez de l’espace pour vous en apporter quelque chose.
Oui, chers amis, nous désirons vous rendre au centuple ce que vous nous avez donné ; nous désirons vous rendre en joies lumineuses le peu de temps que vous nous accordez.
Si vous saviez ce que les découvertes animistes feront faire de progrès dans le monde ! C’est quelque chose d’inouï ! Les désincarnés se communiquant partout, donneront à tous l’assurance de l’indestructibilité de l’être ; ils apprendront aux hommes que tous sont les enfants de leurs propres œuvres, et chacun voudra étudier la vie de l’espace ; cette étude fera mieux comprendre la vie terrestre et les devoirs sociaux et individuels.
Ne vous plaignez point de la dureté de la vie. C’est vous-mêmes souvent qui avez choisi une incarnation pénible, si vous l’avez jugé nécessaire. Ce sont justement ceux qui sont appelés à faire marcher l’humanité, de quelque manière que ce soit, qui, le plus souvent sont éprouvés. Nous ne disons pas que ce sont tous des génies, mais ce qu’ils font est important pour un lointain avenir. Rien ne sera perdu, rien ne se perd, et, quoique les invisibles ne disent pas ce qu’on récoltera de bien pour un travail utile au progrès, la satisfaction en résultera toujours. Au point de vue de la terre, chacun a choisi sa part, son rôle ; ceux qui se sont jetés dans ce courant d’études doivent le suivre malgré les souffrances, malgré les difficultés de la vie matérielle, malgré tout : c’est le progrès qui les emporte.
Rien ne résoudra les questions sociales comme la fraternité. Quand vous aurez soulevé un coin du voile des grands mystères, chacun comprendra qu’il se trouve à sa place, chacun saura qu’il doit travailler dans son rayon sans envie et sans laisser se déchaîner en lui les instincts de force brutale qui renverserait franchement tout, et jetterait la société dans un chaos épouvantable. Le temps de la révolution par la violence est passé ; le progrès et les révolutions se feront par l’amour. Amis, voyez dans la science d’Outre-tombe une régénération radicale, une force qui transformera l’humanité et qui établira, entre les peuples, entre tous les hommes, cette solidarité qu’on appelle mais qu’on comprend si peu.
Je vois l’avenir resplendissant. Je vois de grandes intelligences de l’espace venir se communiquer à la terre, enthousiasmer la foule par leur présence ! O humains ! Vous vous plaignez et vous êtes heureux pourtant, car vous êtes tous des élus pour les jours nouveaux. La lumière et l’amour seront donnés à tous ceux qui les désireront. Jours de bonheur, je vous évoque ! Je serai là, je l’espère.
Qui fut à la tâche doit être à l’honneur.
Gall
Sans l’intervention d’un médium, vous n’entendriez pas certaines communications ; donc, le médium a des droits. Sachez que le médium est privé de la vie pendant que nous parlons ; il souffre quelquefois en dehors de son corps, car son esprit, sa personnalité intelligente en étant chassée, se trouve, de l’autre côté de la vie terrestre, dans un état tout à fait anormal. Le sentiment de la conservation lie étroitement l’âme au corps, et le médium, dégagé de son corps, s’inquiète d’avoir quitté la vie de la terre qui doit être sa condition actuelle d’existence.
Fénelon
Note. L’inquiétude du médium est d’autant plus fondée que souvent dans un cercle quelque esprit fort s’est introduit dans le simple but de confondre celui qu’on traite « d’exploiteur » voulant faire croire au surnaturel. Il n’est point alors de pièges qui ne soient tendus au médium et dont l’extra terrien, enfermé dans un corps terrien, ne peut se garer. Cette manière d’agir a pour résultat de faire au médium un grand mal physique et moral et de briser sa médiumnité. Nous en avons vu maints exemples.
Il arrive quelquefois aussi que le médium est si heureux de sa liberté momentanément retrouvée dans l’espace, qu’il pleure son retour à la terre ; heureusement l’oubli se fait immédiatement.
Un ami invisible à son médium
Marche ! Marche sans crainte vers l’horizon brillant qui t’attire !
Marche ! Marche ! Tu vogues sur l’Océan de la vie, frêle esquif, et pourtant ceux qui le parcourent en superbe, cet Océan, t’entourent et malgré eux s’inclinent.
Marche ! Marche ! Ne doute jamais ! Tu es sous l’égide qui a toujours de la force, de la puissance, parce que cette égide est l’amour.
Marche ! Qu’importe les jours tristes et sombres, les angoisses du cœur, les tourments de l’esprit ! Pardonne les blessures faites par les aveugles. Marche sans retourner la tête, pour ne pas voir ceux qui t’ont fait du mal. Regarde devant toi, toujours, car c’est devant toi et à côté de toi que tu verras ceux qui font le bien.
Marche ! Marche ! et vois, à mesure que tu avances, ce foyer lumineux où tu puises ta propre lumière. Marche, marche encore ! Ta lumière est des Deux Mondes : Tu éclaires les disparus et aussi ceux qui sont les vivants du monde dans lequel tu es venu nous servir d’intermédiaire.
Marche ! Marche sans crainte. Soutiens-toi sur mon bras ; je suis ta force, je suis ta puissance ; nous sommes missionnaires. Je m’appuie sur toi, moi aussi, car j’ai besoin de tes mérites si tu as besoin de ma force.
Marche, marche ! Et dans le lointain où tout se confond dans l’amour du foyer du cœur de Dieu, nous allons ensemble, nos deux cœurs unis, suivis de tous ceux que nous avons consolés et des générations qui s’éclaireront après toi de la lumière qui t’a éclairé.
Lermon
Note. Cet ami revient dans diverses incarnations où il a connu son médium principal dont il parle par un autre médium dans cette communication.
Lermon est poète. Il a donné spontanément de très beaux vers écrits par lui-même, dans la lumière, étant matérialisé, devant les assistants. Il se montrait alors sous l’apparence d’un beau vieillard vêtu d’une draperie blanche.
Cinquième série
Dans l’Inde
Prenez garde que l’on ne vous égare par
une théorie de trompe-l’œil fondée sur
des principes et sur des traditions humaines.
Col., M, 8
Combattre une erreur vieille ou naissante
est presque aussi beau que de découvrir une vérité nouvelle.
Dr Antoine Cros
Dangers de la domination magnétique
Soyez ferme : rejetez le joug de toute servitude.
Gal., V, 1.
Dans quelques sectes indiennes, il y a plusieurs degrés d’initiation. Les initiés sont tenus par la règle sous la domination des chefs. N’adoptez point un système si contraire à la liberté individuelle ; nous, grand prêtre de l’Inde antique, nous ne conseillerons jamais aux sociétés occidentales de s’entourer d’entraves qui les jetteraient en dehors des lois ni des droits naturels.
Quand les médiums de ces sectes quittent la vie terrestre pendant laquelle les magnétiseurs en ont fait des captifs, ils ne peuvent de longtemps reprendre leur liberté. Ayant été magnétisés toute la vie, ils restent après la désincarnation, sous cette domination puissante. Les magnétiseurs peuvent les asservir encore après leur passage de l’autre côté, car les désincarnés reviennent volontiers sur la terre, non seulement vers ceux qu’ils ont aimés, mais aussi vers ceux auxquels ils ont été soumis ; dans ce dernier cas, les êtres inférieurs sont attirés par la force de l’habitude, et surtout par la magnétisation, et, puisque les disparus, quels qu’ils soient, ont un plaisir immense à se communiquer aux hommes, il n’est pas étonnant que les êtres faibles de caractère demeurent encore longtemps sous la domination de ceux à qui ils appartenaient ; habitués à servir et à obéir aveuglément pendant leur incarnation, l’esclavage se continue pour eux de l’autre côté. Les disparus qui servent leur ancien maître sont donc sous le coup d’une domination magnétique. Sur la terre, ils ont vécu presque désincarnés au milieu des adeptes supérieurs, leur corps n’était plus que l’ombre de leur esprit, de sorte que la magnétisation a été plus forte sur l’intelligence que sur le corps, et de là vient que, après la désincarnation, elle est d’autant plus facile à continuer que l’âme est moins développée.
Le médium ne doit pas vivre de la vie du temple, de la vie du cloître ; il n’a pas le droit de sacrifier son corps ; il doit le faire vivre, car le corps est un instrument de progrès. Il a aussi le devoir de ne donner ses facultés qu’à bon escient.
Cependant, diront ceux qui jugent d’après les apparences, dans les sectes indiennes, on obtient des phénomènes extraordinaires : un affilié peut voir apparaître le périsprit d’un autre affilié, phénomène de bilocation . Tout en admettant les curieux phénomènes qui, en réalité, se produisent, on ne doit pas approuver un système qui fait vivre les hommes dans la réclusion, la contemplation, l’ascétisme, et les fait chercher à se mettre en dehors des lois naturelles.
Je vois dans l’espace quelques-uns de ces hauts initiés. Ils croient encore à leur puissance, et ils souffrent en attendant ce qu’ils s’étaient promis. Vaine espérance !… Ils reconnaissent plus ou moins vite leur erreur.
Pas de sociétés secrètes ; pas de pratiques mystérieuses ; pas d’affiliation à divers degrés. Si vous cherchez la vérité pour tous, les extra terriens, dépositaires de l’antique philosophie indienne, viendront avec bonheur vous enseigner ce que la terre ignore aujourd’hui.
L’oriental
Un médium dans l’Inde
(Celui qui s’incarne regarde autour de lui.)
Où sui-je ? Quels sont ces hommes ? De quel pays sont-ils ? Est-ce par le fait d’un nouveau sacrifice que je suis dans ce milieu ?… Non !… je ne sens plus les parfums qui m’énervaient avant de m’endormir ; ce ne sont pas des prêtres que je vois, avec leurs longues robes blanches. Où suis-je, enfin ?… Pourtant j’existe !… je suis !…
Ah ! je me souviens !… Pour être délivré, pour être affranchi d’une domination fatale, pour que je me sente vivre enfin de la vie des hommes, mon périsprit a cherché un asile dans le corps d’un être libre. Je donne ma vie, il me prête la sienne ; il m’abrite, et par lui je suis un instant de la vie de ce monde, pendant que lui, peut-être, est dans mon pays à moi, dans mon cher pays, dans l’Inde, d’où je viens, et où il a pu aller en suivant la trace que j’ai faite en venant m’incarner ici.
A trente ans, souffrir comme je souffre ! Ne point jouir de la vie ! Manger des mets particuliers pour favoriser la production des phénomènes ; rester des jours, des semaines entières, à l’état cadavérique, quel tourment ! On m’endort avec quelques sacrifiés comme moi, et on nous abandonne dans cet état, laissant brûler auprès de nous les parfums qui empêchent le périsprit de réintégrer son corps ; ces parfums là sont des fluides puissants qui pourtant ne brisent pas le lien de l’existence. Je demande grâce ! N’ai-je pas droit à la vie comme tous les autres hommes, comme ceux au pouvoir desquels je suis devenu un instrument passif par une première et lâche condescendance ?
Libre !…Ah ! Quand serai-je libre ? Quand pourrai-je m’enfuir du temple où je suis prisonnier ? Quand pourrai-je en franchir le seuil avec mon corps ? Hélas ! je ne sais… qui donc pourrait me sauver ? Je ne puis espérer que cela soit possible, car les portes sont souvent ouvertes, et je ne puis m’enfuir ; une force indomptable me cloue au sol, et jamais je ne puis courir à l’air libre !
Que nos prêtres sont coupables ! Ils abusent de notre faiblesse ; avec le temps, ils ont fait de nous des esclaves. Je hais cette domination ! Je la hais et prie Dieu de nous en délivrer. Puisse mon esprit s’arracher de mon corps, et que les prêtres, leurs phénomènes finis, ne retrouvent en moi qu’un véritable cadavre que leurs eaux parfumées, magnétisées, ne pourront plus rendre à la vie !
Au revoir, frères d’occident !… Au revoir !… Au revoir !
Un médium indien
Longévité extranaturelle
Dans l’Inde antique, lorsque l’un de nos prêtres était partit pour la sphère réservée à ses travaux, à son avancement, à ses vertus, il revenait à nous, par nous, c’est-à-dire que, par notre propre substance, il reprenait une chair, une incarnation momentanée, une matérialisation médianimique. Pour venir parmi nous, il se servait seulement des forces fluidiques que nous lui donnions ; car nous étions tous ce que vous appelez « médiums », et nous travaillions pendant de longues années à nous préparer pour telle ou telle manifestation. Lorsque l’un de nous, partit pour les splendeurs de l’au-delà , revenait, pour les nouveaux membres à instruire, affirmer la persistance de la vie intelligente, il revenait, dis-je, brillant par sa sagesse et la force d’amour que nous lui avions tous prodiguée ; il revenait se montrer sous la même forme qu’il avait eue lors de sa dernière incarnation.
Certaines doctrines de l’Inde enseignent qu’il existe une force pouvant permettre à la matière de garder, de retenir l’intelligence pendant des milliers d’années, et il y a des hommes qui essaient de prolonger indéfiniment leur vie terrestre. En admettant qu’ils arrivent à vivre de longs siècles, ils ne le peuvent qu’aux dépens d’autres incarnés ; ils se forment un corps, sorte de cadavre ambulant, où leur intelligence peut continuer à s’abriter en conservant les facultés acquises pendant cette longue incarnation . Ils ont auprès d’eux des êtres dont ils font envoler l’esprit pour absorber les molécules vivantes qu’ils détachent des corps cataleptisés.
C’est un crime de vivre d’un autre, c’est-à-dire de prolonger l’existence terrestre au delà des limites naturelles par l’assimilation des molécules vivantes prises à un sacrifié. Nous n’aurions pas osé, pas voulu nous servir de cette force inconnue des masses, pour imposer à la matière terrienne de retenir le principe intelligent ; nous considérions aussi comme un forfait de soustraire aux lois naturelles le corps que la désagrégation doit prendre pour servir à la nutrition d’autres êtres appelés à se développer à leur tour.
Ceux qui font ces choses savent ce que nous savons, mais ils n’ont pas ce que nous avons : l’amour humanitaire, la grande fraternité, l’amour de l’Être Universel rayonnant dans tout être qui s’achemine vers le progrès. Mais tôt ou tard, ces hommes subissent la loi commune, car rien dans la nature ne peut se soustraire aux lois universelles, et, quelque temps qu’ils gardent des molécules prises à d’autres, elles ne pourront retenir indéfiniment l’intelligence qui a droit au progrès.
N’accréditez pas une doctrine qui cause à ceux qui la professent un long attardement ; ses sectateurs sont comme des voyageurs perdus sur l’Océan ; un phare les attire ; ils le voient, mais la barque fuit la lumière, elle s’en va à la dérive, s’éloigne dans la nuit et flotte loin du port, loin des émanations vivifiantes de la terre promise, loin de l’amour des vivants.
Lermon
Note. Jouissant de la faculté que possèdent les hautes intelligences, Lermon se montrait matérialisé chez le médium X., et il s’incarnait dans notre groupe, presque au même moment ; la différence du temps n’était pas appréciable pour tous.
Note. Il ressort de cette communication que le phénomène de matérialisation, ou tangibilité exceptionnelle, et celui de survie matérielle, ou vie matérielle prolongée audelà des limites conformes aux harmonies de la nature, ne peuvent se produire que par la condensation des molécules matérielles humaines, préalablement détachées d’un organisme matériel humain. Si cet organisme humain s’offre de bonne volonté, de son plein consentement et par un phénomène sans permanence, par conséquent sans danger ni esclavage, nous avons affaire à un fait de médiumnité, tel qu’il se présente dans les séances spirites. Si, au contraire, le phénomène se produit sans l’intervention libre du médium, c’est que les molécules sont prises à un organisme humain victime d’une tyrannie occulte. Il n’y a pas à sortir de là, et les sectateurs de certains êtres hypothétiques auront beau prétendre qu’ils travaillent au bonheur des peuples, il n’en est pas moins vrai qu’entre leur doctrine et le spiritisme libre, il y a la même différence qu’entre le despotisme et la fraternité, le même abîme qu’entre l’esclavage et la liberté.
Camille Chaigneau
Autrefois et aujourd’hui
A cette hauteur il n’y a plus de pensée ni
de négation de pensée. « L’idée et la perception cessent. »
Tel est le but, l’accomplissement, la perfection suprême.
Sortir, non seulement de la vie, mais de l’être,
tel est le souverain bien. C’est à cela que les Bouddhas, à travers
des milliers d’existences, aspirent et arrivent ,
par des sacrifices et des renoncements infinis.
H. Taine - Nouveaux Essais de critique et d’histoire, 1893
Il est bon de rappeler que la séance où cette communication fut donnée avait été précédée d’un article du journal Le Temps, du 23 février 1884 : Relation d’un voyage à Ceylan. Il était parlé dans cet article de la déchéance de l’être.
Ah ! Que l’Inde de vos jours est différente de l’Inde antique ! Quelle déchéance morale ! A quoi tendent les hommes qui se servent des vestiges de la science ancienne pour les accommoder suivant leur fantaisie ?
Dans l’Inde d’autrefois, dans l’Inde qui a vu les grands révélateurs, l’évolution de l’âme était la base de tout enseignement. On la prenait, cette âme, dès l’animalité, et il était expliqué au peuple de quelle manière elle se développait sur la terre, depuis les plus humbles des animaux jusqu’aux plus remarquables des hommes.
Dans quelques sectes indiennes ont fait croire aux adeptes que la plupart de ceux qui se désincarnent vont dans de hautes régions réaliser l’idéal qu’ils s’étaient fait ; qu’ils oublient la terre et ceux qu’ils ont aimés ou qu’ils avaient mission d’aider. Cette idée est démoralisante, erronée et absolument opposée aux convictions que donnaient les anciens prophètes ; cette philosophie porte atteinte à la grande famille humaine et méconnaît la plus belle des lois : l’égalité inséparable de la solidarité.
L’inde antique souffre pour l’Inde de vos jours, et, quand vos frères viennent dans vos réunions vivre pour un instant de vos fluides et ressentir vos impressions, oh ! ils souffrent de voir que tant de travaux sont perdus ! Cependant, ils voient au delà de ces souffrances, parce que, en quelque lieu qu’ils se trouvent, ils ont toujours le rayon de lumière qui les relie au monde fluidique auquel ils appartiennent. Ils peuvent donc vous dire :
Tout ce qui n’a pas pour base le progrès pour tous et l’amour humanitaire est destiné à disparaître, et les générations en perdront le souvenir ; tandis que tout ce qui mène à l’amour universel et éternel l’emportera pour le bonheur de l’humanité.
Hypathie de l’Ecole d’Alexandrie. 415
Science oubliée
Les grands prêtres de notre époque reculée résumaient ainsi leur enseignement : croyance aux degrés infinis des intelligences, et croyance en Dieu, synthèse de toutes les intelligences et vivant d’elles.
Nous avons enseigné que l’être quittant la terre y reste, attaché d’abord par l’amour de la terre, par l’amour de ceux qu’il y laisse ; il doit y rester attaché aussi longtemps que la nécessité s’impose pour qu’il comprenne les règnes par lesquels il a grandi, et dans quelle force d’intelligence il a habité tel ou tel organisme. Nous avons enseigné que la terre n’était point le but final ; que les intelligences ont des incarnations successives jusqu’à ce qu’elles soient arrivées à l’apogée de science et de sagesse accessible dans leur milieu, pour aller, ensuite, dans d’autres lieux propices à une nouvelle élévation.
L’intelligence au degré d’embryon cellulaire avait été révélée. La science s’était unie à la révélation ; toutes les deux marchaient de pair, et l’évolution de l’être se comprenait. Celui qui maltraitait un animal était puni de par la loi ; il était blâmé autant que s’il avait insulté au principe de la sagesse humaine, car ce n’était point par sa forme physique que l’on considérait le quadrupède, l’oiseau, etc. ; on voyait en lui le mouvement ascensionnel de l’intelligence acquérant, par chaque milieu traversé, un degré nouveau de compréhension. L’homme se comprenant dans l’insecte même, autant qu’il se comprenait dans le grand univers et dans l’infini qu’il pressentait. Ce qui révèle à l’homme sa grandeur et sa faiblesse, c’est la vue de l’espace peuplé de mondes lui prouvant sa petitesse, alors même qu’il sent sa force et son génie. Nous regardions dans l’espace avec nos prêtres, les grands médiums de cette époque ; ils nous expliquaient Dieu dans la nature : l’homme est appelé à sentir Dieu parce qu’il est essence de Dieu.
Les indiens de notre époque ont disparu, mais leur œuvre n’est pas morte ; rien ne peut anéantir la grandeur d’une action, d’un dévouement, d’un acte d’héroïsme ; les actes sont imprimés dans les fluides de l’espace afin que les générations successives puissent les retrouver. Nous avons suivi notre génération ; la civilisation se déplacera encore, comme elle s’est déplacée déjà ; de nouveau, l’hyène et l’ours habiteront tour à tour vos contrées, et la civilisation se transportera là où l’on adore actuellement les fétiches. Vous serez passés, mais l’Inde se sera révélée à vous comme elle s’est révélée à l’Egypte et, par l’Egypte, à la Grèce et à Rome.
Les cosmogonies orientales, se divisant dans les peuples, formèrent autant de religions, identiques dans le fond. Celui qui parcourt les Indes, qui voit des prêtres de chaque secte, celui dont l’esprit éclairé sait discerner, s’aperçoit vite que les diverses religions suivies par tant de millions d’hommes, ont toutes la même base. Mais l’enseignement initial a été dénaturé.
La déduction avait fait comprendre aux chercheurs de nos temps reculés que l’âme, rattachée à la terre par ses principes naturels, pouvait encore se révéler au moyen de ces mêmes principes. L’homme cherchait, et l’homme n’a jamais cherché en vain ; il n’a jamais fouillé les secrets de la tombe sans y retrouver la vie. Les morts restent vivants, et les vivants apprennent des morts que les morts sont plus vivants que les vivants.
La manière d’enseigner les grands principes dans l’Inde d’autrefois était fort complexe. On établissait des catégories et les hommes étaient instruits suivant l’intelligence qu’ils possédaient, la compréhension qu’ils pouvaient atteindre, et surtout ce qu’on pouvait retirer de cette faculté que vous appelez « médiumnité ». Mais la preuve de la survie était donnée à tous, elle appartenait à tous ; elle était devenue si habituelle et si probante, qu’un jour, les générations ne la demandèrent plus, et c’est faute d’être demandée qu’elle disparut. Sur quelques points seulement, la science d’extra terre se révéla à nouveau à des chercheurs infatigables ; elle a été admirée chez quelques Grecs renommés, et quelques bribes en sont arrivées jusqu’à vous.
Les secrets de cette science se retrouveront encore. Là-bas, bien loin de vous, ils sont gravés sur des marbres cachés ; on ne peut encore les lire, mais ils seront dévoilés à nouveau et expliqués, car ils sont encore inconcevables et incompréhensibles pour ce que vous appelez le vulgaire ; ils contiennent les conditions qui permettent aux morts de se révéler aux vivants.
Liana
Note. Les sectateurs des doctrines indiennes affirment que les seules communications que les spirites puissent obtenir, pendant un temps donné, sont en termes vulgaires, ou inintelligibles seulement (le contraire est surabondamment prouvé) et proviennent « d’êtres de bas étages » ou des débris qui survivent à la matière organique pour retomber bientôt dans les bas-fonds.
Nous vous disons, nous, philosophes de l’Inde antique, que ces enseignements sont erronés : aucune intelligence ne peut se perdre, après la désagrégation du corps. S’il en était ainsi, comment des désincarnés de tous les temps, des âges les plus reculés, pourraient-ils apparaître et se communiquer, comme le prouvent l’histoire et les livres anciens ?
Les extra terriens peuvent se manifester par les médiums pendant un temps illimité. Dans les milieux animistes, leurs forces fluidiques ne s’affaiblissent jamais ; car ce ne sont pas les forces restées dans leur périsprit, qui seules leur permettent de se communiquer, mais les fluides des médiums ; et tant que les disparus trouveront des médiums suffisants, pas n’est besoin qu’ils aient, pour se produire, des forces particulières à eux ; ils tirent parti de celles des médiums ; si les médiums entretiennent leur médiumnité, les extra terriens se communiqueront toujours par eux, avec la même puissance.
Par un médium, ce n’est point seulement un désincarné qui peut se communiquer, mais généralement plusieurs, et parfois un grand nombre et des plus divers ; ainsi les inspirateurs qui viennent pour donner des conseils aux hommes sont en nombre très considérable, et ils peuvent se manifester aussi longtemps qu’ils trouvent des facilités de communication. C’est pour cela qu’elle est si belle, cette mission des médiums ; que ne le comprennent-ils tous également !
Après avoir quitté leur enveloppe corporelle, les extra terriens, quelques élevés qu’ils soient, et même à cause de leur grandeur d’âme, sont affligés de la douleur de ceux qui les ont perdus ; ils ne peuvent se résoudre à quitter ces chers aimés qui les pleurent, et, à ce moment qui touche de si près à leur vie terrestre, s’ils peuvent se communiquer, ils y mettent toutes leurs forces ; c’est avec une joie enthousiaste qu’ils vous prouvent qu’ils ne sont pas perdus pour vous, qu’ils pensent à vous, et qu’au delà de la tombe on aime mieux que dans votre monde. Dans l’avenir, lorsqu’il y aura des médiums dans chaque famille, les disparus se révéleront immédiatement après leur désincarnation ; ils ne quitteront leurs aînés qu’après les avoir consolés, fortifiés ; alors les déchirements inhérents à la séparation seront moins cruels.
Les êtres qui s’éloignent de la terre vont dans l’espace si beau qui les attire ; ils arrivent à planer sur ce monde ; ils se souviennent et voient avec la vision de leur âme tout ce qu’ils ont fait ; ils partent ensuite pour d’autres planètes. Cependant, il y a des extra terriens qui reviennent souvent vous trouver, non seulement par affection, mais pour bien d’autres raisons. Dans les contes de grand-mères, il est dit, et il y a du vrai au fond, que des « spectres » se sont montrés pour demander, par exemple, d’accomplir pour eux une mission, un devoir négligé, une réparation enfin ; s’ils obtenaient ce qu’ils désiraient, les manifestations cessaient et le calme le plus complet se rétablissait dans les demeures hantées. Cela se verra encore très souvent.
Enfants, croyez-le bien, vous serez dans la vérité lorsque vous affirmerez que les extra terriens, quel que soit le temps écoulé depuis leur départ de la planète, peuvent communiquer avec les humains, non seulement par les fluides terriens qu’ils ont gardés dans leur périsprit, mais bien plutôt par les médiums conscients ou inconscients.
Certaines écoles indiennes de vos jours enseignent que les grands disparus ne peuvent revenir à vous, tandis qu’ils viennent, au contraire, vous donner des preuves palpables de leur existence, et vous dire avec une exaltation sublime : Nous sommes toujours ; nous voyons et nous sentons que nous serons toujours et que nous progresserons éternellement.
Eliam, grand prêtre de l’inde antique
Raison philosophique de la crémation dans l’Inde antique
La crémation des vivants est la seule crémation
que l’Eglise ait reconnue et pratiquée.
Spectator - le Pays
On aime à instruire ceux qui veulent être éclairés. Aujourd’hui, je vous parlerai d’un usage antique. Si l’Inde a attiré vos regards, c’est que vous saviez qu’il y avait beaucoup à recueillir de cet héritage perdu par tant de générations. C’est un sujet traité par les doctes de l’Inde que je vais vous exposer ; je m’attacherai au point qui touche à la désincarnation.
Quand un homme mourait, on brûlait son cadavre. S’il laissait des enfants, sa veuve devait vivre pour eux ; s’il n’y avait pas d’enfant, la veuve, dans sa croyance superstitieuse, devait rejoindre l’âme de son âme ; elle était brûlée vivante sur un bûcher, comme le cadavre de son mari l’avait été par le feu purificateur. Cette coutume barbare n’avait point été établie par nous, prêtres de l’Inde antique ; elle venait des âges primitifs, et les siècles l’avaient consacrée par la force de l’habitude.
La raison philosophique de cette coutume cruelle est peu connue.
Pourquoi la veuve se laissait-elle brûler ? Car quelquefois, le sacrifice était volontaire. Pourquoi voulait-elle que son corps terrestre fût anéanti ? C’était dans l’espérance que l’âme, redevenue libre, irait se confondre entièrement avec l’âme aimée, et pour que, regardant en arrière, elle ne pût voir même ses cendres, car celles-ci étaient jetées au vent.
L’être revient fatalement attiré par son corps, et celui qui veut appartenir à un autre être dans l’espace désire que son corps planétaire soit immédiatement changé en gaz. On n’a pas vécu en vain dans un corps et, quelque délabrée que soit la demeure dans laquelle vous avez passé vos années terrestres, au détour du grand chemin, vous vous retournez encore, et souvent vous essuyez une larme. Quelle que soit l’élévation de l’intelligence, elle tient à ce corps qui a été son instrument de travail ; il faut qu’elle l’ait aimé, ce corps, pour être restée en harmonie avec lui pendant ce que vous appelez la vie de la terre ; si un être peu avancé n’a pris un corps que pour jouir de ses facultés physiques, il ne l’en aimera que davantage à cause du ressouvenir des jouissances passées.
L’intelligence de haut avancement, dont le reflet de sagesse adoucissait l’extérieur brutal du corps, regrette son corps aussi ; elle le regrette dans une mesure relative sans doute, mais elle reviendra sur ses pas pour voir cette forme qui lui a servi à faire le bien, à travailler à l’émancipation de l’âme des terriens, et la place où ce corps a été mis sera une place sacrée pour ceux qui restent : le culte des morts existe presque chez tous les peuples.
Si, après avoir perdu votre âme épouse, vous sentez dans l’espace cette âme bien-aimée ; si un lien-rayon du soleil d’amour vous fait traduire vos pensées l’un par l’autre et l’un pour l’autre ; si vous voulez aller plus vite à cet être adoré, ordonnez qu’à votre âme on fasse cendre de votre corps, qu’on détruise cette enveloppe que vous abandonnez, car, n’ayant plus à en chercher la trace, votre forme lumineuse ira plus rapidement se confondre dans l’âme qui sera votre parure, comme vous serez la sienne. C’est un moyen suprême de trancher avec la terre.
Pour certaine catégorie d’êtres, la crémation est une cruelle souffrance… A la mort, l’âme se détache du corps ; mais, avant qu’elle n’en soit séparée complètement, il s’écoule un laps de temps absolument indéterminé. Le corps, glacé pour vous, est à peine refroidi pour celui qui le quitte ; le travail de la désincarnation n’est pas toujours accompli quand vous le croyez, et souvent, lorsqu’on porte en terre un cadavre humain, le périsprit s’y trouve encore enfermé. Prenez-y garde ! C’est une horrible souffrance pour celui qui est victime d’une crémation précipitée !
L’Egypte savait que certaines âmes souffraient lorsqu’elles étaient dégagées, par de tels moyens, du corps qu’elles avaient porté sur la terre ; aussi, rappelez-vous quelles précautions employaient les Egyptiens, leurs dépenses folles pour se faire momifier et être déposés dans de vastes nécropoles. Il y a d’immenses souterrains, des villes entières de restes humains ; des cavernes ont été obstruées pendant les révolutions, et les richesses dont on paraît les cadavres ont été ensevelies avec eux.
Je ne vous dirai pas que je suis contraire à la crémation, loin de là ; seulement, je suis d’avis qu’elle ne se pratique que si, par la science d’Outre-tombe, vous pouvez avoir l’assurance que le dédoublement est effectué, et que le corps est absolument abandonné.
Lorsque vous mourez à la terre pour renaître dans l’espace enchanté où nous vivons, oh ! ne regardez point derrière vous ! Vous aurez bientôt l’explication de ce qui est mystère pour ceux qui vivent loin des « morts ». Dans cet instant si critique, on est parce qu’on est toujours. Votre sommeil qui se fait périodiquement est produit par la divine harmonie pour vous habituer à quitter ce qui n’est qu’une demeure passagère. A mesure que vos yeux corporels deviendront immobiles, sans regards, et se refroidiront dans leur orbite, les yeux de votre âme lèveront les paupières, et vous reviendrez à la véritable lumière. A ce moment, vous serez libre et vous reprendrez graduellement toutes vos facultés. Le moment suprême étant accompli, vous vous verrez deux : la statue glacée qui vous représente mort, et vous, l’être vivant.
Alors, appelez vos amis de l’espace, on viendra à l’appel de votre Moi, et, si abandonné que vous paraissiez dans le monde extra terrien, c’est-à-dire si petit que vous soyez, il sera répondu à votre voix. Rien n’est abandonné, puisque tout est amour ; pourquoi donc une des parcelles de cet amour serait-elle abandonnée, puisque toutes sont en Dieu !
Liana
Note. Un philosophe de l’Inde antique, par un autre médium orateur, est venu nous parler aussi des dangers d’une crémation précipitée.
La chambre des ancêtres
O Inde ! Ma patrie. Inde ! pays des rayons d’or, pays de la sublime poésie, pays de tous les charmes, quand on parle de toi, nous sommes évoqués de bien loin et nous venons, heureux encore, parler des jours où nous vivions sous les berceaux fleuris de tes bocages et sous l’abri de tes tentes. Inde ! Qu’es-tu devenue ? Inde ! Quand reviendra le signe du ralliement suprême ?…
Autrefois, chaque père de famille avait un lieu sacré dans sa demeure, un sanctuaire dans lequel on ne pénétrait qu’à certains jours et avec le plus grand respect ; c’était la chambre des ancêtres.
Dans ces temps reculés, ces sanctuaires étaient témoins de grandes choses. Là, aux jours consacrés, il y avait communion entre la terre et l’espace, entre les vivants et les morts, suivant le langage de la terre. Il y avait des médiums dans toutes les familles ; ils étaient nombreux et puissants, parce que les disparus étaient évoqués dans l’Inde entière ; oui, ils avaient des facultés extraordinaires, et ce que l’on constate de vos jours n’est qu’un pâle reflet des phénomènes que l’on obtenait alors. On s’assemblait dans le sanctuaire. Un parfum de prière sans paroles, s’élevait du fond des cœurs ; ce parfum, pur encens, évoquait les disparus. C’était un appel d’amour, un appel d’une force puissante. Les ancêtres apparaissaient ; il y avait des nouveaux embrassements échangés avec une joie toujours nouvelle. Le fils embrassait sa mère, la veuve revivait de l’époux. En sortant du sanctuaire, les hommes devenaient plus durs à l’épreuve de la vie, ils se retrouvaient forts contre l’adversité, ils bravaient la mort elle-même. Comment n’eussent-ils pas été forts en s’appuyant sur les bien-aimés qui les assistaient et leur disaient les merveilles de l’espace ?
Ah ! Combien mon cœur s’attriste de voir que les habitants de l’Inde ne savent plus nous évoquer ! Ils ont perdu le secret de nous faire parler ; ils ont tout oublié ! Ils sont tombés dans un long sommeil, dans une indolence coupable ; ils sont devenus superstitieux ; leurs cérémonies sont puériles. Et nous souffrons de ne pouvoir nous révéler ! L’Inde a perdu sa force ; l’Inde en est aujourd’hui à attendre sa lumière des lieux où brille un pâle soleil. O peuple déchu ! Gardez, gardez vos offrandes, gardez ces fruits et ce pain que vous déposez sur les autels ; donnez les au pauvre qui passe. Qu’en avons-nous besoin, nous qui sommes la vie et qui apportons la vie ! Pourquoi encore nous offrir des vêtements de soie, des bijoux d’or ? Pourquoi ces robes de la terre brûlées sur les autels pour nous vêtir de leur fumée, lorsque nos vêtements sont tissés de rayons de soleil ?
O Inde ! Réveille-toi ! Sors de ta torpeur. L’Occident te rapporte un éclair du flambeau dont tu l’avais illuminé. Accepte cet éclair ; illumine-toi de la force d’espérance ; que cette lumière te serve pour éclairer tes pas dans la recherche de ton glorieux passé, qu’elle te serve à rallumer le foyer-flambeau dont tu éclairas le monde !
Héroan
Le jour de l’an dans l’Inde
L’année commence. Elles sont longues maintenant les années. Autrefois, c’est-à-dire en remontant bien loin à travers les temps, les années étaient diversement comptées ; dans quelques pays, elles ont même été évaluées à la moitié des vôtres, et d’après cela, on a bâti des légendes ; on vous a dit, par exemple, que les anciens patriarches et les premiers des hommes avaient une longévité qui paraît impossible. En effet, il est absolument faux que les hommes, avant le déluge asiatique, aient vécu cinq, six, sept, et jusqu’à neuf siècles. La vie humaine ne pourrait se prolonger jusque là ; scientifiquement parlant, cela est impossible, étant donné que les conditions de la température étaient presque les mêmes qu’à présent. Aussi, amis, laissez ces fables de côté et ne permettez pas qu’on en instruise vos enfants ; ce serait fausser leur jugement, et la trace en resterait longtemps.
Le nouvel an dans l’Inde n’était point fêté comme de nos jours ; c’était autrement grandiose tout en restant simple et charmant. Toute la famille se réunissait dans la chambre des ancêtres ; les offrandes du cœur, les évocations, les souhaits y étaient échangés avec la plus vive joie entre les terriens et les disparus. Puis les vieillards allaient prendre place sous l’ombre protectrice des grands arbres ; la foule s’écartait respectueusement devant eux ; on leur versait la boisson d’honneur ; après avoir trempé les lèvres dans leurs coupes, ils les offraient aux jeunes gens ; c’était le signal de la fête. Les troupes joyeuses se formaient ; les jeunes gens invitaient les jeunes filles, et les danses commençaient ; d’autres groupes chantaient. Dans ces fêtes, rien de l’apparat coûteux qui se déploie dans les vôtres ; la nature en formait le riche décor ; la joie était partout, pure, sereine.
Qu’étaient ces vieillards ? C’était des hommes des temples qui venaient saluer le peuple et se mêler à lui. Leurs voix n’étaient pas autoritaires, elles étaient douces ; ils souriaient aux fiançailles nouvelles ; après avoir harangué la foule, ils regagnaient le temple, emportant les vœux de longue vie et les fleurs dont ils étaient comblés. Ces vieillards étaient-ils des prêtres qui depuis de longues années avaient dit adieu au monde, quitté leur famille, leur mère, leurs sœurs avec lesquelles ils eussent dû rester pour leur servir de protecteurs ? Avaient-ils abandonné une épouse, des enfants, pour échapper sous prétexte de religion, aux devoirs sociaux et ne penser qu’à prier pour être sauvés ? Non, non ! Dans ces temps reculés où vous pensez que l’humanité était en enfance encore, il n’y avait pas de ces aberrations, et on ne les eût pas admises. A l’âge où un homme habitait le temple, il était vieillard ; il était libre de vivre tranquillement au foyer de sa famille, s’il en avait une, ou bien de vivre solitaire dans la contemplation de la nature et de s’occuper de l’évocation des Intelligences de l’espace, pour recevoir leurs enseignements et les propager .
Jamais, jamais dans ces temps que je pourrais appeler les temps de l’âge d’or, comparativement aux vôtres, jamais ces hommes ne commettaient une lâcheté ; jamais ils ne sacrifiaient aux plaisirs le plus petit devoir. Combien cet état de chose a changé ! Parmi les prêtres d’aujourd’hui, les uns immolent leur Dieu chaque jour ; les autres lui offrent des sacrifices sanglants ; d’autres encore font la « guerre sainte », pour lui être agréable ! Tous se font un piédestal de l’autel qui leur rapporte fortune et honneurs. Les messies souffrent d’être évoqués par ceux-là mêmes qui ont dénaturé leurs enseignements.
Enfants de la terre ! Quand donc verrez-vous se lever l’aube d’une année nouvelle où l’Orient vous enverra son antique sagesse retrouvée ! Orient ! Combien j’évoque pour toi de nouvelles destinées ! Combien j’évoque l’année de joie universelle où la vraie lumière apparaîtra, où elle sera comprise, où les ancêtres seront appelés et vénérés, où l’on ne confiera plus les morts à la terre, où l’on gardera précieusement les cendres de ceux qui ne font que vous précéder dans une autre vie. Enfants, qui avez tout oublié, sachez que c’était une leçon sublime d’avoir chez soi les cendres des disparus. Quand on allait se recueillir dans le sanctuaire de la famille, que l’enfant grandi regardait les urnes funéraires, il réfléchissait : Là, se disait-il, sont les cendres des parents disparus ; puis, avec un noble orgueil : il faut que ce soit les miennes qui deviennent les plus aimées lorsque je serai mort pour la terre et vivant dans l’au-delà ; je veux que par les exemples que j’aurai laissés, on m’évoque pour protéger les faibles, les égarés.
Ces temps reviendront ; c’est écrit ! Ils reviendront avec la preuve de l’immortalité.
Liana
L’innommable
Je m’occuperai peu de l’incogniscible.
Une sorte d’instinct parfaitement inné nous apprend
qu’il y a un incogniscible absolu.
Je n’ai rien de plus à en dire.
Dr Antoine Cros
Les hommes des âges anciens, tout en étendant leur domination sur la nature, sentaient instinctivement qu’il y avait des puissances au-dessus d’eux et en dehors de la portée de l’intelligence humaine.
Ils adorèrent le vent, les eaux, la lune et surtout le soleil. Le culte que l’on rendait au soleil tenait à la découverte du feu à la fin de l’âge de pierre. Le feu, ressemblant à la boule incandescente qui brille dans votre ciel, fut considéré comme une émanation de ce soleil auquel les hommes reconnaissent une grande puissance, et dont ils firent une divinité. Deux morceaux de bois en croix, s’enflammant par le frottement, formèrent le signe d’adoration, et les autres fétiches furent abandonnés.
L’Inde antique eut les premières révélations. Les habitants des planètes avancées apportèrent aux prêtres védas, qui adoraient le soleil, l’initiation à l’Harmonie universelle. Les Intelligences élevées la comprenaient si belle, si sublime, qu’ils ne voulurent pas la dénommer aux hommes de la terre. Pour elles, un nom sacré, celui de l’Entité divine, ne devait pas être articulé par des lèvres humaines. Elle était innommable, et la tradition conserve le plus profond respect pour cette idée de ne pas donner un nom à la force qui préside à la vie, à la transformation, à la succession des temps.
Plus tard, toujours plus tard, car nous marchons à pas de géant à travers les âges, les messies vinrent sur la terre ; ils vinrent en mission de sacrifice ; ils vinrent pour prendre en adoption cette jeune humanité, pour la nourrir de leurs effluves, et l’emporter ensuite, grandie, à travers les mondes, à travers les soleils.
L’Inde domina les mondes, elle y répandit ses sublimes enseignements ; mais les hommes, négligeant de remonter à la source scientifique des phénomènes, perdirent la connaissance du vrai et retombèrent dans l’idolâtrie.
De loin en loin, un messie se réincarnant réédifiait dans l’esprit des peuples l’idée de la vérité.
Héroan
Deuxième partie
L’existence sur la terre et dans l’espace
Dieu n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants.
Luc, XX,38
… Dieu étant donné pour moi comme l’Être
qui renouvelle tout et n’anéantit rien…
George Sand - Melle Merquem
La science ne pourra admettre plus longtemps
qu’il soit impossible que d’autres intelligences
que celles des hommes vivants agissent sur nous.
Marillier, maître de conférence à l’école de hautes études
Sixième série
Précédents de l’humanité
… Il n’est point de molécule, d’imperceptible
gouttelette où elle (la nature) n’engendre à
l’existence des êtres aussi nombreux que
les globes semés dans l’immense éther…
Ils s’enchaînent l’un à l’autre depuis l’atome
inanimé jusqu’à la forme la plus parfaite qu’ait
encore produite le développement qui ne s’arrête jamais.
Lamennais - Amschaspands et Darvands
Je vous dis que Dieu peut faire naître
de ces pierres même des enfants à Abraham
de Jean le précurseur.
Luc, III, 8
Mouvement et vie
Avant que l’expérimentation elle-même puisse
être employée avec fruit, il y a un stade préliminaire
à franchir, lequel dépend purement de nous-mêmes :
c’est à savoir dépouiller et laver sa pensée, absolument,
de tout préjugé, et prendre la détermination
de rester debout ou de succomber devant
le résultat d’un appel direct aux faits en première
instance, et d’embrasser les déductions strictement
logiques de leurs conséquences.
Sir John Herschell
Quelqu’un se présente d’un air affable; il regarde beaucoup autour de lui, s’assied sur le tapis, les jambes croisées, à la manière des Orientaux ; il fait le geste de rouler quelque chose entre ses doigts.
Donnez-moi à fumer (M. X…, lui allume une cigarette ; il fume en souriant).
Pardonnez-moi… une faiblesse !… Il y avait si longtemps ! En revenant parmi les hommes, comme on redevient homme !… (Moment de silence.)
En traversant votre atmosphère, par une de ces lois inexplicable pour vous, si naturelle pour nous, nous sentons les fluides de chacun, et nous savons par là si vous vous occupez d’évocation. Au milieu de vous, je me trouve être votre ami, votre frère, votre obligé, puisque vous me recevez.
Chaque homme représente un tout, chaque être est une harmonie ; en un mot, chaque être est un petit univers ; par exemple :
Le corps dans lequel je suis, est, comme celui de tout être, une agglomération de molécules vivantes reliées entre elles par la loi d’attraction.
Dans leur mouvement, ces molécules sont unies par un fluide, synthèse de ce qu’elles sont toutes, et l’ensemble sert à accomplir le progrès du fluide intérieur, du fluide intelligent, l’âme.
Le fluide intérieur est donc la vie, la personnalité qui a pour sujettes toutes les molécules. Chaque molécule du corps, deviendra, avec le temps, une personnalité . Elles deviennent à leur tour, se transformant toujours, une quintessence vitale, un gaz qui a la vie, et cette vie se répand sur le terre parce qu’elle y est encore attachée, et les molécules vont accroître la vie dans les végétaux : elles deviennent sève.
D’où vient la force qui produit dans le corps ce mouvement perpétuel, cette continuité de toutes les fonctions qui s’accomplissent sans qu’on y pense et qu’on sache comment ?
On a cru longtemps, quelques écoles indiennes même ont enseigné cette erreur, qu’il y avait dans l’homme une sorte d’agglomération de systèmes intelligents qui président à chaque fonction du corps : l’un pour les fonctions du cerveau, un autre pour la procréation, etc., je n’en finirais pas si je devais les énumérer.
Les fonctions, qui dans l’homme étonne les savants, sont produites tout naturellement par les lois déjà citées qui conduisent à la synthèse entière de toutes les molécules subissant le jeu des fonctions de l’esprit ; de plus, les mondes qui marchent, l’univers qui est plein de mouvement et de vie, le fluide universel qui vous baigne, alimentent les molécules de votre corps. Tout vibre, tout ce qui vous semble ne pas subir la loi du mouvement la subit quand même, et c’est ainsi que votre corps prend ses fonctions, appelées naturelles, de la résultante dont ses molécules sont influencées et de tout le mouvement qui est dans l’univers.
Par les médiums, c’est-à-dire par leur cerveau qui nous traduit, nous ne pouvons qu’effleurer ces choses intéressantes ; mais le germe de pensée se développera, il touchera les médiums de l’avenir, et alors les sujets d’étude que nous ne pouvons qu’indiquer dans ce moment pourront être étendus et approfondis.
Un oriental
D’où vient l’homme
Il n’y a qu’un animal.
Balzac.
Il y a ici une puissance qui m’empêche de parler, qui me jette un voile d’ombre, mais une clarté percera ce voile et fera le jour dans les ténèbres. On me livre un rude assaut…, je saurai le soutenir… Un adversaire apportant de l’espace des influences hostiles cherche à paralyser mes moyens de me maintenir dans le médium. N’importe ! je chante déjà victoire, et je ferai voir aux pauvres arriérés que tout s’éclipse, que tout s’efface devant la force d’amour. (long silence.)
Vous nous sollicitez pour savoir d’où vient l’homme. Les savants de la terre pâlissent sur ce problème : D’où vient l’homme ? Il semble que le secret de sa formation doive rester à jamais inconnu. Les communications données par les désincarnés touchent à mille choses de la nature, de l’espace ; comment se fait-il, demandez-vous, que sur un sujet si palpitant d’intérêt pour l’humanité, rien de précis n’ait été communiqué ?
C’est que les Intelligences disparues de la terre, quelque avancées qu’elles puissent être, ne deviennent pas tout d’un coup maîtresses de l’espace et susceptibles de connaître les grandes lois qui régissent les mondes. Entre elles et vous, les intelligences élevées ont sans doute établi une distance de perfection, mais s’ensuit-il qu’elles puissent toutes pénétrer les lois les plus difficiles à comprendre, les lois de formation et de progression ? Et puis, que de choses impossibles à vous dire ! Que de choses vous ne voudriez admettre ! Il faut compter aussi avec les difficultés de nous traduire par un enfant de la terre, dans un langage si limité et si différent du vôtre.
A l’époque antédiluvienne, des végétations touffues, des arbres immenses, des animaux dont la structure vous paraît gigantesques, répondaient à la sève de la terre, qui était plus forte et plus puissante que de vos jours. Le développement matériel de toutes les production de la nature s’effectuait par des flots de vie que laissait échapper l’enveloppe terrestre moins dense et plus chaude qu’aujourd’hui mais après les convulsions du globe, après les bouleversements constatés, dont les traces se lisent partout, les végétations, en grand nombre à cette lointaine époque, ont laissé des végétations semblables, de même race, de même espèce ; en faisant la part des différences de taille, c’est le même prototype jusque dans les plus infimes détails de leur structure. Il en est de même pour les animaux. L’ours et l’hyène des cavernes sont restés ours et hyène ; l’éléphant d’aujourd’hui est resté l’éléphant d’autrefois, moins la force et la grandeur ; les races de singe des forêts de l’Amérique et de l’Afrique centrale sont restées les mêmes ; quant à la race intermédiaire entre l’homme et le singe, elle est inconnue, et les monuments qui pourraient permettre de s’attacher à la croyance des races intermédiaires n’existe pas. C’est par le déplacement et dans l’espace seulement que s’opèrent les transformations progressives.
Les races fortes absorberont les faibles, et les races inférieures ne sont là que pour permettre la gradation de progrès des âmes. Voyez les étincelles de vie animer tous les règnes de la nature qu’elles se partagent comme un domaine pour arriver jusqu’à l’homme, terme final et fatal des hommes qui ont vécu déjà dans les races élémentaires.
La science d’Outre-Terre vous a ouvert les horizons les plus vastes, les plus inattendus ! Les révélations des extra terriens vous apprennent le beau pourquoi des races inférieures ; elles vous font entrevoir la vie d’embellissement, de force et de progrès dans la fleur, dans l’animal et dans l’homme ; ces révélations vous font connaître le transformisme continu et général qui est un idéal grandiose !
Jusqu’à ce jour, les hommes de n’importe quelle croyance, et de n’importe quelle philosophie, ont fait croire par leurs écrits et leurs discours que la terre n’avait de raison d’être, d’exister, de conserver, que parce qu’elle porte l’homme, cet être qui se croit fait à l’image de Dieu ! Les hommes du passé ont trop laissé croire que la représentation divine pouvait, devait ressembler à l’homme. Cela a amené comme une espèce de rétrécissement de l’intelligence. Les hommes alors ont eu la vue courte en ce qui concerne les grandes choses de l’univers ; le sauvage aussi primitif qu’il soit, adorant les étoiles et les phénomènes de la grande nature, est plus près de la connaissance de la Force que celui qui fait son Dieu d’après sa propre image et qui se prosterne devant elle.
La terre est une vie, la terre est une formation vivante qui s’est faite elle-même. Tout ce qui la touche, tout ce qu’elle contient, forme, à l’insu de l’homme, une république idéale, car il n’est pas un atome, il n’est pas une molécule de la terre, qui n’ait un pouvoir, une force, un instinct ou une intelligence relative. Elle est formée seule, dans un but unique : augmenter la vie par la force universelle, je veux dire par ses propres forces, tout en étant soumise aux lois de la solidarité.
Comment la terre serait-elle l’apanage de l’homme ? Mais songez-donc que vous n’habitez que la cinquième partie, à peine, de sa surface, qu’elle est couverte d’océans immenses ; il y a des espaces très grands où les neiges sont éternelles, et d’autres qui sont éternellement brûlés par un soleil torride, où aucune plante ne pousse et où les sables ardents ne se refroidissent jamais.
L’homme, en tant qu’être matériel, est une formation terrestre. Il a eu, dans toutes ses incarnations, une force d’assimilation particulière pour s’adapter les organes nécessaires à son progrès, selon ses besoins instinctifs d’abord, intellectuels plus tard .
L’homme est une merveille entre tous les êtres ; quant aux animaux, depuis des mille et mille ans, à travers toutes les générations, ils ont conservé leurs usages. Ils ont tous un instinct, une intelligence relative à leur espèce. Ceux qui vivent auprès de l’homme développent le rayon d’attachement, le rayon d’amitié qui fait que le chien va souvent mourir sur la tombe de son maître. Les animaux transmettent à leur progéniture ce qu’ils tiennent de la nature. L’homme seul a su se grandir au point d’étendre sur les autres êtres, la suprématie de son avancement intellectuel.
A ceux qui doutent que l’homme vient de l’animal, on doit dire qu’il a le même instinct que les animaux, mais que, son progrès s’étant déjà préparé, son instinct déjà assoupli à certaines règles, il a pu enfin arriver dans l’humanité en état d’être plus largement illuminé par l’intelligence intégrale.
Sur les peuples les plus civilisés, qui ont le plus grandi, il est des souffles qui passent, souffles impurs qui dans l’homme rappellent l’instinct d’autrefois, l’instinct du lointain passé. Dans les révolutions, dans les guerres, vous avez vu les foules retomber dans l’instinct sauvage des animaux qui s’arrachent leur proie ou même se dévorent entre eux. Amis, si l’histoire vous rappelle les tueries de Tamerlan, de la Saint-Barthélemy, de 93, et surtout les férocités froides de l’Inquisition, vous sentirez là, vous retrouverez dans l’homme l’instinct brutal qu’il a conservé du fauve.
L’inconnu d’aujourd’hui deviendra le savoir de demain. Les hommes avancés comprennent que leur essence, esprit et matière, constitue des forces indestructibles. Ces hommes ne veulent ni du merveilleux ni du mystère ; ils savent qu’ils sont de la terre, qu’ils s’harmonisent avec elle. Ils se grandissent et se font libres par eux-mêmes. Point de fétiches ! Pour eux, il n’y a que l’amour, le pardon, la fraternité. La science d’extra terre fera cesser l’esclavage de l’âme, et détruira le préjugé. Elle enseignera la persistance palpable de l’être après sa sortie de ce monde ; elle prouvera sa personnalité extra terrienne et sa continuation durant toutes les éternités.
Ah ! qu’ils sont beaux ces jours où on voit enfin des hommes libres, des hommes qui ne cherchent point le surnaturel dans ce qui est, des hommes qui écoutent les grandes voix de la nature, qui en étudient tous les phénomènes, qui se savent des êtres perfectibles parce que, fouillant des yeux de l’intelligence tout ce qui les entoure, ils cherchent la vérité sans voiles, la vérité appelée et qui viendra par l’étude des lois du devenir de toute chose !
Être nouvelle, je te salue !
L’oriental
Evolution des animaux
Un fakir vient faire ses saluts habituels, puis s’assied sur le tapis les jambes croisées.
Que me demande-t-on aujourd’hui ?
Question.
L’Intelligence ayant parlé dans un cercle se souvient-elle ?
Si l’Intelligence ne se souvient pas, ce ne serait pas une Intelligence. Le souvenir est l’une des preuves les plus grandes que l’on puisse avancer pour prouver l’existence de l’esprit, car le corps ne se souvient pas. Un désincarné se souvient mieux qu’un incarné parce que la pensée n’a pas à passer par des rouages compliqués. Par conséquent, ce qu’un désincarné dit dans un groupe, il peut le dire partout à un intervalle déterminé, mais en d’autres termes et sous une autre forme, peut-être. Vous savez que votre corps matériel subit un changement continu ; vous savez que votre cerveau d’aujourd’hui n’est pas votre cerveau d’il y a vingt ans ; cependant ce cerveau se souvient parce que ce n’est pas le cerveau matériel qui se souvient, mais l’esprit ; si c’est le cerveau matériel, au bout d’un certain temps vous auriez à recommencer une nouvelle vie, à réapprendre à lire, à écrire. Vous savez qu’il n’en est pas ainsi.
Que désirez-vous savoir encore ?
Question.
Quelles sont les races d’animaux les plus proches de l’humanité ?
C’est une question assez difficile à éclaircir ; en voici la raison : c’est que l’animal, comme vous l’appelez, avant de s’incarner dans un corps humain, doit subir une espèce d’apprentissage dans l’espace même ; c’est-à-dire il faut qu’on s’habitue à vivre dans une forme humaine. Il y a parmi vous, ici, une secte qui sait quelque chose de cela, mais la science, à cet égard, fait fausse route comme cela arrive souvent à bien des savants. Ces… savants s’imaginent qu’il y a un ordre de désincarnés moitié hommes, moitié animaux, c’est-à-dire ayant un périsprit humain et une intelligence animale, qui peuvent produire les phénomènes que nous produisons. Ces savants s’imaginent donc que ces êtres sont ceux qui produisent les phénomènes spécialement attachés à la terre. Ils ont raison en ce sens que ces êtres existent réellement, mais ils n’ont rien à faire sur la terre ; ce sont des âmes d’animaux déjà parvenus à une grande intelligence ; ainsi l’éléphant, le chien, le cheval. Ces âmes là sont pour ainsi dire dans un périsprit prenant forme humaine. Cela leur apprend d’abord à exercer des membres dont ils n’ont pas connaissance, c’est-à-dire à se tenir debout ou à se servir de leurs mains. Cet apprentissage se fait dans l’espace, et quand cet « esprit élémentaire », si je puis parler ainsi, arrive à un certain degré de familiarité avec son périsprit, il devient alors incarné dans un corps humain, mais nécessairement dans un corps qui n’a que peu de besoins, c’est-à-dire parmi les peuples primitifs.
Au début de l’humanité sur cette terre, l’homme certainement ressemblait davantage au singe qu’il ne lui ressemble maintenant. Vous gardez quelques traces d’union de cette époque reculée. Il y a des peuples dont l’Intelligence est très bornée, les besoins peu étendus et qui vivent encore presque à l’état d’animal ; la structure de leur corps vous indiquent leur provenance.
Il est faux de dire que l’homme descend en ligne droite du singe, mais il se peut qu’il ait passé par le corps d’un singe. Quoique ressemblant à l’homme par la forme, le singe n’est pas à beaucoup près aussi élevé dans l’échelle du progrès que l’éléphant. Bien que cela puisse sembler étrange qu’un sauvage sorte du corps d’un éléphant, cela n’en est pas moins vrai. L’animal même, c’est à dire cette boule de vie qui est l’esprit d’un animal quand il quitte son corps n’a pas précisément de forme ; il peut donc vous sembler étrange que cette boule sortant d’une aussi grosse masse que l’éléphant, puisse animer un corps comme le vôtre. C’est là précisément pourquoi cet élémentaire est obligé d’apprendre à exercer ses membres plus déliés et qui seront plus aptes à lui servir dans la nouvelle vie qu’il va essayer.
Il arrive quelquefois que des esprits qui habitent le corps de certains grands carnassiers soient assez développés pour venir dans un corps humain ; dans ce cas, ils emportent toujours avec eux et malgré eux, pendant bon nombre d’incarnations, la soif du sang ; le fait est rare. Les hommes qui sont entrés dans la vie élémentaire en sortant du tigre, par exemple, laissent toujours derrière eux une traînée de sang ; ces hommes sont nécessaires, quelquefois, c’est pour cela qu’ils existent.
Il me semble que j’ai répondu à vos questions ?
Question.
Parmi les élémentaires, n’y a-t-il pas un autre état ?
Oui. Il y a même ce que vous appelez les monstres ; des enfants ayant des formes d’animaux. Cela provient justement de ce que les âmes d’animaux ont pris le corps avant le temps voulu ; ils y ont laissé, malgré eux, leur empreinte ; les enfants monstres ne vivent jamais longtemps . S’ils vivent, leur intelligence est absolument bornée. Ce sont des êtres élémentaires. On essaie d’expliquer ces phénomènes de la nature avec le scalpel, on essaiera longtemps. L’explication est telle que je vous l’ai donnée. Elle est très simple.
Bien des hommes sont habités par des esprits élémentaires, c’est plus fréquent chez les peuplades sauvages que chez les peuples civilisés. Si nous pouvons vous appeler… civilisés !
Une prière : ne soyez pas plus de sept à neuf dans vos séances, et toujours les mêmes.
J’aurais de plus une faveur à vous demander, elle peut vous paraître étrange. J’étais habitué à porter avec moi un bâton en bambou avec sept nœuds. Il m’est plus facile de parler en tenant mon bâton que de rester les mains croisées.
Avez-vous d’autres questions à me faire ? Non ? Au revoir.
Cong Dijla, Fakir
Plaidoyer de Robespierre
(Il relève la tête, met la main dans son gilet et se croise les bras. Il donne une poignée de main à un ami.) Bonjour. (Il se retourne vers tout le monde.)
Bonjour à tous.
J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt ce que vous a dit votre ami Le fakir et quand il a parlé de tigre sanguinaire j’ai senti, et je ne me suis pas trompé, que parmi certains d’entre vous, il y a eu ce petit soupçon que j’étais un ex tigre, un ci-devant tigre, puisqu’on dit que les tigres sont les rois des jungles. Oh! Non, non ! à moins que je ne sache, je ne crois pas avoir du tigre. J’ai trop souffert quand j’ai vu le sang couler ! Il le fallait à cette époque pour détruire les abus. J’accomplissais une mission fatale et terrible ! J’entends encore des rumeurs s’élever contre moi !… Cette mission, je l’avais commencée bien, je l’ai finie mal, et c’est pour cette raison, Marat vous l’a dit , que si nous guidons encore la foule, comme nous l’avons guidée, vers le même but, c’est par des moyens tous opposés. Malheureusement, nous le voyons, à votre terre, il faut toujours du sang.
Vous osez parler de votre civilisation ! L’homme est tellement animal encore, il a encore en lui tant d’éléments de la bête, que ce n’est que par l’odeur du sang qu’on l’attire. Et quel sang ! le sang de ses frères. Si tous étaient comme vous, psychistes, qui cherchez non pas à détruire mais à reconstruire, il n’y aurait plus besoin d’Intelligences comme nous pour pousser la foule dans la grande route qui mène à la liberté ; nous pourrions apprendre le progrès au moyen de l’amour, et il n’y aurait plus de peine de mort
Enseignez à ceux qui sortent du tigre comment ils doivent faire leur progrès, mais n’accusez pas ceux qui, pour le bien de tous, ont été obligés de mener les tyrans par la terreur. C’était de votre faute, et notre mission était telle ; mais le sang, ah ! nous voudrions bien que n’ayez pas à le répandre ! Ayez pitié de ceux qui sont obligés de se servir de ces moyens, mais plaigniez surtout ceux qui se lavent les mains dans le sang pour un autre but que le but du progrès. Nous voyons clair, maintenant, et nous regrettons bien sincèrement le sang inutile que nous avons versé. Quant au sang utile, c’était écrit.
N’oubliez pas de dire, quand vous pensez à Robespierre :
C’était un homme à la place qu’il fallait. Il a essayé de faire ce qu’il devait, et il est mort à la tâche.
Robespierre
Note. Des livres du temps affirment que Robespierre était doué d’une grande sensibilité et d’une bonté dont il a donné beaucoup de preuves dans sa jeunesse. Il s’est évanoui lorsque membre du jury, il entendit pour la première fois une sentence de mort. Ses lettres à sa sœur, ses poésies révèlent un cœur très tendre, et c’est à force de pitié pour les esclaves, les opprimés et les torturés qu’il est devenu le juge sans merci des oppresseurs et de leurs bourreaux.
Un jugement analogue a été porté sur Marat, qui, entre l’extrême clémence et l’extrême rigueur, avait opté pour l’extrême clémence. Les évènements furent les plus forts.
Marat était un homme de science et un grand médecin, que de nos jours on veuille en convenir ou non. Pour faire certaines recherches scientifiques, il dut parfois expérimenter in anima vili. Il ne le fit qu’à regret. Combien faut-il que j’aime l’humanité, s’écriait-il, pour être capable de lui sacrifier d’innocentes bêtes !
Les conventionnels ne se sont point complus dans les supplices. La guillotine fut inventée pour abréger, le plus promptement possible, l’existence des malheureuses victimes qui devaient laver de leur sang des abus séculaires, un long passé de despotisme et de férocités inouïes.
L’homme primitif
La science c’est ce qui relie les choses aux choses.
Rouxel
L’esprit est dans l’homme comme le feu est dans le caillou.
Van Helmont
Les possibilités de la nature sont infinies.
Professeur Heuxley
(Celui qui vient prend une prise et secoue le tabac tombé sur ses vêtements.)
Mesdames, Messieurs,
C’est à moi qu’on dévolue aujourd’hui la tâche de vous donner un léger aperçu de ce qu’était l’homme dans les temps primitifs. Ce sujet m’a beaucoup préoccupé de mon vivant ; la mort est venue interrompre les travaux que j’avais entrepris dans le but de connaître l’origine de l’homme. Un progrès a été fait par les recherches scientifiques, tant de nos jours qu’à partir de l’époque où la science a commencé à jeter la lumière sur ces questions obscures pour l’esprit humain, mais vous devez comprendre que la vie d’un homme ne suffit pas pour élucider ces grandes questions. J’avais commencé par reconstituer les animaux ; le temps matériel m’a manqué pour arriver à reconstituer l’homme. C’est précisément parce que cette question m’a beaucoup intéressé, parce que je l’ai beaucoup étudiée dans le silence du cabinet, c’est, dis-je, pour cette raison, que je viens ce soir, dans un corps terrien, occuper la chaire comme je l’occupais autrefois. Oui, après tant d’années qui vous semblent un espace si long, et qui ne sont pas même une seconde pour moi, je viens vous parler, pour qu’à votre tour vous puissiez parler pour tous de ce que je sais, moi, Cuvier, sur l’homme primitif.
Reportez-vous vers cette époque lointaine, où la terre sortait à peine des eaux. Reportez votre pensée vers ces temps où vivaient des animaux si fantastiques qu’on les eût dit créées par une imagination malade ; reportez-vous, dis-je, à ces temps où une atmosphère chaude, lourde, chargée de vapeur d’eau, entourait le globe à peine formé que vous appelez la terre ; regardez voler dans les airs ou glisser dans l’onde amère des êtres monstrueux qui ne sont ni reptiles, ni oiseaux, ni tortues ; regardez ces lézards gigantesques dont votre imagination a peine à concevoir les dimensions ; le renne antique portant sur son front un bois à larges palettes, se retrouve encore dans les marais irlandais ; puis, au milieu d’animaux puissants et étranges, voyez enfin l’homme sans défense. Les bêtes sont cuirassées, à l’abri de toute atteinte dans ces eaux encore chaudes recouvrant des volcans à peine éteints ; l’homme, parmi des êtres déjà arrivés à un certain degré dans l’animalité, se trouve en lutte constante avec les éléments et ce qui l’entoure. Aucune écaille ne protège sa peau recouverte, par-ci par-là, de poils rugueux ; nulle défense n’arme sa bouche ; nulle griffe ne sort de ses mains, il a des instincts de bête fauve ; il a cette intelligence de la bête qui sait se creuser un terrier pour se garantir des frimas, cette intelligence de la bête qui sait surprendre par la ruse une bête plus forte qu’elle. Oui ! Mais l’homme marchait sur deux pieds et pouvait voir le ciel ; c’était une bête arrivée à quelque chose de plus qu’une bête, car le progrès n’était pas seulement dans l’apparence de la forme, il y avait en l’homme une étincelle qui lui faisait comprendre qu’il existait au-dessus de lui quelque chose de plus que lui : c’était l’intuition de l’Infini.
L’homme primitif avait un pouce à peine opposable et constamment allongé dans le sens des doigts. Le mouvement qui lui était le plus facile était celui de la préhension. Par la pratique, les doigts et le pouce se délièrent graduellement de génération en génération, et l’homme finit par faire ce que nul autre être de cette planète n’avait pu faire avant lui : plier le pouce en travers de la main et le faire disparaître dans le poing fermé ; le singe ne peut faire ce mouvement là, bien qu’il soit l’animal le plus semblable à l’homme par sa forme extérieure ; il n’a pas le pouce opposable.
L’homme primitif avait de perpétuels obstacles à vaincre pour chercher sa nourriture ; cela le développa, et en quelques siècles, de petit qu’il était, l’homme devint géant. Sa force physique était énorme : épaules larges, bras musculeux, jambes que nulle distance ne pouvait fatiguer ; avec cela une tête relativement petite, une épaisse crinière inculte et flottant en liberté. Il sentit que la nature entière devait lui être soumise, et il commença par asservir la matière la plus inerte : la pierre ; il s’en fit des armes qui le rendirent le roi des animaux.
Qui fut le premier à fabriquer les armes de pierre ? Nul ne le sait. Les hommes d’aujourd’hui qui connaissent quelque peu de chose des lois éternelles, me comprendront facilement si je leur dis que des Intelligences supérieures prirent soin de cette animalité qui commençait à se former en humanité. De même que nous pouvons parfois vous inspirer l’idée qui donne naissance à une invention, de même une Intelligence de l’espace trouva et aida l’un de ces hommes primitifs apte à comprendre que, la pierre étant plus dure que les mains que lui avait données la nature, était aussi plus propre à frapper l’animal féroce où celui dont la chair lui servait de nourriture.
Oui, je vous l’ai dit, l’homme primitif qui savait à peine se servir de ses membres, l’homme qui venait de la bête, qui vivait dans un terrier comme le renard, qui déchirait sa proie palpitante avec ses ongles, cette intelligence à peine sortie du creuset de l’animalité, cet homme avait le sentiment d’une force supérieure qui lui était invisible ; il tremblait devant l’orage et se cachait au fond de son terrier quand mugissait le vent d’ouragan.
Et vous, hommes du XIXe siècle, est-ce parce que vous savez enchaîner la foudre, faire plier l’éclair pour servir aux modulations de votre voix ; est-ce parce que le fer, l’acier ne sont que de l’argile entre les griffes puissantes des machines inventées par votre intelligence, que vous croyez pouvoir affirmer le néant ? Gardez plutôt le souvenir de ces temps lointains afin de n’être point des ingrats envers vous-mêmes. Comprenez votre passé quand vous trouverez dans vos fouilles une hache de pierre qui vous dira que de pauvres êtres, par leurs évolutions successives, ont pu sortir triomphants de la lutte pour devenir ce que vous êtes. Mais ce n’était pas au temps où je vivais ici que je vous aurais dit ces choses. Combien les yeux de la chair nous trompent !
Je suis parvenu à reconstituer quelques animaux, à remettre sous vos yeux ces bêtes étranges que vous aviez oubliées ; il est nécessaire que l’homme eût le souvenir de ces temps lointains où il était protégé par des intelligences invisibles, et son faible cœur les remerciait, alors ! Mais l’homme a oublié ces temps là ! Parce qu’il a fait des progrès, il se croit arrivé au sommet de la montagne. Rappelez-vous que les bêtes des temps préhistoriques, immondes à vos yeux maintenant, ont peut-être contenu quelques parcelles de votre vie d’antan, et que vous grandirez en exaltant avec sagesse Dieu, qui est le progrès.
Je n’entre pas dans des détails ; peut-être reviendrai-je. Je souhaite de toute mon âme que cette œuvre porte des fruits, et je me sens flatté de l’honneur qui m’est fait de me laisser vous dicter un de mes premiers chapitres.
Cuvier
L’homme, quand il parut sur la terre, n’était pas ce que nous le voyons aujourd’hui ; il se rapprochait beaucoup plus de l’animalité ; sa forme était moins pure, son intelligence moins développée ; il était presque tout instinct. C’est à la suite de transformations successives qu’il est arrivé à son type actuel, de même que son état intellectuel primitif était le résultat d’une autre série de transformations.
Le récit de la Genèse, sur la création est figuré. Il ne parle du reste que du monde restreint connu de Moïse. A côté de la race adamique, d’autres races inconnues du législateur hébreu se développaient bien avant et depuis la même époque ; le « berceau du genre humain », c’est toute la terre.
Diderot
Note. Intimement liée avec ce médium, je recevais souvent sa visite en dehors de toute séance. Parfois je m’apercevais que ce n’était plus à lui que je parlais : un visiteur de l’espace s’était assis à mon foyer. Il venait me faire quelque recommandation pour la préparation du livre ou réciter quelque ballade si je jouais une mélodie au piano.
L’âme des animaux
Opinion de Cuvier : Ni l’intelligence ni l’instinct
ne sont le privilège exclusif d’aucune espèce.
Fausse interprétation de ces deux termes.
En général, l’homme, rapportant tout à lui-même, veut se faire le centre de toute chose dans l’univers. Jadis, les étoiles n’étaient que des clous d’or et la terre un plateau. Revenu de ses préventions et sachant qu’il n’est qu’un point imperceptible, vivant dans un autre point, la terre, invisible dans l’espace pour les autres étoiles, son orgueil et sa vanité se sont rabattus sur son milieu, et son âme, tout spécialement créée en dehors de la nature, est, prétend-il, la reine de la création ! La nature animée meurt pour la satisfaction de l’homme ; lui seul monte au ciel pour adorer béatement l’éternel. Tel est le problème résolu par le catholicisme et le protestantisme qui a conservé aussi l’enfer et tout son attirail de comédie.
Autrement est la vérité qui ouvre toute grandes à l’âme humaine les portes de l’infini. Cette âme qui a commencé par se revêtir de la structure de l’atome, a suivi toutes les phases de formations successives. Elle a dormi sur le minéral ; elle a germé pour ainsi dire dans la plante ; elle s’est éveillée dans l’animal ; et l’homme qui sur cette terre achève la série apparente du progrès conquis par l’animalité, l’homme résume en lui tout le travail des existences successives qui l’ont fait ce qu’il est. Il n’est que parce qu’il a été ; les êtres les plus inférieurs, en vertu de cette même loi, montent insensiblement tous les degrés de l’animalité ; arrivés à la nature du chien, par exemple, ils sont intelligents et conscients, puisqu’ils aiment, se souviennent et savent ce qu’ils font en bien ou en mal, car la colère, la haine, la douleur, la joie, leurs sont communes avec l’homme.
Le corps spirituel d’un chien, animal qui touche à l’homme, va dans l’espace avec son âme qui n’est pas encore âme humaine, mais qui le deviendra bientôt. La logique dit à tous, en voyant la manière d’être de ces compagnons fidèles, que ces amis, les meilleurs, doivent se survivre après la mort corporelle ; les révélations de nos médiums et les apparitions d’animaux le prouvent surabondamment. La loi d’évolution veut que l’animal soit ce que nous avons été, et qu’ils deviennent ce que nous sommes ; et la raison, unie à notre sentiment intime, fait que nous aimerions à voir se changer en enfant cet ami qui veille sur nous, qui pleure si nous sommes tristes, et qui reçoit profondément l’impression de toutes nos joies.
Oui, dans la vie spirituelle, on retrouve son chien l’animal préféré car l’âme plus avancée est toujours en communication avec l’âme qui gravite sur l’échelon plus bas ; elle s’attache à celle-là pour lui apprendre l’art de vivre sous la forme humaine et, sachez-le, c’est souvent l’ancien maître de la bonne et intelligente bête qui lui indique, de l’autre côté de cette vie, le mode divin pour se transformer et devenir homme après avoir été chien.
De la vérité, c’est tout ce que je puis vous apprendre.
Dr Demeure
Les guides
La vraie vie de l’animal, aussi bien que de l’homme,
n’est pas plus dans l’enveloppe corporelle qu’elle
n’est dans l’habillement ; elle est dans le principe
intelligent qui pré-existe et survit au corps.
Allan Kardec - La Genèse
Il y a dans l’espace une immense classification d’êtres par ordre d’élévation. Il y a les Intelligences qui ont dévié momentanément ; les Intelligences du progrès, celles qui, déjà d’un ordre élevé, se vouent pour l’humanité ; il y a les âmes passionnées qui s’attachent plus spécialement à ceux qu’elles ont dû quitter ; je citerai encore ceux qui voient de bien haut déjà l’existence des êtres inférieurs et les travaux des terriens, et qui, toujours par amour du bien, laissent descendre des rayons de leur lumière pour donner à tous le noble désir de progresser sans cesse.
Il y a aussi les Intelligences qui passent des siècles à travailler à l’éducation de l’âme des animaux pour les faire entrer dans l’humanité ; ces élémentaires ne connaissent pas encore leur route, il leur faut des Guides. Les animaux progressent comme vous-mêmes. Ils ont du mérite, ces pauvres êtres inférieurs encore qui servent à l’homme pour des besoins multiples ; généralement, leurs dernières incarnations avant d’arriver à l’humanité se passent auprès de vous ; ils prennent des corps d’animaux domestiques ; ils vous servent ; on les bat souvent, on les maltraite et bientôt pourtant ils seront des hommes ! Tremblez, tremblez méchants qui maltraités les animaux ; ils sont ce que vous avez été, et lorsque vous les frappez, vous descendez au-dessous d’eux.
Quand l’être finit son évolution sur l’échelle animale et qu’il arrive à l’humanité, il est éclairé d’une lumière inconnue de lui. Des voiles se détachent de son périsprit ; l’humanité lui apparaît dans cette lumière nouvelle et cette vue lui fait comprendre des choses qu’il ne soupçonnait même pas. Cet animal avait le principe de l’amour ; il avait toutes les facultés, tous les instincts nécessaires dans son ordre social ; à présent il voit le chemin qu’il a à suivre pour être ce qu’est l’homme ; il comprend cet organisme nouveau, et il pressent les trésors dont sa jeune intelligence pourra s’enrichir ; mais il faut que son périsprit, grâce au travail des guides, devienne semblable à celui de l’homme pour pouvoir s’unir à un corps humain dans le sein d’une femme.
Que font les Guides pour cela ?
Ils puisent dans les forces de la nature, dans leurs forces à eux, les fluides nouveaux nécessaires à la transformation du périsprit animal en un périsprit humain, et leur travail donne un nouvel élu à l’humanité. C’est un périsprit bien imparfait sans doute, mais qui donnera désormais à l’être la force de s’incarner parmi les hommes ; il ne pourra plus retourner à l’état précédent, en un mot, il ne pourra plus être autre chose qu’un périsprit humain.
La tâche de ces Guides est bien méritoire ! Si donner, ne fusse qu’un verre d’eau, est bien, voyez donc combien sont charitables ceux qui travaillent à grandir, à soutenir des êtres inférieurs, à leur faire suivre la route ascensionnelle, car ils ont besoin d’être aidés ceux qui font leurs premiers pas dans l’humanité, et ils trouvent dans leurs guides, si plein d’amour et de pitié, toute la délicate sollicitude d’une mère pour son chérubin. Le guide est père et mère à la fois !
Où vont ces guides ? Où vivent-ils ?
Ils vont à la découverte d’âmes d’animaux aptes à entrer dans l’humanité de votre planète ; ils les développent, les conduisent, les installent pour ainsi dire. Leur mission ne finit pas là ; ils indiquent aussi la route aux âmes encore troublées et trop près de l’animalité pour pouvoir se reconnaître ; ils vivent dans leurs maisons, dans les campagnes, partout où il est besoin d’eux.
Ce ne sont pas de brillantes Intelligences, mais ce sont de vaillants pionniers ; ce sont des missionnaires qui ont charge d’âmes.
Liana
Nos frères inférieurs
Quand les animaux souffrent, qu’ils craignent,
ils poussent des cris plaintifs. Ces cris sont
la prière qu’ils adressent à Dieu, et Dieu les écoute.
Lamennais -Paroles d’un croyant
Jésus affirme la justice et la bonté de Dieu
qui ne veut pas qu’aucun de ses petits périsse.
Matthieu, XVIII, 14
Je suis d’un siècle bien éloigné du vôtre. La postérité m’a gardé un souvenir qui m’est cher, et pour cette postérité quels vœux n’ai-je point fait jusqu’à ce jour !
Egaré dans ma jeunesse, j’ai connu les plaisirs qui laissent le cœur vide, l’âme souillée, l’esprit hanté de choses qui effraient la pensée. Oui, j’ai commis ces erreurs, et lorsque enfin les amis de l’au-delà m’eurent éclairé, que les voiles se furent déchirés, lorsqu’ils furent tout à fait tombés et que j’entrevis l’abîme, je me suis arrêté ; je me suis régénéré en moi-même ; et je n’ai plus voulu toucher à cet or qui corrompt l’âme et la rend esclave. J’ai voulu fuir le monde et ses attachements frivoles ; j’ai recherché la solitude absolue pour apprendre à penser. Dans ma solitude, descendant en moi-même, j’ai reconnu avec tristesse la chimère des ambitions terrestres ; j’ai compris combien les faiblesses de l’humanité sont grandes et combien l’homme est enclin à faillir. Dans mon âme alors se sont amassés des trésors d’intelligence et de pitié, et j’ai aimé, car en connaissant cette humanité, j’ai compris ce que l’on pouvait attendre d’elle en l’éclairant. Mais en ces temps si troublés, en ces temps aux fougueuses ardeurs religieuses, que pouvais-je faire, sinon suivre les voies qui m’étaient tracées par le passé et par mon éducation pieuse ? Vous êtes plus heureux en ces jours. Je vois les progrès qui se sont accomplis, je vois des siècles de lumière suivre ce siècle.
Ah ! si vous saviez combien j’étais heureux lorsque, étant seul, j’élevais mon âme vers l’Universelle Bonté. Je voyais dans l’espace des êtres qui allaient et venaient, cherchant, les uns à s’instruire, les autres à secourir les affligés, et tous apprenant à aimer. Je voyais aussi, oui je voyais les jeunes âmes d’animaux conduites, aimées, soignées par leurs guides, et je voyais les sidériens les plus lumineux les regarder avec sollicitude, et leur envoyer en passant l’éclat de leur lumière, quelque chose d’eux enfin, pour que ces êtres élémentaires puissent désirer s’élever. C’est pourquoi, emporté par la passion grandissante de faire des élus, des heureux, je disais aux hommes : Voyez, ces petits êtres qui sont nos frères inférieurs, voyez ils viennent à moi ! Ils semblent m’écouter, et vous, vous me fuyez ! Oh ! quels instants d’allégresse je ressentais dans mon âme lorsque je voyais la foule revenir à la pitié pour ces pauvres dédaignés !
Je prêchai, j’enseignai le mieux que je pus. Beaucoup revinrent au bien en entendant ma voix inspirée. Je sentais, en ce moment où mon apostolat allait grandissant, que la bonté divine me réservait la plus grande, la plus sublime des joies de l’âme ! Quand je m’abîmais dans cet amour du bien que je voulais pour l’humanité toute entière, lorsque mon âme s’élançait de ce monde dans l’infini, demandant à l’éternel des grâces abondantes pour tous ses enfants, je voyais par delà la vie humaine, je voyais l’Esprit d’amour. Je voyais Jésus, et Jésus laissa sur moi les traces des souffrances qu’il avait endurées dans son amour, dans sa pitié pour l’humanité : c’est là la récompense que je pressentais .
Amis, ne voyez en moi maintenant, dans ces temps nouveaux, ne voyez que l’ami des pauvres, l’ami de ceux qui souffrent ; ne voyez que l’ami de ceux qui cherchent l’élévation morale ; l’ami, le frère qui voudrait que tous les hommes fussent purs et bons ; ne voyez que l’être aimant qui appelait, des régions sidérales, des forces puissantes et que les habitants de l’espace protégeaient en lui donnant des marques matérielles de leur présence et de leur amitié. Combien de générations ont admiré le miracle des roses ! Ce miracle, ce fait dit surnaturel, vous le connaissez maintenant, vous l’avez obtenu vous-mêmes de différentes manières par vos médiums ; mes bien-aimés de l’espace firent fleurir des roses nées du sang qui coulait de ma chair déchirée par les épines.
Quand je regarde mon passé, je reconnais que je n’étais qu’un simple médium et non un saint comme les hommes le prétendaient. Aussi est-ce vers vous que je viens, car c’est vous, animistes, qui pouvez le mieux comprendre les faits que la science admet aujourd’hui et que l’on appelait des miracles autrefois. Trouvant une similitude entre ce que j’étais et ce que sont ceux que vous appelez des médiums, je les aime ces médiums et je les aide de mon mieux. Ceux qui auront su comprendre ce qu’il y a dans leur mission de renoncement volontairement accepté et de sacrifice d’amour, arriveront les premiers dans les merveilleuses régions. S’ils sont dignes de la grandeur de leur tâche, ils serviront encore de liens aux humanités des mondes qui marchent vers l’éternel bonheur, en allant à la conquête de l’Infini.
Vous, amis, gardez mes paroles et dites-vous qu’entre François d’Assise et les médiums de vos jours, il n’y a pas de différence ; sachez que certains de ces médiums sont même plus puissants que je ne l’ai été.
Chacun vient à son heure.
François d’Assise
Les microscopiques
Chers enfants, bénissez, si votre cœur comprend,
cet œil qui voit l’insecte et pour qui tout est grand.
Lamartine.
(Quelqu’un du groupe avait posé cette question : Comment se fait-il qu’il y ait des distances si grandes entre tous les êtres ? qu’il y ait des infusoires en même temps que des Socrate, des Platon, des Jésus ?)
Les êtres microscopiques, infusoires, bactéries, etc., ne sont pas des êtres conscients, quoiqu’ils vivent, se meuvent, se reproduisent et meurent. Examinons ces quatre états.
Ils vivent, mais quelle est cette vie ? Ils sont obligés de s’assimiler le milieu ambiant ; ils dépendent entièrement de ce milieu, ils n’en forment pour ainsi dire qu’une parcelle qui a pris son autonomie. Le sang humain est composé de ces êtres, vivant chacun d’une vie séparée mais subordonnée à la vie du tout ; ils s’assimilent ce que vous introduisez dans le liquide où ils nagent, si ce que vous leur donnez est propre à contenir leur vie ; ils construisent le corps humain, comme le polype construit le corail, sous la direction de l’âme principale et attractive.
Ils se meuvent puisqu’ils suivent la loi éternelle de l’état de la substance qui est le mouvement et la vie, matière veut dire mouvement ; tout atome d’un corps, aussi compact qu’il puisse paraître à vos yeux, est en mouvement perpétuel sous l’action directive de ce qui meut.
Ces êtres microscopiques se reproduisent, non par accouplement, mais par scission de l’être ; coupez un de ces êtres en deux, vous aurez deux êtres ; coupez le en trois, en dix, en cent, et vous aurez autant d’individus.
Ils meurent comme tout meurt, c’est-à-dire qu’ils se transforment,. C’est le signal de la formation d’autres êtres qui peuvent êtres atomes primitifs, constituant autonomes, infusoires à leur tour…
Les savants matérialistes se plaignent de ce qu’on ne puisse leur montrer le fluide dont il est tant parlé. Qu’ils regardent les globules sanguins, qu’ils regardent les centaines de milliards d’infusoires qui pullulent dans tout, dans l’atmosphère comme dans le corps humain, et ils verront un fluide suffisamment matériel pour tomber sous les sens grossiers de l’homme ; tout fluide est nécessairement matériel.
L’infusoire n’est pas un être au même titre que vous parce qu’il n’a pas le Moi, l’âme consciente. Il faut une agglomération de fluides pour faire un périsprit, une enveloppe propre à devenir l’instrument d’une âme ; or l’infusoire est une unité fluidique et une unité matérielle. Au bout d’un temps que votre imagination ne pourrait mesurer, l’infusoire acquière la faculté de s’assimiler d’autres infusoires et devient un animal capable de procréer, mais avec lui-même. Cet être est encore une unité matérielle, mais il est déjà un composé fluidique.
La loi qui régit votre portion d’univers est dualité. L’agglomération fluidique devenue un être presque conscient, trouvera plus tard, dans le cours de son progrès, un autre être dont l’harmonie fluidique pourra s’associer à la sienne. Vous aurez alors deux êtres conscients dont l’un fécondera et l’autre sera fécondé ; il y a alors formation de sexes ou de deux unités matérielles qui se complètent, il y a deux composés fluidiques qui s’harmonisent. C’est à ce moment que ces deux êtres, encore si imparfaits, deviennent ce que vous appelez âmes épouses. Oh ! je sais bien que dans le courant des millions d’années qu’ils ont à parcourir avant d’entrer dans l’humanité, ces êtres auront beaucoup de changements à subir, mais ils sont liés par une affinité indestructible, éternelle.
Plus cette terre progressera, et moins il y aura d’infusoires ; ces unités fluidiques se seront augmentées pour former des unités matérielles hermaphrodites. Puis, ces êtres en formation disparaîtront à leur tour ; ils se seront avancés dans l’ordre supérieur et seront devenus dualités fluidiques et matérielles. Les animaux de toute espèce diminueront en nombre, et finalement il ne restera plus sur la planète que des hommes ; mais, à cette époque, la terre elle-même sera près de mourir, elle sera près de se désagréger pour concourir à la formation de planètes plus avancées. Les Socrate, les Platon, les Bouddha, les Jésus, auront passé dans d’autres sphères, car les hommes de la terre n’auront plus besoin de leur lumière. Les hommes d’alors auront été infusoires au temps où les Védas furent écrits, et, quand on aura oublié jusqu’au nom de l’Inde, quand les mers auront recouvert la place que ce pays occupe, ces infusoires devenus hommes auront d’autres Védas. Oui, l’infusoire d’aujourd’hui sera l’homme de demain et deviendra la force dirigeante d’une planète, car le progrès se continue toujours.
Ce que je vous dit a été enseigné il y a des milliers d’années dans ce pays du soleil levant que j’ai tant aimé. O Inde ! Faut-il que tu sois tombée par la faute des prêtres pour que ce soit le soleil couchant qui te donne la lumière ! N’importe ! Le pays civilisé le matin devient désert le soir et c’est le pays du désert qui lui montrera le lendemain le flambeau oublié pendant une longue nuit de superstition.
Que la paix de la Charité et de l’Amour demeure avec vous !
Çakya-Muni
De l’atome à l’être que je ne puis décrire, tant sa perfection relative s’éloigne de votre état actuel, il y a bien des degrés ! De l’atome, entendez-vous ? Car le point de départ vous est pour ainsi dire inconnu ; de l’atome à l’homme de la terre, seulement, quelle distance !
La vie du minéral, puis la vie plus développée de la plante, ensuite celle de l’animal où les qualités de l’être pensant commencent à s’essayer, à s’affirmer, enfin la vie humaine, première transformation importante eu égard à l’intelligence qui prend le dessus sur la matière, voilà quelques étapes.
Dans d’autres mondes, vous aurez sans doute une autre forme dont vous ne vous faites aucune idée et auprès de laquelle votre forme de terrien peut être considérée comme très grossière.
Ne l’oubliez pas, notre devenir est éternel.
L….
Les poissons
La surface des mondes de votre système solaire est en grand partie couverte d’eau. L’eau couvre les trois quart de la surface de la terre où je descends un instant pour me reposer.
L’homme est le maître sur la terre, il domine les êtres qui l’habitent ; un jour viendra où il pourra pénétrer dans le fond des mers et détruire les monstres qui les dépeuplent.
Les poissons ont-ils aussi une âme ?
Oui, les poissons ont une âme, rudimentaire encore, mais qui, un jour, émergera des ondes et viendra briller dans l’homme après de nombreuses évolutions intermédiaires.
Les habitants des mers ont une intelligence relativement aussi grande que celle des animaux qui vivent sur la terre. Quant aux animaux de degré inférieur, par exemple aux reptiles et à tout ce qui est rampant, ils sont réincarnés immédiatement et sans connaître les régions de l’espace où vont les éléments psychiques d’animaux supérieurs . Les poissons se réincarnent, passent d’un système à un autre sans quitter l’Océan. Ces élémentaires gravitent dans leur milieu, et ils ne quittent le sein des eaux qu’au dernier échelon où la transformation s’opérera par l’état d’amphibie. C’est alors qu’ils prennent, comme un parfum, une aspiration de cette terre où ils viendront vivre un jour.
Songez à l’importance excessive de cette question : l’évolution des poissons ; songez au nombre prodigieux des êtres qui vivent dans vos océans et, vu l’espace restreint des terrains habitables de votre planète, voyez combien ont déjà marché les animaux d’un ordre supérieur tels que le chien, le cheval, l’âne, l’éléphant, etc. En vertu des lois de l’évolution, vous avez passé par le fond des mers avant de planer, oiseau, dans les airs ; vous avez appris à voyager dans les eaux beaucoup plus que vous ne voyagerez sur la surface de la terre, car, sur la terre, les animaux se déplacent déjà moins ; ils ont déjà une tanière pour demeure, et une forêt pour horizon.
Pour que votre âme ait le pouvoir, par le savoir, de voyager dans l’espace après avoir franchi les divers degrés de l’animalité, vous devez acquérir des facultés que vous avez gardées spirituellement. Ah ! Quand les sidériens radieux sillonnent l’espace ainsi que des météores brillants, vous pouvez dire : comme ils ont dû apprendre à courir avant de pouvoir marcher ainsi ! Comme ils ont dû progresser pour pouvoir lire, partout où ils sont, partout où ils vont dans l’Harmonie Universelle !
Eliam, grand prêtre de l’Inde antique
L’oiseau, l’insecte
L’insecte mettra un siècle pour suivre la destinée
qui existe dans le pas d’un homme ; l’homme
mettra des milliers de siècles pour franchir
la distance relative à un pas de la marche de la terre.
Un Indien
Dans son milieu, l’oiseau naît à la vie de la terre comme un enfant. Il aura bientôt des ailes qui le feront libre de ses mouvements, comme l’enfant se dégageant de ses langes se délie les membres et prend des forces.
C’est si gentil, les petits oiseaux ! Je les aimais tant ! Devinez ce qu’ils disent dans leur langage. Ils disent qu’il faut aller sous la feuillée loin du regard curieux de l’écolier qui cherche à voler leur nid ; ils disent que la couveuse ira dérober à la fileuse la laine de sa quenouille, à la brebis ce qui tombe de sa toison, et que petit à petit, elle finira par arranger une ravissante maison. La mère travaille pendant que le père chante, mais enfin le nid se fait, l’amour est né avec lui, et les petits viendront bientôt.
Que pense l’oiseau, que pense l’enfant ? La même chose. Par l’éternelle harmonie, la vie commence à tous les degrés, dans une mesure identique, quoique distincte, et, si vous savez faire des déductions, en étudiant l’existence d’un insecte, si passagère qu’elle soit relativement à votre existence, eh bien, vous vous retrouverez dans l’insecte, et, ce qui marque votre progrès, c’est que l’insecte ne voit pas votre grandeur et que vous voyez sa petitesse.
Enfin, l’oiseau s’envole, il quitte le doux nid, il quitte sa mère, la reconnaîtra-t-il plus tard ? Chez l’homme comme chez les oiseaux, il en est, hélas, qui ne reconnaissent pas leur mère.
Dans un oiseau, il y a un homme ; ne faut-il pas que l’intelligence de l’oiseau soit un diminutif de l’intelligence de l’homme, pour qu’il puisse devenir homme à son tour ? L’harmonie étend ses ramifications dans tous les êtres, elle est toujours la même ; seulement par le progrès elle augmente les facultés dans chaque individu, par chaque transformation.
Les hommes ont émigré quelquefois ; des peuplades ont quitté le sol sauvage et agreste qui les avait vues naître et se former ; le développement de leur intelligence ne leur permettant plus de se suffire avec les éléments matériels qu’ils avaient dans la main, ils allaient chercher une terre plus riche et plus en rapport avec leurs besoins. L’oiseau, dans ses pérégrinations annuelles, ne quitte-t-il pas une nature marâtre qui ne lui donne plus le printemps ? Il est obligé d’aller le chercher sous d’autres cieux, et il revient ensuite, lorsqu’une saison plus clémente peut lui rendre ses ombrages, ses graines et ses vermisseaux.
Voyez, observez jusqu’à ces insectes en groupe dans les champs, dans les forêts. L’œil de l’homme ne se repose pas ordinairement sur ces êtres qui lui paraissent infiniment petits ; mais, si l’homme s’inclinait pour entrer dans la vie de ces êtres, pour étudier leurs royaumes ou leurs républiques, oh ! il finirait par les comprendre ; il saisirait leur langage et leurs lois ; il les suivrait de leur naissance à leur transformation ; il puiserait des enseignements en étudiant les petits ; il constaterait tout l’espace de temps et de supériorité qu’il y a entre lui et ces infimes créatures. Toutes petites qu’elles sont, il se révèle en elle une intelligence qui ressemble à la vôtre par les côtés principaux et par l’instinct de conservation inhérent à tout être.
Ecoutez l’oiseau, écoutez dans la nuit le chant du rossignol. Il semble toujours se répéter, pourtant ; il a des modulations exquises, et, lorsque vous entendez deux chants d’oiseaux ; deux voix qui paraissent semblables, mais qui sont différentes, elles se disent des mots d’amour et de philosophie d’amour.
Enfants de la terre, aimez les petits oiseaux, aimez jusqu’aux insectes ; étudiez-les ; entrez dans leur famille et sous leur toit ; vous vous y verrez, vous vous y comprendrez, vous les trouverez heureux et vous voudrez parfois être à leur place !
Fernando
Le printemps
Poésie
Les gais rayons de Mai jouaient dans la feuillée
Aux souffles embaumés des rayons printaniers ;
Les larmes de la nuit perlaient l’ensoleillée
Sur les rameaux fleuris des jasmins, des gainiers.
Myrtes et cyclamens, muguets et pâquerettes
Diapraient les jardins, les verts prés et les bois ;
Dans les roseaux chantaient les timides fauvettes,
Aux murmures de l’onde harmonisant leur voix.
L’écho leur répétait les chansons des bocages
Où les geais, les bouvreuils, répondaient au pastour ;
Les saphirs, les rubis des papillons volages
Sur les calices d’or se posaient tour à tour.
Sous les riants berceaux, sous les sombres ramures,
Dans les blés s’élevant des laborieux sillons,
Partaient des chants, des fleurs aux brillantes parures.
Ah ! Je ne puis plus !
Charlotte Chazarain
(Elle pleure parce qu’elle n’a pas la force de continuer.)
Un de ses amis vient nous dire : « Son premier essai est infructueux, mais elle reviendra. »
Charlotte avait fait un effort pour rappeler sa faculté de faire de la poésie dans une existence passée. Ce cas se présente quelquefois chez les intelligences avancées. Ajoutons que le médium était peu instruit.
Ne soyez pas cruels envers les animaux
Je chevauchais sur la grande route, je venais de voir ma fiancée. « Ne pars pas cette nuit, m’avait-elle dit ; ta monture est bien fatiguée. Vois ! Elle est haletante, et ses flancs sont couverts d’écume. Reste pour que la pauvre bête se repose ; elle trouvera ici bonne litière et bon gîte. Et puis… l’orage menace. »
« Non ! Avais-je durement répondu. Il faut qu’elle fournisse encore la course ; je la ferai bien marcher. » Et je me remis en selle.
Bientôt l’orage éclata dans toute sa fureur. La pluie tombait par torrents ; les éclairs déchiraient la nue ; les grondements de la foule se répétaient dans les montagnes comme d’effroyables menaces ; le vent mugissait, courbait les arbres, emportait les jeunes pousses, renversait les épis. Mon cheval terrifié ne voulut plus avancer.
Ma mère m’avait dit souvent : « Mon fils, tu es bien cruel envers les animaux ! J’ai peur qu’il t’en arrive malheur. »
Mais la pitié pour les êtres inférieurs ne pouvait entrer dans mon cœur.
Tout à coup, la foudre tomba près de moi et mon cheval s’abattit. Alors, pour le faire relever, je le frappai avec violence, je le frappai sans trêve en vociférant des injures.
Soudain, je perdis conscience de toutes choses.
Quand je revins à moi… terreur !… autour de moi étaient des morts-vivants !… Je vis ma mère morte depuis peu… Je compris enfin que j’avais été foudroyé ! Ce moment fut poignant… j’aimais ma fiancée !
Ma mère me fit voir ma jument frappée en même temps que moi… L’être que j’avais maltraité était presque mon semblable ! J’eus honte de mon action brutale, honte à en pleurer !
Eugène
Black
Le chien est un candidat à l’humanité.
Michelet
Ce que l’homme a de meilleur en lui, c’est le chien.
Toussenel
C’était au printemps de mes ans… j’aimais mon mal et j’en voulais mourir ! Plus de fêtes pour moi, plus de plaisirs, plus de fleurs ! L’accablement et la tristesse se peignaient sur mon visage ; j’errais par les champs, par les prés et les bois, écrasé sous le poids de ma peine profonde ; mes jours étaient des nuits d’angoisse et d’appels ; quelquefois pourtant, mes ténèbres s’éclairaient d’un beau soleil ! Elle m’apparaissait en songe, et je voyais son sourire idéal, son sourire tout divin !
Nous étions tous deux au printemps de nos ans. Elle était mon ange adoré, elle était ma bien-aimée, ma fiancée.
Elle s’envola vers la rive inconnue, et je restai seul dans la vie, solitaire au milieu du monde, m’attachant à son souvenir et ne vivant que de lui. Je la voyais souvent, en imagination, sur son lit tout blanc, vêtue en fiancée et couverte de fleurs. Il me semblait qu’elle souriait, que ses traits s’animaient et qu’un éclair, un rayon des cieux illuminé d’azur venait faire vivre ses yeux placides et fixes comme les avait laissé la mort en les touchant.
Black, mon chien fidèle avait joué avec elle. Il aimait à lui dérober son gant, et tout joyeux il bondissait autour d’elle. Ah ! comme elle l’aimait, Black !.. ; Je l’avais fait entrer dans la chambre mortuaire. Il la vit immobile, rigide, glacée. Il l’appela, sauta autour du lit funèbre, espérant qu’elle prendrait garde à lui ; il se soulevait pour la caresser encore… Le pauvre chien comprit qu’elle était morte. Il s’étendit tristement aux pieds de la couche de ma bien-aimée et il eut des sanglots.
Lorsque tout fut fini, je partis avec Black qui partageait ma tristesse. Hélas ! rien ne put me consoler, rien, rien, rien !!! J’aimais mon mal, je voulais le garder. Pour mieux conserver mon amour, je refusai de former de nouveaux liens.
Je retournai dans les lieux qui l’avaient vue naître ; je parcourus les sentiers fleuris où elle jouait enfant. Ah ! Que de joies disparues !… J’allai avec mon chien fidèle jusqu’au massif des rosiers où chaque matin je faisais pour elle une riche moisson. Les rosiers étaient toujours verts, les roses toujours aussi belles ; elles penchaient leurs têtes vers moi, semblant m’inviter à les cueillir comme autrefois pour Elle. Je les regardai tristement et m’éloignai, des sanglots dans la gorge, des larmes dans les yeux. J’allai m’asseoir dans une allée de platanes où nous parlions souvent de nos projets de bonheur et je pleurai.
Tout à coup, Black me quitta et courut au massif des rosiers. Il revint bientôt après portant des roses dans sa gueule ensanglantée. Il était joyeux ; il sautait, gambadait autour de moi, puis il vint poser son trésor sur mes mains mouillées de larmes. Black avait eu un trait de génie ! Il avait cru rappeler mon sourire en m’apportant des roses comme il m’en voyait autrefois offrir à ma bien-aimée.
J’avais voulu garder mon mal, j’en mourus. Black me resta fidèle : le jour où je quittai la terre, il disparut aussi. Il revint bientôt me retrouver dans les champs d’azur où j’avais rejoint ma belle fiancée, et nous préparons notre Black à la réincarnation dans un charmant enfant qui vivra près du massif des rosiers.
Emile
Note. Stanley a trouvé dans l’Afrique centrale une population naine, les Monbouttous, qui tiennent du singe et de l’homme. Cela n’est pas une raison pour que, dans notre humanité composée d’êtres si diversifiés, la dernière incarnation sur l’échelle animale soit forcément celle du singe. La variété des instincts, des individualités, etc., prouve le contraire ; s’il en était autrement, tous les hommes se ressembleraient. Les savants non psychistes n’étudient que la filiation physique, c’est-à-dire, la structure de l’animal se rapprochant le plus de la structure humaine. Les correspondants de l’espace nous apprennent que l’évolution progressive peut se faire autrement. Les « Analogies ou Ressemblances graduées » de Lavater prouvent également que les hommes proviennent d’animaux divers.
Septième série
Mort et réveil
Ce qui a été, c’est ce qui sera.
L’Ecclésiaste
Rien, ne périt, tout se transforme… Le suaire du
trépassé enferme dans ses plis la vie renaissante.
Lamennais
La vie et le temps
C’est ainsi que le temps par Dieu même conduit
Passe pour avancer, sur ce qu’il a détruit.
Lamartine
Quand pourrai-je venir dans ces vêtements ? Comme ils me gênent !…
(Silence.)
Votre vie est une chose qui se passe sans cesser d’être ; elle fuit vers l’inconnu de son progrès.
Le monde sur lequel vous êtes trace un sillon dans le fluide universel pour y trouver de nouvelles voies, mais votre âme, emportée par cette soif inextinguible de connaissances, ne doit se rattacher à ce monde que pour y progresser. Soyez donc au-dessus de la vanité, de l’intérêt mesquin qui empêchent de voir les grandes choses de l’avenir de l’être. Elevez-vous, dégagez-vous des préjugés, rejetez toute formule ; faites-vous assez grands pour pouvoir répandre la vérité sur ceux de vos frères qui ne voient pas, qui ne regardent pas, qui ne cherchent pas à comprendre, et laissez tomber sur eux l’amour que vous prendrez de nous. Enfants de la terre qui paraissez si peu de chose jetés sur ce petit monde où vous vous agitez sans trêve, il y a en vous un foyer où s’allume l’esprit.
Nous sommes les intermédiaires entre vous et les harmonies qui vous appellent ; par nous, prenez l’essor pour voler vers ces centres merveilleux où les mondes apparaissent dans leur idéale beauté.
L’oriental
Phénomène de la mort
Il y a un corps animal et un corps spirituel.
Paul - Aux Corinthiens
L’homme est une substance lumineuse
enveloppée d’ombre.
John Sterling
La mort est le plus puissant et le plus étrange des phénomènes. Le corps meurt sur la terre, tandis que le Moi renaît dans l’espace. Celui qui connaît le but de l’existence se rend mieux compte du phénomène de la mort et n’a plus la terreur superstitieuse due à une éducation faussée.
Le passage de la vie terrienne à la vie sidérale est une chose troublante à laquelle les philosophes de tout temps ont porté une grande attention. La mort a toujours épouvanté la plupart des hommes, sceptiques ou non ; ceux qui ont obéi aux influences pernicieuses, ceux qui n’ont pas lutté pour le bien souffrent et sont moralement torturés ; pourquoi, lors même qu’ils n’ont aucune croyance, le but final obsède-t-il leur esprit ? Pourquoi cet effroi lorsque sonne la dernière heure ?
L’âme de l’homme, dont la vie a été employée à chercher le bien, à le produire autant qu’il le pouvait, cette âme envisage avec une confiance sereine tout ce qui peut advenir au delà de la vie ; lors du grand passage, il comprend parfois les destinées de ceux qu’il laisse après lui ; il puise déjà dans sa connaissance des lois du devenir de l’homme des conseils salutaires et sages ; souvent à l’heure de la mort il prophétise.
Après l’ensommeillement de l’intelligence, l’âme du juste peut rester dans le calme d’un doux repos, suivant que les fluides s’échappent plus ou moins vite de l’enveloppe terrestre. Ce n’est pas sans une certaine lutte que les fluides abandonnent les organes qui ont servi à accomplir le travail de la vie terrestre. Lorsque le fluide s’est retiré des extrémités, qu’il se concentre de plus en plus sur le principal siège de l’intelligence le cerveau la vie de l’homme commence déjà de l’autre côté. Il parle encore des choses de la terre, il est encore sur la terre, mais il est davantage dans l’espace, il entend la voix des extra terriens, la quintessence des puissances de l’âme a déjà quitté la terre ; il ne lui reste plus rien que des sensations, et particulièrement celles de l’enfance.
Amis, je voudrais vous donner un avertissement et un conseil. Si vous tenez à mourir comme vous l’avez voulu, à ne pas souffrir moralement lorsque votre dernière heure viendra et que le glas funèbre tintera dans le cœur de ceux qui vous entourent, souvenez-vous bien de ce que je vais vous dire, et sachez qu’à son passage dans la vie nouvelle, lorsque l’esprit tenant encore au cerveau n’a plus que les souvenirs de l’enfance, l’homme est très susceptible d’être influencé et de laisser faire de son corps, même ce qu’il ne voulait pas ! De laisser faire des choses contre lesquelles il s’était fermement prononcé. Lorsque la mort frappe celui qui a abandonné telle ou telle secte, à ce moment de prostration des forces morales, et lorsque le Moi de l’être ne s’est pas encore épanché dans la vie de l’espace, cet homme, par les influences qu’on a attirées autour de lui, laisse faire ; il adhère aux choses que sa conscience rejette, et quand le fluide vital s’est écoulé, quand l’huile de cette lampe a passé dans un autre luminaire, ah ! cette lumière, cette intelligence souffre ! Elle voudrait s’éteindre encore pour revenir sur cette terre protester contre ce qui lui paraît une lâcheté. Pourquoi ces choses si humiliantes pour un être qui se voit plein de vie de l’autre côté ?
Lorsque les connaissances de la vie de l’au-delà seront établies, on respectera les volontés de celui qui aura déclaré son intention alors que toute la virilité de son esprit se manifestait encore ; puis on communiquera avec le désincarné pour s’entendre avec lui-même au sujet de ses funérailles. Mais, jusque là, il y aura bien des mourants tourmentés, bien des hommes qui auront paru lâches à leurs derniers moments. Ceux qui les accuseront ne seront pas dans la vérité. Je répète à ceux qui se sentent forts :
Tandis que vos facultés sont dans leur plénitude, dictez vos volontés en termes formels, et surtout insistez dans votre écrit pour que l’on ne tienne aucun compte des influences que vous pourriez subir à vos derniers moments ; sinon, en arrivant de l’autre côté, vous éprouveriez une grande souffrance : celle de voir faire du cadavre que vous n’auriez pas encore abandonné ce qui était absolument contraire à votre volonté .
Liana
Les personnes qui ont une médiumnité voyante tout à fait développée peuvent voir la lutte qui a lieu au moment de la mort, alors que l’âme tend à s’échapper, et que le périsprit, tenant toujours au corps, force l’âme à y rester encore.
Le dégagement commençant presque toujours par le cerveau, le voyant perçoit d’abord une forme vaporeuse qui émerge de la tête du mourant ; dans cette forme, on reconnaît quelquefois fort bien les traits de celui qui est couché. Cette forme s’élève, entraînant après elle une sorte d’enveloppe qui s’allonge et que le corps retient : le périsprit retombe, ramenant l’âme au corps, puis la lutte recommence et dure parfois longtemps.
C.r. …..r.
Respectez la volonté des mourants
La seule force contre l’horreur naturelle qu’inspire
la mort, c’est d’aimer au delà.
Mme Swetchine.
Voilà le trou béant où l’on a descendu mon corps ; on a jeté sur la bière quelques bouquets, un peu de terre, c’est l’usage ; on a versé quelques larmes provenant plutôt de l’impression que produit la mort que de la douleur causée par mon départ de ce monde.
La voilà donc, cette place qui m’était dévolue ! (D’un ton railleur !) M’est avis que j’ai bien tardé à venir en prendre possession. Je n’étais plus qu’une gêne pour ma famille fatiguée des derniers soins qu’elle me devait.
Les prêtres viennent de partir ; la foule s’est écoulée ; je reste seul devant mon cercueil… Pourquoi a-t-on fait toutes ces cérémonies ? Pourquoi de l’eau bénite et des mots que personne ne comprend ? Et pas une parole amie éveillant dans les cœurs un sentiment de sympathie, un sentiment qui m’aiderait à supporter l’amertume de me trouver seul… seul devant mon cadavre !
Ah ! Ces prières funèbres, ces cierges !… Ils ont voulu le faste, ils ont voulu déployer un apparat de luxe pour faire croire à la sincérité des regrets, tandis qu’il eût bien mieux valu qu’on donnât l’argent de ces cérémonies aux pauvres comme je l’avais demandé. Je vois mes enfants aller à l’église commander des messes pour le salut de l’âme de leur père. Peut-être disent-ils que je me suis repenti à l’heure suprême et que je suis revenu à leurs idées à eux. Ils vont ordonner comme prière, une récitation faite avec le tintement de l’argent !!!
O triste humanité ! Tu en es là encore après tant de luttes pour le progrès et pour la liberté ! La prière payée, c’est l’ostentation des fils pour montrer au monde comment ils s’acquittent de leurs devoirs envers leurs parents morts ; une pensée affectueuse me serait plus douce au cœur, mais j’en suis privé, et la fleur de l’amitié ne croîtra pas sur ma tombe !
Je souffre !… je souffre !… C’est mal de faire souffrir ceux qui s’en vont en agissant contre leurs volontés dernières, de les contraindre à subir des cérémonies de commande, s’ils ont vécu éloignés de ces choses ridicules qui ne sont que l’expression de l’orgueil et de l’hypocrisie.
Vous qui appelez les morts, qui les aimez, qui les considérez indistinctement comme des frères, qu’ils soient bons ou mauvais, ah ! Laissez moi vous confier mes regrets pour mes enfants !
Je vais aller… où ?… que sais-je ? Je puis marcher dans les airs ; il me semble que mes jambes sont plus légères, et dans l’espace je trouve des assises pour me reposer. Mes pauvres jambes étaient bien usées ! Mais j’en ai de nouvelles.
J’avais rencontré des amis dans le cimetière ; ils cherchaient des âmes esseulées. Je leur ai parlé, je les ai suivis, et ils m’ont conduit ici. Je retournerai au cimetière, et je supplierai ces bons amis de ne pas m’y laisser seul, car je ne sais où aller.
A vous qui voulez bien m’écouter, merci ! Je vous garderai de bons souvenirs. Je vous ai pris un temps précieux, mais les grands amis que vous avez dans l’espace et qui sont si charitables m’ont dit que vous l’étiez aussi, que vous me consoleriez et que j’emporterai de vous de chaleureuses poignées de main .
Note. Il refusa de donner son nom véritable et donna un nom d’emprunt. Bien des raisons empêchent aux désincarnés de donner leur nom ; l’une d’elles est que la famille existe encore.
Invocation
Poésie
La mort est une libératrice qui nous ouvre
les portes d’or de la lumière éternelle.
Duc de Pomar - Amour Immortel
Chers métamorphosés, habitants de l’espace,
Venez de votre élan nous guider dans l’impasse
Qu’on appelle « la mort ! »
Du soleil des soleils qui réjouit vos âmes,
Abandonnez pour nous les immortelles flammes,
Et démentez la mort !
Résonnez hautement, voix qu’on croyait éteintes,
Portez la vérité radieuse et sans feintes,
Qu’on vit après la mort.
Des grandes lois d’amour qui régissent vos sphères,
Transgressez un instant les étonnants mystères,
Et nous vivrons la mort !
Ah ! donnez-nous aussi consolante promesse
Sur les douleurs sans fin que la terre professe
Et que bannit la mort !
De nos tristes étapes, abrégez l’agonie
Par vos appels de gloire ; et, lumière infinie,
Nous renierons la mort !
Eclairez par l’amour, les ténèbres du doute,
Chassez le fanatisme, et montrez-nous la route
Qui commence à la mort !
Félix
Note. Félix, comme on le verra dans la série « l’Amour au delà du tombeau », était venu donner une communication et des poésies dans sa famille. Le médium dans lequel il s’incarnait ayant disparu, Félix fit de sa fille un médium ; c’est par l’intermédiaire de cette jeune fille que nous avons eu cette poésie.
Les pages du grand livre
La vie est un conte que l’on a déjà lu.
Shakespeare
L’existence de chaque être est un livre dont les premières pages ne retracent que la vie élémentaire de l’âme dans les régions inférieures ; il relate un lointain incalculable, un lointain incommencé et infinissable.
Chaque page blanche est préparée avant d’être couverte, c’est-à-dire vécue sur la terre. C’est là l’image de la réincarnation. Ainsi, dans l’espace, l’esprit arrive, en revoyant ces pages, à vivre de son acquis, de ses douleurs, de ses joies, de son idéal rêvé et de son devenir éternel ; il constate aussi ses forces et, se pénétrant de plus en plus de ses devoirs, il prépare le corps, instrument de progrès, qui lui servira, à l’âge où l’on est homme, à mieux remplir la page nouvelle qu’il doit vivre.
Plus les pages se remplissent, plus le progrès s’accentue, plus l’être a de bonheur sans doute ; mais en mesure de l’envergure toujours croissante de son développement, il souffre davantage d’une faute légère que ne souffre un être peu avancé d’une faute grave.
L’étincelle devient flamme. Les actions nobles sont recherchées avec plus d’enthousiasme ; le principe d’amour qui a grandi dans l’homme lui a donné des forces multiples. Il rayonne ; son influence, ses effluves, pénètrent l’intelligence des masses, il pèse sur l’esprit des nations. Mais, si la satisfaction est plus grande, le devoir est plus grand aussi : chaque bonheur coûte une peine pour être acquis ; tout progrès est une bataille gagnée. Aussi, que l’homme songe bien à ce qui lui en coûterait d’avoir écrit sur la page dernière, en caractère indélébile, des choses qu’il voudrait n’avoir jamais faites ! Qu’il sache que de l’autre côté, il regarde avec avidité les lignes qu’il a tracées lui-même. Il lit, il craint, il a peur !
Hommes, réfléchissez ! Chaque pensée se grave par vos fluides, les fluides de vos actions elles-mêmes. Vous retrouvant en présence de la dernière ligne, n’ayez pas à en rougir ni à en pleurer.
Si l’homme a mal vécu, lorsque ses cheveux blanchissent par les années, que son front se courbe vers la terre qui l’attend et que son esprit, tendant au dégagement, s’éclaire déjà inconsciemment, il sent que la page sera mauvaise ; il sent au fond de son âme, que l’écriture qui la couvre lui arrachera des larmes ; à ce moment il entend des voix qui le poursuivent et lui disent : Vois, vois, le mal que tu m’as fait !
L’être, une fois dégagé, reste longtemps ainsi poursuivi. Il pleure alors, mais il pleure des larmes de repentir, et ces larmes sont fécondes. Enfin, il a le courage de consulter le livre de sa vie. S’il peut y retrouver le récit d’une bonne action, il se dira : puisque j’ai pu faire le bien, je suis capable de le faire encore .
Alors, une joie vivifiante le pénètrera, et il s’endormira pour venir sur la terre remplir une page nouvelle et pour y vivre le rêve du travail et du relèvement.
L’oriental
Lorsque l’être dépouille les liens qui le rattachent à la terre, il reparaît dans l’espace portant dans son périsprit l’empreinte du corps qu’il vient de quitter. Mais, de même que certains corps se modifient cliniquement en changeant d’atmosphère, l’être, en changeant de sphère, se modifie dans sa matérialité. A mesure de sa transformation, le souvenir de ses incarnations se fait jour en lui avec autant de facilité que s’il lisait sur des tablettes qu’il aurait écrites dix, cent, cinq cents ans auparavant. Peu à peu, il retrouve en lui tout ce qu’il a été ; il domine sa planète d’étude, et un fluide particulier le rattachant à toutes ses incarnations, lui fait voir ce qu’il a été et lui fait pressentir ce qu’il sera par le fruit des travaux qu’il a accomplis.
Çakya Muni
L’espérance
L’Idéal seul est vrai.
Jules Favre
Il étend la main comme pour bénir, et, faisant le geste de découvrir sa poitrine, il s’écrit : « Feu ! » (Moment de silence.)
L’espérance de revivre nous fait attendre la mort avec calme. Si le vaisseau de la vie est tourmenté, si les vagues menacent de l’engloutir, malgré les plus grands dangers, les plus vives angoisses, l’espérance aide à franchir les abîmes.
Le pauvre espère en la richesse ; il travaille durement en caressant la pensée qu’un jour, peut-être, il aura le pain du lendemain et le repos du foyer ; mais, si le front couvert de sueur il a peiné jusqu’à la dernière heure, il compte retrouver dans une autre vie le bonheur dont le rêve a été irréalisable sur la terre.
Le riche a l’espérance de trouver de nouvelles jouissances ; il se livre à tous les plaisirs, croyant y découvrir toujours plus d’attraits. Ambitieux, il recherche les grandeurs et celui qui est né dans un berceau d’or, qui a été porté dans les bras de la fortune, arrive souvent à n’avoir plus d’autre idéal que la possession des biens matériels. Il s’imagine ne jamais mourir.
L’homme qui aura été généreux et bon attendra de pied ferme le terme de son existence ; il ne verra point la mort avec terreur, et en s’asseyant au banquet de l’autre vie, il ne regrettera point celle qu’il vient de quitter. Mais s’il a été égoïste, s’il a eu le cœur dur, s’il ne s’est point habitué à grandir par la charité, ah ! Pour lui, quel effroi de se sentir aller vers l’inconnu !
Il y a lutte pour tous, mais les philosophes qui ont scruté toutes les souffrances comme toutes les joies, qui ont voulu savoir le pourquoi de toute chose, ceux qui ont perçu dans l’au-delà la réalité de la vie future, doivent jouir d’une bien douce espérance. Lorsque le pauvre et le riche seront convaincus de la survie, tous les hommes sauront que, heureux ou malheureux, ils ont voulu venir ainsi. Le pauvre ne murmure plus ; il acceptera sa condition tout en travaillant à l’améliorer. Le riche comprendra mieux ses devoirs vis-à-vis de ses frères.
Quand l’époux a perdu sa compagne adorée, quand l’orphelin a été séparé de sa mère si tendre, ô espérance du revoir, tu viens réchauffer leur cœur ! Tu es l’arche du pont qui joint les deux vies ; aidé par toi, fleur de la science, l’homme peut voir qu’au delà de la tombe il vivra encore avec l’être chéri.
Nous sommes si heureux de vous attendre, d’espérer vous voir revenir à nous ! Ce jour, combien nous le désirons, nous qui savons qu’il vous rendra plus heureux ! Pourtant, notre désir, de vous avoir ici comme celui que vous avez de rester incarnés ne changera point les lois.
Que ces paroles, écloses dans l’espérance de voir tous les hommes s’élever et grandir, se répandent jusqu’aux confins les plus reculés des mondes, afin que tous accomplissent leur tâche avec la tranquillité dans l’âme, le repos dans l’esprit, et le consentement à remplir de pénibles devoirs.
Je viendrai vous parler quelquefois de ce qui dans cette science touche à l’Eglise. Je favoriserai de toutes mes forces ce mouvement scientifique. Je m’efforcerai de prendre les fluides les plus puissants pour les reporter sur les médiums. C’est une tâche bien douce, un bonheur bien grand, un bonheur que je veux mériter.
(Il soupir et porte sa main à son cœur.) Quand je m’incarne, je souffre encore de ma blessure.
D….y.
Note. D….y fut attiré dans le cercle par un ami à qui il avait parlé à cœur ouvert de ses connaissances psychiques.
Un désincarné inconscient
(Il regarde autour de lui avec étonnement.)
Je ne sais où je suis. Je voudrais me rendormir. Je voudrais que la mort fût un sommeil d’anéantissement comme celui dont je sors C’est si bon le sommeil profond ! Je me sens mieux ; je ne suis plus malade depuis que j’ai dormi. Rien ne guérit comme le repos. Il y a si longtemps que je ne dormais plus ! Je souffrais si cruellement !
(Il jette un cri) Je vois ma mère !… Grand Dieu !… Mais enfin !… enfin !… ma mère est morte. Est-ce un rêve ?… Oh ! C’est un rêve… Non !… je la touche, c’est donc une réalité… Je ne suis pas mort moi, pourtant !!! … On cherche avec de grandes précautions à lui expliquer son erreur. Il regarde autour de lui.
Ces gens là, c’est vrai, je ne les connaissais pas… et puis, ce costume n’est pas le mien... ; pas possible ! (il se lève et s’examine) J’ai donc bien changé pendant ma maladie ?… Oui, je suis changé. Comme j’ai grandi ! (le médium est de haute taille)
Je veux m’en aller d’ici. Je ne veux pas rester avec des gens qui me disent de si étranges choses. Je veux m’en aller. Comment suis-je venu ici ? (il cherche une issue) Ah ! une porte ! (Il se dispose à ouvrir la porte, mais il s’arrête effrayé devant une glace. C’est vous, lui dit-on. Il jette un grand cri et s’évanouit pour revenir quelques instants après. On lui explique son état ; il retourne se regarder dans la glace.)
Je vois que je parle, mais mes lèvres ne sont pas mes lèvres. J’étais si malade, si malade, si amaigri ! Je n’osais plus me regarder. Je suis tout autre maintenant. Ah ! Écoutez ! C’est que la secousse que j’ai ressentie est épouvantable ! Vous ne vous faites pas une idée de cela. (On lui fait des questions pour arriver à lui démontrer tout à fait l’état nouveau dans lequel il se trouve et lui faire comprendre que, désincarné, il est entré dans un corps qui ne lui appartient pas.) Je suis ahuri ! Ne me demandez rien. Jamais je n’ai imaginé un pareil état. Je rêvais que je suivais un jeune homme. Il semblait ne pas me voir.
Ce jeune homme est le médium dans lequel vous êtes.
Comme il y a des gens ici qui me regardent ! (Il parle de ceux qui sont invisibles pour les incarnés) Pourquoi me montrer ainsi ? Ce n’est pas respectable ! A quoi cela peut-il vous servir ? Ah ! je ne vous souhaite pas de passer ainsi en quelques secondes par un pareil changement. Enfin ! me voilà réveillé !… Que vais-je devenir ? (Nouvelles explications) Vous voulez savoir mon nom, je m’appelle Georges… Mon nom de famille ?… Ah ! si ma famille savait ce qui se passe ici !… Je porte le nom d’un homme connu, mais nous n’étions point parents. Je m’appelle Lachaux, j’ai 35 ans… En quelques années j’étais si malade ?… Mais… cette année-ci.
Quelle est cette année ?
Comment ! Vous ne savez pas en quelle année nous sommes ? Mais, en 18…
Il y a quinze ans que vous dormez. (On lui montre un journal, stupéfaction de Georges.)
Ah ! Oui, j’ai bien dormi ! Je comprends maintenant ! Vous m’avez rendu service ! Je pars avec ma mère.
Georges Lachaux
Les réflexions d’un charbonnier
Ah ! Ma foi, j’ai risqué l’aventure.
Je suis un charbonnier, un dur à cuire qui n’a pas peur de grand chose. Mon fils m’a dit : « Tu veux aller te frotter à un monde que tu ne connais pas, où l’on sait beaucoup ? Toi, tu ne sais rien. » Bah ! J’ai dit, j’vas aller leur parler tout de même à ces gens là. Je m’suis donc incorporé dans l’jeune homme ; j’sais pas comment, par exemple, mais j’mis trouve bien. J’suis un peu intimidé tout d’même ; mais d’quoi qu’j’aurais peur ? J’suis un vieux bonhomme, mais un honnête homme, et ça se sait de loin.
Vous saurez que j’savais pas lire ; c’est mon fils qui faisait les lettres. Toute ma vie j’ai coupé des arbres et fait du charbon. J’ai vécu en paix avec mes voisins ; j’ai élevé six filles et un fils ; j’ai casé toutes mes filles ; tant qu’à mon fils, il est venu près de moi. J’ n’ai jamais fait de mal à personne, au contraire. Ma foi, j’vous le dis, j’ai fait tout ce que j’ai pu de bien aux autres. C’est bien des compliments que j’m’adresse, direz-vous, mais c’est qu’c’est vrai, et il me semble que j’ai à attendre quelque chose de bon pour ça ; aussi, j’voudrais bien savoir quel mérite vous avez de plus qu’moi, vous autres ? ça m’intrigue. Faudra-t-il que j’revienne apprendre à lire pour être comme vous ? Ah ! c’est que j’ai la tête dure ! J’rendrai bien tous les services que j’pourrai, mais pour rendre comme vous autres des services à des morts, ah ! non, j’saurais pas.
Mon fils, lui, est instruit. C’est lui qui veut que j’revienne. Ca n’me va pas du tout à moi. S’il me fallait absolument r’commencer, j’voudrais revenir comme charbonnier ; avoir beaucoup d’enfants ; qu’tout ça d’vienne des bonnes gens. Ca m’ennui de d’voir r’descendre pour mieux comprendre là-haut. Y-a-t-il des livres d’école ici ? ou c’est donc pas les mêmes ? Allons ! Faudra r’venir quoiqu’ça n’ m’amuse pas du tout, car j’suis bien content comme ça. J’vis dans la forêt, j’m’y promène, j’vois les anciens ; tout ça travaille et fait son devoir. J’les aide comme j’peux, mais ils n’me voient pas et n’ m’entendent pas non plus ; ça m’fait rire. J’vois grandir les feuilles, courir la sève, et bien d’autres choses que j’saurais pas expliquer.
J’aimais bien ma femme, et quand elle est morte, elle m’est apparue le lendemain. Elle m’a dit comme ça : « Mon pauvre homme, tu n’tarderas pas à v’nir auprès d’moi. » En effet, j’ai pas tardé, ni mon fils non plus. C’était l’préféré, lui, et j’suis bien content qu’il soit avec moi, ici.
Vous voyez bien que j’suis heureux, mais il paraît que j’arriverai jamais à voir c’que vous verrez si je n’reviens pas m’instruire. C’est qu’il ne suffit pas d’être honnête et bon, paraît-il, il faut avoir beaucoup, beaucoup d’autres choses ; s’il vous manque quelque point d’la boussole, faut r’venir pour ça. Eh bien, je viendrai à Paris. J’entrerai au collège, j’passais d’vant autrefois. Quant à vous autres, m’est avis qu’ vous feriez bien d’en apprendre encore davantage, tant que vous y êtes, et qu’ ça n’serait pas trop. M’est avis aussi qu’avec ça faut qu’ vous soyez bons et honnêtes, sinon gare ! Il vous faudra r’piquer une tête pour apprendre ça.
J’finis en vous demandant qu’ vous m’ souhaitiez bonne chance, comme j’ vous en souhaite une, pareillement.
Bien le bonsoir.
Un charbonnier
Criminelle
Le châtiment du crime est dans le crime lui-même.
Senèque
J’ai peur !… Je souffre !… J’ai froid !… Qui êtes-vous ?…
Entendez-vous quand on vous parle ? Voyez-vous autour de vous ?
Moi, je parle en vain, on ne m’entend pas et les ténèbres m’enveloppent. Dans quels lieux ma vois s’élève-t-elle ?… Pourquoi une seule voix, un vagissement d’enfant, frappe-t-elle mon oreille dans le silence sinistre de la nuit ?…
Oui, il y a des âmes en peine, des âmes perdues qui ne savent si elles sont en enfer, en purgatoire, ou dans n’importe quel lieu inconnu des hommes. Je n’ai point vu dans mes souffrances les attributs effrayants de l’enfer ; je n’ai pas vu le purgatoire dans lequel reste au moins l’espérance… Non ! Je suis dans la nuit noire, et mes membres sont glacés ! Ah ! l’enfer quelque cruel qu’on me le représentait, est-il plus terrible ?
Pourtant je vis, je suis ; je comprends même l’horreur de ma situation, et c’est surtout par cette compréhension que je souffre.
J’ai entendu des voix d’enfants, ici. J’ai marché dans l’ombre et je suis venue. Des voix d’enfants !… Des voix de jeunes filles aussi ! … Oserai-je devant des cœurs si purs, oserai-je avouer que j’ai tué mon enfant !… O souffrance inouïe !.. Douleur poignante !… Quel épouvantable désespoir est dans mon cœur. Je l’appelle mon enfant, et il ne vient pas ! Mon cœur déchiré ne peut que souffrir sans espoir ; mes oreilles ne peuvent entendre que la plainte que ce pauvre être m’envoie. Il vit, puisque je l’entends. Oh ! Dieu, que l’on dit tout puissant, sois bon ! Rends-moi mon enfant ! Rends-le-moi vivant, puisque l’on ne meurt pas J’ai entendu dans un rêve que celui qui donnait la mort à son frère restait dans les ténèbres pour autant de lumière qu’il avait empêché d’en prendre à celui qu’il avait tué.
J’entends des voix d’enfants… Si le mien était ici ! S’il pouvait mêler sa voix plaintive aux vôtres ! Ah ! Un enfant, un enfant, un enfant !! Pour qu’un baiser sur son front attire mon enfant !… (cette femme ayant embrassé plusieurs fois un enfant qui se trouve là, étend les bras vers Fénelon qui lui amène son enfant ; il reste invisible pour nous.)
Oh ! merci ! merci ! Voici la lumière ! voici mon chérubin ! Merci ! âme généreuse !
Une femme qui a tué son enfant
Dans certaines circonstances, comme celle-ci par exemple, le désincarné peut prendre une enveloppe fluidique semblable au corps terrestre qu’il avait au moment de son passage de la terre à l’espace. Mais cet état n’est que momentané ; c’est pour lui permettre de se faire connaître. Il reprend ensuite son type spirituel.
Diderot
Les suicidés
L’âme se rappelant son passé est plus ou moins
tourmentée par le désir d’y revenir.
Socrate
Nous devons mettre sous vos yeux les conséquences terribles de certaines fautes ; ce sera un enseignement, et les personnes qui liront ces lignes seront émues de la souffrance que s’attirent ceux qui veulent se dérober à la peine du progrès. Parlons donc de ces malheureux ; envisageons la situation qu’ils se créent ; arrêtons notre pensée sur le temps perdu par eux, car ils devront recommencer la lutte à laquelle ils ont voulu se soustraire. Pourquoi faut-il que des égarés tranchent leurs jours et apprennent trop tard ce qu’il en coûte d’attenter à sa vie !
Pour acquérir toutes les connaissances, il faut passer par le creuset de la souffrance. Pourquoi, oui, pourquoi, dans cette longue suite d’existences nécessaires, y a-t-il toujours des froissements de cœur, des évènements douloureux et la faiblesse inhérente à l’organisation terrienne ?
C’est pour acquérir la science de la vie en appréciant les effets du bien et du mal ; c’est pour que le progrès cherché triomphe dans l’ordre matériel et moral et arrive à supprimer la douleur état des humanités en retard ; c’est pour apprendre la sagesse et l’amour.
Je reviens à ceux qui souffrent. Je cherche la souffrance qui s’aveugle elle-même ; je cherche des êtres qui vivent inconscients même de leur mal, et je me dis : que pouvons-nous faire pour eux ? Où trouver le baume qui adoucisse les blessures de l’âme ?
Mais pour combattre un mal, il faut le connaître ; il faut savoir l’état dans lequel se trouvent les êtres après la désincarnation volontaire. Ils sont dans un grand trouble ; les ténèbres les enveloppent ; mais un sentiment de sollicitude, l’appel d’un ami les éloignent de leur cadavre ; cet appel est pour eux comme un chemin qui s’éclaire, et ils le suivent instinctivement ; c’est le phare de salut dans leur nuit. Ils suivent ce rayon, et on peut ainsi les amener auprès d’un médium ; on les voit entrer dans lui, et on essaie de les faire se reconnaître. Quand on leur envoie des fluides d’amour, des fluides bienfaisants de consolation et de tendre pitié, on les délivre plus vite de ce triste cauchemar, de ce sommeil de tourments ; mais on ne peut faire davantage, et leur tare ne sera effacée que par la réparation ; nulle puissance ne pourrait faire qu’ils ne réparassent point.
Puisque tous les êtres sont solidaires, pas un n’est condamné à une éternelle peine ; et, du reste, nul de nous ne peut dire que dans ses incarnations antérieures il n’ait été criminel ou ne se soit suicidé ?
Vincent de Paul
Note. Cette communication a été provoquée par une scène très émouvante. Deux suicidés, le mari et la femme, s’étaient manifestés en donnant des preuves d’identité, nommant la ville où ils étaient morts, etc. Personne du groupe ne les connaissait ; le docteur Chazarain seul avait reçu la nouvelle de ce double suicide ; après la séance, il nous lut la lettre qui l’en instruisait.
Suicidée
Merci, merci à vous qui m’avez envoyé vos effluves d’amour et de pitié, et qui avez bien voulu me recevoir parmi vous.
Ah ! Qu’il est terrible le réveil dans l’immortalité pour qui cherche le néant ! Je me croyais pendue vivante ; j’avais sans cesse, comme dans un cauchemar affreux, la sensation de recommencer mon suicide, et je ne pouvais mourir !… J’avais froid, j’étais dans l’obscurité ; des songes décevants et cruels me tourmentaient dans un sommeil troublé dont je ne pouvais sortir !… J’aperçus enfin une âme de charité, une âme d’amour, dont la lumière était si vive que chacun de ses rayons pénétra dans mon cœur et éclaira ma triste nuit.
Je suis venue à vous, à la parente qui me pleurait et qui autrefois avait fait de vains efforts pour me convaincre de l’immortalité. Je suis venue à vous en grand deuil , deuil du devoir méconnu, je vous ai suppliée de demander grâce pour une suicidée . Oh ! Merci, merci de la pensée de pitié que vous m’avez accordée. Ainsi que l’ami soulage la peine qu’on laisse tomber dans son cœur, ainsi votre charité pour une malheureuse lui a redonné du courage.
Je reviens au grand jour, repentante et résignée ; je recommencerai sur la terre une existence dont les mérites rachèteront l’erreur que j’ai commise en m’ôtant la vie. Cette vie qui devait me faire grandir en remplissant une mission sur la terre. Lâche que j’étais ! J’ai déserté mon poste ! Je croyais que nulle douleur n’était pire que la mienne !…
Je reviendrai plus forte ! je réparerai, oui, je réparerai !
Emma E
Mort par sacrifice d’amour
L’amour est infatigable ; il ne se lasse jamais.
L’amour est inépuisable ; il vit et renaît de lui-même,
et plus il s’épanche, plus il surabonde.
Lamennais - Paroles d’un croyant
Allons ! encore un jour, une nuit, une période, si tu veux, car pour nous, dans l’espace, c’est toujours le grand soleil, l’épanouissement de la lumière. Viens, ma bien-aimée, allons une dernière fois contempler ensemble les lumineuses régions, la merveilleuses structure de l’univers ; parcourons ces harmonies idéales, ces airs irradiés où l’âme se projette par son rayonnement, car l’amour nous fait aussi lumière pour éclairer notre route à travers les temps, à travers l’espace.
Il faut nous séparer ! C’est l’instant des cruels sacrifices ! C’est l’instant où nos âmes se déchirent !!!…
Cependant, en quittant les sphères où tout brille de la flamme de l’amour, nous nous souviendrons, et dans nos souffrances et nos sacrifices pendant notre séparation, nous dirons : c’était prévu ! Il le fallait ainsi pour nous-mêmes et pour consacrer l’affection et le dévouement que nous avions promis à ceux que nous avons protégés depuis.
Sacrifices d’amour, sacrifices suprêmes, que de peine vous coûtez !! S’il n’était si doux de se dévouer, qu’elle serait pénible, cette tâche qui doit séparer deux cœurs qui se sentirons toujours exilés s’ils ne vivent pas dans la même essence de fluides, dans le même état d’être, s’ils ne vivent plus de la même vie. O grands de l’espace qui me voyez, qui m’écoutez, avez-vous souffert ce que j’ai souffert !! Saurez-vous comprendre ma douleur !!…
Sacrifice d’amour, celui qui l’accepte est pris d’une extrême folie, pris d’un élan passionné de l’avancement ; il envie les espaces qu’il veut atteindre d’un bond gigantesque. O cieux, toutes vos vibrations n’ont-elles pas répercuté celle de mon inexprimable torture ? Un voile de deuil, un voile de silence morne ne s’est-il pas étendu sur la route que je devais parcourir et que je parcours encore ?… J’ai souffert !… Et, me replongeant dans mes souvenirs, je souffre encore… Mais en me rappelant cette amertume, dans le creuset d’un incomparable martyre, je trouve l’amour qui me fait vivre, l’amour qui me fait espérer, l’amour qui me grandit de cent coudées !… Dans cet amour immense, je t’appelle pour accomplir notre destinée, et mon âme s’embrase d’un sentiment de folie d’amour ! La terre qui cause les séparations, la terre pour laquelle on souffre encore, pour laquelle on se dévoue toujours, mérite-t-elle ces sacrifices cruels qui laissent inconsolés ?
Il le fallait, nous nous séparâmes ! Mais ce que nous avions vécu d’harmonie devint dans notre incarnation l’apanage de nos cœurs, et nous nous retrouvâmes unis par un amour grand… grand comme l’amour !!!
Cela pâlit et s’écroula encore dans le fanatisme d’aimer qui me fit chercher la mort.
Elle est sur la terre, seule ! Elle cherche la vérité, elle cherche l’âme disparue. Elle aime, elle croit, elle vit ! Elle a retrouvé l’âme de son âme, car la séparation, la folie qui la causa l’a amenée à travailler au Grand-Œuvre, à sonder la mort et à comprendre le sacrifice dont les conséquences étaient déjà arrêtées avant notre départ des hautes régions : martyre voulu, sacrifice d’élévation, sacrifice de dévouement pour la recherche de l’au-delà.
Grandissez peuples, instruisez-vous de la vérité ; rejetez vos langes d’enfant. Loin de vous l’esclavage de l’erreur ! Que vos chaînes soient brisées ; vous devenez libres par les sacrifices d’amour. Buvez à la source pure et limpide capable d’alimenter tous les univers ; étanchez votre soif de savoir et d’espérance ; buvez à cette source qui donne l’amour. Cette source, vous la voyez sourdre de deux cœurs qui se sont entendus pour un sacrifice de douleur inénarrable.
O ma mort, je te bénis ! O ma mort, tu ne me laisses aucun regret ; tu m’as fait grandir ! Qu’il m’est doux d’être parti pour que l’on vienne à ma recherche avec un amour tout aussi grand qu’autrefois, et plus grand encore, puisqu’il est plus éclairé !!!
O amour ! amour ! C’est bien toi seul qui es Dieu !!!
Charles N.
Mort sur le champ de bataille
Le pays était en danger. Tous ses enfants courraient à la frontière pour repousser l’ennemi. J’étais jeune encore, je partis. Ma femme adorée et mes deux petits enfants vinrent m’accompagner jusqu’à la croix du grand chemin, et de là je m’en fus seul, le cœur gros de larmes refoulées. Adieu, disais-je à tout ce que j’aime ! Adieu aux prés, aux bois, aux champs ! Ma vieille mère! ma femme, mes beaux enfants, adieu ! Reviendrais-je jamais vous presser dans mes bras après avoir rempli mon devoir de soldat ?
La vie de chacun semble subir un sort fatal : le matin du combat, je vis apparaître mon père ; il me dit : « Mon fils, sois brave ! Ceux qui ont quitté la terre reviennent quelquefois, et je reviens, moi, te dire : fais ton devoir. » Hélas ! C’était un avertissement, je devais mourir le même jour.
Je me battis comme un lion ; l’odeur de la poudre, la fusillade m’avaient enivré ; mon esprit ne semblait être dans mon corps que pour le diriger. Je fus blessé, je ne le sentis point d’abord, mais j’étais frappé d’une balle, et je tombai pour ne plus me relever.
Peu à peu, je me dégageai de mon corps ; on n’avait pas encore enlevé nos cadavres. Prodige étrange ! tantôt je me voyais loin de mon corps, tantôt il me semblait encore être incarné ; c’est que la vie harmonique du corps et de l’esprit n’avait pas encore cessé complètement. C’était la nuit ; je fus vers mes adorés, et en chemin je vis les miens, mes êtres chers, venir à moi, car leurs âmes veillaient pendant que leurs corps sommeillaient. Ah ! je les embrassai de toute mon âme !
Quand le jour parut, je revins vers l’endroit où, la veille, le sol était jonché de cadavres. Mon corps n’y était plus. J’eus un tressaillement de surprise : j’avais un corps, et la veille je m’en étais vu deux : celui qui portait une affreuse blessure, et un autre bien vivant, et ressemblant absolument au premier. Je ne m’expliquais pas cela. Pour moi, c’était un miracle, une chose impossible… Ce second corps, pendant la vie terrestre, tenait directement au premier dont il était la copie ; mais ce corps périsprital contenait l’âme, lui, l’âme qui vous remercie et qui vous aime.
Qui es-tu, cher visiteur ?
Un malheureux tué dans une bataille. A quoi servirait mon nom ?
La guerre
Ceux de votre peuple qu’on avait fait mourir vivront de nouveau.
Esaïe, XXVI, 19
Les fauves tremblent dans leurs tanières ou courent affolés dans la forêt. Les oiseaux poussent des cris plaintifs ; ils s’élèvent dans les airs, volent précipitamment d’un bois à l’autre ; tous les êtres sont saisis d’épouvante. Qu’est-ce qui peut produire une telle perturbation ?
C’est une voix épouvantable, une voix qui frappe les lointains échos ; c’est la voix du canon ! Ecoutez, écoutez cette voix formidable qui secoue les airs ; c’est le canon qui tonne !
La plaine est couverte de corps ensanglantés. Des hommes jeunes, vigoureux et braves sont là, gisants ; les uns sont morts, les autres jettent des cris déchirants, d’autres font un suprême effort pour se relever, pour fuir, mais ils retombent inanimés !…
La nuit est venue ; le canon a cessé de retentir. Qu’il y ait victoire ou défaite, il y a des morts ! La guerre, le fléau rouge, a passé par là. Qu’importe la haine de deux nations, qu’importe les motifs qui ont provoqué les combats ! Qu’importe ! qu’importe ! Il y a des morts. Amis ou ennemis, ceux qui ne sont plus étaient frères en humanité.
La nuit silencieuse et triste voile un spectacle effroyable. Pourrait-on contempler sans horreur tant d’hommes, tant de braves couchés sur le sol arrosé de sang !… L’esprit de la mère, de la femme, de l’enfant, se reportera au champ sinistre… Dans cette nuit solennelle, dans cette nuit qui apporte avec elle un calme funèbre, il n’y a plus que la solitude, la mort ; plus rien si ce n’est peut-être le dernier appel d’un mourant, ou la marche furtive du détrousseur de cadavres qui vient dans les ténèbres accomplir sa hideuse besogne. Le corbeau, lui, attend l’aube pour aller rôder autour de sa pâture !…
Voyants, que la lumière se fasse pour vous, et regardez.
Au-dessus des morts, voyez-vous des ombres couvertes de blessures ? Elles marchent dans les airs, et il y en a qui ressentent encore les souffrances de la désincarnation violente. Elles se regardent, troublées, supposant être dans le cauchemar.. Elles vont et viennent près de leur corps, qu’instinctivement elles cherchent à reprendre, car leur corps leur a été arraché, et elles souffrent. Leurs cris ne sont plus entendus de la terre, mais ils le sont de l’espace. De quoi sont-ils coupables, ces martyrs d’une cause ? Quels seront leurs droits dans l’autre vie ? Quel sera leur lot en mourant ainsi sur un champ de bataille ?
Ils auront la désincarnation des sacrifiés. Voyez, le ciel devient lumineux ; sur ces victimes descendent des rayons qui les éclairent et font tomber sur la terre tous les restes mortels encore attachés à leur forme astrale. Ces nouveaux désincarnés voient des êtres vêtus de lumière ; une attraction puissante les fait aller vers eux ; ils vont apprendre des habitants de l’espace quelle est leur destinée, quelle marche ils doivent suivre dans leur nouvelle vie et quels travaux leur seront dévolus. Puis ils se diviseront ; l’un ira à l’ami qui l’a inspiré, un autre retrouvera sa vraie famille et y attendra ceux qui, encore sur la terre, lui sont attachés par des liens éternels ; certains désincarnés suivront des habitants de l’espace pour s’adonner à des travaux nouveaux ou rechercher les amis qui les attendent. Les moins avancés, nous l’avons déjà dit, ont le dégagement moins rapide. Nombre de ces désincarnés peuvent donc être plus heureux que sur la terre, mais, au point de vue humain, la guerre reste une chose barbare.
Enfants de la terre, pourquoi vous entre tuer comme des fauves ? Que faites-vous du flambeau de la civilisation ? A quoi servent les paroles des grandes âmes qui sont descendues martyres au milieu de vous, pour vous apprendre à vous aimer les uns les autres ?
Un soldat tué à Gravelotte
Mort violente
Le bruit de la canonnade a cessé ; les campagnes ne retentissent plus de l’effrayant cliquetis des armes ; les soldats morts couvrent le sol pêle-mêle dans les deux camps ; la mort les a unis en les fauchant comme des fleurs de l’humanité.
Pensez-vous que ces hommes, pleins de vie, de courage et de vaillance il y a quelques instants, combattent encore à l’état de désincarnés ? Pouvez-vous croire qu’après avoir quitté le corps par une impulsion subite, leur périsprit reste animé dans les airs de la fureur du combat ?
Non ! cela n’est pas et ne pourrait être, car ce qu’on appelle la mort violente amène dans l’esprit un trouble qui empêche souvent l’être renaissant dans l’espace de sentir les effets de la dernière lutte avec la vie , à la condition toute fois qu’il soit mort pour une cause qui ne peut ternir sa conscience ni entraver son progrès.
Pour ceux qui ont défailli devant l’accablement, les misères, les souffrances de la vie, ceux-là rompent d’eux-mêmes le lien qui les rattache à l’harmonie générale ; ils donnent un détestable exemple ; ces pauvres êtres ne retrouvent pas de l’autre côté ce trouble de l’apaisement si nécessaire à ceux qui meurent de mort violente. Dans leur trouble, à eux, les suicidés voient le supplice de leur agonie se répéter sans cesse comme dans un horrible cauchemar ; ils ont l’impression poignante du pistolet remis sur leur tempe, de la corde qui les étrangle, de l’eau qui les asphyxie ; ce trouble-là est véritablement effrayant . Il faut avoir grand pitié d’eux, car, d’après les lois universelles, ils subissent immédiatement les conséquences de leur erreur jusqu’à ce qu’ils puissent, avec un noble courage, renouer sur la terre les liens de l’existence tranchée et revenir accomplir la mission inachevée.
Souvent, les combattants des deux partis, tombés sur ce qu’il me répugne d’appeler le « champ d’honneur », s’élèvent dans les airs. Le trouble de leur mort n’est pas une souffrance ; ils ne voient ni leur corps ensanglanté, ni ceux des ennemis qui les ont frappés et qui sont tombés eux-mêmes. D’autrefois, la clairvoyance se produit immédiatement chez ces désincarnés, et le combat recommence ; vous le savez, le périsprit qui s’échappe d’un corps est d’une matière encore résistante, même dans le nouvel état où il se trouve. Les soldats morts dans la bataille quittent leur corps avec la rapidité que leur permet l’état d’âme dans lequel ils sont ; ils s’éloignent du lieu du carnage, et chacun va vers son but, vers sa sphère.
Au milieu d’une plaine tranquille, on n’entend que le gazouillement des oiseaux ou les chansons des pâtres ; les bruits de la nature, en s’élevant dans les airs, ne produisent que des vibrations harmoniques. Mais vienne la bataille ! Aussitôt, tout se désharmonise ; les balles qui sifflent, les bombes qui éclatent, les crépitements de la fusillade, le bruit métallique des armes, les cris des blessés, les râles des mourants, le sol secoué par les galops des chevaux, tout cela a rendu le chaos complet. L’atmosphère a été troublée, et les fluides, avant de reprendre leur place, ont porté cet éboulement jusque dans les planètes voisines ; ils ont représenté toutes les chutes, toutes les prises de corps, et dans les hautes sphères, le mirage des combats s’est reproduit. Rien ne s’efface, rien ne disparaît, et les Intelligences dont la vision s’étend vers les lointains de l’humanité peuvent évoquer dans les airs et dans les endroits même où les évènements se sont passés toutes les images des actions humaines. Rien de ce qui se passe à vos yeux sur la terre ne finit réellement, loin de là. L’intelligence dégagée, dépouillée de ses fluides terrestres, entre dans la vraie lumière et peut voir à travers l’espace tous les actes accomplis, tout ce qui s’est fait ; elle trouve jusqu’à la place qui attend ce qui s’accomplira dans l’avenir.
Croyez-le, amis, il est bon, en se retrouvant après les séparations de la terre, de voir qu’on a semé de bons exemples et fait des actes qui grandissent l’âme et préparent la régénération de l’humanité.
D….y.
Fuyez, vains fantômes
Un désincarné, encore dans le trouble, s’imagine être sur la terre et pleurer auprès d’une tombe. L’apparition d’amis de l’espace et de la bien-aimée lui font comprendre son état d’extra terrien et la réalité de la survie.
Fuyez, fuyez vains fantômes ! Fuyez loin de moi, visions trompeuses ! Non ! après la mort, il n’est plus de vie ! Si tout n’était pas fini, elle serait revenue, elle, elle que j’ai tant aimée ! Non, non ! elle est partie pour cette rive inconnue d’où l’on ne revient jamais !… L’espoir ne rentrera plus dans mon cœur. Tout est fini !… Tout est fini !…
Je me suis éloigné du monde, de tous ceux qui l’ont aimée et admirée ; je veux vivre seul auprès de ce qui reste d’elle, auprès de sa tombe, sous les cyprès que j’ai fait planter. C’est là que chaque jour je viens pleurer le bonheur perdu et revivre en mon cœur tous les chers souvenirs qui adoucissent ma douleur.
Fuyez, fuyez, fantômes, fuyez loin de moi ! Vous êtes des illusions. Vos voix sont celles que les hallucinés veulent et croient entendre. Fuyez, apparitions décevantes ! Vous venez alimenter ma souffrance, égarer mon esprit !… Elle est morte !… morte…
J’entends des cris déchirants, des plaintes ; je vois des ombres créées sans doute par mon imagination, frôler les plantes qui décorent les tombeaux ; il y en a qui chantent un hymne à l’Immortalité. C’est peut-être bon de croire, c’est peut-être consolant ! Mais, quand on a eu un grand amour et qu’on a pu le perdre, on ne croit plus à rien.
Que me veux-tu, ombre voilée, toi dont la robe est brillante et le front illuminé d’une auréole ? Tu m’apparais pour m’apporter des consolations ?… Comment pourrais-je les écouter dans ce sanctuaire de la mort qui est le terme de toute chose pour les vivants ? Oh ! Va-t’en ! Tu es l’émanation d’un songe, et je me trompe moi-même.
Mais. Je sens mon cœur battre avec force… Oh ! ne cache pas ainsi ton visage. Soulève ton voile. Qui es-tu ?… une femme ?… Pourquoi mon cœur tressaille-t-il ainsi ? Pourquoi est-il rasséréné par la voix qui descend de tes rayons ?… De grâce, de grâce, vision étrange, si tu es une réalité découvre ton visage, que je voie tes traits…
Oh !… je devine !… Marie !… Marie, c’est toi ? … Mais… est-ce bien toi ?… Ne suis-je pas le jouet d’un rêve ?… Est-ce toi qui existe encore et qui vient à moi ?… Qu’entends-je ?… l’amour, dis-tu, fait qu’on ne peut se séparer à jamais ? L’amour réunit les vivants dans l’espace comme il réunit les vivants sur la terre ?… L’amour réunit tout dans la grande harmonie universelle ?…
Oh ! c’est bien toi, Marie !… Ah ! tu me fais apprendre notre vie nouvelle ! Emmène-moi ! emporte-moi sur ton cœur ! Que j’aille avec toi, toujours aimé, vivre toujours les bonheurs d’autrefois !!!
Un désincarné qui ne croyait pas à la survie
Les feux follets
Ballade
Le médium s’endort pendant qu’un pianiste joue les feux follets. Un extra terrien s’incarne en lui pour nous donner une ballade portant le même titre ; les feux follets lui rappellent une impression de sa dernière incarnation.
Valsez, valsez, troupes légères ; valsez, valsez, gais feux follets ; valsez en suivant les poétiques sentiers ; valsez, valsez sur la blanche aubépine ; valsez, valsez, légers comme des sylphes en caressant le sable des allées ; valsez, valsez en suivant le cours des ruisseaux ; valsez, valsez au doux murmure de l’onde.
Lorsqu’elle vous voyait, elle voulait vous suivre. Elle aimait tant ce qui souffrait ! Elle aimait les âmes en peine, qu’Elle croyait voir courir pendant la nuit sous le ciel étoilé pour chercher un abri. Oui, joyeux feux follets, Elle voyait en vous des âmes en peine !
Valsez, valsez, légers feux follets ; valsez, valsez sur la prairie où dorment les pâquerettes ; valsez, valsez sur les joncs des marécages ; valsez, valsez, à l’ombre des tombeaux sur la fleur du souvenir.
Lorsqu’elle quitta ce monde, Elle me dit : « Quand tu seras seul au milieu de la nature endormie, quand l’astre de la nuit montera vers le Zénith, si tu vois un feux follet, ce sera mon âme en peine qui te cherchera, qui viendra vers toi, embrasée d’amour. Ah ! tu pourras me prendre, me serrer sur ton cœur ; je ne fuirai point comme le font les feux follets, ces âmes inconnues qui semblent ne vouloir se reposer jamais ! Tu viendras dans le silence des nuits, je me ferai feux follet pour toi. »
Valsez, valsez, troupes légères ; valsez, valsez, gais feux follets. Non ! non ! vous n’êtes point des âmes en peine comme Elle le croyait. Vous êtes une illusion ; que n’êtes-vous une réalité ! Elle reviendrait dans un feu follet !
O feux follets, je vous poursuis, ne me fuyez pas ! Que l’un de vous s’approche de moi et me fasse tressaillir comme sous le souffle si doux et si pur de son âme ; soyez le rayonnement de sa flamme d’amour !
Valsez, valsez, gracieux feux follets ; valsez sur les prés odorants ; laissez la trace de vos baisers sur les fleurs des champs et sur les violettes craintives qui se cachent dans l’herbe. Laissez, laissez sur leurs pétales comme un parfum d’Elle , comme un souffle de son amour.
Hélas ! vous ne voulez pas m’attendre, vous me fuyez ! Mais quand l’aube aux reflets d’or descendra triomphante sur la terre, j’irai, j’irai, capricieux feux follets, j’irai dans l’herbe sur laquelle vous passez, cueillir la fleurette que vous effleurez ; et sur mes lèvres, en la pressant, je retrouverai comme une illusion d’Elle, comme une effluve de son amour !
Georges
Naufragée
Allons, mon doux enfant, du courage, mon cher ange ! Il faut marcher un peu, car, à mon grand regret, il ne me reste plus assez de forces pour te porter. Vois-tu, la mer est devenue calme… C’est étrange… Nous marchons sur les vagues comme si nous étions sur la terre… Reviens à toi, ouvre tes beaux yeux, voici la lumière, voici le soleil !
Le fracas de la foudre ne se fait plus entendre. Le navire semblait descendre parfois dans les abîmes effrayants, puis remontait tout à coup sur les lames jusque dans la nue déchirée par l’éclair qui nous faisait voir des scènes de désespoir indescriptible. Les malheureux qui imploraient Dieu ou blasphémaient en se voyant abandonnés. Oui, nous avons vu ces horreurs ! Nous avons pleuré, supplié, et Dieu, qui aime tant les mères et les petits enfants, nous a sauvés. Nous voici loin du sinistre ; nous allons à la terre ; nous prenons des forces : mon chérubin, nous sommes hors de danger ! Viens ! Je vois là-bas sur la rive quelqu’un que je croyais disparu pour toujours… ton père… Vois-tu, sur ce rocher, bien haut ? Il nous regarde. Il agite un signal ! Oh ! c’est bien lui, le cœur ne trompe pas. Comme son visage est souriant ! Avec quelle joie il nous embrassera !
Mais… où sommes-nous ?… Nous étions encore loin de la terre, et le rivage se trouve tout à coup devant mes yeux. Est-ce un mirage ? mon enfant, ne vois-tu pas ce que je vois ? Les enfants ont la vue plus sûre. Regarde là-bas. Hélas ! Tu ne vois rien que les vagues qui s’apaisent. Marcherons-nous longtemps ainsi ? Aborderons-nous enfin ? Cruelle incertitude ! Etre abandonnée vivante avec mon enfant sur l’Océan !! Que deviendra-il, lorsque je n’aurai plus de forces ?… Marchons encore. Dieu fera peut-être luire pour nous l’étoile de l’espérance ; la chère image qui s’est présentée à mes yeux, tout à l’heure, reparaîtra sans doute, et cette vision réconfortera mon cœur et me fortifiera.
Ecoute ! n’entends-tu pas une voix… la sienne ? Comprends-tu ses paroles ?… Oui, c’est bien sa voix, il dit : Le navire est englouti, mais tu es vivante ainsi que notre enfant. Me voici, guidé par mon amour ; je vous attendais. Vous êtes sauvés !!…
Oh ! cruelle déception ! cruelle illusion qui me fait entendre celui que j’aime tant, sans pouvoir l’atteindre. O toi, mon étoile d’espérance, tu sembles fuir à mesure que je m’avance. Mon Dieu, pour mon enfant, pour mon amour, pitié !!!… (elle regarde autour d’elle avec effroi.)
Mais… me voici maintenant au milieu de gens que je ne connais pas … C’était donc un rêve ?… Mais où suis-je donc ?… (elle s’évanouit, un autre extra terrien la remplace dans le médium.)
Mes chers amis, cette pauvre femme est pénétrée par votre sympathie et votre désir de l’éclairer sur sa situation. Elle est encore là ; elle va comprendre qu’elle n’est plus égarée sur l’océan, elle va apercevoir des extra terriens lumineux que d’abord elle prendra pour des anges à cause de la religion dans laquelle elle a été élevée ; elle va se reconnaître et viendra vous remercier, car vous lui avez facilité le moyen de voir son mari, non comme une illusion, mais en réalité » (Elle revient.)… Merci à Dieu, merci à vous !… Votre sympathie m’a aidée, et vos amis de l’espace mon éclairée. Que tout le bonheur que je vous désire s’accomplisse !
Angèle
Note. Quand le désincarné a ressenti une impression profonde dans ses derniers moments, il conserve cette impression, alors même qu’il est dans le corps du médium, et en parle comme d’une réalité jusqu’au moment où il comprend sa situation nouvelle.
Enterré vivant
Entendrai-je le souffle des autans gémir dans les cyprès ? Me laissera-t-on couché vivant dans un cercueil ? Ressentirai-je toujours le froid glacial de la tombe ? Dans le champ des morts, seul, je suis vivant !… Malgré mes cris, malgré mes appels désespérés, je reste dans cette situation épouvantable. Mon corps, je le sens, est tombé en lambeaux ; il a été dévoré, et il me semble maintenant que je ne suis plus qu’un squelette. Pourquoi, hélas ! m’a-t-on enterré si hâtivement ?…
Mes souffrances étaient disparues. Je reposais doucement ; un sommeil réparateur s’était emparé de moi, et je serais revenu bientôt à la santé quand tout à coup j’entendis des cris, des lamentations. On mit une nappe blanche sur une table avec un crucifix entre deux cierges allumés, de l’eau bénite ; une branche de buis. Des amis faisaient des démarches pour l’enterrement ; on préparait le suaire, et, grand Dieu !… je ne pouvais sortir de la torpeur dans laquelle j’étais plongé !!!…
Le jour suivant, on apporta un cercueil. Mes enfants se précipitèrent sur moi une dernière fois ; ils embrassèrent avec transport ce corps vivant qu’ils croyaient n’être plus qu’un cadavre… et je fus couché dans la bière !!! Chaque clou que l’on frappait pour la fermer semblait s’enfoncer en moi ! Non ! Aucune souffrance de ce monde, aucune des peines qu’un Dieu vengeur pourrait infliger aux humains, non, rien n’égale ce que j’ai enduré ! Quitter mes enfants ! être enseveli vivant, et ne pouvoir remuer ! ne pouvoir crier : j’existe !… Grand Dieu ! si j’osais blasphémer, je dirais que tu es cruel et injuste, car, enfin, tous les hommes sont tes enfants !
Puis, le convoi se mit en marche.. ; et j’écoutais toujours ! A l’Eglise, j’entendis les prêtres psalmodier les prières des morts ; ah ! combien je désirais mourir ! Je priai avec une ferveur ardente, je suppliai Dieu qui donne la vie de me la retirer. Mais non ! je ne devais pas mourir encore !…
Le cortège entra au cimetière. Tout n’était pas encore perdu ; j’espérais toujours, car l’homme, dans le plus grand danger, dans le plus profond abattement, dans les plus dures circonstances de la vie, l’homme garde encore une lueur d’espérance. Oui, j’espérais encore ; j’espérais que ma lange pourrait se délier, que je pourrais articuler un son ; mais hélas !… rien !… rien !… Les pelletées de la terre tombèrent une à une sur moi produisant un bruit mat et sinistre… et aucune force pour appeler !…
Epuisé sans doute, je m’endormis. Ai-je dormi longtemps ? Je ne sais. Dans mon sommeil, j’eus un cauchemar épouvantable. J’ai vu, oui, j’ai vu mon corps disparaître peu à peu et mon squelette me glaçait l’âme. Et maintenant, où sont donc ma chair et mon sang ? Qu’est devenu mon corps tout entier ? Ce corps qu’on a mis au cercueil ?… Horrible ! Horrible !…
Je suis encore dans la nuit. Mais, quand je dors et que je rêve, je vois le jour, la grande lumière, et je vois dans l’air des choses que j’ignorais autrefois… Oh ! que je souffre ! Je voudrais rêver toujours et ne plus me réveiller, car la réalité m’est effrayante !
Sans signature
Note. Ce désincarné reste attaché à son squelette par le lien fluidique. Ses rêves sont des réalités. Le lien sera détruit par un extra terrien supérieur à lui, qui lui fera comprendre sa situation. Ce cas est encore un de ceux où les personnes présentes peuvent éclairer le disparu.
Désincarné conscient
Ses conseils
Je suis mort, je le sais. J’ai vu de quelle manière les désincarnés se servent du médium pour parler à ceux qui sont sur la terre. J’ai vu cela lorsque je sentais le besoin de me faire entendre encore et je ne pouvais y parvenir. Je suis venu ici, et, avant tout, je vous remercie de votre hospitalité. Il restera toujours dans mon cœur le sentiment de reconnaissance que l’on doit pour tout service rendu.
J’ai quitté la terre dans d’affreuses souffrances. Né catholique, ayant professé le catholicisme toute ma vie, j’ai cru croire ; j’ai fais profession publique de croire, mais mes opinions religieuses n’étaient pas réfléchies, et l’instant du passage du temps à l’éternité fut pénible ! Je me tordais dans une agonie épouvantable ; rien ne me consolait parce que je sentais que les paroles prononcées à mon chevet ne s’appuyaient que sur des fictions et ne répondaient plus à mon aspiration. Je suis resté bien longtemps errant dans l’espace, cherchant une lumière, celle de la Vérité. Vous qui êtes encore sur la terre, sachez-le, celui qui a la foi mystique, aveugle, en rentrant dans l’espace, reste aveugle.
La science d’extra terre s’appuie sur des faits réels, palpables et naturels, tout surnaturels qu’ils paraissent ; ceux qui les ont vus en gardent un souvenir ineffaçable ; cette preuve de la vie de l’au-delà ne les quitte point ; ils veulent sans cesse revenir au foyer où ils ont trouvé la certitude d’une autre vie, certitude dont tous les hommes ont le germe en eux et qui ne s’éteint jamais, quoique le plus souvent ils ne comprennent pas ce qu’elle est, d’où elle naît, à quoi elle tend, où elle les conduit.
Je n’avais pas vos idées, et, tout en reconnaissant qu’il me faut les adopter, puisque pour vous parler je m’incarne dans le médium, je ne conseillerai pas d’en instruire indifféremment tous ceux qui sont éloignés de les partager, car si, avec un zèle maladroit, on cherchait à faire des prosélytes partout et quand même, on passerait pour mystique, pour fou ; on s’attirerait bien des tourments moraux en disant trop tôt ce qu’on sait sur l’existence extra terrienne. Les animistes instruits ne sont encore qu’un contre cent ; je ne puis assez leur conseiller la prudence. Je désire que l’humanité épouse les convictions qui vous rendent forts, vous font surmonter tant d’obstacles, et pour cela je voudrais que les études psychiques fussent graduées et raisonnées.
Il ne devrait pas y avoir d’obsédés parmi ceux qui connaissent la science d’extra terre ; s’il y en a, c’est surtout parce que l’instruction de ces obsédés n’a pas été faite comme elle aurait dû l’être. Vous avez tant à faire ! Tant de sacrifices d’amour-propre à accomplir avant que la science psychique puisse régénérer l’humanité ! Soyez circonspects : Ne vous hâtez pas d’éclairer indistinctement tous ceux qui vous approchent ; vous les empêcheriez de comprendre ce qui ne doit leur être enseigné que peu à peu : quand on fait prendre aux enfants une nourriture trop substantielle, on les tue. Il en est aussi qui ne comprendront jamais ; ceux qui ne seront pas assez avancés pour suivre la voie de la charité universelle. Vous trouverez aussi des railleurs qui se refuseront à admettre une vérité gênante pour leur manière de vivre, d’autres se croiront seuls possesseurs de la Vérité. Laissez-les, ils graviteront, le progrès est inévitable. Il faut sentir la souffrance de tous les êtres pour en avoir la pitié ; sentir la souffrance des autres, c’est aimer.
Ah ! vous vous récriez contre la souffrance ! Vous avez tort, tous ! C’est la souffrance qui fait naître l’amour ; vous n’avez pas aimé si vous n’avez pas souffert. Si vous avez le grand amour fraternel, humanitaire, c’est que vous avez souffert mille fois dans divers classes de l’humanité, c’est que vous avez souffert mille fois pour la liberté de l’âme.
Julien
Les grands morts
Les hautes figures disparaissent, mais ne s’évanouissent pas.
Loin de là, on pourrait presque dire qu’elles se réalisent.
La forme humaine est une occultation, elle masque le vrai visage.
Victor Hugo
La Vérité est !... O dix-neuvième siècle, tu vois la rénovation morale ; tu acquiers par des phénomènes palpables la preuve de l’immortalité. Désormais, s’il y a encore des frontières sur la terre, il n’y en aura plus entre les mondes. Les âmes du passé et celles du présent marchent côte à côte, vers le perpétuel devenir, vers l’infini ! Tout le prestige des sectes religieuses, quelles quelles soient, disparaît devant la régénération que vous pouvez nommer animisme, psychisme, etc., et qui est la synthèse des sciences modernes, la Vérité cherchée depuis des siècles, une philosophie qui ne sera jamais une religion.
Bien des savants, qui savent si peu, ont dédaigné de chercher à approfondir cette science retrouvée. Ceux-là ne savent pas parce qu’ils croient beaucoup savoir ; un jour, tous s’inclineront devant la vérité, car, je le répète, la vérité est ! Le passé ne saurait périr !
Voyez ces grandes âmes qui ont enrichi le domaine de la pensée humaine, ces enfants de la terre qu’un souffle génial a touchés ; ce sont les ombres rayonnantes des grands hommes transfigurés. Celui-ci, c’est çakya-Muni, celui-là, Jésus ; dans ces autres, reconnaissez Homère, Socrate, Platon, le Dante, Mozart… Voyez, ce sont les génies de l’humanité qui passent ! Et l’homme se grandira de la présence de ces ombres colossales ! Et l’enfant tressaillera à l’approche de ces fluides de génie ! Il sentira l’évocation se faire en lui, et, selon ses aptitudes il appellera Galilée, Beethoven, Phidias ou Raphaël ; il se dira : Moi aussi je serai grand ! Et son intelligence s’épanouira !
Savants, ralliez-vous aux évocations de ceux qui furent la gloire de l’humanité, car évoquer les grands morts, c’est se grandir soi-même. Puisez à cette source généreuse d’où viennent les génies qui vivent dans l’espace, mais dont l’esprit, la pensée, l’âme, planent sur la terre pour présider aux grandes choses, où les œuvres qu’ils ont laissées font l’admiration des hommes. Oui, évoquer les grands morts, c’est se grandir, car ils apportent quelque chose des harmonies de l’éternel infini, harmonies que leur génie même avait incomprises lorsqu’ils étaient sur la terre.
L’heure viendra où tous, savants ou ignorants, crédules ou sceptiques, trouveront la vérité, car elle est !
Saluons l’astre brillant qui s’est élevé sur le monde. Saluons la science libératrice qui fonde le bonheur des hommes sur un avenir que l’on se sera préparé soi-même.
Félix Mendelssohn
Note. On s’étonnera peut-être que de grands génies tels que Félix Mendelssohn se manifestent dans un cercle où ils ne sont pas appelés. Il y a toujours pour cela quelque raison intéressant un ou plusieurs membres de la réunion. De son vivant, Mendelssohn avait vu l’un des assistants exécutant un morceau de piano dans un concert. Il avait compris, car il était voyant, que l’enfant deviendrait un ami terrestre des grands morts. C’est cette raison, expliquée par lui-même dans une réunion intime, qui a provoqué sa venue.
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Huitième série
Vie sidérale
Tout s’explique dans ce monde que nous voyons,
par un autre monde que nous ne voyons pas.
Cte De Maistre
Il y a une sorte de filiation de progrès et d’amour
qui lie tous les êtres de l’espace ; mais chacun
d’eux occupe son point de vision et de lumière.
Un Indien
Vie et matière
Des êtres immatériels ne peuvent faire mouvoir
la matière ; mais qui vous dit que ce soient
des êtres immatériels ? Ils peuvent avoir un corps
aussi, plus subtil que le nôtre et insaisissable
à notre regard, comme la lumière l’est à notre toucher.
Auguste Vacquerie - Les Miettes de l’Histoire
Toute matière est vie ; toute vie est matière. Donc, les désincarnés ont un corps.
Ce corps est plus ou moins dense, plus ou moins beau, plus ou moins éclairé par lui-même, et plus ou moins rayonnant selon le degré d’avancement de celui qui l’habite.
Ce qui dans l’univers a plus de compréhension, c’est l’être quintessencié qu’on appelle l’esprit ou l’âme. De toutes les choses qui suivent un mouvement en spirale que je nommerai mouvement de progrès, ce sont celles qui ont le plus travaillé, qui se sont projetées dans les plus forts mouvements, qui se sont frottées à mille éléments divers, ce sont ces parties, dis-je, qui conservent le plus l’impression augmentant leurs connaissances. L’être très élevé dans la hiérarchie infinie est lui-même matière, mais matière impalpable, imparticulée. A force de travail, cette matière devient un rayonnement, une lumière. Voilà ce que l’on appelle la fatalité du progrès. Mais, lorsque cet être subtil traverse en action, l’action est pour lui comme la pensée, toutes les incarnations qu’il a eues sur les divers mondes, il s’identifie de nouveau aux principes matériels des milieux dans lesquels il a vécu. Aussi lorsqu’une grande Intelligence redescend vers la terre qu’elle a quittée depuis bien longtemps, le fluide terrien qu’elle a connu, revient sur son périsprit ; c’est ainsi qu’elle peut s’identifier tout ce qui touche à la terre, à la vie des terriens, à leurs luttes, à leurs souffrances, à leurs joies et à leurs espérances. De même que dans votre monde vous ne pouvez vous défendre des influences physiques, atmosphériques, de même les Intelligences qui reviennent vers la terre ressentent ce que vous ressentez, car les lois d’harmonie universelles ne peuvent être éludées par personne. Les sidériens ont cependant le grand acquis du passé, mais cet acquis reste tout à fait en eux-mêmes ; au point de vue terrestre, cet acquis est voilé, parce que l’Intelligence, pour redescendre dans les fluides de ce monde, doit remettre l’enveloppe sur le périsprit. Dans l’espace, les Intelligences brillent, mais les fluides épais de ce globe, lorsqu’elles s’en rapprochent, ne leur permettent pas d’étendre leur rayonnement ; ce rayonnement se concentre dans leur âme, dans leur être intime.
Pour pouvoir se communiquer de différentes manières, il faut que les supra terriens s’identifient avec les fluides des médiums ; pour parler non seulement à votre cœur, mais à votre pensée, il est nécessaire qu’ils deviennent presque terriens, qu’ils reprennent leur forme d’autrefois ; les entretiens avec vous ne seraient pas possibles autrement. Pour se communiquer, les extra terriens ne peuvent être comme des corps isolés au milieu de vos fluides, puisque les fluides humains sont leur moyen de transmission.
La robe périspritale des Intelligences de l’espace semble tissée des rayons du soleil, comme on vous l’a dit par métaphore. Dans le plus grand nombre de cas, les sidériens, de quelque monde qu’ils viennent, ont gardé la couleur blanche. A l’aide des rayonnements de cette enveloppe, ils voient ; la lumière que leur pensée projette éclaire l’endroit où ils désirent se transporter, et par un effet qui peut paraître incompréhensible ils arrivent instantanément à l’endroit voulu, malgré des distances incommensurables. Dans leurs apparitions ou leurs matérialisations, les extra terriens vous présentent des visages que vous connaissez ; ils paraissent dans les incarnations où vous les appelez. Mais pourquoi, demanderez-vous, ne viennent-ils pas avec le type qui résume toutes les incarnations, ce type formidable, merveilleux de beauté, des êtres avancés ? C’est que le type des Intelligences élevées est fait spécialement pour les régions qu’elles habitent. Cependant les êtres moins avancés peuvent voir leur lumière et entendre leurs appels incessants au travail du progrès.
Lorsque vous quitterez ce monde, vous rassemblerez vos souvenirs et vous retrouverez en même temps l’acquis de vos existences. Cela vous donnera des ailes pour vous élever. Par cet acquis du passé, vous formerez votre type supra terrien, non encore définitif, car rien, rien dans l’univers ne peut s’arrêter dans le perfectionnement : s’arrêter ce serait arrêter le pouvoir-être.
Votre type sidéral se métamorphosera graduellement avec votre progrès toujours croissant. Mais il sera matière, toujours matière, même pour l’Intelligence extrêmement développée.
Eliam
Note. Dans l’espace, les âmes élevées se trouvent en plein épanouissement de leurs facultés acquises par un grand nombre d’incarnations ; cela a été dit souvent. Mais, ne pouvant se présenter que dans une incarnation à la fois, elles n’apportent que la personnalité de cette incarnation modifiée plus ou moins par le reflet de leur séjour dans des régions supérieures à la terre.
(Le docteur Chazarain avait posé cette question : « On nous dit que le sidérien qui revient à la terre doit s’identifier les principes terriens ; mais, si un extra terrien qui est à côté de nous, voulait se transporter dans la planète Mars, par exemple, y envoie-t-il un simple rayonnement, ou peut-il s’y transporter réellement ? »)
Si l’atmosphère fluidique particulière à cette planète est en harmonie avec ses fluides à lui, l’extra terrien pourra s’y transporter effectivement, sinon il devra se tenir à distance ; à moins de faire un stage de pénétration, mais ce n’est pas le cas présumé par la question.
Les habitants de l’espace se tiennent ordinairement dans les couches fluidiques en rapport avec leur degré de développement. Il y en a qui ne peuvent guère s’éloigner de leur planète ; d’autres préfèrent les vastes régions de l’espace. Mettez un homme dans un endroit où l’air est trop rare, il ne peut y rester sans mourir ; l’extra terrien, qui ne peut mourir, serait tellement mal à l’aise dans une atmosphère trop basse ou trop élevée pour lui, suivant la qualité des fluides, qu’il retourne immédiatement dans l’atmosphère qui lui convient.
Le fakir
« Quand l’homme est mort, il vit toujours »
Job, XIV. Version de l’Eglise grecque
L’homme est une chose imparfaite qui tend sans
cesse à quelque chose de meilleur qu’elle-même.
Descartes
On pourrait connaître la beauté de l’univers dans
chaque âme, si l’on pouvait déplier tous ses replis.
Leibnitz
Le nouvel arrivant arrange son habit comme s’il en faisait deux grands revers ; il passe sa main sur son front et rejette ses cheveux complètement en arrière.
J’ai un nom qui fait trembler bien du monde !… Robespierre !… Robespierre qui vient, non pas l’arrêt de mort sur les lèvres, mais avec affection, et heureux de pouvoir tenir en main le flambeau de la Vérité.
Ah ! c’est bizarre, n’est-ce pas, qu’il faille, pour s’entretenir de cette vérité, se cacher comme des conspirateurs. C’est terrible de devoir si longtemps tenir sous le boisseau cette lumière qui éclairera le monde. Mais les générations se suivent et ne se ressemblent pas, et un jour viendra où on pourra parler ouvertement de la survie sans crainte de provoquer un sourire de mépris. Nous, extra terriens ne sommes-nous pas des hommes comme vous ? Quelle différence y a-t-il entre nous et vous, sinon que vous avez encore un corps terrien dont nous sommes dégagés, nous ? Si, en ce moment, vos yeux ne nous voient pas, ce n’est pas un motif pour que votre raison renie la patrie vraie d’où vous êtes venus et où vous retournerez.
Hommes ! ne dites point que les « Esprits », comme on nous appelle souvent, n’existent pas, puisque vous ne les voyez pas ; vous ne pouvez le prendre, le peser, et, pourtant, vous sentez tous que l’amour existe.
Robespierre
Ce qu’on fait de l’autre côté
J’éprouve quelque difficulté à me manifester ; les organes de la digestion du corps que j’occupe sont encore en fonction...
Je suppose que vous arriviez dans mon pays et que, rencontrant un individu qui est chez vous un portefaix, vous lui demandiez : Que faites-vous pour vivre ? Il vous répondrait : Je porte des fardeaux pour gagner le pain de ma famille.
Vous avancez dans la rue, et vous rencontrez plus loin un marchand. Si vous lui posez la même question, il vous dira : Je trafique des denrées pour m’enrichir.
Plus loin encore, vous rencontrez un prince ; celui-ci pourra vous dire : Je passe ma vie dans l’oisiveté et les plaisirs.
Il en est de-même pour ceux de l’autre monde. Vous leur demandez : Que faites-vous ? Eh bien ! Quoique leurs occupations ne soient pas matérielles, comparativement à celles des hommes de la terre, l’un vous dira : Moi, je porte le fardeau de mes crimes, et je suis toujours à chercher à en gagner le pardon.
L’autre vous dira : Moi, j’ai acquis quelque chose pour mon bien et pour ceux qui ne savent pas, afin de m’élever encore.
Un troisième vous dira : Moi j’ai passé sur la terre une vie de plaisirs, d’oisiveté, que je cherche encore à prolonger dans cette vie-ci. C’est-à-dire que celui-là ne cherche ni son bien personnel ni celui de son frère, mais qu’il reste dans une espèce d’anéantissement moral dont il ne sera tiré qu’avec peine.
Un autre vous dira : Je cherche la vérité.
Je ne m’étonne pas que sur cette question vous ayez souvent reçu des réponses vagues. Il y a autant de genres de vie que d’êtres différents ; il y a aussi certaines choses que nous ne pouvons vous expliquer parce que vos sens trop obtus ne les saisiraient pas ; de même que, si vous disiez à un indigène d’un pays très chaude que dans votre pays l’eau peut supporter un éléphant, il ne le comprendrait pas ; cependant cela est, puisque l’eau ici peut devenir solide. Celui qui vit où il n’y a pas de glace ne pourrait vous entendre ; de même que vous ne comprenez pas quand nous vous disons que pour nous la matière n’est pas solide ; cependant vous nous croyez parce que nous vous en donnons souvent des preuves.
Il y a des êtres, qui comme moi, ont pour mission d’enseigner. Enseigner, entendons-nous bien sur ce mot. Je ne veux pas dire que vous devez prendre à la lettre tout ce que je vous dis ; comme vous, je puis me tromper ; mais vous avez le sens commun pour peser mes paroles.
Dans l’autre monde, la vie n’est pas comparable à la vie terrienne : cela pour une raison fort simple : c’est qu’ici vous êtes obligés de penser à votre corps d’abord, à votre âme ensuite, tandis que là-bas, vous n’avez pas le corps terrestre réclamant des soins presque incessants.
En résumé, dans l’espace, la vie est basée sur la dernière incarnation, selon le plus ou moins de progrès que l’on y a fait.
Le fakir
Des désincarnés adhérents à la terre
Souvent, les êtres nouvellement désincarnés restent dans un état de trouble, ignorent qu’ils ont quitté la terre, et pourtant se voient deux corps, l’un inanimé, tandis qu’ils se sentent vivre dans le second qui est semblable au premier. Cela leur paraît un cauchemar d’être ainsi séparés de leur corps terrestre. Cet état dure plus ou moins longtemps.
Les êtres qui ont vécu nombre d’existences, ceux dont l’âme a de l’âge, c’est-à-dire du progrès, se reconnaissent bien plus tôt, surtout si dans leur dernière incarnation ils ont acquis certaines connaissances sur la vie de l’au-delà. Ceux dont l’âme est jeune, pouvant moins s’élever dans l’espace, étant plus soumis à la loi des réincarnations, restent plus près de la terre pour subir cette loi. Ce qui paraît dix ans, vingt ans, un siècle dans la vie de ces êtres est en réalité fort peu de chose. Quant aux intelligences développées, elles ne comptent plus le temps.
Par un médium vous avez souvent constaté la présence d’êtres malheureux qui ne reconnaissent point leur état, se croyant toujours vivants, je veux dire incarnés. Ceux-là se présentent ordinairement avec les idées qu’ils avaient dans leur dernière existence terrienne. Il est difficile de les éclairer, de leur faire entendre qu’ils sont morts pour la terre. Se sentant parfaitement vivants, voyant leur corps aussi bien que vous voyez le vôtre, ils rient aux éclats de ce qu’ils appellent votre aveuglement. Cependant, il y en a qui écoutent ; c’est qu’il y a entre eux et vous une affinité de fluides qui leur permet de comprendre.
Lorsque ces désincarnés s’emparent d’un médium possessif, ils traversent une phase bien étrange : ils vivent dans le corps et du corps du médium ; ils se souviennent bien de leur sexe, de leur âge, de certains détails de leur existence sur la terre, mais il faut les convaincre qu’ils sont dans un corps étranger ; un miroir est le meilleur moyen dans la généralité des cas. Se voyant tout différents de ce qu’ils se sentent, il s’ensuit une secousse qui les fait sortir du corps du médium. Se retrouvant immédiatement à côté de celui-ci, ils se comparent à lui, reconnaissent qu’ils avaient pris un corps d’emprunt et que celui de jadis n’existe plus.
Il y a dans l’espace des désincarnés qui dans leur dernier passage sur la terre s’étaient voués à une idée, adonnés à une passion. Ayant vécu de cette idée, combattu pour elle, ils se retrouvent rassemblés par la loi d’harmonie ; le proverbe de la terre : « Qui se ressemble s’assemble » a aussi sa raison d’être dans le monde extra terrien. Ces êtres continuent à se dévouer à cette cause bonne ou mauvaise, qu’importe cela ! Au point de vue extra terrien bien plus qu’au point de vue terrestre, toutes les opinions sont libres. Aveuglés par leur passion dominante ils en vivent et veulent la faire triompher. Ils ignorent les grandes beautés de l’espace, ils vivent encore de la terre et pour la terre.
Ainsi rapprochés de la terre, peuvent-ils voir les belles Intelligences de l’espace rayonner de lumière et d’amour ? Non ! ils ne les voient point. Ils ont une clarté qui n’est qu’une ombre ; les Intelligences élevées trouvent la nuit au milieu de ceux qui ont la nuit dans leur âme.
Comment se fait-il que des êtres, déjà développés comme intelligence, n’entendent point les appels qui leur sont faits de l’espace ?
C’est qu’ils sont trop attachés à une idée qui les retient tellement au milieu des humains, qu’ils se croient presque des hommes, bien que se reconnaissant parfaitement désincarnés. Ils sont les collaborateurs invisibles des terriens qui ont leur opinion, et souvent ils les obsèdent.
Que faut-il pour ramener ces aveuglés ?
La loi qui retient les retardés dans les fluides de la terre oblige les sidériens à se revêtir de l’humanité pour les instruire. S’ils ne s’incarnent pas terrestrement, il leur faut un truchement, et c’est alors par un médium que se produit cet appel à ceux qui souffrent, qui sont troublés. Ainsi, l’Esprit d’amour, l’Esprit sauveur lui-même se fait homme pour un instant afin de se faire entendre des brebis égarées ; aux accents de la grande voix, les extra terriens se transforment, la vérité leur apparaît, et leur cœur se remplit d’enthousiasme. Lorsque l’Intelligence brillante sort du médium, lorsqu’elle quitte l’abri terrestre d’un instant, ils peuvent la voir, sa vue laisse en eux un sentiment inexprimable qui les entraîne ; ils se préparent à revenir sur la terre faire jaillir quelque étincelle de vérité.
Quelle belle conquête pour le bon Pasteur, quelle joie des deux côtés !
D....y.
Les désincarnés qui après leur départ de ce monde n’ont pas assez d’expérience, de savoir, pour reconnaître immédiatement leur situation, restent d’abord dans leur famille. Ne se rendant pas compte de leur nouvel état, ils parlent à leurs parents, à leurs amis, comme s’ils étaient incarnés ; n’étant ni vus ni écoutés, ils s’en vont, l’âme triste. Ils finissent cependant par prendre leur parti de ce qu’ils croient être de l’indifférence, et, n’évoquant plus l’affection de la famille, ils abandonnent les lieux où ils ont passé leur dernière existence ; ils se rappellent leurs aptitudes spéciales, et momentanément le goût seul de leurs travaux leur revient, plus vif, plus puissant.
Si un homme a été simple artisan ou laboureur, il va à l’atelier ou aux champs ; dans l’arbuste il étudie l’éclosion de la fleur, la formation du fruit. S’il a été statuaire, peintre, artiste enfin, il est entraîné vers ceux qui cultivent le même art. S’il a aimé la musique, il en jouit encore, mais il l’entend autrement que les terriens : les vibrations lui arrivent adoucies, tamisées par les fluides ; pour lui, ces vibrations sont d’une douceur exquise ; il croit entendre les accents de l’âme qui l’appelle, et il tombe alors dans des extases inconnues sur la terre.
Les désincarnés de telle ou telle catégorie vont plus facilement auprès de tel ou tel médium qui a leurs sympathies, leurs aptitudes, leurs goûts. C’est ainsi que chaque cercle attire les invisibles en harmonie avec les idées qui y prédominent.
Si les disparus ont aimé les fêtes bruyantes, les nuits de plaisir, s’ils ont passé le meilleur de leur temps de vie dans les divertissements mondains, ils courront encore des fêtes en attendant le jour, ou plutôt le moment où ils s’apercevront de leur erreur. Ces ex-mondains n’auront, jusqu’à leur réveil, d’autres jouissances que les satisfactions matérielles, les bonheurs de ce monde, pâles reproductions, ébauches informes des joies, des bonheurs que l’univers étale aux yeux de ceux qui peuvent voir, connaître, savoir. Ces êtres attardés se retrouvent de l’autre côté de la vie dans un état relativement semblable à celui qui existait pour eux avant leur désincarnation ; ils sont encore soumis à certaines lois de la terre ; voilà pourquoi ils peuvent humer les mets qui sont sur votre table, mais, n’ayant plus un corps aussi dense que le vôtre, ils ne savourent, vous disent-ils, que le fumet de vos aliments ; c’est-à-dire qu’ils se nourrissent des fluides qui s’en échappent ; ils y trouvent les mêmes principes qu’ils y trouvaient dans leur vie terrienne.
La vie extra terrestre est, pour beaucoup de désincarnés, très semblable à la vôtre.
L’oriental
De l’alimentation fluidique
L’être, arrivé à l’humanité, en se désincarnant pour les premières fois d’un corps d’homme, demeure auprès de ses proches ; il vit de leur vie, au milieu d’eux, et se reprend à faire les mêmes choses que pendant son incarnation. Il ne connaît pas les hauteurs de la vie intellectuelle ; il ne pressent pas encore les merveilles de l’espace ; bien que désincarné, il ne connaît que la vie corporelle. Tout imprégné des émanations terrestres, il ressent les besoins des incarnés, il garde les même passions, il suit les mêmes erreurs que jadis. S’il y a autour de lui des êtres plus avancés, il ne peut que les entrevoir ; s’il les entend, il n’a pas envie de les suivre, rien ne l’y porte. Il est comme un homme ignorant qui voit un grand savant, n’écoute point ses paroles et n’a nul désir de devenir savant lui-même. Ce désincarné ne quitte guère sa famille, ses amis, et, si l’on dit souvent que le petit fils ressemble au grand-père, c’est que le petit-fils est peut-être le grand père réincarné. Ces cas se rencontrent si fréquemment que, dans la famille terrienne, les mêmes âmes, se prêtant un mutuel secours, un mutuel appui, arrivent à former la famille spirituelle dont les liens deviennent éternels. Tout se lie par les mêmes lois, par les mêmes harmonies ; le progrès des êtres se fait graduellement par les réincarnations, et tous les êtres dans le travail de leur ascension ont pour objectif d’atteindre la perfection du type humain de leur planète.
Lorsque le désincarné, saturé de fluides terrestres, reste sous le toit où il a vécu pendant sa dernière incarnation, son périsprit, qui est presque chair, qui a un mouvement moléculaire, a besoin d’être nourri. Comment vivent ces désincarné ? Ils sont souvent autour de votre table, et, s’ils ne peuvent prendre leur part des mets, ils en recueillent les émanations ; leur périsprit s’en nourrit. Les parfums des fleurs , les douces senteurs des prés, des champs, les alimentent aussi, tandis que votre corps matériel ressent à peine l’influence de ces parfums. De là, vous le voyez, la grande différence de susceptibilité des deux corps ; c’est peu de chose pour vous et c’est bien fugitif, le parfum d’une fleur ! Cette fleur produit pourtant assez de substance pour entretenir une force vitale dans le périsprit de celui qui est encore attaché à la terre.
Elevons-nous ; suivons dans leur course, qui peut paraître imaginaire, ces êtres dont le vol à travers l’immensité est rapide comme la pensée. Oh ! ce n’est pas assez que d’avoir supposé des ailes aux habitants de l’espace, car les ailes n’iraient pas assez vite, puisque les sidériens se trouvent instantanément où ils veulent être ; ils se transportent avec une rapidité si étonnante, que toutes vos conceptions ne pourraient vous en donner une idée.
De quoi vivent-ils, ceux-là ?
Toutes les planètes sont environnées d’un fluide particulier qui devient de plus en plus dense aux environs immédiats du globe ; ce fluide soutient cette planète, entretient sa vie ; mais les fluides du grand espace sont d’une composition autre que ceux qui entourent les mondes ; ces fluides portent en eux le principe de vie des êtres qui les parcourent. Dans l’immensité, le corps astral s’alimente en prenant par aspiration ce qui lui est nécessaire pour conserver en lui la force matérielle, car il n’y a pas d’esprit sans corps, d’âme sans enveloppe, et l’intelligence garde dans son grand avancement la forme la plus belle des êtres de sa planète.
Quand les âmes d’amour viennent à vous pour vous aider ou vous instruire, elles sont obligées de s’assimiler les fluides grossiers de cette planète. On ne peut assez reconnaître un semblable dévouement.
Liana
Un sybarite
Ouf !... ça y est !... Eh bien, qu’on me présente donc à l’assistance ! (On le présente comme un poète ; il était venu la veille donner, par typologie, des vers comiques.)
Mais. ; c’est que je me sens très gai dans cette machine, je ne m’y sens pas chez moi. (Aux dames :) Bonjours, les belles ! Voulez-vous me donner la main ?
Ah ! ça, et vos théories, et vos travaux ? Vous marchez mais vous n’êtes pas dans le mouvement quand vous parlez d’âmes épouses, de fidélité conjugale ; allons donc, est-ce que vous croyez à tout cela ?
(A une dame :) Je suis venu pour toi. Veux-tu être ma femme comme autrefois ? Ah ! il y a longtemps !... Il ne faudra pas être jalouse, par exemple !... Tu as un mari ?... Je le sais bien. Qu’importe cela !... Ah ! tu aimes tant ton mari que tu me refuses !... ça me fait quelque chose !... Je n’ai pas été habitué à des refus !... Si tu avais voulu, je serais venu t’attendre. Je veux t’apporter quelque chose pour te donner envie de redevenir ma femme de l’autre côté. Je t’apporterai une robe de l’une de mes femmes... On gagne les femmes par les cadeaux. Qu’est-ce qu’il a donc dans le ventre, ce jeune homme (le médium), qu’il ne puisse me fournir le moyen de faire les fils de cette robe ? S’il peut produire des matérialisations, j’apporterai des choses curieuses. Je te dis que ta robe semblera tissée d’or transparent. Tu acceptes ?... Non !...
Il y a dans l’espace des colonnes fluidiques soutenant nos palais, comme vous avez des colonnes de marbre supportant les vôtres. J’habite un palais charmant, quelque chose d’enchanteur et d’enchanté. Je n’y suis pas seul, mais avec des femmes superbes ! Nous jouons à toute espèce de jeux, tout le temps. C’est indescriptible cette vie-là. Vous voudriez y être, n’est-ce pas ?
Tu as été Turc, sans doute ?
J’ai passé par là, et, tout en changeant de peau, j’en ai gardé quelque chose ; mais il n’est pas nécessaire d’être Turc pour être infidèle et se refuser à admettre l’indissoluble union des âmes épouses. Voulez-vous que je vous parle de mon harem ?... Rassurez-vous, je gazerai..., j’ai un essaim de jolies femmes gardées par deux eunuques que j’ai été cherché à coups de fouets . Elles sont à moi tout seul. Les femmes que j’ai rencontrées sur la terre sont toutes venues me rejoindre, je conseille à mes collègues de faire leur provision par là-bas, je les ai gardées. Elles ont des ouvrières qui travaillent pour elles ; je leur donne tout ce qu’elles désirent. J’ai des serviteurs qui vont sur la terre pour prendre les sucs des fleurs qui servent à notre nourriture ; ce sont les sucs les plus savoureux, les plus parfumés, les plus enivrants.
On est très bien dans mon palais ; j’y resterai le plus longtemps possible. Ce qui est ennuyeux, ce sont les plongeons que nous devons venir faire sur terre ! Quand on est dans un petit bébé, ce que je puis me représenter en étant là, dans un médium, on se sent vieux !… Il est vrai que, quand on est vieux et ratatiné, on retourne jeune, voilà le dédommagement !
Jean La Guigne
Note. Le phénomène de l’étoffe tissée à l’aide d’un médium, ou d’une étoffe fluidique matérialisée n’est pas impossible. Par un autre médium nous avons eu, en lumière, un voile blanc, très léger. Après être resté un instant suspendu sur nos têtes, s’allongeant et se rapetissant, il se mit à notre portée. Il nous fut permis d’en découper des morceaux pour garder un souvenir de cette magnifique séance. M. Ch. Lemon fit un trou dans ce voile et marqua le tour du vide d’un fil rouge. Instantanément le tissu se reconstruisit derrière le rideau avec un léger bruit de mécanique et sans que le fil rouge fût endommagé. Un phénomène analogue est rapporté par Crookes et par d’autres chercheurs. Ce phénomène s’ajoute à beaucoup d’autres pour prouver que nos visiteurs d’outre-tombe peuvent faire des étoffes ou en faire pénétrer dans la salle. Ils peuvent aussi les faire disparaître, car, après la séance, il ne restait aucune trace du voile que nous avions tenu dans nos mains, si ce n’est les morceaux que nous en avions coupés.
De la réunion dans l’espace
Malheur, hélas ! à qui n’aura aimé que des corps,
des apparences. La mort lui ôtera tout.
Tâchez d’aimer des âmes, vous les retrouverez.
Victor Hugo
La réunion désirée par deux êtres ne se fait pas toujours immédiatement après la mort de la terre. Le degré d’avancement n’étant pas toujours le même, l’un des deux incarnés à quelquefois des moyens que l’autre est loin de posséder. La vision de l’un peut être plus étendue, tandis que l’autre peut n’avoir que des perceptions très limitées, des facultés très bornées, et peut même ne pas voir celui qu’il désire retrouver alors qu’il est auprès de lui. Mais cela n’est que temporaire.
Puisque nous sommes nous mêmes les agents de notre progrès, de notre avancement, que celui qui est trop matériel travaille à se spiritualiser. On le peut. Il faut pour cela de la volonté, du courage, de la persévérance ; il faut lutter contre les tendances charnelles aussi longtemps qu’elles sont prédominantes.
Il arrive aussi que le revoir désiré par l’un ne l’est pas par l’autre. En ce cas, c’est l’être le plus élevé dans l’ordre intellectuel et moral qui voit son désir réalisé, parce qu’il lui est possible de faire ce que l’autre ne peut : par exemple se dérober.
X
Note. Si un habitant de l’espace veut se faire voir à un désincarné beaucoup moins avancé que lui, il lui faudra le secours d’un incarné, d’un médium spécial, pour puiser en lui la matière visible à l’être encore trop terrestre pour apercevoir une essence plus subtile ; il fait un emprunt de la matière terrienne dont il se revêt pour se rendre visible au moins au désincarné. C’est un des phénomènes de matérialisation.
Une idylle au milieu des tombeaux
Nous ne pourrons pas dire ce qui est impossible
jusqu’à ce que toute chose nous soit connue.
W. Crookes - Recherches
De sa clarté à la fois vive et douce, la reine des nuits blanchissait les pierres tombales comme pour y lire, en s’éclairant d’elle-même, les noms qui étaient inscrits sur les marbres du cimetière. Dissipant de mon mausolée l’ombre des mausolées voisins, elle m’y fit lire avec elle :
Ici repose…. Celui qui avait été moi !…
Je regardai autour de moi et j’eus peur ; dans ce lieu funèbre, toutes les pierres, dont les inscriptions semblaient me regarder, m’apparaissaient comme autant de fantômes portant sur eux, en caractères parfaitement lisibles, et leurs noms et les regrets de ceux qui les avaient perdus. Les couronnes funéraires, les fleurs les arbustes, les cyprès, soigneusement entretenus par ceux qui ont la pitié de la mort, tout cela, au milieu de la nuit, me paraissait étrange, fantastique, et le peur, la peur dominait mes autres impressions. Je me levai et me mis à chercher instinctivement. Il me sembla que derrière chaque tombe un être, homme ou femme, se réveillait comme moi. Je pressentis ma situation.
Je courus longtemps dans les allées du cimetière. Je m’assis enfin sur une tombe fraîchement recouverte. Tout à coup, un être brillant se dressa devant moi et me dit : « Tes yeux vont s’ouvrir, tu vas reconnaître ton état en lisant en toi-même. Tu chercheras alors, avec ta vision nouvelle, dans tes lointains souvenirs. Tu y découvriras un amour profond… Va, maintenant que cet amour pourra guider tes pas de son rayonnement et de sa flamme. » Et la vision disparut.
Je me vis alors entouré d’hommes, de femmes, de vieillards et d’enfants qui disaient : « Où sommes-nous ? Et que sommes-nous maintenant ? »
Je leur parlai de ce que je venais de voir. Ils me dirent :
« L’apparition que tu as vue est sans doute celle d’un esprit. »
Et nous, leur dis-je, que sommes-nous, sinon des êtres d’extra terre ? Pourquoi chacun de nous est-il près d’une inscription dont les mots gravés sont : « Ici repose », suivis de notre nom ? Ah ! la mort n’existe pas, car, si elle était, nous ne parlerions pas, nous serions dans le néant ; nous ne serions pas ce qui se trouve dans chacune de ces fosses : une chose informe, repoussante, ne rappelant plus ce qui fut nous. Oui ! nous sommes bien des êtres vivant l’éternité ; nous sommes les vrais vivants, pouvant retrouver la plénitude de nos facultés. Nous ne sommes pas des êtres incorporels, bien que nous échappions aux yeux de la chair.
J’éprouvais le besoin d’être seul, de réfléchir et de me souvenir. Je laissai mes nouveaux amis à leurs discussions, à leur étonnement, à leurs préoccupations, et je retournai à mon tombeau ; puis, je regardai mon corps nouveau, dont je pus constater la souplesse et la force. Les affres de la mort, me semblait-il, ne devaient plus y reparaître, terrifiantes et troublantes. Mes membres étaient libres ; j’étais couvert d’une sorte de manteau blanc qui s’était tissé comme par enchantement. Au fond de mon âme, je me sentais aimé et j’avais soif d’amour. Il semble que tout ce qui est dans la nature se dégage un seul sentiment, un seul idéal, un seul bonheur : aimer ! Je cherchai alors, je cherchai l’idéal qui fût en harmonie avec mon être idéalisé. Je parcourus tous les sentiers du champ de repos. Je cherchai, en vain !.. Peut-être était-elle parmi les vivants de la terre ? J’allai chercher dans ce monde là. Toujours en vain ! Et je désespérais de retrouver mon âme d’amour !…
Pendant mes recherches, une femme s’éveilla à son tour au milieu des tombeaux. Elle se réveilla belle, aimante, et, en se trouvant vêtue de blanc, elle se dit : « Pourquoi suis-je ainsi parée, puisque je n’ai point de fiancé ? Mais je vais garder l’entrée du cimetière, et peut-être, parmi les délivrés qui viendront ici, verrai-je celui qui doit être mon époux. »
Elle était à son poste, lorsque je revins, fatigué. Nous tressaillîmes tous deux… mais je passai et m’assis en pleurant sur ma pierre sépulcrale.
Tout à coup, elle vit entrer avec la foule une âme aux rayons éblouissants. Elle alla à elle et lui dit : « Est-ce toi que j’attends ? Est-ce toi dont le foyer d’amour doit faire vivre pour l’éternité ma flamme d’amour ? Si cela est, laisse-moi contempler ton visage. »
Mais l’être lumineux répondit : « Relève-toi, enfant, prends ma main qui soutient et conduit, et suis moi. Je réunis les âmes qui doivent s’harmoniser. Mes fluides vont faire la lumière pour toi, et tu vas revoir, tu vas retrouver ton âme épouse, car ce n’est pas moi qui suis pour l’éternité ta récompense d’amour. »
En ce moment, elle fut inondée de lumière… C’était elle !… Elle, que j’avais tant cherchée !…
Paul
Influence réciproque des terriens et des extra terriens
Vous évoquez les disparus ; vous évoquez surtout ceux qui, dans le cours de leur existence ou dans l’histoire, ont laissé sur la terre un souvenir de bonté, des exemples de grande probité ou de vertu qui les appelaient particulièrement à l’attention, voire même à l’admiration de la postérité.
Ceux qui jouissaient d’une grande renommée sur la terre ne sont pas toujours les grands de l’au-delà ; on est autrement jugé dans l’espace que dans votre monde : tel ou tel, avancé dans la science ou dans l’art, peut être en retard au point de vue de la fraternité.
Ces disparus viennent-ils tous à votre appel ? Sentent-ils généralement les fluides d’évocation ?
Les fluides ne se perdent pas, ils vont partout où la pensée les envoie ; ils ne peuvent jamais manquer leur but, et, si les appelés ne vous répondent pas, c’est qu’ils ont quelque raison sérieuse de s’abstenir.
Il y a un nombre incalculable d’invisibles qui vivent dans les bois. Ce sont des bûcherons, des charbonniers, des travailleurs de la terre, des êtres errants qui cherchent, l’un ceci, l’autre cela ; et, s’il fallait s’étendre sur tout ce qu’ils veulent et désirent, on s’arrêterait longtemps sur ce sujet. Mais ce sont les maisons qui sont les plus hantées. Les êtres qui s’y sont désincarnés, y reviennent bien souvent, et, dans l’espace de plusieurs siècles, songez à la quantité de ceux qui peuvent toujours venir, attirés par la famille, se perpétuant dans ces maisons ; il semblerait aux terriens qui les verraient que l’espace n’est pas habité, et que les extra terriens, en nombre incalculable, vivent au milieu d’eux, avec eux, et presque par eux, voyant leurs actes, les raisonnant, les critiquant, voulant tout partager dans leur vie.
Un grand nombre d’incarnés qui connaissent quelque peu les lois de la survie se rendent compte de leur état. Ah ! ceux-là ne s’attardent pas en allant de maisons en maisons ! Ils s’élèvent, ils mesurent l’espace du regard ; ils voudraient le prendre malgré lui, ils voudraient monter , toujours monter à la recherche de ce Dieu inconnu, qui se laisse cependant connaître ; le progrès. Mais ils sont arrêtés dans leur course et doivent revenir à la terre ; ils cherchent alors à éclairer de malheureux égarés, les entraînent avec eux, mais le principe de la liberté est si puissant, et les conseils souvent si mal appréciés, que leurs efforts peuvent être vains. Ils trouvent heureusement des légions d’intelligences plus avancées qu’eux ; elles les exhortent à continuer leur mission. Oh ! quelle grande lumière éclaire ces initiés ! L’œil en est ébloui.
D’où vient que les idées de progrès sont encore si rares en ce siècle, qu’il y ait si peu de lumière parmi nous ? D’où vient que malgré la grande révolution, qui a fauché tant d’erreurs et de préjugés, ces préjugés et ces erreurs survivent encore comme l’hydre de la fable dont les têtes repoussent à mesure qu’on les abat ? O humains vous êtes enserrés dans les fluides des êtres du passé qui sont dans vos demeures, qui vous entourent, qui vous parlent à chaque instant ! Vous n’entendez pas leurs voix, fluide qui entre en vous et fait revivre, par intuition, ce qui est du lointain.
Evocateurs ! lorsque vous vous assemblez, que vous appelez les disparus qui viennent par amour, par fraternité, vous avez autour de vous une foule immense, et ceux qui se sont égarés dans les demeures et même dans les profondeurs des forêts entendent comme un appel, comme un son de cloche qui retentit au loin et qui les fait revenir à un rendez-vous où, pour eux, il se passera quelque chose de bien plus extraordinaire que pour les hommes. Ils viennent en foule, et ils voient de grandes Intelligences venir au milieu de vous. Beaucoup d’entre-eux se réveillent enfin du rêve de la terre et vont à l’espace.
O évocateurs ! vous éclairez bien des âmes ! Réunissez-vous le plus souvent possible pour que les grandes âmes qu’on appelle « âmes d’amour » puissent se montrer à la foule des désincarnés ignorants, venus là en curieux, et les éclairer. Les maisons alors seraient plus aux Terriens, et le souffle des vieilles erreurs, des anciens préjugés, se dissiperait. Les hommes seraient plus libres !
Un Supra Terrien
Il y a des extra terriens qui forment des agglomérations sur les assises fluidiques de l’espace. Ces centres sont très dissemblables entre eux. Les supra terriens très avancés ont la faculté d’aller visiter tous les milieux. Rapides comme l’éclair, quoique ayant gardé l’apparence humaine, ils peuvent parcourir des distances incommensurables. Au contraire, les êtres alourdis par les fluides planétaires se déplacent moins facilement ; il faut que ces êtres travaillent, s’instruisent, pour acquérir les facultés qui leur manquent.
Comme les hommes, les extra terriens voient passer leur vie. Ils voient le temps s’écouler par le travail qu’ils font pour progresser. Mais, plus ils vieillissent dans l’étude, plus ils se sentent vigoureux et jeunes pour la lutte.
Mais, arrivons à ceux qui souffrent. Il y a des groupes d’âmes malheureuses. Ce sont les retardés, ceux qui ont voulu vivre d’une seule idée et l’ont soutenue avec entêtement ; ceux qui ont voulu dominer les hommes et les faire esclaves de leurs opinions à eux ; ceux, enfin, qui ont combattu systématiquement les idées du progrès. Ceux-là ont fait du mal, et ce mal retombe sur leur tête ; pour avoir empêché le progrès, il y a souffrance pour eux, parce que la nuit se fait pour eux, comme ils l’ont faite pour ceux qu’ils devaient conduire. Pourtant, pas plus que leurs frères ils ne sont condamnés, ceux-là, même les plus criminels ; ils répareront. En revenant sur la terre, tout en oubliant leur passé, ils apporteront de l’espace un peu de lumière et un sentiment plus développé de la lutte pour le bien général ; mais ils ignorent encore qu’ils sont libres et qu’ils pourront avancer, la loi étant égale pour tous.
Sachez bien que, si vous empêchez un progrès, vous fausserez une loi naturelle et que vous en souffrirez les premiers : vous languirez dans l’isolement et vous arriverez moins vite à la connaissance de ce qui fait l’âme heureuse… vous êtes, nous sommes les facteurs de nos destinées ; le bien seul élève, et le bien comprend la charité, le pardon, le dévouement, en un mot l’amour.
Que faut-il à ces égarés pour les remettre dans la bonne voie ? Quel est celui qui voudra pénétrer dans leurs émanations alourdissantes et leur tendre une main secourable ? Oh ! il y a toujours des missionnaires d’amour, mais ils ne sont pas toujours écoutés. Ces malheureux attardés croient être d’un siècle qui n’est plus. On a beau leur dire que l’état des choses qu’ils ont connu est changé, ils entendent les voix de leurs nombreuses victimes, ils sont poursuivis par la vision de scènes terribles. Ils perçoivent cependant des voix leur semblent apportées par les échos de l’espace ; pourquoi ne les écoutent-ils pas ? Parce qu’ils se renferment dans la haine ; dans le mal même, l’être garde toujours une sorte de liberté. Mais peut-il y avoir un lieu dans l’univers où un effluve divin ne pénètre pas, pour celui qui, las enfin de maudire, ressent le besoin de secouer le lourd fardeau de la haine ? Alors il brise avec le passé, il brise avec ceux qui perpétuent dans son cœur, par leur présence et leurs discours, le souvenir des vengeances et des crimes. Il cherche, il veut apprendre, il veut sortir de ce chaos. Il vient aux terriens, encore imbu, sans doute de ses préjugés, de son hostilité ancienne, mais cela ne peut durer, et il ne résiste plus à l’influence salutaire d’un milieu nouveau, ni à celle des supra terriens qui l’aident à se diriger dans une voie meilleure. Un seul jour pour celui qui veut aimer lui fait prendre plus de lumière que mille siècles passés à un travail qui ne porte pas à la justice et à l’indulgence.
Ces extra terriens donc, ayant quitté nouvellement un milieu où ils ne voulaient plus vivre, cherchant l’inconnu, cherchant une clarté, vous arrivent encore pénétrés de leur passé, vous parlent de ce passé et vous maudissent parce que vous propagez des idées contraires aux leurs ; mais déjà, ils sont interdits par vos discours, et si à leur sortie du médium une intelligence de charité les accueille, oh ! alors ne doutez pas que l’on puisse faire un miracle d’amour.
Un Indien
Les désincarnés dévots
L’essentiel de l’éducation, ce n’est pas la doctrine
enseignée : c’est l’éveil.
Ernest Renan
Que deviennent les êtres qui se sont nourris de fiction et n’ont vécu que suivant des principes s’éloignant des lois naturelles ?
Ces désincarnés, les désincarnés dévots entre autre, sont à plaindre. Pour gagner une place dans la « béatitude éternelle », ils se sont traînés, durant leur vie, sur les dalles du temple, le front courbé, l’âme perdue en prières ; ils se sont même retirés de la société, du commerce des humains. Une fois désincarnés, ils ne voient ni le paradis espéré, ni l’enfer tant redouté, ni même les flammes du purgatoire. Pour être introduits dans l’assemblée céleste, ils appellent les saints à leur secours ; rien ne leur répond. Comment dépeindre leur étonnement ! Au lieu de se sentir pousser des ailes pour voler dans l’espace, ils se voient toujours dans les fluides de la terre, et, en apparence, dans le corps qu’ils avaient précédemment. Ils courent affolés dans les habitations, les campagnes ; ils font parfois entendre des gémissements ; ils demandent encore des prières, croyant encore à leur efficacité. Ils arrivent, dans un monde nouveau pour eux, absolument inexpérimentés ; ils s’étaient imaginé un paradis qu’on peut acheter à l’église : imbus de cette idée et ne trouvant pas le ciel promis, ils se croient perdus, tout leur manque à la fois. Dans les campagnes, les bergers souvent sont médiums et entendent les plaintes de ces pauvres abusés ; ces plaintes glacent d’effroi ceux-là même qui ont servi à matérialiser les vibrations de la voix qu’ils entendent.
Les désincarnés de cette sorte sont en nombre infini. Ils restent pendant des siècles tournant toujours dans le même cercle, nourris, à chacune de leurs réincarnations, des mêmes fictions : leur avancement est excessivement lent. Lorsqu’ils peuvent se réincarner dans d’autres contrées où les coutumes et les religions ne sont pas les mêmes, ils commencent, en revenant de l’autre côté, à établir des comparaisons, à reconnaître que leur Dieu qu’ils ont autrefois adoré comme le seul vrai, diffère de celui auquel on les a plus récemment obligés à croire. Ainsi ils sortent peu à peu de leur aveuglement, et pesant, raisonnant leurs diverses incarnations, ils voient combien la Force-Amour qui fait vivre l’univers à été méconnue par les religions. De ce moment, ils sont sauvés ! Ils deviennent les amis dévoués, les mentors de ceux qui se fourvoient.
Il faut semer les enseignements sur la survivance jusqu’aux confins les plus reculés de la terre, on le doit à la cause de la vérité ; ils seront une semence féconde, ils déchireront le voile qui couvre tant d’intelligences. Profitons de l’heure, puisque l’heure est venue ; travaillons à ce que l’humanité grandisse, pour qu’il y ait moins de pauvres êtres qui souffrent de ne point voir la lumière, de ne point connaître l’amour, et pour qu’enfin il y ait moins d’arriérés qui restent attachés aux humains, sans autre but, souvent, que de les entretenir dans le mal qu’ils endurent eux-mêmes.
L’oriental
Appel aux attardés
Pour l’intelligence de la communication de çakya-Muni, il est nécessaire de publier les objurgations du père Célestin, venu le premier. Celui-ci a beaucoup de peine d’abord à se maintenir dans le corps du médium. Il parle d’un ton élevé.
Je ne me sens pas de force encore, mais je serai à votre réunion de jeudi. Je viendrai avec du renfort, et vous n’aurez pas çakya-Muni. Je ne veux pas discuter avec vous, mais jeudi, je viendrai empêcher une communication. Oui ! je l’empêcherai ! Nous seront cent s’il le faut.
Mme N. Nous t’accueillerons courtoisement. On est libre de parler de ses convictions dans nos réunions. Que veux-tu ?
Je veux, j’exige que vous retiriez de ce que vous préparez pour une publication ce qui touche à l’Eglise. Vous ne devez pas divulguer ces choses ; vous ne le devez pas !… Si l’Eglise tombe, qu’elle tombe d’elle-même !… (A une objection mentale d’un assistant :) Ce n’est pas ce que tu peux penser qui me fera dévier… Ah ! vous vous mettez en nombre pour nous combattre… en grand nombre, car je vous vois une foule de partisans ; vous employez des médiums, vous autres ; vous faites œuvre diabolique !… Combien nous souffrons, nous qui protégeons l’Eglise, la religion ; nous sommes bafoués, repoussés… Ah ! jeudi, jeudi ! Si j’allais manquer de forces pour venir jeudi !…
M. R. Tu seras le bienvenu… je te crois sincère. Mais dis-nous ton nom pour que nous pensions à te faire du bien.
Ah ! ce serait demander de l’eau bénite au diable !… Vous insistez ?… A quoi bon ?…
Mme N. Viens à nous, viens jeudi. C’est un appel amical que nous te faisons. Tu verras quel but nous poursuivons. Tu feras comme Fernando, consulte-le .
L’inconnu avec fureur. Fernando ! le lâche ! Il a déserté pour une femme ! Mais Fernando est mort pour vous : nous l’avons repris ; le médium ne l’aura plus.
Que Fernando vienne confirmer ce que tu dis.
Que je suis mal ici !… Quelque chose me brûle… jeudi ! jeudi ! ce que l’on prépare pour jeudi ne pourra se donner… j’avais essayé de réveiller le médium… nous verrons jeudi !
M. R. Dis ton nom pour que nous te recevions. J’en appelle à ta sincérité.
Pourquoi ne voulez-vous pas me recevoir sans connaître mon nom ? Eh bien ! soit ! je vous dirais mon nom (avec hésitation :) mais mon nom à moi… Je me nommais Célestin.
M. R. Quel Célestin ?
Célestin (avec humeur). Eh bien !… père Célestin.. ; Oui, je viendrai jeudi. Nous verrons bien si vous et les vôtres triompherez (Aux dames :) Mesdames, je vous demande pardon d’être venu à pareille heure pour jeter un défi.
Père Célestin
(Fernando vient nous serrer la main.) Pour vous prouver que je ne vous ai pas abandonnés, je vais vous donner quelque chose. (Il me dicte une ballade.)
(Le jeudi suivant quelqu’un se présente en chantonnant : « Père Capucin, confessez ma femme.. » Il s’arrête tout à coup, et d’un air étonné :)
Ah ! mais… en v’là t-y des capucins !… Où diable m’ont-ils fourré ?… J’suis dans un propre état !… (Il s’examine.) Comme j’suis r’nippé !… Qu’est-ce qu’ils m’ont fichu là ?… Ils m’ont rhabillé de neuf ! Ils sont charitables, les capucins. Mais dans quoi m’ont-ils mis ?… Ils m’ont jeté dans un trou ! Ah çà ! dans quel endroit suis-je donc ?… J’veux pas y rester, ça me gêne… J’veux qu’on me rende mes nippes et ma pioche.
Qui es-tu ?
J’suis le jardinier du couvent, donc ! Il n’y a que des moines pour me jouer un tour comme ça. Y en a-t-il, ici ! (Il se débat pour sortir du médium.) Sortez-moi de là !…
Où étais-tu avant de venir ici ?
Mais j’étais et j’suis toujours dans l’couvent, jardinier. J’y vis bien, j’m’y amuse bien ! j’veux y retourner… j’veux pas rester ici ; ils m’emb… les moines, à la fin !
Que fais-tu ?
Moi ?… Mais j’suis un frère lai. J’travaille la terre, j’m’occupe pas d’aut’ chose… Ah çà ! mais qu’ils viennent donc eux-mêmes ici-d’dans. Rendez-moi mes outils !… j’veux m’en aller !… (Il s’en va.)
Note. Ce désincarné, peu intelligent, ignorait encore sa situation ; il vivait dans le rêve. Après cette séance, il entreverra la réalité. Bien que cet incident soit vulgaire, je le relate comme un exemple. Il faut rappeler aussi que l’on a généralement la visite d’un désincarné plein de matérialité au commencement des séances ; cela est utile à la préparation des phénomènes.
Vous m’avez donné rendez-vous ici ; j’y suis fidèle. J’avais la prévision qu’il manquerait quelqu’un à votre séance ; j’en ai profité pour poster ici mes amis. Si nous pouvions prendre votre médium !… Les manifestations cesseraient !…
(D’un ton moins assuré.) Vous jugez à votre point de vue ; nous jugeons au nôtre, mais nous ne venons pas vous dire que nous vous détestons. Nous venons vous prévenir que nous combattons vos erreurs. Nous sommes morts pour la terre, nous le savons, mais nous voulons vous sauver. Plus tard, vous tiendrez compte de notre excellente intention. Malgré notre présence, vos inspirateurs arrivent en foule ! Il faut en convenir, il ont un genre de beauté ; ils rayonnent. Que sont donc ces hommes, et d’où viennent-ils ? Je les avais entrevus dans la précédente séance, mais, soit que mes yeux ne fussent pas habitués à leur lumière, soit qu’ils aient plus de puissance, je les vois mieux à présent… Nous lutterons avec eux, cependant ! Nous sommes résolus à conserver ce qui existe. Nous ne croyons pas qu’il puisse advenir quoi que ce soit de bon d’un système philosophique qui entraverait les enseignements religieux, renverserait les dogmes du catholicisme. Je ne suis pas méchant, mais je veux me rendre maître de la place avec mes dévoués. Loin de moi la pensée de vous menacer, de vous dire que je ferai du mal à votre médium !… Non !…
Comme vos amis me regardent !… Ils ont une grande force, il se détache de leurs yeux comme des rayons qui me pénètrent et me paralysent… La lutte dure-t-elle encore jusqu’au delà de la tombe à propos de ces grandes choses qui touchent à l’immortalité et dont vous vous occupez ?… Croyez à l’éternité sans ce raisonnement philosophique qui vous fait aller à une perte certaine ; arrêtez-vous à l’idée de l’immortalité. Vous avez empiété sur le domaine de la religion, vous vous êtes rendus libres, et cette liberté vous portera malheur ! Vous allez seuls dans la nuit profonde, vous allez dans la religion, sans l’Eglise ! Ce n’est qu’un éblouissement passager, car vous marchez à votre perte certaine vers les flammes qui vous dévoreront !
Je voudrais pouvoir rester là, garder ce corps, empêcher les manifestations, mais ne faire que de bonne guerre avec vous.
Ah ! l’heure s’avance. Ces hommes s’approchent. Ce sont vos instructeurs. Ils vous disent beaucoup de choses, mais des choses qui sont autant d’erreurs. Quelle douleur de ne pas pouvoir garder la place !!
Père Céleste
La marche pour le progrès est si lente ! On s’élève si péniblement par d’innombrables incarnations ! Pourquoi donc encore embarrasser sa route par la crainte qui arrête, la peur qui paralyse ? Pourquoi, oh ! pourquoi l’humanité est-elle entrée dans les songes de certains idéologues qui ont soupçonné, qui ont supposé, qui ont cru enfin que l’homme était naturellement pervers, et que, pour le faire marcher, on devait lui imposer la croyance à des châtiments épouvantables, infligés… par la divine Bonté, par Dieu !… Ah ! que de mal ont fait certains hommes !
(Il se dresse tout à coup et tend les bras vers une assistance invisible pour nous.)
Vous tous qui m’écoutez, extra terriens rassemblés ici, regardez-nous. A vos yeux, nous paraissons brillants, nous rayonnons de bonheur ; cependant nous sommes bien petits ! Ce que vous voyez briller sur notre front n’est qu’une étincelle, encore très éloignée du grand foyer qui l’a produite. Vous êtes toujours courbés sous un joug de terreur. S’il vous paraît que nous rayonnons, nous, nous voyons, hélas ! que vous ne rayonnez pas ! Si vous êtes satisfaits de la voie que vous suivez, nous sentons en nous que nous sommes plus heureux que vous.
D’où venez-vous ?
Vous venez de la terre où vous avez été bercés d’illusions, et, au delà de la tombe, vous ne vous êtes pas élevés, vous n’êtes pas montés assez pour que votre vue s’étende au loin et que vos yeux perçoivent les immenses horizons. Vous êtes encore trop de la terre, et vous supposez que d’où nous venons, où nous allons retourner et où vous irez aussi plus tard, il n’y a que le vide, le vide insondable, et qu’au-dessus de ce vide votre ciel existe ? Oh ! non ! non ! il n’y a point de vide, et il n’y a point de ciel, mais des mondes et des espaces, et des mondes et des espaces peuplés, et aucun lieu de béatitude où le progrès et le bonheur trouvent un terme. Cependant, il ne peut vous venir à l’idée que nous sortons des antres profonds où brûlent, selon vous, ceux qui ont été infidèles aux commandements d’une secte, ceux qui ont repoussé d’insipides formules, ceux enfin dont la pensée puissante s’est affranchie des dogmes pour s’élever librement vers l’être des êtres. Vous ne pouvez nous croire des suppôts de votre enfer ? La joie que vous voyez rayonner sur notre visage, ne vous prouve-t-elle pas que nous sommes dans la vérité ?…
Où allez-vous ? Où allez-vous ?
Vous résisterez ainsi pendant bien des années, bien des siècles peut-être, tournant toujours dans le même cercle, attendant toujours le flambeau qui vous indiquera la route, cette route du bonheur que vous ne connaissez pas et que nous apprenons à connaître, nous ! Il viendra un temps où vous souffrirez d’une attente vaine, de cette longue illusion. Regardez nous ; prenez de nous ce que nous vous apportons d’amour sans bornes pour que vous nous suiviez.
Hélas ! pourquoi vous berce-t-on de rêves insensés et terribles ? Pourquoi habituer les hommes, dès l’enfance, à croire à des châtiments effroyables, croyance qui paralyse même jusqu’à l’éclosion des sentiments généreux ? Par peur d’un enfer, peut-être ces hommes deviendront-ils incapables de se conduire ; ils n’auront que des élans contenus ; pourquoi leur donner cette épouvante ? Pourquoi cette menace de foudres vengeresses toujours prêtes à frapper ? O hommes ! pourquoi vous êtes vous laissé présenter un Dieu cruel ? Comment pouvez-vous encore vous plier sous le joug dogmatique, après tant de siècles de martyre, tant de tortures subies pour la liberté de croyance ? Pourquoi êtes-vous enchaînés, rivés à une erreur qui entrave la Grande Ame, qui vous éloigne d’Elle ? O hommes ! Pourquoi ne vous êtes-vous pas révoltés contre cette injure faite à la suprême bonté, de ne voir dans la vie humaine qu’une expiation perpétuelle ? Pourquoi le travail est-il représenté comme un châtiment, tandis que le travail, c’est le progrès, c’est la source de la liberté sur la terre et dans tous les mondes ?
Ah ! que la face de la terre change enfin ! Que l’humanité se relève ; que tous, incarnés ou désincarnés, secouent le joug de la terreur ; que les parents écartent le mensonge de l’éducation de leurs enfants ; qu’ils n’apprennent jamais à ces intelligences venues par eux pour continuer leur ascension, pour se perfectionner, qu’ils n’apprennent point à ces âmes appelées à devenir si belles, à rayonner en l’Etre universel, qu’ils ne leur disent point qu’ils sont venus sur la terre flétris d’avance. Pourquoi leur faire croire qu’en venant dans ce monde ils apportent un anathème, une tache ? Une tache originelle, une tache voulue par Dieu, par Dieu qui n’est qu’amour, qui ne veut de l’homme que son progrès, qui veut faire de l’homme sa parure, qui veut faire de tous les êtres sa propre beauté !
O vous qui m’écoutez, suiveznous, venez ! Il y a un large abri dans nos rayons, et ceux qui n’y prendront point place pourront encore nous suivre, car, lorsque nos ailes battent les airs des cieux, il en tombe de l’amour ; ils suivront notre trace comme on peut suivre le sillage du navire qui glisse sur les ondes. Venez amis, suiveznous làhaut où vous nous verrez plus radieux, où nous rayonnerons davantage sur vous ; et nos rayons vous pénètreront, vous réchaufferont, et nous vous verrons admirer les beautés des univers. Lorsque vous redescendrez sur la terre, un germe d’amour sera en vous, et la vérité luira à vos yeux. L’amour pour tous que vous aurez emporté de nous, que vous aurez gardé étant réincarnés, sera la lumière qui éclairera votre route sur la terre en attendant que vous veniez avec nous la voir plus belle dans l’AuDelà.
ÇakyaMuni
(Le père Célestin revient nous serrer vivement les mains en s’écriant avec une exaltation indescriptible : « Adieu ! Adieu ! Je le suis ! » Il nous a été dit par Fénelon que bien des moines qui écoutaient ont également suivi çakya-Muni.)
Note. Au moyen des fluides médianimiques, les êtres, même les plus immatériels, peuvent reprendre des fluides plus denses et se faire voir à ceux qui ont avantage à les reconnaître. C’est par ce phénomène que çakya-Muni s’est fait voir aux nombreux attardés à qui il s’adressait dans cette conférence.
C’est donc surtout par des phénomènes médianimiques que peuvent être mis en présence les désincarnés de fluides les plus divergents.
Les nomades
L’absence de manifestations des disparus est causée par deux raisons principales : la première, c’est qu’en général, ne trouvant pas le moyen de communiquer avec ceux qu’ils ont laissés sur la terre, ils finissent par s’en éloigner tout attristés ; la seconde, c’est que ceux qui sont libres de se mouvoir dans l’espace, voyagent dans tous les pays qu’ils ont habités pour revivre par réminiscence leur vie passée. Il faut faire abstraction de ceux qui ont laissé sur la terre leur âme d’amour ou de grands intérêts spirituels. Les désincarnés dans ce cas ne quittent pas leurs aimés, ils restent dans leur maison. Ils suivent à leur insu toutes leurs actions et vivent pour ainsi dire de leur vie en attendant la réunion définitive.
On se pose souvent cette question : Mais que font les désincarnés ?
Ce qu’ils font ? Ils ont à joindre les ramifications de leur passé, ils préparent l’avenir. Si vous voyiez l’espace ! Comme il est sillonné en tous sens ! De même que les abeilles vont butiner dans les champs où s’épanouissent les fleurs, de même, dans les champs de l’espace, vont et viennent les abeilles de l’espace, qui, ayant fait un butin de progrès et d’amour, en rapportent le parfum à la ruche humaine.
Il y a des êtres qui, aussitôt sortis de l’état qu’on pourrait nommer chrysalidaire, produit par la mort pour aller à une nouvelle vie, partent en véritables « nomades ». Vrais bohêmes de l’espace, ils vont au gré de leur caprice, partout, dans toutes les directions. Les êtres fluidiques peuvent traverser l’épaisseur même de la terre pour descendre dans des profondeurs à vous inconnues. Ceux-là vont regarder dormir, incrustés dans les rochers, les animaux que les bouleversements géologiques y ont ensevelis. Ils redescendent là pour revivre un coin de leur passé, pour revivre ces temps là où la nature était exubérante en tout, pour établir une comparaison avec la faune et la flore actuelles de la terre. Ayant aussi vécu sous les eaux, ils redescendent pour comprendre la vie des animaux qui ont la mer pour domaine ; et, autre attrait, sous les océans, à côté de la faune aquatique, ils voient par la loi de rétro vision, les hommes et les choses de temps très éloignés, ils voient les existences vécues par les antédiluviens. Ces continents sont dans une période de repos fécondant, attendant qu’un jour les forces universelles en soulèvent les terres pour que des humanités plus belles, des humanités supérieures trouvent là des champs fertiles a cultiver. A leur tour, disparaîtront les champs, les forêts, vos jardins et vos bocages ; puis, lorsque la terre, votre mère, ne pourra plus rien donner aux enfants qu’elle a produits, elle se transformera. Mais revenons aux nomades qui voudraient pouvoir parcourir l’univers tout entier.
O nomades, qui ne plantez jamais votre tente, vous ne vous attachez nulle part ! La course des nomades peut sembler éternelle à cause du temps qu’ils mettent à cheminer autour de la terre. Cette course aura pourtant un arrêt. Ce qui rend l’être léger pour s’élever dans les atmosphères sidérales, c’est l’amour, et le nomade ne l’a pas. Il peut avoir la science du voyageur qui a exploré toutes les parties du monde, il peut être intéressé, mais sa science est sèche ; la science seule ne fait point vibrer la corde qui poétise les accords. Etablissons une comparaison : Parmi les savants, il en est qui ne pensent ni à la Société ni à la famille ; ils sont loin d’être des hommes complets ; ils sont appelés à se compléter ; ils se complèteront. Il en est de même des nomades. La science ne peut devenir sagesse que lorsqu’elle s’allie à l’amour, car rien, rien de ce qui vit ne peut subsister sans amour.
Les âmes sont des lyres. Les nomades absorbés par les curiosités de l’univers n’ont pas complété ni accordé leur lyre. Pour qu’une lyre résonne dans le concert de l’harmonie éternelle, il faut que ses cordes soient des facultés acquises par l’esprit, et que l’amour les harmonisent.
L’oriental
Du fond des abîmes
La Terre, mère prudente et protectrice, ne livre
ses secrets qu’à ceux de ses fils qui savent
se munir du bouclier de la science.
Emmanuel Vauchez - La Terre
Regarde, ma bien-aimée, regarde ce gouffre immense qui nous a engloutis ; regarde ces flots qui pendant le calme roulent avec un bruit clair et harmonieux, et qui s’entrechoquent avec des mugissements effroyables pendant la tempête ; regarde, regarde et souviens-toi.
Allons ! il faut retourner vers le passé, redescendre dans l’abîme ; aller jusqu’au fond de la mer où gisent les présents que je te fis le jour de nos fiançailles et l’anneau nuptial que je mis à ton doigt. Si l’espace nous attire, l’abîme nous attire aussi, et nous devons y descendre ; nous y vivrons des souvenirs terrifiants ; mais ils resserrent nos liens, ces souvenirs !
Passons sous cette vague qui déferle et descendons, doucement maintenant, comme autrefois nous descendions fatalement, à l’endroit où sombra notre navire. Vois ! presque tous ses débris sont encore là, et l’eau tranquille semble les avoir gardés pour nous. Un jour peut-être, les montagnes de la terre s’affaissant, et les vallées de la mer s’élevant, un berger, sur les flancs boisés d’un nouveaux coteaux, retrouvera-t-il cet anneau miraculeusement conservé, et le passera-t-il, lui aussi, au doigt de sa fiancée.
Au-dessus de nos têtes, vois-tu, déchirant les flots, cette masse qui descend vers le fond de la mer ? Qu’est-ce donc ? Regarde, cette chose énorme s’agite, plane, remonte. Est-ce un monstre marin ? Non ! c’est un navire géant ! Il vient à nous, il passera devant nous et les hommes qu’il porte dans ses flancs ne nous verrons pas. Saluons ! c’est le progrès qui passe ; il vient dérober ses secrets à l’abîme. Des nombreuses fenêtres de ce navire s’échappe une lumière intense qui rayonne au loin : c’est encore le progrès.
Ces explorateurs cherchent la flotte engloutie de quelque grand aventurier qui avait tenté de conquérir un pays avec les vaisseaux fragiles d’autrefois. Vois, les hommes de ce navire recueillent des débris, et dans les récits des évènements anciens, l’histoire, de sa main immortelle, remplira les pages laissées en blanc de son livre éternel. Les abîmes n’auront plus de secrets ; on connaîtra les trésors vivants des mers, et l’industrie infatigable, ayant épuisé ses ressources sur les continents, descendra dans les gouffres, creusera le flanc des montagnes que couvrent les flots et en tirera de nouvelles richesses.
O progrès ! progrès, éternel progrès ! Initiation de l’homme dans les secrets de la nature ! progrès, du fond des abîmes deux fiancés te saluent.
Un Fiancé
J’attends ma mère
Mon enfance n’a-t-elle point succédé à
quelque autre âge de ma vie, déjà passé
quand elle a eu son commencement ?
Le temps où ma mère m’a porté dans son sein
est-il le premier âge ? Car il m’en a été dit quelque chose.
Confessions de Saint Augustin, traduction de Paul de Saint-Victor
Allez, allez, beaux habitants de l’espace ; volez dans l’immensité si remplie, si peuplée ; allez à tout ce qui vous attire : l’espace est un éternel attrait, et les secrets merveilleux que vous avez à y découvrir sont infinis. Allez, moi j’ai déposé ici mon bâton de voyage, et je me repose sur un rocher du sol des cieux. J’attends.
A mes yeux se déroulent les campagnes de la terre. Je vois la sève monter dans les arbres pour en faire bientôt éclater les bourgeons ; je suis le travail mystérieux des feuilles et des fleurs, secrets divins que nous découvrons et que les lèves humaines ne peuvent décrire. Là, près des arbustes qui vont fleurir, dans ces champs où la verdure va devenir si charmante, là j’ai vécu, là, j’ai aimé ! Combien de fois ai-je vécu ?… Je le sais : d’où je suis on plane, et je vois mes existences passées, je vis d’elles et en elles. Je sens cependant que je n’en ai point fait assez, que je devrai redescendre de la montagne pour errer dans la vallée des larmes pour étudier… et souffrir encore.
J’attends ! J’aime… J’aime !… S’il me fallait gravir encore, je dirais : Non ! Je répondrais aux voyageurs de l’espace : Allez, allez, vers votre éternel bonheur, votre éternelle joie, vous qui avez un si noble sentiment de la liberté, et laissez moi : j’aime ! Et c’est parce que j’aime que j’attends. Là-bas, là-bas, bien loin, sous un toit de chaume, une femme veille et se souvient. Elle n’est pas jeune, elle n’est plus belle pour les yeux de la chair ; cependant , elle a une très grande beauté. La neige des ans est tombée sur sa tête ; les pleurs et les regrets ont tressé sur son front cette blanche couronne, la couronne d’amour maternel. Partez, partez, habitants des belles régions, et laissez-moi, j’attends ma mère. Si vous me la rendez, je vous suivrai, sinon je resterai, j’attendrai encore. Rien dans ce monde ni dans l’espace ne m’est si doux que l’amour de ma mère. Quand viendra-t-elle à moi ? Quand nous réunirons-nous ? Ah ! pour elle et pour moi, puisse venir bientôt ce jour !
J’ai retrouvé ici de nombreux liens du passé, pères, mères, frères et amis de diverses incarnations qui m’ont dit : « Viens avec nous ; nous t’aimons aussi, nous ; nous avons des titres à ton affection. Lorsque nous retrouvons en nous nos incarnations, nous te cherchons, nous t’évoquons, et nos fluides, faisant revivre l’autrefois, nous conduisent vers toi. »
Non ! Non ! partez sans moi. L’amour que je ressens est au-dessus de toutes les amitiés, de toutes les affections de mon passé. Cet amour, c’est Dieu en moi ! Que Dieu me rende ma mère, et j’irai avec elle vers les divines harmonies.
Sans signature
Un extra terrien heureux
Mon esprit a marché ! Tout naturellement arrivé aux dernières limites des fluides qui émanent de la terre. Je suis ébloui ! Combien je me sens pourtant ! Combien je me vois petit au milieu de l’univers, même si restreint que je peux embrasser.
Ah ! Chers amis ! quel enchantement, quel bonheur, quel charme ineffable d’être enfin dégagé de cette planète sombre et de voyager libre dans l’immensité ! Ah ! quel spectacle indescriptible ! J’ai vu les feux aux mille couleurs des soleils, prismes suspendus dans l’espace. Plus de ténèbres. Pourtant la lumière me permettant d’étendre les connaissances qui doivent développer mon esprit et lui faire pénétrer les secrets des mondes, je vois partout la vie, partout la désagrégation nécessaire pour transformer en éléments plus vivaces et plus forts les éléments appartenant à d’anciens systèmes et devant produire des mondes nouveaux. Dans ces espaces que l’entendement humain ne peut concevoir, des êtres lumineux travaillent et progressent en amour sous l’éclat des soleils qui les nourrissent. Soleils ! vous êtes encore notre vie au delà des mondes où nous devons graviter ; je vous aime et je vous chante.
Je suis revenu au milieu de vous, et je me demande s’il me sera possible de retrouver encore en vous quittant des choses aussi merveilleuses, de semblables beautés !
Adieu ! ou plutôt au revoir ! La terre est une de mes patries. Je la quitte pour aller vers des horizons plus larges, mais je l’aime, je l’aimerai toujours, et je me souviendrai d’elle toujours !
Anonyme
Beauté des habitants de l’espace
Le beau, c’est l’aliment du bien.
Fenchtersleben
Les extra terriens ont plus ou moins de rayonnement, leur vision dans les choses de l’univers a plus ou moins d’étendue selon leur degré d’avancement. L’avancement réel consiste non pas à être simplement bon ; il faut joindre à la bonté les vertus, les qualités, les connaissances que l’on peut acquérir sur la planète d’étude. Vos incarnation, souvenez-vous de cela, ne sont qu’un cadre d’évolution absolument nécessaire pour vous habituer à travailler, à apprendre, à sentir par le jugement et à première vision ce qui frappera vos yeux plus tard, quand vous serez là, de retour parmi nous. Ainsi vos travaux, en comparaison de ceux que vous aurez à faire dans l’espace, ne sont pour ainsi dire rien, mais il y a cette consolation immense, cette espérance précieuse de penser que ces petits travaux que vous faites grandissant votre intelligence au point de vous faire saisir d’une manière quintuplée tout ce qui se présentera à vos yeux dans l’au-delà. Cette puissance de compréhension fait la lumière et la beauté des êtres avancés.
O hommes ! n’allez pas dire combien c’est peu, ce que nous faisons ! Et cependant combien avons-nous eu de peine à nous frayer un chemin dans le champ du progrès ! Pourriez-vous croire qu’on soit réellement beau sur la terre ? La beauté, c’est de voir réunis en un visage humain, non seulement la beauté physique, mais encore l’expression de la bonté, le rayonnement de la science, la sérénité de la sagesse. En somme, sur ce monde si rebelle au progrès, tout ce que vous voyez de beauté dans une intelligence accomplie me paraît presque rien à côté de celles des êtres qui ont passé des milliers et des milliers de siècles à entretenir cette étincelle d’âme partie de si bas, de si peu, et augmentée dans de telles proportions que cette âme devienne vraiment belle, lumineuse, éblouissante comme un soleil. Quand vous serez arrivés sur un des sommets de progrès, tout ce que vous pourriez admirer aujourd’hui vous paraîtra peu de chose à côté de l’expression de ravissement du visage fluidique des sidériens qui cultivent toujours le progrès sans limite. Oh ! ce ravissement, il m’est impossible de le dépeindre ! Figurez-vous seulement un regard de douceur, de bonté, une impression calme et forte, quelque chose de lumineux qui émane de la forme entière de ce visage, qu’on croirait divinisé. Pour arriver à cette beauté, il ne s’agit que de travailler à son développement d’âme, c’est-à-dire à son bonheur.
Le bonheur ! Qu’est-ce que cela coûte. Faire le bien comme on l’entend ici-bas ; étudier les sciences, la nature, les phénomènes du ciel, études qui élargissent l’envergure de la pensée humaine, et donnent à l’homme une idée de sa vraie patrie et de ses destinées. La beauté des habitants de l’espace, rien n’est plus captivant que de l’acquérir. O faiblesse humaine ! de quelle manière tu es considérée de l’espace, quand sur la terre on met tant d’ostentation à paraître beau physiquement !
Vous devez comprendre comment je vois la beauté chez l’être dégagé des langes dans lesquels il a été garrotté sur ce monde. En s’élevant au-dessus de la série de ses incarnations, il domine son passé, il se juge dans son présent, et il regarde en face son avenir. Il mesure les distances, il voit le chemin parcouru, il voudra mesurer peut-être le terme final ! Mais sachez qu’aucune chose n’a un terme, un but final ; dans tout l’univers, depuis le brin d’herbe des prés, la goutte d’eau des océans et le grain de sable des rivages, jusqu’à l’intelligence imparticulée, tout ne fait que se transformer éternellement ; chaque être, tout ce qui vit enfin, se transforme pour progresser.
En quittant la terre, l’être même très avancé n’est pas encore arrivé à la formation de son type astral, car dans chaque monde on prend sur la planète d’évolution une forme particulière à cette planète ; puis, ce progrès infini se synthétise et produit enfin des êtres dont la forme astrale est divinement belle, c’est la seule expression que je puisse trouver, et elle est bien au-dessous de ce que je voudrais résumer. Cette forme garde une ressemblance typique avec la forme générale des divers corps que les êtres se sont adaptés dans leurs incarnations diverses ; c’est pour cela qu’on peut les reconnaître entre eux, car tous n’ont pas passé par les mêmes genres d’incarnations, tous n’ont pas suivi les mêmes sentiers.
Travaillez donc sans relâche à apprendre, à aimer, à vous élever pour acquérir cette grande beauté à laquelle nous aspirons tous, et que, selon nos forces, nous venons vous aider à conquérir.
L’oriental
Les inspirateurs
Acceptons ce que nous donnent en nous quittant
nos morts illustres, et, tournés vers l’avenir,
saluons, sereins et pensifs, les grandes arrivées
qui nous annoncent ces grands départs.
Victor Hugo
Je suis convaincu que ma mère viendra me
visiter et me donner des conseils en me révélant
ce qui nous attend dans la vie future.
Saint Augustin, Confessions
L’Eglise a pris des anciennes croyances que chaque homme avait un « ange gardien » ; cela vient des traditions antiques de l’Inde, où l’on connaissait les lois de la survivance, où l’on croyait à l’influence bonne ou mauvaise des désincarnés qui communiquent avec les humains : Socrate, Platon, Pythagore, Epictète, Marc-Aurèle, avaient des inspirateurs. La science d’Outre-Tombe, qui s’allie si bien aux traditions de l’antiquité la plus reculée, a reconnu vos conseillers dans ceux que l’Eglise appelle des « anges gardiens ». Je viens vous parler de ces inspirateurs que par division on avait appelés « guides ». Ceux que l’on nomme des guides conduisent les êtres inférieurs encore incapables de préparer leurs existences ; les êtres raisonnables ont des conseillers, des inspirateurs.
Les inspirateurs sont-ils des étrangers qui ne sont en harmonie avec les incarnés que par degré d’élévation, ou bien sont-ils des parents ou d’autres Intelligences ayant des affinités avec des incarnés qu’ils protègent ?
Vos inspirateurs sont vos âmes sœurs du passé ; ce sont les compagnons de route avec lesquels vous avez vécu et vivez encore. Ainsi les conseillers sont plutôt les frères d’autrefois, frères pères, frères mères, frères parents, frères amis, etc.
Est-ce à dire qu’un incarné doive avoir un être de l’espace l’accompagnant toujours, le conseillant sans cesse, prêt à le servir, à le grandir pendant son passage sur la terre, soit en augmentant les lumières de son esprit, soit en lui aplanissant les difficultés matérielles ? Faut-il croire que ces amis invisibles aient une influence aussi grande qu’on le suppose généralement ? Oui et non.
On critique non sans raison la tendance à exagérer dans la vie des humains l’ingérence de ces soi-disant guides qui peuvent en toutes choses aider leurs préférés. En effet, si leur influence était si puissante, les « guides » se chargeraient de mener tout à bonne fin. Alors, où serait le progrès de leurs protégés ? Il n’en est point ainsi ; mais cela ne veut pas dire que vous soyez privés de la sollicitude des chers aimés qui vous ont quittés, avec lesquels vous avez travaillé dans cette incarnation même, et que, l’occasion se présentant de donner un conseil, ils s’en abstiennent. Lorsque certains d’entre nous ont vécu avec vous, lorsque, associés à vos labeurs de la terre, nous nous sommes tant intéressés à votre avenir, croyez-le bien, si nous trouvons un moyen réel de nous communiquer, nous sommes heureux de vous conseiller. Pourrions-nous nous désintéresser de ce qui vous touche, même au point de vue matériel ? Non.
Lorsque nous le pouvons, nous vous faisons du bien. Etant liés davantage avec vos fluides par une récente incarnation, nous avons plus de puissance auprès de notre famille terrienne ; mais, amis, chacun doit avoir sa lumière propre, chacun doit connaître la peine du progrès pour en avoir la joie. De même que les hommes qui ont grandi par eux-mêmes ne se sont élevés au-dessus des autres que par un travail opiniâtre, ainsi, au point de vue morale, il faut avoir beaucoup travaillé pour goûter la suprême satisfaction d’être possesseur d’un bien durement acquis. Eh, qu’importe la peine ! Le devoir accompli, le travail mené à bonne fin, le rêve réalisé dont la poursuite a donné lieu à bien des luttes, tout cela procure une satisfaction incomparable.
L’étincelle est partie de bien bas ; elle n’est qu’une faible lueur ; mais l’esprit s’est développé en passant par les règnes de la nature. Hommes, vous pouvez êtres les fils de vos œuvres, et vous voudriez que des Intelligences supérieures, vous aplanissent toute difficulté, vous empêchassent de gagner le pain du progrès par la sueur de la lutte ?
Non ! Ces Intelligences qui pourraient condescendre à enseigner aux hommes les secrets de la nature que la Grande Ame se laisse prendre par le travail, ces Intelligences ne doivent vous aider que par inspiration dans les découvertes précieuses pour le bien-être général de l’humanité, découvertes dont les hommes se glorifient. Combien ils sont dignes de respect, ces hommes qui sacrifient les vanités mondaines au grand labeur de la pensée pour poursuivre leurs conquêtes dans le domaine de la science !
Ce que vous appelez le « Ciel » et que nous nommons l’espace il n’y a pas de ciel reflète absolument la terre ; il y a enchaînement entre les hommes et les extra terriens, comme il y a harmonie entre les mondes qui peuplent l’immensité. Il est si doux pour un désincarné de redescendre la longue échelle de ses incarnations ! Il peut lire en lui-même son progrès grandissant, se dire : A telle époque, j’étais là, incarné en ce lieu ; ou bien ; désincarné, j’étais dans tel endroit de l’espace. Je comprends maintenant les beautés qui se déroulent à mes yeux et que je ne soupçonnais même pas alors. Puis, que de souvenirs échangés entre les êtres de même essence, c’est-à-dire de parenté d’âme ! Que sont vos causeries, vieillards de la terre, lorsque, réunis autour de l’âtre, vous vous racontez de charmantes anecdotes d’autrefois ? Dans l’au-delà, on se souvient de plus loin que sur la terre, et l’on n’a pas de faux amour-propre ni d’orgueil ; les âmes se voient réciproquement avec leurs faiblesses passées et leurs progrès distincts, car chaque personnalité apporte sa marque particulière ; toutes les âmes s’harmonisent comme les couleurs entre elles, comme les notes d’une symphonie qui concourent toutes à la beauté générale en gardant chacune son individualité. L’infini est en tout ; il y a l’infini dans la vérité comme dans le temps et dans l’espace.
Remarquez, mes amis, que ce sont presque toujours les disparus de famille qui viennent donner des consolations ou des conseils matériels. Les habitants de l’espace qui n’ont point vécu avec les incarnés auprès desquels ils viennent, leur parlent plutôt des grandes lois qui régissent les mondes. Cela ne veut pas dire que les êtres partis récemment de la terre et qui viennent donner des conseils ne soient pas des Intelligences élevées, mais ils peuvent entrer dans des détails plus intimes de l’existence des personnes avec lesquelles ils ont vécu. Quant aux grands de l’espace, ce qu’ils veulent, c’est répandre la conviction de la survie au moyen des preuves que les disparus en donnent. A cette époque de positivisme, il est nécessaire que la continuité de l’existence soit démontrée d’une manière irréfutable. Il ne faut plus, il ne peut plus être, il ne sera plus qu’on vienne vous dire : « Croyez, il faut croire ! »
Appelez la vérité. Les forces sont grandes : les sciences se vulgarisent, les lumières se répandent ; que la raison soit libre dans son progrès ascensionnel, libre dans sa marche vers la grande âme qui l’attire.
Chacun de nous, dès sa naissance dans le corps humain, a un gardien invisible qui lui est attaché ; la mission de ce gardien est d’améliorer son élève. Ce gardien, cet inspirateur peut être changé quinze, vingt fois dans la vie du terrien.
Le fakir
Dès que le soleil répand ses clartés, le laboureur va creuser le sillon qui lui donnera le pain quotidien ; les hommes utiles aux œuvres de la nature vont se livrer au travail qui donne la paix, la quiétude et la liberté.
Lève les yeux, voyant, et contemple un spectacle aussi attendrissant qu’admirable ! Regarde ! et que tes yeux reflètent les champs de l’immensité où la vie s’harmonise avec celle qui se réveille dans l’humanité au lever de l’astre du jour. Le chant matinal de l’alouette est comme une évocation mystérieuse, un appel aux messagers d’amour qui à chaque aurore descendent vers les hommes en cohortes pressées. Qu’ils sont beaux ! Ils rayonnent de science, de sagesse et d’amour.
Qu’ont-ils à faire, de venir dans leurs régions vers cette terre où ils ont gravité, et d’où ils sembleraient partis pour toujours s’il fallait en juger par leur élévation ? Si grand est leur amour, qu’ils descendent pourtant ! Ils viennent, ils accourent, et la nuée brillante qu’ils forment enveloppe cette petite planète. Mais, à mesure qu’ils entrent dans son atmosphère, ils perdent de leur subtilité fluidique ; pour un voyant, leur visage à la physionomie terrestre, leur rayonnement s’éclipse dans le brouillard des fluides terriens. Ah ! pourquoi perdent-ils ainsi leur enveloppe dans des fluides épais et sombres ?
Ils le font de plein gré, car ces êtres sont des amis fidèles qui ne redoutent aucun sacrifice pour soutenir les enfants de la terre. Ah ! ils souffrent bien souvent en s’approchant d’eux ! Leur visage se couvre d’ombre, et la robe qu’ils reprennent à la terre pour quelques instants se teint parfois de sang comme s’ils vivaient de la vie du criminel qu’ils voudraient détourner du mal.
Il y a des messagers d’amour qui conservent leur sérénité : c’est qu’alors leurs fluides sont harmonieusement liés avec ceux du protégé qui est entré dans la voie du progrès, car les inspirateurs se ressentent sur la terre du genre de vie que mènent leurs amis incarnés ; à mesure que ces derniers avancent, les premiers reprennent leur blancheur primitive ; mais, si le terrien repousse le bien, il assombrit celui qui voudrait le soutenir, il produit sur lui une action paralysante ; l’inspirateur perd de sa force par le fait même de son cher protégé. Il souffre ; il conseille toujours pourtant, et il espère quand même. Plus l’incarné s’éloigne de la bonne voie, plus le bienfaiteur fait d’effort pour s’attacher à lui ; plus il est repoussé, plus il cherche à donner l’intuition du bien à celui qui est la proie à des passions mauvaises. Hélas ! à quelles dures épreuves on les soumet, ces amis fidèles ! Quelles tortures on leur inflige souvent ! Si, par exemple, il suivent jusqu’au bord de l’abîme celui qui veut se suicider et dont ils ne peuvent entraver le projet, ils sont comme éperdus ; ils crient au secours aux amis de l’espace, pour qu’on aide à sauver celui qu’ils ont pour mission de conduire au bien, et les appelés traversent l’immensité avec une rapidité vertigineuse pour essayer d’amener, à l’endroit où va s’accomplir le suicide, des terriens qui viendront à temps, peut-être pour sauver le malheureux. O amis, quelle abnégation doit animer les cœurs de ceux qui voudraient pouvoir vous guider pour ne jamais s’éloigner de vous, quelque peine que vous leur fassiez ! Il faut que le feu qui entretient leur amour s’alimente du suprême devoir. Ah ! si les humains comprennent combien ils font souffrir parfois leurs amis de l’espace, comme ils souffriraient eux-mêmes et quels efforts ils feraient pour s’améliorer !
Quant à celui qui lutte pour remplir ses devoirs, il est enveloppé du rayonnement de l’invisible ami ; il y a entre eux affinité d’âme. Lors même que l’incarné ne comprend pas d’où les forces morales lui viennent, il se sent l’âme ravie, et l’inspirateur, deviné où non, l’éclaire de son propre bonheur, de son amour ! Ah ! combien rayonne celui qui s’adonne tout entier au devoir de secourir les infortunes, de faire tout ce qu’il peut pour le bien de son frère en humanité !
Et ainsi, à chaque aurore nouvelle, reviennent les messagers d’amour, jusqu’à ce que leurs aimés prennent leur essor vers l’au-delà . Mais leur dévouement ne finit pas là ; ils ont beaucoup à faire encore. Ils doivent dépouiller leurs protégés des fluides de la terre et leur mettre le vêtement de fête, le vêtement de triomphe, pour les emmener dans une sphère supérieure.
Lorsque tout s’endort dans la nature, que tout demande le sommeil à l’ombre de la nuit, les messagers d’amour, assoiffés de l’air qu’on respire là-haut, retournent dans l’espace. Ils se dégagent des fluides terrestres, et, en s’enlevant vers leur monde où tout est lumière, ils redeviennent eux-mêmes ; ils laissent d’autres extra terriens veiller sur leurs amis de la terre, et ils vont dans les régions sidérales prendre comme un sommeil de repos pour puiser des forces qu’ils apportent ensuite à la terre et qui les aident à faire avancer les hommes, à leur apprendre à aimer.
Liana
Les amis invisibles peuvent-ils apporter l’aide matérielle ?
Les désincarnés, vous le savez, restent plus ou moins longtemps attachés à la terre ; cela dépend de leur avancement d’abord, ensuite du degré d’affection qui les lie à la famille dans laquelle ils étaient descendus pour se réincarner. Si un disparu a laissé sur la terre son âme épouse, par exemple, il ne voudra point s’éloigner, il n’ira dans d’autres sphères que pour y retremper ses forces lumineuses. D’autres, aussitôt leur réveil dans la véritable vie, prennent pour ainsi dire leur vol dans l’espace ; ils ne reviennent à la terre que pour y faire du bien comme conseiller, inspirateur, etc., s’ils ont gardé le besoin d’avoir une mission envers les terriens.
Ceux qui vous portent une grande amitié peuvent-ils, de quelque façon que ce soit, vous donner le bien-être matériel dans la lutte de la vie, ce qu’on appelle le « nécessaire », s’il manquait ?
Hélas ! non… non ! Quelque attachés qu’ils vous soient, quelque bon vouloir qu’ils aient de voir finir les peines des humains, il est extrêmement difficile à ceux même qui ont le plus de sollicitude pour vous de vous amener à l’aisance à laquelle vous avez hâte d’arriver. Sachez bien, mes chers amis, que notre but, en vous assistant, n’est pas celui-là. Nous venons vous apporter directement des nouvelles de l’espace ; nous aimons à faire grandir dans votre âme l’espérance si douce qui vous donne la force de supporter les souffrances morales et physiques ; nous pouvons donner diverses preuves de la continuité de l’existence, ce qui est nécessaire surtout à l’époque où vous êtes ; la conviction des hommes éclairés ne peut fructifier, grandir, s’étendre et rayonner autour d’eux, que si elle est imposée par des preuves irréfutables. Nous les donnons, ces preuves ; nous sommes si heureux, nous, de vivre de l’espace dont nous avions soif lorsque nous étions comme vous, que nous voulons vous apporter la certitude de notre existence. A l’aide de la médiumnité, nous pouvons faire des apports et toutes sortes de manifestations pour confirmer votre conviction, parce que nous puisons des forces particulières dans les grandes harmonies de l’espace. Mais enfin, direz-vous, pourquoi, aussi bien qu’une fleur, ne pourriez-vous apporter à celui qui souffre, qui est dans la nécessité, un bijou perdu un trésor enfoui depuis des siècles, le précieux billet de banque égaré au fond d’un tiroir et sur lequel on ne compte plus ?
Non ! Hors des cas exceptionnels , nous n’avons pas de mission pour cela ; mais nous avons celle de vous apporter des forces puissantes qui pénètrent votre âme et vous font arriver à vous contenter de ce que vous avez et à vous trouver relativement heureux ! Et puis, elles peuvent vous donner plus de courage au travail et vous faire réussir par vos propre moyens. Quand la certitude de la vérité est dans un esprit, quand cet esprit est fortifié par l’amour du bien, le travail de la vie coûte moins, on est plus fort. Que la conviction de la survivance que vous acquérez par nous ne vous fasse point condamner ceux qui ne sont pas éclairés, ce n’est point une raison pour qu’ils ne puissent être bons, avoir en eux de grands dévouements pour leurs frères ; les néantistes, par exemple, ont la rare qualité d’être désintéressés, puisqu’ils ne croient à d’autre récompense qu’à celle de la satisfaction intime d’un cœur charitable. Ils connaîtront un jour la vérité.
Nous devons convenir que nous favorisons les médiums d’une certaine manière. Nos fluides, mélangés aux leurs, leur laissent comme un rayonnement ; de là, cette espèce d’influence, d’autorité, qu’ils exercent à leur insu : ils commandent la sympathie.
Quant à ceux qui deviennent riches au point de vue matériel, quelquefois par un fait attribué au hasard, par un coup du sort, c’est qu’ils s’étaient incarnés avec la prévision de le devenir ; les amis de l’espace les ont aidés souvent par inspiration.
S’il s’agit de ceux qui suivent la carrière des arts, qui cherchent des inspirations des hauteurs où tout est lumière, harmonie, amour, il est certain aussi que ceux-là ont plus de facultés ; leurs fluides étant liés avec les nôtres, ils ont beaucoup de puissance. Quand nous sommes auprès de ces artistes médiums, ils reçoivent une impression analogue au ravissement que nous éprouvons nous-mêmes quand nous passons dans les campagnes de l’espace où nous voyons des merveilles que nulle expression terrienne ne saurait rendre. Pour ceux qui marchent à la conquête du beau, du sublime dans les sciences et dans les arts, qui s’abandonnent en quelque sorte à nos conseils, qui laissent leurs fluides humains s’allier à notre rayonnement, oh ! pour peu qu’ils soient doués, nous les aidons de toutes nos forces, nous rayonnons sur eux, et par eux nous rayonnons sur les autres hommes.
Par les arts et les sciences, il se fait un progrès immense ; c’est dans l’instruction, le développement des idées, que les incarnés, et les désincarnés encore attardés doivent puiser cet élan qui les porte vers la liberté, vers tout ce qui les initie à la conception des beautés que